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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule nº 29 - Témoignages du 8 juin 2017


OTTAWA le jeudi 8 juin 2017

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 8 h 2, pour étudier les effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

Le sénateur Richard Neufeld (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonjour chers collègues et bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je m'appelle Richard Neufeld, je suis président de ce comité et sénateur de Colombie-Britannique.

Je veux souhaiter la bienvenue à tous ceux qui se trouvent dans la salle ainsi qu'à ceux qui nous regardent à la télévision ou sur l'Internet. Je vous rappelle que ces audiences de comité sont ouvertes au public et sont également disponibles en ligne sur le nouveau site web du Sénat à l'adresse sencanada.ca.

Toutes les autres questions relatives aux travaux du comité sont également disponibles en ligne, notamment les précédents rapports, les projets de loi étudiés et les listes de témoins.

Je vais maintenant demander aux sénateurs qui sont autour de la table de se présenter. Je vais commencer en vous présentant le vice-président du comité, le sénateur Paul Massicote, du Québec.

Le sénateur Massicote : Bonjour.

La sénatrice Galvez : Rosa Galvez, du Québec. Ravie de vous rencontrer.

La sénatrice Fraser : Joan Fraser, du Québec.

Le sénateur Wetston : Howard Wetston, de l'Ontario.

Le sénateur Dean : Tony Dean, de l'Ontario.

Le sénateur Patterson : Dennis Patterson, du Nunavut.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman : de Montréal, au Québec.

La sénatrice Griffin : Diane Griffin, de l'Île-du-Prince-Édouard.

Le président : Je voudrais aussi vous présenter notre équipe, tout d'abord, à ma gauche, notre greffier Maxime Fortin et à ma droite, nos analystes de la Bibliothèque du Parlement, Sam Banks et Jesse Good.

Chers collègues, en mars 2016, le Sénat a chargé notre comité de réaliser une étude approfondie des effets, des défis et des coûts de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Le gouvernement du Canada s'est engagé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 30 p. 100 par rapport aux niveaux de 2005, d'ici 2030. C'est une entreprise colossale.

Notre comité a adopté une approche par secteur pour cette étude. Nous allons étudier cinq secteurs de l'économie canadienne qui ensemble sont responsables de plus de 80 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre de notre pays. Il s'agit de la production d'électricité, des transports, du pétrole et du gaz et des industries et bâtiments à forte intensité carbone, exposés aux fluctuations des échanges commerciaux. Notre premier rapport intermédiaire sur le secteur de la production d'électricité a été publié le 7 mars de cette année et le deuxième, sur le secteur des transports, sera disponible d'ici deux semaines.

Aujourd'hui, pour la 44e réunion consacrée à notre étude actuelle, j'ai le plaisir d'accueillir, par vidéoconférence, pour l'Association des industries pétrolières et gazières de Terre-Neuve-et-Labrador, Robert Cadigan, président et directeur général et Byron Sparkes, conseiller principal en politiques.

Merci beaucoup de nous avoir rejoints, messieurs. Nous allons écouter vos remarques liminaires, puis nous passerons à la séance des questions et réponses. Vous avez la parole, monsieur.

Robert Cadigan, président et directeur général, Newfoundland and Labrador Oil & Gas Industries Association : Je vous remercie de me permettre d'exprimer le point de vue de l'Association des industries pétrolières et gazières de Terre- Neuve-et-Labrador, la NOIA, devant le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles, dans le cadre de votre étude sur les effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs annoncés par le gouvernement du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La NOIA est un organisme sans but lucratif fondé en 1977. Nous représentons les fournisseurs de produits et de services pour l'industrie pétrolière extracôtière canadienne. Il s'agit des entreprises qui fournissent des services aux entreprises pétrolières qui exploitent directement la ressource. Avec près de 400 entreprises membres dont le siège est situé au Canada, auxquelles s'ajoutent 200 entreprises internationales, nous sommes d'importants promoteurs d'un développement de ce secteur en toute sécurité et dans le respect de l'environnement.

Nous voulons saisir l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui pour évoquer les exigences de réduction d'émissions de carbone et pour dire la nécessité de revoir ces exigences à la baisse pour les installations extracôtières existantes. En effet, le caractère singulier de la production extracôtière de pétrole et de gaz ne se prête guère à une conception uniforme des réglementations en matière de réduction des émissions de carbone. Nous demandons, en concertation avec cette industrie et avec la province, que le Canada développe une approche générale à long terme des futures émissions liées à la production de pétrole et de gaz qui ressemble à celle de pays tels que la Norvège.

Pour situer le contexte, la production extracôtière à Terre-Neuve-et-Labrador est actuellement de 80 millions de barils par an, soit environ 27 p. 100 de la production canadienne de pétrole brut léger classique. Ce secteur emploie directement plus de 7 000 Canadiens et reverse environ 1 milliard de dollars de redevance annuelle au gouvernement provincial de Terre-Neuve-et-Labrador.

Les émissions liées à cette production émanent principalement de trois sites, auxquels il faudra ajouter un quatrième dans le courant de cette année et qui sera situé à environ 300 kilomètres au large de St. John's. La somme actuelle des émissions est d'environ 1,5 mégatonne, soit environ 0,8 p. 100 des émissions totales de GES de cette industrie au Canada, en comptant toutes les sources : sables bitumineux, pétrole conventionnel, gaz naturel et autres.

Étant donné la diversité des émissions sur l'ensemble de la production pétrolière, il importe de savoir quel pétrole est brûlé lorsque l'on s'achemine vers un avenir à faibles émissions. L'intensité carbone, mesurée en kilogrammes de CO2 par baril de pétrole, du gisement Hibernia, dont la production a aujourd'hui dépassé le milliard de barils, correspond à un sixième de celle des sables bitumineux de l'Alberta et à environ 33 p. 100 de moins que la moyenne générale. Sur l'ensemble du cycle de vie, en comptant les émissions en aval, le pétrole produit à Hibernia, par comparaison avec 75 pétroles du monde entier, se classe parmi les plus faibles valeurs mondiales de CO2 par baril et de CO2 par unité d'énergie produite. Le pétrole non conventionnel de l'Ouest du Canada se situe parmi les plus élevées, pour vous donner une idée de la manière dont se classe notre pétrole. Cette information provient du rapport d'octobre 2016 de la fondation Carnegie pour la paix internationale.

Les émissions de GES de la production extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador sont généralement composées de dioxyde de carbone, de méthane et d'oxyde nitreux. Les sources d'émissions sont diverses, le brûlage d'hydrocarbures à la torche représente environ 35 p. 100 des émissions et la production d'électricité pour les installations environ 61 p. 100.

Tandis que la production d'un gisement pétrolier décroît progressivement, l'énergie globale nécessaire à la gestion des fluides et des gaz reste identique, ce qui fait que les émissions de GES sont relativement constantes durant toute la durée de vie du gisement. Puisque les installations n'ont pas accès au réseau électrique, elles doivent subvenir à leurs besoins énergétiques en utilisant l'hydrocarbure le plus propre disponible en milieu extracôtier, à savoir le gaz naturel.

La première position mondiale de la Norvège en matière d'intensité carbone par baril produit, qui correspond environ au dixième de celle des sables bitumineux, pour vous donner un ordre de grandeur, est notamment atteinte grâce à l'alimentation de certaines installations extracôtières par de l'électricité provenant de sources hydrauliques terrestres. Il est important d'avoir ces données à l'esprit pour mieux comparer la production de pétrole et de gaz extracôtier de Terre-Neuve-et-Labrador à celle du reste du Canada et au reste de la production mondiale.

Le brûlage à la torche d'hydrocarbures est responsable de 35 p. 100 des émissions de GES des installations extracôtières. La quantité d'hydrocarbures pouvant être torchés est réglementée par l'Office Canada-Terre-Neuve-et- Labrador des hydrocarbures extracôtiers, qui fixe des quotas journaliers et annuels pour les installations extracôtières. Depuis 2006, l'Office a mis en place des réductions progressives de ces quotas, les maintenant ainsi au plus bas niveau.

Pour comprendre les difficultés posées par une vision généraliste des réductions d'émissions de carbone, il est important de reconnaître les différences majeures qui existent entre installations extracôtières et installations terrestres pour la production de gaz et de pétrole.

La surface des installations pétrolières est très contrainte et cela joue sur la prise de décision liée aux modifications de ces installations et/ou sur l'ajout de matériels qui peuvent être nécessaires pour atteindre les nouvelles exigences en matière d'émissions.

Les installations extracôtières ne sont pas reliées au réseau électrique pour leurs besoins en énergie.

Les émissions des torchères sont en général liées à l'activation de systèmes de sécurité sur les installations. Ces événements ne peuvent pas toujours être prévus ou anticipés.

Les considérations de sécurité et d'évacuation d'urgence limitent le nombre de personnes autorisées sur les installations extracôtières. De ce fait, il peut être difficile d'entreprendre d'importantes modifications visant à atteindre des normes d'émissions établies en fonction des installations terrestres.

Selon la nature et la localisation des modifications, des installations pourraient se voir contraintes d'arrêter les opérations de production et de quitter la zone pour une période prolongée. Cela serait susceptible de provoquer des arrêts d'exploitation considérables, ce qui aurait des répercussions sur les redevances et les impôts versés à la province de Terre-Neuve-et-Labrador et au Canada. Ces répercussions seraient importantes dans la plupart des cas.

La singularité de la production pétrolière et gazière extracôtière rend difficile l'adoption d'une vision généraliste des réglementations en matière de réduction des émissions de carbone. La NOIA et ses membres reconnaissent l'importance de la réduction des émissions de GES dans tous les secteurs de l'économie canadienne. Cependant, la limitation des émissions de GES par les installations côtières existantes doit prendre en compte la singularité de leurs caractéristiques opérationnelles et les contraintes que pose leur exploitation.

Pour terminer, Terre-Neuve-et-Labrador se trouve à l'orée d'une vague sans précédent d'exploration et de potentiel développement de ses ressources pétrolières et gazières, rivalisant ainsi avec d'autres pays producteurs de pétrole.

Alors qu'à l'échelle mondiale les engagements en matière d'exploration ont baissé de 75 p. 100 depuis le pic de 2014, on assiste dans notre province à une croissance exponentielle de ces engagements grâce à notre potentiel de ressources. Pour vous donner un ordre de grandeur, une zone productive possible récemment repérée pourrait, grâce à une production de 3,75 milliards de barils, générer plus de 210 milliards de dollars de redevances pour la province de Terre- Neuve-et-Labrador et plus de 64 milliards de dollars d'impôts provinciaux et fédéraux, tout en créant de nombreux emplois et de nombreuses occasions d'affaires pour les Canadiens.

Il est désormais vital d'adopter une vision à long terme des émissions de carbone liées à la production extracôtière, en prenant en compte les différences intrinsèques qui existent entre les émissions de carbone de la production extracôtière et celles des autres sources canadiennes et mondiales. Il faut aussi développer une approche globale des futures émissions de la production extracôtière de pétrole qui maintienne notre compétitivité. Il faut pour cela un programme global semblable à ceux de pays tels que la Norvège.

Au cours de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, le monde a besoin d'une source stable et prévisible d'un pétrole dont la production rejette moins de carbone. Le Canada, en tant que membre de l'OCDE serait un fournisseur privilégié dans un environnement international intrinsèquement instable.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Cadigan. Nous allons maintenant passer aux questions, la parole est au vice-président.

Le sénateur Massicotte : Merci d'être avec nous ce matin. J'ai appris beaucoup de choses en écoutant votre exposé et je voudrais m'assurer d'avoir bien compris.

