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POFO - Comité permanent

Pêches et océans

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule nº 26 - Témoignages du 22 mars 2018


OTTAWA, le jeudi 22 mars 2018

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd’hui, à 8 h 38, en séance publique, pour étudier les activités de recherche et sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent, puis à huis clos, pour étudier une ébauche de budget.

Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonjour. Je m’appelle Fabian Manning, sénateur de Terre-Neuve-et-Labrador, et je suis heureux de présider la réunion de ce matin.

Avant de céder la parole à notre témoin, j’invite les membres du comité à se présenter. J’aimerais tout d’abord profiter de l’occasion pour souhaiter la bienvenue au nouveau membre permanent de notre comité, la sénatrice Mary Coyle, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Gold : Marc Gold, Québec.

La sénatrice Raine : Nancy Greene Raine, de la Colombie-Britannique.

La sénatrice Poirier : Rose-May Poirier, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur McInnis : Thomas McInnis, Nouvelle-Écosse.

Le président : Merci, sénateurs. Il se peut que d’autres participants se joignent à nous sous peu.

Le comité poursuit son étude sur les activités de recherche et sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent. Ce matin, nous sommes heureux d’accueillir Brian Cook, vice-président de la Canadian Lifeboat Institution.

Au nom des membres du comité, je vous remercie d’être ici aujourd’hui. Je crois comprendre que vous avez des remarques liminaires, après quoi les membres du comité auront des questions à votre intention.

Brian Cook, vice-président, Canadian Lifeboat Institution : Je me suis un peu laissé emporter dans mon document, de sorte que je ne pourrai pas tout dire. J’espère que vous aurez l’occasion de le lire puisqu’il s’agit selon moi d’un problème qui soulève les passions et qui vous préoccupe, sénateur Manning.

Je pense pouvoir m’exprimer au nom de mes compatriotes en disant que même si nous sommes un organisme privé à participation volontaire, nos collaborateurs souhaitent ardemment être qualifiés dans les opérations de recherche et de sauvetage en mer afin d’aider les personnes en détresse.

Si vous me le permettez, je vais d’abord lire, mais étant donné qu’il y a beaucoup trop d’information, je vous indiquerai où je suis lorsque je changerai de paragraphe.

La Canadian Lifeboat Institution, ou CLI, est un petit organisme de bienfaisance agréé par le gouvernement fédéral composé entièrement de bénévoles. Elle a été fondée en 1981 en tant qu’organisme de recherche et de sauvetage voué à la promotion de la sécurité maritime et à l’assistance aux marins en détresse.

Notre principale zone d’opérations se trouve dans le bas Fraser et le détroit de Georgia Sud, appelés la mer des Salish par de nombreux habitants de la côte Ouest. Dans le village de pêche de Steveston, nous avons le Fraser Lifeboat, une embarcation de sauvetage extracôtière de classe ex-Tyne que nous avons achetée il y a quelques années auprès de la Royal National Lifeboat Institution, en Angleterre.

De l’autre côté de la rivière de Ladner, une autre communauté de pêcheurs d’autrefois, nous avons le Delta Lifeboat, anciennement appelé le Steveston. L’embarcation est très connue des marins de la côte Ouest depuis 30 ans, et appartient à l’un de nos membres de longue date, qui a effectué des centaines de sauvetages en mer. Le navire est loué à notre institution.

Au cours des 35 dernières années, la CLI a participé à plusieurs centaines de sauvetages et d’assistances pour des navires de pêche, des embarcations commerciales telles que des remorqueurs et des barges, ainsi qu’un nombre grandissant d’embarcations de plaisance. Je crois que notre expérience fructueuse, ainsi que certaines leçons que nous avons tirées peuvent être intéressantes et utiles pour des comités comme le vôtre, qui ont la tâche complexe et impérieuse de veiller à ce qu’il y ait une structure de recherche et sauvetage maritime suffisante et efficace sur la côte Ouest, de même que sur la côte Est, dans les Grands Lacs et dans le Nord, bien sûr.

Dans une certaine mesure, la CLI peut représenter la composante bénévole non gouvernementale et fournir des précisions sur les défis et les possibilités que représente la collaboration avec des entités telles que la Garde côtière canadienne et l’ancienne Garde côtière auxiliaire qui, en Colombie-Britannique, s’appelle désormais le Royal Canadian Marine Search and Rescue. Je crois savoir que vous avez visité leurs installations à Sooke.

Parmi les membres de notre équipage, on compte du personnel naval à la retraite, des capitaines de remorqueurs côtiers, des pêcheurs à la retraite, des plaisanciers, des mécaniciens de moteurs diesel et d’autres équipements lourds — qui sont très importants à bord de vieux navires nécessitant beaucoup de soins —, et même des pilotes ayant participé à des opérations de recherche et de sauvetage aériennes, qui apportent des compétences intéressantes à notre groupe.

Nous avons ensuite des personnes particulières, comme des infirmières, qui veillent à ce que notre formation en premiers soins soit à la hauteur, en plus de personnes qui n’ont aucune connaissance de la mer; nous voulons attirer des jeunes et des gens qui ne connaissent pas le milieu, et nous faisons beaucoup de formation à l’interne.

Pour nous situer dans un contexte plus large, nous sommes membres associés de l’International Maritime Rescue Federation, l’organisme mondial sous les auspices des Nations Unies qui traite des problèmes de sécurité relatifs à la recherche et au sauvetage en mer. Un de nos membres, un Européen qui a vécu au Canada de nombreuses années, a assisté à deux exercices de la fédération d’incidents faisant un grand nombre de victimes, qui se déroulent pratiquement chaque année quelque part en Europe. L’Europe est le centre des organisations de recherche et de sauvetage hautement qualifiées et très expérimentées, dont beaucoup sont non gouvernementales. Ce sont des sociétés.

Nous sommes également actifs au sein du Marine Emergency Response Coordination Committee, le MERCC, qui est coprésidé par la Garde côtière canadienne et le Centre des opérations du port de Vancouver. Le comité, en place depuis quatre ans seulement, est selon moi un effort très louable de réunir tous les acteurs possibles — les instances fédérales, provinciales et municipales, et des bénévoles comme nous — afin que nous puissions au moins nous parler.

Nous échangeons des points de vue, faisons de la formation spécialisée et effectuons des exercices. Je pense que l’idée est d’avoir une certaine base, même si elle est rudimentaire, de sorte qu’en cas d’urgence majeure comme un tremblement de terre ou un incident faisant un grand nombre de victimes, en particulier dans la région de Vancouver, tous les intervenants puissent être contactés, appelés à intervenir et participer.

