Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans
Fascicule nº 6 - Témoignages du 4 octobre 2016
OTTAWA, le mardi 4 octobre 2016
Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 17 h 5, pour étudier les activités de recherche et de sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent.
Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je m'appelle Fabian Manning, je suis un sénateur de Terre-Neuve-et-Labrador et j'ai le privilège de présider la réunion de ce soir.
Je vais demander aux membres du comité de se présenter avant de céder la parole aux témoins.
Le sénateur Wallace : John Wallace, Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Sinclair : Murray Sinclair, Manitoba.
La sénatrice Hubley : Elizabeth Hubley, Île-du-Prince-Édouard
Le sénateur Watt : Charlie Watt, Nunavik.
Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, Ontario.
La sénatrice Eaton : Nicky Eaton, Ontario.
La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, Nouveau-Brunswick
La sénatrice Raine : Nancy Greene Raine, Colombie-Britannique.
La sénatrice Poirier : Rose-May Poirier, Nouveau-Brunswick.
Le président : Notre comité poursuit son étude des activités de recherche et de sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent. Ce soir, nous ferons des comparaisons entre la Garde côtière canadienne et celles qui existent dans d'autres pays, notamment en ce qui concerne les activités de recherche et sauvetage maritimes.
Nous avons le plaisir d'accueillir M. Gregory Lick, directeur général, Opérations, et M. Marc Mes, directeur, Soutien opérationnel. Au nom des membres du comité, merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
Gregory Lick, directeur général, Opérations, Garde côtière canadienne : Merci. Je suis honoré de comparaître de nouveau devant le comité pour fournir davantage d'information sur le programme de recherche et sauvetage en mer de la Garde côtière canadienne.
Aujourd'hui, je ferai la comparaison entre le système de recherche et de sauvetage en mer du Canada et celui de trois autres pays que nous avons choisis, soit les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie.
Je sais que je me répète, mais je le fais à cause de cette tradition pluricentenaire d'aider les gens en détresse en mer. De notre côté, la Garde côtière se tient prête à venir en aide aux navigateurs en détresse 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La sécurité en mer est notre priorité absolue, et nous l'assurons remarquablement bien, ce qui nous procure une immense fierté.
Les secteurs de responsabilité en matière de recherche et de sauvetage au Canada sont parmi les plus diversifiés et les plus exigeants au monde et, comme j'ai été fier de le mentionner au comité la semaine dernière, la Garde côtière est reconnue comme un chef de file dans le domaine de la recherche et du sauvetage en mer. La façon dont les autres pays s'adressent à la Garde côtière pour obtenir de la formation et nous observer à l'œuvre, dans nos centres de coordination des opérations de sauvetage et sur l'eau, atteste notre leadership. Nous avons rencontré les représentants du Bangladesh en août dernier, et d'autres gardes côtières internationales ont fait part de leur intérêt à venir au Canada pour en apprendre davantage sur notre système de recherche et de sauvetage et pour discuter de nos pratiques exemplaires.
Je tiens en outre à souligner que ces pays s'intéressent non seulement à notre système de recherche et de sauvetage, mais aussi à nos autres services, comme les Services de communication et de trafic maritimes et l'Intervention environnementale.
[Français]
Lorsque l'on compare le système de recherche et de sauvetage du Canada à celui d'autres pays, il est important de noter que chaque pays signataire de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS) est tenu de veiller à ce que ses programmes de recherche et de sauvetage contiennent les éléments de base obligatoires et à ce qu'ils respectent certaines normes et procédures d'exploitation. Toutefois, ces nations ont également la souplesse d'établir leur propre programme de recherche et de sauvetage en se fondant sur les demandes particulières de leur milieu, notamment la géographie, la longueur du littoral de leur pays, le niveau d'activités maritimes, et cetera.
Il est donc difficile d'effectuer une analyse comparative des divers systèmes de recherche et de sauvetage. Cependant, en examinant les systèmes des États-Unis, de l'Australie et du Royaume-Uni, on remarque qu'ils présentent de nombreuses similitudes avec celui du Canada. Notons que les quatre pays mènent des opérations de recherche et de sauvetage 24 heures sur 24 et qu'ils complètent leur système à l'aide de services bénévoles ou auxiliaires. En effet, leur état de préparation est également comparable, car ils ont fixé chacun un délai d'intervention de 30 minutes.
[Traduction]
Mais il existe aussi de grandes différences. Par exemple, la garde côtière des États-Unis est considérée comme une composante des forces armées du département de la Sécurité intérieure du pays et, en 2015, elle bénéficiait d'un budget de 9,8 milliards de dollars et comptait 43 000 membres en service actif et 8 000 réservistes.
J'aimerais effectuer un suivi sur la série de questions posées par le comité la semaine dernière concernant ce qu'il faudrait pour améliorer notre système de recherche et de sauvetage en mer.
La prévention est un domaine qui pourrait profiter d'une attention supplémentaire. La prévention des incidents nécessitant une intervention de recherche et de sauvetage est toujours préférable aux sorties risquées dans des conditions météorologiques habituellement difficiles pour porter assistance aux personnes en détresse. La prévention en matière de recherche et de sauvetage en mer requiert une sensibilisation à la sécurité nautique, des règles relatives aux outils de communication à bord du navire, pour n'en nommer que quelques aspects.
Ainsi, c'est un exemple que j'emploie souvent et qui illustre l'importance de la prévention, les changements qui ont été apportés aux règles sur les vêtements de flottaison individuels afin d'autoriser l'utilisation de diverses couleurs, combinés aux campagnes de sensibilisation du public et de promotion de leur utilisation, ont permis de réduire le nombre de noyades lors des incidents de navigation.
En ce qui concerne la recherche et le sauvetage, des investissements dans la prévention pourraient avoir des répercussions importantes sur le nombre d'incidents et de décès. En collaboration avec Transports Canada, la Garde côtière déploie effectivement des efforts de prévention, en plus de ses activités de recherche et de sauvetage, en faisant la promotion du port de vêtements de flottaison individuels, de l'utilisation de balises et de radiobalises de localisation des sinistres et en rappelant l'importance d'informer quelqu'un des détails de son voyage lorsqu'on sort en mer. Ces précautions ont une énorme incidence et permettent de sauver des vies.
[Français]
En conclusion, monsieur le président, la Garde côtière démontre chaque jour l'importance qu'elle accorde à la sécurité des navigateurs. Nous nous efforçons également d'améliorer de façon continue nos opérations et de partager nos pratiques exemplaires avec nos partenaires internationaux.
De plus, je tiens particulièrement à souligner les efforts incroyables déployés par nos employés, car nous sommes une organisation constituée de personnes qui se donnent corps et âme pour aider les gens sur l'eau.
C'est avec plaisir que nous répondrons maintenant à vos questions.
[Traduction]
Le président : Merci. Je cède la parole à la vice-présidente de notre comité, la sénatrice Hubley.
La sénatrice Hubley : Merci beaucoup, monsieur le président, et bien entendu, merci de votre présentation, monsieur Lick. Ça fait plaisir de vous revoir.
Comme vous le savez, la Garde côtière auxiliaire canadienne est un organisme de bienfaisance enregistré privé, sans but lucratif. Ses membres participent bénévolement avec leurs propres embarcations à des opérations de recherche et sauvetage. Dans ma propre province, elle compte entre 80 et 100 insulaires bénévoles, dont bon nombre de pêcheurs. En 2012, le MPO a effectué une analyse comparative de la Garde côtière auxiliaire et d'organismes bénévoles de recherche et sauvetage maritimes d'autres pays; vous avez mentionné le Royaume-Uni et l'Australie.
Nous avons découvert que ces autres organismes sont plus autonomes financièrement. Ils comptent sur des commanditaires et des collectes de fonds. L'analyse en conclut que la Garde côtière devrait chercher d'autres moyens de financer la Garde côtière auxiliaire.
Ma question est la suivante : la Garde côtière a-t-elle envisagé d'autres moyens de financer la Garde côtière auxiliaire? Dans quelle mesure la Garde côtière auxiliaire pourrait-elle se financer autrement?
M. Lick : Merci de me poser la question. Je crois que ça vaut la peine de consacrer quelques secondes à la Garde côtière auxiliaire d'un bout à l'autre du pays. Nous voyons des différences marquées dans la façon dont les cinq organismes auxiliaires sont menés et gérés par leurs bénévoles respectifs partout au pays.
Sur la côte Ouest, par exemple, nous voyons que les contributions qui proviennent de dons d'entreprises ou dons de charité du public ou de collectivités constituent une part plus importante du budget de l'organisme que ce que nous versons à ces organismes à travers le pays.
Plus à l'est par contre, dans les régions du centre, de l'Arctique, de l'Ontario, du Québec et jusque sur la côte Est, nous remarquons que ces dons représentent graduellement une part de plus en plus petite du budget. Je ne vous en expliquerai pas les raisons, mais je crois que nous voyons ces écarts au fur et à mesure que nous avançons vers l'est.
En général, notre traitons ces organismes de la même manière. Nous tentons de faire en sorte que les efforts consacrés à la formation ou à l'entraînement de ces groupes soient relativement semblables, du point de vue de la Garde côtière canadienne.
Dans le passé, nous avons cherché, en général, des moyens d'améliorer la représentation de la Garde côtière auxiliaire et d'autres méthodes de financement. En fait, la Garde côtière auxiliaire nous fait part de temps à autre de possibles moyens légèrement différents de financer ses organismes. Comme ils sont tous structurés différemment et desservent des populations différentes, je dois dire sincèrement que nous n'avons pas trouvé une façon de faire unique pour l'ensemble pays afin d'améliorer chacun d'eux et de leur donner un rôle plus important dans le système de recherche et sauvetage. Ce n'est pas grave; ils sont tout simplement différents.