Votre production de brut léger classique génère moins d'émissions de GES que, disons, l'exploitation des sables bitumineux. C'est bien cela n'est-ce pas? Je parle sous votre contrôle, mais n'est-il pas vrai que le prix envisagé pour le carbone est tel que votre produit, qui génère moins de GES, serait moins taxé que le pétrole lourd? Est-ce bien cela?

M. Cadigan : D'après ce que nous avons compris de ce qui est envisagé, la taxation s'appliquerait sur les émissions de GES liées à la production de pétrole et de gaz. Il y aurait une certaine variabilité.

Le sénateur Massicotte : Vous seriez moins imposés que les producteurs de pétrole lourd.

M. Cadigan : Pour ce qui est des différences liées à la production, oui, mais ce dont nous parlons, l'intensité carbone du produit comparé à ce qui se fait ailleurs dans le monde, se base sur les émissions de carbone sur l'ensemble de l'utilisation du produit. L'utilisation finale du produit est également prise en compte. Il s'agit d'un pétrole de meilleure qualité qui en fin de compte produit moins de carbone sur l'ensemble de son utilisation, si l'on prend en compte son utilisation finale.

Le sénateur Massicotte : Il est clair que vous faites une comparaison d'ordre très général. Vous avez cité un organisme qui en gros confirme votre affirmation, mais d'après ce que j'ai compris, la technologie la plus récente en matière de sables bitumineux, un produit Suncor je crois, fait que les émissions de GES ne sont pas les mêmes que ce que l'on peut voir en Californie ou pour le pétrole et le gaz conventionnels.

Dans vos remarques vous faites référence à la moyenne générale, mais je suppose que le prix sera fonction des caractéristiques de chaque puits ou de chaque production. N'est-ce pas?

M. Cadigan : Oui, en règle générale. Pour pouvoir donner une comparaison fondée sur les émissions au Canada, nous prenons l'ensemble de la production des sables bitumineux et non telle ou telle exploitation de sables bitumineux en particulier.

Le sénateur Massicotte : Merci.

La sénatrice Galvez : Il est vrai que parmi les personnes que nous avons entendues jusqu'ici, peu ont mis en évidence l'existence de pétroles différents. Je suis contente que vous l'ayez fait.

Nous avons les pétroles conventionnels et non conventionnels. Cela n'est pas seulement fonction du mode d'extraction du pétrole, mais aussi de sa composition. Le vôtre est très léger, c'est pourquoi il est si efficient et produit moins de GES.

Cependant, il y a le précédent de la catastrophe de Deepwater Horizon, exploité par BP, en 2010. Il me semble que vos installations se trouvent dans une zone un peu plus dangereuse que le golfe du Mexique, avec tous ces icebergs et le changement climatique. Prenez-vous des mesures de sécurité supplémentaires liées au changement climatique? C'est ma première question.

J'en ai d'autres, mais je les poserai après.

M. Cadigan : Cela sort un peu de ce que nous avions compris être la portée de notre exposé ici, mais cela étant dit, l'activité extracôtière au Canada est réglementée, pour ce qui nous concerne, par l'Office Canada-Terre-Neuve-et- Labrador des hydrocarbures extracôtiers, un organisme de réglementation très strict. On trouve ses équivalents dans des pays tels que la Norvège qui font partie de l'International Regulators Forum. Le golfe du Mexique se trouvait dans un environnement réglementaire très différent. Nous ne sommes pas en mesure de vous donner les normes exactes, mais nous savons qu'il y a beaucoup plus de surveillance au Canada qu'il n'y en avait dans la partie américaine du golfe du Mexique avant la catastrophe de Macondo.

Il y a par ailleurs en matière de réglementation un processus très robuste dans l'ensemble. Une évaluation stratégique environnementale est menée en amont de la mise en production d'une zone, elle prend en compte de larges problématiques environnementales, les mesures d'atténuation des effets négatifs sur l'environnement et ainsi de suite. Il y a ensuite une évaluation environnementale spécifique au site, propre à chaque puits, à savoir la localisation précise du puits et même les normes de construction pour ce puits et la qualité de cette construction. Si l'on prend la catastrophe de Macondo, sa survenue est en grande partie liée, d'après les rapports postérieurs, aux pratiques employées lors de la construction du puits lui-même.

Je dirais que la supervision au Canada est certainement plus rigoureuse que ce qui avait cours à cette époque dans le golfe du Mexique. Nous sommes plus proches de pays tels que la Norvège en matière de régime réglementaire. Je ne sais pas si cela répond à votre question.

La sénatrice Galvez : Pensez-vous pouvoir me faire parvenir les détails réglementaires et techniques, afin que je puisse les comparer à ceux de BP?

M. Cadigan : Il est extrêmement compliqué de comparer les régimes réglementaires d'un pays à l'autre. Mais je vais voir ce que nous pouvons trouver.

La sénatrice Galvez : Je vous en serais reconnaissante. Merci beaucoup.

Le président : Merci d'adresser les documents que vous pourriez envoyer au greffier du comité afin que tous les membres du comité les reçoivent.

La sénatrice Seidman : Au cours de votre exposé, vous avez plusieurs fois cité la Norvège en tant que chef de file. Il est évident que vous pensez qu'il y a des aspects de la politique norvégienne que nous devrions envisager au Canada.

Pourriez-vous nous en présenter quelques-uns?

M. Cadigan : Les plus hautes autorités norvégiennes ont clairement dit que la production pétrolière allait se poursuivre. Il n'est pas question pour elles de laisser ces ressources dans le sous-sol. Une des principales différences en Norvège, c'est la priorité qui semble être donnée au comportement des consommateurs en matière de réduction des émissions de carbone du pays.

Il y a par exemple des incitations à l'achat de véhicules électriques. Si vous allez à Oslo ou à Stavanger, vous verrez un nombre inhabituel de Tesla et autres véhicules électriques. Un effort important est fait pour essayer de passer à des sources d'énergies moins riches en carbone pour les transports et ce genre de choses.

En ce qui concerne la production de gaz et de pétrole, les Norvégiens ont fait des choses uniques. Ils ont par exemple développé un réseau électrique lié à une concentration d'installations extracôtières. Ces installations ne sont plus alimentées en énergie par le gaz naturel, mais par l'électricité. Concrètement, l'État a mis en place ce réseau et l'opérateur de l'installation a l'obligation de s'y raccorder à ses frais. C'est une approche globale.

Au Canada, si l'on en croit certains indices que nous donne le gouvernement, nous avons l'impression qu'il s'agit surtout de dire que la production pétrolière et gazière est une mauvaise chose et que l'on peut réduire les émissions en ne produisant pas ces ressources, qui sont exportées et utilisées ailleurs dans le monde. Dans les faits, l'approche canadienne consiste plutôt à laisser la production du pétrole et du gaz à d'autres et à les laisser assumer les émissions de GES qui en découlent, tandis que nous faisons machine arrière et réduisons potentiellement notre production.

Je sais que cette affirmation n'est pas dénuée de critique, mais je crois que c'est une remarque juste.

La sénatrice Seidman : Vous avez commencé en disant que la Norvège voulait utiliser le pétrole qui se trouve dans le sous-sol, ou pour le dire autrement, utiliser les ressources pétrolières existantes. Il ne s'agit pas de fermer les puits, mais de les utiliser.

Vous avez dit lors de votre exposé que les émissions de GES demeuraient relativement constantes pendant toute la durée d'exploitation du gisement pétrolier. Si nous n'exploitons pas les ressources du gisement pétrolier et qu'il est mis en sommeil, cela signifie-t-il que les émissions de GES continuent malgré tout?

M. Cadigan : Non, une fois que la production cesse ou lorsqu'un gisement est épuisé et qu'il cesse d'être exploité, il est évident que les émissions de GES cessent lorsque le site est désaffecté. Nous disions qu'au cours de la durée de vie d'un gisement pétrolier, alors que la production décroît progressivement, les émissions ne décroissent pas en proportion. Elles demeurent relativement constantes tant que ce gisement est exploité.

Il y a un autre élément que je voudrais évoquer vis-à-vis de la Norvège. Ce pays est un grand exportateur mondial de gaz naturel et de pétrole. De plus, l'exportation contribue pour 40 p. 100 de la valeur des entreprises qui fournissent des biens et des services à l'industrie pétrolière en Norvège. L'économie est fortement tournée vers l'exportation. À l'heure actuelle, il y a en Norvège trois importants gisements pétroliers en développement, mais ils n'ont pas encore donné un seul baril de pétrole. Nous pourrons vous donner le nom de ces gisements en cours de développement.

La Norvège mène aussi des explorations en mer de Barents. Elle émet des permis d'exploration et continue l'exploration et le développement de nouvelles ressources. La Norvège envisage cette ressource du point de vue de la valeur des redevances et autres qu'elle génère pour sa population. Ce pays va continuer à produire du pétrole, mais va devenir l'un des producteurs mondiaux de pétrole à plus faible émission de carbone. De fait, ces faibles émissions de carbone lui donnent un avantage compétitif.

Je ne peux pas expliquer les choix d'un pays, mais je crois que la Norvège a une façon bien plus réaliste d'envisager la production pétrolière et gazière future dans un monde en transition. En attendant, ces ressources seront utilisées et le pétrole et le gaz peuvent tout aussi bien être produits en Norvège qu'ailleurs. On pourrait sans doute dire que de produire dans un pays de l'OCDE avec des exigences élevées en matière de santé et sécurité des travailleurs et en matière de supervision environnementale est un avantage.

Encore une fois, la stabilité d'un pays comme le Canada, en tant que fournisseur du monde, est une bonne chose. Je crois que c'est une obligation qui nous incombe.

Le sénateur Dean : Merci pour ce formidable exposé. Pour en revenir à la Norvège et à la question des installations extracôtières isolées, l'exemple des sources d'énergies hydroélectriques intégrées que nous donne ce pays est remarquable.

Au vu de la nature relativement et comparativement propre de votre pétrole et de l'expérience norvégienne, si nous sommes embarqués dans cette production sur la longue durée et que d'importantes réserves d'hydrocarbures relativement propres sont disponibles, est-il potentiellement possible de reproduire cette expérience ou de trouver un moyen d'apporter de l'électricité produite à terre jusqu'à certaines de vos installations, ou les défis sont-ils insurmontables?

Il me semble que c'est un secteur dans lequel les investissements en capital sont énormes. Au vu de la comparaison avec la Norvège et le fait que la principale différence réside entre l'apport d'électricité terrestre et sa fabrication sur place, est-ce potentiellement faisable, ou pas?

M. Cadigan : Je crois que la Norvège possède des avantages considérables dans ce cas. Sa région de production est plus mature. Il y a beaucoup plus d'installations de production. Dans certaines zones, ces installations sont rassemblées d'une manière qui rend possible l'apport en milieu extracôtier d'électricité produite à terre.

Dans notre cas, c'est bien plus complexe. La question n'est pas tellement de dire que nous devrions passer à l'hydroélectricité pour l'exploitation extracôtière. La question est que la Norvège, en tant que pays ayant de fortes exigences environnementales, a considéré son industrie comme une source de richesses pour l'État et pour la population. C'est une manière de financer les biens publics. Les responsables norvégiens ont adopté une approche globale de la production de pétrole et de gaz et de la manière dont ils peuvent réduire les émissions dans le but de faire de leur pays l'une des sources de pétrole et de gaz les plus propres du monde.