En tant qu’organisation bénévole, il est important pour nous de faire partie de ces groupes, car cela donne à nos membres l’impression de faire quelque chose d’utile, mais nous devons aussi apprendre le vocabulaire des uns et des autres. Le jargon maritime peut être spécialisé, et j’espère que je n’utilise pas trop d’acronymes ou de termes de ce genre aujourd’hui.

Cependant, avant de pouvoir réellement travailler ensemble, il faut au moins savoir qui sont les autres joueurs, et je trouve que des organisations comme celle-là sont très utiles. Si vous avez l’occasion de convoquer une de ces personnes à témoigner, je pense que cela vous donnerait un point de vue intéressant sur de très gros efforts de coordination déployés sur la côte Ouest, dans les voies navigables achalandées entre Victoria et Vancouver, et même dans le détroit de Georgia.

Je crois comprendre que la semaine prochaine, vous entendrez un témoin du Fish Safe river safety committee, un volet de WorkSafeBC, auparavant Workers Compensation, qui s’est activement occupé des questions de sécurité chez les pêcheurs.

Vous qui venez de Terre-Neuve, sénateur, vous savez sûrement que les pêcheurs peuvent être très indépendants et avoir des idées arrêtées. L’une des préoccupations que nous avons eues, c’est qu’ils sont là depuis toujours, ce qui signifie notamment que certaines des leçons récentes n’ont peut-être pas été apprises.

Puisqu’elles se composent de pêcheurs, je pense que des organisations comme Fish Safe comprennent ces gens et essaient de ramener ce domaine dangereux dans une situation plus saine où les gens se surveillent eux-mêmes. Ils portent leur équipement de protection et apprennent à charger correctement leurs bateaux. Nous sommes donc heureux de faire partie de ce groupe aussi.

J’aimerais vous renvoyer au paragraphe 9, qui fait un suivi sur l’activité de la CLI dans le fleuve Fraser et le détroit de Georgia. Nous nous sommes taillé une place au cours des 35 dernières années, même si nous faisions des interventions sur appel dans nos premières années. La radio de la Garde côtière nous appelait au milieu de la nuit, mais, comme nos gens viennent de partout dans la région de Vancouver, nous ne pouvions pas être sur l’eau en 50 minutes. C’est ce que fait la Royal Canadian Marine Search and Rescue en Colombie-Britannique, de même que la Garde côtière auxiliaire dans d’autres régions du pays.

Nous avons planifié notre temps en mer et, par expérience, ces plans prévoient souvent d’agir comme patrouilleur et bateau de sécurité pendant les grandes pêches. C’est particulièrement vrai dans le bas Fraser, où il y a tous les quatre ans une importante remontée du saumon rouge, ce qui se prépare cet été. J’ai fait l’expérience de celle de 2014 où, sur une période de sept ou huit semaines, nos deux bateaux sont sortis jour après jour, et souvent pour de longues périodes de 12 à 16 heures.

Nous avons fini par patrouiller afin de fournir une équipe d’intervention auxiliaire aux pêcheurs, dont beaucoup n’avaient pas été sur l’eau depuis plusieurs mois. Certains bateaux étaient quelque peu suspects, et certains employés étaient nouveaux dans l’industrie, de sorte qu’il y a eu un bon nombre d’accidents. Nous étions là pour cela.

Notre autre fonction, que nous avons beaucoup exercée en 2014, et que nous prévoyons reprendre, consiste à ouvrir la voie aux navires commerciaux, comme des remorqueurs et des barges, des traversiers ferroviaires et des navires de haute mer, en amont et en aval, jusqu’à New Westminster. Nous les devançons à distance et essayons d’inciter les pêcheurs à s’écarter du chemin.

Le Fraser est un fleuve achalandé, rapide et dangereux, et, lorsque les pêcheurs sont là, leurs filets bloquent presque complètement le chenal navigable.

L’ouverture et la fermeture de ces pêches sont très rapides. Les pêcheurs sont obligés de travailler aussi vite qu’ils le peuvent, de sorte qu’ils ne lèvent parfois pas les yeux quand un grand arc se rapproche de plus en plus. Nous trouvions utile de devancer les navires de haute mer pour avertir les pêcheurs qu’ils ont quelques minutes pour tirer leurs filets, puis de nous tenir prêts en cas de collision, ce qui était rare.

Par conséquent, nous avons travaillé davantage avec la Garde côtière et le comité des urgences maritimes pour que chacun comprenne bien la complexité du fleuve. Cette année et la suivante, vous constaterez que la coordination des activités dans le Fraser lors des événements de masse sera encore plus productive que par le passé.

Nous travaillons également avec d’autres grands groupes, comme les courses de yachts. Le temps peut être mauvais dans le détroit de Georgia, en particulier pendant les saisons de transition, de sorte que les gens peuvent facilement avoir des ennuis. Je pourrais vous parler de quelques-unes de nos contraintes. Nous sommes une petite organisation composée de bénévoles, et notre groupe est vieillissant, dans une certaine mesure, à l’instar de nombreux groupes de bénévoles. L’une de nos difficultés est d’attirer les jeunes. Nous sollicitons donc les collèges maritimes. Puisque j’étais dans la marine, je vais à l’unité de la Réserve navale locale pour inciter les gens à se joindre à nous aussi. La collecte de fonds est une grande préoccupation aussi. Je ne vais pas pleurnicher à ce sujet ici, mais j’ai exprimé certaines de nos préoccupations à cet égard.

Nous avons un dossier actif concernant les droits d’importation de notre bateau en provenance de l’Angleterre. La question n’est pas résolue et perdure depuis un moment déjà. Cependant, nous arrivons à recueillir suffisamment de fonds pour sortir souvent sur l’eau, et je pense que notre rôle comble un créneau qui est précieux pour la Garde côtière : nous pouvons surveiller les eaux, pas seulement en réponse à des appels de détresse, mais aussi lors de grandes activités. Nous appelons souvent la Garde côtière lors d’événements, après quoi on nous confie le mandat puisque nous sommes des yeux sur l’eau; nous trouvons que c’est un créneau précieux. Nous ne faisons pas concurrence à d’autres entités de la Garde côtière, qui ne sont pas assez nombreuses selon moi, mais nous pouvons compléter ces activités et être disponibles en cas de besoin d’envergure.

Nous cherchons toujours à améliorer notre formation. Toute occasion de formation auprès d’une entité fédérale, comme la Garde côtière, est bonne pour nous et pour elle aussi. Ces gens apprennent alors à nous connaître, tandis que nous obtenons une formation de qualité. Votre Garde côtière sur la côte Ouest est un groupe de premier ordre. Ces personnes travaillent dur, sont intelligentes et ont été généreuses envers nous. Elles nous ont intégrés à l’équipe, et mettent la formation à notre disposition. C’est d’autant plus précieux pour nos gens, qui sont des bénévoles qui consacrent déjà beaucoup de temps à la cause. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de les soumettre à des formations très exigeantes.