Je ne peux pas vous répondre qu'il y a une seule façon de faire. Tous les ans, nous évaluons toutes les avenues avec les cinq organismes auxiliaires, généralement lors de SARscène, qui aura lieu la semaine prochaine, auquel participent tous les organismes auxiliaires. Nous discutions de leur évolution et de leurs progrès en ce qui concerne les exercices, la formation, et cetera.
Nous parlons également des activités de chaque organisme. Nous profitons de cette occasion pour comprendre leurs besoins et trouver une meilleure méthode de gestion. Par exemple, tous les organismes ont jugé qu'il est important d'effectuer le suivi des renseignements concernant les membres et des activités de gestion des organismes. Pour eux, cela est important et nous leur avons suggéré diverses façons de faire. En fait, l'organisme de recherche et sauvetage de la Marine royale canadienne, qui est l'organisme dans l'Ouest, a conçu un excellent programme informatique qui lui permet de suivre ses activités, chacun de ses membres et les divers volets de la gestion d'une organisation bénévole. Ces dernières années, nous avons tenté de mettre en place le système partout au pays pour accroître l'efficacité des organismes.
C'est tout un détour, je crois, pour vous dire que nous n'avons pas de réponse définitive. Chaque année, nous cherchons avec chacun des organismes des façons de les rendre meilleurs. Parfois, comme nous l'avons fait dans le cadre du dernier budget, nous investissons plus dans le Nord, par exemple, dans la Garde côtière auxiliaire de cette région, pour combler certaines des lacunes que nous observons dans l'Arctique.
La sénatrice Hubley : Vous avez répondu à ma prochaine question, mais pouvez-vous me dire si vous voyez une différence sur le plan du taux de participation à chacun de ces cinq organismes en raison de leur situation financière? Y a-t-il des limites?
M. Lick : Lorsque nous regardons chacun des organismes du pays, nous voyons les différences. Nombre de ces différences concernent leurs membres et qui ils sont; s'il s'agit de plaisanciers ou de bénévoles qui donnent de leur temps en se tenant prêts à intervenir en cas d'appel et qui possèdent une embarcation leur permettant d'intervenir. Plus à l'est, il y a en général plus de pêcheurs qui possèdent leur propre bateau de pêche commerciale. Souvent, ils se trouvent déjà en mer, là où ont lieu des opérations de recherche et sauvetage.
Habituellement, la pêche au large du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, qui a lieu quelques fois au cours de l'année, s'effectue dans l'une des zones d'où proviennent les appels de détresse, mais nous savons que de nombreux membres de l'organisme auxiliaire y participent avec leurs collègues. Ainsi, en général, comme nous l'avons déjà mentionné lors de comparutions précédentes, nombre de ces navires sont ce que nous appelons des navires de passage, dans le domaine de la recherche et du sauvetage. Ils sont déjà sur place et, comme ils font partie de la Garde côtière auxiliaire, ils sont généralement les premiers à intervenir.
Il y a beaucoup de différences entre les membres de chaque organisme. Certains peuvent consacrer plus de temps, et le temps est un des aspects. Certains peuvent consacrer plus de temps au bénévolat. D'autres, comme les pêcheurs commerciaux, ne peuvent pas parce qu'ils sont en mer pour gagner leur vie, mais ils constituent un élément vital du système de recherche et sauvetage de la Garde côtière auxiliaire.
La sénatrice Raine : Pour faire suite à ce que vous venez de dire, je dirais que, de la même façon, nos services des incendies peuvent compter sur des pompiers volontaires, qui ont reçu une formation en premiers soins et une formation de très haute qualité. Ils sont également formés en recherche et sauvetage et dans d'autres domaines. Toutefois, ils ont un travail et, lorsque survient un incident, ils laissent tout tomber pour intervenir en cas d'appel. C'est la même chose avec ces pêcheurs qui sont en mer. En cas d'incident, ils laissent tout tomber pour intervenir. C'est donc très semblable à ce qui se fait partout au pays en matière de mobilisation de personnes qui ont reçu une formation, ce qui est essentiel. Si ces personnes sont prêtes à s'engager et à suivre une formation, c'est ce dont nous avons réellement besoin pour soutenir, si je puis dire, nos effectifs qui interviennent lors d'incidents.
M. Lick : J'aimerais ajouter à cela, madame la sénatrice, que la formation est une composante essentielle pour s'assurer que les membres de tout organisme bénévole, dans le cas qui nous concerne, la garde côtière auxiliaire, sont prêts à intervenir et sont en mesure de le faire. Il faut aussi souligner que — et nous avons abordé cela la dernière fois — la pratique représente une très grande partie de la formation, car elle permet essentiellement de consolider les acquis de la formation en les mettant en pratique en mer. Les deux vont de pair. De ce fait, nous avons apporté des exemples de notre calendrier d'exercices pratiques et pouvons en discuter avec vous.
La sénatrice Poirier : Je vous remercie de votre présence messieurs. Il est agréable de vous revoir. Au cours des derniers mois, il y a eu de nombreux rapports à propos de nos flottes vieillissantes et de la nécessité de les remplacer. Nous avons une Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale à long terme. Comparativement aux autres pays, où nous situons-nous en matière de livraison de navires destinés à la recherche et au sauvetage en mer?
M. Lick : Je vais en parler en général, et j'inviterai ensuite M. Mes à aborder plus en détail certains des projets de renouvellement. Il est en contact avec des directeurs de projet qui travaillent directement avec les équipes chargées de mener les projets à terme. Dans le cadre du Plan de renouvellement de la flotte de 2012, dans lequel il était annoncé qu'un budget de 5,2 milliards de dollars serait alloué à la prochaine étape de renouvellement de la flotte. Cela s'ajoute à d'autres projets de renouvellement en cours, plus précisément le renouvellement de nos navires scientifiques de plus grande taille. Au total, tel que nous l'avons mentionné la semaine dernière, environ 7 milliards de dollars ont été affectés à ces projets.
La dernière fois, en ce qui concerne particulièrement nos activités de recherche et de sauvetage, nous avons aussi abordé l'âge de notre flotte. En fait, elle n'est pas aussi vieille en raison de récents investissements. Certains investissements sont plus ou moins récents, mais ils ne remontent pas au-delà des années 1990. À l'heure actuelle, puisque nous investissons dans un nouveau projet de renouvellement de nos bateaux de sauvetage de grande autonomie, l'âge de nos bateaux de sauvetage est en fait bien inférieur à celui de la plupart de nos navires de plus grande taille. Nous travaillons donc à l'amélioration de ce qui constitue le cœur et l'âme de nos activités de recherche et sauvetage, à savoir nos bateaux de sauvetage sur les côtes et près des côtes, qui servent à répondre aux demandes d'intervention.
La plupart de nos interventions se font sur les côtes et près de celles-ci, ce qui constitue le cœur et l'âme des activités de recherche et de sauvetage. J'invite M. Mes à dire quelques mots au sujet de l'évolution de notre plus récent projet.
Marc Mes, directeur du soutien opérationnel, Garde côtière canadienne : M. Lick a mentionné que, bien que les bateaux de sauvetage sont les plus récents de la flotte, nous avons entrepris de les renouveler en raison de leur fréquence d'utilisation, grâce à du financement que nous avons récemment obtenu. Quinze nouveaux bateaux de sauvetage seront livrés à la Garde côtière d'ici les 12 à 18 prochains mois. Certains de ces bateaux seront remplacés par de meilleurs modèles de plus grande taille destinés à effectuer des tâches particulières où besoin il y a.
D'un point de vue de recherche et de sauvetage, cet investissement est réalisé selon les besoins de la flotte, afin de répondre aux besoins de la communauté en matière de sécurité maritime et de sécurité des personnes sur l'eau. Ce projet se déroule harmonieusement. Les deux chantiers navals, l'un en Ontario et l'autre au Québec, procéderont à leur livraison au cours des 18 prochains mois.
La sénatrice Poirier : Certains autres pays disposent d'un seul organisme chargé de l'approvisionnement, comparativement au Canada qui fonde son approche sur plusieurs ministères. Savez-vous si cette approche a été bénéfique en matière de recherche et de sauvetage en mer chez ces autres pays?
M. Lick : Je ne suis pas un expert dans le domaine de l'approvisionnement. Je vais cependant aborder le système que nous avons actuellement en place.
Je faisais partie de l'équipe qui a élaboré la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale en 2012-2013. Je compte donc énormément d'expérience et de connaissances dans le domaine. À cette époque, nous avons étudié le problème du cycle de vie d'expansion et de ralentissement qui affligeait l'industrie de la construction navale depuis des décennies au Canada, durant lesquelles les gouvernements investissaient des fonds de façon très ponctuelle dans le renouvellement de nos flottes. À moins que les besoins en matière de construction navale soient constants au fil des décennies, ce cycle de surchauffe et de récession tuera l'industrie. Cela constituait le problème majeur que nous tentions de régler, auquel s'ajoutait le fait que nos flottes étaient vieillissantes dans la marine que dans la Garde côtière canadienne.
Il y avait les besoins en navires pour les 30, 40 et 50 prochaines années, et, en même temps, nous voulions éviter le problème que nous avions connu lors des décennies précédentes en raison du cycle d'expansion et de ralentissement. C'est à ce moment que la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale a été créée. Elle porte désormais le nom de Stratégie nationale en matière de construction navale, puisque l'étape de l'approvisionnement est maintenant révolue. Deux chantiers navals en particulier construiront nos nouveaux navires de grande taille à l'avenir, soit Irving Shipbuilding à Halifax et Vancouver Shipyards à Vancouver.
