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POFO - Comité permanent

Pêches et océans

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule 11 - Témoignages du 27 novembre 2012


OTTAWA, le mardi 27 novembre 2012

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 17 h 10, pour poursuivre son étude de la pêche au homard au Canada atlantique et au Québec.

Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Je suis heureux de vous accueillir tous à cette réunion du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans.

Je m'appelle Fabian Manning et je suis un sénateur de Terre-Neuve-et-Labrador et le président du comité. Avant d'inviter les témoins à faire leur déclaration préliminaire, j'aimerais demander aux membres du comité de se présenter.

Le sénateur Unger : Je suis Betty Unger, d'Edmonton en Alberta. J'ai hâte d'entendre votre intervention.

[Français]

Le sénateur Poirier : Bonjour, je m'appelle Rose-May Poirier, sénateur de Saint-Louis-de-Kent, Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur McInnis : Sénateur Tom McInnis, de la Nouvelle-Écosse, sur la côte Est.

Le sénateur Raine : Sénateur Nancy Green Raine, de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Oliver : Sénateur Don Oliver, de la côte sud de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Watt : Sénateur Charlie Watt, du Nunavik.

Le sénateur Hubley : Sénateur Elizabeth Hubley, de l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur Harb : Sénateur Mac Harb, de l'Ontario.

Le sénateur MacDonald : Sénateur Michael MacDonald, de la Nouvelle-Écosse.

Le président : Merci, mesdames et messieurs les sénateurs.

Le comité poursuit son étude de la pêche au homard au Canada atlantique et au Québec. Nous avons le plaisir d'entendre aujourd'hui des hauts fonctionnaires de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique s'exprimer sur une question soulevée récemment par le gouvernement fédéral portant sur la pêche du homard et sur toute autre question que les membres du comité souhaiteraient poser aux invités.

Au nom des membres du comité, je vous remercie d'être ici aujourd'hui. Je vous demande de vous présenter et je crois comprendre que vous allez faire une déclaration préliminaire et que vous avez aussi une présentation PowerPoint. La parole est à vous.

Daryell Nowlan, vice-président principal intérimaire, Agence de promotion économique du Canada atlantique : Bonsoir, mesdames et messieurs. Merci beaucoup de votre invitation. C'est un plaisir d'être ici. Je m'appelle Daryell Nowlan. Je suis vice-président principal de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique dont le siège est à Moncton.

[Français]

Wade AuCoin, directeur général, Développement des collectivités, Agence de promotion économique du Canada atlantique : Bonjour, et merci de l'occasion que vous nous donnez de vous parler de ce que nous avons accompli avec l'industrie du homard. Je m'appelle Wade AuCoin et je suis directeur général du Développement des collectivités au siège social de l'APECA.

[Traduction]

Le président : Merci beaucoup.

M. Nowlan : Je vous remercie encore une fois de nous avoir invités aujourd'hui. Je crois que je commencerai par une déclaration préliminaire pour contextualiser un peu le travail que nous avons fait au Canada atlantique. Je passerai ensuite le relais à M. AuCoin qui vous fournira un peu plus de détails sur les initiatives mises sur pied dans le cadre du Fonds d'adaptation des collectivités pour venir en aide à l'industrie du homard.

Pour ceux d'entre vous qui ne savent pas ce que nous faisons, l'APECA est une agence de développement économique dont le mandat est d'appuyer la vitalité et la croissance économiques des entreprises et des collectivités du Canada atlantique. Notre mandat est axé sur trois grands secteurs d'activité. Le premier est le développement des entreprises. Nous travaillons avec les petites et moyennes entreprises en mettant l'accent sur la productivité, la croissance, l'innovation, la commercialisation, le commerce international ou les exportations. Le deuxième secteur d'activité est le développement des collectivités, qui est la principale responsabilité de M. AuCoin. Nous travaillons avec les collectivités et les organisations locales à but non lucratif pour créer un environnement favorable à l'expansion des entreprises et des collectivités.

Finalement, le dernier secteur d'activité couvre les politiques, la défense des intérêts et la coordination. Il est unique en ce sens qu'une agence régionale fait des analyses économiques, mais nous défendons aussi les intérêts de la région pour veiller à ce que les points de vue, les réflexions et les enjeux du Canada atlantique soient pris en compte dans le processus décisionnel du gouvernement fédéral. Nous jouons aussi un rôle de coordination pour les ministères fédéraux dans la région, surtout en ce qui touche le développement économique.

Notre objectif est vraiment le développement économique de la région, notamment par le développement des petites et moyennes entreprises. C'est vraiment notre objectif ultime. Ainsi, nous reconnaissons la place essentielle de la pêche dans l'économie de l'Atlantique et plus précisément la pêche au homard. Ayant grandi à l'Île-du-Prince-Édouard, j'ai pu mesurer l'importance de la pêche au homard pour l'économie locale; les sénateurs du Canada atlantique peuvent confirmer cette importance.

Comme d'autres témoins vous l'ont dit, le Canada atlantique compte 10 000 entreprises de pêche au homard titulaires de permis et qui emploient près de 30 000 personnes. En 2011, les débarquements commerciaux de homard ont été évalués à environ 460 millions de dollars et les exportations ont totalisé plus de 940 millions de dollars. C'est énorme. Toutefois, en 2008, les pêches ont été touchées par le ralentissement économique aux États-Unis comme la plupart des autres secteurs de l'économie. Un ralentissement qui s'est étendu au Canada et dans le monde. La chute du prix du homard a vraiment commencé à avoir une incidence négative sur le secteur de la pêche.

En 2009, dans le cadre du Plan d'action économique, le gouvernement du Canada a annoncé une initiative de 10 millions de dollars visant à améliorer la commercialisation, à favoriser l'innovation et à mettre au point de nouveaux produits et de nouvelles technologies pour l'industrie du homard de l'est du Canada, dans le cadre d'un programme appelé le Fonds d'adaptation des collectivités, que nous appellerons le FAC. Ce fonds visait précisément les collectivités les plus durement touchées par le ralentissement économique, en particulier les collectivités rurales et isolées.

Pour l'APECA, cela voulait dire que des 10 millions de dollars destinés à l'industrie du homard de l'est du Canada, huit étaient pour le Canada atlantique et deux pour le Québec. Ces 2 millions de dollars ont été versés par l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec qui est l'agence responsable du Québec et l'homologue de l'APECA. Nous avons collaboré étroitement avec le ministère des Pêches et des Océans, d'autres ministères fédéraux et des acteurs locaux, notamment les pêcheurs, à l'élaboration de ce programme.

Cette mesure visait à maximiser le potentiel de l'industrie du homard pour l'aider à se remettre de la crise. Nous avons aussi collaboré avec des organismes tels que le Conseil canadien du homard, dont des représentants ont comparu au comité, des gouvernements provinciaux et avec nos bureaux régionaux situés aux quatre coins du Canada atlantique.

En ce qui a trait à l'élaboration des projets, M. AuCoin en parlera dans un instant, nous avons collaboré étroitement avec le ministère des Pêches et des Océans afin de nous assurer que les projets qui nous sont présentés soient conformes aux lignes directrices et aux stratégies établies par le MPO pour le secteur de la pêche au homard, et afin de veiller à ce que nos efforts visent toujours les objectifs globaux de l'industrie du homard. Lorsque le projet présenté était jugé satisfaisant sur le plan stratégique, nous en recommandions l'approbation au ministre en vue de sa réalisation au Canada atlantique. M. AuCoin fournira de plus amples détails sur l'initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités.

Avant d'en arriver là, je voudrais dire que le travail que nous faisons avec l'industrie du homard va bien au-delà de cette initiative. Je le répète, depuis sa création à la fin des années 1980, l'APECA a continuellement axé ses efforts dans le domaine de la pêche au homard compte tenu de l'importance de cette pêche au Canada atlantique et dans l'ensemble de l'industrie de la pêche. Nous avons financé divers programmes et nous en parlerons un peu aujourd'hui.

Tous nos programmes sont adaptés en fonction des changements économiques comme ceux qui ont accompagné la récession début 2008-2009. Nous croyons que la viabilité et la réussite à long terme de la pêche au homard reposent sur la productivité accrue, le développement de produits, la R-D et l'innovation, ainsi que sur le soutien accordé au secteur pour qu'il s'adapte à la nouvelle réalité; une nouvelle réalité dont, je le sais, beaucoup de personnes vous ont parlé.

Le développement du commerce international et la recherche de nouveaux marchés de commercialisation de nos homards constituent l'un de nos principaux secteurs d'activité. Comme vous le dira M. AuCoin, beaucoup d'efforts ont été entrepris en Chine. Les exportations de homards du Canada atlantique vers la Chine ont augmenté exponentiellement. Elles sont passées de quelque 4 millions de dollars il y a quelques années à près de 25 millions de dollars. Non pas que l'APECA s'en attribue tout le mérite, mais nous aimerions croire que notre contribution à l'ouverture de ces marchés et à la pénétration de notre industrie dans un certain nombre de ces marchés a été significative.

Nous estimons avoir été un partenaire de poids pour l'industrie du homard, et ce partenariat continuera d'exister grâce au soutien offert par tous nos programmes, notamment la récente initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités. Nous espérons pouvoir continuer à assister à la croissance et aux changements survenus ces deux dernières années et qui sont le fruit de nos interventions et d'un changement de mentalité et d'engagement de la part des pêcheurs de homard; je suis sûr que d'autres témoins vous en ont fait part.

Après cette description du mandat de l'APECA, je cède la parole à M. AuCoin qui expliquera en détail nos réalisations dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités.

M. AuCoin : Dans mon exposé, je présente de façon plus approfondie le type de programmes que nous offrons généralement à tous les secteurs, notamment celui des pêches et je parlerai plus précisément de nos réalisations dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités.

Il y a environ 15 ans que je suis à l'APECA. J'ai eu la possibilité de participer à cette initiative pratiquement dès le début. Pour ma part, je considère comme un vrai privilège le fait d'y avoir participé, car nous avions le sentiment d'apporter quelque chose de nouveau au secteur. J'ai, moi aussi, grandi dans un petit village de Chéticamp, une région rurale du Cap-Breton. Bien évidemment, je me suis rendu compte de l'importance et des besoins de l'industrie.

Je commence par les principaux programmes de l'APECA. M. Nowlan a parlé du développement des entreprises qui est une de nos activités principales. Le Programme de développement des entreprises, qui est l'élément essentiel de ce secteur d'activité, fournit une contribution pour des projets tels que la mise sur pied et l'agrandissement d'une entreprise ainsi que l'amélioration de la productivité. Les PME ont accès à des contributions remboursables. Les organisations sans but lucratif sont admissibles à une aide non remboursable. Dans le cadre du Programme de développement des entreprises, nous dépensons 100 millions de dollars par année. L'aide financière moyenne s'élève à environ 190 000 $; 58 p. 100 de cette aide sont destinés aux projets commerciaux et 42 p. 100 aux projets non commerciaux. Je décrirai, pour chaque programme, ce que nous avons fait pour aider l'industrie du homard. Évidemment, nous avons aussi fait beaucoup d'autres choses.

