Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie
Fascicule 3 - Témoignages du 4 décembre 2013
OTTAWA, le mercredi 4 décembre 2013
Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 13, pour étudier le projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l'histoire et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois.
Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.
[Traduction]
Je suis Kelvin Ogilvie, sénateur de la Nouvelle-Écosse et président du comité. Tout d'abord, je demande à mes collègues de bien vouloir se présenter, en commençant à ma droite.
La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal.
La sénatrice Eaton : Nicole Eaton, de Toronto. Soyez la bienvenue, madame la ministre.
La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto, vice-président du comité.
Le président : Aujourd'hui, nous étudions uniquement le projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l'histoire et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois.
Mesdames et messieurs, sachez que nous respecterons scrupuleusement l'horaire prévu pour chacune des parties de la séance. La première commence maintenant et se terminera au plus tard à 16 h 45.
Je suis enchanté d'accueillir maintenant l'honorable Shelly Glover, ministre du Patrimoine canadien. Les deux adjoints qui l'accompagnent sont Mme la sous-ministre Colleen Swords et M. le sous-ministre adjoint Hubert Lussier, de Citoyenneté et patrimoine.
Madame la ministre, nous sommes heureux que vous ayez pu vous libérer. Je sais que vous êtes prête à nous accorder plus de temps, mais j'espère que vous comprenez les contraintes auxquelles nous sommes assujettis. Je vous cède immédiatement la parole pour votre déclaration.
L'honorable Shelly Glover, C.P., députée, ministre du Patrimoine canadien : Merci beaucoup, sénateur. Ce projet de loi, je l'aime beaucoup. J'aurais donc ressenti un véritable plaisir à en parler plus longtemps. Cependant, je comprends que votre temps est limité. Je vous remercie de m'avoir autorisé à comparaître devant vous.
[Français]
Honorables sénatrices et sénateurs, je suis très heureuse de m'adresser à vous aujourd'hui alors que vous entamez votre étude du projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l'histoire et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois. Je remercie tout spécialement la sénatrice Eaton, qui a parrainé le projet de loi au Sénat.
[Traduction]
Notre gouvernement est extrêmement fier de donner la priorité à l'apprentissage et à la compréhension de l'histoire du Canada ainsi qu'à la reconnaissance de sa valeur. La création d'un musée canadien de l'histoire sera une étape importante pour notre pays. Elle permettra de donner aux Canadiens et au monde entier accès à notre histoire collective. Je suis heureuse que notre premier ministre ait fortement appuyé ce projet ainsi que de nombreux autres projets de notre gouvernement visant à promouvoir l'histoire du Canada.
Le projet de loi change le nom et le mandat du Musée canadien des civilisations. Comme l'a déclaré le directeur général de l'Association des musées canadiens, M. John McAvity, il est essentiel de changer le nom du musée. C'est une bonne nouvelle. Il donnera aux Canadiens un meilleur accès à leur patrimoine et à leur histoire.
Le Musée canadien des civilisations est le plus grand musée au pays. Par la superficie, puisqu'il compte plus de 1 million de pieds carrés; par le nombre de visiteurs aussi, qui, en moyenne, a été de 1,3 million ces quelques dernières années. Le Musée canadien de l'histoire permettra aux Canadiens d'aujourd'hui et aux générations de demain de comprendre comment l'identité canadienne s'est forgée au cours de notre histoire. Il animera un réseau qui reliera entre eux les musées de partout au pays, pour leur donner accès à quelque 3,5 millions de pièces de la collection nationale.
On trouve aussi, d'un bout à l'autre du pays, dans nos collectivités, plus de 2 500 musées. Ils se consacrent à différents aspects de notre histoire et beaucoup possèdent des collections fascinantes. Nous voulons que ces petits musées soient aussi en mesure de partager leurs expositions avec le Musée canadien de l'histoire et, en échange, de pouvoir accéder à la collection du nouveau musée.
Dans cette intention, nous avons mis en place de nouvelles mesures qui faciliteront pour eux le contact avec le nouveau musée d'histoire et l'accès à la collection nationale. Plusieurs modifications ont été apportées au Programme d'aide aux musées du ministère du Patrimoine canadien pour aider les petits musées canadiens.
[Français]
En négociant des ententes de partenariat avec différentes institutions consacrées à l'histoire canadienne dans l'ensemble du pays, le nouveau musée pourra s'ouvrir à un bien plus grand nombre de personnes.
Nous entamons le compte à rebours vers le 150e anniversaire du Canada, qui aura lieu en 2017. La période qui précède les fêtes du 150e anniversaire nous offre une occasion sans précédent de célébrer notre histoire et les réalisations qui nous définissent en tant que Canadiens.
Nos récits sont riches, nombreux et méritent d'être racontés, qu'il s'agisse de l'arrivée de Samuel de Champlain sur nos rives ou du dernier tronçon qui a marqué la fin de la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique reliant notre pays d'un océan à l'autre, ou des exploits de Louis Riel, le chef du peuple métis dans les Prairies et le fondateur de ma province.
Le Canada a besoin d'une institution nationale qui va raconter les récits du Canada, et il le mérite. Le Canada a besoin d'une institution qui va effectuer de la recherche de manière indépendante et qui va explorer notre histoire. Nos enfants doivent mieux connaître le passé du Canada. Voilà pourquoi le gouvernement a annoncé la création du Musée canadien de l'histoire.
[Traduction]
À ceux qui feraient croire à tort que la création du musée vise à présenter une vision étroite de l'histoire du Canada, j'aimerais rappeler que, en tant que société d'État indépendante, seul le musée est responsable des décisions liées au contenu des expositions. Je cite à ce sujet M. David Morrison, directeur de la recherche et des collections au Musée canadien des civilisations :
Le gouvernement n'est pas, ne pourrait pas et ne voudrait pas être autorisé à s'impliquer à ce point. Ce n'est pas un sujet d'inquiétude pour moi, car ça ne se produira jamais.
À ceux qui prétendent que le nouveau mandat empiétera sur la capacité du musée à faire de la recherche, je tiens à souligner que rien dans ce projet de loi ne limite cette capacité. Le nouveau musée aura exactement les mêmes pouvoirs que l'actuel Musée canadien des civilisations, et la recherche est une composante essentielle des activités de ce musée.
[Français]
Je suis persuadée que le nouveau Musée canadien de l'histoire va présenter un récit complet, authentique et honnête de l'histoire du Canada, ainsi que des Canadiens.
Comme l'a dit le président-directeur général du Musée canadien des civilisations, Mark O'Neill, « les nouvelles expositions présenteront tant les bons que les mauvais côtés de l'histoire du Canada. »
C'est pourquoi je demande à ce comité d'adopter le projet de loi C-7, qui modifie la Loi sur les musées, afin que le Musée canadien de l'histoire puisse voir le jour.
Je vous remercie et suis maintenant prête à répondre à vos questions.
[Traduction]
Le président : Merci, madame la ministre. Je comprends que vos adjoints sont là pour apporter des précisions, si cela devait être nécessaire. J'ouvre donc la période de questions.
Le sénateur Eggleton : Je vous remercie de votre présence et de votre exposé.
Le Musée canadien des civilisations, sous ce nom ou d'autres, dans l'immeuble actuel ou dans d'autres, semble chargé d'histoire. Pourquoi changer maintenant son mandat, sa grande mission, et ne pas créer un autre musée qui pourrait rassembler sous un seul toit toutes les péripéties de l'histoire du Canada?
Mme Glover : Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier le sénateur de cette question, puis à dire que je suis émue d'être ici. Je n'ai pas souvent l'occasion de comparaître devant les sénateurs, mais je sais que vous êtes de bons travailleurs, et je tiens à vous en remercier au nom des Canadiens.
Pour répondre à la question, il importe avant tout de se rendre compte que le changement de nom, de « Musée canadien des civilisations » à « Musée canadien de l'histoire », vise à vraiment souligner ce qui, à mon sens, est important pour tous les Canadiens, c'est-à-dire l'histoire de ceux qui nous ont précédés, l'histoire de nos ancêtres et celle qui fait de nous vraiment des Canadiens. Le nouveau nom recentre explicitement le travail du musée sur l'histoire du Canada.
Sénateur, nous avons, par divers moyens, voulu savoir à quel point les Canadiens connaissaient leur histoire. Permettez-moi de vous faire part de quelques statistiques.
Nous avons constaté que plus de 80 p. 100 des élèves qui étudient l'histoire canadienne pour l'obtention de leur diplôme échouaient au jeu-questionnaire sur les rudiments de l'histoire de l'Institut du Dominion. Voilà qui est déconcertant. Je questionnais souvent mes cinq enfants sur l'histoire, et, malheureusement, ils ne sont pas aussi instruits que je le voudrais. J'aimerais me vanter qu'ils font mieux que les 80 p. 100 qui ont échoué, mais ce n'est pas le cas.
Ils sont 78 p. 100 de Canadiens à penser qu'un apprentissage plus poussé de l'histoire du Canada contribuerait notablement à renforcer leur attachement pour le pays. Voilà une autre statistique qui nous a vraiment convaincus de l'importance extrême de cet apprentissage, non seulement pour nous, Canadiens, mais pour nos enfants, pour qui il préserverait l'histoire de notre peuple et notre identité. Enfin, plus de 90 p. 100 des Canadiens estiment que les musées nous procurent, à nous Canadiens, une précieuse expérience d'apprentissage sur notre patrimoine collectif.