En ce qui concerne la stratégie d'approvisionnement, le gouvernement à l'époque a déterminé qu'il s'agissait de la meilleure stratégie pour notre pays. Cela peut être différent pour d'autres pays où il y a de plus grands besoins en matière de flottes fédérales ou de construction navale commerciale. Cependant, la demande au Canada tant commerciale que gouvernementale, qu'elle provienne des gardes côtières, de la Garde côtière canadienne, de la marine ou des services de traversier, n'est généralement pas assez suffisante ou régulière pour soutenir quatre, cinq ou six chantiers navals. C'est pour cette raison que les responsables de l'approvisionnement ont octroyé un contrat à deux chantiers navals majeurs pour répondre aux besoins du gouvernement fédéral en matière de construction navale au cours des 30 prochaines années.
Ultimement, nous avons déterminé qu'il s'agissait de la meilleure stratégie. Nous en sommes cependant au tout début. Nous sommes au début de ce cycle de 30 ans, pour lequel nous avons jugé qu'il s'agissait de la meilleure approche. Nous ne saurons qu'au terme de ces 30 années — bien au-delà de notre carrière à mon avis — s'il s'agissait de la meilleure stratégie. Dans l'intervalle, les navires hauturiers de science halieutique sont en construction au chantier naval Vancouver Shipyards. Le premier NHSH devrait être terminé d'ici la fin de 2017. La coupe d'acier et l'assemblage de blocs sont déjà entamés pour la construction du deuxième des trois navires. Le quatrième de la série, le navire hauturier de science océanographique, en est à l'étape de la conception au chantier naval.
Les navires de la Garde côtière canadienne sont en pleine construction. C'est une bonne chose.
La sénatrice Poirier : Je sais également que certains autres pays tels que la Norvège louent des navires destinés aux gardes côtières. Ils affirment que cela leur permet de disposer d'une flotte plus moderne et rentable pour la prestation des services. Pouvez-vous en dire davantage sur la participation du secteur privé à la prestation de services de recherche et sauvetage dans d'autres pays? Quels seraient les avantages et les inconvénients pour la Garde côtière canadienne?
M. Lick : S'agissant de la participation du secteur privé — je ne tiendrai pas compte des unités auxiliaires, puisqu'elles font plutôt office d'organismes de bienfaisance — de nombreux pays y ont recours pour la prestation de services de recherche et sauvetage. La participation du secteur privé concerne les navires de passage, dont nous avons déjà parlé. Leur contribution aux activités de recherche et sauvetage existe depuis des siècles à l'échelle planétaire. Les navires de passage ont l'obligation de porter secours à un navire en détresse en vertu du droit de la mer.
Pour répondre à votre question, je peux vous dire que la Garde côtière canadienne a loué des navires au fil des ans. Les navires loués, particulièrement ceux loués dernièrement, sont généralement de petits navires destinés à la conservation et à la protection. Nous avons observé certaines lacunes dans ce domaine et n'avons pas été en mesure de faire construire de nouveaux navires de petite taille. Nous avons également affrété dès le départ le navire de la Garde côtière canadienne Terry Fox, un navire de grande taille de ravitaillement de plate-forme de forage pétrolier en mer. Nous avons loué au début, mais nous avons constaté que la location à long terme, comme c'est généralement le cas, n'est pas ce qu'il y a de plus rentable lorsqu'on dispose des fonds nécessaires pour acheter dès le départ, puisque de cette façon, il est possible d'amortir les coûts au fil des ans. On n'a pas à financer les profits de l'entreprise locatrice. Si nous avons besoin d'un navire de recherche et sauvetage à long terme, il est plus logique de faire construire un navire et de l'acheter plutôt que d'en louer un.
Toujours au sujet de votre question, je dirais que la location d'un navire a sa raison d'être lorsqu'il y a un besoin à court terme, auquel l'industrie n'est pas en mesure de répondre, et qu'il y a un problème technique avec un de nos navires que nous sommes dans l'impossibilité de régler en temps opportun.
L'un des principaux problèmes avec les navires de recherche et sauvetage est qu'ils sont très bien équipés afin de permettre à l'équipage à bord de procéder au sauvetage de personnes lorsque la mer est très agitée. Ce sont des navires très bien adaptés aux activités de recherche et sauvetage. Lorsque nous sommes en zone extracôtière, plusieurs navires qui s'y trouvent déjà peuvent aussi être utilisés pour mener ce genre d'activités. De nombreux navires de ravitaillement de plate-forme de forage pétrolier en mer peuvent accomplir ces activités. En fait, la conception d'un grand nombre de nos navires s'inspire de ces navires.
En terminant, je dirais qu'il peut être à propos de louer dans certains cas, notamment s'il y a un besoin à combler à court terme. Il est plus difficile de procéder de cette façon dans le domaine de la recherche et du sauvetage, excepté pour les navires de type extracôtier qui se trouvent déjà en mer. Cependant, à long terme, il est plus rentable pour la plupart des organisations de faire l'achat d'un navire et d'amortir son coût sur toute sa durée de vie.
Le président : Sénatrice Raine, avez-vous quelque chose à ajouter?
La sénatrice Raine : Je vais revenir un instant sur le sujet des bateaux de sauvetage de plus petite taille que vous renouvelez à l'heure actuelle. Il y a quelques années de cela, je crois, les bateaux de sauvetage ont été retirés des phares gardés sur la côte Ouest. Je n'ai jamais compris pourquoi cela avait été fait, puisque la majorité de ces phares sont situés dans des zones d'eaux périlleuses où des accidents surviennent. Certains gardiens de phare disposaient de leurs propres bateaux, mais il me semble que s'il y a une possibilité d'utiliser les bateaux de sauvetage de concert avec ceux des gardiens, cela serait-il une option? Ou est-ce que cela ne fait tout simplement pas partie du système de recherche et de sauvetage? Dans quelle mesure les gardiens sont-ils intégrés au système de recherche et de sauvetage?
M. Lick : Je vais aborder quelques points. Auparavant, la plupart des phares étaient gardés par une seule personne ou parfois une personne accompagnée de sa famille. L'une des exigences en matière de sécurité dans le cadre de nos activités est de ne jamais aller seul en mer. Cela est très dangereux.
Il en est de même pour un service d'incendie : généralement, on n'entre pas dans une maison en feu par soi-même. On a toujours un copain avec soi, si vous voulez imaginer les choses sous cet angle. On a toujours du renfort.
Cela s'avère essentiel à la sécurité de nos employés, qu'il s'agisse des gardiens de phare ou des équipages de nos navires ou de nos embarcations rapides de sauvetage. Ces navires prennent toujours le large avec plus d'un membre d'équipage à leur bord; en fait, ils comptent généralement trois membres d'équipage. Il faut une personne pour piloter le navire et parfois deux personnes pour faire embarquer les gens dans le bateau de sauvetage.
Pour des raisons de sécurité, il n'y a jamais de navigation en solitaire.
Quant aux gardiens de phare, certes, ils assuraient la surveillance de l'eau, mais leur capacité à nous fournir davantage de renseignements que bon nombre des technologies que nous utilisons actuellement est plutôt limitée. Si un navire est en détresse, par exemple, les appareils de communication radio dont j'ai parlé dans mon mot d'ouverture constituent les appareils les plus importants à avoir à sa disposition pour communiquer sa détresse à l'ensemble de notre système de recherche et de sauvetage. Sans ces radios ou autres moyens de communication — en fait, de nos jours, la communication peut s'effectuer au moyen de téléphones cellulaires dans certains cas, mais ceux-ci font aussi partie du système de recherche et de sauvetage.
Comme dans le cas d'un appel au 911, il faut être en mesure de communiquer sa détresse. L'ensemble de notre infrastructure, aux quatre coins du pays, est prête à recevoir ces appels, vu la multitude de tours en place. Tous ces appels sont acheminés aux centres des Services de communication et de trafic maritimes. Ils reçoivent les appels, activent le système de recherche et de sauvetage et communiquent avec nos CCCOS afin d'activer le système et d'envoyer un navire sur place pour intervenir.
Généralement, les gardiens de phare participent de façon réduite à ce processus, puisque les radios se connectent automatiquement au système de recherche et de sauvetage grâce à l'infrastructure dont nous disposons. Ils fournissent quelques renseignements sur les conditions météo à l'échelle locale; il importe d'être mis au fait des conditions météo que certaines technologies n'ont peut-être pas détectées, mais leur participation est plutôt limitée pour le moment.
La sénatrice Eaton : Pour avoir lu mes notes et comparer notre garde côtière à d'autres gardes côtières, il semble que la Marine royale danoise et les Gardes côtières norvégienne, islandaise, finlandaise et américaine sont toutes considérées comme militaires ou semi-militaires. Pourquoi la Garde côtière canadienne n'est-elle pas militaire? Quels seraient les avantages ou les inconvénients de l'incorporer et de la mettre sous la responsabilité du ministère de la Défense nationale?
M. Lick : Je répondrai à cette question avec l'aide de M. Mes, puisqu'il en sait beaucoup sur la question de notre armement éventuel et les possibilités qui ont été examinées.
Je répondrai d'abord en disant que je ne crois pas que notre transformation en une organisation armée serait avantageuse pour le système de recherche et de sauvetage...
La sénatrice Eaton : La coordination ne s'en trouverait-elle pas améliorée?
M. Lick : J'allais également aborder ce point. Je ne crois pas que nous transformer en une organisation armée ou nous intégrer à la Défense nationale apporterait quelque bénéfice que ce soit au système de recherche et de sauvetage. Nous travaillons déjà très bien ensemble — les deux organisations. Nous avons la composante recherche et sauvetage maritimes; c'est notre principale responsabilité. La Défense nationale a deux responsabilités : elle doit coordonner l'ensemble des activités de recherche et de sauvetage maritimes et aériennes et elle est responsable de la composante aérienne.
