Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans
Fascicule nº 29 - Témoignages du 26 avril 2018
OTTAWA, le jeudi 26 avril 2018
Le Comité permanent des pêches et des océans se réunit aujourd’hui, à 8 h 42, pour étudier les activités de recherche et sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent.
Le sénateur Marc Gold (vice-président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le vice-président : Bonjour. Je m’appelle Marc Gold, vice-président du comité. Le président ne peut pas être présent aujourd’hui. Avant de céder la parole à nos témoins, permettez-moi d’inviter les membres du comité à se présenter, à commencer par ma gauche.
Le sénateur Christmas : Dan Christmas, de la Nouvelle-Écosse.
La sénatrice Deacon : La sénatrice Marty Deacon, de l’Ontario.
Le vice-président : Je m’attends à ce que d’autres membres du comité se joignent à nous en cours de route.
C’est un plaisir de vous accueillir tous les deux à notre comité. Notre étude en cours porte sur les activités de recherche et sauvetage maritimes, y compris les défis et les possibilités qui existent. Nous sommes heureux d’accueillir des représentants de la Garde côtière canadienne pour discuter de la région du Centre et de l’Arctique.
Je souhaite à nouveau la bienvenue à Gregory Lick, directeur général des Opérations, et à Peter Garapick, surintendant, Recherche et sauvetage dans la région du Centre et de l’Arctique.
Au nom de tous les membres du comité, je tiens à vous remercier d’être ici aujourd’hui. Je crois savoir que vous avez des remarques liminaires, après quoi les membres du comité vous poseront des questions.
Gregory Lick, directeur général, Opérations, Garde côtière canadienne : Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de m’accorder une autre occasion de discuter plus en profondeur du rôle de la Garde côtière canadienne au sein du système de recherche et de sauvetage du Canada.
[Traduction]
J’aimerais présenter mon collègue, M. Peter Garapick, notre spécialiste du programme de recherche et de sauvetage dans la région du Centre et de l’Arctique. Avant de commencer, j’aimerais saisir l’occasion pour corriger et clarifier des déclarations faites durant ma comparution de la semaine dernière.
Premièrement, dans ma réponse à la question du sénateur Manning sur les opérations de recherche et sauvetage dans le Nord, j’ai fait une erreur en me fiant à ma mémoire. La station de petites embarcations de sauvetage côtières dans l’Arctique sera située à Rankin Inlet, au Nunavut, et non pas à Iqaluit. La sélection de Rankin a donné lieu à un processus de mobilisation dans de nombreuses collectivités de tout l’Arctique canadien, et à la participation des habitants du Nord à la prise de décisions. C’est un changement important pour nous, un changement que nous avons accueilli à bras ouverts et que nous poursuivons. C’est une initiative dont je pourrai parler davantage en réponse à vos questions.
Deuxièmement, je souhaiterais préciser ma déclaration au sujet des « appels manqués » associés à notre système des Services de communication et de trafic maritimes, ou SCTM. Après le regroupement de nos centres des SCTM, de brèves interruptions se sont produites dans quelques-uns de nos sites éloignés. Les appels manqués signalés ont fait l’objet d’enquêtes complètes, et l’analyse est arrivée à la conclusion que l’infrastructure de communication de la Garde côtière correspondait à la couverture radio et au spectre des radiofréquences de la région de l’Ouest de la Garde côtière. Aucune indication d’appel manqué d’aucune sorte n’a été constatée relativement à notre infrastructure de SCTM, et ce constat a été corroboré par nos partenaires, notamment la Garde côtière des États-Unis.
[Français]
Aujourd’hui, je vous parlerai des services et de la couverture assurés dans l’Arctique et je dirai quelques mots sur l’organisation des opérations de recherche et de sauvetage dans les eaux du Sud du Canada. La région du centre et de l’Arctique de la Garde côtière canadienne est responsable d’un vaste secteur géographique qui couvre près de 3 millions de kilomètres carrés de voies navigables.
[Traduction]
Ce secteur comprend les eaux du sud, c’est-à-dire les Grands Lacs, le fleuve Saint-Laurent, la voie maritime et la partie nord du golfe du Saint-Laurent, et les eaux du nord, soit la baie d’Hudson et les côtes de l’Arctique jusqu’à l’Alaska.
Dans le sud, nous avons 16 bateaux de recherche et sauvetage, dont 9 dans les Grands Lacs, 2 le long du fleuve Saint-Laurent, et 5 dans la Voie maritime du Saint-Laurent et le golfe du Saint-Laurent. Nous avons également 12 stations de petites embarcations de sauvetage côtières, dont 6 dans les Grands Lacs et 6 dans la zone du Saint-Laurent.
[Français]
Dans le Sud, les services de communication maritime et la coordination des services de recherche et de sauvetage sont assurés par quatre centres de Services de communication et de trafic maritimes (SCTM) situés aux Escoumins et à Québec, et à Prescott et à Sarnia, en Ontario, par le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Trenton et par le Centre secondaire de sauvetage maritime de Québec.
[Traduction]
Dans nos eaux nordiques, la présence physique de la Garde côtière est assurée pendant la saison de navigation dans l’Arctique, qui s’étend de juin à novembre de chaque année.
[Français]
Jusqu’à sept brise-glaces sont couramment déployés tout au long de la saison pour fournir des services de déglaçage et réapprovisionner les collectivités éloignées de l’Arctique et pour mener des activités de sensibilisation des collectivités. Nos brise-glaces sont tous prêts pour les opérations de recherche et de sauvetage et sont capables de répondre aux incidents.
[Traduction]
Les services de communication maritime sont fournis par le SCTM d’Iqaluit, de mai jusqu’à la fin du mois de décembre. La coordination des services de recherche et sauvetage est assurée par le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Trenton, de l’Alaska jusqu’à l’est de Hall Beach, au Nunavut, et par celui d’Halifax, à partir de ce point en direction est jusqu’à la côte de l’Atlantique Nord.
[Français]
La garde côtière investit également dans des opérations de recherche et de sauvetage dans l’Arctique en raison du trafic maritime croissant dans cette région. Un grand nombre des investissements proviennent du Plan de protection des océans.
[Traduction]
En 2015, la Garde côtière et M. Garapick ont dirigé un projet de recherche et sauvetage dans l’Arctique, qui a duré deux ans et qui visait à évaluer les risques maritimes dans les eaux arctiques côtières, et à accroître la présence de la Garde côtière auxiliaire canadienne dans l’Arctique. Il en a résulté la création d’unités auxiliaires supplémentaires, qui a porté à 13 le nombre total d’unités établies dans divers endroits partout dans l’Arctique. Cet été, 8 à 10 nouvelles unités devraient voir le jour.
[Français]
En outre, nous accroissons et consolidons nos partenariats avec les collectivités autochtones qui possèdent une vaste connaissance de leurs terres ancestrales.
[Traduction]
Ces partenariats nous donnent la chance d’apprendre aux côtés des Autochtones et ainsi de mieux les servir, eux et leurs collectivités, et ils permettent aux collectivités de devenir d’actives parties prenantes au système de recherche et sauvetage.
Nous menons également des activités de sensibilisation des collectivités dans le Nord, qui ont toujours été extrêmement utiles pour rencontrer les résidents locaux, prendre conscience de leurs besoins et désirs, et les entendre exprimer leurs préoccupations.
[Français]
Nous avons aussi lancé un projet pilote quadriennal de navires des collectivités autochtones afin de permettre à celles-ci de participer à des activités d’intervention en cas d’urgence maritime locale en tant que membres de la Garde côtière auxiliaire canadienne.
[Traduction]
Le Plan de protection des océans favorise également une hausse du nombre d’employés dans tous les centres des SCTM au Canada. Le centre des SCTM d’Iqaluit compte pour sa part un officier des SCTM saisonnier de plus.
[Français]
Dans le domaine de la recherche et du sauvetage, la Garde côtière canadienne est le volet sur l’eau du système fédéral de recherche et de sauvetage.
[Traduction]
J’aimerais vous donner un exemple de la raison pour laquelle je suis si fier du travail que nous faisons. En septembre 2015 — il y a en fait de nombreuses situations semblables au Canada, mais ce n’est qu’un exemple —, en l’espace d’une semaine, la Garde côtière a été appelée et a sauvé six chasseurs en retard dans la zone entourant Pangnirtung, au Nunavut. Chacun a pu regagner en toute sécurité une collectivité qui célébrait la réunion des familles dans la joie et le bonheur. Les leaders des collectivités ont organisé un événement pour célébrer le retour sain et sauf de leurs membres; ils nous y ont invités, et nous avons accepté cette invitation comme un privilège.