Consacrer un musée explicitement à l'histoire du Canada et à l'histoire des Canadiens semblait la solution parfaite aux problèmes révélés par ces statistiques qui sont franchement dérangeantes. J'espère que vous appuierez tous nos efforts pour redresser la situation et aider à instruire nos petits Canadiens.
Le sénateur Eggleton : Permettez-moi de vous interroger au sujet d'une expression disparue du mandat actuel : « compréhension critique ». L'absence de cette compréhension pourrait faire verser la recherche dans la vulgarisation, aux dépens des faits. Certains diraient que l'histoire sans la critique devient de la propagande.
Pourquoi avoir supprimé cette expression? Pourriez-vous aussi répéter ce que vous avez dit au sujet de la recherche qu'on fera, en nous donnant plus de détails? Cette recherche restera-t-elle au même niveau, conservera-t-elle les mêmes ressources et gardera-t-elle à peu près la même orientation qu'avant?
Mme Glover : On nous pose depuis le début ces questions importantes. Je suis donc heureuse de répéter que la suppression de l'expression répond en fait à un besoin de moderniser le discours. Beaucoup ont compris que l'expression signifiait « compréhension traditionnelle, savante ». En fait, nous avons modifié la Loi sur les musées à deux reprises. La première, pour la création du Musée canadien des droits de la personne, dans ma ville de Winnipeg; la deuxième, pour celle du Musée canadien de l'immigration. On en a profité pour moderniser le discours, et cette modernisation est acceptée par beaucoup de muséologues, d'archivistes, et cetera. C'est une modernisation.
En ce qui concerne la recherche, je demande à tous les sénateurs de lire attentivement les alinéas 9(1)f) et g) de la Loi sur les musées, qui concerne directement la recherche. La recherche est importante, et je suis heureuse que vous ayez demandé à M. Mark O'Neill de comparaître après moi, parce qu'il pourra expliquer exactement comment le musée a l'intention de s'y livrer. Nos chercheurs sont très talentueux. Je crois qu'il dirige une équipe d'une trentaine, sinon plus, de précieux spécialistes. Nous apprécions vraiment leur travail et j'ai bien hâte que M. O'Neill réponde à cette question de manière plus approfondie.
Le sénateur Eggleton : L'Association canadienne des producteurs pétroliers, qui fait beaucoup de publicité à la télévision, versera apparemment une contribution de 1 million de dollars au cours des cinq prochaines années. À un certain moment, elle était impliquée dans une autre exposition qui brossait un tableau de l'industrie pétrolière. En fait, la première exposition avait projeté sur cette industrie un éclairage plutôt cru.
Des documents publiés ultérieurement ont semblé montrer que l'organisation avait exercé des pressions pour faire modifier l'exposition. Comment pouvons-nous être sûrs que le financement ne sera pas utilisé de façon inhabituelle ou controversée, à l'encontre de l'indépendance et de la mission du musée?
Mme Glover : Permettez-moi tout de suite de préciser que je sais que M. Mark O'Neill et son équipe ont promis de participer à un effort de financement. Ils ont promis de recueillir 5 millions de dollars. Ils s'y sont engagés. Le gouvernement ne participe absolument pas à cet effort. Je vous conseille d'interroger M. O'Neill à ce sujet.
Au sujet du contenu, sachez qu'une loi, sous le régime de la Loi sur les musées, interdit de dire quoi faire aux musées. Personne ne peut les contrôler en matière de contenu, lequel relève uniquement d'eux.
Le sénateur Eggleton : Aucune influence politique relativement à...
Mme Glover : Absolument aucune. C'est pourquoi c'est si spécial. C'est cette absence de lien de dépendance qui nous permet de faire confiance au personnel et aux spécialistes embauchés par le musée pour effectuer le travail souhaité par les Canadiens. Le gouvernement conservateur est fier de les appuyer dans leurs efforts, mais nous laissons entièrement aux experts la responsabilité de la décision sur le contenu, et Mark O'Neill pourra en dire davantage dans son témoignage.
La sénatrice Eaton : Si je ne m'abuse, madame la ministre, je pense que vous faisiez allusion à l'article 27 de la Loi sur les musées, qui établit l'indépendance de la fonction de conservateur du Musée canadien de l'histoire comme des autres musées nationaux. Il s'applique à tout musée important, y compris au Musée des Beaux-Arts de l'Ontario et au Musée royal de l'Ontario, dans leur recherche de mécènes.
Ce doit être le Musée de l'histoire. Le sénateur Joyal, qui est le porte-parole de son parti, a soulevé un point intéressant. Il avait l'impression que la vision du musée deviendrait étriquée. Il a parlé des autres objets admirables de collection du Musée canadien des civilisations. Le musée n'a-t-il pas signé de contrats pour accueillir deux expositions marquantes, un avec la Grèce, sur 5 000 ans d'histoire grecque, l'autre avec le Japon? Est-ce exact?
Mme Glover : Absolument. Ces événements m'excitent. Mark O'Neill et son équipe ont fait de l'excellent travail en allant chercher à l'étranger des expositions pour aider à nous instruire et à tisser ces liens merveilleux. Les Canadiens apprécient les autres cultures. C'est ce qui fait d'eux des Canadiens. Nous sommes une population pleine de diversité. Je suis heureuse de dire que la sénatrice Eaton a absolument raison à ce sujet.
Je n'ai pas rencontré le porte-parole, mais je suis ouverte au dialogue si le sénateur en a plus à dire sur ses réticences. Je serai heureuse d'en parler. C'est l'occasion d'élargir notre compréhension de notre histoire. Ce musée n'a pas eu de rénovations ni de réfections importantes en près de 24 ans. Pensez simplement aux événements survenus dans notre pays pendant cette période, dont le musée ne conserve aucune trace. Il faut qu'il en parle.
Dans un article récent, M. Morrison a commenté certains des changements envisagés et l'actualisation des expositions. Comme il viendra témoigner, je lui laisse le soin de vous faire part de ces nouvelles.
La sénatrice Eaton : Le sénateur Joyal a parlé de l'interprétation de l'histoire. L'histoire est affaire d'interprétation.
Pendant 20 ans, j'ai collaboré avec le Musée royal de l'Ontario. Après 25 ans, les galeries ont perdu de leur fraîcheur. Le projet m'enchante, parce que l'une des raisons d'être du musée est de promouvoir l'histoire du Canada auprès des enfants, n'est-ce pas? N'est-ce pas, non plus, que c'est pour raconter l'histoire de façon plus linéaire, plus narrative?
Mme Glover : Absolument. Quand vous parlez de nos enfants, j'en ai des frissons. Voilà une occasion en or de leur raconter que tous les événements survenus ces 24 dernières années comptent tout autant que ce qui se produit aujourd'hui. Nous avons déployé énormément d'efforts pour permettre l'augmentation des échanges entre les musées, avec l'avènement de ce nouveau musée. De petits musées n'avaient jamais eu la possibilité, grâce au Programme d'aide aux musées, de prêter leurs pièces et leurs objets d'exposition aux grands musées nationaux. Désormais, ce sera possible. Des enfants ont vu ces pièces dans leur localité. Désormais, elles seront accessibles aux enfants d'ici, et vice- versa. Les musées nationaux pourront faire des prêts à ces petits musées. C'est énormément éducatif, et les enfants de partout au pays ne méritent pas moins.
En réfléchissant à ce projet, le ministre Moore a notamment accordé beaucoup d'attention à cette possibilité, et je suis simplement si fière des efforts qu'il a consacrés pour tenir compte d'eux.
[Français]
La sénatrice Chaput : Bienvenue, madame la ministre, et veuillez excuser mon retard.
J'ai lu attentivement le projet de loi et j'ai consulté plusieurs documents que nous avons reçus à l'égard des commentaires sur le projet de loi C-7. J'aime que l'accent soit mis sur l'histoire du Canada. C'est important que nous connaissions à fond notre histoire, que nous sachions d'où nous venons et que nos enfants aussi la connaissent et soient fiers de leurs racines.
Certaines personnes s'inquiètent de la disparition de la salle du Canada du musée, parce qu'on y retrouve beaucoup d'œuvres d'art, de créations artistiques et d'informations sur les Premières Nations et les Inuits. Pouvez-vous nous dire ce qu'il adviendra de tout ce matériel qui se trouve dans la salle du Canada?
Mme Glover : Je vous remercie pour votre question, madame la sénatrice. J'ai grand plaisir à vous voir ici, puisque nous sommes toutes les deux originaires du Manitoba. J'ai à cœur certains éléments de notre histoire manitobaine.
Plusieurs changements seront apportés, mais certaines expositions resteront tout de même en place. Je parle de l'exposition des Premières Nations, par exemple, qui demeurera intacte, ainsi que le Musée des enfants. Par contre, la salle du Canada, le Musée de la poste et les galeries qu'on appelle face à face, en français, je crois, feront l'objet de rénovations. Il y aura un emplacement temporaire pour les expositions, parce qu'on aimerait faire cela le plus vite possible. Ces rénovations devraient s'achever vers le début ou le milieu de l'année 2014 — cette question devrait être adressée à Mark O'Neill, c'est évident —, mais les autres rénovations, les rénovations majeures pour les expositions permanentes ne seront pas terminées avant 2016.
Encore une fois, on aura la chance de voir des expositions temporaires jusqu'à ce que les expositions permanentes soient mises en place. Certaines demeureront les mêmes, mais il y aura des espaces qui changeront complètement. J'ai toutes les informations concernant le nombre de pieds carrés, mais je ne sais pas si ce sont des détails qui vous intéressent.