Les centres conjoints de coordination de sauvetage sont associés, et ils font partie des aspects à l'égard desquels nous travaillons bien ensemble. Nous intégrer à la Défense nationale n'apporterait aucun bénéfice au système de recherche et de sauvetage. Nous travaillons déjà ensemble.
La sénatrice Eaton : Ne souhaiteriez-vous pas faire partie de la marine, par exemple, ou de la Force aérienne? Ainsi, vous ne seriez plus seulement une ramification?
M. Lick : Je ne crois pas que ce serait bénéfique pour le système de recherche et de sauvetage, puisque nous travaillons déjà en coordination sous un même toit. On m'a dit que vous aimeriez vous rendre dans un CCCOS.
La sénatrice Eaton : En effet.
M. Lick : Ce pourrait être une pièce de la même taille que celle-ci, et la sénatrice Hubley serait la coordonnatrice de recherche et sauvetage pour la composante aérienne, et je serais assis ici à titre de coordonnateur de mission de recherche et de sauvetage de la composante maritime. Nous discuterions comme nous le faisons actuellement et nous assurerions la coordination.
Je ne crois pas que cela apporterait quelque bénéfice particulier que ce soit aux activités de recherche et de sauvetage. Quant au fait de nous armer et à savoir si cela ferait une différence, je laisse le soin à M. Mes de traiter de la question.
M. Mes : En 2010-2011, nous avons examiné de très près la question de l'application de la loi et la possibilité d'établir des mesures pour armer la Garde côtière. Nous avons effectué la comparaison d'une multitude d'autres pays, dont bon nombre des pays que vous avez nommés — les États-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège et le Danemark —, dont la garde côtière disposait de pouvoirs militaires ou d'application de la loi, un peu comme la garde côtière américaine. Cela n'avait pas une grande incidence sur les activités de recherche et de sauvetage. Une différence résidait dans le fait que la garde côtière possédait les pouvoirs nécessaires pour appliquer la réglementation sur la sûreté et la sécurité maritimes. Elle pouvait mener certaines activités en matière d'immigration et de contrôle douanier sur l'eau.
La sénatrice Eaton : Si vous croyez que j'ai des migrants clandestins à bord de mon bateau, pouvez-vous arrêter le bateau et y embarquer? Ou devez-vous me faire part de vos soupçons et appeler l'armée?
M. Mes : Dans ce cas-là, non, la garde côtière ne peut pas monter à bord et arrêter quiconque tentant de faire entrer illégalement des personnes aux pays. Cependant, cette information est généralement recueillie par nos organismes de renseignement ou nos COSM, qui regroupent cinq partenaires, soit la Garde côtière, la GRC, la Défense nationale, les autorités douanières et le ministère des Transports. S'ils déterminent qu'un navire transporte des migrants clandestins, ils en informeront des personnes habilitées à faire appliquer la loi.
Ils peuvent utiliser une plate-forme de la Garde côtière. Le personnel de la GRC peut se présenter sur les lieux dans un navire de la Garde côtière afin d'intercepter le navire fautif, et ce sera les agents qui disposeront du pouvoir d'application de la loi nécessaire et qui embarqueront dans le navire pour effectuer les arrestations.
La sénatrice Eaton : Si vous trouviez quelqu'un en train d'effectuer de la surpêche, feriez-vous appel à la GRC ou à l'armée?
M. Mes : L'application de la réglementation relative à la surpêche relève des autorités responsables des pêches. J'ai oublié de le mentionner. Les COSM comprennent des agents du ministère des Pêches et des Océans et des agents chargés de la conservation et de la protection. Ceux-ci s'attardent tout particulièrement à ceux qui effectuent de la surpêche ou qui ne sont pas autorisés à pêcher en raison de la cessation de la pêche d'une espèce particulière ou quelque autre raison; ils iraient donc faire appliquer la loi sur les lieux à bord de navires de la Garde côtière.
Certains navires de la Garde côtière sont utilisés spécialement pour faire appliquer la réglementation sur les pêches, ceux-ci comptant à leur bord des agents des pêches. Je crois que M. Lick veut dire qu'il existe une synergie entre les autorités d'application de la loi et la Garde côtière. Nous fournissons la plate-forme le permettant. Il n'est pas nécessaire de faire partie de l'armée pour y parvenir. Il suffit de travailler en partenariat comme nous le faisons au sein des COSM, des organismes de renseignement, du ministère de la Défense nationale et des services de recherche et de sauvetage; nous travaillons côte à côte. Cela ne signifie pas pour autant qu'il manque un morceau du casse-tête. Nous assurons la coordination à l'aide de ces centres afin de régler des problèmes liés à l'application de la loi ou à la recherche et au sauvetage.
La sénatrice Eaton : Lorsque vous nous comparez aux autres pays qui mènent des activités de recherche et de sauvetage, tenez-vous compte de facteurs comme le délai d'intervention et notre rendement à cet égard par rapport à ces pays? Nous avons un territoire beaucoup plus vaste et des défis différents, notre littoral étant très long et notre climat bien varié, mais faisons-nous bonne figure par rapport aux autres pays?
M. Lick : Absolument. Je crois que j'en ai fait la preuve la dernière fois. Parmi les critères au moyen lesquels ils évaluent leur rendement, le délai d'intervention constitue la norme sur laquelle la plupart des pays fondent leur système de recherche et de sauvetage. Nous respectons cette norme dans 99,7 p. 100 des cas.
La sénatrice Eaton : Vous respectez le même délai d'intervention 24 heures sur 24, 7 jours sur 7; il n'est donc pas préférable de se noyer en semaine entre 9 heures et 17 heures plutôt que le week-end après minuit?
M. Lick : Notre norme est double. Le délai d'intervention d'un navire de recherche et sauvetage primaire comme un bateau de sauvetage SAR posté à une station SAR, est de 30 minutes partout au pays. Que vous alliez dans l'eau à 8 heures le matin ou à 20 heures le soir, cela ne fait aucune différence.
La sénatrice Eaton : Merci.
M. Lick : Le délai ne change que s'il s'agit d'un navire saisonnier et que l'eau est recouverte de glace. Mais le service est offert 24 heures sur 24, 365 jours par année.
Le sénateur Sinclair : Voyons si j'ai bien compris la réponse à la question de la sénatrice Eaton. J'accueille avec satisfaction l'information fournie au sujet du renseignement et du fait de mettre à contribution les autorités à l'avance, mais les criminels sont rusés et peuvent déjouer le système de renseignement. Si vous êtes sur le terrain et qu'on vous appelle pour que vous alliez secourir des personnes en détresse sur l'eau, et que vous découvrez ce faisant que ces personnes tentent d'entrer illégalement au pays ou transportent de la drogue, vous me dites que vous ne pouvez pas leur interdire l'accès, les arrêter, ni prendre quelque autre mesure, outre appeler un bateau de la GRC? Vous ne pouvez même pas les mettre en détention pour les empêcher de trouver un moyen de gagner la rive?
M. Lick : C'est exact à l'heure actuelle. Les officiers de la Garde côtière ne peuvent intervenir en ce qui concerne les infractions au Code criminel, puisqu'ils ne sont pas des agents de la paix. Ils ne possèdent pas ce pouvoir. Nous disposons de certains pouvoirs en vertu d'autres lois en ce qui a trait à l'intervention environnementale, mais pour ce qui est des activités criminelles, le sujet de vos propos, nous ne possédons pas de tels pouvoirs.
Nous avons quelques possibilités dans pareille situation. Nous collaborons avec des organismes responsables de l'application de la loi, comme l'a indiqué M. Mes, dans les centres de renseignement, les COSM. Il s'agit d'un moyen de recueillir des renseignements et d'appeler des navires à intervenir à l'égard d'activités criminelles.
Nous intervenons fréquemment, étant en service 24 heures sur 24, 365 jours par année. Nous sommes les yeux et les oreilles du Canada sur l'eau. Si une activité nous semble criminelle, nous veillons à ce qu'elle soit signalée aux autorités pertinentes ou communiquée directement aux COSM. Ceux-ci peuvent faire monter très rapidement un GTI de la GRC et une EIPF des autorités douanières à bord de navires, et nous l'avons déjà fait, afin qu'ils aillent intercepter les fautifs. Ce fut le cas dans le cadre de nombreuses opérations de lutte antidrogue.
Le seul autre cas important à mentionner est celui des Grands Lacs, où les activités de contrebande sont nombreuses. Je n'ai pas les statistiques à ce sujet; c'est la GRC qui les détient. Chose certaine, nous sommes au courant de bon nombre d'activités de contrebande, et le gouvernement a mis en place nos Équipes de la sûreté maritime. Ces équipes sont réparties dans quatre navires affectés aux Grands Lacs et à la Voie maritime du Saint-Laurent, qui sont occupés en permanence par des agents de la Garde côtière et de la GRC pendant leur période de service. Si les agents de la GRC détectent des activités de contrebande ou d'autres activités criminelles sur les eaux, comme il s'agit d'agents de la paix, ils peuvent les interrompre immédiatement. Mais il n'en est pas ainsi partout au pays.
Le sénateur Sinclair : Comme votre personnel ne possède pas le statut d'agent de la paix, si vos agents ou vos représentants sont pris dans des échanges de tirs entre des policiers occupant vos navires et leurs cibles, ils ne disposent pas de la protection que la loi procure aux agents de la paix?