Nova Cold Consolidated Limited est le projet dont je vais parler en premier dans le cadre du Programme de développement des entreprises. L'APECA a fourni une aide d'environ 400 000 $ pour contribuer à l'établissement d'un centre moderne de logistique de la chaîne du froid dont le coût total est de 9 millions de dollars. Ce centre est doté de la toute dernière technologie d'entreposage et de manipulation sous froid. Vous avez sans doute entendu beaucoup de personnes parler de ce type de technologie et de son importance pour l'industrie. Ce projet a été approuvé alors que la Municipalité régionale d'Halifax étudiait l'initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités. Le projet n'était donc pas admissible au Fonds d'adaptation des collectivités. Il était quand même suffisamment important pour être mis en œuvre, ce que nous avons fait dans le cadre de notre programme ordinaire.

Sur le plan de l'innovation, notre programme principal est le Fonds d'innovation de l'Atlantique, ou le FIA. Ce programme soutient la R-D menant à la commercialisation d'innovations axées sur la technologie. Les objectifs principaux du FIA sont d'accroître les activités d'innovation et de R-D et de renforcer la capacité à cet égard qui mène à l'élaboration de technologies, de produits, de procédés et de services qui stimulent la croissance économique dans le Canada atlantique. Depuis 2001, l'APECA a annoncé des investissements totalisant près de 758 millions de dollars dans 301 projets. Je vous donne l'exemple d'un projet financé par l'entremise du FIA; il s'agit de Lotek Wireless Inc. situé à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador. Le coût total du projet était de 4,4 millions de dollars, et le soutien financier de l'APECA dans le cadre du FIA était de l'ordre de 2,8 millions. Ce projet visait à aider le client à concevoir un marqueur détecteur de température et de profondeur petit et léger dans le but d'aider les chercheurs en gestion des pêches à suivre diverses espèces et à comprendre leurs habitudes migratoires. Vous avez également eu des discussions concernant cet aspect de la pêche.

Je vais passer à une autre diapositive et parler de la promotion du commerce extérieur avant d'aborder le Fonds des collectivités innovatrices, ou le FCI. La promotion du commerce extérieur est encore en lien avec le développement des entreprises. Nous avons une gamme d'initiatives dans cette catégorie qui s'arriment aux priorités du gouvernement du Canada, dont la stratégie commerciale mondiale qui nous aide à pénétrer les marchés émergents du Brésil, de la Chine et de l'Inde. Nous adoptons une approche plus intégrée en ce qui a trait au commerce. Nous mettons l'accent sur la promotion des exportations, la recherche d'investissements, la commercialisation de la technologie et la sensibilisation. Nous avons une entente avec le gouvernement fédéral et quatre gouvernements provinciaux, soit l'entente sur la promotion du commerce extérieur. Nous avons un groupe de travail commun avec des représentants des divers gouvernements et des diverses parties intéressées de l'industrie en ce qui concerne divers secteurs de l'économie. Nous déterminons les priorités que nous financerons en vue de soutenir le développement du commerce extérieur au sein de ces secteurs.

J'ai donné certains exemples, mais il y en a bien d'autres, y compris le Salon international des produits de la mer de Boston. Certains d'entre vous ont peut-être pris part à certaines missions que nous avons financées. Deux exemples récents portent sur le homard. Nous avons financé une mission commerciale à Miami. Ce n'était rien de colossal; nous avons investi 40 000 $ pour enseigner à de grands chefs cuisiniers à Miami comment introduire les moules et le homard dans leur menu de façon non traditionnelle. Grâce à l'effet d'entraînement dans les médias locaux, certains magazines en ont parlé, ce qui était excellent.

Je mentionne également la mission commerciale en Chine; c'est un nouveau projet qui met à profit certains éléments que nous avons faits dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick. L'initiative cible 20 entreprises des produits de la mer du Canada atlantique. Forts des succès des premiers projets dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, nous sommes persuadés que ces entreprises connaîtront une croissance.

Je vais revenir à la diapositive que j'ai passée concernant le développement économique des collectivités, soit le dossier dont je m'occupe principalement. Le programme clé est le Fonds des collectivités novatrices, et nous ciblons des secteurs précis en vue de soutenir des régions principalement rurales. Nous avons fait des investissements totalisant environ 280 millions de dollars dans 803 projets depuis janvier 2006, et nous avons suscité l'investissement d'une somme supplémentaire de 614 millions provenant d'autres partenaires. Nous avons choisi de souligner un projet que nous avons mené en collaboration avec le Conseil canadien du homard pour tirer parti de certains éléments que nous avions faits dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC. Le projet met l'accent sur la mise en oeuvre de la stratégie de commercialisation que nous avons financée dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC et à laquelle ont fait référence les deux représentants du Conseil canadien du homard lorsqu'ils vous ont rencontrés en compagnie de M. Michael Gardner lorsqu'il était ici la semaine dernière. L'étude qu'il a réalisée fait partie de son entreprise.

Je vais maintenant aborder plus précisément l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, mais avant, j'aimerais vous donner un peu de contexte. Comme M. Nowlan l'a mentionné, dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, nous devions nous conformer à la politique en matière de pêches de l'organisme. Cette politique a été élaborée au début des années 1990, lorsque les stocks de poissons de fond ont chuté, et nous savions, en tant qu'organisme du gouvernement fédéral, que nous ne pouvions rien faire qui exercerait une pression supplémentaire sur la ressource. Voilà pourquoi nous avons plutôt mis l'accent sur les initiatives axées sur l'amélioration de la productivité en vue de promouvoir la viabilité à long terme de l'industrie. M. Nowlan a également mentionné la R-D, la valeur ajoutée et le développement des marchés, et ce, en ayant toujours à l'esprit de ne pas exercer une pression supplémentaire sur les stocks.

La huitième diapositive détaille le soutien global accordé aux divers secteurs des pêches au Canada atlantique. La première colonne exprime la somme totale depuis le début; la deuxième, la somme des trois dernières années. Cette colonne ne comprend pas le FAC. Il s'agit principalement des programmes réguliers que nous avons eus au cours de cette période. On entend par « depuis le début » ce qui a été fait depuis 1987. Nous avons inscrit les données pour l'aquaculture, la transformation des fruits de mer et la pêche, soit les trois principales catégories du système de classification de l'industrie.

Nous avons également la catégorie « Autres ». Une courte note de bas de page explique cette catégorie fourre-tout. Il s'agit de financement qui a été accordé à divers groupes ou associations qui représentent l'industrie de la pêche, mais qui n'entre pas dans les trois grandes catégories. Cela peut inclure des études, des congrès ou d'autres évènements que nous avons financés.

Passons maintenant au FAC. Comme M. Nowlan l'a mentionné, l'annonce concernant le FAC a été faite en janvier 2009 par le gouvernement en réaction au ralentissement économique de 2008. Le FAC s'inscrivait dans le Plan d'action économique. Son objectif était la création d'emplois et d'occasions d'emploi dans les collectivités touchées par la récession mondiale. Il s'agissait d'un programme de deux ans, ce qui était très court, prenant fin le 31 mars 2011. Encore une fois, l'annonce a été faite en janvier. Avant que le tout soit approuvé par le Cabinet et le Conseil du Trésor, un certain temps s'était déjà écoulé, ce qui a forcé l'APECA et les parties intéressées de l'industrie à élaborer rapidement des propositions.

Au Canada atlantique, c'est l'APECA qui administrait le FAC. Il s'agissait d'un programme d'un milliard de dollars sur deux ans, et nos fonds pour ces deux ans étaient d'environ 100 millions de dollars.

Les projets dans le cadre du FAC devaient représenter de nouvelles activités, pouvoir être entrepris rapidement et prendre fin au plus tard le 31 mars 2011. Lors de l'examen des demandes de projet reçues, la priorité a été accordée aux projets qui généraient des emplois immédiats; créaient le plus d'emplois à court terme pour chaque dollar investi par le gouvernement fédéral; favorisaient l'obtention de fonds additionnels des gouvernements provinciaux; misaient sur des accords de partenariat déjà en place; et produisaient des retombées économiques et écologiques à plus long terme. Il s'agissait d'un élément important de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC. Vous verrez que nous avons financé un certain nombre d'études en matière de développement durable.

Il y a une petite particularité que j'ai mentionnée plus tôt : la Municipalité régionale d'Halifax n'était pas admissible au FAC, parce que le fonds avait notamment comme critères que seules les collectivités de moins de 250 000 personnes y étaient admissibles. Nous voulions mettre l'accent sur les petites collectivités qui étaient plus directement touchées par les répercussions du ralentissement économique. Ce critère s'applique non seulement au Canada atlantique, mais aussi dans le reste du Canada; bref, toute collectivité de plus de 250 000 personnes n'était pas admissible au FAC.

Le 22 mai 2009, le gouvernement du Canada a annoncé l'Initiative pour l'industrie du homard des provinces atlantiques du Canada. Comme M. Nowlan l'a mentionné, 10 millions de dollars allaient être investis sur deux ans au Canada atlantique et au Québec. L'APECA a reçu huit millions de dollars, et l'ADECRQ, l'organisme homologue pour le Québec, en a reçu deux.

Au Canada atlantique, nous avons administré les huit millions provenant de l'initiative. Les projets commerciaux ont été appuyés par l'entremise du programme de développement des entreprises; les projets non commerciaux, par l'entremise du FCI. Nous nous sommes servis plus ou moins des mêmes critères que dans le cadre de nos programmes réguliers. Un financement remboursable a été accordé aux entreprises. L'aide remboursable peut atteindre normalement jusqu'à 50 p. 100 des coûts d'immobilisations et jusqu'à 75 p. 100 des autres coûts. Dans le cas d'un soutien non remboursable, l'aide peut aller jusqu'à 80 p. 100 des coûts admissibles.

Je sais qu'il y a deux ou trois semaines, le président du Conseil canadien du homard, Leonard Leblanc, a soulevé un enjeu concernant le « cumul », c'est-à-dire l'ensemble du financement disponible auprès du gouvernement fédéral et des autres ordres de gouvernement.

Les règles très strictes du Conseil du Trésor nous obligent à ne pas dépasser 100 p. 100 des coûts lorsque nous examinons l'ensemble du financement gouvernemental obtenu. Qui plus est, en ce qui concerne le financement fédéral, nous ne pouvons pas excéder 90 p. 100 des coûts sans d'abord obtenir l'approbation du ministre. Je peux vous dire que dans certains projets dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, en particulier les projets de développement durable, nous avons eu recours à cette exemption ministérielle pour aller au-delà du 90 p. 100, parce que nous savions que bon nombre de ces petits groupes n'avaient pas les moyens de financer de tels projets. Dans bien des cas, nous nous sommes en fait servis de la latitude que nous avions grâce au cumul pour nous assurer de la réalisation des projets.

Dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, les types de projets admissibles comprenaient les campagnes de marketing; la mise en oeuvre de mesures d'amélioration de la qualité; les études de marché et les stratégies de mise en marché pour l'ensemble de l'industrie; l'innovation et la conception de nouveaux produits et de nouvelles technologies; et les projets stratégiques en vue de stimuler l'activité économique de la région. Comme je l'ai dit plus tôt, les projets devaient vraiment se conformer à la politique de l'APECA sur la transformation du poisson, à savoir que nous devons consulter le ministère des Pêches et des Océans pour nous assurer que ce que nous faisons est conforme à l'approche de gestion du ministère.

Nous avons beaucoup parlé du MPO, mais dans la grande famille du gouvernement fédéral nous consultons également Agriculture et Agroalimentaire Canada, particulièrement lorsqu'il est question de projets de développement du commerce extérieur, parce qu'au sein du gouvernement fédéral, c'est Agriculture et Agroalimentaire Canada qui a le mandat d'assurer la promotion sur les marchés internationaux des aliments en général, ce qui inclut les produits de la mer. Dans bien des cas, nous avons dû trouver les bonnes personnes à Agriculture et Agroalimentaire Canada pour savoir si nous faisions les bonnes choses.

J'aimerais mentionner un autre élément concernant le FAC et l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC. L'APECA n'a pas eu besoin d'engager d'autres personnes pour administrer le financement; nous avons utilisé les ressources existantes. Par contre, nous avons tout de même dû réaffecter des gens au sein de l'organisme pour nous aider à y arriver. En ce qui a trait à l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, nous avons fait venir un employé de notre bureau de l'Île-du-Prince-Édouard à notre bureau principal pour nous aider à coordonner cette initiative. Cela nous a été d'une valeur inestimable, parce qu'il s'agissait d'une nouvelle initiative et que cela nécessitait beaucoup de coordination.

Pour ce qui est des détails concernant l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, nous avons approuvé 27 projets qui représentaient des investissements de l'ordre de sept millions de dollars. Le coût total des projets était de 11,6 millions.

Il y a une note de bas de page qui explique une certaine contradiction dans les chiffres. Il y a environ deux ans, j'étais à l'Île-du-Prince-Édouard pour une annonce sur l'ensemble de nos projets. La ministre Shea, qui était ministre des Pêches à l'époque, a fait cette annonce. À ce moment, nous avons annoncé que nous avions 29 projets qui représentaient des investissements de l'ordre de 7,9 millions. Il s'agissait des données que nous avions à l'époque, mais à mesure que l'échéance du 31 mars 2011 approchait, nous avons dû annuler un projet, parce qu'il aurait pris trop de temps à se concrétiser. Par contre, l'autre projet concernait un client commercial, et nous considérions que le projet était trop important pour l'annuler. Nous l'avons donc financé à même notre programme de développement des entreprises.

Dans l'ensemble, nos investissements ont frôlé huit millions de dollars, même si ce soutien financier ne provenait pas précisément des fonds de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC qui devaient être dépensés durant la période ferme de deux ans.

Si nous divisons le tout en quatre catégories de projets, vous aurez une meilleure idée de ce que nous avons réellement fait. Il y a quatre grandes catégories : le développement du commerce extérieur; le développement durable; l'innovation; et la recherche. En ce qui concerne le développement du commerce extérieur, l'APECA a investi environ 2,7 millions dans 10 projets. Le coût total des projets était d'environ 3,9 millions.

J'ai donné quelques exemples de projets. Il y a la Lobster Academy, soit la mise sur pied d'un institut de formation. Je crois que les représentants du Conseil canadien du homard vous en ont parlé lors de leur passage au comité il y a quelque temps. Nous avons également financé la stratégie à long terme dont il a été question plus tôt.

Le dernier exemple est le projet pilote de traçabilité dont je crois que Stewart Lamont a parlé lorsqu'il a témoigné devant le comité. J'ai participé activement au projet. C'était un projet très intéressant, et je considérais comme très important, voire révolutionnaire, de mettre en place une technologie qui permettrait de suivre le parcours du homard de sa pêche à sa consommation.

Cependant, le projet était quelque peu controversé, et ce n'est pas tout le monde au sein de l'industrie — pas même les gouvernements provinciaux — qui était d'accord avec les divers aspects du projet. Nous avons dû convoquer un groupe de travail un dimanche au beau milieu de la saison du homard pour que les associations de pêcheurs puissent avoir leur mot à dire. Lors de cette rencontre, nous en sommes arrivés à un consensus sur le projet. Nous avons constaté une bonne participation dans la région, mais j'ai été ravi d'entendre que M. Lamont, à savoir une personne qui jouit d'une excellente réputation au sein de l'industrie, utilise le système pour commercialiser son produit sur les marchés internationaux.

La prochaine catégorie sur laquelle nous avons mis l'accent concerne les projets de développement durable. Nous en avons financé une dizaine. Ces projets étaient financés par l'APECA en collaboration avec des associations de pêcheurs de homard de diverses zones de pêche. Les représentants de l'industrie devaient se servir des plans en vue de présenter une demande de financement auprès du MPO relativement au programme de mesures de durabilité pour l'industrie du homard, ce que des représentants du MPO vous ont expliqué. Ensuite, les responsables devaient mettre en oeuvre ces plans avec les options et les mesures de restructuration qui avaient été déterminées dans chacun des plans.

L'APECA a financé bon nombre de plans. Je crois que les représentants du MPO ont dit qu'il y en avait eu 17, et nous en avons financé une dizaine. Vous pouvez voir des exemples de plans que nous avons financés, mais il y a eu des plans très intéressants avec des groupes autochtones, par exemple, au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard. Un plan englobait des groupes autochtones du Nouveau-Brunswick et du Québec, dans le nord du Nouveau-Brunswick.

Nous avons mis en oeuvre des projets d'innovation; il y en a quatre, dont deux à l'Île-du-Prince-Édouard. L'un d'entre eux est lié aux produits; l'autre, aux processus. Cela a entraîné la mise en place de nouveaux processus par diverses entreprises de l'industrie. L'exemple que j'ai choisi de souligner est celui d'Aqualife North America. Beaucoup de gens de l'industrie ont le sentiment qu'il s'agit là d'un investissement qui a changé la donne. Avec une entreprise du secteur privé, nous avons travaillé à la création d'une nouvelle technologie permettant l'expédition par bateau du homard vivant vers les marchés étrangers, principalement le marché européen.

Dans ce cas, nous avons vu une bonne implantation, mais cela s'est probablement fait plus lentement que prévu. Cependant, beaucoup de tests sont réalisés et nous voyons au moins des résultats pour ce projet.

Enfin, il y avait seulement trois projets de recherche, mais le plus important est celui que nous avons mené à Terre-Neuve-et-Labrador avec le Fishermen's Resource Centre de la FFAW-TCA, qui visait à appuyer la recherche et la collecte de données pour mesurer l'incidence des mesures de conservation mises en oeuvre dans l'industrie. Le tableau de la diapositive no 17 donne un aperçu de ce que j'ai décrit dans les diapositives précédentes.

Dans le cadre de l'Initiative pour l'industrie du homard du FAC, un des éléments clés que nous avons étudiés est l'effet de levier. Les sept millions de dollars investis ont permis d'aller chercher 4,6 millions de dollars supplémentaires. C'est légèrement en deçà de notre objectif pour l'ensemble du programme du FAC, mais étant donné la conjoncture difficile dans l'industrie pendant cette période, nous croyons que ce sont là d'assez bons résultats pour cette initiative. Nous avons terminé 27 projets et nous avons mis en oeuvre un projet de commercialisation.

Pour ce qui est des résultats pour des projets précis, j'ai choisi d'en souligner quelques-uns. L'un d'entre eux est le projet de Flavorful Foods, qui a commencé à l'île du Cap-Breton, mais dans le cadre duquel une délégation de gens du Canada atlantique ont fait une tournée en bateau dans des ports d'escale internationaux — il y en a eu cinq, je crois — pour y faire la promotion du homard. Dix-huit entreprises ont participé au projet. Nous avons observé un accroissement estimatif des ventes de 2,1 millions de dollars en 2011 et de 5,2 millions de dollars supplémentaires au cours des deux années subséquentes.

Deux autres projets ont aussi donné des résultats intéressants. Le premier est l'aide fournie à la société Cape Bald Packers, au Nouveau-Brunswick, en vue de l'achat d'équipement pour réduire la consommation d'eau à l'usine. Cape Bald Packers voulait avoir une usine de traitement qui lui permettrait de réduire la consommation d'eau douce et la production d'eaux usées. Grâce au projet, l'entreprise a pu y parvenir et la municipalité de Cap-Pelé, au sud-est du Nouveau-Brunswick, a été en mesure de réduire de 15 p. 100 l'agrandissement prévu de son bassin d'épandage, ce qui représente une économie d'un à 1,5 million de dollars pour la réalisation du projet.

Enfin, nous avons financé un projet plutôt important du ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick lié à la commercialisation du homard du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard. Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard a aussi participé au projet, pour le marché chinois. Il y a eu deux missions, une en 2009 et l'autre, en 2010. Sept entreprises ont participé et vous pouvez voir les résultats sur la diapositive. Les ventes sont passées de 240 000 $ en 2009 à 3 millions en 2010. Cela démontre la tendance globale au sujet de l'augmentation des ventes à la Chine dont M. Nowlan a parlé. Lorsqu'on inclut Hong Kong, ce chiffre a atteint près de 40 millions de dollars en 2011.

Cette initiative nous a permis de tirer diverses leçons. Nous en avons informé le personnel de l'agence et d'autres partenaires vers la fin du projet. Avant de travailler dans le développement communautaire, j'étais dans le secteur des politiques. J'ai travaillé à plusieurs initiatives de restructuration, mais j'ai trouvé que beaucoup de ces initiatives éloignaient les collectivités ou les gens d'une industrie donnée. Lorsqu'il y avait un ralentissement dans le secteur de la foresterie, on essayait d'inciter les gens à se tourner vers un autre secteur d'activité économique. J'ai toujours pensé que l'on pourrait aussi bien avoir cette diversification au sein de l'industrie, et c'est pourquoi je me considère très privilégié d'avoir participé à cette initiative. Nous avons été capables de nous concentrer sur des initiatives de diversification au sein de l'industrie du homard. Je crois donc qu'il s'agit là d'un bon exemple de ce genre de diversification.

Une autre leçon que nous avons apprise, c'est qu'il s'agit d'une industrie très complexe où l'on trouve toutes sortes de problèmes et d'intérêts particuliers, comme beaucoup de témoins vous l'ont indiqué jusqu'à maintenant. Pour nous, cela a eu deux ou trois conséquences. Nous avions besoin d'un personnel dévoué, comme je l'ai mentionné, nous sommes allés chercher des gens dans nos bureaux régionaux. Cependant, cela voulait aussi dire que dans certains cas, nous avions affaire à de nouveaux groupes qui n'avaient pas vraiment eu de contacts fréquents avec l'APECA auparavant. Nous leur avons donné une formation et les avons informés du fonctionnement de nos programmes.