La sénatrice Chaput : Madame la ministre, on nous a dit qu'en 2012-2013, le Musée canadien des civilisations et le Musée canadien de la guerre avaient entrepris des consultations, parce qu'ils voulaient analyser des éléments qui pourraient être intégrés au Musée canadien de l'histoire. Connaissez-vous le processus qui a été employé et les recommandations qui auraient été faites?
Mme Glover : Je vous remercie pour la question. J'ai un ami à côté de moi qui vient justement de sortir un rapport à ce sujet. Je vous réfère à ce rapport, mais il y a eu des consultations, et non seulement avec l'équipe même, mais également avec les députés. Le ministre a voyagé d'un océan à l'autre pour tenir des consultations. Environ 24 000 Canadiens ont été consultés. Il y a eu des consultations en ligne également. Cela a fait l'objet de tout un processus et les résultats se retrouvent dans le rapport dont je vous parle. C'est un peu long, mais c'est très intéressant, et je vous invite fortement à lire les résultats de ce rapport. On y retrouve des suggestions pour des thèmes et pour des événements, par exemple. Je suis convaincue que vous trouverez ce rapport fascinant.
La sénatrice Chaput : Est-il disponible sur le site?
Mme Glover : Oui, sur le site web, exactement.
La sénatrice Chaput : Je vous remercie. Maintenant, j'aimerais savoir qui prendra la décision finale dans tout cela. Le gouvernement a-t-il un rôle à jouer pour déterminer ce qui fera partie du nouveau musée et ce qui, je présume, sera mis en entreposage?
Mme Glover : Le gouvernement ne peut pas s'ingérer dans le contenu, cela incombe à l'administration du musée. Comme nous l'avons dit plus tôt, le projet de loi contient des articles, au chapitre 27 plus particulièrement, qui disent clairement qu'on ne peut pas intervenir dans le contenu. Des députés, des membres des familles de députés, des sénateurs, des sénatrices auraient pu participer aux consultations, c'est certain, mais les décisions reviennent à l'administration du musée.
La sénatrice Chaput : Merci beaucoup, madame la ministre.
[Traduction]
La sénatrice Dyck : Merci beaucoup pour votre exposé. Vous ne cachez pas votre enthousiasme ardent.
Vous avez mentionné la grande diversité du Canada, et ma question porte sur cette diversité. Nous savons tous que les minorités, les femmes et les Autochtones figurent rarement dans les manuels d'histoire. Qu'a-t-on fait pour obtenir la participation de ces groupes, pour que le musée les représente convenablement?
Mme Glover : Je vous remercie de cette question. Je tiens à souligner que le musée s'est donné beaucoup de peine chaque fois qu'il a voulu modifier, par exemple, la salle des Premiers Peuples. Pour ne pas faire d'erreurs, il a pris soin de consulter les peuples autochtones. Je pense qu'il a consulté les sages. C'est absolument indispensable, et je suis heureuse de constater qu'il le fait.
Ils vont poursuivre les consultations. Oui, les premières consultations sont terminées, et le rapport a été rédigé. Toutefois, les consultations sur le reste de l'histoire concernant le musée se poursuivront. L'équipe de Mark O'Neill est reconnue pour sa capacité de trouver des gens qui donnent leur avis, et je suis convaincue que ces démarches vont se poursuivre.
En ce qui concerne le commentaire sur le fait que les peuples autochtones ne se retrouvent pas dans les livres d'histoire, nous devons remédier à cette situation. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui convient que ces questions doivent être abordées, et c'est pourquoi les excuses présentées aux pensionnats étaient importantes pour le premier ministre Stephen Harper. Mon ami, le ministre Jackson Lafferty, a présenté un programme qui sera utilisé dans toutes les écoles pour expliquer la tragédie des pensionnats.
Je suis tout à fait d'accord avec vous, madame la sénatrice : il nous reste du travail à faire à cet égard et, en tant que Canadiens, nous devons le faire ensemble.
Louis Riel est, manifestement, une personne qui a vraiment aidé ma province. Il y a des centaines de livres sur son histoire. Nos élèves ont nommé notre congé supplémentaire de février en l'honneur de Louis Riel. En effet, c'est le jour de Louis Riel, et non le jour de la Famille, ce qui démontre que le fait de pouvoir écrire sur les réussites et les réalisations de nos peuples autochtones et, bien honnêtement, sur certaines des pertes subies, a contribué à modifier des opinions parfois péjoratives et à faire connaître le peuple autochtone accompli d'aujourd'hui.
La sénatrice Dyck : Vous avez dit qu'« ils » avaient mené des consultations; « ils » signifie-t-il que Mark O'Neill et les membres de son équipe menaient ces consultations?
Mme Glover : Mark O'Neill et les membres de son équipe ont mené certaines consultations. Ils ont travaillé avec des groupes consultatifs. La ministre a mené des consultations, et des députés aussi. On a également mené des consultations en ligne sur le site web.
Ai-je oublié quelque chose, Hubert? Je ne crois pas.
Le président : Madame la ministre, nous approchons de la fin de cette partie de la réunion, et je vais devoir terminer la discussion. J'aimerais seulement ajouter que nous avons eu droit aujourd'hui, au Sénat, à un excellent résumé de l'évolution du musée, de ses débuts fondés sur les sciences géologiques, jusqu'aux nombreux changements de nom par lesquels il est passé. Il me semble que dans chaque cas, on a élargi la dimension liée à la composition de la terre et aux sciences géologiques — dimension sur laquelle de nombreux musées ont été fondés — pour intégrer des éléments de l'histoire du Canada et de ses peuples jusqu'à aujourd'hui. Je tenais simplement à souligner qu'aujourd'hui, au Sénat, nous avons eu droit à un excellent résumé de cette évolution.
J'aimerais vous remercier et je remercie également vos fonctionnaires d'avoir comparu devant le comité aujourd'hui.
Nous allons immédiatement passer à la prochaine partie de la réunion. Je suis très heureux d'accueillir les témoins de cette partie, qui se terminera au plus tard à 17 h 15. À titre d'information, nos collègues devront aller voter, et nous reviendrons ici à 18 heures.
Je vais immédiatement vous présenter les témoins du Musée canadien des civilisations. Nous accueillons Mark O'Neill, qui a déjà été mentionné à plusieurs reprises. Il y a déjà des questions pour vous. Il est président-directeur général et il est accompagné de David Morrison, directeur, Recherche-Projet Salle d'histoire canadienne.
Nous accueillons aussi John McAvity, directeur général de l'Association des musées canadiens. Il est accompagné d'Audrey Vermette, directrice des programmes et des affaires publiques.
Je ne vous ai pas demandé qui présenterait le premier. Nous pourrions commencer par M. O'Neill.
Mark O'Neill, président-directeur général, Musée canadien des civilisations : J'en serais heureux. Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour, mesdames et messieurs. En raison des contraintes de temps, je vais modifier mon exposé et accélérer un peu les choses.
[Français]
Je crois que les modifications suggérées renforceront les capacités de notre institution muséale et lui permettront d'enrichir sa contribution sur la scène publique du pays et ce, de manière constructive.
[Traduction]
Depuis 2005, et à la suite du succès remarquable remporté par son institution sœur, le Musée canadien de la guerre, le Musée des civilisations s'est employé à mettre davantage l'accent sur l'histoire du Canada. Il s'est efforcé de mieux raconter l'histoire de notre pays et de ses habitants d'un point de vue pancanadien.
[Français]
Le musée a accompli un travail remarquable et mené à bien des réalisations exceptionnelles. Mais il comporte aussi de sérieuses lacunes qui sont les plus apparentes dans notre plus grande galerie d'exposition permanente, la salle du Canada.
[Traduction]
Dans la salle du Canada, les régions canadiennes sont figées dans le temps et totalement séparées les unes des autres. Des secteurs entiers de l'activité humaine — la politique, les sports, la culture et nos contributions sur la scène internationale, pour ne nommer que quelques-uns — sont abordés de façon très superficielle ou laissés de côté. L'histoire des femmes se situe, au mieux, dans la marge. Ce voyage dans le temps se termine durant les années 1970, laissant complètement inexploré presque un demi-siècle de notre histoire. Dès l'entrée de la salle du Canada, on peut constater peut-être la lacune la plus importante de cette exposition permanente : notre histoire nationale y débute non pas avec l'arrivée des premiers peuples en des temps immémoriaux, mais avec la venue des Européens, au XIe siècle.
Voici brièvement notre vision. La moitié de la superficie des expositions permanentes du musée sera consacrée à l'exposition la plus vaste et la plus complète jamais créée sur l'histoire de notre pays. Une nouvelle salle d'exposition permanente s'étendra sur 50 000 pieds carrés. Elle abritera les trésors nationaux et présentera des expositions qui préserveront inclusivement et chronologiquement les souvenirs et les expériences des Canadiens.
J'aimerais mettre les choses en contexte. Pour ceux qui connaissent le Bata Shoe Museum de Toronto, il s'agit d'un musée de 39 000 pieds carrés. Cette salle d'exposition permanente sera plus grande que le Bata Shoe Museum. Elle comprendra aussi un nouvel espace d'exposition permanente consacré à la présentation d'expositions provenant de musées faisant partie d'un réseau de musées d'histoire de tout le pays, qui aideront à compléter notre histoire nationale. Ces nouvelles salles parachèveront le contenu des expositions permanentes de la Grande Galerie et de la salle des Premiers Peuples, qui font découvrir l'histoire remarquable des Premiers Peuples du Canada et mettent en évidence la richesse de leurs contributions à la société d'aujourd'hui. Cela ne changera pas.