Nous n'entendons pas ce type de discours au Canada. Nous entendons davantage l'idée que la production est responsable d'émissions, donc elle est négative. Nous devons entendre un discours plus complet. Il nous faut être plus stratèges quant à la valeur de notre ressource et quant au fait qu'une bonne partie de cette ressource, comme le produit du gisement Hibernia, est très performante en matière d'émissions de GES et d'environnement. N'adoptons pas une approche générale consistant à dire que la production est mauvaise, qu'elle émet des GES, que nous ne devrions plus développer notre industrie ou que nous devrions attendre qu'elle se replie et s'en aille. Ce n'est pas l'approche qu'a choisie la Norvège, elle a été bien plus proactive et je crois que le Canada doit adopter la même façon de voir les choses.

Cela étant dit, il y a aussi d'autres possibilités. Par exemple, en Norvège il y a de nombreux projets de recherche et développement, il est par exemple envisagé de produire de l'électricité éolienne extracôtière pour apporter à des gisements satellites plus petits l'énergie nécessaire à la réinjection de l'eau de production dans les réservoirs. Des travaux d'amélioration de cette technique sont en cours. Je crois que le Canada doit adopter une approche similaire. Nous devons reconnaître que la poursuite du développement des ressources extracôtières a considérablement moins d'impact en matière de production de carbone que n'en a, par exemple, la poursuite du développement de l'exploitation des sables bitumineux.

Nous devons faire des choix pour notre croissance future. Nous devons avoir une approche globale. Il est un peu naïf de croire qu'il suffit de fixer une norme et d'espérer que les choses vont se résoudre d'elles-mêmes.

Le sénateur Dean : Merci.

La sénatrice Griffin : J'ai lu dans votre mémoire que le brûlage à la torche était principalement lié à des raisons de sécurité — c'est certainement l'une des raisons — et qu'il représentait 35 p. 100 des émissions de GES.

Ma question porte sur ces émissions fugaces de méthane. Serait-il très difficile de les réduire?

M. Cadigan : Les émissions de méthane n'ont aucun rapport avec le torchage du gaz. Ce sont deux problèmes distincts. Il y a des marges de réduction du méthane émis par l'exploitation extracôtière, mais les normes doivent être réalistes par rapport aux particularités des différentes installations de production.

Comme nous l'avons dit, c'est un environnement très singulier. Il s'agit d'installations de production avec 200 personnes qui vivent et travaillent sur ces installations. C'est un espace très contraint, donc il est difficile d'ajouter des équipements supplémentaires pour éliminer le méthane ou d'autres substances. Le problème est là.

La sénatrice Griffin : C'est difficile, mais pas impossible.

M. Cadigan : Techniquement je ne peux pas vous dire si c'est possible d'atteindre une élimination à 100 p. 100. Probablement pas, mais il est certainement possible de réduire les émissions.

Il y a aussi le fait que les quatre installations extracôtières, les trois qui sont déjà sur le site et l'Hebron, qui est en train d'être remorqué vers le large en ce moment même pour être mis en service, ont été construites selon certaines normes. Ces normes étaient en vigueur au moment de la construction de ces infrastructures. Pour ce qui concerne le développement des ressources à l'avenir, les installations futures peuvent être conçues selon des normes plus sévères. Elles pourraient potentiellement être conçues afin qu'une plus grande part du gaz et des émissions soit réinjectée.

Il en existe des exemples en Norvège. Il y a un gisement nommé Snöhvit, c'est un champ gazier dans le Nord de la Norvège depuis lequel le gaz est envoyé jusqu'à la côte, distante de 140 kilomètres, par un pipeline. Les émissions sont extraites du gaz. Le carbone est extrait du gaz et renvoyé sur le gisement et réinjecté dans le réservoir.

Il s'agit surtout d'opter pour une approche planifiée, de porter ce type de message plutôt que d'imposer une norme sans se préoccuper de la façon dont elle pourra être atteinte. Il faut que cela soit une approche planifiée. L'industrie doit être en mesure de comprendre ce qui va advenir. Nous devons travailler avec la technologie disponible dans le contexte actuel, au moment où l'infrastructure est construite.

La sénatrice Griffin : Dans un monde parfait, vous dites que les installations existantes devraient être traitées différemment des installations futures, qui sont susceptibles d'utiliser des technologies plus modernes. Ce qui me frappe c'est qu'avec 35 p. 100 de vos émissions provenant de ces sources fugaces, il me semble qu'elles constituent un potentiel d'amélioration très important.

M. Cadigan : Je dois vous corriger. Les émissions liées au torchage ne sont pas qualifiées d'émissions fugaces. Ces dernières sont prévues. Vous avez une installation de production. Vous extrayez du pétrole, du gaz et de l'eau et il faut les séparer. Il faut que cela soit géré par l'équipement.

Parfois les volumes de gaz, par exemple dépassent les capacités de l'équipement à traiter et à réinjecter le gaz. Il est parfois nécessaire de torcher le gaz afin de respecter les spécifications de séparation et de réinjection. C'est très complexe, sans doute trop pour que je sois en mesure de vous l'expliquer, mais j'espère que cela vous éclaire.

La sénatrice Griffin : Nous ne demandons peut-être pas que vous atteigniez les 100 p. 100. Les pipelines ont des émissions fugitives qui représentent environ 8 p. 100. Si nous parvenions à réduire ne serait-ce qu'une partie de ces émissions, nous ferions un grand pas en avant vers le respect des engagements du Canada.

M. Cadigan : Tout à fait. Pour être clair, les émissions fugitives dont vous parlez pour les pipelines, ces 8 p. 100 sont des émissions qui s'échappent, de fait, durant le transport.

La sénatrice Griffin : C'est cela.

M. Cadigan : Nous parlons pour notre part du gaz naturel qui est manipulé au cours de la production de pétrole et du torchage d'une partie de ce gaz pour des raisons de sécurité et d'efficacité. La même chose se produit, dans une certaine mesure, dans toutes les installations terrestres, mais étant donné l'espace qu'elles occupent, il est plus facile de modifier ou d'enrichir l'équipement afin d'éliminer le torchage.

Le torchage et les émissions fugitives sont deux choses totalement séparées. Elles sont entièrement différentes. Je veux simplement m'assurer que cela soit bien compris.

La sénatrice Griffin : Parfait. Merci.

Le sénateur Wetston : Je voudrais aborder avec vous un sujet d'ordre plus général. Nous reconnaissons tous l'importance de l'industrie du pétrole et du gaz pour le Canada atlantique et pour Terre-Neuve-et-Labrador en particulier.

Pouvez-vous me donner votre point de vue sur les défis de politique publique liés aux réductions d'émissions de gaz à effet de serre, qui sont forcément une chose positive, en ce qui concerne la croissance économique, l'exploitation des ressources et la nécessité d'atteindre les objectifs fixés par le gouvernement de réduction des émissions de 30 p. 100 par rapport à 2005, d'ici 2030?

Quel est votre point de vue sur l'équilibre nécessaire pour tenter d'atteindre ces objectifs compte tenu de l'importance de la croissance économique?

M. Cadigan : Nous avons évoqué l'idée de prendre en exemple un pays comme la Norvège. Le Canada est un pays très complexe, avec une population réduite dispersée sur un territoire immense. Nous avons des coûts supplémentaires rien que pour le transport, vu les contraintes géographiques de notre pays. Nous avons un climat septentrional. Nous devons chauffer nos maisons.

En matière d'émissions de GES, nous devons être réalistes. Nous devons réduire les émissions, selon moi, en cohérence avec la nature de notre pays et son économie. Il nous faut accepter que nous produisons beaucoup de ressources naturelles. Ces ressources naturelles ne sont pas produites dans les villes comme Toronto ou Montréal, ni dans les zones de forte concentration de population. Au Canada, de manière générale, nous avons diverses manières et de nombreux moyens de travailler à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut que ce soit une approche systémique.

Un des problèmes de l'approche adoptée jusqu'ici, à savoir une simple taxation du carbone, est que cela ne prend en compte ni ne reflète en aucune façon la valeur économique de telle ou telle industrie, ni ce qu'apporte cette industrie à la société.

D'un côté, la production pétrolière et gazière est une industrie productrice de GES. De l'autre côté, elle contribue aussi très fortement au bien public par les redevances et les impôts qu'elle paye, on pourrait d'ailleurs dire que sa contribution est potentiellement disproportionnée par rapport à celle d'autres industries. Nous pensons qu'il faut une approche holistique rudimentaire de l'établissement du prix du carbone et rien d'autre. Cela va dans le bon sens, mais la manière dont nous allons mettre cela en œuvre à l'avenir est importante. Alors que nous pourrons réduire les émissions dans certains pans de l'économie, il ne sera peut-être pas possible d'en obtenir autant dans l'industrie du pétrole et du gaz.

Nous devons nous battre pour y arriver, mais nous devons être réalistes quant à la valeur économique qui est produite et la manière dont nous pouvons réduire les émissions de carbone dans leur ensemble dans un pays aussi vaste et aussi complexe que le Canada.

Le sénateur Wetston : Passons à un autre sujet. J'ai sous les yeux un graphique. Vous ne l'avez pas, mais je crois que vous allez comprendre où je veux en venir. Il est prévu que les émissions du secteur pétrolier et gazier au Canada augmentent de 35 p. 100 entre 2013 et 2030. Ce n'est pas surprenant. Cela varie selon les secteurs et l'industrie du pétrole et du gaz est un émetteur de GES assez important.

Voici ma question. Je sais qu'elle est un peu ouverte, mais si vous pouviez ramener ce chiffre à 30 p. 100 entre 2013 et 2030, étant donné votre expérience et votre expertise, que feriez-vous vis-à-vis de la production extracôtière de gaz et de pétrole à Terre-Neuve-et-Labrador? De quelle manière pourriez-vous contribuer à ce que l'augmentation soit moins importante, si je puis formuler les choses ainsi?

M. Cadigan : Si nous prenons uniquement la production extracôtière existante, la réalité est qu'il sera très difficile d'atteindre une réduction de 30 p. 100, je vous assure. Je pense qu'il n'est probablement pas possible d'atteindre pleinement cet objectif, mais nous devons prendre en compte l'économie de Terre-Neuve-et-Labrador. Je suis un contribuable et j'ai passé ma vie ici. Il est prévu que le plus grand projet hydroélectrique du pays entre en service dans deux ans. Cela correspondra à une réduction d'émissions d'environ 1,1 mégatonne, donc il est clair que nous contribuons au virage écologique de nos émissions provinciales totales. D'un autre côté nous avons une ressource qui produit des émissions, mais qui génère aussi beaucoup de valeur ainsi que des bénéfices économiques et des rentrées fiscales pour la province. Pas seulement pour la province d'ailleurs, mais pour l'ensemble du Canada.

Nous devons adopter une approche équilibrée et essayer de faire ce qui est le mieux pour le pays dans son ensemble, mais aussi pour les différentes régions de ce pays. Ce que l'on peut faire dans des zones de forte concentration de population ou dans un couloir de population comme le Sud de l'Ontario, en matière de transports et dans d'autres secteurs pour réduire les émissions, n'est pas possible dans un endroit comme Terre-Neuve-et-Labrador.

On ne peut pas considérer chaque industrie ou chaque source d'émissions individuellement. Si nous devons nous montrer très stricts et attentifs quant à la manière dont l'impact des directives de réduction des émissions serait appréhendé, nous devons avoir une approche plus holistique et prendre en compte les impacts potentiels sur l'économie d'une province telle que Terre-Neuve-et-Labrador.

La sénatrice Fraser : Je voudrais continuer sur cette voie. J'essaie de comprendre. Votre témoignage est vraiment très intéressant, à propos, je vous en remercie.

Vous demandez que les installations existantes soient exemptées des normes d'émissions, ce qui d'après ce que j'ai compris vaudrait aussi pour Hebron, mais pas pour les futures installations. Doit-on en conclure que les futures installations pourraient atteindre des réductions significatives de leurs émissions par rapport aux niveaux actuels. Si oui, de quelle manière?