Les transformateurs connaissaient plutôt bien le programme, mais certains groupes communautaires ou certains groupes de pêcheurs locaux n'avaient pas ce genre d'expérience ou de relation avec nous. Donc, nous avions le sentiment qu'il était nécessaire de passer plus de temps avec eux.

Ce que j'ai observé, à titre de coordonnateur de cette initiative, c'est que j'ai eu l'impression que la courte durée du programme a obligé les joueurs de l'industrie qui n'avaient pas l'habitude de collaborer à redoubler d'ardeur et à établir des partenariats, ce qu'ils auraient toujours dû faire, mais n'ont jamais fait. J'ai toujours cru que si le programme avait été plus long, cette obligation de travailler ensemble n'aurait pas existé et nous n'aurions pas vu une aussi grande collaboration. En fin de compte, nous sommes d'avis que cette initiative a permis d'appuyer un bon nombre de projets importants qui, nous l'espérons, contribueront à la viabilité à long terme de l'industrie du homard au Canada atlantique.

Le président : Merci, monsieur AuCoin. Nous vous avons accordé un peu plus de temps que ce que nous faisons habituellement, mais étant donné que vous êtes à l'APECA et que vous êtes liés à ces questions depuis si longtemps, les sénateurs tenaient à entendre tous les détails. Il y en a eu beaucoup, et je suis certain que cela a soulevé beaucoup de questions.

Le sénateur Hubley : Soyez les bienvenus. Vous nous avez fourni beaucoup d'informations aujourd'hui. Il est à espérer que nous en ferons bon usage dans le cadre de notre étude sur l'industrie du homard.

L'initiative pour l'industrie du homard du FAC est un programme formidable. Je pense que vous avez probablement été le catalyseur qui a permis d'entreprendre beaucoup de choses liées à cette industrie de la région de l'Atlantique.

Un des projets a été entrepris lors de la création de la Lobster Academy Ltd., qui était chargée de la prestation d'un programme à l'usine de St. Andrews, au Nouveau-Brunswick. Il s'agissait d'un programme sur la traçabilité, la viabilité, l'attestation et la fixation des prix selon la demande — toute une gamme de renseignements. J'aimerais savoir qui y est allé, qui y a assisté et je veux aussi savoir si le financement s'est terminé en mars 2011. Le programme est-il toujours viable? Existe-t-il toujours? Est-il appuyé par l'industrie ou, peut-être, par les membres?

M. AuCoin : Ce sont de bonnes questions. J'aurais peut-être dû le mentionner pendant mon exposé. Mon rôle était de coordonner l'initiative globale. J'ai participé plus directement à certains projets — dont celui sur la traçabilité dont j'ai parlé — en raison de leur caractère panatlantique. En général, les quelque 26 autres projets venaient de la base. Donc, les demandes étaient présentées à nos bureaux régionaux et c'est le personnel de ces bureaux qui les mettaient en oeuvre. Les demandes étaient examinées en groupe au sein de l'agence et ensuite, nous recommandions ou non leur approbation par le ministre.

Je n'ai pas participé directement au projet de la Lobster Academy, mais nous étions évidemment bien informés des progrès réalisés. Voici les renseignements que nous avons sur les résultats du programme de la Lobster Academy : le projet a permis la création d'une salle de réunion et de formation haut de gamme de 1 200 pieds carrés dans laquelle il y a une cuisine d'essai destinée à la préparation, à la démonstration et à la formation en ce qui a trait aux fruits de mer. C'est l'élément clé du projet. Je crois que l'aspect vraiment novateur, c'est qu'il s'agit d'un programme de formation unique pour les acheteurs de homard de partout dans le monde et qu'il est offert sur un campus unique, dans un milieu de formation semblable à celui d'une salle de classe.

Les intervenants ont créé des cours ou des modules visant à promouvoir de nouvelles techniques de pêche, de conservation, de traitement et de commercialisation du homard. Il ne s'agissait pas seulement de techniques de cuisson du homard; cela visait réellement toutes les techniques recommandées afin d'obtenir un produit de meilleure qualité, du bateau à la cuisine.

Le gestionnaire de comptes du projet nous a dit que depuis la création du projet, six missions auprès des acheteurs de homard ont été couronnées de succès et que des acheteurs de partout dans le monde ont participé à l'événement le plus important. Nous avons constaté que cela touche d'autres aspects des pêches parce que cela a lieu dans la partie sud-ouest du Nouveau-Brunswick. Une partie de l'expérience acquise dans l'industrie du homard est utilisée dans l'industrie du saumon et dans d'autres secteurs de l'industrie.

Je ne sais pas s'il s'agit de Geoff Irvine ou d'une autre personne, mais dans son exposé, un représentant du Conseil canadien du homard a parlé de certaines situations où des gens du conseil ont joué un rôle au sein de l'académie. Plusieurs partenaires ont participé au projet. Je n'ai pas la liste exhaustive avec moi, mais je sais qu'il y a eu des acteurs du secteur privé. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a aussi participé et je crois que l'institut Huntsman a aussi participé à la mise en oeuvre du projet, qui est l'un des plus complexes. Le projet a été utilisé plusieurs fois par notre comité d'examen, car nous voulions nous assurer que ces installations ne profiteraient pas seulement à une entreprise. Nous voulions que toutes les entreprises de l'industrie du homard du Canada atlantique y aient accès. Encore une fois, d'après ce qu'on nous a dit et selon les résultats et les rapports qui nous ont été présentés, c'est ce que nous constatons.

Le sénateur Hubley : J'aimerais aussi en savoir davantage sur l'image de marque du homard de l'Atlantique, qui est considéré comme le meilleur au monde. Il est important d'avoir des endroits où les acheteurs peuvent prendre connaissance de ce fait eux-mêmes, mais qu'en est-il du partage au sein de l'industrie en ce qui concerne la recherche et l'innovation? Combien de temps faut-il pour que cela soit intégré à une mission commerciale? Lorsque vous parlez du homard dans le cadre de ces missions, abordez-vous la question de la traçabilité? Il me semble qu'actuellement, la traçabilité et la reddition de comptes se trouvent assez haut dans la liste des attentes des gens. Je me demande si vous auriez des commentaires à ce sujet.

M. Nowlan : Je pense que c'est un excellent point; il s'agit d'une très bonne question sur la traçabilité. La réponse à votre question comporte deux volets. Pour ce qui est de l'image de marque du homard de l'Atlantique, cela a été une partie importante des initiatives du FAC par rapport à l'industrie du homard, à la commercialisation et à la recherche de nouveaux marchés d'exportation. Nous avons parlé en particulier du marché chinois et de l'établissement de cette image de marque. De nos jours, pour tous les produits alimentaires, le principe de la traçabilité est d'une importance capitale. Lorsque vous vendez un produit sur les marchés étrangers, c'est ce que les gens recherchent. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'une question dont nous discutons.

Avez-vous quelque chose à ajouter au sujet de la traçabilité?

M. AuCoin : En ce qui concerne le fait de mettre l'accent sur l'aspect de la traçabilité, l'industrie du homard du Canada atlantique n'est pas encore dotée d'un système de traçabilité global. Je sais qu'il y a eu des discussions et que nous avons transmis le plus d'informations possible au sujet des projets pilotes que nous avons menés dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC lors des missions commerciales que nous avons financées, mais nous ne pouvons pas dire qu'il s'agit de quelque chose qui est largement répandu dans l'industrie.

Cependant, nous avons récemment donné notre appui au Conseil canadien du homard pour un nouveau projet visant à poursuivre les efforts pour l'implantation de cet idéal que représente une approche plus globale en matière de traçabilité dans l'ensemble de l'industrie du homard au Canada atlantique. Étant donné le bon travail qu'a fait le Conseil canadien du homard jusqu'à maintenant, nous savons qu'il sera en mesure de rassembler les ressources nécessaires au maintien des progrès en ce qui a trait à la mise en oeuvre d'un projet ou d'un système de traçabilité fiable.

Nous avons obtenu de bons résultats des projets pilotes sur la traçabilité, mais je pense qu'il faut passer au prochain niveau si on veut que le nouveau système satisfasse à toutes les exigences en matière de traçabilité.

Le sénateur MacDonald : Je pense que je vais me concentrer sur certains projets de commercialisation. J'ai un intérêt particulier pour ces projets et leurs résultats.

Je suppose qu'il existe un rapport entre l'argent qui est dépensé, les activités en Chine des deux ou trois dernières années et l'augmentation des ventes qu'on y observe. Pouvez-vous nous donner une ventilation plus précise? On y fait la promotion de homard congelé et de homard vivant. Comment est-ce réparti?

M. AuCoin : C'est là où l'on observe un des écarts au sein de l'industrie. En fait, nous avons dû faire plusieurs projets pour traiter des deux volets de l'industrie. Ceux dont j'ai parlé pendant mon exposé, auxquels les gouvernements du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard ont participé, étaient axés sur le homard congelé, évidemment. C'est l'un des principaux produits de ces provinces, et elles se sont concentrées sur un secteur précis du marché chinois.

Avec un groupe de la Nouvelle-Écosse, nous avons mené un autre projet important, pour le homard vivant. Le projet visait un autre secteur du marché chinois. C'était le projet pour les villes de taille moyenne et cela n'a pas nui aux autres intérêts des entreprises du secteur privé déjà présentes en Chine.

Nous avons terminé la première phase de ce projet. Il s'agit d'un des projets pour lesquels nous préparions la deuxième phase, mais le délai de deux ans accordé dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC nous a nui et a empêché la mise en oeuvre de la deuxième phase du projet sur les villes de taille moyenne en Chine, en ce qui concerne le homard vivant de la Nouvelle-Écosse.

Dans les deux cas, comme je l'ai dit quand je vous ai mentionné certains des résultats obtenus pour les projets sur le homard congelé que nous avons réalisés en collaboration avec le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, nous avons de toute évidence obtenu d'excellents résultats, une bonne participation et suscité beaucoup d'intérêt. Il s'agit d'un des rares projets pour lesquels le président de l'Union des pêcheurs des Maritimes a tenu à me féliciter; il a dit que ces projets ont réellement permis aux entreprises de la région d'avoir accès à des marchés comme celui de la Chine.

C'est un endroit très complexe et nous avons été confrontés à toutes sortes de problèmes. Créer en Chine une image de marque qui ne sera pas copiée ou volée par d'autres parties intéressées n'est pas facile. Cependant, grâce aux relations et aux contacts que nous avons établis et grâce à nos activités dans le marché, nous avons l'impression d'avoir obtenu de meilleurs résultats que si nous avions tout simplement mis en marché un produit, sans préparation.

Le sénateur MacDonald : À votre avis, quel secteur aura les plus importantes parts de marché?

M. AuCoin : J'aimerais bien pouvoir vous le dire, mais ce n'est pas vraiment possible. Nous tenions à nous assurer d'avoir un équilibre entre les deux produits sur le marché chinois. Manifestement, les technologies se sont améliorées. Certains investissements en technologie que nous avons faits dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC sont étudiés pour faire en sorte que le produit vivant arrive sur le marché chinois dans un meilleur état, mais, comme le dirait Mao, il est encore trop tôt pour dire quel sera le résultat.