C’est un parfait exemple de ce qui caractérise l’équipe de R et S. Tous nos partenaires travaillent ensemble et réunissent les familles. C’est ce que nous faisons chaque jour.
Avant de conclure aujourd’hui, j’aimerais informer le comité que ce sera ma dernière comparution devant lui en tant que membre de la Garde côtière canadienne, car je prendrai ma retraite à la fin de l’été — c’est vraiment une journée à la fois triste et heureuse.
Je souhaite sincèrement remercier personnellement chacun des membres du comité. Merci pour le travail que vous accomplissez et pour votre dévouement, au profit de la sûreté et de la sécurité des Canadiens.
[Français]
Voilà qui conclut mon mot d’ouverture. Je souhaite remercier tous les membres du comité de m’avoir donné l’occasion de m’entretenir avec eux aujourd’hui.
[Traduction]
M. Garapick et moi répondrons avec plaisir à vos questions. Merci.
Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.
Le président : Merci, monsieur Lick. Je suis persuadé que je parle au nom du comité en vous souhaitant une bonne retraite et en vous remerciant d’avoir été au service du Canada ces dernières années. Nous vous souhaitons bonne chance. Sur ce, j’aimerais maintenant céder la parole à notre premier intervenant, le vice-président, le sénateur Gold.
Le sénateur Gold : Permettez-moi de joindre ma voix à celle du sénateur Manning. Félicitations pour votre service, et bonne chance pour le prochain chapitre de votre vie. Je vous remercie tous les deux d’être ici aujourd’hui.
Depuis un long moment, nous étudions les défis des activités de recherche et sauvetage sur nos trois côtes. Comme vous le savez peut-être, nous sommes sur le point de visiter le Nord pour voir directement ce qui se passe et pour rencontrer les personnes touchées et celles qui participent à la recherche et au sauvetage dans au moins une partie du Nord. Nous savons qu’il y a des problèmes de ressources — de ressources physiques, humaines et d’actifs.
Je m’intéresse beaucoup au projet pilote de bateau communautaire de quatre ans réalisé en collaboration avec les communautés autochtones. Pourriez-vous nous en dire un peu plus là-dessus et sur ce que vous apprenez auprès des communautés autochtones nordiques?
M. Lick : L’un des avantages d’être accompagné d’un spécialiste de l’Arctique, c’est que je partage les tâches comme il se doit avec les gens qui font le travail dans l’Arctique.
Le projet de bateau communautaire fait partie du Plan de protection des océans. Il vise à fournir aux collectivités de l’Arctique du matériel de recherche et de sauvetage bien équipé, de sorte que ces collectivités fassent partie intégrante du système de recherche et de sauvetage.
Les bateaux communautaires seront équipés adéquatement pour la prestation de services de recherche et sauvetage — c’est-à-dire la forme de la coque, la puissance et ainsi de suite —, et dotés de l’équipement nécessaire à bord. Autrement dit, il faut s’assurer que tout l’équipement de sécurité est dans le bateau et que celui-ci possède une pompe capable d’expulser l’eau d’un navire en détresse.
Voilà donc l’objectif de l’initiative des bateaux communautaires, des ressources qui sont investies dans le Nord pour aider le système.
Peter, aimeriez-vous ajouter autre chose à ce sujet?
Peter Garapick, surintendant, Recherche et sauvetage, Région du Centre et de l’Arctique, Garde côtière canadienne : J’ai eu la chance de voyager dans l’Arctique pendant deux ans, et je passe encore beaucoup de temps là-bas à visiter des collectivités pour comprendre ce que c’est que d’aller sur l’eau pour effectuer une activité de recherche et de sauvetage.
Nous sommes allés là-bas pour vérifier si nous pouvions déployer plus d’unités de la Garde côtière auxiliaire à l’échelle communautaire. Nous avons déterminé que c’est la bonne voie à suivre, et nous avons eu beaucoup de succès. La plus grande contrainte se rapporte cependant aux bateaux. Les gens qui possèdent des bateaux là-bas ont de petites embarcations qui ne sont pas dans le meilleur état. Il est coûteux de les garder en ordre et de posséder l’équipement de sécurité exigé par la réglementation, mais les gens savent comment conduire les bateaux.
Lorsque nous avons fait venir les unités de la Garde côtière auxiliaire, nous avons travaillé avec les collectivités et leur avons dit que nous allions nous servir de ces bateaux s’ils peuvent les utiliser pour le moment. Nous avons rapporté ce message afin de voir si nous pouvions faire quoi que ce soit et trouver des fonds pour fournir aux collectivités des bateaux en bonne condition et efficaces. C’est ce que nous avons fait. C’est la première année, et les demandes sont soumises. Nous avons hâte de remettre les bateaux aux collectivités et de les voir là-bas à l’avenir. C’est un programme de quatre ans, et un million de dollars seront investis chaque année à cette fin.
Le sénateur Gold : De combien de bateaux parle-t-on, et combien de services seront rendus possibles en conséquence?
M. Garapick : Comme Greg l’a mentionné, nous voulons nous assurer de remettre un bateau efficace. L’un des bateaux les plus populaires dans la région est un monocoque en aluminium. Ce sont des embarcations solides et de qualité. Nous parlons d’un bateau d’environ 9 mètres, soit environ 27 pieds. En fin de compte, un navire ayant la bonne puissance et pourvu de lumières, d’équipement de communication et ainsi de suite coûte environ 187 000 $. Il y a aura donc 18 à 20 bateaux grâce aux 4 millions de dollars sur quatre ans. Cependant, le programme peut également servir à mettre à niveau les bateaux actuels. Par exemple, à Clyde River se trouve une collectivité possédant un navire très performant, mais qui pourrait bénéficier de nouveaux moteurs ou de matériel de communication. Les fonds permettront de travailler avec la collectivité pour l’aider à bonifier le bateau qu’elle possède déjà.
La sénatrice Coyle : Je vous remercie infiniment de votre exposé, monsieur Lick, et félicitations pour votre merveilleuse carrière. Savez-vous si vous allez vous joindre à la Garde côtière auxiliaire par la suite?
M. Lick : J’y songe, effectivement. Je pense que vous l’entendez dans ma voix lorsque je parle de recherche et de sauvetage, et Peter aussi. Quand nous en parlons, nous le faisons avec beaucoup d’émotion et de passion. Je pleure un peu lorsque je raconte certains incidents, et la suite de ces incidents.
Quand je naviguais, la recherche et le sauvetage ne constituaient pas une grande partie de ma carrière d’ingénieur, mais la Garde côtière auxiliaire occupe une place de choix dans mon cœur. C’est un secteur auquel je me joindrai absolument, tandis que je descends vers le Saint-Laurent. Je ne sais pas si je deviendrai sénateur ou non, mais, comme je l’ai dit, le travail que vous faites est incroyable. La recherche et le sauvetage sont une grande partie de notre vie et notre passion.
La sénatrice Coyle : Merci. J’ai deux autres questions à vous poser. Nous voulons vérifier auprès de vous.
La grande question qui ne cesse de revenir porte sur la coordination — et il serait bon d’obtenir maintenant vos conseils à ce sujet avant de nous rendre dans la région de l’Arctique. Vous avez mentionné plus tôt que la coordination de la recherche et du sauvetage dans l’Arctique est régie par le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Trenton. Le centre couvre de l’Alaska jusqu’à l’est de Hall Beach, au Nunavut, et ainsi de suite, alors qu’Halifax gère les régions vers l’est. C’est un territoire immense à s’occuper depuis un centre qui ne se trouve pas dans l’Arctique.
Je vais poser la première partie de ma deuxième question. Que pensez-vous de la nécessité de créer une autre région et d’avoir un centre de contrôle différent pour servir l’Arctique?
La deuxième partie n’est pas aussi vaste, mais je pense que c’est tout aussi important. Vous parlez également de mener des activités de sensibilisation communautaire dans le Nord, ce qui aide vraiment à consolider les relations, mais cela vous aide évidemment à déterminer ce qui doit être amélioré ou ce qui doit être fait différemment. Pourriez-vous décrire en quoi consiste ce processus de sensibilisation?
M. Lick : Je vais d’abord répondre à votre première question, sénatrice, après quoi je céderai la parole à Peter au sujet de la sensibilisation, puisqu’il est responsable de ce volet.