Nous dispensons des cours de premiers soins et des cours de base comme celui-là, mais, chaque fois que nous pouvons suivre une formation de la Garde côtière ou de la Royal Canadian Marine Search and Rescue, c’est d’une grande valeur à nos yeux. Je vais m’arrêter ici, si vous me le permettez, puis je répondrai à vos questions.

Le président : Merci, monsieur Cook. Nous allons maintenant céder la parole à notre vice-président, le sénateur Gold, qui posera les premières questions.

Le sénateur Gold : Monsieur Cook, je vous remercie d’être ici. C’était fort intéressant.

En avril 2017, vous avez participé à l’exercice annuel d’intervention en cas d’incident majeur du port de Vancouver. Sur votre site web, vous indiquez que cet exercice a été d’une grande aide aux équipages, car vous avez pu tester votre équipement et affiner vos procédures. Pourriez-vous nous parler des leçons que vous avez tirées de ce type d’exercice, et surtout, nous dire si vous pensez que la capacité des équipes et des systèmes de recherche et de sauvetage de la côte Ouest est suffisante pour intervenir en cas d’un incident à grande échelle?

M. Cook : La première leçon que nous tirons toujours dans ce genre d’événement est l’importance primordiale des communications, à savoir la mesure dans laquelle les communications peuvent être entravées. C’est toujours une bonne chose à savoir. Plus nous parlons et employons les mêmes procédures radio, essayons d’utiliser les mêmes radios en sachant qui sont les autorités compétentes… Il y a plusieurs entités dans la région de Vancouver. Elles n’utilisent pas toujours les mêmes fréquences radio. Nous ne nous voyons que deux ou trois fois par année.

C’est la plus grande leçon à tirer : plus vous pouvez collaborer, plus vous serez efficace lorsque vos services feront l’objet d’une véritable demande. Nous apprenons toujours de nouvelles procédures, de la récupération des personnes dans l’eau au transfert des blessés d’un type d’embarcation à l’autre. Nous avons travaillé à l’occasion avec le gros aéroglisseur pour lui transférer des personnes que nous avions récupérées ou retirées de plus petits navires. Il est question de ce genre de situation, de la complexité du port et de tout le complexe portuaire de Vancouver, qui ne se limite pas au port. Cela englobe le complexe de charbon près de White Rock, et même les îles Gulf, où il y a des ancrages. C’est donc un endroit achalandé.

À l’automne, il y a eu un gros exercice d’incident comportant de nombreuses victimes visant un traversier de la Colombie-Britannique. Nous n’avons pas pu y participer, mais beaucoup de petites organisations étaient là. Ces exercices vous enseignent beaucoup de leçons sur le commandement et le contrôle, sur la façon d’intervenir et sur la façon de travailler dans un cadre plus large, où il y a toujours un brouillard de guerre. Vous ne connaissez que 70 ou 80 p. 100 de la situation : vous devez poser les bonnes questions, écouter attentivement et vous positionner là où vous pouvez être utile.

Je ne crois pas, et je pense que beaucoup de mes collègues seront d’accord, qu’il y a suffisamment de ressources sur la côte Ouest pour le moment. Je ne parle pas seulement de la région de Vancouver, qui est très exigeante, mais bien sûr du milieu de la province, au cas où il y ait plus de trafic maritime à haute mer en provenance de Prince Rupert. Plusieurs aspects de l’environnement marin de la côte Ouest sont extrêmement exigeants. Le temps peut être très mauvais. Sénateur, vous en avez l’habitude à Terre-Neuve, mais je dirais que la côte nord de l’île de Vancouver, le détroit d’Hecate et la côte Ouest de Haida Gwaii peuvent aussi être difficiles.

On observe une circulation accrue dans le Lower Mainland; il y a beaucoup plus d’embarcations de plaisance et d’activités commerciales. Je pense que si nous n’avons pas les ressources nécessaires, la première chose à faire pour maximiser la capacité et combler certaines lacunes qui me semblent évidentes serait d’assurer une bonne coordination des ressources disponibles et de communiquer.

Le sénateur Gold : Je poursuivrai au deuxième tour, afin de donner à mes collègues l’occasion de poser des questions.

La sénatrice Poirier : Monsieur Cook, je vous remercie d’être ici, et merci de votre exposé.

D’après ce que vous avez indiqué et ce que j’ai constaté, votre organisme compte quelque 30 bénévoles et, comme la plupart des organisations, vous avez mentionné les problèmes de recrutement et de rétention ainsi que l’importance d’inciter les jeunes à participer pour assurer le maintien de vos activités. Divers groupes ont fait état de cet enjeu.

D’après ce que j’ai constaté, ce qui distingue votre organisme des autres organismes bénévoles de recherche et sauvetage maritimes, c’est que vous ne recevez aucun financement du gouvernement. Vous avez parlé de campagnes de financement et d’activités diverses. Je ne peux que m’imaginer les coûts d’un organisme comme le vôtre. Il y a notamment la formation. Avez-vous votre propre équipement? Si oui, vous avez certainement des coûts d’entretien et d’exploitation, ainsi que des frais d’assurance pour les bénévoles, j’imagine, pour n’en nommer que quelques-uns.

J’aimerais que vous nous parliez de vos activités de financement et des défis auxquels vous êtes confrontés. Votre situation se distingue de celle de nombreux organismes que nous avons entendus et avec lesquels nous avons discuté et qui dépendent d’un financement public quelconque, soit du financement fédéral, provincial ou local. Si vous pouviez parler de cet aspect, ce serait formidable.

M. Cook : Nous avons dû accroître nos activités ces trois ou quatre dernières années. D’une certaine façon, on pourrait nous comparer à la petite locomotive qui pouvait.

Nous avons été pendant de nombreuses années un petit organisme dont le rôle était d’appuyer un ou deux bateaux appartenant à nos membres. En 2013, nous avons acheté à la RNLI du Royaume-Uni un navire de sauvetage en mer retiré du service, un navire très impressionnant. Nous avons maintenant notre propre bateau; nous devons l’entretenir, le mettre à niveau et suivre une formation pour son exploitation. Nous avons dû faire preuve d’une créativité accrue pour nos activités de financement, mais nous n’avons toujours pas atteint le degré de coordination souhaité. Nous cherchons une personne ayant d’excellentes connaissances des activités de financement; c’est une compétence très précieuse. Nous croyons avoir trouvé deux ou trois personnes qui pourraient nous aider, mais beaucoup de nos activités dépendent de contacts personnels. Certains de nos membres les plus anciens ont des contacts dans l’industrie maritime, dans des entreprises de remorquage, des compagnies d’arrimage et des sociétés d’import-export.

