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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 38 - Témoignages du 17 juin 2015


OTTAWA, le mercredi 17 juin 2015

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 40, afin de poursuivre son étude sur l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Je m'appelle Kelvin Ogilvie, je suis président du comité et je suis originaire de Nouvelle-Écosse. Je demanderais à mes collègues de se présenter, en commençant par celui qui se trouve à ma gauche.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto et vice-président du comité.

La sénatrice Raine : Nancy Greene Raine, de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, de l'Ontario.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

Le président : Merci, chers collègues. Je vous rappelle que nous poursuivons notre étude, pour en faire rapport, de l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Nous accueillons deux témoins aujourd'hui. Avant que je les invite à prononcer leurs remarques liminaires, je tiens à vous rappeler que même si la réunion a commencé avec un peu de retard en raison d'un vote au Sénat, elle se terminera à 18 h 15 au plus tard.

Sur ce, entrons dans le vif du sujet. Puisque personne ne s'est opposé à l'ordre des témoins, je vais suivre la liste à l'ordre du jour. Dans ce cas, j'inviterais Kirstin Lane, membre du corps enseignant de base et membre du groupe de travail sur les projets spéciaux de la Société canadienne de physiologie de l'exercice, à prendre la parole.

Madame Lane, nous vous écoutons.

Kirstin Lane, membre du corps enseignant de base et membre du groupe de travail sur les projets spéciaux, Société canadienne de physiologie de l'exercice : Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie d'avoir invité la Société canadienne de physiologie de l'exercice à comparaître aujourd'hui. Je salue votre volonté de lutter contre un problème de santé qui touche trop de Canadiens.

Vous avez entendu les témoignages de nombreux experts et intervenants de différents secteurs sur la prévalence et les causes de l'obésité, ainsi que leurs recommandations pour faire avancer cette question. Plusieurs intervenants comme le Dr Mark Tremblay, le Dr Ian Janssen, et le Dr Jonathon Fowles, sont également membres de la SCPE. Pour ma part, je suis sur le terrain à préparer la prochaine génération de professionnels de l'exercice.

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler du rôle de l'activité physique dans le traitement de l'obésité, et du leadership exercé par la CSEP dans la recherche, l'éducation et la pratique. Ce faisant, je tiens à souligner que je ne veux aucunement minimiser l'importance de prévenir l'obésité. La prévention est cruciale pour réduire le taux d'obésité. En fait, vous avez peut-être pris connaissance du Bulletin de l'activité physique chez les jeunes, publié jeudi dernier par ParticipACTION. Nous avons obtenu une note de D- pour les indicateurs Ensemble de l'activité physique et Comportements sédentaires. Il s'agit d'une note d'échec. Les parents, les éducateurs et l'ensemble de la société doivent revoir la manière de concevoir l'activité physique à l'intérieur comme à l'extérieur du réseau de l'éducation.

« Le tout est plus que la somme des parties », a dit Aristote; cela ne saurait être plus vrai pour le traitement de l'obésité. Les pratiques exemplaires relatives à la gestion de la masse pondérale malsaine font écho à ces propos avisés. Les études nous prouvent qu'une intervention dans le mode de vie sous la forme, notamment, de conseils en matière d'alimentation, de changements aux habitudes et de soutien à l'activité physique « est plus que la somme des parties ». Des résultats encore plus durables et intéressants peuvent être atteints grâce à une équipe de soins multidisciplinaires.

La valeur ajoutée de l'activité physique tient du fait que même les personnes définies comme obèses ou ayant un surplus de poids peuvent en bénéficier. On peut être gras et en forme, disait l'éminent chercheur en matière d'exercice physique, le Dr Steven Blair. Les études montrent que les personnes plus actives vivent plus longtemps que les personnes sédentaires, et ce, qu'elles aient un poids normal, qu'elles fassent de l'embonpoint ou qu'elles soient obèses. Mieux vaut faire un peu d'exercice que de ne rien faire du tout, tout comme la pratique régulière d'une activité physique est préférable à une pratique occasionnelle.

La SCPE est un organisme à but non lucratif fondé en 1967. Elle compte plus de 5 000 membres qui sont des professionnels s'intéressant et participant à l'étude scientifique de la physiologie de l'exercice, à la condition physique et à la santé. L'organisme a pour mission d'être la ressource et la voix en matière de physiologie de l'exercice, de santé et de condition physique, en jouant un rôle de chef de file en matière de recherche, d'éducation et de pratique pour améliorer la santé des Canadiens.