Le sénateur MacDonald : Avez-vous des mesures pour évaluer la réussite des campagnes de promotion dans les quatre villes canadiennes et les cinq ports internationaux, ainsi qu'auprès des tribus en Arizona?

M. AuCoin : J'ai parlé de celles que nous avons effectuées pour la Chine, en collaboration avec le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard. La campagne de promotion auprès des Autochtones était principalement une initiative de l'Île-du-Prince-Édouard. Les représentants provinciaux ont pris part à une mission commerciale, et certains de nos employés se sont joints à eux dans le cadre de la même mission.

On ne nous a pas donné un relevé précis des ventes pour voir s'il y a eu une augmentation depuis, mais le client nous a informés qu'il a établi de très bons contacts qui, d'après lui, ouvriront la voie à de nouveaux débouchés à Las Vegas, je crois, et dans d'autres régions dans le sud des États-Unis.

Le sénateur MacDonald : Qu'en est-il des ports nationaux et internationaux?

M. AuCoin : Cela faisait partie du projet Flavorful Foods, dont j'ai parlé dans mon exposé. Une des dernières diapositives montre que les 18 entreprises qui y ont participé ont vu leurs ventes augmenter de 2,1 millions de dollars en 2011 et de 5,2 millions de dollars en 2012 et en 2013.

J'ai un relevé détaillé de toutes les activités qu'elles ont menées dans le cadre de ce projet, et je serai certainement ravi d'en faire part aux membres du comité.

Le président : Vous pourrez le remettre à la greffière, et nous le distribuerons à tous les membres du comité.

Le sénateur MacDonald : Nous avons reçu Michael Gardner de Gardner Pinfold il y a deux semaines, et il a soulevé des préoccupations concernant le financement des missions commerciales par le gouvernement fédéral et le fait que cela entre en concurrence avec les intérêts du secteur privé. Quelle est votre position à ce sujet? À défaut d'appuyer les missions commerciales, que devrions-nous faire, à votre avis?

M. Nowlan : Les missions commerciales constituent un partenariat entre le secteur privé et nous. De notre point de vue, il n'agit pas tant d'entrer en concurrence avec les intérêts du secteur privé. Nous finançons l'infrastructure qui entoure la mission commerciale. Les entreprises du secteur privé paient toutes leurs dépenses pour pouvoir y participer. Nous offrons un soutien en matière d'infrastructure; par exemple, nous leur fournissons une installation ou un facilitateur pour trouver un service de jumelage afin de les relier à des acheteurs sur un marché étranger ou de les aider avec l'espace de kiosque dans une foire commerciale et tout le reste. Il s'agit donc d'un partenariat entre le secteur privé et nous. Nous ne cherchons pas à prendre la place du secteur privé; au contraire, nous l'appuyons. Les missions commerciales s'adressent aux entreprises qui ont la volonté et la capacité de conquérir ces marchés.

Le tout est un peu soumis à un triage. Nous voulons nous assurer que les partenaires du secteur privé avec lesquels nous travaillons sont fin prêts. C'est un aspect très important. Dans le cadre des premières missions commerciales avec l'APECA et d'autres ministères, les entreprises se rendaient à ces endroits sans être prêtes à la mise en marché, ce qui nuisait à leur image de marque parce qu'ils n'arrivaient pas à se mettre en valeur. Nous les aidons à franchir chaque étape du processus afin qu'elles soient prêtes, puis nous leur offrons un soutien en matière d'infrastructure. Toutefois, ce sont les entreprises qui dirigent l'initiative puisqu'elles paient leurs dépenses pour prendre part aux missions.

Le sénateur Raine : Je suppose que, dans le cadre de la commercialisation du homard vivant en Chine, vos plus grands concurrents viennent de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, n'est-ce pas? Quels autres pays vendent du homard vivant à la Chine?

M. AuCoin : C'est une bonne question. Je n'ai pas une évaluation complète du marché, mais d'après tous les rapports que j'ai lus, les principales sources de concurrence sur le marché chinois sont l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le sénateur Raine : Ce qui me frappe, c'est que vous êtes bien loin de ce marché et que les marchés en Europe, au Brésil et en Argentine en sont plus proches. Comme le facteur temps est essentiel dans le commerce du homard vivant, comment déterminerez-vous s'il vaut la peine d'avoir une présence sur ce marché?

M. Nowlan : C'est l'un des résultats de cette initiative. Comme nous l'avons dit, nous avons connu des succès sur le marché chinois, mais à l'instar de tous les secteurs avec lesquels nous collaborons, nous devons effectuer des analyses afin de déterminer si un emplacement est le meilleur endroit pour nous, et c'est un aspect sur lequel nous nous pencherons également. Vous soulevez une excellente question que nous nous posons tout le temps, qu'il s'agisse de la vente du homard en Chine ou des établissements d'enseignement qui se rendent en Inde.

M. AuCoin : Nous faisons tout en notre pouvoir pour faire en sorte que les efforts demeurent, dans la mesure du possible, axés sur le marché. Nous avons investi dans ces projets pour la Chine et nous avons obtenu des résultats positifs. Toutefois, à la suite de quelques missions d'exploration en Inde, sans aucune intervention de notre part, nous avons découvert que le marché là-bas s'intéresse aux crustacés du Canada atlantique, à la fois vivants et congelés. Toutefois, ce produit n'a pas été ajouté au programme des missions commerciales menées en Inde, car, encore une fois, nous venons tout juste de voir une demande pour le homard du Canada atlantique sur le marché en Inde. Oui, nous sommes conscients que c'est à l'autre bout du monde, mais les nouvelles technologies nous forcent, en quelque sorte, à faire cette transition et nous permettent d'accéder à ces marchés immenses.

Le sénateur Raine : Dans les efforts de marketing, tenez-vous également compte de l'industrie touristique aux Caraïbes où l'on trouve beaucoup de centres de villégiature haut de gamme? Ceux-ci semblent naturellement présenter une clientèle qui consomme du homard.

M. Nowlan : Je ne peux pas dire s'il s'agit d'une des régions visées pour l'instant.

M. AuCoin : Je ne peux pas vraiment me prononcer là-dessus. J'ai parlé des efforts à Miami. Je sais que nous avons des missions commerciales axées sur les Caraïbes. Par contre, j'ignore dans quelle mesure le secteur des pêches ou les produits du poisson font partie de ces missions.

Le sénateur Raine : Je suis allée aux Bahamas rien qu'une fois, et j'étais tannée de manger du riz et des fèves.

Le sénateur Harb : Dans quelle mesure contribuez-vous financièrement aux industries? À quel point assurez-vous une collaboration ou une coordination avec le ministère des Pêches et des Océans?

M. AuCoin : Eh bien, écoutez, pour une initiative comme l'initiative pour l'industrie du homard du Fonds d'adaptation des collectivités, nous avons tout fait en collaboration et en consultation avec le ministère des Pêches et des Océans. Comme je l'ai dit, notre politique sur les pêches est étroitement liée au régime de gestion du ministère. Nous n'investirons pas dans l'industrie de la pêche sans consulter le MPO et sans obtenir son opinion sur les projets.

Pour cette industrie et pour cette initiative en particulier, il y a une collaboration très étroite, mais je dirais que ce constat s'applique de façon encore plus générale à d'autres investissements que nous effectuons dans le secteur des pêches. En vertu de la politique de l'APECA, nous devons consulter le ministère des Pêches et des Océans avant de faire un investissement.

M. Nowlan : Nous avons consulté étroitement le ministère au moment de concevoir le programme afin de déterminer, en général, nos objectifs, les paramètres et la façon de s'y prendre pour le déploiement. Comme nous l'avons dit, nous examinons les projets au cas par cas, et ce, dans tous les secteurs. Nous avons pour pratique courante de consulter des experts techniques dans n'importe quel ministère, qu'il s'agisse du MPO ou d'Agriculture Canada, afin de nous assurer que nous sommes sur la bonne voie du point de vue de la gestion.

Le sénateur Harb : Dans votre présentation, à la diapositive intitulée « Leçons tirées », vous avez fait un excellent travail en nous expliquant la situation.

Dans la diapositive en question, vous parlez de la complexité des industries, et vous donnez un exemple, notamment « le niveau élevé de fragmentation et la méfiance parmi les parties prenantes », remarque que vous mettez entre parenthèses. Vous dites que cela « a nécessité beaucoup de coordination de la part des représentants de l'APECA et le dévouement des membres du personnel. » À mes yeux, du moins, en tant que consommateur qui ne connaît pas grand-chose au sujet de l'industrie, cette déclaration est fort révélatrice. N'est-il pas vrai?

M. AuCoin : Cette diapositive était bien chargée, en effet. J'ai lu la plupart des témoignages que vous avez reçus jusqu'à présent dans le cadre de cette étude, et vous avez entendu parler de ces défis sous différents angles. Il y a une méfiance dans le secteur, entre les pêcheurs et les entreprises de transformation, entre l'industrie et le gouvernement et entre une province et une autre. J'ai mentionné ce point en passant, mais sachez que nous avons ajouté un nouvel aspect à notre processus d'examen pour les projets liés à l'industrie du homard dans le cadre du FAC; il s'agit d'une mesure que nous ne prenons pas normalement pour ces types de projets non commerciaux. Nous avons créé un comité d'examen interne, composé de représentants du bureau principal et de chacun de nos bureaux régionaux; ainsi, nous étions en mesure d'examiner les projets soumis non seulement du point de vue des retombées économiques possibles dans une province donnée, mais aussi selon les impacts potentiels sur la concurrence dans une autre province ou les incidences négatives qui pourraient en découler dans un autre segment de l'industrie. Dans certains cas, nous avons dû rassembler des gens, comme je l'ai dit, dans le cadre du projet de traçabilité et les amener à s'entendre sur une approche commune qui permettait de concilier tous les différents intérêts.

Il ne s'agit pas d'une mesure que nous prenons régulièrement pour les projets habituels que nous menons, mais en raison des complexités de l'industrie, nous avons dû procéder ainsi, et il a fallu une coordination beaucoup plus poussée et une personne supplémentaire au bureau principal pour faire avancer les choses et rassembler les bons acteurs pour que nous puissions répondre à ces préoccupations.

Le sénateur Harb : Compte tenu de ce que nous savons, il y a des enjeux, et vous en avez parlé. Il y a, plus ou moins, 20 000 détenteurs de permis. Sachant cela, faut-il une sorte de leadership, c'est-à-dire une personne dont le rôle serait de mettre un terme à cette situation et de trouver une stratégie?

Je pense à des produits qui font l'envie du monde, comme le sirop d'érable canadien. Où qu'on aille, les gens associent le sirop d'érable au Canada, de même que le bœuf Angus, cette excellente coupe de viande, mais qu'en est-il du homard canadien? Nous devrions peut-être prendre du recul et dire que nous avons un des meilleurs produits du monde en ce qui concerne ce type de viande, mais il y a probablement beaucoup trop de joueurs qui courent après une quantité très limitée de homards. Un dialogue s'impose. Est-il possible, par exemple, que l'APECA intervienne en disant : « Nous n'avons pas besoin de tant d'intervenants; nous devons diversifier le marché et nous voulons que les gens passent à ce type d'industrie, par exemple, l'industrie des crevettes »? Je sais que c'est controversé et que les gens viendront crier après vous, mais nous devons en parler, et je pense que c'est justement le rôle du comité.