Ces entités nous fournissent des fonds, généralement dans le cadre d’un événement de financement, mais cela couvre uniquement nos frais de carburant. Donc, nous leur demandons simplement des dons, mais cela ne couvre pas les coûts réels.

Ces quatre dernières années, comme beaucoup d’autres organismes de recherche et sauvetage de la Colombie-Britannique, nous avons demandé du financement de la société des loteries. Donc, d’une certaine façon, l’ensemble de la population de la province nous appuie par l’intermédiaire de cette subvention. Cela nous a permis d’acheter du nouvel équipement, dans une certaine mesure, car une part de la subvention est réservée à l’acquisition d’équipements précis.

Nous consacrons tous beaucoup de temps à l’organisme. Nous établissons ensuite la valeur de la contribution des membres, selon un taux horaire donné, ce qui nous permet d’informer les organismes que nous sollicitons.

Nous recevons du financement de clubs de services. Habituellement, nous faisons des présentations, en particulier auprès d’organismes qui comptent des plaisanciers parmi leurs membres, notamment des organismes de l’armée, de la marine et de l’aviation, et des légions. On peut habituellement demander une subvention annuelle aux légions. Ce n’est pas beaucoup d’argent, mais cela nous aide pour certains projets précis.

En somme, cela signifie que nous devons établir une liste des priorités pour les réparations, les acquisitions et la mise à niveau des équipements.

Nous sommes fiers de nous-mêmes. Nous avons acheté ce navire du Royaume-Uni et nous avions neuf ans pour le payer, mais nous y sommes parvenus en trois ans grâce à nos efforts. Cela nous a permis de réaffecter des fonds aux réparations et à l’entretien. Nous pouvons heureusement faire des économies grâce aux compétences de nos membres en mécanique, qui valent leur pesant d’or. Nous pouvons nous charger de l’entretien et des réparations de première et de deuxième ligne. Il m’est arrivé d’apporter moi-même une pièce dans un atelier de réparation afin de limiter les coûts. Nous ne pouvons nous permettre de faire appel à un chantier maritime chaque fois que nous avons un problème.

Nous avons diverses activités de financement. À mon avis, nous ne sommes pas encore aussi efficaces que nous devrions l’être. Nous tentons de régulariser nos activités et de communiquer avec toutes les organisations ayant un intérêt pour les activités de recherche et sauvetage, comme le font évidemment tous les autres organismes de notre secteur.

La sénatrice Poirier : Lorsque vous dites que la CLI ne dépend pas du financement du gouvernement, est-ce parce que vous n’en avez jamais demandé, ou parce que vous avez présenté une demande et...?

M. Cook : Nous n’avons jamais demandé du financement. Nous avons adopté le modèle de la RNLI du Royaume-Uni, qui, pendant 200 ans... À l’origine, il s’agissait d’entraide entre pêcheurs et villageois; on venait en aide aux navires en détresse à l’aide d’embarcations à rames. Cela s’est transformé graduellement en organisme national, pour enfin devenir l’énorme société que nous connaissons aujourd’hui. Certains de nos membres y ont fait une visite, et nous achetons parfois des navires de cette société. Nous en avons fait notre modèle pour nos activités de financement.

Certains de nos membres sont là depuis la création de la Garde côtière auxiliaire en Colombie-Britannique, ce qui remonte seulement au début des années 1980. Il n’existait jusque-là aucun organisme de ce genre pour appuyer la Garde côtière. Nos gens ont constaté qu’il arrive parfois que la participation au sein d’organisations ayant ce type de contraintes s’accompagne d’exigences financières, administratives ou autres pour lesquelles on manque tout simplement de ressources. Nous avons toujours été déterminés à préserver notre indépendance le plus possible, mais en tentant tout de même d’assurer une intégration avec d’autres entités sur le plan opérationnel.

La sénatrice Poirier : Je tiens à vous féliciter, car il semble que vous faites un excellent travail.

M. Cook : Je pense que c’est le cas actuellement, en particulier sur le plan de la collaboration avec d’autres entités, notamment la Garde côtière, le Royal Canadian Marine Search and Rescue et d’autres organismes fédéraux.

La sénatrice Poirier : Le comité fait une étude, qui sera suivie de la rédaction d’un rapport assorti de recommandations. Selon vous, quelles sont les recommandations que vous jugez essentielles et absolument nécessaires et que nous devrions inclure dans notre rapport pour améliorer les activités de recherche et sauvetage maritimes?

M. Cook : Comme je l’ai indiqué, je crois que la Garde côtière fait un travail remarquable sur la côte Ouest, comme le RCM-SAR, d’ailleurs. Si l’objectif est la planification fondée sur des données probantes, l’obtention de renseignements provenant de ces groupes — notamment sur les principales autorités et les intervenants — permettrait de cibler les campagnes de sensibilisation, les campagnes d’application des lois maritimes et l’acquisition d’équipements. Je crois que la Garde côtière n’a pas toujours reçu les ressources dont elle aurait eu besoin sur la côte Ouest.

Ma recommandation serait d’inviter ces gens à comparaître et de les écouter attentivement, puisque ce sont les véritables spécialistes dans ce domaine. Si j’étais à leur place et que je devais parler des besoins, un navire ou un équipement précis, je dirais : « Voici les preuves. » Ce serait assez facile à vérifier; vous pourriez faire une comparaison avec d’autres gardes côtières, comme la garde côtière américaine ou la RNLI, pour déterminer les besoins dans ce contexte maritime.

Je ne pense pas que la solution à ces problèmes passe par une planification centralisée. Elle devrait être adaptée à l’échelle locale ou être fondée sur l’observation de ceux qui sont sur le terrain. Voilà ce que je recommanderais.

La sénatrice Poirier : Merci.

Le sénateur McInnis : Merci beaucoup d’être venu.

Par rapport à votre réponse, je ne suis pas certain que Transports Canada accorde assez d’attention à la Garde côtière. C’est ce que nous avons entendu à deux ou trois reprises lors de nos réunions. J’oublie depuis quand la Garde côtière relève du ministère, mais on ne lui accorde tout simplement pas assez d’importance. Nous devrions peut-être en faire mention dans notre rapport.

Quoi qu’il en soit, vous faites un travail formidable. Pourriez-vous me dire ce qui distingue votre organisme du Service auxiliaire de recherche et de sauvetage? Vos activités sont-elles axées sur les interventions en cas d’incident? Vos navires sont-ils déployés tous les jours?

M. Cook : Non.

Le sénateur McInnis : Pourriez-vous simplement me dire ce qui vous distingue?

M. Cook : Oui; merci de la question. Nos origines sont liées à la création de la Garde côtière auxiliaire, dans les années 1980. Deux ou trois de nos membres ont participé à sa création à l’époque. C’était axé sur les usagers; par exemple, un propriétaire de bateau — un homme, une personne ou une famille — devait obtenir une qualification de la Garde côtière, selon les critères de l’époque. On installait alors certains équipements sur le bateau, qui devait intervenir sur appel.