Je ne suis ni ingénieur ni géologue, mais d'après ce que j'ai compris de vos explications sur le brûlage à la torche, vous dites que cette pratique est nécessaire surtout parce qu'il y a parfois davantage de gaz que ne peut le supporter l'installation. Suffirait-il d'augmenter la capacité afin que les nouvelles installations puissent gérer davantage de gaz, ou existe-t-il une limite naturelle au-delà de laquelle vous ne pouvez pas réduire les émissions? Je ne suis pas très claire, mais je crois que vous comprenez ce que je veux dire.

Par ailleurs, les gisements pétroliers qui restent à découvrir, semble-t-il, ont l'air très prometteurs. Le pétrole de ces gisements sera-t-il aussi léger et propre que celui des gisements existants?

M. Cadigan : Voilà beaucoup de questions. Je vais répondre à la dernière, car je ne suis plus tout jeune et ma mémoire me fait un peu défaut.

En ce qui concerne le pétrole et le gaz qu'il reste à découvrir, il y a actuellement environ 37,5 milliards de barils de pétrole et environ 130 mille milliards de pieds cubiques de gaz. Nous avons une ressource conséquente, une ressource potentielle très importante et la Norvège dispose d'une ressource estimée à 19 milliards de barils qui restent à découvrir. La qualité du pétrole serait assez variable d'un gisement à l'autre.

L'essentiel du pétrole produit à Terre-Neuve-et-Labrador est léger. Il est évident que les économies qui appliquent une taxe sur le carbone et ce genre de choses aboutiront à une meilleure valorisation des installations produisant du pétrole léger que celles produisant du pétrole lourd. Ce sont les émissions au cours du cycle de vie du pétrole et du gaz qui importent le plus. Une taxe sur le carbone ne fait qu'augmenter le coût du carbone émis au moment de la production. Elle ne prend pas vraiment en compte le cycle de vie. C'est l'un des problèmes auxquels nous devrions peut-être réfléchir. Tous les pétroles ne se valent pas. Existe-t-il un moyen de prendre en compte ces différences?

Pour ce qui est des installations existantes, nous ne sommes pas en train de dire : « S'il vous plaît, n'imposez pas de normes aux installations extracôtières existantes. » Nous disons qu'il y a des installations existantes. Il y a des ressources potentielles. Nous devons regarder cela comme l'a fait la Norvège. Nous devons développer un plan d'ensemble de la manière dont nous allons poursuivre le développement de l'exploitation de ces ressources à l'avenir, tout en minimisant ou en réduisant notre empreinte carbone et en remplissant nos engagements internationaux. Cela ne peut pas se faire uniquement par secteur industriel. Il faut que cela soit davantage basé sur l'économie.

En ce qui concerne les nouvelles installations, l'une des difficultés qui se posent avec les installations existantes est qu'il y a de nombreux aspects différents à prendre en compte. Il y a d'abord l'aspect souterrain. Sous la surface, sous le fond de l'océan, la ressource est contenue dans différents types de réservoirs. Les structures géologiques sont variables. La technique utilisée par une entreprise pour extraire la ressource peut jouer sur la possibilité de réinjecter le gaz naturel pour éviter le torchage.

Dans un monde où les émissions de carbone deviennent un enjeu très important, la conception et les décisions relatives à la manière d'exploiter une ressource, en prenant en compte les aspects souterrains, ou la méthode employée pour l'extraction, seront peut-être envisagées différemment qu'elles ne l'étaient il y a 20 ans lorsque certaines des installations existantes ont été conçues et construites.

Le mode de production et de traitement du gaz dépend d'un ensemble de facteurs, des caractéristiques de la subsurface à l'ingénierie des réservoirs. On peut, par exemple, opter pour le torchage, le brûlage réduit ou la réinjection. Les possibilités sont multiples.

Nos installations ont été bâties suivant des critères antérieurs à la parution de la norme de 30 p. 100 que le gouvernement a imposée à compter de 2005, d'où la difficulté de les modifier une à une. Les nouvelles installations peuvent être mieux conçues pour réduire les émissions, du moins probablement. Je dis « probablement », car chaque réservoir est différent et chaque installation doit s'adapter aux caractéristiques de la ressource, en particulier au niveau de la subsurface. Il faut donc planifier soigneusement la manière d'appliquer les normes et adopter une approche plus stratégique à l'égard de l'industrie et de la ressource.

Par exemple, les ressources extracôtières n'ont pas les mêmes problèmes que d'autres ressources au Canada. Comme elles sont produites en mer de manière intégrée, elles sont pompées dans un pétrolier qui va directement au marché. L'industrie extracôtière présente beaucoup d'avantages par rapport à d'autres types de production et le Canada doit s'y pencher de manière plus holistique. Il nous faut une stratégie pour savoir comment produire ces ressources tout en réduisant nos émissions de carbone ou notre empreinte globale sur l'environnement.

Le sénateur Patterson : Monsieur, je me demande si votre association a adopté une position sur la tarification du carbone comme moyen de réduire les émissions. Trouvez-vous que, malgré sa forte intensité carbone, votre industrie devrait être exonérée des programmes de tarification du fait d'être exposée aux fluctuations des échanges commerciaux?

Pourriez-vous me dire où vous en êtes à Terre-Neuve-et-Labrador pour ce qui est de déterminer le régime à suivre par opposition à la taxe sur le carbone ou au mécanisme de plafonnement et d'échange?

M. Cadigan : Pour la question sur la position de la province, je ne veux vraiment pas parler au nom de la province. On n'a pas fini de déterminer l'approche. Je laisserai donc ce soin à d'autres.

Quant à la position de l'association, nous comprenons et acceptons le fait que nous sommes Terre-Neuve-et- Labrador. Environ 380 de nos membres sont des sociétés canadiennes. Nous comprenons l'importance de l'environnement. Nous comprenons l'importance des émissions de carbone et nous nous faisons une raison de tout cela.

Les problèmes se poseraient surtout au niveau des moyens ou mécanismes à utiliser pour atteindre le niveau d'émissions visé. Nous avons parlé à titre d'exemple des installations existantes et du développement de nouvelles installations. La taxe carbone sur les installations existantes ne servira pas à modifier la manière de faire, puisque les émissions ne peuvent être réduites qu'en fonction de ce qui est réalisable sur le plan technique. Même si nous devions dépenser des fortunes pour y arriver, les émissions ne pourraient être réduites que jusqu'à un certain point.

La taxe est conçue pour modifier la manière de faire en ajoutant des coûts. Or, elle ne peut y réussir puisque la capacité de réduire la production de carbone dans ces installations est limitée. La taxe ne changera pas la manière de faire. Elle ne fera que renchérir les coûts.

Quel serait le meilleur système? Selon notre optique, la meilleure approche serait probablement le mécanisme de plafonnement et d'échange. D'autres provinces réussissent à réduire leurs émissions, comme la Nouvelle-Écosse, avec l'élimination de la production d'électricité au charbon et l'adoption de l'hydroélectricité propre provenant de Terre- Neuve-et-Labrador. Un mécanisme de plafonnement et d'échange permettrait à chaque économie d'agir en fonction de sa capacité et de sa structure économique.

Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'à notre avis, il n'existe pas de solution unique. Nous devons nous faire une idée plus approfondie et stratégique de la façon de réduire nos émissions de carbone sans causer des difficultés économiques importantes à notre industrie dans la mesure où elle risquerait de perdre des opportunités.

Je sais que ce n'est pas une réponse directe, mais c'est la plus pertinente que je puisse vous donner.

Le sénateur Patterson : Mon collègue a mentionné la difficulté du forage dans des eaux où les icebergs peuvent poser des risques. Comme habitant du Nunavut, j'ai toujours pensé que le forage dans les eaux froides au large de Terre- Neuve-et-Labrador pourrait nous servir à développer notre propre potentiel pétrolier et gazier en mer. J'espérais que les entreprises qui avaient investi dans vos installations extracôtières finiraient par s'intéresser aux importantes ressources extracôtières chez nous.

Cela dit, quelle a été la réaction de votre association face à la récente annonce arbitraire du moratoire sur le forage de pétrole et de gaz dans l'Arctique?

M. Cadigan : En ce qui nous concerne, il y a deux critères à retenir pour le forage au nord du 60e parallèle, à savoir : peut-il se faire de manière sécuritaire et écologiquement rationnelle? En règle générale, nous croyons que oui, mais avec le prix actuel du baril de pétrole, il n'est pas tellement rentable d'engager des frais supplémentaires pour travailler dans un environnement difficile.

La banquise et les icebergs font partie de la donne chez nous. Songez par exemple au projet Hibernia, conçu pour résister à un iceberg d'un million de tonnes. Nous avons appris à gérer la banquise et les icebergs. Nous avons appris à remorquer un iceberg quand il commence à se former au loin, le déplaçant légèrement pour qu'il change de trajectoire avant de s'approcher de nos installations.

Quant à la banquise, les plateformes gravitaires des gisements Hibernia et Hebron sont conçues pour fonctionner au milieu de la glace. La technologie est assez robuste pour cela. Les installations flottantes sont équipées de tourelles amovibles. Tous les équipements sous l'eau peuvent être déconnectés et l'installation peut rapidement et intégralement se déplacer avant l'approche de la glace. Nous avons fait énormément de recherche et développement. La technologie a évolué pour que l'industrie puisse et sache fonctionner en toute sécurité dans des environnements hostiles.

Il y a aussi d'autres défis économiques, par exemple l'exigence qu'un puits de secours réglementaire soit disponible au cours d'une même saison, ce qui veut dire qu'il faut simultanément deux unités de forage en mer dans une même zone. C'est une dépense importante. La technologie évolue. Nous avons beaucoup progressé au chapitre de la gestion des glaces et des préoccupations environnementales. Je pense que toutes ces connaissances peuvent désormais s'appliquer à l'Arctique. Après tout, la conjoncture économique finira par nous obliger à miser sur le développement des ressources au Nunavut, à Terre-Neuve-et-Labrador et d'autres environnements difficiles.

Un avantage que nous avons dans certaines régions extracôtières comme le Labrador, c'est que les nouveaux bassins aux ressources prometteuses qui ont été découverts sont reliés au plateau continental. Ils s'inclinent dans les eaux profondes au bord du plateau continental. Il y a eu beaucoup d'études sur les conditions climatiques maritimes et la couverture de glace. Or, pour l'état des glaces, nous avons constaté que nous pouvons nous attendre à bien pire sur le plateau du Labrador, soit le plateau continental plus près de la terre, que la couverture qui se produit pendant la saison d'exploitation au bord du plateau continental. L'environnement d'exploitation ressemble davantage à celui que nous avons dans les Grands Bancs tout en étant légèrement plus favorable à certains égards.

Je ne peux pas vraiment parler pour le Nunavut, mais je peux affirmer que la découverte de ressources pétrolières et gazières à Terre-Neuve a stabilisé notre économie. Certes, le ralentissement des prix n'a pas aidé, mais nous nous portons beaucoup mieux économiquement, ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps. Le développement des ressources extracôtières donnera à la province de quoi fournir les services nécessaires à une population géographiquement dispersée dans un environnement plutôt hostile, même pour la vie quotidienne. Il fait assez froid ici aussi.

La ressource, son développement et sa valeur comportent des bienfaits sociaux qu'il faut soupeser contre notre empreinte carbone et notre obligation de réduire nos émissions. Mais dire que le Nunavut, par exemple, ne peut pas avoir une industrie du pétrole et du gaz sous prétexte qu'il faut réduire les émissions de carbone, n'est pas un moyen très intelligent ou équitable pour un pays comme le Canada de songer à ses régions, je pense. Il est bien plus impératif d'envisager une stratégie globale et de veiller à ce que l'on fasse ce qu'il y a de mieux pour la région.