L'une de nos initiatives clés, dont vous avez déjà entendu parler, est L'exercice : un médicament Canada. Elle consiste à faire en sorte que l'activité physique soit au cœur de la prévention et du traitement des maladies chroniques dans le réseau des soins de santé au Canada.

Les travaux de la SPCE et de ses membres contribuent à l'effort pour prôner la santé et la forme physique sur la scène internationale. Par exemple, le SPCE a publié des Directives canadiennes en matière d'activité physique pour les enfants, les jeunes, les adultes et les aînés. Nous avons aussi été les premiers à produire des lignes directrices pour la petite enfance.

La SCPE a publié en parallèle les Directives canadiennes en matière de comportement sédentaire pour la petite enfance, les enfants et les jeunes. Pourquoi est-il important de limiter les comportements sédentaires? Nous connaissons maintenant les conséquences d'être un téléphage actif, c'est-à-dire la personne classée dans la catégorie « actif » — parce qu'elle respecte le guide qui recommande de faire 150 minutes d'activité physique par semaine —, mais qui est sédentaire le reste du temps, ou presque. Les études ont prouvé l'existence d'un lien direct entre l'augmentation des périodes de sédentarité et la mauvaise condition physique, une faible estime de soi, des résultats scolaires médiocres et l'obésité. Le respect des lignes directrices en matière d'activité physique est une bonne chose, mais c'est encore mieux si on l'assortit d'une diminution des comportements sédentaires.

Le SCEP et d'autres partenaires, conscients qu'une stratégie plus intégrée et inclusive pourrait mieux répondre à cette crise sanitaire, est à élaborer les toutes premières lignes directrices canadiennes sur les comportements de mouvements sur 24 heures. Ce guide contiendra des recommandations en matière de périodes d'activité physique, de repos et de sédentarité.

J'aimerais maintenant aborder la question de l'utilité des services d'un professionnel de l'exercice qualifié dans le réseau canadien de la santé. Prenons l'exemple d'un habitué des cabinets de médecin qui souffre à la fois d'obésité, de diabète de type II et de problèmes cardiaques. Malheureusement, c'est une condition que nous observons maintenant chez les jeunes adultes.

Pour bon nombre d'entre nous, l'activité physique se pratique sans ordonnance; or, elle peut se révéler complexe pour cette personne. En effet, les personnes ayant des états de santé complexes doivent être guidées par un professionnel ayant une formation postsecondaire en sciences de l'exercice, qui doit leur prescrire un programme d'activité physique sûr et fondé sur des données probantes. Ce professionnel a suivi une formation sur les théories du changement de comportement, en vue d'amener les clients à adopter un nouveau mode de vie pour atteindre des résultats concrets et durables.

Les attestations de la SCEP sont la norme de référence dans l'industrie, car nous sommes l'unique organisme dont les professionnels agréés sont associés directement avec des chercheurs ayant une expertise dans ce domaine, et nous exigeons que les candidats soient titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires et qu'ils aient réussi un examen administré par un conseil national. Essentiellement, les membres de la SCEP ont les connaissances, les capacités et les habiletés requises pour offrir aux Canadiens souffrant d'états de santé complexes comme l'obésité, un programme d'exercice sur mesure et fondé sur des données probantes.

Alors comment la SCPE peut contribuer à lutter contre l'obésité?

La SCPE peut diriger l'élaboration des Directives canadiennes en matière d'activité physique pour les personnes obèses. Les Directives canadiennes en matière d'activité physique de 2011 avait pour objectif de réduire le risque de développer des maladies chroniques courantes et de mortalité — toutes causes confondues. L'obésité n'était pas incluse au moment d'élaborer ces directives en raison de l'analyse systématique et de l'abondance de preuves qu'il fallait fournir. Les Canadiens obèses ont besoin de conseils simples et fondés sur des données probantes pour pratiquer une activité physique de manière sécuritaire. Des directives particulières doivent également être élaborées pour les personnes atteintes de maladies chroniques courantes comme la cardiopathie, le diabète et le cancer.

Le CSEP peut fournir une expertise soutenue dans l'élaboration et la révision de nos directives actuelles en matière d'activité physique et de comportement sédentaire. Nous reconnaissons la nécessité de produire des lignes directrices en matière de comportement sédentaire pour les adultes et les personnes âgées. Nous prévoyons aussi de réviser les directives en 2016 pour tenir compte des données probantes de plus en plus nombreuses.