M. Lick : Je laisserai M. Mes aborder ce point. Les membres de la Garde côtière qui occupent les navires des ESM affectés aux Grands Lacs et au Saint-Laurent sont formés afin d'être en mesure d'utiliser ces navires. Ils ont été formés pour comprendre le processus d'application de la loi et la réglementation appliquée par la GRC. Ils ont également été formés afin d'être en mesure de prendre en charge, pour ainsi dire, les criminels amenés à bord.
Je sais que M. Mes s'est beaucoup investi dans la formation et l'a conçue en grande partie, alors je vais lui demander d'en parler un peu.
M. Mes : J'aimerais mentionner deux choses, sénateur. La première est que certains de nos bateaux ainsi que nos agents des pêches sont armés pour le Programme de POFA de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest, l'OPANO. Ils montent à bord des navires étrangers pêchant illégalement dans nos eaux. Ces officiers de la Garde côtière sont armés au moment de monter à bord et participent à l'arraisonnement armé avec nos agents des pêches. Cela se limite aux mesures de surveillance de l'OPANO et de conservation et de protection.
En ce qui concerne les Équipes de la sûreté maritime, ou ESM, dont l'équipage comprend des agents de la GRC, nos fonctionnaires suivent un programme de formation approfondi de trois semaines, soit le cours de familiarisation et d'application de la Loi, afin de comprendre leurs droits en matière de droit criminel et leur rôle dans tout type d'arraisonnement. Les officiers de la Garde côtière des ESM ne montent pas à bord. C'est toujours le rôle de la GRC, et vous avez raison, sénateur, il y a le risque d'être pris entre deux feux. Ce qui arrive dans ces cas-là, comme à peu près partout où nous avions une équipe d'arraisonnement sur n'importe quel autre navire, l'équipe d'arraisonnement s'approcherait de ce navire en utilisant un canot pneumatique à coque rigide, lancé à partir de nos bateaux. On ne le suit pas pour ensuite sauter par-dessus bord et le faire. Ils sont à bord d'un canot pneumatique à coque rigide et le bateau de la Garde côtière demeure à une certaine distance, mais assez proche pour apporter son appui à l'équipe d'arraisonnement lorsque la GRC va de l'avant.
La formation est poussée et, en même temps, les procédures et le concept opérationnel sont régulièrement mis en pratique afin que la GRC et la Garde côtière travaillent de concert sur ces mesures d'application.
Le président : Merci, sénateur Sinclair.
Le sénateur Wallace : Messieurs, vous avez tous deux beaucoup d'expérience dans les activités de la Garde côtière. Monsieur Mes, vous avez beaucoup d'expérience en ce qui a trait au maintien de l'ordre, bien que cela ne soit pas de manière directe, car comme vous l'avez déclaré, la Garde côtière ne joue pas ce rôle.
Pensez-vous que le rôle de la Garde côtière devrait comprendre le maintien de l'ordre et que vous devriez avoir la possibilité d'intervenir directement si vous constatez une activité criminelle? Je réalise que vous faites un travail très efficace de façon limitée, mais il doit y avoir des circonstances où j'estime qu'il serait dans l'intérêt des Canadiens si vous interveniez directement. Qu'en pensez-vous? Estimez-vous que vous devriez avoir ces pouvoirs supplémentaires?
M. Lick : Ce n'est pas que j'en aie fait l'expérience directement, mais je crois que l'une des choses les plus difficiles dont nous avons parlé lorsque nous étions à bord en tant qu'officiers, c'est ce que nous ferions si nous voyions des personnes ivres. Il s'agit d'un exemple type d'une activité criminelle. À l'heure actuelle, le sénateur a raison quant au fait que nous n'avons pas la possibilité d'intervenir directement et de procéder à une arrestation. L'une des choses les plus difficiles que nous aurions faites est de rapporter simplement l'activité criminelle, et si la personne s'enfuit, nous pourrions peut-être la tenir à l'œil, sans pouvoir l'arrêter ni la mettre en détention. Ce serait l'une des choses les plus difficiles que je devrais faire, et il y a des activités criminelles bien plus graves qui peuvent rendre la situation encore plus difficile.
Je pense que la Garde côtière a un rôle à jouer. Au fil des ans, nous avons examiné certaines de ces options, en particulier lorsque nous avons parlé d'armement. L'Agence des services frontaliers du Canada a trouvé que la solution d'armer les officiers était très coûteuse, et nous aurions à entraîner tous nos officiers et nos équipes pour devenir des agents de la paix, peut-être pas tous, mais certains.
Je pense que nous avons un rôle à jouer, et nous avons proposé certaines options au gouvernement au fil des ans. Nous n'avons pas reçu de ligne directrice pour être en mesure de dire qu'il faut aller dans ce sens ou dans l'autre. Nous attendons cette ligne directrice et nous sommes prêts à y réagir, si nécessaire.
Notre rôle au fil des ans était principalement orienté vers la sécurité. Il s'agit de notre rôle principal et cela nous convient. Nous sommes amenés à jouer un rôle en sécurité maritime et à apporter un soutien aux activités d'exécution de la loi, car nous travaillons avec différents partenaires. Je pense que nous pouvons jouer un rôle plus important, mais nous devons nous entendre, avec nos partenaires des services d'exécution de la loi et le gouvernement, sur le rôle qu'ils veulent que nous exercions. Nous sommes prêts à exercer le rôle qu'ils attendent de nous.
Le sénateur Wallace : Vous pensez donc que vous pouvez jouer un rôle plus important. Je vous demande si vous estimez que vous devriez le faire. Vous avez de l'expérience sur le terrain. Pensez-vous qu'il s'agit de quelque chose sur lequel, par exemple, un comité comme le nôtre devrait faire des recommandations pour que des modifications soient apportées? Appuierez-vous cette démarche?
M. Lick : Je pense que nous avons un rôle à jouer. Il se pourrait que cela soit un très petit rôle pour commencer, mais nous sommes présents. Si vous pensez à l'Arctique, par exemple, nous sommes la principale présence sur ces eaux. Nous ne sommes pas les seuls, car les agents de la GRC et les militaires sont présents aussi, principalement sur terre, mais nous demeurons la principale présence sur les eaux, nous penserons généralement aux activités criminelles liées à l'eau.
Dans certains cas, nous sommes la principale présence là-bas. Qui d'autres pourraient jouer ce rôle?
Le sénateur Wallace : Exactement.
M. Lick : Cependant, la plupart des modifications apportées aux mandats et aux missions nécessitent des ressources importantes et, en réalité, beaucoup de temps pour les mettre en œuvre.
À ce stade, est-ce la plus grande priorité pour nous? Je dirais probablement que non. S'efforcer de rendre nos eaux plus sûres serait non seulement plus rassurant pour nous, mais aussi plus traditionnel. De toute évidence, je pense que travailler dans le domaine de la sécurité et réduire les pertes de vies humaines est plus important, mais il se pourrait qu'il n'y ait qu'une petite différence entre cela et le fait d'assurer la sécurité sur nos eaux.
L'une des choses dont nous avons parlé l'autre fois était que la Garde côtière joue un rôle essentiel dans la sécurisation de nos eaux, mais aussi sur le plan économique et environnemental. Si nous pensons à cela, un criminel, ou peut-être même une organisation terroriste, pourrait facilement interrompre l'alimentation en eau en provoquant un déversement. Je ne cherche pas à donner des idées à personne, mais la fermeture de la voie maritime, par exemple, aurait un impact énorme sur la sécurité économique et la prospérité économique de ce pays. Il est probablement plus important de s'assurer, par l'intermédiaire de nos services de renseignement, que nous savons ce qui se passe que de nous donner des pouvoirs en matière d'application de la loi, par exemple.
Nous avons le rôle le plus important dans ce pays, à savoir s'assurer que nos eaux sont sûres. C'est une question de priorités, évidemment, pour le gouvernement. Enfin, je pense que nous avons établi nos priorités là où nous en avons besoin aujourd'hui, et que nous les faisons évoluer en matière de sécurité maritime et pour combler les lacunes en matière de sûreté.
Le sénateur Wallace : Est-ce que la Garde côtière canadienne a déjà eu au cours de son histoire des pouvoirs en matière d'application de la loi?
M. Lick : En ce qui a trait au Code criminel, non, autant que je m'en souvienne et d'après mon expérience. Mais, nous avons, comme je l'ai évoqué, des pouvoirs en vertu d'autres lois, en matière d'intervention environnementale, qui nous permettent d'enjoindre des navires qui polluent de se rendre dans un autre lieu ou ordonner leur détention. Les officiers des SCTM ont aussi le pouvoir, sous certaines conditions, de diriger un navire, mais leur rôle est axé principalement sur des questions environnementales.
Le sénateur Wallace : Je me demande simplement si vos pouvoirs et votre autorité ont déjà été réduits en ce qui a trait à l'application de la loi. Est-ce qu'il en a toujours été ainsi quant à la façon dont vous travaillez aujourd'hui?
M. Lick : Non, nous travaillons sensiblement de la même façon depuis toujours.
Le sénateur Enverga : Je vous remercie pour votre présentation. Je sais qu'il est difficile de comparer les activités de recherche et de sauvetage en mer de pays différents. Vous avez mentionné que la Garde côtière canadienne était chef de file comparativement aux autres pays. Quel est l'avantage de la Garde côtière canadienne? En quoi la Garde côtière canadienne est-elle vraiment bien placée comparativement aux autres pays? Peut-on apprendre de l'expérience des gardes côtières étrangères?
M. Lick : Je vais demander à M. Mes de vous parler de la partie qui concerne les exercices, car je vous ai parlé plus tôt de formation et d'exercices. Évidemment, les pays se tournent vers nous pour la formation, et je pense que cela démontre que nous jouons un rôle directeur dans des domaines particuliers.