Le président : Je vous remercie. Notre temps est écoulé. Je voudrais vous poser quelques questions rapides. Si vos réponses sont trop longues, je vous demanderais de nous les envoyer par écrit, car nous avons un autre groupe de témoins qui attendent.

Tout d'abord, sur la Norvège, vous avez dit que leurs installations étaient reliées au réseau électrique terrestre. Pouvez-vous me dire à quelle distance se trouvent ces installations extracôtières? L'électricité en Norvège est hydroélectrique à 98 p. 100; elle est donc propre. En outre, le pays est assez petit par rapport au Canada. Avec 4,5 millions d'habitants, la situation est un peu différente de celle que nous contemplons au Canada.

Quant au versant Nord de l'Alaska, à un moment donné, on y brûlait presque autant de gaz que nous produisions dans l'Ouest canadien quotidiennement. Ils réinjectent maintenant la plus grande partie pour une récupération optimisée du pétrole. Est-ce un moyen de réduire le torchage dans les installations extracôtières de la côte Est?

M. Cadigan : L'industrie du pétrole et du gaz à Terre-Neuve-et-Labrador injecte réellement le gros du gaz produit dans des réservoirs sous pression. Cela fait déjà partie du processus. C'est plutôt une question de volume et de la capacité et du matériel limités d'une installation pour les procédés nécessaires, alors je pense que la réinjection est en train de se faire.

En Norvège, les installations se trouvent essentiellement à 100-150 kilomètres au large; elles ne sont donc pas proches de la côte, mais à une bonne distance. Je pense que c'est la société norvégienne qui a pris la décision de produire la ressource. Toutes les ressources ne sont pas électrifiées. L'électrification des plateformes extracôtières se fait de manière sélective pour réduire les émissions autant que possible.

Le président : Merci beaucoup, messieurs, pour votre excellent exposé et vos réponses. Ils sont vivement appréciés et ils ne manqueront pas de nous aider à rédiger notre rapport. Merci beaucoup d'avoir participé.

Pour la deuxième partie de la réunion du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles, nous poursuivons notre étude sur les effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Je suis ravi d'accueillir Terry Abel, vice-président exécutif, de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, en vidéoconférence de Calgary, et avec nous, à Ottawa, Patrick McDonald, directeur, Climat et innovation, de l'Association également.

Vous avez des remarques liminaires à présenter. Nous vous demanderons ensuite de répondre à quelques questions. Vous avez la parole.

Terry Abel, vice-président exécutif, Association canadienne des producteurs pétroliers : Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de faire part de nos idées et notre expérience pour aider à documenter votre étude sur les effets de la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone.

Je commencerai par vous parler un peu de l'ACPP, des membres que nous représentons et de notre industrie. L'ACPP travaille au nom du secteur en amont de l'industrie pétrolière et gazière du Canada. Nous représentons une centaine de membres qui, ensemble, sont responsables de la production d'environ 85 p. 100 de la production de pétrole et de gaz naturel au Canada.

Nos membres se chargent de la prospection et production de gaz naturel, de liquides extraits du gaz naturel, du pétrole brut et des sables bitumineux d'un océan à l'autre au Canada. Comme vous le savez, notre production extracôtière se situe dans l'est du pays, généralement entre 200 et 500 kilomètres au large des côtes de la Nouvelle- Écosse et de Terre-Neuve.

Je ne crois rien vous apprendre en vous disant que les conditions du marché ont eu une incidence importante sur notre industrie au cours des trois dernières années. Depuis son apogée en 2014, l'investissement en capital annuel de l'industrie a reculé de près de la moitié, passant à quelque 44 milliards de dollars par an. Le déclin est donc assez important. L'emploi direct par notre industrie, y compris certains emplois indirects, a chuté d'un sommet de plus d'un demi-million à un peu moins de 400 000 Canadiens aujourd'hui. Malgré ces défis, notre industrie s'efforce de réduire les coûts et de ramener les investissements au pays tout en maintenant le leadership mondial du Canada en matière de production écologiquement et socialement responsable.

Nous sommes également résolus à assumer le leadership dans la lutte contre les changements climatiques. Nous sommes convaincus que le développement responsable du pétrole et du gaz, fondé sur la technologie et l'innovation continue de l'industrie, est essentiel à une économie canadienne saine. Il est donc impératif que le Canada demeure concurrentiel avec d'autres pays producteurs de pétrole et de gaz. Autrement, nous risquons de perdre non seulement la valeur économique de notre industrie, mais aussi la réduction correspondante des émissions de GES.

Aujourd'hui, le monde consomme environ 95 millions de barils de pétrole par jour et cette consommation augmente à raison d'environ un million de barils par jour chaque année. Selon les prévisions de base de l'Agence internationale de l'énergie, la demande mondiale d'énergie augmentera de plus de 30 p. 100 d'ici 2040, dont une croissance de 12 p. 100 du pétrole et de 50 p. 100 de gaz naturel dans la même période. Même le scénario carbone le plus optimiste de l'Agence, selon lequel l'action mondiale serait capable de maintenir les changements climatiques à moins de 2ºC, prévoit une demande de pétrole de plus de 67 millions de barils par jour d'ici 2040. Les hydrocarbures ne vont pas disparaître de sitôt de la palette énergétique.

À l'ACPP, nous estimons que le pétrole et le gaz canadiens produits de manière responsable devraient être les sources prioritaires pour répondre à la demande mondiale d'hydrocarbures, et ce, pour diverses raisons. L'une des principales, c'est que le Canada a la chance d'avoir des gisements de pétrole et de gaz naturel parmi les plus importants au monde, certains de la plus haute qualité. D'autant plus important, le Canada est un pays avec une solide réputation commerciale, où règnent l'État de droit et la sécurité contractuelle. Nous disposons de systèmes de réglementation environnementale de renommée mondiale qui prônent les plus hauts niveaux de performance vérifiable.

Nous avons une main-d'œuvre spécialisée chevronnée et une expérience éprouvée en matière d'innovation et de développement technique. Malheureusement, aujourd'hui, notre aspiration à devenir un fournisseur de choix demeure un défi, car nous n'avons vraiment qu'un seul client pour nos ressources pétrolières et gazières, et ce client est en train de devenir très rapidement notre plus grand concurrent.

En bref, côté innovation, je pense que notre industrie a démontré sa capacité de jouer un rôle de chef de file pour l'avènement de l'économie souhaitée à faibles émissions de carbone. Nous croyons que le moyen le plus efficace d'obtenir des réductions d'émissions de notre secteur est d'investir, de promouvoir et d'appliquer cette technologie. Nous pensons que le Canada a tout à gagner en favorisant le développement et l'adoption de technologies rentables susceptibles de réduire considérablement les émissions de GES tout en permettant à notre industrie de continuer à croître, à promouvoir l'investissement et à créer des emplois pour les Canadiens. Notre industrie a fait ses preuves dans ce domaine. Nous avons déjà sensiblement réduit les émissions grâce au développement technologique et nous croyons que de nouvelles percées ne manqueront pas de se produire, à condition de disposer du cadre habilitant et des investissements nécessaires.

Aujourd'hui, notre industrie trouve des moyens d'innover de manière plus efficace grâce à des organisations comme l'Alliance canadienne pour l'innovation dans le secteur des sables bitumineux, la COSIA, et la Petroleum Technology Alliance of Canada. Nous créons de nouvelles façons de collaborer ensemble, de tirer parti de la recherche et du développement individuels et d'accélérer le rythme de l'innovation. L'ACPP recommande certainement aux gouvernements fédéral et provinciaux de rallier leurs efforts afin de prioriser et de coordonner leurs investissements dans des infrastructures propres à notre industrie et de tisser des partenariats encore plus solides avec elle.

Notre industrie investit et étudie divers moyens de réduction des émissions, dont l'électrification de notre infrastructure en amont, comme vous le savez peut-être. Je sais que d'autres témoins vous ont parlé des efforts de captage et de stockage du carbone. Nous travaillons aussi à la réduction du méthane, domaine où nous sommes en fait un chef de file mondial en matière de gestion et de performance de ces émissions. Nous faisons de la cogénération et nous pouvons étendre cette pratique. Un domaine des plus évidents et prometteurs consiste à remplacer les carburants par du gaz naturel à faible teneur en carbone.

Le monde entier sait que le gaz naturel est amplement reconnu comme le combustible fossile le plus propre. Cette ressource fournit une source écoénergétique qui permet aux pays de réduire les émissions carbone de leurs économies respectives. Elle peut réduire efficacement les émissions provenant d'infrastructures électriques alimentées aux hydrocarbures et fournit la stabilité nécessaire aux réseaux électriques pendant que le monde se tourne vers les énergies renouvelables. Le développement, l'utilisation et l'exportation de nos ressources en gaz naturel peuvent également fournir un carburant propre pour contribuer à la transition énergétique à travers le monde.

Sachant que la demande d'énergie augmentera considérablement au cours des prochaines décennies, nous croyons que le gaz naturel est un moyen fiable et rentable de répondre à cette demande croissante, en particulier dans les pays en développement qui veulent atteindre le même niveau de succès et de prospérité que les pays industrialisés et qui ont également besoin d'aide pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pendant qu'ils se mobilisent pour améliorer la qualité de l'air.

Nous reconnaissons qu'il existe des possibilités pour que notre industrie réduise les émissions de GES, mais le comité doit reconnaître de son côté qu'il n'y a pas de panacée. Le Canada devra faire preuve de flexibilité sur le plan politique et réglementaire s'il veut combler ses aspirations en matière climatique tout en maintenant un secteur énergétique en amont sain et en pleine expansion. J'en veux pour exemple nos installations extracôtières qui, en raison de leur éloignement et de leur nature unique, auront des problèmes particulièrement difficiles à surmonter pour réduire les émissions.

Comme vous vous en doutez peut-être, ces installations situées à 200 et jusqu'à 500 kilomètres au large ne sont pas branchées à un réseau électrique, ce qui signifie qu'elles doivent générer de l'énergie sur les lieux en brûlant du gaz provenant des réservoirs ou du carburant diesel. De plus, elles libèrent des émissions fugitives provenant du torchage, mais il s'agit d'une mesure de sécurité et ce serait dangereux pour les travailleurs si on essayait de réduire cette activité. Nous ne sommes pas en train d'affirmer que ces installations sont dans l'impossibilité de réduire leurs émissions, mais qu'elles auront des difficultés à surmonter pour y arriver.

Pour résumer, en ce qui concerne la voie à suivre, il importe de se rappeler que les changements climatiques constituent un problème mondial. Le Canada doit être particulièrement vigilant pour s'assurer que ses politiques ne provoquent pas une fuite de carbone. Il est à espérer que la plupart d'entre vous comprennent qu'il s'agit d'une situation où les industries prennent leurs investissements et quittent le Canada et s'en vont dans d'autres pays ou endroits qui n'ont aucune politique en matière de carbone, ou dont les politiques en la matière sont beaucoup moins coûteuses.

Nous pensons que la politique climatique qui protège les industries tributaires du commerce et permet la mise au point et l'adoption de technologies rentables constitue l'approche optimale du Canada pour atteindre ses objectifs en matière climatique, tout en maintenant cette économie croissante et saine. Le concept n'est pas nouveau. De nombreuses administrations un peu partout dans le monde qui ont adopté des politiques sur le carbone, notamment la Californie en particulier et l'Union européenne, ont déjà des politiques qui protègent les industries tributaires du commerce produisant beaucoup d'émissions. Dans le cas du secteur des hydrocarbures, la Californie protège essentiellement toute cette industrie de ses politiques sur le carbone, et l'Union européenne, en moyenne, offre une protection de l'ordre de quelque 90 p. 100.