Comme je l’ai dit dans mes remarques liminaires, une des initiatives actuellement en cours dans notre ministère consiste à chercher à améliorer notre prestation de services dans le Nord, de façon à ce que les habitants du Nord ne soient pas seulement des partenaires, mais qu’ils participent aussi aux décisions concernant le Nord. Comme je l’ai mentionné la semaine dernière, une des grandes révolutions de notre réflexion est que nous ne devrions pas appliquer des solutions méridionales aux régions nordiques. Le Nord doit absolument demander et proposer des solutions, avec notre aide. Il doit être le chef de file dans l’élaboration des solutions qui le touchent.
À l’heure actuelle, le ministère est en train d’examiner comment améliorer les choses. Une région arctique est une idée. Nous rechercherons bientôt une figure de proue qui nous aidera à développer davantage cette initiative. Ce processus de sélection commencera probablement très bientôt, et nous souhaitons très fortement qu’un nordiste joue ce rôle de chef de file. Le processus évoluera, et les dirigeants de l’Arctique en feront partie. Voilà qui parle un peu de la région de l’Arctique.
La sénatrice Coyle : Quand vous dites que les dirigeants de l’Arctique feront partie de la sélection, de qui parlez-vous?
M. Lick : À bien des égards, l’Arctique est une sorte de diaspora de différentes communautés et ainsi de suite, mais on y trouve bel et bien des dirigeants reconnus, comme Natan Obed et ITK, et d’autres. Il y a aussi les dirigeants communautaires locaux. Le ministère essaiera d’obtenir l’aide d’une bonne variété de personnes qui nous assisteront dans le processus de sélection, afin que la personne choisie pour lancer l’initiative représente le mieux toutes les régions de l’Arctique, et non pas une en particulier.
Pour ce qui est de penser différemment la coordination de la recherche et du sauvetage, il y a certainement un savoir-faire au Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Trenton et à celui d’Halifax. Avant que nos contrôleurs de mission de recherche et sauvetage soient autorisés à prendre le contrôle d’un incident, ils sont vérifiés. Ils subissent un processus complet d’évaluation et d’examen qui garantit leur compréhension des régions dont ils seront responsables. Cela ne signifie toutefois pas qu’une connaissance locale de certaines zones à proximité de la collectivité n’est pas nécessaire. En tant qu’intermédiaire qui achemine les communications du navire en détresse vers le centre de coordination, les SCTM d’Iqaluit sont d’une importance vitale, et ils comptent aussi des gens locaux qui connaissent assez bien la région.
J’aimerais cependant revenir à votre question. Il est bel et bien question d’intégrer plus d’habitants du Nord au système, mais votre intervention portait sur la coordination. Je pense que c’est un domaine qui a une valeur absolue. Comment allons-nous y parvenir, ou comment les choses pourraient-elles évoluer dans cette direction? À titre d’exemple, il pourrait s’agir de gens des SCTM d’Iqaluit qui soutiennent une opération de recherche et de sauvetage en aidant le centre de Trenton ou d’Halifax à comprendre la région. C’est une option. Nous évaluons maintenant ces possibilités pour mieux comprendre, mais nous voulons en même temps que les habitants du Nord participent à la prise de décisions sur ce qui fonctionnerait le mieux dans le Nord.
Concernant la sensibilisation, je vais laisser Peter vous répondre.
M. Garapick : Pour les activités de sensibilisation, nos brise-glaces sont présents dans l’Arctique depuis plus de 40 ans avec la Garde côtière, et chaque fois qu’ils accostent dans une communauté, le capitaine et les membres de l’équipage vont rencontrer la population. C’est probablement la première étape de la sensibilisation, et c’est ce que nous faisons. Lorsque la saison se termine, nous nous réunissons, puis le capitaine et les membres de l’équipage offrent des présentations lors desquelles ils expliquent où ils sont allés et comment ils ont interagi avec les communautés. C’est généralement très intéressant. Des relations tissées serrées se créent entre les équipages des brise-glaces et ces communautés elles-mêmes tissées serrées.
Nous allons même encore plus loin. Je sais que personne n’aime les acronymes, mais nous avons un programme que nous appelons l’ACEEP, qui est un programme d’exercice et de mobilisation des communautés arctiques. À la Conférence pour les opérations arctiques qui se tiendra dans quelques semaines, à Montréal, je remettrai une trousse à chaque équipage, qui contient la liste de toutes les unités auxiliaires de la Garde côtière, les noms des chefs, de l’administrateur, les coordonnées des personnes-ressources et de l’administrateur principal de chaque communauté. Les équipages auront donc tout ce dont ils auront besoin pour aviser les communautés de leur passage et leur dire: « Nous venons visiter votre communauté. Nous aimerions y organiser un exercice, qui pourrait se tenir sur l’eau ou en classe, sur la plage. Vous pourrez visiter le bateau. » Comme un capitaine l’a proposé, nous pourrons aller rendre visite à une communauté et inviter ses membres à nous dire quelque chose que nous ne savons pas. « Qu’avons-nous à apprendre de vos besoins? » Ce genre de choses.
Nous le ferons chaque fois qu’un brise-glace se rend en Arctique, cet été, mais je viens aussi tout récemment de confirmer du financement pour une petite équipe. Vous avez déjà entendu que nous aurons un bateau de sauvetage côtier à Rankin Inlet, qui emploiera six jeunes Inuits de l’Arctique, mais j’aurai aussi de l’argent pour embaucher deux autres jeunes Inuits afin de former des équipes d’exercice. En équipes de deux, un superviseur et un étudiant inuit se rendront dans les diverses communautés afin d’aller rendre visite aux unités auxiliaires de la Garde côtière, les nouvelles comme les anciennes, pour travailler avec elles. Donc non seulement ces équipes se rendront dans les communautés pour mener les exercices, mais elles rencontreront les membres de la communauté. L’idée, c’est d’informer les gens de ce que la Garde côtière peut faire et de ce que la Garde côtière auxiliaire peut faire, depuis que nous avons des membres de la famille élargie dans les communautés.
Le sénateur Christmas : Je vous souhaite bonne chance, monsieur Lick. Vous avez mentionné dans votre exposé avoir choisi d’offrir les services d’un bateau de sauvetage côtier à Rankin Inlet plutôt qu’à Iqaluit. Pouvez-vous nous expliquer le choix de Rankin Inlet?
M. Lick : Tout à fait. En fait, Peter pourra vous donner beaucoup plus de détails sur le processus lui-même, mais je vous rappellerai que l’un des grands buts de l’exercice est de comprendre où sont les risques dans l’Arctique, où les risques sont les plus grands et où nous voulons déployer des ressources. Comme je l’ai mentionné la semaine dernière, cela fait partie de notre méthode RAMSARD, qui est une méthode d’analyse axée sur les risques de la prestation des services de recherche et de sauvetage maritimes. Il s’agit d’une méthode d’analyse très rigoureuse qui nous aidera à comprendre où se situent les risques en matière de recherche et de sauvetage, quels sont les itinéraires de navigation et quelles sont les ressources dans la région, qu’il s’agisse de ressources fédérales, provinciales ou locales, afin de pouvoir offrir les services nécessaires et de comprendre où il y a peut-être des lacunes.
Bref, quand Peter et son équipe ont traversé l’Arctique, ils ont appliqué cette méthode pour évaluer où les risques sont les plus grands, et c’est principalement ce qui nous a poussés à décider d’installer notre poste de BSC à Rankin Inlet. Peter peut peut-être vous en parler plus en détail.
M. Garapick : Évidemment, nous avons tenu compte de la population et de l’activité maritime. Nous avons tenu compte des saisons. Quand la glace se forme-t-elle? Quand la glace est-elle présente? Où le service peut-il être le plus utile? Tous ces facteurs sont entrés en ligne de compte.
Iqaluit est assez achalandée, la population y est importante, il y a beaucoup de bateaux. La ville se trouve dans une baie vraiment traître, en fait, où les marées sont dangereuses, mais il y a eu un facteur déterminant qui est entré en ligne de compte. Quand on se promène entre les différentes communautés de l’Arctique, on se rend compte que toutes les communautés y sont très isolées. Il n’y a que quelques villages qui sont à proximité les uns des autres. Nous avons pensé à Hall Beach et à Igloolik, qui sont à seulement une quarantaine de milles de distance. Il y a beaucoup de bateaux qui passent par là. Si un bateau de sauvetage côtier s’y trouvait, il pourrait servir les deux communautés.