[Français]
Le Musée canadien de l'histoire continuera de présenter d'excellentes expositions temporaires qui mettent en évidence l'histoire et les cultures du monde. Ces expositions feront toujours partie de notre nouveau mandat et constitueront un important volet de notre programmation.
Enfin, le musée continuera d'enrichir sa collection nationale et d'entreprendre des recherches de niveau universitaire et d'autres recherches.
[Traduction]
Le contenu de la nouvelle exposition permanente est élaboré par une équipe pluridisciplinaire du musée formée de chercheurs, de conservateurs et de muséologues, en étroite collaboration avec six comités consultatifs externes composés d'historiens et de spécialistes de partout au Canada. Aujourd'hui, j'aimerais en profiter pour exprimer toute ma reconnaissance à la Société historique du Canada pour la participation de plusieurs de ses membres qui siègent aux comités consultatifs.
[Français]
Certains ont manifesté leur crainte de voir se transformer le musée, soulignant le fait qu'un tel changement pourrait entraîner des répercussions sur l'image de marque du musée. À vrai dire, un sondage portant sur la connaissance des musées de la région de la capitale nationale, effectué par la firme Ipsos Reid dans tout le Canada en 2009, a révélé que seul 14 p. 100 des Canadiens connaissaient le nom du musée. On distingue plutôt le musée par l'excellence de ses expositions, par la rigueur et l'importance de ses recherches et par l'expertise de son personnel.
À l'étranger, on perçoit surtout le musée comme le musée national du Canada et comme les créateurs de partenariats internationaux réussis. Cette bonne réputation grandira lorsque le musée ouvrira sous sa nouvelle bannière.
[Traduction]
Le besoin d'un musée national d'histoire ne date pas d'hier. Il y a quelque 60 ans, la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences disait dans son rapport final :
Quant à la nécessité d'un musée historique, nous ne saurions la souligner en termes trop énergiques.
Et aussi récemment qu'en 2003, le gouvernement du Canada annonçait un plan de 50 millions de dollars pour transformer le Centre de conférence du gouvernement à Ottawa en Centre d'histoire du Canada. La transformation du musée, qui sera terminée d'ici 2017, sera le cadeau tout indiqué offert aux Canadiens à l'occasion du 150e anniversaire de la Confédération et il témoignera du fait que le musée met davantage en évidence le vécu des Canadiens et Canadiennes et qu'il vise constamment l'excellence.
[Français]
Je vous remercie de votre attention et je répondrai avec plaisir à vos questions.
[Traduction]
Le président : J'invite maintenant M. McAvity à livrer son exposé
John McAvity, directeur général, Association des musées canadiens : En raison des contraintes de temps, je vais également modifier mon exposé écrit afin de pouvoir répondre à plus de questions. Je suis très heureux d'avoir l'occasion de venir vous parler des musées. C'est une occasion qui ne se présente pas assez souvent, et nous lui accordons donc une grande importance.
Mon organisme, l'Association des musées canadiens, est un organisme sans but lucratif qui représente, au niveau national, les musées de tous les types au Canada. Nous avons environ 3 000 musées partout au Canada et ils accueillent environ 60 millions de visiteurs par année. Ils sont extrêmement populaires et, à mon avis, respectés.
Les musées ne sont pas seulement populaires, mais ils sont aussi des institutions respectées, car ils présentent des connaissances factuelles. Selon les sondages d'opinion que nous avons menés, 92 p. 100 des Canadiens croient qu'il est important que les enfants soient exposés aux musées et 96 p. 100 des Canadiens croient que les musées contribuent à améliorer la qualité de vie dans notre pays.
Nous appuyons fortement le projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur les musées. Le mandat et les rôles décrits dans le projet de loi sont cohérents avec les pratiques muséales du pays et celles d'autres pays. La plupart des pays ont des musées nationaux consacrés à leur histoire et à leur patrimoine. L'un des meilleurs exemples est le fascinant Musée Te Papa, à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Il y a aussi le Musée Smithsonian à Washington, un autre exemple bien connu, qui présente l'histoire des États-Unis selon une approche générale, qui va des grandes réalisations jusqu'au quotidien des Américains.
Nous sommes convaincus que le nouveau Musée canadien de l'histoire brossera un portrait général de l'histoire du Canada tout en sensibilisant les gens à cet égard.
[Français]
Audrey Vermette, directrice des programmes et des affaires publiques, Association des musées canadiens : L'histoire du Canada n'est pas uniquement racontée par les guerres, les premiers ministres et les monarchies. Notre histoire s'est aussi bâtie à partir de la terre, des Premières Nations à aujourd'hui, à partir d'événements sociaux, des camps d'internement au vote des femmes, et à partir des immigrants qui constituent aujourd'hui le diapason de notre pays.
Mais c'est bien plus encore. Notre histoire doit aussi inclure les réalisations créatives et scientifiques uniques du Canada. Notre histoire est multidimensionnelle et elle est exprimée et préservée par les artéfacts, l'art, les documents d'archive et la science.
Il est essentiel que ce riche patrimoine soit bien représenté dans le nouveau musée. Nous notons l'article 9 du projet de loi, qui clarifie la mission et les pouvoirs du nouveau Musée canadien de l'histoire relativement à son mandat en termes de collections, recherche et conservation, en particulier les paragraphes i), j), k), m) et o), qui prévoient la création et la promotion des liens et des partenariats entre d'autres musées et organismes à travers le pays, un libellé que nous appuyons fortement.
La création d'un nouveau réseau liant les musées des quatre coins du pays arrive à point. Les grandes lignes de cette initiative présentées par le président directeur-général du musée en mai dernier ont été applaudies par plus de 250 collègues réunis pour l'assemblée annuelle de l'AMC à Whitehorse.
À une époque de contraintes budgétaires, le partage de ressources est primordial. Un réseau qui, à travers le partenariat, rendra la présentation de notre patrimoine historique au sein des musées plus efficaces et accessibles sera extrêmement bénéfique pour l'ensemble du pays. Ce réseau deviendra une plaque tournante pour la diffusion de nombreux artéfacts d'importance entreposés dans les collections. De plus, le rôle assumé par le Musée canadien de l'histoire dans ce partenariat pourra fournir une orientation positive à d'autres institutions à travers le Canada.
[Traduction]
M. McAvity : La création de liens entre les musées de partout au Canada, l'un des objectifs du projet de loi, profitera grandement aux musées et à la population canadienne.
Merci beaucoup. Nous serons heureux de discuter de ces points avec vous.
Le président : Merci beaucoup. Nous allons passer aux questions. La parole est au sénateur Eggleton.
Le sénateur Eggleton : Monsieur O'Neill, votre prédécesseur, Victor Rabinovitch, a déclaré que le personnel du musée devra déployer des efforts considérables pour éviter d'être forcé, par le gouvernement Harper, à devenir le messager idéologique de sa version de l'identité nationale.
Nous avons aussi découvert, dans des documents publiés récemment, qu'une exposition de 2011 commanditée par l'Association canadienne des producteurs pétroliers démontre que cet organisme a exercé des pressions pour modifier les expositions qui présentaient l'industrie pétrolière sous un jour moins favorable. Étant donné tous ces avertissements au sujet des interférences, comment allez-vous veiller à les éviter?
M. O'Neill : Je travaille pour la société du musée depuis déjà 12 ans. J'y travaillais lorsque nous avons construit le Musée canadien de la guerre. J'ai été secrétaire général, et j'ai occupé ensuite des postes de direction, et j'ai été directeur général du musée avant d'en devenir le président-directeur général. Je connais le principe d'autonomie et la façon dont les sociétés d'État fonctionnent dans notre pays.
Le personnel et les spécialistes conservateurs du musée seront les seuls responsables du contenu du musée; c'est ce que nous avons fait lorsque nous avons construit le Musée de la guerre, et c'est ce que nous faisons lorsque nous construisons les expositions temporaires de notre musée. Nous avons un conseil d'administration, des gestionnaires et des spécialistes aux pratiques très rigoureuses.
En ce qui concerne la question de l'ACPP et le soutien qu'elle a apporté à un autre musée, je peux garantir aux membres du comité que le partenariat que nous avons annoncé avec les producteurs pétroliers la semaine dernière est un partenariat qui ne donne à l'industrie aucun rôle à jouer sur le contenu — et l'industrie ne souhaite pas jouer un tel rôle. Soit dit en passant, les musées profitent de ce type de commandite d'entreprise depuis des années. Ce n'est pas nouveau. Le Musée de la guerre, par exemple, a récemment établi un partenariat avec Rx&D au Canada pour une grande exposition dans son musée. Et je pense que vous êtes nombreux à savoir que l'ACPP a soutenu de nombreuses institutions culturelles dans la capitale nationale et un peu partout au pays.
Je crois donc que le musée est extrêmement conscient de son statut de société d'État et de ses obligations envers les Canadiens en vertu de la loi et par l'entremise de son conseil d'administration, qui relève du Parlement.
Le sénateur Eggleton : M. Rabinovitch doit également être au courant de tout cela, car c'est votre prédécesseur. Mais considérez l'avertissement qu'il a émis : à mon avis, il y a des raisons de s'inquiéter.
M. O'Neill : Je répondrai simplement que M. Rabinovitch est un citoyen ordinaire. Il a pris sa retraite des musées il y a environ trois ans, et il a droit à ses opinions. Mon avis sur le projet de loi et sur l'occasion privilégiée qu'a le musée de se transformer diffère complètement du sien, sénateur.