L'Association canadienne des producteurs pétroliers et ses membres qui produisent du pétrole et du gaz sont déterminés à mettre en œuvre des mesures rentables qui déboucheront sur une réduction des émissions découlant de nos activités, mais ils ont besoin de cet assouplissement réglementaire pour réaliser les aspirations en matière de climat et maintenir une industrie en santé. Nous continuerons à mettre en valeur les ressources de façon responsable, tout en nous engageant à continuellement améliorer notre rendement déjà de calibre mondial. Nous produirons les résultats auxquels les Canadiens s'attendent. Nous espérons pouvoir être le fournisseur de choix pour satisfaire à la demande mondiale en énergie. Nous pensons qu'il s'agit d'une position responsable pour le Canada.

Cela termine mes remarques et je vous remercie. Je suis prêt à répondre à vos questions.

Le président : Merci beaucoup de ces propos. Nous commençons les questions.

Le sénateur Massicotte : Merci beaucoup de vous être joints à nous ce matin.

Vous avez fait référence à l'Agence internationale de l'énergie, une agence très crédible, et à un rapport publié il y a plusieurs jours dans lequel elle projette une augmentation importante de la demande d'énergie au cours des 25 prochaines années, une augmentation de la demande de produits pétroliers et, de toute évidence, une augmentation encore plus grande de gaz naturel.

Pourriez-vous expliquer au public exactement de quelle façon réconcilier tout cela avec la nécessité pour le Canada de maîtriser les changements climatiques? Vous avez fait une observation au sujet des innovations, mais même si vous êtes innovateurs, cette production entraîne quand même une quantité importante de GES. Pourriez-vous nous donner des indices quant à la façon pour nous de satisfaire à tous ces objectifs malgré le fait que les citoyens du monde continuent de vouloir une augmentation de la demande d'énergie?

M. Abel : Vous faites allusion à la dichotomie de ce que nous voyons. Lorsque je songe à l'énergie, elle est aussi essentielle à une économie prospère et en santé que l'est l'eau potable pour des personnes en santé. Vous ne pouvez pas priver le monde de la nécessité d'énergie. Je pense que ce que nous voyons, c'est la nécessité de faire une transition à des sources d'énergie à faible teneur en carbone et à une utilisation plus efficace de l'énergie.

Bon nombre des réductions à court terme viennent du passage à des sources à faible teneur en carbone. Plus important encore, peut-être que l'un des points que nous essayons de faire valoir est que nous sommes un chef de file dans la production responsable de nos ressources. Si le Canada envisage vraiment de s'attaquer à un problème mondial, nous devrions, par conséquent, prendre un pourcentage plus élevé de ce marché mondial. En ce moment, nous contribuons uniquement à exporter nos ressources vers un marché unique, les États-Unis. Nous pensons que nous serions peut-être en train de déplacer la production pétrolière et gazière dans d'autres parties du monde qui ne produisent pas de façon aussi responsable que le Canada.

Vous entendez énormément de revendications pour une production responsable, mais nous, au Canada, nous avons un système très transparent et énormément surveillé. Nous parlons des émissions provenant de notre production de pétrole et de gaz. Ces émissions sont vérifiables en fonction d'une norme qui, selon moi, dépasse de beaucoup ce que l'on retrouve dans d'autres parties du monde.

Vous faites référence à l'innovation. En raison des politiques environnementales rigoureuses, notre industrie au Canada n'a cessé de faire reculer les limites d'une technologie rentable, écologiquement responsable et produisant moins d'émissions. Il y a très peu de pays dans le monde qui déploieront des efforts ou consacreront de l'argent à une production écologiquement responsable. Vous assistez à une transition, même aux États-Unis, où on semble reculer dans de nombreuses administrations devant des investissements dans l'environnement.

Il s'agit d'un point fort du Canada. Si vous voulez exporter des technologies, il y a probablement un seul endroit qui déploie autant d'efforts dans la technologie en ce moment, et c'est le Canada.

Le sénateur Massicotte : Ma question est la suivante : comment réconciliez-vous tout cela? Je comprends que les pays pauvres veulent les mêmes services que nous. Je comprends cette partie.

Comment réconciliez-vous la demande d'énergie avec la nécessité que nous avons de maîtriser le dioxyde de carbone et les changements climatiques? Quelle est la solution pour réaliser ces deux objectifs? À l'AIE et dans votre propre association, nous n'avons pas affaire à des fous. Ce sont des gens responsables. Quel est le plan pour y parvenir?

M. Abel : En fin de compte, ce plan est une transition vers des sources d'énergie non émettrices de carbone.

Le sénateur Massicotte : J'aurais pensé que vous m'auriez dit le captage et le stockage du carbone, ou le CSC. Selon des données récentes, le prix de transport du CSC est de 60 à 80 $ la tonne. Ce n'est pas si mal. Cela constituerait une solution importante au problème, mais elle n'est pas totale. Que peut-on faire d'autre? Quelle est la solution?

M. Abel : Encore une fois, en fin de compte, vous devez réduire l'utilisation de sources d'énergie émettrices de carbone. Il faudra du temps de sorte qu'entretemps, vous prenez les sources d'émissions fiables à faible teneur en carbone et vous réduisez les émissions associées tant avec la production de ce carburant qu'avec sa consommation.

Oui, des choses comme le captage et le stockage du carbone, dont une utilisation plus efficace fait fléchir la courbe vers des émissions à plus faible teneur en carbone de la planète, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. C'est vraiment la transition à ces autres sources d'énergie.

Patrick McDonald, directeur, Climat et innovation, Association canadienne des producteurs pétroliers : J'ajouterais aux propos de M. Abel pour ce qui est de la transition. Vous constaterez qu'il n'y a peut-être pas une solution globale; il s'agit d'une progression.

En tant qu'industrie, nous essayons de nous concentrer sur toutes les occasions de promouvoir l'efficience et l'efficacité et de réduire l'empreinte carbone globale de nos activités, tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une progression vers ces objectifs à long terme.

Le sénateur Massicotte : Tout ce que je vous entends dire, c'est de passer à une faible teneur en carbone. Effectivement, compte tenu de notre besoin de nous rapprocher de zéro au cours des 40 à 50 prochaines années, je vous entends dire que la seule réponse est de tout fermer, parce que vous ne pouvez pas arriver à zéro.

Vous pouvez être plus efficaces, et je ne suis pas convaincu que ce soit la bonne réponse, mais c'est l'interprétation que j'en fais.

M. McDonald : Même si nous examinons les utilisations, nous pouvons certainement produire nos ressources de manière à progresser vers une empreinte carbone plus faible. Encore une fois, même dans le contexte de projections moins élevées, on aura besoin de ressources pétrolières et gazières. Il y a d'autres utilisations de produits pétroliers que celles qui sont uniquement liées à la combustion.

En ce qui concerne l'avenir de l'industrie, je pense que M. Abel conviendrait que nous voyons effectivement que le pétrole et le gaz continuent de faire partie non seulement de l'avenir énergétique, mais aussi de l'avenir de l'utilisation à l'échelle mondiale. À ce titre, nous sommes déterminés à progresser vers des émissions plus faibles.

Le président : Merci.

La sénatrice Seidman : Merci de votre exposé.

Vous avez parlé d'innovation. Vous nous avez donné une liste de choses. Entre autres, vous avez dit que l'Association canadienne des producteurs pétroliers recommande que les gouvernements fédéral et provinciaux se regroupent pour établir les priorités et la coordination des investissements dans une infrastructure propre pour la mise en valeur de notre propre gaz, et créent des partenariats d'innovation plus forts avec notre industrie.

Indépendamment de ce que nous étudions, nous entendons souvent parler de la propension de l'industrie, du milieu universitaire, des gouvernements fédéral et provinciaux et des territoires à travailler en silos. De nombreux partenaires sont impliqués dans l'innovation et travaillent ensemble. Maintenant que vous le recommandez, quel est le succès que vous pouvez déjà constater dans tous les partenariats?

M. Abel : Sénatrice Seidman, vous soulevez un point important qui n'est pas propre à notre industrie, c'est-à-dire le défi d'amener tous les partenaires de la recherche à mieux travailler ensemble.

Depuis tout récemment, notre industrie travaille à ce que nous appelons le réseau d'innovation dans les ressources propres. Il s'agit d'un groupe avec lequel nous travaillons dans le milieu universitaire d'un bout à l'autre du Canada, et les deux organisations que j'ai mentionnées, les gouvernements provinciaux et fédéral. Nous examinons de quelle façon nous pouvons créer un écosystème de l'innovation dans lequel toutes les différentes organisations et tous les partenaires de recherche sont davantage conscients des besoins de l'industrie. Nous créons un espace où nous pouvons échanger cette information. Nous allons faire une présentation concernant l'appel pour des supergrappes d'innovation récemment lancées par le gouvernement, en parlant de ce réseau et de la façon qu'il peut mieux travailler ensemble.

Franchement, cela signifie que l'on s'appuie sur les partenariats de collaboration que l'industrie a créés et leurs succès, tout en reconnaissant le problème que vous avez relevé. Nous devons en amener d'autres à participer à ce travail.

Je ne veux pas donner l'impression que nous ne collaborons pas avec les universités ou le milieu universitaire, ou que nous ne travaillons pas avec le gouvernement. Nous le faisons maintenant, mais nous ne réunissons pas nécessairement toutes ces pièces en un seul endroit et nous ne créons pas un espace où tout le monde est conscient de ce que chacun fait et des besoins de l'industrie.

En fait, nous faisons exactement ce que vous décrivez en ce moment. Nous essayons de tout mettre ensemble. Nous avons discuté avec tous ces groupes. Un comité de direction se réunit depuis probablement six à huit mois pour discuter sur la façon de le faire.

La sénatrice Seidman : Puisque vous représentez l'industrie, est-ce que vos membres ont ciblé des proportions de leurs budgets à consacrer à la R-D, en particulier à certaines des possibilités intéressantes de réduire les émissions auxquelles vous faites référence dans votre exposé?

Mon collègue a fait référence au captage et stockage du carbone, par exemple. Avez-vous des cibles d'investissement que vous consacreriez à des choses comme cela et qui proviennent des budgets de vos membres?

M. McDonald : Comme l'a mentionné M. Abel dans son exposé, avec la Canada's Oil Sands Innovation Alliance, chaque entreprise dispose habituellement de son propre fonds de R-D, mais si nous voulons vraiment passer dans le domaine de l'innovation et faire progresser les choses, nous avons constaté que les approches de collaboration sont plus efficaces. Au lieu de se concentrer seulement sur des occasions propres à un exploitant, ils mettent ensemble leurs fonds. Il s'agit d'un montant fixe. Je peux vérifier, mais en ce qui concerne le montant investi dans la COSIA, c'est de l'ordre d'à peu près 1 milliard de dollars. Je crois à cette approche. Plusieurs technologies ont été mises au point grâce à ces investissements.

Cette collaboration a connu un vif succès. Si notre objectif est l'innovation et les possibilités, il s'agit vraiment de faire passer ces technologies dans les activités, et ce, de façon plus opportune. Un aspect que nous avons examiné consiste non seulement à mettre au point les technologies, mais aussi à comment les rendre commercialement viables de façon plus opportune.

Étant donné les processus de réglementation, les défis de conception et la mise en œuvre, le plus tôt nous pourrons nous assurer qu'une technologie qui réduit les émissions peut être mise immédiatement en application, cela nous aidera de toute évidence au point de vue des changements climatiques.