Pour sa part, Rankin est entouré de Chesterfield Inlet, au nord, ainsi que de Whale Cove et d’Arviat, au sud, dans un rayon d’une centaine de milles. C’est plus que la distance que la plupart des bateaux de sauvetage côtiers parcourent, mais nous avons un bateau plus gros pour l’Arctique. Il fait neuf mètres et comprend une cabine fermée, chauffée, à l’abri des éléments. C’est donc pour ces raisons que nous avons choisi Rankin, parce qu’il peut servir jusqu’à quatre communautés. Nous avons aussi tenu compte de l’exploitation minière. Il y a des mines autour de Rankin. Il y a beaucoup plus de navires de charge qui passent par là. Nous nous sommes dit que c’était une bonne région en croissance à cibler pour notre première unité.
Le sénateur Christmas : Monsieur le surintendant, vous avez mentionné six étudiants autochtones qui feront partie du personnel du bateau de sauvetage côtier. Comment les recruterez-vous et comment les formerez-vous?
M. Garapick : Au moment où je vous parle, ils viennent d’arriver à la base militaire de Trenton, où les Grands Lacs tiennent leur formation de 16 jours sur les bateaux de sauvetage côtiers. Nous les avons inclus au programme et les avons fait venir du Nord jusqu’au Sud, où nous formerons tous les candidats ensemble et où ils recevront une formation très complète.
Avant d’aller plus loin, je vais toutefois répondre à votre question sur le recrutement. C’est arrivé assez vite. L’annonce a été faite en novembre 2016, et dès lors, nous nous sommes mis en marche. Nous avons commencé par constituer des groupes de discussion. Je dois dire que mon équipe et moi avons la chance de très bien connaître les communautés de l’Arctique, mais nous avons décidé de constituer des groupes pour discuter de l’idée des bateaux de sauvetage côtiers, en expliquer le fonctionnement et sonder l’intérêt des communautés.
Nous avons appris des choses, et la première chose que nous avons apprise, c’est que nous étions mieux d’offrir un salaire adéquat si nous voulions pouvoir attirer des candidats. Nous ne pourrions attirer personne avec des salaires du Sud. Nous en avons tenu compte.
Nous avons aussi appris que nous pourrions aller rencontrer les gens des diverses communautés, installer des affiches, faire des présentations, mais bien sûr, nous cherchions des étudiants. Ceux-ci pouvaient venir du Collège de l’Arctique, mais ils pouvaient aussi venir de l’école du Nunavut qui se trouve ici, à Ottawa, et qu’on appelle tous la NS, parce que c’est parfois plus facile à dire, ou encore de McGill ou du cégep associé à McGill. Nous sommes aussi allés à l’Université de l’Alberta, où l’on trouve une grande population d’étudiants inuits.
L’information a donc circulé. Nous avons reçu plus de 84 demandes, après quoi nous avons fait une présélection et avons embauché six étudiants pour le BSC et deux pour le programme d’exercice. Comme je l’ai mentionné, je les rencontrerai un peu plus tard ce soir à Trenton, pour la première fois.
Le sénateur Christmas : Quelles compétences, connaissances ou qualifications cherchiez-vous chez les étudiants?
M. Garapick : Ce qui est intéressant du Programme des bateaux de sauvetage côtiers, au Canada, c’est qu’on n’a pas besoin d’avoir beaucoup d’expérience de la navigation pour y avoir accès. Nous offrons la formation. Il faut avoir des compétences de base en fiabilité, être motivé, être responsable et être prêt à apprendre.
Nous avons donc trouvé six jeunes, d’horizons assez divers. Certains sont dans la fin vingtaine et viennent du Nord, mais nous avons trouvé le bon équilibre de compétences pour pouvoir les former à la recherche et au sauvetage. C’est ce que nous retenons des 40 ans d’expérience des BSC au Canada: nul besoin d’être un grand navigateur au départ pour devenir un bon agent de recherche et de sauvetage dans un BSC.
La sénatrice Raine : Faut-il détenir un diplôme d’études secondaires, par exemple?
M. Garapick : Oui, il faut être inscrit à un collège ou à une université. Il peut s’agir du Collège de l’Arctique, d’un cégep ou d’une autre institution du genre. Bien sûr, il faut avoir suivi son cours de premiers soins, être titulaire d’une carte de conducteur d’embarcation de plaisance et détenir un certificat d’opérateur de radar.
Nous avons adapté notre stratégie dans le Nord, parce que la plupart de jeunes n’y ont pas de carte de conducteur d’embarcation de plaisance, puisque cette carte n’est pas requise dans le Nord. De même, le permis de conduire n’est pas le même dans le Nord que dans le Sud, donc nous avons adapté le programme pour qu’il fonctionne dans l’Arctique.
La sénatrice Raine : Je vous remercie beaucoup d’être de retour parmi nous. Ce sont d’excellentes informations.
Je me suis rendue dans différentes communautés de l’Arctique, il y a quelques années, une expérience qui m’a ouvert les yeux, à moi qui viens du Sud. Je comprends maintenant à quel point ces communautés sont loin les unes des autres. Évidemment, une grande partie de votre travail consistera à assurer la communication d’une communauté à l’autre.
Pouvez-vous nous expliquer quelle forme elle prend actuellement? Y a-t-il une bonne communication entre les diverses communautés de l’Arctique ou y a-t-il des lacunes? Il vaudrait peut-être la peine de développer davantage vos ressources dans le Nord pour améliorer la communication, ce qui pourrait servir dans d’autres contextes de communication aussi.
M. Lick : Pour reprendre certains thèmes abordés la semaine dernière, comme les communications sur l’eau, nous communiquons généralement par radio, mais aussi par satellite.
Nous avons une infrastructure dans le Nord, où l’on trouve un certain nombre de tours qui transmettent les communications entre les personnes en détresse et, dans ce cas-ci, les SCTM d’Iqaluit. Ce sont nos canaux de communication dans le Nord en ondes métriques (VHF), hectométriques ou décamétriques. Les territoires couverts dans l’Arctique sont très vastes.
À l’heure actuelle, quelle que soit l’infrastructure, notamment pour les communications radio, nous continuons de vérifier s’il y a des zones dans le Nord qui ne sont pas couvertes. Bien sûr, les ondes métriques, hectométriques et décamétriques n’ont pas toutes le même spectre, donc nous continuons toujours de vérifier s’il y a des lacunes et nous ajoutons de l’infrastructure au besoin, généralement des tours, pour assurer un meilleur lien avec les SCTM d’Iqaluit, dans ce cas-ci. Entre les communautés, toutefois, on utilise la communication par satellite ou les lignes terrestres.
Voilà pour les communications radio, mais si votre question concerne aussi les activités de sensibilisation et les autres formes de communication, c’est probablement Peter qui serait le mieux placé pour vous répondre, comme il vient justement de nous parler de la façon dont nous mobilisons les communautés pour prendre des décisions concernant nos ressources dans l’Arctique. Je ne suis pas certain que votre question aille aussi dans ce sens.
La sénatrice Raine : Ce serait bon d’aborder aussi cette question, mais j’ai été frappée par l’importance des services de BP dans l’Arctique, parce qu’ils sont très utiles pour communiquer avec des personnes dans le Nord.
Je ne m’inquiète pas trop pour les habitants du Nord, parce qu’ils sont pleins de ressources, mais si une personne décide de partir en kayak, puis se rend compte que son téléphone cellulaire ne fonctionne plus, un moment donné, c’est plus inquiétant, parce que c’est le genre de cas où les gens sont vraiment perdus s’ils n’ont pas de moyen de communication. Ils comptent sur ces services.
M. Lick : Tout à fait.
La sénatrice Raine : Ce n’est pas logique.
M. Lick : Comme je le disais la semaine dernière, ceux qui nous gardent éveillés la nuit, Peter et moi, ce sont les aventuriers, comme je les appelle — je pense avoir utilisé un autre mot la semaine dernière —, ceux qui partent traverser l’Arctique mal préparés. Les gens du Nord sont bien mieux préparés et peuvent avoir une bien meilleure idée de la façon de vivre dans l’Arctique, puisqu’ils y vivent depuis des milliers d’années.
Ce sont toutefois ces aventuriers qui m’empêchent de dormir la nuit, donc il y a beaucoup d’éducation à faire sur tout ce dont on a besoin pour naviguer dans des eaux très isolées.