Nous avons participé pendant plusieurs années, jusqu’à ce que nous ayons des membres dans l’ensemble du Lower Mainland. Nous avons alors constaté que notre organisation ne pouvait plus intervenir sur appel. Nous avons en outre constaté que nous nous étions spécialisés dans un marché particulier, initialement, soit l’industrie de la pêche. Nous allions en mer pendant les pêches importantes, ce qui est toujours le cas. Cette année, ce sera en août, septembre et octobre, si le saumon rouge revient.

Nous étions donc présents à ces occasions.

Nos navires ont souvent joué le rôle d’embarcation de sécurité lors de courses de voiliers, puisque certains de nos membres sont des adeptes de la voile. La prochaine course aura lieu dans deux semaines.

Nos activités sont souvent axées sur les événements, mais nous faisons des patrouilles. Nous assurerons une présence lors des importants événements nautiques de Vancouver pour répondre aux inévitables appels de détresse. Nous essayons de nous y préparer six mois d’avance grâce à une formation générale ou spécialisée.

À titre d’exemple, nous suivrons aujourd’hui la formation annuelle sur la sécurité nautique offerte par Transports Canada. Cela nous permettra de mener bénévolement des inspections de sécurité nautique auprès des plaisanciers. Nous considérons qu’il s’agit d’un aspect important de la sensibilisation, car beaucoup de plaisanciers n’ont pas un équipement adéquat ou ne savent pas ce qu’ils devraient avoir avec eux lorsqu’ils sont sur l’eau. C’est une activité importante. Nous essayons d’en faire plus à cet égard. On ne parle pas uniquement d’événements et de patrouilles en mer, mais de diverses activités liées à la sécurité nautique menée par l’intermédiaire d’autres organismes. Nous pouvons aussi intervenir en organisant des événements dans une marina, le samedi, pour demander aux plaisanciers s’ils voudraient que nous inspections le matériel de sécurité qu’ils ont à bord. Donc, c’est une combinaison d’activités.

Nous ne fonctionnons absolument pas sur appel. Nos activités sont axées sur des événements prévus, mais pour lesquels la Garde côtière pourrait ne pas être en mesure d’assurer une présence immédiate. La Garde côtière est au courant des activités, mais nous faisons toujours un suivi par radio lorsque nous intervenons, de façon à ce qu’elle soit au courant tout au long de l’événement. En somme, nous agissons à titre d’observateurs pour la Garde côtière, en cas d’incident.

Voilà la nature de nos activités.

Le sénateur McInnis : Je crois comprendre, d’après votre réponse à la sénatrice Poirier, que l’idée vient du Royaume-Uni?

M. Cook : Certains de nos membres ont grandi près du port où la RNLI est basée. La RNLI nous a servi de modèle.

Le sénateur McInnis : Mais cela n’a pas fait école sur la côte Est?

M. Cook : Non; c’est la Garde côtière auxiliaire. Je ne connais pas les origines exactes du RCM-SAR, car cela a évolué. Je suis certain que vous l’aviez compris. Il ne s’agit pas d’une garde côtière auxiliaire formée de gens ayant leur propre bateau. Il s’agit de navires pneumatiques à coque rigide très rapides; ils sont sur appel en tout temps. On parle ici d’un segment de population différent : ce ne sont plus des propriétaires de bateau, mais des jeunes. Je crois savoir que partout ailleurs au pays, la Garde côtière auxiliaire est toujours formée de propriétaires affiliés à la Garde côtière.

La sénatrice Raine : Monsieur Cook, merci beaucoup d’être ici et de nous avoir mieux fait connaître votre organisme. Il est important, malgré sa petite taille, étant donné le rôle qu’il joue pour la surveillance lors d’événements, là où cette aide supplémentaire est nécessaire. Il vous serait absolument impossible d’avoir l’effectif nécessaire tout au long de l’année.

M. Cook : En effet.

La sénatrice Raine : On ne peut construire une cathédrale du jour au lendemain, disons avant le dimanche de Pâques.

M. Cook : Exactement.

La sénatrice Raine : Je vous suis extrêmement reconnaissante de votre travail. En lisant votre rapport, que vous n’avez pas abordé en détail, j’ai été stupéfaite et très désemparée de voir le traitement horrible qui vous a été réservé par le Conseil du Trésor pour la classification du navire qui a nécessité tant d’efforts de financement de votre part. Le taux pour les droits qu’on vous exige est plus élevé que le taux applicable aux embarcations de plaisance. Pouvez-vous expliquer cela? Que pouvons-nous faire pour changer la situation?

M. Cook : Merci, sénatrice. On ne veut jamais provoquer le Conseil du Trésor; jamais. J’ai longtemps été dans la marine; je venais d’arriver à la CLI lorsque nous avons fait l’acquisition du navire britannique. Nous avons fait appel à des courtiers, puis nous avons importé le navire. Nous croyions que tout était bien planifié. Un an plus tard, nous avons fait l’objet d’une procédure de détermination des droits d’importation de l’ASFC. Je ne pense pas que nous avons été traités injustement. Je pense que nous avons reçu le même traitement que tout autre importateur. Cela dit, je dirais que dans notre cas, nous espérons réussir à interpeller les ministres, par l’intermédiaire de notre député, afin qu’ils utilisent leur pouvoir discrétionnaire, peut-être, afin de respecter le principe de l’équité administrative, essentiellement, puisque nous sommes un organisme bénévole. Nous n’importons pas ces navires pour des activités de plaisance. Certes, nous avons beaucoup de plaisir lorsque nous sommes en mer, mais ce n’est pas pour cela que nous importons ces bateaux. Nous le faisons parce que nous savons qu’ils peuvent servir à appuyer la Garde côtière et le gouvernement. Nous étions stupéfaits d’apprendre que nous devions payer des droits comme tout propriétaire de grand yacht, mais qu’ils seraient trois fois plus élevés, aux termes d’un règlement sur les bateaux de recherche et sauvetage que je trouve plutôt dépassé.

Les navires de recherche et sauvetage ont changé. Nous avons tous vu les films de la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, les bateaux de sauvetage étaient des bateaux ouverts qui fonctionnaient à rames ou à l’aide de petits moteurs hors-bord. De nos jours, ce sont des navires très perfectionnés, souvent construits à des fins de recherche et sauvetage, comme celui que nous avons acquis de la RNLI. C’est un vieux navire. Nous savions qu’il y aurait des problèmes d’entretien, entre autres, et nous avions prévu le budget en conséquence. Nous avons entrepris des travaux de modernisation et de mise à niveau dès que nous l’avons reçu. Dans l’année qui a suivi, nous avons dû réaffecter les fonds que nous venions de recevoir afin de payer des droits à l’importation trois fois plus élevés que ceux qu’on aurait exigés à un propriétaire de yacht. Je ne comprends vraiment pas pourquoi il en est ainsi. C’est pourquoi nous avons décidé de contester la décision, par l’intermédiaire de notre député, encore une fois. Nous avons fait tout le processus, mais comme tout est parti à la dérive, en quelque sorte, nous devons faire un effort supplémentaire.