Vous pourriez peut-être nous éclairer à ce sujet et nous dire qui, selon vous, serait la meilleure entité pour assumer un rôle de leadership et entamer cette discussion?

M. Nowlan : C'est une bonne question. Au fond, à l'échelle fédérale, pour ce qui est de la gestion des pêches, cette responsabilité incombe au ministère des Pêches. L'APECA, quant à elle, a pour rôle d'assurer la valeur ajoutée, c'est-à-dire de mettre les produits sur le marché et de déterminer comment s'y prendre à cette fin.

Cela dit, comme M. AuCoin l'a mentionné, l'initiative pour l'industrie du homard du FAC reposait, en grande partie, sur les plans de durabilité élaborés dans les diverses zones et régions de pêche. C'était exactement ce qu'on visait — amener les gens dans ces régions, en partenariat avec d'autres acteurs comme les gouvernements fédéral ou provinciaux, à examiner eux-mêmes le secteur des pêches et à se poser des questions comme : « Qu'est-ce qui s'impose dans notre région? Quelle est la situation actuelle en ce qui concerne la quantité de poisson et le nombre de pêcheurs dans la région? Quel est le plan à long terme? » Une partie de ce travail est maintenant en cours dans certaines de ces régions. Lorsque le MPO a instauré la politique visant à racheter des permis de pêche, sa décision reposait, à certains égards, sur l'analyse de la situation des pêches dans une zone particulière.

M. AuCoin : Nous avons mentionné le Conseil canadien du homard à quelques reprises aujourd'hui, et je sais que vous avez rencontré ses représentants il y a quelques semaines, mais nous ne pouvons pas sous-estimer l'importance de cette organisation. Je m'occupe du dossier des pêches à l'APECA depuis bien des années et je me souviens qu'il y a dix ans, on avait réclamé la tenue d'un sommet pour l'industrie du homard qui aurait permis aux parties prenantes de régler des problèmes. Eh bien, cela ne s'est pas concrétisé du simple fait qu'il y avait beaucoup trop d'intérêts différents. Le fait que le Conseil du homard est en place et qu'il a fait un si bon travail jusqu'à présent est, selon moi, une très bonne chose. Il s'agit d'un mécanisme important pour susciter un dialogue, au sein de l'industrie, sur des problèmes structurels.

L'APECA était là, durant certaines des discussions initiales, lorsque le Conseil du homard a vu le jour. Comme vous l'avez constaté, nous l'avons certainement appuyé sans réserve dans un certain nombre de projets stratégiques.

Nous sommes convaincus que ces discussions doivent commencer à partir de la base, c'est-à-dire au sein de l'industrie; c'est d'ailleurs ce que les représentants du MPO vous ont également dit. J'ignore quels seraient les résultats d'une initiative qui impose une nouvelle structure en partant du haut, mais à mon avis, plus nous appuierons ce genre de dialogue au sein de l'industrie, mieux seront les résultats.

Le président : Merci, sénateur Harb. Comme les témoins l'ont dit, je pense que cela devrait se produire à l'interne. Nous espérons pouvoir faciliter une partie de ces efforts grâce à des organisations comme la vôtre.

Le sénateur Oliver : Ma question porte sur la page 6 de votre présentation, et c'est au sujet de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC — le Fonds d'adaptation des collectivités — et des 27 projets qui ont coûté, en tout, 11,6 millions de dollars. Je sais un peu comment cela fonctionne parce que j'ai personnellement dirigé plusieurs missions commerciales de l'APECA dans différents coins du monde; bref, je sais ce qui se passe avant, durant et après ces événements, mais j'ai quelques questions à vous poser à ce sujet.

La première concerne la page 6. Vous parlez de la mission commerciale à Miami, pour laquelle vous affirmez avoir dépensé 40 000 $. Vous avez dit que cette somme ne vous semblait pas énorme — ça l'est pour moi — et qu'elle a servi à enseigner à un groupe de chefs cuisiniers comment introduire les moules et le homard dans leurs menus de façon non traditionnelle. Trente-cinq personnes ont assisté à une présentation qui a coûté 40 000 $.

Comment faites-vous pour évaluer les résultats de vos missions? On parle de 40 000 $ de l'argent des contribuables. Quel genre de suivi faites-vous? Comment évaluez-vous le rapport qualité-prix? Avez-vous une preuve que les chefs qui ont participé à l'activité achètent beaucoup plus de homard et de moules et que les 35 personnes présentes ont réagi? La mission a-t-elle eu un impact sur le plan de la commercialisation? Comment faites-vous pour savoir que cette mission à Miami et que les 40 000 $ investis en valaient la peine?

Ma deuxième question concerne la mission en Chine. On peut lire sur la diapositive qu'on a accordé du financement au ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick. Toutes les provinces de l'Atlantique ont un ministère des Pêches, alors j'aimerais savoir pourquoi seul celui du Nouveau-Brunswick a participé à cette mission au détriment de ceux de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse ou de Terre-Neuve-et-Labrador. Vous représentez le Canada atlantique, pas seulement le Nouveau-Brunswick, pourtant vous semblez favoriser cette province. Il y a beaucoup de homard en Nouvelle-Écosse, d'où je viens. J'aurais cru que des pêcheurs de cette province auraient participé à cette mission.

M. Nowlan : Je vais d'abord vous donner un peu de contexte pour répondre à votre première question concernant les grands chefs, puis je laisserai à M. AuCoin le soin de vous donner des détails sur ces deux missions.

Le sénateur Oliver : J'aimerais surtout savoir comment vous faites pour évaluer le succès de vos missions.

M. Nowlan : Nous avons plusieurs façons de procéder. La raison pour laquelle nous avons choisi cette approche — et c'est habituellement l'approche utilisée dans le secteur des aliments et des boissons —, c'est que nous savons que les tendances sont amorcées par les grands chefs. Les chefs de partout sur la planète se servent des blogues et des médias sociaux pour suivre les grands chefs et leurs tendances. Les recherches nous apprennent que c'est ainsi que naissent les tendances. C'est la raison pour laquelle nous mettons sur pied de telles missions.

Monsieur AuCoin, auriez-vous des données précises sur le succès de ces missions?

M. AuCoin : Oui. On évalue habituellement le succès d'une mission en faisant un sondage téléphonique auprès des participants quelques semaines ou quelques mois après l'activité. Comme je l'ai souligné dans le cas de Flavorful Foods, on leur demande ce que la mission leur a apporté.

La mission à Miami est très récente. J'ignore si on a même procédé au sondage. Toutefois, on a des données sur les résultats de projets relatifs aux activités qui ont eu lieu, notamment la démonstration avec les chefs.

Le sénateur Oliver : Ces évaluations sont-elles faites à l'interne ou retenez-vous les services d'un organisme indépendant pour effectuer l'étude et la recherche?

M. AuCoin : On effectue deux études, une peu de temps après l'activité et l'autre un peu plus tard.

La première sert à compiler les résultats annuels que nous devons atteindre avec ces projets sur pied. Cette étude est menée par un employé de l'APECA qui communique directement avec le client. Les résultats sont ensuite publiés dans notre rapport ministériel sur le rendement.

La deuxième sert en fait à évaluer nos programmes conformément à la Politique du Conseil du Trésor en matière de subventions et de contributions. Pendant de nombreuses années, nous avons retenu les services de consultants externes pour effectuer ces études. Cependant, dans le cadre de nos efforts visant à consolider nos procédures, nous avons confié cette responsabilité à nos employés, dont bon nombre sont des évaluateurs professionnels accrédités reconnus au sein du gouvernement. Ce sont eux qui évaluent l'impact de nos missions.

Ce que je peux vous dire au sujet de cette mission, c'est que l'activité avec les chefs s'est déroulée dans un endroit privé, près de Miami Beach. Plus de 500 grands chefs, propriétaires de restaurants et autres acheteurs ont été invités. De ce nombre, 35 ont participé à l'activité, mais la promotion de l'activité a joint beaucoup de gens.

Du matériel éducatif et promotionnel sur l'industrie des produits de la mer du Canada atlantique a été distribué, notamment 100 clés USB contenant des renseignements sur le homard et la moule, 101 manuels, 100 manuels sur le homard et 50 sur la moule. Deux représentants de l'industrie ont pris la parole devant le groupe, et le consul général du Canada a agi à titre de maître de cérémonie. La présentation s'est déroulée devant 35 étudiants en techniques culinaires avancées et grands professeurs. C'est ce que je peux vous dire au sujet de la mission à Miami.

Concernant la plus récente mission en Chine, habituellement pour ce genre de projet, on retient les services d'un promoteur. Étant donné l'envergure du projet et le nombre d'entreprises concernées, on a demandé au promoteur de lancer un appel d'intérêt dans la région de l'Atlantique. Je n'ai pas de données précises sur cette mission en particulier, donc j'ignore d'où venaient les 20 participants. Encore une fois, cette mission a eu lieu très récemment, mais je pourrais vous faire parvenir cette information plus tard, si vous le désirez.

Le sénateur Raine : Donc, est-ce que c'était un suivi du FAC en Nouvelle-Écosse? Votre document parle de deux projets dans cette province.

M. AuCoin : Oui, je l'ai déjà dit. Il y a eu un projet sur le homard vivant en Nouvelle-Écosse, mais aussi un autre en particulier au Nouveau-Brunswick dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC auquel a aussi participé l'Île-du-Prince-Édouard, car elle portait sur le homard vivant. Mais, ce dernier était effectivement un projet de suivi de celui mené dans le cadre de l'IHFAC en 2009-2010. Il y a un intérêt sur le marché pour les produits congelés que peuvent offrir le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur Poirier : Merci d'avoir accepté notre invitation. C'est ma deuxième réunion consécutive où les témoins sont originaires de ma province natale du Nouveau-Brunswick. C'est toujours agréable de discuter avec d'autres Néo-Brunswickois. Merci pour votre exposé.

J'aurais quelques questions à vous poser. Certaines ont déjà été répondues, alors je n'y reviendrai pas. Ma première concerne l'information que l'on retrouve aux diapositives 9 et 10.

Vous dites que, dans le cadre de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC, 10 millions de dollars ont été investis, soit 8 millions au Canada atlantique et 2 millions au Québec. Sur la diapositive précédente, on peut lire que le programme de deux ans a pris fin le 31 mars 2011. Juste avant, on peut lire que le FAC a été conçu pour appuyer la création d'emplois et les occasions d'emplois dans les collectivités touchées par le ralentissement économique.

Pouvez-vous nous dire combien d'emplois ont été créés grâce au financement offert par le FAC, s'ils existent encore et de quels types d'emplois il s'agit?