Je précise que notre centre des opérations de la sûreté maritime de Halifax a pour rôle non seulement d’assurer la sûreté maritime, mais de savoir qui traverse l’Arctique pour pouvoir assurer leur sécurité. Nos agents passent beaucoup de temps sur les médias sociaux à essayer de prendre connaissance des plans de ceux qui comptent naviguer dans l’Arctique, et c’est là que nous trouvons beaucoup d’information.
Cela dit, la vaste majorité des gens communiquent avec les SCTM d’Iqaluit pour les aviser de leur position en cours de route, mais ce n’est pas toujours le cas, et ce sont surtout des personnes qui ne le font pas qu’il faut s’inquiéter.
M. Garapick : J’ai passé du temps dans les eaux de l’Arctique, l’été dernier. Il y a des aventuriers, mais j’y rencontre de plus en plus des personnes qui vont y vivre des aventures très bien planifiées. Il y en a qui ne planifient pas si bien leur voyage, mais il y a des navigateurs qui s’y rendent avec des voiliers de 50 pieds munis de tout l’équipement nécessaire et qui, comme Greg l’a mentionné, sont très actifs dans leurs communications avec les SCTM d’Iqaluit. Ils restent toujours en contact, parce qu’ils savent que c’est risqué.
Il y a donc de plus en plus d’aventuriers bien informés qui se rendent dans l’Arctique, plus que d’aventuriers mal informés, ce qui est bien.
Comme Greg l’a mentionné, au sujet des ondes métriques, nous travaillons en très étroite collaboration avec le gouvernement du Nunavut et l’Administration régionale Kativik, l’ARK, en plus de continuer de travailler avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Le gouvernement du Nunavut fournit des postes VHF, qui sont des postes à ondes métriques, aux communautés au cas où il y aurait une opération de recherche et de sauvetage. Bien sûr, cela signifie que c’est désormais la Garde côtière auxiliaire qui interviendrait, donc le Nunavut continue de fournir des postes radio de base, et le groupe SAR pourra les utiliser au besoin, et n’importe quel membre de la communauté pourra rappeler.
Les ondes métriques (VHF) ne peuvent être captées qu’en visibilité directe. Elles ne suivent pas la courbure de la terre, donc elles ne peuvent se rendre au-delà de 40 milles les bons jours et s’il n’y a pas de montagnes qui bloquent la communication. Cela dit, les communautés font des levées de fonds locales, parce que le gouvernement du Nunavut leur procure un poste de base seulement et que les communautés voudraient qu’on installe des émetteurs-relais de chaque côté du village, ce qui rallongerait la portée de communication de 40 milles dans toutes les directions. Ce serait très bien.
Comme il s’agit d’ondes métriques, elles ne sont pas reliées aux SCTM d’Iqaluit. Elles ne se rendent pas jusque-là, mais les plaisanciers peuvent maintenant utiliser leur téléphone ou communiquer avec une communauté par radio, puis la communauté peut appeler les personnes compétentes.
Cette communication est très dynamique. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans l’Arctique et il y a beaucoup d’avancées technologiques en matière de communication, donc beaucoup de nouveaux outils. Le gouvernement du Nunavut recommande aux membres des communautés d’adopter les ondes métriques et de délaisser les radios BP. Elles ont toujours été efficaces dans les petits hameaux, un peu partout, pour communiquer avec les plaisanciers, mais on nous dit: « Allez, adoptons tous les ondes métriques. »
J’aimerais également recommander un autre produit qu’on trouve désormais sur le marché et qu’on appelle InReach. J’en ai entendu parler pendant mes déplacements dans l’Arctique. C’est Garmin qui le produit. InReach utilise le système Iridium et ressemble à peu près à un petit appareil permettant d’envoyer des textos. Tout le monde l’utilise; le gouvernement du Nunavut nous dit que tous les responsables des opérations SAR terrestres l’utilisent et qu’ils aimeraient que nous envisagions de l’adopter à la Garde côtière auxiliaire aussi.
Ce qui est fantastique, c’est qu’on peut l’utiliser pour envoyer un message texte. Nul besoin d’actionner un microphone pour envoyer un message vocal qui peut se perdre ou être inintelligible. L’information est envoyée à une unité de réception.
Si j’envoie une carte ou un plan de recherche à un bateau à partir de mon unité à terre, l’équipage pourra l’afficher sur un GPS ou ordinateur portable, s’il en a un. S’il souhaite m’envoyer sa position, il pourra le faire en temps réel, si bien que nous saurons toujours où le bateau se trouve.
C’est un appareil très intéressant, et nous l’envisagerons assurément, en collaboration avec le gouvernement du Nunavut, question de voir si ce pourrait être la voie de l’avenir.
D’autres téléphones satellites offrent une fonction comparable, mais les habitants de l’Arctique semblent vraiment adopter cette unité en particulier.
La sénatrice Raine : Merci. C’est super, parce que nous avons entendu des représentants d’Iridium la semaine dernière et que je m’interrogeais sur cet appareil Garmin.
Combien coûte-t-il?
M. Garapick : Je ne sais pas. Je m’attendrais à 400 $ chacun.
La sénatrice Raine : C’est donc un prix raisonnable.
M. Garapick : C’est un prix raisonnable, oui.
La sénatrice Raine : Ce pourrait être la clé que nous cherchions pour qu’il n’y ait plus de recherche, seulement du sauvetage.
M. Garapick : Exactement. Nous avons des partenaires au gouvernement du Nunavut. Nos responsables de la gestion des urgences leur ont rendu visite il y a quelques mois et envisagent d’établir un poste de base dans ses bureaux. Ce poste de base permettrait d’afficher une carte indiquant où chacun se trouve et permettant de relier tout le monde, de sonder chaque appareil par impulsion. C’est très intéressant.
La sénatrice Raine : Une dernière question, si vous me le permettez: serait-il possible d’obliger tous ceux qui se déplacent sur ce territoire à porter l’un de ces appareils?
M. Lick : C’est Transports Canada qui régit les obligations concernant l’équipement dont doivent être munis les bateaux. La réglementation la plus stricte s’applique vraiment aux plus grands bateaux. Les gens de Transports Canada seraient mieux placés que nous pour vous dire comment ce serait possible. D’un strict point de vue de recherche et de sauvetage, de mon avis et de celui de Peter, tout outil de communication supplémentaire sera un atout pour nous, comme pour les personnes en détresse, c’est certain.
La sénatrice Raine : Est-ce un règlement qui pourrait être mis en place par les gouvernements du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest?
M. Lick : Pas vraiment. Cela relèverait plutôt de la réglementation fédérale.
La sénatrice Raine : Merci beaucoup.
Le sénateur McInnis : Je vous remercie tous deux d’être ici aujourd’hui et je vous souhaite une belle retraite. Je m’y suis essayé une fois, en vain. J’ai abouti au Sénat, donc faites bien attention. Vous pourriez vous retrouver à siéger ici.
J’ai été renversé de constater l’étendue des régions centrales et arctiques. La ligne de côte s’étend sur 178 000 kilomètres, et 3 millions de kilomètres sont recouverts d’eau. C’est incroyable.
Avant de partir, vous sentez-vous confiant quant à l’avenir de la recherche et du sauvetage? Si vous aviez des demandes à faire, quelles seraient-elles?
M. Lick : Peter vient de parler d’un appareil qui nous aiderait ou qui aurait le potentiel de nous aider.
Sur le plan de la coordination, je suis très satisfait de la collaboration actuelle entre Trenton et Halifax à l’égard de l’Arctique. Si nous pouvions bénéficier d’un savoir local plus approfondi, comme je l’ai déjà dit, je pense que ce serait une bonne chose; c’est d’ailleurs l’un de nos objectifs.
Toute l’idée d’améliorer les communications dans l’Arctique et partout ailleurs au Canada est bonne. Comme Peter l’a dit, la technologie évolue, elle nous procure de meilleurs moyens de communication qu’avant et comble de plus en plus de lacunes à l’échelle du Canada.
Pour moi, l’élément le plus important pour la recherche et le sauvetage, c’est bien sûr la prévention: il faut essayer de prévenir ce genre d’incident dès le départ.