M. Abel : Chaque entreprise pourrait avoir des objectifs précis légèrement différents pour ce qui est des montants consacrés à la R-D. Les entreprises plus grandes, plus intégrées ont un objectif plus élevé que les entreprises plus petites.

En tant qu'industrie, c'est près de 100 à 120 millions de dollars par année pour l'industrie pétrolière au Canada au chapitre des investissements dans la recherche et le développement. En fait, ce nombre dépasse les investissements consentis par les trois industries suivantes réunies dans la R-D. Il s'agit d'une somme importante en dollars et en dollars canadiens.

Pendant le ralentissement économique, ces montants n'ont absolument pas varié. Le montant des investissements n'a pas fléchi malgré la baisse des revenus de ces entreprises. Elles ont maintenu leurs dépenses en R-D, ce que cette industrie a traditionnellement fait. Lorsqu'elles sont confrontées à des défis sur le plan des coûts ou de la réglementation, elles redoublent essentiellement d'efforts en R-D, parce qu'elles ont connu du succès par le passé à relever ces défis.

L'investissement est important. Il continue malgré les ralentissements économiques. Il ne fait aucun doute que la situation est difficile pendant ces périodes et les entreprises examinent très attentivement ces montants, mais elles sont très à l'aise avec l'idée de la recherche en collaboration et de la mise à contribution de leurs ressources financières. Comme l'a dit M. McDonald, le gros défi dans bien des cas n'est pas le travail de recherche-développement à l'écran. On prend certaines de ces idées et on les amène sur le terrain. Lorsque vous amenez ces projets de recherche à la commercialisation, il faut des centaines de millions de dollars d'investissements pour prendre une technologie et la rendre commerciale.

La sénatrice Galvez : Je tiens d'abord à apporter quelques clarifications, puis à poser des questions.

Lorsque nous parlons de demande d'énergie, nous devons faire une différence entre la demande d'énergie et la demande d'électricité. La demande d'électricité va augmenter, parce que la population augmente, que tout le monde veut avoir des gadgets, de l'électricité et des réfrigérateurs, et les économies émergentes comme la Chine.

Nous avons besoin d'électricité, mais la production d'électricité a connu un important changement. Vous n'êtes plus le seul fournisseur en ville. Nous avons d'autres sources d'électricité : l'énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et marémotrice. Il y a une grosse différence entre la demande de produits pétroliers et la demande d'électricité. Voilà un point que je voulais clarifier.

Il est vrai qu'une grande partie de la demande d'électricité ou d'énergie est destinée au transport. Le pétrole, qui est une ressource incroyablement utile pour l'humanité, utilisé dans le transport constitue un gaspillage. Cela doit changer. Voilà ma déclaration préliminaire.

Votre industrie pétrolière et gazière n'est pas nouvelle. Elle est l'une des plus anciennes. Il est vrai que vous avez fait beaucoup de recherches. Nous avons maintenant des puits en eau profonde et nous séparons le pétrole du sable. Votre industrie a reçu des sommes colossales pour la recherche. J'ai fait partie de plusieurs comités, comités du CRSNG et comités provinciaux, et vous avez reçu des tonnes d'argent.

Votre image est maintenant ternie. À votre place, je ferais des calculs et j'indiquerais ce qu'a permis de réaliser tout cet argent consacré à la recherche, et ce, quantitativement. Jusqu'à maintenant, vous gardez un profil bas. Nous avons besoin de chiffres. Je m'excuse, j'ai besoin de chiffres.

Quel avantage découle de toute cette recherche et de tout cet argent? Est-ce que c'était pour l'environnement afin de réduire les émissions? Nous venons d'entendre qu'à la plateforme extracôtière, 35 p. 100 du gaz brûlé est rejeté dans l'atmosphère. Cela paraît mal. Cela paraît terrible.

Je tiens à parler d'un sujet qui domine tout, les subventions. Depuis longtemps et jusqu'à maintenant, vous avez reçu beaucoup de subventions. À mon avis — je suis désolée de le dire, mais, à mon avis, vous semblez être le secteur à l'égard duquel les Canadiens estiment avoir le droit de demander plus d'efforts. Je veux avoir une idée précise de la façon de quantifier ces efforts. Comme l'a dit ma collègue, des objectifs et des cibles.

M. McDonald : Je vais tenter de répondre pour ce qui est des communications, des avantages et des nombres. Je comprends le souhait, mais, peut-être pour ajouter à votre premier commentaire, nous sommes une très vieille industrie. J'en conviendrais pour ce qui est de certaines parties de notre production.

Si nous prenons la diversité de la provenance de nos ressources, nous avons le secteur extracôtier, le pétrole conventionnel et non conventionnel, mais les sables bitumineux en tant qu'industrie, en tant que technologie de production, sont en fait relativement nouveaux, surtout dans la production in situ à l'aide de vapeur ou d'autres fluides injectés pour extraire les sables bitumineux. Il y a eu une croissance dans ce secteur au cours des 10 dernières années. Depuis 2006, sur une période de huit ans, les émissions associées à ces extractions ont été réduites de 20 à 40 p. 100 dans l'utilisation de cette technologie précise.

Nous estimons qu'il est possible de réduire davantage. Comme l'a fait remarquer M. Abel, il existe beaucoup de données et de rapports, mais peut-être que nous pourrions faire mieux, faire un travail plus complet de communiquer cela et de nous assurer que le public est au courant des réductions réalisées. Nous avons eu des réductions, surtout dans la production in situ, et il y a toujours la possibilité d'en faire davantage.

M. Abel : Sénatrice Galvez, je ne suis pas en désaccord avec vous quand vous dites que notre industrie veut continuer à améliorer son rendement. Je pense que nous avons démontré que nous investissons de façon responsable dans des technologies pour réduire notre empreinte écologique. Nous ne parlons pas uniquement des émissions dans l'air. Il s'agit de l'eau que nous utilisons, des terres que nous perturbons, des pratiques que nous mettons au point pour les installations de reprise, et le paysage une fois que nous en avons terminé de certaines de ces installations de production.

J'ai travaillé pendant 30 ans dans le domaine de la réglementation dans des pays un peu partout dans le monde. Le Canada est un chef de file dans la mise au point de pratiques pour la mise en valeur efficace des ressources. Ce n'est pas par hasard que la Banque mondiale, pour aider à régler les problèmes de torchage et de rejet partout dans le monde en ce qui concerne la production pétrolière et de gazière, s'est tournée vers le Canada pour des pratiques exemplaires et a collaboré avec le Canada pour amener ces pratiques exemplaires dans d'autres pays.

Avons-nous une empreinte nulle au niveau de l'environnement? Absolument pas. Pas plus que n'importe quelle autre industrie au Canada. Nous sommes déterminés. Nous sommes déterminés plus que n'importe quelle autre partie du monde à mettre au point des technologies. Tout à fait, cela se fonde sur une réglementation très rigoureuse de l'environnement au pays. Nous investissons dans la technologie afin de nous permettre d'avoir un rendement écologiquement responsable qui se conforme aux règlements en vigueur au Canada et qui continue de nous permettre d'être concurrentiels sur le marché mondial.

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il vaut la peine, tant pour le Canada que pour notre industrie, d'investir dans la technologie. Il importe peu de mettre au point une technologie et d'avoir des normes élevées en matière environnementale au Canada si l'on ne produit pas de pétrole ici, si l'on ne produit pas de gaz ici; et cela se fait uniquement ailleurs où il n'existe aucune norme, où il n'y a aucune application de ces normes et où aucun effort n'est déployé pour mettre au point des technologies efficaces, écologiques et rentables. Il s'agit d'un bon investissement. Je pense que cet investissement a donné d'excellents résultats, qui vont bien au-delà des émissions atmosphériques.

M. McDonald a mentionné les sables bitumineux. Dans le cas de ces sables, moins de 10 p. 100 de l'eau nécessaire aux activités de production provient de sources fraîches. Plus de 90 p. 100 de l'eau utilisée est recyclée continuellement. Ils ont réduit l'empreinte terrestre de surface réelle grâce à la mise au point de la technologie de forage horizontal à long déport. Elle a réduit l'empreinte de surface de près de 60 p. 100. À mon avis, le Canada a bien tiré son épingle du jeu à de nombreux égards, mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Nous voulons continuellement améliorer ce rendement.

Madame la sénatrice, nous pouvons vous fournir de plus amples renseignements sur notre empreinte environnementale et les investissements que nous faisons dans la performance environnementale. Je tiens à vous assurer que le Canada, en tant que pays producteur, dépasse de beaucoup tous les autres pour ce qui est de nos efforts et de l'attention que nous accordons à la performance environnementale.

Nous voulons vraiment nous améliorer. Je prends par exemple l'engagement du Canada de réduire les émissions de méthane de notre industrie de 45 p. 100. La plupart des gens ne se rendent pas compte que notre rendement aujourd'hui est de trois à quatre fois meilleur sur le plan des émissions de méthane que nos voisins les plus proches, au sud de la frontière. Même s'ils respectaient un engagement semblable de réduire leurs émissions de 45 p. 100, ils ne se retrouveraient quand même pas là où nous sommes aujourd'hui.

Au Canada, nous allons essayer de faire encore mieux. Je tiens à vous assurer que notre industrie est responsable. Nous ne nous contentons pas d'une vieille technologie. Nous essayons constamment d'innover. Ce travail est difficile. Il faut du temps. Il faut des investissements et ces investissements sont également bons pour le Canada.

Si nous pouvons en réalité déplacer une technologie moins efficace, cela est bon pour les émissions mondiales. Je pense qu'il s'agit là de l'une de nos aspirations en tant qu'industrie. C'est ce que nous devrions faire. Cela devrait intéresser le Canada.

Le sénateur Wetston : C'était il y a quelques années lorsque le président Obama, en pensant à la réduction du carbone, a parlé du coût social du carbone et des estimations du coût social du carbone. Je ne sais pas si vous connaissez cette expression ou si vous y avez pensé dans votre travail. Essentiellement, ce à quoi il pensait, je pense, c'était le coût de l'émission d'une tonne de carbone par opposition au coût de la réduction d'une tonne de carbone. J'utilise cela seulement à titre d'exemple.

Avez-vous des opinions du point de vue du secteur que vous représentez pour ce qui est du coût social du carbone et des défis à relever pour parvenir à cet équilibre entre les émissions et les réductions?

M. Abel : Monsieur le sénateur, nous n'avons rien fait pour essayer d'estimer ce que nous pensons être le coût social du carbone. Le travail qui a été fait se fonde sur ce que nous voyons comme étant les effets écologiques des changements climatiques, notamment les inondations, l'intensité accrue des tempêtes qui causent des dommages et certaines répercussions sur la santé. Je ne suis pas un spécialiste de l'établissement des coûts de ces choses, mais je dirais que nous ne sommes pas en désaccord quand on dit que les changements climatiques auront des répercussions et des coûts sociaux certainement importants.

Je ne suis pas en désaccord. Le monde s'est uni et a dit : « Nous devons réduire le carbone ou à tout le moins réduire au maximum le carbone à un point tel que nous minimisons ces répercussions environnementales. » Leur engagement n'est pas de parvenir à des émissions nulles de carbone, mais de réduire les émissions au point où ils peuvent maîtriser et limiter le réchauffement planétaire. Nous appuyons cet engagement. Nous savons que cela signifie une transition vers plus d'électricité et une production de cette électricité sans émissions de carbone. Nous appuyons cela, mais même ces aspirations signifient quand même qu'il faut produire des ressources en hydrocarbures.

Pouvons-nous les produire sans aucune émission? C'est une bonne mesure souhaitée et il faudra du temps pour la réaliser. Un point de départ est de produire des hydrocarbures à partir de sources présentant la plus faible intensité. Je pense que le Canada sera un chef de file à cet égard et qu'il s'emploie activement à réduire ces émissions grâce aux nouvelles technologies, pas seulement les technologies de captage des émissions, mais les technologies qui ne créent pas d'émissions au départ.