La SCPE et des partenaires comme ParticipACTION peuvent assurer un rayonnement efficace. Il faut tenir une campagne de sensibilisation à l'échelle nationale pour faire connaître nos directives à tous les Canadiens. Cette démarche est essentielle pour amorcer un changement sociétal et pour améliorer la santé.

Enfin, le CSEP prépare des professionnels de l'exercice et promeut les valeurs véhiculées par L'exercice : un médicament Canada comme partie intégrante du réseau de la santé. Nos membres ont les compétences requises pour travailler auprès de personnes ayant des états de santé complexes qui ne sont pas reconnus dans l'ensemble du réseau canadien de soins de santé.

Il est temps de faire le pont entre les professionnels de l'exercice et les médecins. La reconnaissance des professionnels de l'exercice au même titre que les diététistes ou les physiothérapeutes serait profitable pour la santé globale des Canadiens.

Toutes les mesures susmentionnées, pour être couronnées de succès, exigent un appui financier important et une démarche en partenariat. Des Canadiens moins obèses et en meilleure santé permettraient au réseau de santé de réaliser des économies importantes. Selon nous, la SCPE peut apporter une contribution importante pour réduire l'obésité et améliorer la santé des Canadiens grâce à son mandat unique visant à fournir un leadership en matière de recherche, d'éducation et de pratique de l'activité physique.

Merci de votre attention.

Le président : Merci. Nous entendrons maintenant le témoignage d'Elio Antunes, président et chef de la direction de ParticipACTION.

Elio Antunes, président et chef de la direction, ParticipACTION : Merci de m'avoir invité à témoigner cet après-midi. Depuis 45 ans, ParticipACTION est synonyme d'activité physique au Canada. En 1971, avec l'aide du Suédois de 60 ans, notre travail consistait à informer les gens que nous avions un problème. Dans les années 1990, nous étions connus pour les conseils que nous prodiguions pour garder la forme et s'amuser avec Hal et Joanne. Cependant, en 2001, ParticipACTION a fermé ses portes après une baisse du financement fédéral et elle est restée inactive jusqu'à ce qu'on rétablisse son financement en 2006-2007. Depuis 2007, la nouvelle organisation a tenu un débat complexe concernant l'inactivité physique au pays.

Nous avons réussi à changer la perception de ce qui constitue l'activité au Canada et, à l'avenir, nous avons l'intention de nous attacher à changer les comportements.

Comme Kirstin l'a mentionné, seulement 9 p. 100 des enfants suivent les recommandations des Directives canadiennes en matière d'activité physique, contre seulement 15 p. 100 des adultes.

Les Canadiens de tous âges ne bougent pas assez pour ressentir les bienfaits d'une activité physique régulière. Encore une fois, comme Kristin l'a mentionné, la recherche montre maintenant qu'il est mauvais de passer trop de temps assis, même si vous êtes actif le reste du temps. Des travaux de recherche récents du Conference Board du Canada ont aussi montré que si nous pouvions faire en sorte que seulement 10 p. 100 des adultes passent moins de temps assis et bougent davantage, nous réduirions les coûts des soins de santé au Canada de 2,6 milliards de dollars et injecterions 7,5 milliards de dollars dans l'économie canadienne en seulement 25 ans. Nous avons élaboré un certain nombre de campagnes et de programmes pour jeter l'éclairage sur cette question. Notre plus récente campagne « Faites place au jeu » vise à sensibiliser les familles et à les encourager à réduire le temps que leurs enfants passent devant un écran en faveur d'activités à l'extérieur. Par le truchement de recherches indépendantes, nous savons que grâce aux publicités, près de 70 p. 100 des mamans ont l'intention de changer les habitudes de leurs enfants pour qu'ils soient plus actifs et moins sédentaires.

En seulement une année, de 2014 à 2015, la sensibilisation de la population en général aux directives canadiennes en matière d'activité physique pour les enfants et les jeunes a triplé, passant de 8 à 24 p. 100, grâce à nos messages et campagnes. Quatre-vingt-douze pour cent des Canadiens croient que ParticipACTION fait un excellent travail pour sensibiliser les gens à l'importance de l'activité physique.