Je suis heureux que vous ayez lu cela, sénatrice, car c’est une de nos préoccupations.

La sénatrice Raine : On parle de droits à l’importation représentant 25 p. 100 de 3,5 millions de dollars.

M. Cook : Non. Le coût du navire était de 64 000 $. Nous espérions être exonérés de droits, en faisant valoir que nous sommes un organisme bénévole. Nous avons recueilli tous nos fonds nous-mêmes. Nos navires ne sont pas des embarcations de plaisance. Donc, à l’origine, nous espérions être exonérés de droits, puis nous espérions que les droits seraient de 8 p. 100 ou 9 p. 100, comme tout autre bateau privé, mais nous avons été frappés de droits de 27 p. 100 en fonction d’une définition du terme « embarcation de sauvetage » que nous considérons comme très vieille et dépassée.

La sénatrice Raine : Donc, parce que ce n’est pas une embarcation ouverte, c’est classé comme un navire de luxe?

M. Cook : Je ne sais pas dans quelle catégorie il a été placé. En fait, selon certains des documents, le bateau relevait d’une description fourre-tout incluant même des bateaux comme de petits navires de guerre et ainsi de suite.

De toute façon, merci d’avoir soulevé cela. C’est une préoccupation constante, car à cause des fonds que nous avons utilisés pour cela, nous avons toujours besoin de fonds pour nos travaux de réparation, d’entretien et de mise à niveau des bateaux. Nous espérons venir à bout de cela, à terme, mais nous n’en sommes pas sûrs.

La sénatrice Raine : Je suis sûre que vous allez soumettre quelque chose bientôt. Pouvez-vous nous en envoyer un exemplaire? Nous pourrions peut-être faire une recommandation à l’appui de votre demande.

M. Cook : Oui. Merci.

La sénatrice Raine : Car vous avez raison; c’est insensé. Je suis sûre que toute personne sensée dirait : « Vous êtes des bénévoles et vous misez sur la charité pour amasser l’argent, à titre d’organisme de bienfaisance, et vous devez payer un montant alors que vous permettez au contribuable canadien d’économiser de l’argent sur l’ensemble de l’opération. »

M. Cook : Eh bien, nous osons du moins croire que c’est ce que nous faisons. C’est la raison pour laquelle nous espérons un changement à cet égard. Je pense que nous pouvons parler pour toute organisation bénévole. Si une exemption des paiements de nature commerciale est possible, cela se traduit immédiatement par une plus grande efficacité de l’organisation.

Le président : Est-ce qu’il s’agit de frais uniques?

M. Cook : Oui.

Le président : Des frais uniques, donc. Je voulais éclaircir cela.

La sénatrice Coyle : Je vous remercie infiniment de votre exposé, ainsi que du travail important que vous accomplissez. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière dans le secteur sans but lucratif, et j’ai été dans une grande mesure associée à diverses œuvres de bienfaisance. Je comprends vraiment ce que vous vivez, ainsi que votre contribution.

Je veux souligner, sur ce dernier point, avant de poser ma question principale, que nous avons un comité sénatorial qui se penche sur les organismes de bienfaisance, en ce moment, n’est-ce pas? Je ne dis pas qu’il ne faut pas traiter de cela de façon plus expéditive, mais c’est un autre aspect, car à rencontrer des gens comme vous, nous en apprenons sur divers aspects de nos œuvres de bienfaisance et de leurs besoins, qui sont différents de ceux des autres secteurs au Canada. Je vous remercie, par conséquent, de porter cela à notre attention, et je remercie la sénatrice Raine de mettre l’accent là-dessus.

Ma question porte sur la durabilité de votre organisation. Vous avez vous-même soulevé cela. La sénatrice Poirier a aussi mentionné les problèmes communs des organismes de bienfaisance à l’échelle du Canada, aussi bien pour la collecte de fonds et le besoin de personnel possédant cette expertise que pour le remplacement des bénévoles que vous perdez, pour la réalisation de l’objectif principal de votre organisation.

Vous fonctionnez dans une partie du pays où se trouve une très importante concentration de peuples autochtones ainsi qu’une population jeune et en croissance, surtout.

Je suis curieuse. Avez-vous réussi à établir des contacts et à recruter des gens dans les collectivités autochtones dont les membres pêchent et se trouvent sur l’eau, en particulier parmi les jeunes?

M. Cook : Je vous remercie de cette question. Je ne l’ai pas incluse. Oui, nous avons eu des membres de deux des bandes locales, et nous travaillons aussi avec ces gens pour ce qui est du secteur des pêches. Souvent, les pêches importantes sont subdivisées. Il y a la pêche de subsistance des Autochtones. Il y a deux ou trois autres éléments de cela, puis les activités commerciales importantes. Nous sommes souvent en train de patrouiller pendant la pêche de subsistance des Autochtones. Nous avons quelques amis qui se trouvent sur leurs bateaux de protection des pêches. Ils viennent souvent nous rejoindre, et nous discutons de nos expériences de la journée.

Alors, oui, nous avons eu des membres autochtones. Et non, nous n’avons pas établi d’assez bons contacts avec les jeunes. Nous avons constaté que l’un de nos défis de façon générale est de joindre les jeunes. C’est la raison pour laquelle, ayant été dans la marine, je cherche du côté de la marine, des jeunes de la Garde côtière ou des collèges maritimes, là où de nombreux jeunes suivent de la formation. Ce sont des cours de deux ou trois ans.

Nous pouvons leur offrir un stage pratique et, nous l’espérons, avoir la capacité de confirmer la réalisation d’une partie de leurs exigences en mer, ce qui constituerait pour nous une bonne contrepartie pour l’obtention des services de jeunes gens.

La sénatrice Coyle : Tout comme vos antécédents dans la marine vous ont amené à aller chercher des gens capables d’établir des relations avec vous et vos antécédents, je suis sûre que c’est une stratégie que vous utilisez avec vos autres membres, y compris les quelques personnes que vous avez mentionnées et qui sont membres des collectivités autochtones. Ils seraient le lien logique qui ferait que les jeunes ou les personnes d’âge moyen se verraient là, n’est-ce pas?