En fixant un prix du carbone, on essaie de reconnaître qu'il s'agit de l'incitatif dont vous avez besoin pour que cet investissement se fasse et pour amener les gens à passer à différentes sources de ressources énergétiques. Ces politiques sont toutes raisonnables, mais on revient à la question de savoir si le monde aura besoin de certaines ressources d'hydrocarbures pendant une certaine période. Je ne me prononcerai pas quant à la durée de cette période, mais on parle certainement de décennies plutôt que d'années. Nous pensons que le Canada peut prendre les choses en main et devenir une source qui fait la transition vers une production pétrolière et gazière plus faible en carbone.

Le sénateur Wetston : J'aimerais examiner un problème actuel. Je me rends compte que vous êtes en amont. Je le perçois toujours comme étant en amont, à mi-chemin et en aval. Je sais qu'en disant à mi-chemin, je n'utilise pas le bon terme. Pour moi, il s'agit du défi du pipeline. Vous devez amener votre produit au marché. En répondant aux questions de mes collègues, vous avez répondu à plusieurs enjeux précis concernant l'approche de votre secteur pour ce qui est de la réduction du carbone.

J'aimerais aller un peu plus loin, dans le domaine du permis social. Je pense que vous conviendrez avec moi que vous devez amener votre produit au marché, qu'il s'agisse de gaz ou de pétrole, et que nous avons un client principal, de toute évidence. Nous discutons beaucoup dernièrement de projets comme celui de Kinder Morgan, de la canalisation 3 d'Enbridge et de Keystone, mais la question que je vous pose est un peu plus du point de vue des affaires. Le permis social est devenu une stratégie d'affaires. S'il n'est pas une stratégie d'affaires, il me semble que quelques-uns de ces projets ne seront pas réalisés. Qu'en pensez-vous?

M. Abel : Tout à fait. Peu importe comment vous l'appelez, le permis social ou un autre nom, il est vraiment important pour notre industrie et tous les aspects de notre industrie, comme vous l'avez dit en amont, à mi-chemin et en aval, de rétablir la confiance du public dans notre industrie, d'aider les Canadiens et les citoyens du monde à comprendre que surtout au Canada, nous sommes déterminés à produire des ressources de façon responsable. On dispose de beaucoup d'information, dont une partie n'est pas nécessairement une bonne information, mais nous n'avons qu'un seul objectif, aider les Canadiens à comprendre que nous sommes déterminés à produire de façon sécuritaire et responsable. Voilà l'élément clé pour qu'une infrastructure soit bâtie. Cela est essentiel pour la croissance de notre industrie en amont.

Dans un monde qui aura besoin de certaines ressources d'hydrocarbure, comme vous pouvez le constater, je suis fermement convaincu que le Canada devrait être un fournisseur de choix, en raison de la façon dont nous produisons nos ressources et de la façon que nous allons améliorer notre rendement à l'avenir. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'objectifs s'excluant mutuellement dans les aspirations du Canada à utiliser de moins en moins de carbone. Nous pouvons faire les deux. Nous pouvons démontrer aux Canadiens que nous sommes en réalité très responsables.

Si vous prenez la façon dont notre industrie fonctionne et si vous l'examinez par rapport à d'autres pays producteurs, nous protégeons notre environnement. Nous dépensons des centaines de millions de dollars pour surveiller nos activités afin de mieux comprendre ces répercussions et d'y réagir, qu'elles soient prédictives ou autre chose que nous déterminons grâce à la surveillance. Ce message n'est pas diffusé, et je pense que nous devons faire mieux pour transmettre cette information afin de permettre aux Canadiens d'avoir confiance dans notre industrie.

Le président : Auriez-vous autre chose à ajouter, monsieur McDonald?

M. McDonald : Non, c'est parfait.

Le président : Merci beaucoup, messieurs. Voilà pour nos questions. Nous devrons quitter la salle bientôt. J'ai quelques questions rapides à vous poser.

Le sénateur Black, qui fait partie de notre comité, mais qui ne peut pas être parmi nous aujourd'hui, nous a dit à plusieurs reprises dernièrement qu'une certaine technologie que votre industrie est sur le point de mettre en marché réduirait de façon marquée les émissions de gaz à effet de serre issus de la production de pétrole provenant des sables bitumineux.

Pouvez-vous nous en parler?

M. Abel : Bien sûr. En ce moment, tant l'exploitation des sables bitumineux que l'exploitation in situ des sables bitumineux exigent essentiellement le réchauffement du pétrole pour en réduire la viscosité et en permettre l'extraction. Dans le cas de l'exploitation in situ plus particulièrement, on injecte de la vapeur dans le sous-sol pour ramollir le pétrole ou en réduire la viscosité de façon à pouvoir le faire remonter jusqu'à la surface, comme le pétrole conventionnel.

Pour injecter cette vapeur, vous avez besoin de beaucoup d'énergie afin de transformer l'eau en vapeur. En ce moment, on le fait à l'aide de chaudières au gaz naturel. Les technologies les plus prometteuses consistent à utiliser des solvants plutôt que de la vapeur.

Le président : Puis-je vous interrompre un instant? Je sais cela.

M. McDonald : Je pense que M. Abel présente le contexte.

M. Abel : Qu'il s'agisse de solvants chauds ou de solvants ordinaires, on les injecte dans des réservoirs souterrains.

C'est un domaine où il se fait énormément de recherches. On pourrait virtuellement éliminer la nécessité de recourir au gaz naturel au départ.

M. McDonald : Pour ajouter à ce que dit M. Abel, il indiquait tout simplement d'où venait l'énergie pour mobiliser la ressource de bitume en ce moment. Pour l'avenir et en ce qui concerne ce que l'on considère comme étant le résultat le plus prometteur, encore une fois, on utilise des hydrocarbures plus légers dans lesquels on injecte cette vapeur. Cela réduit de façon marquée la quantité de vapeur et, partant, l'énergie requise pour extraire la ressource.

Il y a eu plusieurs projets pilotes. Ces projets pilotes se déroulent depuis probablement plus d'une décennie, mais nous en arrivons au point, pour ce qui est de la viabilité commerciale, où les responsables envisagent très certainement d'en faire des projets.

Le président : Nous manquons de temps, mais j'ai quelques autres questions.

Vous avez dit que vous allez réduire les émissions de méthane ou les émissions fugitives de 45 p. 100. Sur quelle période? D'après ce que je comprends, le gouvernement fédéral a fait marche arrière quant à l'échéancier qu'il avait fixé au départ à trois ans à compter de maintenant avant que vous ayez à faire cela. Voilà pour une première question.

Le faites-vous avant que le gouvernement fédéral vous dise que vous devez réduire ces émissions fugitives?

Ne vous méprenez pas. J'ai œuvré dans le secteur pétrolier et gazier une bonne partie de ma vie. Je sais que vous faites beaucoup de choses, mais nous entendons continuellement — et nous l'avons encore entendu ce matin — que nous sommes très haut dans l'échelle sur la façon dont nous traitons l'environnement au Canada comparativement à d'autres pays, c'est toujours « d'autres pays ».

Existe-t-il une forme de mesure qui compare le Canada aux États-Unis? De fait, vous venez de dire, comparativement aux États-Unis, que nous sommes nettement meilleurs. J'aimerais voir un graphique qui illustre que nous sommes meilleurs.

Sommes-nous meilleurs que l'Arabie saoudite? Sommes-nous meilleurs que le Venezuela? Au lieu de tout simplement dire que nous sommes meilleurs que tous les « autres pays », où nous situons-nous sur cette échelle? J'ai entendu dire que la Norvège est nettement meilleure que le Canada. Je sais qu'il s'agit d'une exploitation extracôtière.

Pouvez-vous m'aider, ou y a-t-il quelque chose que vous pouvez fournir au comité afin que nous puissions voir réellement sur un graphique ciblé à quel égard nous sommes meilleurs que tous ces autres pays? Je ne m'attends pas à ce que vous les énumériez tous, mais quelques-uns des principaux points.

M. McDonald : Je vais commencer à répondre, monsieur Abel, pour ce qui est des objectifs de réduction du méthane. Nous nous sommes engagés à atteindre la réduction de 45 p. 100 d'ici 2023 et c'est ce que nous visons en ce qui concerne les échéanciers prévus du gouvernement. Ce sont leurs échéanciers et nous nous sommes engagés à les respecter.

Pour ce qui est d'attendre après le gouvernement, et je souligne que M. Abel a fait des observations plus tôt, nous n'avons pas attendu après le gouvernement. Il s'agit d'un espace dans lequel nous avons été actifs pour réduire le torchage et les rejets et nous avons été proactifs dans cet espace pour limiter notre empreinte en matière d'émissions. Il y avait des règlements bien avant les récents objectifs de réduction du méthane. Notre industrie a été un chef de file dans ce domaine, comparativement à ce qui s'est fait au sud de notre frontière.

Pour ce qui est de notre performance environnementale, il y a des défis dans la façon dont nous comparons les émissions par rapport à d'autres pays. Encore une fois, comme l'a souligné M. Abel, nous sommes des chefs de file dans la surveillance, la saisie des données et les rapports pour toutes nos émissions, mais pour ce qui est d'être un chef de file comparativement à beaucoup d'autres pays, ceux que nous examinons à des fins de comparaison n'ont pas de données facilement disponibles pour nous permettre de voir quel est leur rendement.

Un élément d'information que nous avons examiné à des fins d'évaluation, c'était les pays écologiquement responsables au chapitre de la rigueur et du cadre de réglementation, tous les permis et processus d'approbation requis pour exploiter le pétrole et le gaz dans le pays en question. Nous avons réalisé une étude à cet égard. Nous avons demandé à WorleyParsons Canada d'effectuer une comparaison de tous les différents pays afin de déterminer où se situe le Canada pour ce qui est de la réglementation environnementale.

Nous avons cela et, plus récemment, nous avons mis à jour cette étude afin d'appuyer l'examen actuel des évaluations environnementales dans le but de déterminer dans quelle mesure le processus canadien est robuste et compétent au niveau des évaluations environnementales et quelles pratiques exemplaires pourraient être mises en œuvre s'il y a d'autres éléments venant d'autres pays que nous pourrions vouloir ajouter à notre portefeuille.

Nous serions plus que disposés à vous fournir ces travaux.

Le président : Merci. Je vous en serais reconnaissant et je vous demanderais de bien vouloir les transmettre à la greffière. Ainsi, chaque membre du comité en reçoit une copie et nous pouvons tous les consulter.

Nous avons dépassé le temps qui nous est alloué et il y a probablement un autre comité qui attend pour entrer. Je vous remercie beaucoup, messieurs, de vos exposés. Nous vous en sommes reconnaissants.

Avant de partir, je tiens à dire que le comité de direction s'est réuni hier et nous ne tiendrons pas de conférence de presse et que nous ne publierons pas le rapport que nous venons de terminer sur le transport. Nous allons procéder de façon différente. Nous allons essayer de l'envoyer aux médias écrits d'un bout à l'autre du pays. Nous avons quelques processus de communication en ce moment. À la Chambre, vous m'entendrez dire qu'il sera publié entre le 15 et le 23 juin. Je dois obtenir cette autorisation.

Par ailleurs, il n'y aura pas de réunion mardi prochain, tout simplement parce que nous arrivons à la fin de la session. Il y aura une réunion jeudi prochain. Qui sait? Il pourrait s'agir de notre dernière réunion pour autant que je sache. Cela reste à voir.

Merci beaucoup à tous.

(La séance est levée.)

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