Nous avons un certain nombre de programmes que nous mettons en œuvre à la grandeur du pays, notamment La Journée du sport, qui est une célébration nationale du sport comme agent rassembleur pour encourager les Canadiens à bouger, avec plus de 2 000 événements organisés par des organismes, des municipalités, des écoles et des ligues dans plus de 550 collectivités. Encore une fois, des recherches indépendantes ont révélé que 15 p. 100 de tous les Canadiens y ont participé d'au moins une façon. Cependant, plus important encore, 58 p. 100 des participants ont affirmé que l'initiative avait fait en sorte qu'ils soient plus résolus à être actifs et en santé, une augmentation de 43 p. 100 par rapport à 2010. Les effets de cette activité ne durent pas qu'une seule journée, mais se font sentir à long terme sur les collectivités. Vingt-huit pour cent des organismes qui ont organisé des activités et participé à la Journée du sport ont confié que l'inscription et la participation à leurs programmes de sports et d'activité physique locaux avaient augmenté grâce à cet événement.

Nous nous efforçons aussi de faire preuve de leadership dans le secteur en général. Quatre-vingt-treize pour cent des organismes sont d'accord pour dire que ParticipACTION contribue de façon positive au secteur pour tenter d'accroître l'activité physique. Elle le fait, notamment, par l'intermédiaire du bulletin 2015 dont vous recevrez des copies. Pour la première fois, nous y avons joint un énoncé de position fondé sur des preuves concernant les activités énergiques à l'extérieur dans lequel nous constatons que les activités dans la nature et à l'extérieur, même avec les risques qu'elles comportent, sont essentielles pour le développement sain des enfants.

En 2010, ParticipACTION et ses groupes consultatifs ont formulé une stratégie d'activité physique pour le Canada. Après de nombreuses consultations à la grandeur du pays, nous avons formulé Canada Actif 20/20, vision claire des étapes à prendre pour réussir à accroître l'activité physique et à réduire les comportements sédentaires.

Nous venons de mener à bien le processus de planification stratégique pour l'organisme, et notre vision pour l'avenir demeure celle d'un Canada où l'activité physique constitue une part essentielle de la vie de tous les jours.

Cependant, notre mandat évolue. À titre de première marque de commerce de l'activité physique, ParticipACTION aidera les Canadiens à passer moins de temps assis et à bouger davantage par le truchement d'initiatives de sensibilisation novatrices et d'un leadership éclairé. Notre principal objectif au cours des cinq prochaines années est de faire en sorte que 10 p. 100 des Canadiens passent moins de temps assis et bougent davantage.

Comme je l'ai mentionné, nous le ferons par l'entremise d'initiatives de sensibilisation mesurables, pertinentes et convaincantes. Le recours futur aux campagnes de sensibilisation publiques permettra d'encourager les initiatives de participation plutôt que de promouvoir la sensibilisation à la question de l'inactivité physique en général. Une des activités de ce type à laquelle nous travaillons actuellement vise à accroître la marche chez les adultes au travail; il s'agit d'un programme solide qui s'inspire de l'économie comportementale et qui fait appel à des suivis, des coups de pouce, des incitatifs et des milieux propices pour faire en sorte que les parents, qui sont les meilleurs modèles pour leurs enfants, bougent davantage.

Nous allons aussi continuer à privilégier le leadership éclairé. Nous sommes un chef de file en matière d'opinions éclairées et la référence dans le domaine de l'activité physique et de la participation sportive au Canada, et nous continuerons de chercher à combler l'écart entre la recherche actuelle et émergente et ce qui se passe sur le terrain au Canada.

Le besoin d'aider les Canadiens à devenir plus actifs physiquement est plus pressant compte tenu de notre population vieillissante, de nos vies professionnelles sédentaires et de l'attrait intense des technologies informatiques pour nos enfants. En accordant plus d'importance à l'activité physique, nous assurerons la santé, la prospérité et l'unité du Canada.

Même de petites hausses de l'activité physique peuvent avoir des effets positifs mesurables sur la santé et réduire l'incidence des maladies chroniques débilitantes. Un Canada en santé est un Canada meilleur.

Comme je l'ai mentionné, le simple fait de convaincre 10 p. 100 des Canadiens de passer moins de temps assis et de bouger davantage réduirait de 2,6 milliards de dollars les coûts des soins de santé au Canada et injecterait 7,5 milliards de dollars dans l'économie canadienne d'ici à 2040. Vraiment, un Canada prospère est un Canada meilleur.

L'activité physique, du terrain de jeu au podium, n'a pas son pareil pour unir notre pays — à part peut-être un but en prolongation; elle forge l'esprit national, renforce la collectivité et inspire la fierté d'être Canadien. Un Canada uni est un Canada meilleur; par conséquent, un Canada actif est un Canada meilleur.