Comme Peter l’a expliqué, les unités auxiliaires jouent un rôle important, non seulement lorsqu’il s’agit d’intervenir, mais aussi dans l’éducation des communautés locales. Elles travaillent à sensibiliser les plaisanciers des communautés locales quant aux dangers de prendre la mer, à ce qu’il faut apporter comme équipement, à la façon de conduire le bateau, à ce qu’il faut prévoir, à l’importance de remettre un plan de navigation à la communauté locale ou aux SCTM d’Iqaluit, comme beaucoup le font déjà. La prévention est donc le grand essentiel.
Je crois que le deuxième élément rejoint ce que disait la sénatrice Raine: nous devons savoir où chacun se trouve. Nous avons absolument besoin de savoir où chacun se trouve, soit par communication radio ou par confirmation téléphonique. Si une personne ne sait pas où elle se trouve et qu’elle nous appelle parce qu’elle est en détresse, il sera très difficile pour nous de la trouver.
À mon avis, il est, au final, essentiel de pouvoir transmettre ces renseignements en cas d’incident. Il est crucial de disposer d’outils, comme Peter l’a indiqué, afin de pouvoir communiquer aisément l’emplacement et signaler une situation de détresse. Si je devais investir, je le ferais dans la prévention afin de pouvoir savoir où se trouvent les gens. C’est ce que j’appellerais la sensibilisation dans le domaine maritime. Il faut ensuite assurer la communication et veiller à avoir à bord du bon matériel pour communiquer. Le système doit aussi être en mesure de capter ces transmissions.
M. Garapick : Voilà de bonnes réponses.
Je répondrai en fonction de mon environnement de travail. Je vois 45 communautés dans les eaux de l’Arctique. Il y en a 50, en fait, si on inclut les cinq communautés du Nunatsiavut et du Labrador. Treize unités opérationnelles auxiliaires sont actives en ce moment, et il y en aura probablement plus de 20 cet été, quand les glaces se retireront et que nous pourrons donner de la formation sur l’eau. Cette formation permet aux communautés de s’occuper des problèmes qui surgissent à l’échelle locale.
Il n’est pas nécessaire qu’un aéronef vienne du Sud, qu’un brise-glace soit détourné ou qu’un cargo soit obligé d’infléchir sa course pour intervenir. Les gens qui ont besoin d’aide appartiennent probablement à la communauté et s’en sont peut-être éloignés de 40 ou 100 milles. Si les gens ont reçu de la formation, qu’il y a une unité auxiliaire et que les gens disposent de la formation, de l’équipement et des moyens de communication nécessaires, la solution se trouve dans la communauté.
Ce que je veux, c’est obtenir du financement, des contributions dans l’Arctique pour que nous puissions élargir nos activités. Nous aurons probablement besoin de fonds supplémentaires si nous voulons être partout, mais cela fonctionne très bien.
Nous sommes en train de fonder une famille et d’élargir le réseau de recherche et de sauvetage. Quand la solution se trouvera dans les 45 communautés, nous aurons accompli un pas de géant dans le domaine de la recherche et du sauvetage dans l’Arctique. Ces démarches concernent-elles les navires de pêche commerciale qui sont en détresse? Ce serait utile. Cela concerne-t-il les navires d’expédition ou de croisière qui rencontrent des problèmes? Pas nécessairement, mais nous avons vu que lorsque le Queen of the North a coulé au large de la Colombie-Britannique, les habitants d’une communauté locale sont intervenus avec de petites embarcations et ont été d’un grand secours.
Nous cherchons donc à augmenter la présence des unités auxiliaires et à renforcer le système de recherche et de sauvetage à l’échelle du pays.
J’ajouterais que les unités auxiliaires disposent de ce qui s’appelle le système de gestion de la sécurité, ou SGS, un outil en ligne dans lequel l’unité a la responsabilité d’entrer toutes ses données. Ainsi, quand les centres de Trenton ou de Halifax reçoivent un appel, les agents savent qu’il vient d’Ulukhaktok. Un agent communiquera avec l’unité d’Uluhaktok, et Adam, le chef de l’unité, et Lucy, l’administratrice, se présenteront. Adam voit le bateau et tout l’équipement qui est utilisé. Il répond au téléphone et demande à qui il parle. Les intervenants se connaissent et connaissent l’équipement. Adam décrit la température et dresse un tableau de la situation, indiquant qui est là et où les gens sont allés. Les intervenants travaillent ensemble pour résoudre la situation. C’est ce qui va tout changer.
Je dirai enfin que nous fournissons beaucoup de formation à Yellowknife et à Cambridge Bay, et que nous en offrirons bientôt au Nunavut et à Kuujjuaq au cours de la prochaine année. Nous espérons également, à mesure que notre capacité augmente, fournir de la formation sur les fonctions de coordonnateur sur place aux habitants de chaque communauté. Le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage a les coordonnées d’une personne compétente, en ce qui concerne non seulement les activités de recherche et de sauvetage, mais aussi la coordination des tâches au sein de la communauté. Voilà qui pourrait améliorer considérablement l’efficacité également.
Le sénateur McInnis : Vous avez indiqué plus tôt qu’il existe bien des amateurs d’aventure et qu’il importe de disposer d’un plan. Quand j’examine votre tableau faisant état du nombre d’opérations de recherche et de sauvetage maritimes, je constate que cela concerne en grande majorité des bateaux de plaisance dans le Nord. Ces chiffres sont de loin supérieurs aux autres.
Bien des plaisanciers n’ont pas de plan. Pour quelle raison? Monsieur Lick, vous avez parlé de l’éducation, mais ces personnes vont et viennent à leur guise. Ils n’ont pas de permission et n’ont pas à en avoir une; pourquoi les chiffres sont-ils aussi élevés?
M. Garapick : Je pense que c’est parce que ces statistiques incluent les bateaux locaux et qu’on les considère comme des bateaux de plaisance. N’importe quel habitant local qui subit une panne ou qui manque de carburant signalera un problème; il ne s’agit pas seulement d’aventuriers. À mon avis, ces derniers sont peu nombreux et planifient habituellement bien leur voyage, à moins qu’ils ne se déplacent sur des motomarines ou qu’ils participent à une émission de téléréalité. Ces statistiques englobent probablement les gens de la place qui naviguent pour le plaisir.
Ces incidents sont probablement consignés dans la catégorie des bateaux de plaisance, que les gens s’adonnent à la chasse ou à la pêche.
M. Lick : Comme Peter et moi l’avons expliqué, les unités auxiliaires que nous instaurons dans le Nord auront une capacité incroyable d’éduquer les communautés locales à propos du besoin d’avoir un plan de navigation et certains équipements à bord. L’expansion des unités auxiliaires dans l’Arctique constituera un des moyens les plus puissants pour améliorer la situation et réduire le nombre de bateaux de plaisance qui éprouvent des difficultés.
Le sénateur McInnis : Un navire de croisière devrait-il vous informer qu’il se dirige vers le Nord? Il faudrait que vous le sachiez? D’accord. Merci.
La sénatrice Raine : Ventile-t-on les chiffres de la catégorie des bateaux de plaisance pour faire la distinction entre les navires de croisière, les grands bateaux et les aventuriers?
M. Lick : Oui.
La sénatrice Deacon : Merci de témoigner. Les témoins nous ont fourni énormément de renseignements, et je suis enchantée que vous soyez tous les deux de retour devant nous aujourd’hui.
Je pense que la question du sénateur McInnis était fort semblable à celle que j’allais vous poser. Alors que vous refermez ce chapitre, quels sont les facteurs déterminants ou les moteurs de changement que nous devrions examiner plus en profondeur, selon vous? Je pense que vous avez répondu à cette question lorsque le sénateur vous a interrogé.
Venons-en à la réalité que nous connaissons à propos de la région de l’Arctique, soit son régime climatique, les changements climatiques qui se poursuivent et les problèmes que la fonte de la glace pérenne continue de poser.
À votre avis, quels sont les facteurs climatiques qui ont une influence sur le genre de soutien qu’il faut avoir? En tenant compte de ce que nous savons de la dernière période, quel rôle les changements climatiques jouent-ils quant à la manière dont vous déterminez l’emplacement et le nombre des lieux de soutien? Pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet des répercussions du climat?
M. Lick : Je conviens parfaitement que le climat change. Je pense qu’on a cessé de nier les faits, car les employés les plus expérimentés de la Garde côtière qui naviguent dans le Nord, bien souvent depuis 30 ou 40 ans, sont certainement témoins de ces changements. Non seulement ils constatent que les eaux sont libres plus longtemps à certaines périodes de l’année, mais, comme je l’ai souligné plus tôt, ils observent une variabilité accrue d’année en année. Une année, les eaux peuvent être très libres, alors que l’année suivante, elles sont bien plus fermées. Cela a un impact qui n’est peut-être pas tellement visible pour la population.