M. AuCoin : Nous n'avons pas fait de suivi sur les emplois créés en vertu du FAC. Dans le cadre de notre examen des projets proposés, nous avons retenu ceux qui offraient le meilleur potentiel de création d'emplois. C'est à ces projets que nous avons accordé la priorité. Nous avons examiné le critère de la création d'emplois au moment de l'évaluation des projets.

Nous savions qu'en raison du peu de temps que nous avions, il nous serait difficile d'adopter une sorte de mesure généralement reconnue de la création d'emplois. C'est pourquoi nous nous sommes davantage concentrés sur les fonds obtenus et les projets complétés. Nous n'avons pas fait de suivi sur les emplois créés. C'est la directive que nous avons eue du Conseil du Trésor. Il revient au ministère des Finances de rédiger un rapport global sur l'impact économique cumulatif du Plan d'action économique.

L'APECA n'a pas fait de suivi sur les emplois créés dans le cadre du FAC ou de l'IHFAC. Nous n'avons fait qu'évaluer ce critère lors de notre évaluation des projets proposés.

Le sénateur Poirier : Je sais que vous n'avez pas suivi tous ces projets, mais savez-vous s'ils étaient tous des projets à court terme ou si certains se poursuivent encore aujourd'hui même dans le financement de l'APECA?

M. AuCoin : C'est une autre bonne question. Quelques-uns me viennent à l'esprit, et ils étaient tous à court terme. Ils devaient être complétés avant le 31 mars.

Nous avons parlé, plus tôt, du projet de traçabilité. On sait que ce projet s'est poursuivi, même sans le financement de l'APECA. Des intérêts privés ont pris la relève à ce chapitre. Certains pêcheurs qui utilisaient la technologie l'utilisent encore. M. Lamont dit qu'il a ajouté cette information à sa stratégie de marketing. À mon avis, c'est le meilleur exemple d'un projet très important qui s'est poursuivi sans le financement de l'APECA.

Il reste à voir maintenant s'il est possible d'élaborer ou de mettre en oeuvre un système plus complet de traçabilité dans le secteur afin de satisfaire aux divers besoins et de répondre aux diverses exigences qui accompagnent la traçabilité. Encore une fois, c'est le meilleur exemple d'un projet s'étant poursuivi sans le financement du gouvernement.

Le sénateur Poirier : Je remarque également qu'Enterprise Kent, située dans mon coin de pays, est un des bénéficiaires du fonds en ce qui concerne l'innovation des usines liées au homard. Pourriez-vous nous dire quel était l'objectif de l'entreprise et quels ont été les résultats?

M. AuCoin : C'est ce que l'on considère un projet de fabrication allégé dans lequel on aide un groupe d'entreprises à évaluer leurs activités et à trouver des façons d'accroître leur efficacité.

Je peux vous fournir des résultats de haut niveau pour ce projet : des économies d'eau de l'ordre de 10 p. 100; une augmentation de 20 p. 100 de la production; une réduction de 20 p. 100 de la manutention du matériel; l'élimination d'un charriot élévateur à fourches; une plus grande sensibilisation des superviseurs en matière de productivité et du maintien de cette productivité dans les activités de l'usine. Ce sont des résultats plutôt intangibles, mais les employés ont dit avoir l'impression que leurs idées et suggestions pour accroître la productivité étaient davantage sollicitées. Les entreprises qui ont participé à ce projet ont constaté une amélioration sur le plan du contrôle et de la surveillance des coûts et ont réalisé plus d'économies. En tout, sept entreprises ont pris part à ce projet : Westmorland Fisheries, Shediac Lobster Shop, Village Bay Sea Products, Suncoast Seafood, Raymond O'Neill & Son, Baie Ste. Anne Fisherman's Co-op, et Pêcheries G.E.M.

Le sénateur Poirier : Ma dernière question concerne les missions commerciales. Prenons, par exemple, la mission à Miami. Puisque l'on pêche le homard aux États-Unis, croyez-vous que l'on pourra exporter du homard canadien à Miami ou les intervenants du milieu vont-ils simplement se procurer le homard pêché dans leur région? Je me posais la question.

Dans le même ordre d'idées, dans quelle mesure ces missions ont-elles été un succès? Y a-t-il une façon de le vérifier? Est-ce le meilleur endroit ou le plus rentable pour réaliser une mission commerciale? La Chine importera-t-elle son homard en fonction du prix et de la qualité du produit? Certains se le demandent. Cela aura un impact sur le choix de l'importateur.

Ces éléments sont-ils analysés dans le cadre de vos missions commerciales? En faites-vous la promotion? Ces missions sont-elles réussies? Je me demande pourquoi mettre sur pied une mission à Miami.

M. Nowlan : Comme l'a souligné M. AuCoin, on choisit l'endroit en fonction du marché. Vous avez de bonnes questions, et c'est le genre de questions qu'on se pose avant de financer une mission commerciale dans un marché en particulier. Dans bien des cas, comme la mission de Miami, l'activité se déroule dans le cadre d'un salon sur les aliments et les boissons où l'on retrouve des produits de partout sur la planète. Nous faisons la promotion de notre produit, comme les autres. Miami n'est pas le seul élément important dans l'équation; il faut aussi penser à tous les acheteurs potentiels qui participent au salon.

Les missions qui consistent à aider des entreprises à participer à des salons, comme celle qui visait à enseigner à de grands chefs comment introduire les moules et le homard dans leurs menus de façon non traditionnelle, sont davantage des missions de sensibilisation au produit et à la façon d'utiliser le produit. Il est un peu plus difficile d'évaluer les ventes tangibles qui pourraient découler de ce genre de mission.

On fait un suivi auprès des entreprises que l'on accompagne dans le cadre d'une mission commerciale. Quelques mois après l'activité, un des membres de notre personnel les appelle pour leur demander, par exemple, comment la mission les a aidés; si elles ont établi de nouvelles relations; si elles ont réalisé des ventes et, si oui, combien; si leurs exportations ont augmenté depuis; s'il leur a fallu agrandir leurs installations ou augmenter leur effectif à la suite de la mission. C'est le genre de questions que nous leur posons.

Mais les missions dont nous avons parlé aujourd'hui, à Miami et en Chine, se sont déroulées très récemment, il y a à peine quelques mois. Nous n'avons donc pas encore ces renseignements.

Le sénateur Poirier : Les missions que vous avez mises sur pied avant celle-ci ont-elles été réussies?

M. Nowlan : Très réussies. Le choix du marché demande beaucoup d'efforts. On doit s'assurer qu'il offre un certain potentiel à notre secteur. Je n'ai pas les données avec moi, mais je peux vous dire que les missions précédentes ont connu beaucoup de succès.

Le sénateur McInnis : Merci d'être venu d'aussi loin que du Canada atlantique pour venir témoigner. Vous avez vanté le mérite du Conseil canadien du homard. Il semble enfin réussir à réunir tous les intervenants. Vous avez parlé de Stewart Lamont, qui se veut, effectivement, un excellent porte-parole pour le conseil. Lors de son témoignage, il a dit que l'aquaculture représentait le plus grand danger de la commercialisation du homard parfait du Canada atlantique en Chine.

On peut voir à la diapositive 8 que l'APECA a investi 420 millions de dollars dans l'industrie de la pêche, dont 240,2 millions en aquaculture. Ma question est à deux volets. Comment faites-vous pour évaluer la valeur de l'investissement? Faites-vous une analyse des emplois créés? Si oui, dans quelle mesure? Qui vous fournit ces données, les ministères provinciaux des Pêches et de l'Aquaculture? Le ministère des Pêches et des Océans? Analysez-vous ce genre de données?

Vous n'avez peut-être pas l'expertise nécessaire pour faire une telle analyse, mais si Stewart Lamont et le Conseil canadien du homard nous font cette déclaration, il faudrait peut-être se pencher sur l'investissement fait en aquaculture dans le Canada atlantique. Qu'en pensez-vous?

M. AuCoin : Nous nous attendions un peu à cette question. Merci de l'avoir posée. C'est important pour l'industrie. Nous avons investi dans l'aquaculture pendant un certain nombre d'années, notamment lors des premiers stades de développement de l'industrie, alors qu'il n'y avait que très peu de programmes offerts à cet égard. Nous avons compris qu'il s'agissait d'une nouvelle source de développement économique pour les collectivités rurales, à une époque où on commençait à délaisser beaucoup d'activités traditionnelles.

Nous avons effectivement vu la quantité de richesses qui découlaient de cette industrie à cette époque. Nous avons aussi vu le nombre d'emplois rattachés à l'industrie, pas seulement pour l'aquaculture en tant que telle, mais aussi pour la transformation des produits et tout le reste. Nous avons tenu compte de tout cela. Évidemment, comme je l'ai souvent dit, nous avons beaucoup consulté les ministères des Pêches, aux niveaux fédéral et provincial, avant d'investir dans l'industrie de l'aquaculture.

Je tenais à souligner que nos investissements dans l'aquaculture ont évolué au fil du temps. J'ai participé à la redéfinition de certains des investissements de l'agence. Nous avons fait l'effort conscient de diversifier nos investissements au sein de l'industrie en incluant d'autres espèces, comme la morue et le flétan d'élevage, et en développant des méthodes d'élevage pour ces espèces, de façon à diversifier les techniques de production des produits de la pêche. Nous avons investi dans les technologies terrestres et les technologies de recirculation. Et notre dernier secteur d'investissement, mais non le moindre, a été l'élaboration de moyens innovateurs pour favoriser la viabilité de l'industrie.

On parle entre autres de nouvelles techniques en santé animale, mais je pense que la plus grande innovation — et elle est reconnue dans le monde entier comme une excellente pratique d'aquaculture —, c'est ce qu'on appelle l'« aquaculture multitrophique ». Je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parler, mais il s'agit d'élever différentes espèces dans un même secteur. On élève du saumon, des moules et des algues dans le même système, où les sous-produits des uns sont utilisés pour l'élevage des autres. Cela permet d'avoir de meilleures récoltes des espèces élevées et, surtout, de moins endommager l'environnement, parce que ce sont les sous-produits qui contribuent à la croissance des autres espèces.

C'est la meilleure approche que je peux vous résumer en ce qui a trait aux investissements faits dans l'aquaculture au fil du temps. L'industrie a beaucoup évolué. M. Gardner a parlé du nouveau modèle d'aquaculture qui a permis de rationaliser les processus; l'industrie se porte beaucoup mieux maintenant. Nous avons contribué à ces efforts également. Nous devons véritablement adopter une approche équilibrée face aux différents volets du secteur des pêches et l'impact économique qu'ils ont sur le Canada atlantique.

Le sénateur McInnis : Je sais que vous y avez pris part. Plus de la moitié de vos investissements sont allés dans l'aquaculture, cela ne fait aucun doute. Je ne veux pas débattre de cela ce soir, car ce n'est pas le but de la présente séance. Nous sommes ici pour connaître vos réalisations.

Je vous suggère qu'avant d'investir davantage dans l'industrie de l'aquaculture, vous devriez consulter un peu plus les collectivités concernées. Il existe toute une gamme d'organisations qui pourraient vous renseigner.