Autre domaine à souligner, nos centres conjoints de coordination de sauvetage et comment ils opèrent avec les membres des forces aériennes et de la Garde côtière canadienne. Ils sont également reconnus comme une référence mondiale puisque les autres pays les ont visités pour comprendre comment ils pourraient mettre sur pied des centres similaires.
Nous pouvons toujours apprendre. Nous pouvons toujours apprendre des autres, et je pense que les domaines particuliers dans lesquels nous apprenons sont les exercices effectués avec d'autres pays. C'est à ce sujet que je voulais que M. Mes réponde et donne quelques exemples des endroits où nous effectuons des exercices, où nous allons en effectuer et, plus important encore, pourquoi nous le faisons.
M. Mes : Sénateur, je pense que nous pouvons toujours apprendre les uns des autres et c'est vital. C'est le cas des exercices que nous effectuons assez souvent avec nos partenaires internationaux, particulièrement avec les États-Unis. L'un des exercices que nous avons effectués récemment s'est déroulé dans le détroit de Juan de Fuca avec la garde côtière américaine. Nous avons effectué le dernier exercice en préparation du passage du Nord-Ouest du Crystal Serenity, un exercice important, non seulement avec la garde côtière américaine, mais aussi avec d'autres partenaires fédéraux et l'industrie dans ce cas, afin que nous puissions nous assurer, en premier lieu, que le plan qu'ils ont mis en œuvre, mais aussi nos plans d'intervention, sont bien établis. Je pense que c'est un élément important.
Nous avons effectué récemment un exercice dans la baie de Fundy avec la Garde côtière américaine. Nous le faisons pour apprendre les uns des autres.
L'un des principaux éléments est que nos côtes sont nettement plus longues que n'importe quelles autres côtes des pays auxquels nous nous sommes comparés. Donc, si nous tenons compte de ce facteur ainsi que de la performance et de notre capacité à réagir et à intervenir, je pense qu'il s'agit de l'un des points forts de la Garde côtière canadienne, en plus de notre coordination avec les Forces armées canadiennes avec l'aide des CCCOS.
L'exercice demeure cependant, à mon avis, un élément essentiel pour que nous soyons capables de mettre en commun les meilleures pratiques, d'apprendre les uns des autres et de nous assurer que nous demeurions toujours aux aguets sur nos eaux, en collaboration avec la Garde côtière américaine et les autres gardes côtières internationales.
Le sénateur Enverga : Existe-t-il d'autres pays qui vous apparaissent plus efficaces en matière de services de SAR? À titre de comité, nous voulons apprendre ce que nous pouvons. Pouvez-vous nous faire part de toute amélioration que nous pouvons apporter comparativement aux autres pays?
M. Lick : Nous nous intéressons toujours à ce que font les autres pays lorsque nous effectuons des exercices et suivons des formations avec eux, lorsqu'ils se tournent vers nous et nous parlent de leur système de SAR particulier et apprennent à mieux connaître le nôtre. Nous n'arrêtons jamais d'apprendre.
En termes de comparaison, cependant, notre performance démontre en fait que nous sommes en haut de la pyramide en ce qui a trait à la façon de faire les choses, par exemple, le temps de réaction que j'ai évoqué. Le temps de réaction n'est rien d'autre qu'une mesure interne pour nous-mêmes. Est-ce que nous respectons les normes nationales et internationales? Question plus importante encore, sauvons-nous des gens lorsque leur vie est en danger une fois sur les eaux?
Ce n'est certainement pas drôle du tout, mais pour toutes les personnes qui partent en intervention sur l'eau pour sauver une personne en détresse, l'objectif en matière de sauvetage est de 100 p. 100. En fait, je dirais même que l'objectif serait plutôt de l'ordre de 110 p. 100, mais il y a toujours, malheureusement, des situations dans lesquelles il est tout simplement impossible de sauver la personne, ou des situations dans lesquelles elle est tragiquement décédée avant même que nous ayons pu parvenir jusqu'à elle, pour tout un tas de raisons qui sont hors de notre contrôle, et ce, même si nous avions à notre disposition le meilleur système de recherche et de sauvetage ou le système de recherche et de sauvetage parfait. Nos statistiques prouvent toutefois que nous faisons du très très bon travail.
Bien entendu, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Nous ne pouvons pas affirmer que nous allons à jamais continuer de procéder tel que nous le faisons aujourd'hui. Plus important encore, dans la mesure où des régions telles que l'Arctique commencent à s'ouvrir à une circulation plus importante et plus diversifiée, ce sont sur ces régions en particulier que nous devons nous concentrer pour le moment. J'en ai également parlé la dernière fois. Nous devons nous concentrer sur les secteurs à risque qui commencent à faire leur apparition, comme l'Arctique. Et c'est ce que nous faisons.
Certes, il est difficile de faire des comparaisons, et nous avons toujours quelque chose à apprendre des autres. Tout comme les autres apprennent de nos expériences. C'est un processus sans fin, et la réalisation d'exercices est réellement la meilleure façon de procéder.
M. Mes : Monsieur le sénateur, l'une des choses que j'ai apprises récemment lors d'une conférence sur la recherche et le sauvetage à Helsinki, c'est que plusieurs partenaires internationaux s'intéressent actuellement aux outils technologiques, et notamment à l'utilisation de drones. Je pense que c'est quelque chose que nous nous approprions. Nos services, même au sein de la Garde côtière, et au sein de mon groupe, étudient actuellement la manière dont les drones pourraient être utilisés pour appuyer l'ensemble des programmes de la Garde côtière, ainsi que les opérations de recherche et de sauvetage, en tant qu'élément d'appui à l'ensemble du système de recherche et de sauvetage. Selon moi, nous apprenons en permanence de nos partenaires et l'un des domaines dans lesquels nous bénéficions de leur expérience, c'est la technologie. Sur quoi les autres se penchent-ils? Est-ce quelque chose que nous pouvons utiliser au sein de notre système de recherche et de sauvetage afin d'aider de manière plus efficace encore les personnes en situation de détresse sur l'eau? La technologie et l'utilisation de drones constituent un domaine qui intéresse tout le monde, et qui nous intéresse également, en tant qu'outil potentiel, pas uniquement pour les opérations de recherche et de sauvetage, mais également pour tous les programmes de la Garde côtière, y compris les interventions environnementales et le déglaçage.
Le sénateur Enverga : Je crois vous avoir déjà posé la question par le passé. Je sais que vous affirmez que nous sommes meilleurs que tout le monde, que nous sommes les chefs de file des gardes côtières. Vous avez mentionné également que nous devrions acquérir quelques drones pour améliorer nos services. Y a-t-il autre chose que vous voudriez avoir dans le futur pour améliorer notre système ici?
M. Lick : Nous en avons un peu parlé la dernière fois. Dans mon mot d'ouverture, j'ai abordé le sujet de la prévention. Il s'agit d'un secteur dans lequel nous pouvons toujours investir plus de moyens, et, généralement, un petit investissement dans la prévention se traduit souvent par un gain important en termes de vies sauvées. Envoyer en intervention des personnes qui savent comment opérer sur l'eau, qui portent l'équipement approprié, qui savent comment utiliser une radio et qui sont à même de communiquer efficacement peut sauver plus de vies que toute autre mesure.
Les drones sont un domaine d'investissement parmi d'autres. Nous entrevoyons l'accès à d'autres technologies nouvelles, comme certains systèmes de surveillance par satellite dédiés à la recherche et au sauvetage, qui seront capables de bien mieux voir au travers du brouillard et des nuages.
Il existe également des améliorations technologiques qui nous aideront à atteindre cet objectif, comme les balises de localisation que les gens portent parfois. Ces balises sont plus souvent portées sur terre, lors de randonnées en forêt, mais si les gens les portent lorsqu'ils sortent en mer, ces balises peuvent activer le système de recherche et de sauvetage. Enseigner aux citoyens comment utiliser cette technologie et éviter les fausses alertes constitue également l'un des enjeux les plus importants. Il faut améliorer la technologie utilisée afin que nous recevions moins de fausses alertes, comme cela se produit actuellement avec certaines balises radiofréquence que les bateaux ou que les avions utilisent. Ces fausses alertes causent de nombreuses difficultés, surtout pour la Force aérienne. La Force aérienne, notamment, s'efforce de faire mettre en place des règlements visant à commencer à retirer du marché ces balises à la technologie dépassée, car les interventions en réponse à ces fausses alertes coûtent une somme d'argent considérable à la Force aérienne, tout comme les fausses alertes au 911.
La sénatrice Stewart Olsen : Vous avez mentionné que la semaine prochaine toutes les unités auxiliaires allaient se réunir pour discuter. Où allez-vous organiser cette réunion?
M. Lick : Elle aura lieu à Edmonton.
La sénatrice Stewart Olsen : Disposez-vous d'observateurs qui seraient autorisés à assister à ces réunions?
M. Lick : Pour nous et pour l'armée, les Forces armées canadiennes dans le cas qui nous occupe, la conférence SARscène est l'occasion de rencontrer toutes les unités auxiliaires.
La sénatrice Stewart Olsen : Oui, j'ai bien compris.
M. Lick : Nous rencontrons également notre propre personnel de recherche et de sauvetage, qui s'occupe de la gestion des centres conjoints de coordination de sauvetage, mais la conférence SARscène elle-même est organisée par Sécurité publique Canada. Pour autant que je le sache, elle est ouverte à tous. Nous l'utilisons en coordination parce que c'est le lieu idéal pour avoir des discussions spécifiques sur la recherche et le sauvetage avec les personnes qui interviennent concrètement sur le terrain, et pour parler de la recherche et du sauvetage de manière plus générale.