Pour nous qui naviguons, toutefois, cette situation a des répercussions considérables quand les gens viennent dans le Nord en pensant que les eaux seront libres et ne suivent pas les règles strictes que suivrait un grand navire de croisière ou un pétrolier en ce qui concerne les endroits où ils peuvent aller et le moment où ils peuvent le faire. On peut facilement se retrouver prisonnier des glaces si on vient dans le Nord.
Pour ce qui est de la relation entre les changements climatiques et les activités de recherche et de sauvetage, le fait est que nous dépendons des communautés locales pour comprendre les changements qui se produisent, car elles les observent quotidiennement. Essentiellement, toutefois, comme la situation est nouvelle pour tout le monde, ce n’est peut-être pas la meilleure manière de comprendre comment elle évoluera dans l’avenir.
En ce qui concerne les activités de recherche et de sauvetage, je pense que le fait d’examiner et d’utiliser continuellement notre méthode pour comprendre l’analyse axée sur les risques de la prestation des services de recherche et de sauvetage maritimes, ou RAMSARD, de manière rigoureuse est ce qui nous aidera le plus à comprendre comment nous pouvons mener ces activités dans le Nord au fil du temps. À cet égard, sachez que cette année, nous étudierons l’entièreté de l’Arctique dans les cinq régions qui, selon nous, le composent. Nous appliquerons cette méthode dans chacune de ces régions.
Peter a déjà employé ce processus pour déterminer l’emplacement du poste d’embarcation de sauvetage côtier à Rankin Inlet, mais nous continuerons de l’utiliser pour examiner la situation bien plus fréquemment pour mieux comprendre non seulement les changements climatiques et leur incidence sur les habitudes de circulation, les conditions météorologiques et les glaces dans ces régions, mais aussi la manière dont nos ressources et nos investissements appuient les activités de recherche et de sauvetage alors que nous élargissons la présence des unités auxiliaires dans l’Arctique.
Au bout du compte, comme le climat change rapidement, nous devons étudier les risques, qui évoluent à l’avenant. Cette méthode, que nous avons mise au point et que nous utilisons, nous aidera à mieux comprendre la situation.
Que le climat change en un an ou en 30 ans, nous devons simplement l’étudier plus fréquemment — plus que quoi que ce soit d’autre, selon moi — pour mieux comprendre où se trouvent les risques et comment ils évoluent.
M. Garapick : Comme Greg l’a fait remarquer, il est évident que les eaux sont libres sur de plus grandes superficies, plus tôt et plus tard, mais si on ramène l’affaire à l’échelle des communautés, le changement m’a frappé quand je me suis rendu au fjord Grise, dans le Nord. Le niveau de la mer semble légèrement plus élevé, mais le véritable impact, c’est que l’eau ne refroidit pas aussi rapidement à l’automne et se réchauffe plus vite au printemps. Ainsi, la glace qui formait une couche solide sur l’océan n’est pas là quand soufflent les grands vents d’automne.
Il y a maintenant des vagues et de l’érosion, et, en l’absence de glace, les chasseurs continuent de chasser en bateau, ce qui est dangereux parce qu’ils se déplaçaient autrefois en motoneiges et en qamutiiks sur la glace. De plus, ils veulent chasser sur la glace au printemps, mais comme elle disparaît plus tôt, ils sont obligés d’utiliser leurs bateaux, alors que les vents d’hiver et de printemps soufflent encore. Ils se retrouvent donc dans un genre d’environnement très différent, mais ils doivent pêcher et chasser. C’est une situation sur laquelle nous devons nous pencher.
La bonne nouvelle, c’est que s’il se trouve une unité auxiliaire dans la communauté et que quelqu’un peut quitter la plage et s’éloigner, cette unité devrait pouvoir le faire également. Ici encore, la solution est locale dans un environnement dynamique, ce qui est une excellente chose.
J’ajouterai quelque chose à un autre point que Greg a abordé. La glace devient certainement froide chaque hiver et les choses gèlent au milieu de l’hiver, mais ce n’est pas une glace qui persiste pendant plusieurs années. C’est une glace de première année, qui fond, se rompt et flotte là où il n’y a jamais eu de glace auparavant, parce que les courants et les marées l’emportent. L’Arctique comprend des points d’étranglement habituels; cependant, pour les habitants locaux, la glace est peut-être partie, mais si le vent se lève et persiste pendant quelques jours, toute la glace revient. S’ils s’éloignent de la communauté, la glace peut les empêcher de revenir.
Voilà certains des phénomènes que tout le monde observe et considère comme un nouveau défi.
M. Lick : Je pense avoir aussi indiqué la semaine dernière que depuis deux ou trois ans, on nous a souvent signalé que lorsque nos brise-glaces se rendent dans le Nord et s’approchent d’une communauté, le fait qu’ils brisent la glace cause parfois des problèmes sur les pistes que les habitants utilisent lorsqu’ils vont chasser ou pêcher en motoneiges ou par d’autres moyens sur la glace.
Nous avons donc modifié notre façon de faire pour non seulement aviser les communautés avant d’arriver, mais aussi pour leur demander s’il y a un problème si nous nous rendons à un endroit donné. De façon générale, nous modifions notre trajet pour pouvoir nous rendre ailleurs. Nous devons faire preuve de bien plus de doigté quant aux questions relatives au déglaçage et à la manière dont cette activité doit évoluer parce que les chemins de chasse changent peut-être en raison des changements climatiques.
Nous devons porter davantage attention à cette situation et faire participer les communautés au processus de prise de décisions.
La sénatrice Deacon : Cela a-t-il une incidence sur la manière dont vous orchestrez vos activités? Vous avez parlé plus tôt de passer de trois à quatre, et nous avons discuté de la question des compétences ou de la possibilité d’instaurer un fonctionnement organisationnel ou multinational. Est-ce que de telles dispositions existent?
M. Lick : J’ai traité de la question de l’Arctique; nous ferons en sorte que les habitants du Nord prennent principalement en main, voire dirigent le développement de cette région, ainsi que les activités de recherche et de sauvetage et d’autres services.
Ce n’est pas une pilule difficile à avaler, car je pense que la Garde côtière le comprend depuis bien des années parce qu’elle travaille dans le Nord et est au fait de la situation, mais c’est certainement quelque chose que nous jugeons extrêmement important pour la population en général.
Au chapitre des activités de recherche et de sauvetage, toutefois, nous adhérons à des accords internationaux dans le cadre du Conseil de l’Arctique et du Forum des gardes côtières de l’Arctique afin d’assurer la prestation des services de recherche et de sauvetage. Il semble y avoir fort à faire, cependant, quand vient le temps de collaborer dans l’Arctique, particulièrement en cas de catastrophe maritime d’envergure ou peut-être d’une catastrophe aérienne près de l’eau, auquel cas nous ferions appel à d’autres pays comme ces pays feront appel à nous en cas de besoin.
Une des plus grandes leçons que nous avons tirées de nos années d’activité dans l’Arctique, c’est que de façon générale, les pays admettent qu’ils ne peuvent pas gérer seuls toutes les situations. Nous dépendons parfois les uns des autres pour affronter certaines situations.
M. Garapick : Un changement a été apporté à la Garde côtière auxiliaire. Cinq régions ont été intégrées, dont celle du Québec et celle du Centre et de l’Arctique. Le nom est le même, mais les frontières ont changé.
Au Québec, il y avait, le long du fleuve Saint-Laurent, les zones d’un à cinq. C’est sur cette région qu’on mettait l’accent, mais une sixième zone, celle du Nunavik, s’est maintenant ajoutée. Cette région compte 14 communautés et deux unités auxiliaires. La capacité de formation a toutefois toujours constitué un défi. Comme Greg a indiqué, nous prévoyons qu’il se forme quatre ou peut-être six ou huit autres unités au Nunavik parce que les bateaux et les gens sont là. Il suffit de les mobiliser.
La région est maintenant considérée comme la zone six, dont le directeur est Mark Gordon, un Inuk qui réside à Kuujjuaq. Vous le rencontrerez probablement si vous vous rendez là-bas.