M. Cook : Absolument. Il est valable que nous le fassions. Je crois — principalement d’après ce que j’ai lu — que c’est dans la zone centrale de la côte que certaines des initiatives de la Garde côtière se réaliseront avec certaines collectivités autochtones. Ce sont ces gens qui sont venus quand le Queen of the North a fait naufrage. En pleine nuit, ils étaient rendus sur place en une heure. Ils forment une formidable ressource. Je crois que, avec le Plan de protection des océans, on va mettre davantage l’accent sur cette partie de la côte où se trouvent de nombreux marins très expérimentés qui pourraient participer aux activités de recherche et de sauvetage, avec ce qu’il faut d’équipement et de formation de base.

La sénatrice Coyle : Merci beaucoup.

Le président : Je crois que la sénatrice Raine a une question complémentaire à cela?

La sénatrice Raine : Oui. Nous avons appris, lors de notre visite en Colombie-Britannique, que parce que le Collège de la Garde côtière canadienne se trouve sur la côte atlantique, il ne répond pas vraiment efficacement au besoin de donner de la formation à des groupes comme le vôtre et d’établir des contacts avec les Premières Nations afin d’accroître leurs capacités.

Trouveriez-vous nécessaire qu’il y ait une forme d’établissement de formation sur la côte Ouest? Est-ce que ce serait utile?

M. Cook : Je dirais égoïstement que oui, absolument, car de nombreux groupes comme le nôtre pourraient aussi participer. L’entraînement de simulation est une façon éprouvée d’acquérir les compétences — la simulation de navigation ou même un type de simulation axé sur les manœuvres. Il ne faut pas un établissement important pour avoir une bonne simulation. Deux bateaux pourraient suffire. Ce genre d’installation de formation serait très utile. Cela deviendrait un centre d’excellence.

La sénatrice Raine : Et vous pouvez voir que vos deux bateaux, qui sont uniques à leur façon, pourraient permettre l’acquisition d’une expérience pratique pour des jeunes, ou pour des jeunes qui se consacrent aux opérations de recherche et sauvetage maritimes?

M. Cook : En ce moment, dans une certaine mesure, avec un de nos bateaux — il n’est pas mal équipé —, nous sortons des groupes quand nous le pouvons. Nous nous rendons disponibles. Les escadrilles de plaisance enseignent souvent la navigation à leurs gens. C’est un très bon groupe qui engage de nombreux plaisanciers civils. Ils offrent de bons cours. Nous pouvons être une plateforme en mer.

Mon collègue qui était propriétaire de l’autre bateau a travaillé ces dernières années avec les collèges maritimes. Il emmenait des groupes d’étudiants pour 24 ou 48 heures et leur offrait un entraînement de base en matelotage. Nos bateaux sont des plateformes utiles pour cela, et nous avons ainsi le sentiment d’être liés au milieu de la formation et à la communauté maritime.

Et c’est une de mes autres recommandations. Il y a de nombreuses entités différentes. Avec une plus grande coordination, on pourrait faire plus avec les fonds, car il y a des installations, là-bas, sénatrice Raine. Il y a des simulateurs et des écoles de lutte contre les incendies, par exemple. Cela pourrait servir à un plus vaste public. Bien des ressources sont déjà là, mais elles pourraient être développées.

Le sénateur Gold : C’est vraiment une transition parfaite pour ma question, car dans votre déclaration, votre document et vos propos, vous avez fait allusion à l’importance de la collaboration. Comme mes collègues l’ont souligné, et comme nous l’avons appris, les ressources de la Garde côtière sont insuffisantes pour diverses raisons, et notre géographie est telle que même si nous avions plus de ressources, nous aurions toujours de la difficulté à établir les priorités pour le déploiement de ces ressources.

D’après vous, pour améliorer la collaboration et la formation conjointe de manière à déployer nos actifs de la façon la plus efficace possible, quelle recommandation devrions-nous faire pour rassembler les différentes pièces en un cadre qui nous permettrait de bien mieux coordonner, sur la côte Ouest, vos groupes, la Garde côtière et d’autres intervenants, ce qui leur permettrait de faire un bond prodigieux vers la coordination des efforts, si importante pour sauver des vies en mer?

M. Cook : Je recommanderais de réunir les dirigeants actuels de ces organisations pour une discussion pertinente. Ils pourraient présenter de nombreuses façons très pratiques d’améliorer cette coordination. C’est ce qu’ils essaient tous de faire, mais s’ils étaient mis au défi de nous donner un plan ou de nous donner les contraintes et les enjeux nous permettant ensuite d’établir un plan, je crois que je commencerais par les gens sur le terrain et je leur demanderais précisément comment améliorer la coordination et la communication. Vous obtiendriez ainsi une mine d’idées de procédures très réalisables.

Le sénateur Gold : Nous pouvons faire une recommandation, mais il faut que quelqu’un mette la recommandation en œuvre. À qui faudrait-il adresser cette recommandation? Je n’ai pas l’impression qu’il serait très coûteux de réunir tous les intervenants pertinents et de leur donner les ressources nécessaires pour réfléchir à un plan d’action et pour en produire un. À qui faudrait-il présenter la recommandation? Quelle est la meilleure entité pour veiller à ce que cela se fasse?

M. Cook : Je crois que je commencerais par la Garde côtière. Je connais depuis des années Roger Girouard, le commissaire adjoint pour la région de l’Ouest. Il était dans la marine aussi. Il a une vision plus globale. Quand il était amiral sur la côte Ouest, il était responsable des opérations de recherche et sauvetage de la côte Ouest avant de prendre sa retraite et de se joindre à la Garde côtière. Il est en plus un excellent administrateur. C’est quelqu’un qui pourrait mener cela.

Les supérieurs de la Garde côtière que j’ai rencontrés, jusqu’aux patrons d’embarcation, sont des gens très expérimentés et bien renseignés. Le port de la ville de Vancouver est important, car il s’y trouve beaucoup d’expertise. La communauté des capitaines au long cours devrait être incluse s’il y a une augmentation du trafic de pétroliers ou du trafic maritime dans la rivière menant au port. Nous en comptons quelques-uns au sein de notre conseil, et ils sont très expérimentés. C’est une entité habituée à travailler avec d’autres entités dans un environnement complexe. Je pense que tout le leadership est là. Je commencerais probablement par la Garde côtière, en guise d’entité de coordination.

Le sénateur Gold : Merci. C’est très utile.

La sénatrice Raine : J’aimerais que vous entriez dans les détails. J’ai trouvé un peu surprenant le changement de politique. Dans le passé, quand vous offriez vos services pour la pêche au hareng rogué, vous aviez accès sans frais à des casernes au MCSM Quadra, à Comox, alors que maintenant, on vous a appris que le Conseil du Trésor veut qu’on vous impose des taux commerciaux correspondant à ce qui a cours dans la collectivité environnante. C’est une collectivité touristique. Ils vont exiger 200 $ par nuit. C’est insensé. Vous offriez vos services bénévolement et restiez dans les casernes parce que vous fournissiez un radeau de sauvetage.