Le deuxième point que j'aimerais soulever, si vous me le permettez, porte sur le Fonds d'adaptation des collectivités. Je vais prêcher pour ma paroisse dans ce cas-ci. Étant originaire de la côte Est de la Nouvelle-Écosse, c'est une chose que je remarque souvent avec les programmes fédéraux. Vous avez dit qu'il fallait une population de plus de 250 000 personnes.

M. AuCoin : Le programme n'était offert qu'aux collectivités de moins de 250 000 habitants.

Le sénateur McInnis : Le fait est que la côte Est s'étend sur 150 kilomètres, et c'est souvent ce qui se passe avec les programmes offerts, certains des vôtres, mais d'autres aussi du gouvernement fédéral. Halifax s'y trouve et a une population de 400 000 habitants. Le taux de chômage est de 15 à 20 p. 100 là-bas, et personne n'a pu toucher un sou de ces programmes. La collectivité n'y a pas droit. C'est un problème. Ce qui pose problème entre autres avec les programmes de l'APECA, c'est lorsque le taux de chômage doit être de tel ou tel pourcentage, de 10 p. 100 ou plus. Quand on compte tous les petits hameaux et villages le long de la côte Est dans le calcul du plein emploi pour Halifax-Dartmouth, cela fausse les données, parce qu'on ne tient pas compte des endroits où les taux sont élevés.

M. AuCoin : Je vais vous révéler un petit secret. Je ne sais pas si vous avez eu la liste complète des projets, mais nous avons inclus l'Eastern Shore Fisherman's Protective Association.

Le sénateur McInnis : Vous l'avez dit tout à l'heure. Félicitations.

M. AuCoin : Pour ce projet, l'association se situait tout juste à la limite, alors ce n'était pas sensé de l'en exclure. Elle a présenté un dossier légitime, un plan important auquel elle avait travaillé en vue d'obtenir d'autres sources de financement. Nous n'allions pas couper les cheveux en quatre et l'exclure du projet juste parce qu'elle était à la limite.

Le sénateur McInnis : J'en profite pendant que vous êtes ici pour souligner que l'APECA fait du bon travail. En tant que président sortant de la Chambre de commerce de la Nouvelle-Écosse, je peux en témoigner. Il faut reconnaître le bon travail que vous faites pour les collectivités rurales. Mon but n'est pas de vous fustiger. Je veux simplement vous informer des problèmes que cela pose, notamment en ce qui concerne l'aquaculture.

M. AuCoin : Je peux vous assurer que nous avons tenu compte de ces difficultés au cours des dernières années. Les investissements que nous faisons aujourd'hui dans l'aquaculture se font dans un contexte différent de ceux qui ont été faits il y a une vingtaine d'années, et nous en sommes conscients.

Le président : Quand nous aurons terminé notre étude sur le homard, je suis certain que nous allons envisager la possibilité d'en entreprendre une autre sur l'aquaculture. C'est une excellente industrie dans bien des régions du Canada atlantique. Je sais que de nombreuses petites collectivités rurales de Terre-Neuve-et-Labrador n'auraient pas pu profiter des occasions qui se sont présentées à elles si ce n'avait pas été de cette industrie. Comme c'est le cas pour toutes les industries, il y a toujours des obstacles et des préoccupations. C'est une question que nous allons peut-être étudier et que nous avons déjà abordée. Nous allons garder cette possibilité en tête, et je sais que le sénateur McInnis aura beaucoup de choses à dire sur le sujet quand le temps sera venu.

Le sénateur McInnis : C'est une excellente industrie quand les choses sont faites correctement. Ce n'est pas le cas en ce moment.

Le président : C'est pourquoi il est probablement temps de se pencher sur la question, après toutes ces années d'investissement par le gouvernement fédéral.

Le sénateur Raine : J'aimerais apporter une précision. Dois-je en conclure que toute la population de la côte Est est incluse à celle d'Halifax?

M. Nowlan : Non, juste celle de la côte est de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Raine : Bien, c'est une grande région. Les petites villes ne font pas partie d'Halifax.

M. AuCoin : Cela comprend tout ce qui est à l'intérieur des limites de la Municipalité régionale d'Halifax. Je crois que c'est ce que vous voulez dire; la Municipalité régionale d'Halifax couvre un vaste territoire géographique. Elle compte plus de 250 000 habitants, alors c'est pourquoi elle a été exclue de l'initiative pour l'industrie du homard du FAC. Quelques-unes des régions du territoire exclu du programme, d'où vient le sénateur McInnis, ont toutefois été rajoutées.

Le sénateur Raine : C'est un peu étrange d'avoir une municipalité régionale...

M. Nowlan : Ce n'est pas toute la côte de la Nouvelle-Écosse, mais une bonne partie. Vous soulevez un point intéressant, car la fusion de plusieurs municipalités pour former une région urbaine plus importante pose un défi au point de vue politique. Il est question de la Municipalité régionale d'Halifax. À East Chesincook et à Porters Lake, les gens ne se voient pas du tout comme des citadins.

M. AuCoin : Comme je l'ai dit au début de ma présentation, parce que ces collectivités n'étaient pas admissibles à l'initiative de financement pour l'industrie du homard du FAC, nous avons examiné les projets et nous avons financé certains de ceux qui semblaient justifiés par l'entremise de nos programmes réguliers. Nous devons suivre les règles établies pour nos programmes, mais nous en avons plusieurs. Nous avons une certaine marge de manœuvre.

Le président : Il est important de se rappeler que ces règles s'appliquent à l'échelle nationale. On voit les choses différemment au Canada atlantique vu les nombreuses petites collectivités qui s'y trouvent. Ce sont des règles nationales, alors il faut peut-être rajuster un peu le tir dans l'Est. L'APECA le fait très bien.

M. AuCoin : L'exclusion de cette région a suscité bien des discussions. La décision est revenue aux plus hautes instances quand il a été question d'établir le point de démarcation.

Le sénateur Raine : Je sais que le temps nous presse, mais j'ai quelques questions rapides à vous poser sur l'innovation et les installations pour homard. Il me semble qu'on a investi beaucoup d'argent pour permettre à North Taste Flavourings d'acquérir la technologie nécessaire pour produire du bouillon naturel de fruits de mer. Il y a aussi eu l'investissement dans la Seafood Processors Association of Prince Edward Island et le Holland College pour l'élaboration de six nouveaux produits du homard. Quels sont-ils? C'est plus par curiosité qu'autre chose, alors si vous n'avez pas la réponse...

M. AuCoin : J'ai quelques renseignements à vous donner sur ces projets. Je ne sais pas s'ils pourront vous satisfaire pleinement.

Le sénateur Raine : J'aime le homard, alors l'idée d'avoir six nouveaux produits me plaît beaucoup.

Le président : C'est peut-être beaucoup d'information à donner, monsieur AuCoin. Vous pourrez certainement nous la transmettre plus tard.

Le sénateur Raine : Le bouillon naturel de fruits de mer, ce n'est pas du bouillon pour faire de la soupe, n'est-ce pas? Est-ce un genre de...

M. AuCoin : C'est du bouillon tiré des ressources.

Le sénateur Raine : C'est beaucoup d'argent, 3,6 millions de dollars. Je ne comprends pas le projet; c'est tout.

Le président : Sénateur Hubley?

Le sénateur Hubley : Le Culinary Institute of Canada est situé au Holland College, alors je pense que les choses devraient commencer à s'éclaircir de ce côté.

M. AuCoin : Il y a un centre de technologie culinaire à l'Île-du-Prince-Édouard, où on teste beaucoup de choses du genre. Pour ces deux projets à l'Île-du-Prince-Édouard, certaines sommes ont pu être révisées au fil du temps, mais le projet portant sur l'innovation, et le développement de nouveaux produits, était celui de la Seafood Processors Association of Prince Edward Island. L'association a travaillé avec le centre de technologie culinaire et le Holland College pour développer ces nouveaux produits. Ils ont en fait cerné de 10 à 12 nouveaux produits potentiels. Les prototypes ont été mis à l'essai et rationalisés de façon à établir quatre projets prometteurs. Les chefs du Culinary Institute ont travaillé avec des chercheurs du centre de technologie culinaire afin de raffiner les quatre produits en question, qui ont été mis à l'essai dans différents contextes. Les essais et les commentaires des consommateurs sont très positifs, et les projets ont été bien reçus par le public. Je ne sais pas exactement quels sont ces quatre produits. Je ne peux pas vous en dire plus là-dessus. Comme c'est toujours le cas avec les projets d'innovation, on ne sait jamais exactement où cela va nous mener. Le projet a permis de développer ces quatre nouveaux produits, qui sont prêts pour la production commerciale. Il a toutefois fallu conclure à l'issue du projet que les installations de traitement des fruits de mer à l'Île-du-Prince-Édouard ne permettaient pas encore la mise en marché de ces nouveaux produits et elles ne les ont donc pas encore utilisés. Cela ne signifie pas qu'elles ne les utiliseront jamais, mais elles ne l'ont pas fait jusqu'à maintenant. C'est ce que je peux vous dire à propos de ce projet.

Le sénateur Raine : Et pour celui de North Taste Flavourings?

M. AuCoin : Celui-là aussi a dû être financé par un de nos programmes réguliers. La demande est arrivée en retard. Je pense que vous faites référence au communiqué de presse de l'annonce originale.

Le sénateur Raine : Non. Nous avons une liste des différents projets que vous avez financés au tableau 4.

M. AuCoin : On dirait que c'est le tableau qui a été utilisé pour l'annonce il y a deux ans. J'en ai rédigé une partie. Le projet de North Taste était un projet de valeur ajoutée, visant à utiliser des parties du homard pour produire des ingrédients à ajouter à d'autres produits alimentaires, et les auteurs de la proposition avaient donné comme exemple la nourriture pour animaux. L'idée était d'aromatiser des aliments pour animaux, par exemple, avec de l'essence naturelle de homard. C'est le projet qui avait été proposé. C'était considéré comme une technologie à valeur ajoutée. Il s'agissait en fait de faire l'acquisition d'une technologie déjà utilisée en Islande.

Ce qui est arrivé dans ce cas-là, c'est que la proposition est arrivée trop tard pour être approuvée dans le cadre du FAC, alors elle a fini par être financée par un de nos programmes réguliers. C'est l'un des deux projets qui ont été retranchés des 29, pour arriver au nouveau total de 27.

Le président : Merci à nos témoins. Ce fut une soirée très intéressante. Vous nous avez donné d'excellentes informations. Nous nous réservons le droit de vous convoquer de nouveau si nous avons besoin de renseignements supplémentaires ou de certaines précisions à propos de ce que vous nous avez dit ce soir. C'était une séance très productive.

Comme le sénateur McInnis, je connais très bien le travail de l'APECA. Je fais de la politique depuis presque 20 ans, et je peux vous dire que vous faites de l'excellent travail, particulièrement dans les régions rurales du pays et certainement au Canada atlantique. Je vous en félicite. Les aspects négatifs sont toujours inévitables, mais j'estime que vous êtes un parfait exemple de développement régional. Je vous encourage à continuer votre bon travail. Merci beaucoup.

(La séance se poursuit à huis clos.)


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