Bon nombre des personnes avec lesquelles nous échangeons à cette occasion, et qui constituent une grande part des participants à la conférence SARscène, font partie d'organismes de recherche et de sauvetage au sol. Nous n'interagissons que très peu avec la recherche et le sauvetage au sol normalement, à tout le moins dans le monde maritime.
Mais pour autant que je le sache, cette conférence est ouverte à toute personne qui souhaite y participer. Normalement, les participants sont des organismes de recherche et de sauvetage, mais nous pouvons vous mettre en relation avec les organisateurs pour voir ce qui est possible.
La sénatrice Stewart Olsen : Ce serait très utile, merci. Odette, notre analyste, pourrait peut-être faire des recherches sur la question.
Nous parlons du bon travail que vous faites — et nous ne remettons pas du tout cela en question, en aucune façon —, mais, sans les unités auxiliaires, je ne pense pas que nous pourrions mener de bonnes opérations de recherche et de sauvetage dans ce pays. Étant donné l'immense superficie de notre territoire dans le Nord, comment parvenez-vous à mettre sur pied des unités auxiliaires là-bas pour vous aider dans vos opérations de sauvetage?
M. Lick : Je suis d'accord avec vous, madame la sénatrice. Les unités auxiliaires sont une composante essentielle de notre système de recherche et de sauvetage. Si l'on établit des comparaisons à l'échelle mondiale, on constate que la plupart des pays reconnaissent cet état de fait et bon nombre d'entre eux disposent effectivement d'organisations bénévoles ou auxiliaires qui leur viennent en aide. La plupart des organismes de recherche et de sauvetage au sol fonctionnent grâce à des bénévoles. En termes de rendement, nos unités auxiliaires interviennent avec succès dans environ 25 p. 100 des demandes de recherche et de sauvetage.
La sénatrice Stewart Olsen : Je comprends ce que vous dites, mais mes questions portent plus spécifiquement sur le Nord, car la population y est très petite. Nous allons avoir besoin de plus de personnes. Comment allez-vous faire pour offrir une surveillance adéquate dans cette région?
M. Lick : C'est exact. Nous avons récemment reçu un investissement d'environ 500 000 $ afin d'aider à examiner la situation dans le Nord et à déterminer, par exemple, le meilleur moyen de constituer des unités auxiliaires là-bas, les endroits les plus stratégiques où les installer, et cetera. Ces renseignements constitueront la base sur laquelle nous nous appuierons pour étudier les différentes options quant à l'endroit où il faut investir dans des unités auxiliaires dans le Nord.
Je soutiens le point de vue que vous présentez, madame la sénatrice, selon lequel, en raison de l'immense superficie de la région du Nord et du fait que nos ressources fédérales sont limitées, nous devons compter — peut-être même plus que dans le sud — sur les unités auxiliaires. C'est un sujet sur lequel nous nous penchons actuellement, et nous examinons les secteurs dans lesquels nous allons pouvoir investir.
La sénatrice Raine : Concernant le Nord et la manière dont nous pouvons élaborer un meilleur programme, pouvez- vous me dire si vous allez collaborer avec les Rangers? Ils sont solidement implantés et existent déjà sur les côtes.
M. Lick : Les Rangers représentent une partie de certaines unités auxiliaires. Je n'ai pas les statistiques, mais dans le Nord, les Rangers représentent et peuvent représenter une part importante des effectifs d'une unité auxiliaire. Ils sont intégrés aux Forces armées canadiennes dans la mesure où ils se consacrent plutôt aux interventions sur terre — recherche et sauvetage au sol —, mais avec leurs capacités, et s'ils développent leurs capacités d'intervention en mer, il n'y a rien qui les empêche de faire partie des unités auxiliaires de la Garde côtière.
La sénatrice Raine : Dans le Nord, l'eau est gelée une grande partie de l'année, et devient de la « terre ». Il me semble plus efficace de n'avoir qu'une seule organisation bénéficiant d'un soutien supplémentaire, plutôt que d'en mettre sur pied une seconde.
M. Lick : C'est quelque chose que nous allons étudier avec les Forces armées canadiennes. On parle là d'une organisation ayant un mode de fonctionnement différent. Les membres reçoivent une allocation, ou une certaine somme d'argent — appelons-la un salaire, faute d'un meilleur terme — pour faire partie des Rangers. C'est comme les réservistes.
Les unités auxiliaires de la Garde côtière, à peu près comme tous les organismes de recherche et de sauvetage employant des bénévoles dans le monde entier, sont donc constituées de bénévoles. Ceux-ci reçoivent leur formation, mais se voient également rembourser les dépenses encourues.
Il s'agit donc d'un modèle différent. Notre système de recherche et de sauvetage est un modèle similaire à tous les autres systèmes du monde, y compris ceux des pays dont nous avons parlé. Les Rangers sont plutôt comme des réservistes. Nous serait-il possible d'allier les deux, d'une manière ou d'une autre? C'est une question à laquelle nous allons devoir trouver une réponse. Si nous y pensons, la population est relativement petite dans le Nord, et nous allons absolument devoir déterminer comment nous allons travailler avec les Rangers.
Le sénateur Watt : Votre présentation a été très instructive, notamment en ce qui a trait à ce que vous considérez comme les questions prioritaires. Je ne vais pas revenir là-dessus. Je crois comprendre où vous voulez en venir. Comme vous le savez sûrement, chaque collectivité de l'Arctique a des besoins supplémentaires. Les ressources humaines sont très limitées, ainsi que mes collègues l'ont mentionné. Il n'y a aucune raison empêchant les Rangers de combiner leurs efforts aux vôtres dans le but de mener à bien ce projet.
L'un des problèmes que j'ai notés est que parfois, lorsqu'il est question du Nord, l'attention sur le sujet est limitée, notamment à cause du fait que vous cherchez à en venir à un sujet plus large que la population canadienne comprend bien, mais les Canadiens n'ont pas la moindre idée de ce que sont les besoins des populations locales. Les groupes militaires — qu'il s'agisse de la Garde côtière, des Rangers, de l'Armée de terre ou de la marine — disposent de connaissances très limitées, si vous me permettez de m'exprimer ainsi, concernant le Nord et la manière dont les choses fonctionnent au quotidien là-bas. Sans vouloir vous vexer, c'est un fait. Mais ce n'est pas de leur faute. Ces militaires ne vivent pas dans le Nord, et ils ne comprennent pas la nature de la région ni les incidences des changements climatiques sur les habitants. Les modes de vie changent plus ou moins chaque jour.
Il faut en tenir compte — tout comme il est très important d'analyser chaque collectivité, afin de voir le type d'équipement nécessaire pour assurer la survie des habitants. Ces gens partent en expédition sur l'océan, la glace est très fine et sa texture est différente de ce qu'elle était il y a 10 ans. En temps normal, il est possible de conduire des motoneiges sur la glace, même si les motoneiges et la glace sont toutes les deux en mouvement. C'est comme faire du bateau sur la glace. Les gens mettent leur vie en danger pour se procurer ce dont ils ont besoin pour s'habiller, pour se nourrir, ce genre de choses.
Jetez un coup d'œil à ce qui est vraiment nécessaire sur une base quotidienne aujourd'hui, quand le chasseur s'aventure sur l'océan en motoneige, sachant très bien que cela est dangereux. Si la collectivité pouvait être équipée de technologies modernes comme un aéroglisseur qui peut fonctionner sur la glace mince et l'eau, c'est ce qui est le plus nécessaire aujourd'hui. Cela aurait dû être fait il y a longtemps. Quand je dis depuis longtemps, c'est vraiment depuis longtemps.
À l'heure actuelle, nous utilisons des hélicoptères pour sauver la vie des gens coincés sur la glace parce qu'ils ne peuvent plus retourner à la terre ferme. Parfois, les hélicoptères ne reviennent pas non plus. Les pilotes ne savent pas reconnaître à l'œil nu si la glace est mince ou si la texture de cette glace a changé à cause des changements climatiques. Ils n'ont aucune connaissance de cela.
Il y a déjà eu un cas où un pilote d'hélicoptère croyait atterrir sur la glace pour sauver quelqu'un, et l'hélicoptère a coulé. La seule raison pour laquelle le pilote de l'hélicoptère est vivant aujourd'hui, c'est parce que la personne qu'il essayait de sauver a pu le sauver.
Ce sont des exemples parfaits de ce qui se passe dans le Nord, et je recommande vivement que vous concentriez vos efforts à dresser un inventaire des besoins des collectivités.
Je crois fermement qu'il n'y a aucune raison pour laquelle nous ne pouvons pas combiner les Rangers et la Garde côtière. De temps en temps, j'entre en contact avec les agents auxiliaires de ma collectivité et d'ailleurs, et je pense que vous avez des gens dans le Nord qui étudient cela.
Lorsque vous regardez le tableau d'ensemble, n'oubliez pas d'examiner les besoins quotidiens des gens en même temps. Cela est très important. Je vous remercie de m'avoir permis de soulever ces points importants.
M. Lick : Je vous en prie, monsieur le sénateur. Vous avez soulevé des points très importants. Certes, les gens du sud ne connaissent pas suffisamment les besoins des gens du Nord. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Je pense que nous avons du travail à faire pour apprendre, être là, comprendre, et travailler avec les communautés pour comprendre leur vie et leurs besoins, que ce soit en recherche et sauvetage ou en intervention environnementale, parce que c'est tout aussi important pour les zones sensibles dans le Nord.
Nous comprenons entre autres que nous ne pouvons tout simplement pas transférer le savoir que nous avons dans le sud, et nous savons que nous n'avons probablement pas encore toutes les solutions au problème. Nous ne pouvons pas transférer le système d'aide à la navigation. Nous ne pouvons pas transférer directement le système de services de recherches et de sauvetage ou le système d'intervention environnementale directement dans le Nord et espérer qu'il fonctionne. Nous sommes conscients de cela.