M. Cook : Je vous remercie, sénatrice. Encore une fois, c’était notre autre préoccupation, car la base nous offrait un solide appui. J’y allais un mois ou deux à l’avance pour parler au commandant et aux gens des opérations. Ils comprenaient que nous n’avions pas les ressources pour vivre dans des logements civils pendant deux ou trois semaines à la fois. Il nous fallait pouvoir accoster quelque part. Ils nous ont bien soutenus pendant quelques années. Ils se sont excusés du changement. Ils ont dit qu’ils n’avaient pas le contrôle. Nous avons donc parlé à l’amiral de la côte Ouest, qui a soumis cela à sa chaîne de commandement, nous avons parlé à quelques députés, mais à ce jour, il n’y a aucun changement sur ce plan.

Je ne mentionne pas cela que pour nous, mais je pense que cela va toucher aussi d’autres petits organismes de bienfaisance. S’ils s’adonnent à une activité qui profite au public, que ce soit à l’échelon provincial ou fédéral, ou au sein d’importantes collectivités, les obstacles de ce genre rendent la vie beaucoup plus difficile.

Cela a été très coûteux pour nous, jusqu’à ce que notre autre bateau soit remis en état. Les trois dernières semaines, nous dormions sur le bateau dans des sacs de couchage, sur des matelas pneumatiques, parce que nous voulions une capacité opérationnelle en tout temps pendant la pêche au hareng rogué.

Je suis content que nous y soyons allés, car l’année précédente, un bateau avait coulé et un jeune avait péri. Deux de nos gens le connaissaient, et nous étions vraiment désolés de ne pas avoir été là pour aider; je ne sais pas si nous aurions pu. Cependant, je crois que notre présence était bien vue là-bas. Je n’ai pas été surpris. J’ai été ravi du nombre de pêcheurs qui sont venus nous dire : « Merci d’être là. Cela nous aide tous. »

C’est en partie ce qui nous a permis de vivre à bord de notre autre bateau. Cela a simplement rendu la planification beaucoup plus difficile.

La sénatrice Raine : Les casernes sont là, et les lits de camp sont vides, mais vous ne pouvez pas coucher là avec vos sacs de couchage parce que le Conseil du Trésor dit que vous devez payer 200 $ par nuit. C’est ridicule.

M. Cook : C’est comme cela que nous l’avons pris. Je n’aime pas provoquer le Conseil du Trésor. Nous avons une petite organisation.

Le sénateur McInnis : Vous avez dit précédemment, dans votre déclaration, que les pêcheurs sont des personnes indépendantes, qu’il est difficile de les faire changer et que rien ne va se faire. Toutefois, j’aimerais que vous me parliez de deux choses qui pourraient changer, et Transports Canada pourrait prendre des mesures réglementaires afin de les imposer. Je sais que c’est un défi pour Transports Canada, car ils doivent parler aux associations de pêcheurs et à tous les groupes d’intérêt.

Je me souviens d’un pêcheur de Terre-Neuve qui nous a dit, à l’une de nos audiences, que les radiobalises de localisation des sinistres, les RLS, élimineraient la « recherche » des opérations de recherche et sauvetage. Elles sont probablement assez coûteuses, mais aucun règlement ne les impose, et il en va de même pour les charges et les contraintes. Beaucoup de ces navires… Je pense que le bateau à Terre-Neuve a coulé parce qu’il était surchargé. Avez-vous des observations à faire sur ces deux choses?

M. Cook : C’est une chose qui soulève vraiment les débats. La réglementation est difficile pour une industrie qui tient à peine le coup, économiquement parlant.

Chaque nouveau règlement — j’ai entendu les pêcheurs le dire — s’accompagne de plus de paperasse et, peut-être, de la nécessité de faire appel à des avocats ou à des spécialistes des finances pour avoir des conseils. Une RLS peut coûter de 1 200 $ à 2 000 $. L’éducation est importante, et s’il y avait du soutien pour ces groupes, et si on les consultait pour la prise de décisions, je pense qu’ils seraient plus réceptifs. J’ai mentionné que nous participons au programme Fish Safe qui, je trouve, fait de l’excellent travail sur la côte Ouest en mettant en avant les intérêts des pêcheurs, en essayant de leur faire changer leurs façons de penser et en favorisant des types de procédures plus sûres. Ils représentent les pêcheurs, mais ils comprennent aussi les pêcheurs.

Fish Safe travaille au lancement d’un programme de RLS dans le cadre duquel on donnerait ou céderait à faible coût des RLS aux pêcheurs, je crois, s’ils acceptent de participer à certaines des formations Fish Safe, comme la formation visant la stabilité.

Bien des bateaux chavirent parce qu’ils sont mal chargés. Le poids est trop élevé, l’effet de carène liquide est trop prononcé, quand ils embarquent le poisson. Si on leur donne l’occasion d’apprendre, d’améliorer leurs compétences et d’en tirer quelque chose, je pense que c’est la façon de modifier certains de leurs comportements. Je crois cependant que l’ajout de dispositions réglementaires serait plutôt mal reçu. Une combinaison judicieuse vaudrait mieux.

Le sénateur McInnis : Je suis d’accord, et l’éducation est importante; cela ne fait aucun doute, mais nous avons entendu des histoires très tristes, et c’est la valeur d’une vie. C’est très bien, et nous vous remercions de ce que vous faites.

Le président : Je remercie les sénateurs, ainsi que M. Cook, pour leur participation. Nous avons pu avoir des réponses à certaines de nos questions et des discussions intéressantes qui nous donnent matière à réflexion, alors je vous remercie encore du temps que vous nous avez consacré.

(La séance se poursuit à huis clos.)

(La séance publique reprend.)

Le président : Est-ce que quelqu’un est prêt à proposer la motion voulant que la demande de budget ci-après pour l’exercice se terminant le 31 mars 2019, concernant une étude spéciale sur les activités de recherche et sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent, soit approuvée en vue d’être soumise au Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration? Nous envisageons un voyage d’étude et des audiences publiques au Nunavut.

En ce moment, nous avons un coût de 184 247 $, et j’aimerais que le comité directeur ait la discrétion de réduire ce montant au besoin, si moins de sénateurs se déplacent, et si le voyage est séparé en deux activités distinctes au besoin, pour nos discussions de la fin de la journée.

Le sénateur Gold : J’en fais la proposition.

Le président : Le sénateur Gold en fait la proposition. Ceux qui sont pour?

Des voix : D’accord.

Le président : Ceux qui sont contre? La motion est adoptée.

(La séance est levée.)

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