Quatre instructeurs peuvent offrir de la formation au Nunavik. Dans la région du Centre et de l’Arctique, où on a intégré la Garde côtière auxiliaire, les responsables ont admis qu’il s’agit d’une immense région pour eux également. Ils y ont donc affecté un gestionnaire des opérations, qui se trouve à Yellowknife, il me semble. Ils ont également nommé un gestionnaire de la formation à Inuvik. Ce sont deux habitants du Sud qui vivent dans le Nord depuis plus de 20 ans, et à mesure que nous renforçons la capacité des nouvelles unités, nous faisons appel à eux pour participer à la formation et collaborer avec les instructeurs. La Garde côtière auxiliaire évolue et la création de la région de l’Arctique ne se fera pas du jour au lendemain. Les responsables feront ce qu’il faut pour être certain qu’ils prennent les mesures adéquates au moment opportun.
La sénatrice Coyle : Je vous remercie tous les deux de nouveau. Ma question s’adresse à vous deux. Monsieur Garapick, vous avez évoqué le réseau Iridium. Une représentante de ce réseau a témoigné devant le comité et a notamment parlé du Système mondial de détresse et de sécurité en mer, qui correspond à un des acronymes auxquels vous avez fait référence. Vous avez indiqué que ce système offre des services à la fine pointe de la technologie qui sont utiles aux fins de recherche et de sauvetage, particulièrement dans la région éloignée de l’Arctique. Elle nous a expliqué que les responsables de cette initiative ont cherché pendant un certain temps à mobiliser l’Organisation maritime internationale et l’Union internationale des télécommunications en utilisant une application permettant d’offrir le service aux quatre coins du monde, y compris dans l’Arctique canadien. Elle a ajouté qu’il serait utile que des Canadiens prennent la parole, notamment devant l’Organisation maritime internationale, quand nous avons un rôle de premier plan à jouer.
Pourriez-vous nous donner brièvement votre opinion sur le réseau Iridium et nous dire si le gouvernement canadien devrait le promouvoir?
M. Garapick : Je crois que ma réponse sera limitée. Le SMDSM fonctionne dans l’ensemble du réseau mondial. C’est un système mondial et il semble bien fonctionner. Il s’appuie sur les radios, les satellites, et cetera.
L’Arctique représente toujours un défi. Le Canada fait partie du Forum des gardes côtières de l’Arctique, qui compte huit nations, et je joue un rôle à titre de spécialiste en recherche et sauvetage. Nous sommes tous confrontés aux mêmes défis.
Je ne suis pas très au courant de tout ce qu’elle a dit dans son témoignage, mais comme nous l’avons dit, compte tenu des changements technologiques, il est toujours possible d’accroître ou d’améliorer les communications dans l’Arctique. Je vais attendre de voir quelles seront les répercussions, mais à l’heure actuelle, comme je l’ai mentionné, InReach est une solution locale et c’est sur ce produit que j’axe mes efforts pour changer la donne.
M. Lick : J’ajouterais peut-être quelque chose à ce sujet. Le témoin auquel vous faites référence parlait, la dernière fois, de la façon dont le réseau Iridium serait lié au SMDSM. Du point de vue d’un agent de recherche et sauvetage, je pense qu’il est bon d’avoir plus d’équipement sur le terrain capable de communiquer dans un système qui nous avertit de façon plus efficace. Pour ce qui est de savoir si cela satisfait à toutes les exigences, ce que l’Organisation maritime internationale et les sous-comités spéciaux doivent déterminer, de sorte qu’il s’intègre bien au SMDSM, selon les normes — et il y a des normes très rigoureuses à cet égard —, je ne peux le dire. Il appartient au comité de le déterminer. Je pense que le témoin a dit que cela satisfaisait aux exigences.
Du point de vue d’un agent, de Peter et moi et sur le plan du système de recherche et de sauvetage, c’est probablement une bonne idée de permettre à un plus grand nombre de gens d’avoir accès à un système d’alerte — pourvu que les normes soient respectées. Je crois que c’est tout ce que je dirais à cet égard.
Le sénateur Christmas : Monsieur Lick, la Garde côtière a-t-elle déjà envisagé d’utiliser des drones équipés de la technologie infrarouge à balayage frontal sur ses navires?
M. Lick : Absolument. Nous sommes en train d’évaluer des UAV, UAS, ou peu importe l’acronyme qu’on utilise de nos jours, qui change constamment. Il est beaucoup plus facile de dire « drones ». La technologie des drones est tout à fait avantageuse aujourd’hui; elle peut nous aider à voir ce qui se passe plus loin, particulièrement pendant la nuit et dans des situations plus dangereuses.
Nous sommes en train d’évaluer la technologie infrarouge à balayage frontal pour certains de nos navires — pas nécessairement des drones en tant que tels, mais il s’agit d’être capable de voir lorsqu’une situation survient et d’être en mesure de chercher des gens dans l’eau. La technologie infrarouge à balayage frontal, qui est la technologie infrarouge de détection de la chaleur pour d’autres, est un moyen logique dans le monde de trouver des gens dans l’eau, plus que toute autre chose. Il existe un ensemble de technologies. Parce que la technologie des drones évolue rapidement, nous voyons les avantages qu’elle présente. Nous l’avons évaluée dans de nombreux contextes, comme dans des opérations de recherche et sauvetage, l’intervention environnementale, de même que la surveillance des glaces. Or, dans l’Arctique, dont nous parlons aujourd’hui, la capacité de traverser de vastes régions à l’aide d’une technologie qui se déplace dans les airs, et ce, très rapidement, constitue un avantage absolu en recherche et sauvetage.
Le sénateur Christmas : Concernant le centre de SCTM à Iqaluit, je présume que les gens qui y travaillent ont des connaissances de la langue inuite également.
M. Garapick : Non. Le centre a été établi là-bas en 1993. On appelle cela NORDREG, le Système de trafic de l’Arctique canadien. C’est le règlement dans le Nord canadien pour Transports Canada. Il s’agit d’un centre de services de communication et de trafic.
En 1993, ils ont dû trouver des gens qui iraient travailler là-bas six mois pendant l’année, durant l’été, et qui passeraient l’hiver au Sud. Il semble que certaines de ces personnes qui ont commencé à y travailler en 1993 y sont toujours. Ils ont fait l’essai d’un service en inuktitut et il a duré deux ou trois ans. C’est encore dans notre mire.
Comme l’a mentionné Greg, nous ajoutons une personne à cette équipe pour renforcer les capacités. Nous continuons de travailler avec les membres de la collectivité. Nous voulons déterminer comment nous pouvons envisager de fournir ce service, et comment nous pouvons travailler. La mesure importante que nous prenons présentement pour le programme d’embarcation de sauvetage côtier, c’est que nous avons six étudiants inuits — j’ai vu deux étudiants inuits — qui parlent l’inuktitut aussi. C’est une question à examiner. Il faut souligner que l’inuktitut de la région de Baffin est un peu différent de celui de la région des Inuvialuit et du Nunavut. Il nous a fallu garder cela à l’esprit également.
M. Lick : D’où l’idée que si les habitants du Nord nous aident à prendre des décisions et des décisions principales, cela nous aidera à déterminer si nous avons besoin d’autres capacités linguistiques. C’est justement une question qui nécessite l’influence du Nord. À mesure que les gens examinent davantage les services qui sont fournis dans le Nord, ils prendront des décisions eux-mêmes, avec nous, quant à la façon de fournir ces services.
Le sénateur Christmas : Comme on l’a mentionné, les communications sont essentielles dans les opérations de recherche et sauvetage. Si les gens qui sont secourus ne peuvent pas se faire comprendre dans leur langue, alors nous avons un grave problème.
Le président : Je veux remercier nos témoins.
Encore une fois, monsieur Lick, je vous souhaite une excellente retraite. Je suis sûr que ce n’est pas la dernière fois que nous vous parlons. À un moment donné, compte tenu de vos compétences, nous pourrions devoir vous appeler souvent pour obtenir des conseils.
Le Nord représente sans nul doute un défi pour nous tous, mais je crois qu’en collaborant en tant que membres du comité, avec les fonctionnaires ainsi qu’avec les gens du Nord, surtout, nous pouvons trouver des solutions à une partie des problèmes liés aux opérations de recherche et sauvetage qui nous ont été signalés. Nous sommes impatients de nous rendre dans le Nord à la fin de mai. Pour ma part, il s’agira de mon premier voyage là-bas. Je suis sûr que c’est également le cas d’autres sénateurs. Ce sera un voyage révélateur.
Une fois de plus, je vous remercie d’être venus comparaître ce matin.
(La séance est levée.)