Le sénateur Eggleton : Permettez-moi de vous poser une dernière question. Plus tôt, la sénatrice Dyck et, je pense, la ministre, ont parlé de la représentation des peuples des Premières Nations dans le musée. La sénatrice Eaton a parlé de descriptions chronologiques, de dates, d'événements, de héros, et cetera. Toutefois, une grande partie de notre histoire récente concerne de nombreuses personnes qui n'appartiennent pas à ces anciennes catégories, par exemple la guerre de 1812 — je parle des gens qui ont immigré au Canada au cours des 100 dernières années. Serons-nous aussi en mesure de connaître leur histoire?
M. O'Neill : J'aimerais remercier le sénateur de sa question. Ceux d'entre vous qui ont visité la salle du Canada, la salle d'histoire principale du musée, savent qu'à l'exception des Canadiens d'origine chinoise et d'un petit module consacré à une église ukrainienne de l'Alberta, il n'y a rien sur cette partie de l'histoire du pays dans la salle du Canada. En fait, la diversité des Canadiens n'y est pas vraiment mentionnée. Le périple débute de façon étrange, non pas avec les premiers peuples et les temps immémoriaux, mais avec l'arrivée des Européens au XIe siècle. Le tout se termine dans les années 1970.
Honnêtement, on n'a pas l'occasion de discuter de presque la moitié d'un siècle de l'histoire dont vous avez parlé. Il n'y a aucune discussion sur le débat du drapeau ou sur la crise constitutionnelle, on ne mentionne pas la Révolution tranquille du Québec, il n'y a rien au sujet de la position du Canada dans le monde et on ne laisse même pas entrevoir les aspirations des Canadiens en tant que peuple.
Il s'agit d'une salle d'histoire sociale qui a été modifiée dans une certaine mesure au cours des années, mais qui ne sert tout simplement plus l'objectif d'un musée moderne qui cherche à offrir un historique complet du Canada et de ses habitants.
Le sénateur Eggleton : Vous allez donc corriger cet état de choses?
M. O'Neill : C'est exactement la raison d'être de notre projet concernant le musée, sénateur.
Le sénateur Eggleton : Merci.
La sénatrice Eaton : Le Musée des beaux-arts de l'Ontario et le Musée royal de l'Ontario envieraient votre commandite d'entreprise de l'ACPP. L'indépendance des conservateurs ne m'inquiète pas du tout.
Monsieur Morrison, pourriez-vous me parler de la Salle d'histoire canadienne? Il doit s'agir de quelque chose de nouveau et de très excitant. Vous n'avez rien changé dans le musée depuis 25 ans. Vous avez 25 millions de dollars, et vous devez...
David Morrison, directeur, Recherche — Projet Salle d'histoire canadienne, Musée canadien des civilisations : Il s'agit certainement d'une occasion unique dans une vie, ou au moins dans une génération. C'est un merveilleux projet.
Nous avons 25 employés qui y travaillent en ce moment. Environ la moitié d'entre eux sont des conservateurs, c'est- à-dire des historiens, des archéologues et des anthropologues. Nous travaillons d'arrache-pied depuis environ huit mois — depuis Noël. Nous avons accompli une grande partie du travail, et nous commençons à voir le tableau d'ensemble. Il s'agit d'un sujet tellement vaste qu'il est difficile d'avoir une vue d'ensemble.
La sénatrice Eaton : Combien de pieds carrés?
M. Morrison : Il s'agit de 45 000 pieds carrés. Nous avons beaucoup d'espace pour l'exposition, mais c'est un sujet très étendu. À chaque tournant, nous ajoutons de nouveaux volets; il y a un nouveau sujet, nous avons oublié ceci ou cela, nous devons nous occuper de ceci, que dirons-nous au sujet de cela, et cetera.
J'aimerais aussi mentionner que nous poursuivons les efforts. La semaine dernière, nous avons envoyé un document majeur — et par « majeur », je veux dire 800 pages — à nos comités consultatifs. Nous avons six comités consultatifs qui complémentent notre expertise interne et qui nous offrent une perspective historique élargie sur des événements. Nous avons un comité central et nous avons trois comités qui se concentrent sur des périodes précises de l'histoire du Canada.
La sénatrice Eaton : Se composent-ils tous d'universitaires?
M. Morrison : Oui. Nous avons également un comité sur l'histoire des femmes et un comité sur l'histoire autochtone. Ils sont composés d'universitaires et d'aînés autochtones. Bon nombre d'entre eux ont été désignés par la Société historique du Canada, avec qui nous coopérons. Elle est là pour nous conseiller. Elle nous fait donc des recommandations, et nous prenons nos décisions en conséquence.
Il est difficile pour moi d'être plus précis parce qu'une très grande partie de nos décisions n'en sont encore qu'au stade d'hypothèses. Je ne sais pas trop quel genre de détail vous voulez avoir.
La sénatrice Eaton : Par exemple, la grande motivation, pour moi à tout le moins, c'est le peu que les Canadiens savent de l'histoire canadienne, et je ne parle même pas des enfants. Comme le sénateur Eggleton l'a souligné, il y a tellement de gens qui sont passés par ici depuis 30 ou 40 ans, et qui n'ont aucune idée de l'histoire canadienne.
Va-t-il y avoir un volet interactif? Va-t-il y avoir des expositions en rotation? Y a-t-il une partie de la galerie qui va changer périodiquement?
M. Morrison : Il est clair qu'il va y avoir des éléments interactifs. Les musées du XXIe siècle dépendent beaucoup des interactions digitales et de la réalité amplifiée. Nous allons tenir pour acquis qu'une grande partie de nos visiteurs vont avoir des téléphones intelligents, qu'ils pourront utiliser pour interagir avec les objets exposés.
Nous voulons néanmoins faire en sorte que l'exposition soit parlante et fonctionnelle sans la technologie. Nous envisageons de présenter des expositions en rotation, parce que nous devrons constamment renouveler le projet. Nous ne voudrions pas que le musée soit déjà dépassé 10 ans après son ouverture.
La sénatrice Eaton : Une dernière question, rapidement. Allez-vous utiliser les médias sociaux, comme Twitter et les autres, pour recueillir continuellement de nouveaux faits sur l'histoire canadienne, pour aller chercher les gens?
M. Morrison : Oui, beaucoup. C'est ce que nous prévoyons faire.
La sénatrice Dyck : Monsieur Morrison, vous avez mentionné que vous aviez des comités consultatifs, un comité sur les femmes et un comité sur les Autochtones. Ces comités ont-ils tous été constitués dès le début de la phase de consultation? Ont-ils tous commencé leur travail en même temps? Vous aviez six comités?
M. Morrison : Non, ils n'ont pas tous été créés en même temps. Il y a eu plusieurs phases de consultation. Il y a d'abord eu des consultations publiques, tout de suite après l'annonce faite par la ministre en octobre dernier, qui nous ont permis de prendre le pouls des Canadiens de partout au pays. C'était très général, nous avons tenu des audiences publiques et recueilli des observations et des commentaires par Internet.
Depuis, nous avons organisé ces comités spéciaux, auxquels siègent divers experts et leaders culturels. Nous avons commencé par créer les quatre comités chargés d'étudier quatre périodes différentes de l'histoire, puis nous y avons ajouté un comité de supervision générale. Ce n'est qu'après que nous avons formé des comités en ligne pour les Autochtones et les femmes, quand nous nous sommes rendu compte que nous en avions besoin.
Le président : Je vais poursuivre rapidement dans la foulée des questions du sénateur Eggleton. L'une des craintes que nous avons entendues, c'est que la portée de la mission de ce musée soit réduite. D'après ce que vous nous dites, avec considérablement d'enthousiasme à mon avis, le musée n'adopterait pas une vision plus étroite, mais accorderait plus d'importance aux véritables éléments de l'histoire canadienne dans son sens général.
M. Morrison : Absolument, sénateur. Le mot « histoire » est le mot le plus inclusif de la langue française. Il comprend tout ce qui s'est passé, partout.
Le président : Vous avez réalisé un travail fantastique en bien peu de temps.
Je vois que mes collègues sont prêts. Les gens adorent voter ici, et ils sont très pressés de se rendre au Sénat pour voter.
Je tiens à vous remercier tous infiniment. Nous allons interrompre la séance ici.
(La séance est suspendue.)
——————
(La séance reprend.)
Le président : Mesdames et messieurs mes collègues, reprenons nos délibérations avec le troisième et dernier groupe de témoins. Nous recevons trois témoins ce soir. Je vais vous les présenter au fur et à mesure que je vais les inviter à prendre la parole.
Je vais commencer par le président de la Société canadienne d'anthropologie, M. Lorne Holyoak.
Lorne Holyoak, président, Société canadienne d'anthropologie : Je remercie le comité de me permettre de m'exprimer ici ce soir. Je représente la Société canadienne d'anthropologie, une organisation composée à la fois de professeurs d'anthropologie et d'anthropologues professionnels de partout au Canada.
Je vais utiliser une image pour commencer. Supposons que vous viviez dans un village qui aurait besoin d'un nouveau poste de police et que votre conseil municipal proposait de convertir la caserne de pompiers en poste de police. Je me demande bien comment vous trouveriez l'idée, si vous la trouveriez bonne. C'est une analogie qui me vient en tête quand je pense à ce projet de loi.
Je tiens à souligner d'emblée que la Société canadienne d'anthropologie appuie en principe l'idée de fonder un musée canadien de l'histoire. C'est une excellente idée. Le Canada a besoin d'un vrai bon musée canadien de l'histoire.