Nous n'avons certainement pas toutes les solutions, mais nous y travaillons. Vous avez raison de dire que nous avons du travail à faire, et cela ne concerne pas seulement la Garde côtière. Les organisations du sud doivent faire davantage pour comprendre comment fonctionne le Nord.
Certes, l'idée des Rangers est quelque chose que nous étudions à l'heure actuelle. Nous devons déterminer comment nous devons travailler avec les Rangers et les auxiliaires précisément dans le domaine de la recherche et du sauvetage, mais peut-être aussi dans d'autres domaines. Peut-être que cela concerne l'intervention environnementale aussi.
Quand je pense à un inventaire, je pense à l'équipement, mais c'est beaucoup plus que cela. C'est un inventaire de leurs besoins.
Le sénateur Watt : La communication est l'autre facteur. Et les besoins en formation des jeunes. Cela est également très important.
M. Lick : J'ai parlé des vêtements de flottaison individuels comme moyen de prévention facile afin de sauver des vies. Dans le Nord, un VFI a ses limites parce que l'eau est si froide que, normalement, l'hypothermie vous tue avant que vous vous noyiez. Nous avons constaté cela, avec notre propre personnel mort dans le Nord.
Dans ce cas, l'une des choses à laquelle nous pensons est de fournir à tout le monde une balise de localisation. Dans le Nord, notamment, c'est une façon très abordable de communiquer et pour nous de fournir aux gens un moyen de sauvetage courant, comme vous le dites, plutôt que d'investir dans un grand navire. Même que fournir une balise de localisation à tout le monde au Canada qui est sur l'eau pourrait être moins cher que d'avoir un système de recherche et sauvetage. Je ne veux pas dire que cela devrait le remplacer au complet, mais fournir ce type de moyen très abordable pour tout le monde sur l'eau est un point intéressant. La plupart des gens vont les acheter, mais pas tout le monde. Généralement, nous n'avons pas à sauver tout le monde.
La sénatrice Raine : De toute évidence, vous êtes bien placés tous les deux pour nous parler des nouvelles technologies et de l'avenir, et des orientations futures. Décrivez-nous ce que sera l'avenir dans 50 ans. Ma crainte est que tout le monde sera à la maison à utiliser leurs appareils, et que personne ne sera plus dehors en train de faire toutes ces belles activités que nous faisons, même si bien sûr nous irons toujours pêcher.
Nous avons l'imagerie par satellite. Certes, en termes d'information météo, nous savons où et quand frappent les tempêtes. Comment pouvons-nous tirer le meilleur parti de cela? Il semble que tout le monde se promène avec des appareils maintenant. Il faudrait que, juste avant de perdre le signal cellulaire, nous recevions le message suivant : « Avez-vous dit aux gens où vous allez? » Cela concerne le premier sujet que vous avez abordé, c'est-à-dire la sensibilisation du public. Comment allons-nous éduquer les gens pour qu'ils soient plus en sécurité?
M. Lick : Je vais parler de ce que j'envisage pour l'avenir dans 50 ans. Au fait, je serai dans ma berceuse sur ma véranda. Mais j'aimerais parler de notre besoin de savoir qui est sur l'eau. Certes, nous avons maintenant beaucoup de moyens technologiques qui nous permettent de savoir qui est sur l'eau, mais dans de nombreux cas, en particulier pour les embarcations de plaisance, et cela ne concerne certainement pas tout le monde, les gens ne sont pas conscients de la gravité des tempêtes. Ils ne sont pas conscients à quel point il peut être dangereux d'aller sur l'eau sans une formation et de l'équipement adéquats.
Il ne s'agit pas d'espionner les gens, mais pour savoir où ils se trouvent, il suffirait que leur embarcation soit munie d'un transpondeur qui indique la position. Cela peut être tout aussi important que d'avoir à bord un VFI, parce que cela peut nous dire où vous êtes et si vous êtes hors de portée. Votre famille peut appeler et connaître votre position grâce à ce transpondeur. Nous avons ces transpondeurs à notre disposition aujourd'hui. Ils sont disponibles depuis un certain temps. Ça ressemble à une simple rondelle. Il est fixé sur votre embarcation et peut facilement nous indiquer votre position. La chose la plus importante dans la recherche et le sauvetage est d'éviter la recherche et savoir où vous êtes afin d'envoyer des secours. C'est ça l'important.
Je vais demander à Marc de nous parler plus en détail de certains aspects dont nous avons déjà parlé, mais je peux dire que, dans 50 ans, nous aimerions que tout le monde ait reçu une formation adéquate sur la façon d'aller sur l'eau. Je voudrais que tout le monde ait reçu une formation adéquate semblable à celle offerte aux futurs conducteurs de véhicules automobiles. On pourrait imposer l'obtention d'un permis ou autre chose. Le but n'est pas pour le gouvernement de faire une ponction d'argent; le but est de veiller à ce que les gens qui vont sur l'eau aient reçu une formation adéquate sur la façon de gérer cela. Je vais sur l'eau depuis des décennies. Je sais comment travailler sur l'eau, mais j'ai aussi un respect salutaire pour les dangers que cela représente. C'est tout aussi important que de savoir comment naviguer. Il faut savoir quand revenir, dans certains cas, mais ce n'est pas tout le monde qui en est conscient.
Voici ce que je voudrais voir dans 50 ans. J'aimerais que toute personne qui va sur l'eau ait reçu une formation adéquate, comme pour conduire une voiture, et que cela soit attesté par un permis ou autre.
M. Mes : Greg a déjà parlé de quelques éléments. Le plus important est le repérage par satellite afin de connaître la position des gens. La plus grande préoccupation est le nombre de bateaux de plaisance qu'il y a sur nos eaux. Voilà ce qui présente un risque important. Monsieur le sénateur, vous avez parlé de la sensibilisation. Tout le monde veut aller sur l'eau et cela est très agréable et relaxant, mais il faut posséder certaines connaissances pour assurer sa propre sécurité. Il est important d'avoir ces connaissances, de savoir quel type d'appareils de communication il faut avoir, et d'avoir ce transpondeur — cette « rondelle » — afin qu'on puisse déterminer la position. Ainsi, s'il y a du mauvais temps, si nous voyons qu'il y a du mauvais temps, nous pouvons voir l'impact que cela aura. Il faut savoir s'il y a quelqu'un sur l'eau, si une grosse tempête s'en vient. Il faut voir si nous pouvons communiquer avec la personne. Si c'est possible, nous pouvons lui dire : « Vous devez revenir », et nous devons être en mesure de le faire avant que quelque chose de tragique ne se produise.
Encore une fois, c'est une question de prévention et c'est ce dont nous avons parlé. C'est une question de sensibilisation et d'utilisation des satellites et des moyens de communication. Je pense que la sensibilisation est la clé. Cela revient à ce dont M. Lick a parlé, c'est-à-dire la prévention, en particulier en ce qui concerne les millions de bateaux de plaisance sur nos eaux, et à la sensibilisation. Dans 50 ans, si les gens possèdent suffisamment de connaissances pour être en mesure de déterminer où ils se trouvent à l'aide d'un simple transpondeur, sans donner des renseignements personnels — parce que cela est aussi très important —, je pense que nous serons en meilleure position.
M. Lick : Il y a une seule chose que je voudrais ajouter, monsieur le sénateur. On frissonne beaucoup, surtout en été, à cause des plaisanciers qui se retrouvent dans des situations dangereuses, mais nous y sommes confrontés depuis des décennies. Je frissonne lorsque je vois le nombre d'aventuriers qui visitent le Nord, qui ignorent complètement comment fonctionne le Nord et ne connaissent pas les dangers là-bas, comme la glace et l'eau froide.
Quand on entend parler des aventuriers qui veulent faire des excursions de plongée avec tuba dans l'Arctique, cela me donne des frissons dans le dos. Nous ne sommes pas en mesure de sauver et de surveiller tous ceux qui font dans l'eau — je vais le dire — des choses stupides comme celles-là. Ils le font et ils ne sont pas conscients des dangers de cet environnement. Certains peuvent être très bien équipés, mais d'autres ne le sont pas, et nous avons dû sauver un certain nombre d'entre eux.
Je dois donner l'autre exemple d'un groupe de trois ou quatre personnes adeptes de motomarine qui ont décidé de traverser l'Arctique. Ils voyageaient sur une très petite embarcation et, inévitablement, ils se sont retrouvés en danger. Leur embarcation ne pouvait pas les soutenir très bien, et nous avons dû les sauver, les amener à bord d'un de nos brise-glaces et les ramener vers le sud. À mon avis, cela est tout simplement stupide. Voilà le type de recherche et de sauvetage que nous voulons éviter.
Pour revenir à la question du sénateur, je dirais qu'il faut donc faire comprendre aux gens qui font des choses comme ça les dangers de faire cela dans le Nord, non seulement en ce qui a trait à la sécurité, mais aussi aux problèmes environnementaux et financiers qu'ils peuvent causer, sans compter les coûts pour nous qui devons les sauver. C'est cela qui me donne des frissons dans le dos.
Le président : L'éducation est certainement la clé pour la plupart d'entre eux.
Je tiens à vous remercier encore une fois, monsieur Lick et monsieur Mes, pour votre participation très constructive ici ce soir. Nous avons beaucoup appris, et je crois que vous avez présenté quelques bonnes suggestions quant aux recommandations que nous souhaitons faire. Certes, si nous devons faire un suivi, nous vous en ferons part.
Nous reprendrons le 18 octobre, et nous accueillerons, nous l'espérons, des représentants du Bureau de la sécurité des transports.
(La séance est levée.)