ParticipACTION a trois recommandations à formuler. Premièrement, le gouvernement fédéral devrait travailler de façon plus proactive avec les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi que le secteur de l'activité physique au Canada à mettre en œuvre et à financer un programme d'activité physique national exhaustif fondé sur Canada Actif 20/20, de nature et de portée semblables à la Politique canadienne du sport de 2012.

Le défi complexe d'accroître l'activité physique de tous les Canadiens exige autre chose que les approches à solution unique. Il faut établir des partenariats et collaborer dans tous les secteurs de la société. Un programme national d'activité physique aidera à énoncer la meilleure façon de coordonner cet effort massif, à fixer des objectifs communs et à faire en sorte qu'ils soient alignés.

Nous avons aussi besoin d'un mécanisme pour intégrer le sport, l'activité physique et le bien-être. Bien que le Canada compte des exemples de programmes, de recherche, d'interventions communautaires et de campagnes de sensibilisation respectés dans le monde entier, notre approche à l'égard de l'accroissement de l'activité physique au pays a été fragmentée. Le mécanisme pourrait prendre la forme d'un conseil interministériel, d'un nouveau ministère ou d'un organisme public-privé sans but lucratif. L'objectif de ce mécanisme serait d'intégrer le sport, l'activité physique et le bien-être à un certain nombre de ministères, dont l'éducation, les transports, les ressources humaines et l'infrastructure, ainsi que les efforts coordonnés entre le secteur privé et d'autres intervenants non gouvernementaux.

La troisième recommandation est l'investissement prioritaire dans l'activité physique. Il faut accroître la gamme de financement et les investissements pour appuyer un style de vie sain et actif, les activités récréatives ainsi que l'infrastructure sportive, y compris pour faire la promotion de l'activité physique et de la participation aux sports de niveau débutant. Forts d'un programme d'activité physique national et d'un nouveau mécanisme pour intégrer le sport, l'activité physique et le bien-être, nous serions plus en mesure de mettre à profit les ressources, de mieux utiliser le financement existant, de planifier de façon plus stratégique, d'accroître notre incidence et d'être mieux placés pour cerner les écarts de financement. Si nous voulons renverser la tendance en matière de santé, investir pour épargner et unir le pays par le truchement de l'activité physique et du sport, nous devons accroître l'investissement dans le secteur en général, y compris en prenant des engagements financiers pluriannuels qui offrent un financement continu aux organismes et aux programmes qui font preuve de leadership en ce qui touche l'activité physique.

Au bout du compte, ParticipACTION veut voir tous les Canadiens passer moins de temps assis et bouger davantage mais, au plan pratique, nous ne pouvons pas atteindre chaque personne et l'appuyer dans cette démarche. Les changements de comportement sont complexes. Il est impossible d'attribuer les changements à l'échelle de la population à un ou même plusieurs facteurs. Nous savons que ParticipACTION fera partie de la solution — c'est clair —, mais nous ne serons jamais l'unique solution. Il faudra que bien des facettes de la société travaillent ensemble pour modifier les comportements de la nation. Au bout du compte, si, tous ensemble — les parents, les écoles, les décideurs, le secteur privé, les médecins, les urbanistes, les gouvernements, les milieux de travail et même le Sénat — nous faisons bien notre travail, nous constaterons des changements importants au fil du temps. ParticipACTION est la première marque de commerce de l'activité physique au Canada, et les Canadiens nous reconnaissent comme organisme qui fournit des ressources et des façons faciles pour les Canadiens d'être actifs, et qui les aide à surmonter les obstacles qui les empêchent de pratiquer une activité physique. Il est essentiel de cultiver et de préserver l'équité de cet atout canadien, la marque ParticipACTION, pour que le gouvernement, les partenaires, les ONG et les sociétés continuent à faire appel à nous pour alimenter le mouvement en faveur de l'activité physique au Canada.

Il ne sera pas facile de faire bouger la nation, mais ce sera essentiel. ParticipACTION est ici pour aider. Afin de faire de l'activité physique une part désirable, accessible et cruciale de la vie de tous les jours au Canada, nous devons non seulement donner aux gens l'occasion de passer moins de temps assis et de bouger davantage, mais aussi de les soutenir pour qu'ils le fassent. À un moment donné, l'activité physique sera au cœur même de l'identité canadienne. Merci.

Le président : Merci à vous deux. Je vais céder la parole à mes collègues du comité.

Le sénateur Eggleton : J'ai le sentiment que je devrais me lever, faire le tour de la table et ensuite vous poser des questions.