Ce n'est pas l'idée d'un tel musée que nous rejetons. Il y a trois raisons pour lesquelles nous enjoignons au gouvernement du Canada de faire bien attention de préserver le joyau national des musées canadiens : le Musée canadien des civilisations.
Premièrement, nous déplorons le manque de consultations véritables des historiens, des anthropologues et des archéologues professionnels dans la planification de la création du MCH. Les rencontres qui ont eu lieu n'étaient pas des consultations préalables à une décision, mais des séances d'information : les décisions étaient déjà prises. Ensuite, nous n'avons rien vu qui nous indique comment le musée prévoit réagir pour apaiser les craintes des participants. Il y a des lacunes dans ce processus qui nous montrent que tout a déjà été décidé, mais pas sur la base de preuves ou des recommandations du plus grand nombre de spécialistes possible.
Deuxièmement, le changement de vocation d'un musée aussi exceptionnel est problématique, c'est le moins qu'on puisse dire. Les collections du musée sont à 80 % autochtones, et l'expertise du musée en matière de conservation va en ce sens. Il n'est pas réaliste de convertir cette expertise et les outils qu'utilisent les spécialistes pour les attribuer à d'autres thèmes encore indéterminés de l'histoire canadienne. Cela signifie que ce musée n'a vraiment pas de collection adéquate pour être un musée canadien de l'histoire.
Troisièmement, le financement prévu n'est pas suffisant. Les 25 millions de dollars alloués ne peuvent financer la rénovation que de la moitié de la superficie du musée, qui fait 100 000 pieds carrés. Actuellement, les coûts de réfection des musées conformément aux normes en matière de conservation sont d'environ 1 000 $ par pied carré. Il faudrait donc 50 millions de dollars et non 25 millions pour effectuer des rénovations dignes du calibre mondial de ce musée. C'est là un sous-financement ridicule, qui va faire diminuer la qualité du musée et ne permettra en rien de répondre aux besoins plus généraux liés à la collection.
J'ai remarqué qu'on nous garantit un investissement de 10 millions de dollars dans le fonds des collections. Si vous voulez d'un nouveau musée, un budget de 10 millions de dollars ne serait qu'une goutte d'eau dans l'océan pour nous doter d'une collection de recherche respectable.
Ce sont les trois plus grands problèmes que nous voyons.
En outre, l'abolition du poste de vice-président de la recherche et des collections constitue toute une perte, tout comme l'attrition dans les rangs des spécialistes de la conservation, de l'ethnologie, des études culturelles, de l'archéologie et même de l'histoire. C'est un musée canadien de l'histoire qui perd des historiens.
On nous garantit que la Grande Galerie et la salle des Premiers Peuples seront conservées, mais sans le soutien nécessaire en matière de recherche, il sera impossible d'en renouveler adéquatement les expositions. Elles ne peuvent pas se renouveler toutes seules. Il faut mener des recherches et des consultations pour veiller à ce qu'elles reflètent bien les réalités contemporaines. Il est très clair que la salle des Premiers Peuples n'est pas la priorité dans ce nouveau musée.
On nous garantit que la portée du mandat de ce nouveau musée ne sera pas plus étroite. Cela me rend perplexe, parce que la portée de son mandat est bel et bien plus étroite. Il s'agit d'un musée canadien de l'histoire et non des civilisations. Il n'y a pas de mal à cela. Il n'y a pas de mal à créer un musée qui mettrait exclusivement l'accent sur l'histoire canadienne et qui la célébrerait.
Mais pourquoi prétendre que la portée de son mandat ne sera pas plus étroite? Pourquoi le ministère du Patrimoine canadien ne peut-il pas proclamer fièrement : « Nous allons avoir un musée de l'histoire et un musée des civilisations de calibre mondial! »? Pourquoi pas? Pourquoi ne pas saisir l'occasion?
On peut lire sur le site web du MCC tout un flafla sur le nouveau musée, qui sera encore mieux. Il ne sera pas mieux; il sera amoindri. Toute la propagande du monde n'y changera rien.
Ce que je trouve le plus difficile à comprendre, c'est pourquoi le gouvernement n'assume pas pleinement son initiative et se contente de demi-mesures. Nous allons perdre un superbe musée ethnologique et nous retrouver avec un musée d'histoire inadéquat, quel coup d'épée dans l'eau.
Je vais conclure avec une dernière analogie. Imaginez que vous avez besoin d'une école dans votre communauté et que vous vous dites : « Nous avons une bibliothèque remplie de livres, donc nous allons en faire une école, parce qu'il faut des livres pour faire une école, n'est-ce pas? » Cela n'irait pas, parce qu'on n'y trouverait pas les bons livres, mais c'est ce qu'on nous propose ici.
Le président : Je vais maintenant me tourner vers Dominique Marshall, présidente de la Société historique du Canada, et l'inviter à nous présenter son exposé.
[Français]
Dominique Marshall, présidente, Société historique du Canada : Honorables sénateurs, merci de votre invitation à commenter le projet de loi C-7 visant à amender la Loi sur les musées. Nous remercions également M. O'Neill et le ministre pour leur reconnaissance du travail de nos collègues au sein des comités consultatifs.
[Traduction]
La Société historique du Canada, que je représente, est le porte-voix des historiens professionnels du Canada depuis 1922. Elle se consacre à la promotion de l'étude savante, de l'enseignement et de la diffusion de l'histoire au Canada. Elle compte plus de 1 000 membres, ce qui en fait la plus grande association d'historiens au pays.
Nous nous intéressons vivement aux changements juridiques apportés à la Loi sur les musées liés au Musée canadien des civilisations et sommes heureux de la création d'un réseau d'échanges d'artéfacts. Quatre aspects des modifications à la Loi sur les musées inquiètent nos membres.
[Français]
Premièrement, la transformation du nom « Musée canadien des civilisations » en celui de « Musée canadien de l'histoire » indique une réduction de la période au sujet de laquelle l'institution va présenter, collectionner et étudier le matériau du passé. Écrit de cette façon, le projet de loi présente l'histoire comme débutant avec les documents écrits; et les 13 000 premières années de préhistoire du Canada ne pourront pas recevoir le même degré de reconnaissance et ne seront accessibles que par l'entremise de l'archéologie, de l'anthropologie et de l'histoire orale.
[Traduction]
Voici notre deuxième argument. Nous vous avons distribué une petite feuille. Nous craignons que le monde à l'extérieur du Canada ne reçoive pas autant d'attention qu'il en recevait auparavant.
La SHC représente des chercheurs de tous les domaines géographiques de l'histoire, et nous déplorons le rétrécissement du mandat qui favorise la connaissance chez les citoyens canadiens de l'histoire de leur pays seulement.
Le nouveau nom du musée, qui comprend le Canada et l'histoire mais non les civilisations, indique une telle réduction.
L'article 2 du projet de loi, qui modifie la mission du musée, supprime les références au public international. Il supprime son mandat de développer une collection qui ne dépeint pas exclusivement l'histoire du Canada. Enfin, les mots « à l'histoire du monde et aux autres cultures » apparaissent seulement à la fin de l'article, comme compléments à « l'histoire et l'identité canadiennes » tandis que les mots « des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité » figurent au cœur de sa mission dans la version actuelle.
[Français]
Troisièmement, le mandat révisé du musée ne demande plus que les matériaux présentés aux visiteurs encouragent une « compréhension critique » du passé. Ces mots sont retirés du nouveau texte. La Société historique du Canada croit que la compréhension critique devrait être le but de tous les musées. Ils doivent encourager les visiteurs à considérer de multiples perspectives sur le passé et de multiples approches du passé qui existent aujourd'hui.
Les musées devraient présenter des textes et des matériaux qui font s'interroger sur les grands récits et qui font justice à la variété des populations du passé, au lieu de simplement vénérer des héros nationaux et des acteurs puissants.
[Traduction]
Enfin, notre quatrième argument est le suivant. La SHC est préoccupée par la suppression des mots mêmes qui assuraient le maintien des normes de la discipline et de l'autonomie de conservation des historiens et d'autres professionnels du passé à l'emploi du musée dans la Loi sur les musées. Leur obligation professionnelle de respecter la diversité des approches de l'histoire et les groupes qui ont composé les sociétés du passé doit être garantie.
L'article 2 du projet de loi C-7 modifie l'article 8 de la Loi sur les musées pour ce qui est de la mission du nouveau Musée canadien de l'histoire, en retirant son rôle d'« accroître la compréhension critique... » du passé. La SHC est préoccupée par la suppression du mot « critique ». « Critique », dans ce contexte, ne signifie pas « faire une critique négative ou défavorable », mais plutôt « supposant ou faire preuve de jugement ou de sens d'observation. » Une telle attitude est cruciale pour la conduite de ce type de recherches savantes, une attitude qui à ce jour a guidé les professionnels du travail de ce musée national et qui est en phase avec l'engagement de la SHC que « la recherche [soit] libre et ouverte, conformément à l'idéal de la liberté universitaire ».
D'autres suppressions de parties de l'article 8 sur sa mission vont dans le même sens : les méthodes de travail du musées ont été éliminées, c'est-à-dire « la constitution, l'entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d'une collection d'objets à valeur historique ou culturelle. »
Les alinéas 9(1)a), b) et f) de la loi font état du pouvoir de collectionner, de constituer de la documentation et d'entreprendre des recherches, mais ils occupent un statut inférieur dans la loi.
Par la suppression de portions de l'alinéa f) de l'article 9 sur la capacité et les pouvoirs du musée, le projet de loi ne précise plus la définition de la recherche au musée, et le retrait de ces mots affaiblit le statut futur du travail indépendant et scientifique. Le musée aura donc toujours le pouvoir d'entreprendre ou de parrainer des recherches, mais les mots « notamment des recherches fondamentales, théoriques ou appliquées, dans le cadre de sa mission et de la muséologie, et en communiquer les résultats » ont été supprimés. Ce changement va à l'encontre des valeurs fondamentales de nos membres de « faire preuve d'ouverture d'esprit et [d'accepter] d'écouter, respectueusement, les interprétations et les points de vue divergents, même lorsque nous soumettons ces interprétations à un examen minutieux ».
Pour conclure, la SHC demande respectueusement au Sénat d'étudier l'élimination de parties de l'alinéa 9(1)f) et de reconsidérer les modifications à la mission du musée énoncée à l'article 8, ainsi que le changement de nom du musée.
Le président : Merci beaucoup.
Je vais maintenant donner la parole à Rosa Barker, qui représente l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Madame Barker, je vous en prie.
Rosa Barker, agente professionnelle, Association canadienne des professeures et professeurs d'université : Je vous remercie beaucoup de l'invitation. Je suis très heureuse d'être ici pour représenter l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Notre association représente 68 000 universitaires et 124 universités et collèges d'un bout à l'autre du Canada.
Mesdames et messieurs les sénateurs, vous avez aujourd'hui la chance d'avoir une véritable incidence, d'éviter une erreur en modifiant le projet de loi boiteux qui vous est soumis aujourd'hui. Les modifications à la Loi sur les musées prévues dans le projet de loi C-7 sont inutiles. Si l'objectif de ce projet de loi est de faire la promotion de l'histoire canadienne, un objectif certes louable, sachez qu'il est déjà possible de l'atteindre dans le cadre de la loi actuelle. En fait, environ 75 p. 100 des expositions présentées au Musée canadien des civilisations sont consacrées à l'histoire canadienne, qui comprend l'histoire des premiers peuples du Canada. Pourquoi ne pas préserver le musée de calibre mondial que nous avons déjà, comme en font foi son immense popularité et sa stature en muséologie, et simplement l'enrichir de nouveaux volets? Ce projet de loi ne fera que restreindre les possibilités au musée le plus populaire au Canada.
La loi actuelle, qui est en vigueur depuis 1990, confère au musée le mandat d'accroître « la compréhension critique de même que la connaissance et le degré d'appréciation par tous à l'égard des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité, par la constitution, l'entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d'une collection d'objets à valeur historique ou culturelle, principalement axée sur le Canada ». Le projet de loi C-7 propose de remplacer cette mission par une mission fondamentalement différente en réduisant la portée des activités du musée, afin de simplement accroître « la connaissance, la compréhension et le degré d'appréciation [...] à l'égard d'événements, d'expériences, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonnées... »
Cette révision du mandat pose trois grands problèmes. Premièrement, elle nous éloigne d'une compréhension élargie de l'histoire pour nous limiter à la compréhension « d'événements, d'expériences, de personnes et d'objets qui incarnent l'histoire et l'identité canadiennes, qu'ils ont façonnées... ». Le fait de mettre l'accent sur les dates, les héros et les objets risque de nous porter à exclure l'expérience de la vaste majorité des Canadiens. Les histoires et les expériences des personnes et des événements ordinaires qui ne correspondent pas à ce modèle biographique politique risquent d'être laissées de côté.
Deuxièmement, on supprime les mots « compréhension critique » pour les remplacer par le simple mot « compréhension », comme mes collègues l'ont souligné. Il est pourtant essentiel que tout grand musée ait pour objectif de promouvoir la compréhension critique de l'histoire. Pour aider les visiteurs à avoir une compréhension critique de l'histoire, il faut leur offrir la possibilité d'évaluer différents points de vue, d'analyser le passé de manière critique, de pondérer les faits et de se faire leur propre idée plutôt que de leur offrir une représentation unique prémâchée de notre histoire.
Troisièmement, on en élimine tout renvoi à l'entretien d'une collection aux fins de la recherche et pour la prospérité. La suppression de l'alinéa 9(1)f) de la loi est particulièrement inquiétante. C'est par application de cet alinéa que le musée peut « entreprendre ou parrainer des recherches, notamment des recherches fondamentales, théoriques ou appliquées, dans le cadre de sa mission et de la muséologie, et en communiquer les résultats ». La suppression de cette partie centrale du mandat du musée nous porte à croire que la fonction de recherche et d'avancement du savoir du musée est sérieusement compromise, une perspective profondément troublante.
Le Musée canadien des civilisations est une institution culturelle centrale au Canada. Depuis le début de sa longue histoire, il a contribué de façon importante à l'avancement du pays et du monde. Il n'y a rien dans ce projet de loi qui ne peut se faire dans le cadre du mandat actuel.
Mesdames et messieurs les sénateurs, nous vous exhortons de revoir ce projet de loi, afin de préserver la fonction de recherche et d'avancement du savoir du musée, ainsi que l'engagement public critique et la portée élargie des activités de cette institution culturelle canadienne de renommée mondiale. Nous n'avons rien à gagner avec ce projet de loi, mais tout à perdre.
Le président : Merci.
Je vais maintenant donner la parole à mes collègues, à commencer par le sénateur Eggleton.
Le sénateur Eggleton : Madame Barker, je vais commencer par vous, parce que j'ai ici une autre citation de votre organisation, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. D'après l'association, le changement proposé « s'insère dans une tendance, au cours des dernières années, à adopter des politiques sur le patrimoine pour des motifs politiques ». Ainsi, il témoignerait d'un nouvel usage du terme « histoire » pour favoriser les visées politiques du gouvernement. Auriez-vous l'obligeance de nous en parler davantage?
Mme Barker : Oui, cela nous inquiète. Cette mesure s'inscrit dans un contexte de définancement systématique des institutions et des programmes culturels les plus centraux du pays, comme Bibliothèque et Archives Canada, les sites archéologiques et historiques de Parcs Canada, nos bibliothèques fédérales, les programmes de bibliothèques publiques comme le programme d'accès communautaire, des programmes et des institutions tout aussi centraux et importants les uns que les autres.
En outre, on assiste à la célébration de certains types d'événements bien particuliers. La guerre de 1812, qui rassemble une série de petites escarmouches, est devenue un élément central de l'identité nationale canadienne. C'est en quelque sorte une réécriture et une « révision » de notre passé, qui met l'accent sur notre histoire militaire plutôt que de permettre l'appréciation plus complexe de la diversité de notre passé historique et de notre présent, du coup.
Le sénateur Eggleton : Ma prochaine question s'adresse aux trois témoins. Au sujet des modifications proposées au mandat du musée, qui est beaucoup plus court, ils pourraient très bien prétendre que le Musée canadien des civilisations actuel peut atteindre bon nombre de ses objectifs dans le cadre de ce nouveau mandat. Bien sûr, il met l'accent sur l'histoire canadienne, mais il y est aussi question de « sensibiliser à l'histoire du monde et aux autres cultures ». J'ai l'impression que vous ne trouvez pas cela suffisant, que ce n'est pas assez englobant. Est-ce que l'un d'entre vous souhaiterait s'exprimer à ce sujet?
Mme Marshall : J'ai déjà dit dans mon exposé que les mots « autres cultures » se trouvent maintenant à la toute fin de la description du mandat. Ils se trouvaient au milieu auparavant, et juste avant, on parlait des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité. C'est maintenant l'histoire canadienne qui passe en premier, et l'histoire du monde vient en deuxième. Nous savons bien que, lorsque quelque chose vient en deuxième dans une loi, il ne s'agit pas de la priorité. Ce projet de loi indique donc un changement de priorité.
Dans la mission du musée, il n'est pas explicite non plus que ce musée va s'adresser à un public international. Il s'adresse aux citoyens canadiens. La portée de sa mission est donc réduite. C'est là, mais de façon plus effacée, de moindre importance.
Le sénateur Eggleton : Permettez-moi d'ajouter quelque chose à cela. J'aurais peut-être dû poser la question à M. O'Neill. Pourquoi le mandat actuel du musée ne permettrait-il pas d'accroître l'importance du volet de l'histoire canadienne? On y présente déjà des aspects de l'histoire canadienne. Pourquoi ne pas simplement l'enrichir? Si vous vouliez modifier très légèrement le nom du musée, par exemple, l'appelleriez-vous le musée de l'histoire canadienne et des civilisations, quelque chose du genre?
M. Holyoak : J'aimerais répondre à la première partie de votre question, principalement pour insister de nouveau sur le fait qu'on ne peut pas tout simplement changer la mission d'un musée. C'est le problème. La collection du musée ne convient pas à cette vision étroite proposée de l'histoire canadienne, et ça aussi, c'est un problème. L'ancien président du musée avait lui aussi proposé la création d'un musée canadien de l'histoire et de la civilisation. Comme l'a souligné ma collègue, cela pourrait fonctionner, à condition d'accorder la même priorité aux deux volets du musée et que le gouvernement soit disposé à financer adéquatement le projet.
Le sénateur Eggleton : Selon vous, est-ce qu'il faudrait deux musées distincts? C'est ce que vous recommandez?
M. Holyoak : Oui, c'est que je crois. La raison pour laquelle je dis cela, c'est que le Musée des civilisations, dans sa forme actuelle, connaît beaucoup de succès. Il n'y a aucune raison de changer les choses. On parle de créer un bel héritage de musées au pays pour de nombreuses années — une vision.
[Français]
Mme Marshall : La ministre, plus tôt, a comparé le nouveau musée au Smithsonian — le musée d'histoire national américain — et à celui de la Nouvelle-Zélande. Le Smithsonian fait partie d'un grand réseau de musées, c'est plusieurs musées, c'est un musée d'histoire national qui a été créé à l'intérieur d'un grand réseau de musées, alors la comparaison n'est pas tout à fait exacte.
Dans ce cas, le modèle d'un musée d'histoire national à côté d'un musée des civilisations serait beaucoup plus intéressant. Si les fonds ne le permettent pas —et on veut parler d'une façon réaliste —, je préférerais alors garder le nom d'origine parce que « civilisation » inclut « histoire », mais « histoire » n'inclut pas « civilisation ».
[Traduction]
La sénatrice Eaton : Vous me surprenez tous les trois, car vous êtes tous des universitaires. Il n'y a que quatre provinces au pays qui enseignent l'histoire au secondaire, et 80 p. 100 des étudiants présentent des lacunes dans la plupart des concepts de base de l'histoire canadienne.
Monsieur Holyoak, avez-vous déjà travaillé pour le Musée canadien des civilisations?
M. Holyoak : Non.
La sénatrice Eaton : Vous semblez bien connaître les collections que l'on y trouve. Si j'ai bien compris, la plupart des collections du musée sont entreposées, n'est-ce pas?
M. Holyoak : C'est exact.
La sénatrice Eaton : Vous avez entendu le directeur dire qu'il souhaitait inclure les 40 dernières années de l'histoire canadienne : des gens, des objets, des sujets ou des domaines de l'histoire qui n'ont pas encore été inclus aux musées. N'est-ce pas une bonne idée, selon vous, de cibler les citoyens canadiens et les nouveaux immigrants qui ne connaissent pas notre histoire et qui visitent le Musée canadien des civilisations, un très beau musée, d'ailleurs. On a beau admirer les merveilleuses sculptures, mais si on ne s'intéresse pas à l'histoire canadienne — et j'essaie de lire beaucoup sur le sujet —, il n'y aucun narratif séquentiel. C'est difficile. Le témoignage que nous a livré le directeur aujourd'hui me rassure.
Selon Mme Marshall, il fermera ses portes. Le musée présentera deux expositions d'envergure — 500 ans de civilisation grecque. Il s'est affilié à un musée de l'histoire au Japon. Je ne vois vraiment pas ce que l'investissement du gouvernement pourrait faire de mal.
N'êtes-vous pas d'accord avec moi qu'après 25 ans, il serait temps de renouveler les galeries?
M. Holyoak : Premièrement, le gouvernement n'investit pas d'argent; il réaffecte des fonds provenant du ministère du Patrimoine canadien. Aucun nouvel argent n'est investi. Comme je l'ai dit, l'investissement est insuffisant. C'est un bobard.
La sénatrice Eaton : C'est un début.
M. Holyoak : Pouvez-vous me garantir que les fonds seront suffisants? Bien sûr que non.
Deuxièmement, comme mes collègues et moi l'avons fait remarquer, le problème, ce n'est pas de mettre l'accent sur l'histoire canadienne. Je suis totalement d'accord avec vous qu'il faut mieux raconter notre histoire et que les provinces devraient améliorer l'enseignement de l'histoire dans leurs établissements scolaires. C'est leur responsabilité, pas celle du gouvernement du Canada. Cependant, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas en fermant un musée qui connaît du succès qu'on règlera le problème.
La sénatrice Eaton : J'ai occupé des fonctions au Musée royal de l'Ontario pendant 20 ans, et je peux vous assurer qu'après 25 ans, les galeries doivent être renouvelées. Comme le dit souvent le sénateur Joyal, le porte-parole de l'opposition sur ce projet de loi — il connaît beaucoup de choses sur les musées, mais malheureusement, il n'est pas ici aujourd'hui —, nous devons constamment réinterpréter l'histoire. N'êtes-vous pas d'accord? Il faudrait probablement songer à renouveler ces galeries tous les 10 ou 12 ans. L'histoire nous instruit. Nous découvrons toujours de nouveaux éléments. Le moment ne serait-il pas venu de revoir la composition des galeries?
Le président : J'aimerais laisser la parole à Mme Marshall, qui voulait répondre à la première question, et ensuite à Mme Barker. Ça vous va?
Mme Marshall : Merci.
Premièrement, en ce qui concerne les enfants canadiens et leur connaissance de l'histoire, je peux vous assurer, madame la sénatrice Eaton, qu'à chaque fois qu'une province modifie son curriculum au secondaire pour y diminuer la place de l'histoire, nous le déplorons. Pour la plupart, mes collègues sont des universitaires, mais certains travaillent aussi dans des établissements patrimoniaux et d'autres sont des enseignants. Nous formons également des enseignants dans l'enseignement de l'histoire. Nous voulons absolument que les enfants canadiens aient une meilleure connaissance de leur histoire et nous tentons de rester vigilants à cet égard.
Aussi, nous sommes très heureux d'apprendre qu'il y aura une exposition sur le Japon et une sur la Grèce. Nous suivons les développements dans ce dossier. Mais, ce n'est pas de cela que parle le projet de loi. Ce que fait actuellement le musée diffère de ce que propose le projet de loi. Il n'y a rien dans cette mesure législative sur le renouvellement des galeries. Elle ne parle que du mandat. Cette mesure ne dit rien sur la façon dont les musées s'y prennent pour renouveler leurs galeries ou le moment qu'ils choisissent pour le faire. Je parlais du projet de loi, et celui-ci propose un mandat plus étroit.
Mme Barker : Je tiens, moi aussi, à vous remercier pour cette question. Pourquoi ne pas investir 25 millions de dollars, peut-être de nouveaux fonds, pour agrandir et renouveler les expositions actuelles? On parle ici d'un musée de calibre mondial; il accueille 1,2 million de visiteurs chaque année. Son image de marque est reconnue et elle est bonne. Aussi, la promotion de l'histoire canadienne doit essentiellement inclure le passé et le présent. Il faut reconnaître la valeur de la diversité du peuple canadien et ne pas se limiter à une vision du passé. C'est de cela qu'il est question, et selon nous, c'est exactement ce qu'entraînerait le mandat proposé. C'est le risque associé à ce mandat. L'impact ne sera pas immédiat; il faudra attendre quelques années pour le constater.
La sénatrice Eaton : Sauf votre respect, je ne suis pas d'accord avec vous. Nous avons une interprétation différente du mandat.
[Français]
La sénatrice Chaput : Ma question s'adresse à nos trois témoins et concerne les consultations qui ont été entreprises par le ministère de Patrimoine canadien et d'autres groupes, si j'ai bien compris.
J'aimerais que vous me disiez sur quoi ont porté ces consultations et si vous avez été impliqués dans ces consultations.
Mme Marshall : Certains de nos membres ont été invités aux consultations publiques qui ont eu lieu pour le mandat de recherche. Ce qui nous inquiétait quant à ces consultations, c'est le fait qu'il n'y ait pas eu de rapport suite à celles- ci, mais il y en a eu un qui a été publié cet automne.
Depuis l'été, il y a des comités consultatifs sur la salle du Canada, pas sur tout le musée. Ce n'est pas ce dont M. Holyoak parle. Il n'y a pas eu de consultations avant que le projet de loi soit rédigé, mais depuis qu'il l'est - et cela n'a pas de rapport avec le projet de loi -, il y a maintenant des comités consultatifs sur la salle du Canada, qui est juste une galerie. Notre société a été invitée à y participer; le processus est ouvert et professionnel. Cependant, il n'y a rien dans le projet de loi qui garantit une telle consultation. C'est quelque chose que l'administration courante du musée a entreprise - et qui nous satisfait -, mais le projet de loi, en principe, diminue l'engagement du musée envers ce genre de consultations et ce genre de professionnalisme.
La sénatrice Chaput : Si je comprends bien, il n'y a pas eu de consultations avant la rédaction du projet de loi. Les consultations ont lieu à l'heure actuelle, maintenant que le projet de loi est rédigé, est-ce exact?
[Traduction]
M. Holyoak : Je n'ai rien à ajouter à ce que Mme Marshall a déjà dit, sauf que le processus se poursuit. On étudie la structure que prendra le musée canadien de l'histoire et c'est un processus très fermé. Aussi, aucune consultation générale n'est prévue sur le sujet, ce qui est également inquiétant.
Mme Barker : Merci pour cette question. Je suis d'accord avec mes collègues, mais je vais simplement parler de ce qui nous préoccupe en tant qu'association.
Initialement, nous avons soulevé certaines inquiétudes, et nous avons appris, avec plaisir, que le PDG du musée, Mike O'Neill, le vice-président de la recherche et des expositions, Jean-Marc Blais et le directeur de la recherche, le Dr David Morrison, étaient tous d'accord avec nous. Nous nous sommes rencontrés pendant environ une heure et avons convenu de nous rencontrer de nouveau. Cette première rencontre ne servait qu'à faire passer un message : nous voulions être consultés.
En février dernier, M. Blais nous a informés que d'autres consultations allaient être menées. Depuis, nous n'avons eu aucune nouvelle, et nous attendons toujours d'être consultés.
Le président : Il semble qu'il n'y ait pas d'autres questions. Je crois que vous avez très clairement expliqué vos positions. Tous les points que vous avez soulevés sont très compréhensibles. Nous vous remercions beaucoup d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui.
(La séance est levée.)