M. Antunes : Nous devrions le faire.

Le sénateur Eggleton : Nous passons tellement de temps assis en tant que sénateurs. Peut-être que nous devrions envisager un autre type de format pour nos réunions. Je me souviens du Suédois de 60 ans — il semblait être un bon modèle à l'époque —, mais à mon âge actuel, 60 ans, c'est trop jeune.

Je suis ravi de voir que ParticipACTION est de retour, car j'avais l'impression qu'il avait disparu pendant un certain nombre d'années. S'agit-il du même organisme? Je me rappelle de celui des années 1980 et même 1970. Il était très en vue. Je comprenais les messages qu'il véhiculait. Sont-ils les mêmes à présent? S'agit-il d'un organisme différent?

M. Antunes : L'organisme est devenu inactif pendant six ans. Il a mis son personnel à pied. Le conseil a gardé son statut juridique mais, à toutes fins utiles, l'organisme a cessé d'exister pendant six années complètes. Nous sommes revenus vers la fin de 2007 avec un nouvel engagement en matière de financement. Depuis, l'organisme a vraiment fait fond sur son héritage pour être un organisme de marketing social. Nous nous sommes beaucoup attachés à communiquer des messages aux mères d'enfants d'âge scolaire, et ces messages ont porté sur le besoin de faire en sorte que les enfants aient la possibilité d'être plus actifs physiquement à l'école, à la maison et dans la collectivité en général.

Les temps ont changé depuis les années 1980. Le paysage médiatique n'est plus le même. Il est beaucoup plus difficile de procéder dans cet univers aux mille chaînes de télévision comparativement aux années 1980, alors que nous en avions peut-être six. Nous avons été très actifs et engagés dans les médias sociaux, ainsi que dans d'autres activités de leadership.

Nous reconnaissons que la création de campagnes de sensibilisation du public n'est pas un modèle opérationnel qui est nécessairement viable. Nous avons maintenant l'intention d'aider et d'appuyer les Canadiens afin qu'ils passent moins de temps assis et qu'ils bougent davantage. Nous mettrons en œuvre des initiatives de sensibilisation dans le cadre desquelles nous chercherons à modifier les comportements des gens. Nous travaillerons en partenariat avec nos divers collègues. Le réseau ParticipACTION compte quelque 5 000 organismes membres, et nous les mobiliserons pour aider les Canadiens à passer moins de temps assis et à bouger davantage. Il y aura peut-être de futures campagnes de sensibilisation du public, mais on s'attachera très précisément à modifier les comportements plutôt qu'à sensibiliser le public en général.

Le sénateur Eggleton : Comment allez-vous communiquer? C'est plutôt ironique que les outils de communication que vous utilisez sont justement ceux desquels vous cherchez à éloigner les enfants — les écrans — pour les encourager à sortir de la maison et à être plus actifs. Avez-vous d'autres façons de le faire, en passant par les écoles, par exemple?

M. Antunes : Dans le cadre de notre plus récente campagne, Faites place au jeu, la dernière phrase était « Ne visitez pas notre site web ». Nous reconnaissons que nous utilisons le média dont nous voulons éloigner les gens. Le problème pour nous est que cette technologie est là pour rester. Nous ne pouvons pas lutter contre la technologie. Elle n'est pas nécessairement problématique. C'est le déséquilibre de nos styles de vie : nous accordons trop d'importance à la technologie et pas suffisamment aux jeux énergiques.

Nous avons suggéré aux parents de trouver un équilibre dans leur famille. En tant que parents, nous avons notamment besoin de délaisser nos propres écrans et de donner le bon exemple à nos enfants. Nous avons besoin de rectifier ce déséquilibre. La technologie nous a envahis. Elle est là pour rester, mais nous avons besoin de prendre du recul et de trouver cet équilibre.

Nous avons notre campagne. Nous avons un certain nombre d'initiatives, et ensuite, nous avons des produits de communication comme le bulletin. Il a soulevé bon nombre de discussions auprès des parents. Il fait valoir qu'il faut laisser les enfants être des enfants et les envoyer dehors pour jouer; il parle des craintes des parents en ce qui concerne la sécurité et les blessures. Encore une fois, nous sommes passés à l'autre extrême, au point où nous essayons de garder nos enfants à l'intérieur pour qu'ils soient en sécurité, alors qu'en fait, nous leur faisons plus de tort que si nous les laissions aller au parc pour jouer avec leurs amis.

Le sénateur Eggleton : Bravo pour cette initiative.

Madame Lane, de quels groupes professionnels font partie les membres de votre organisme, les personnes que vous certifiez?

Mme Lane : Nous avons deux filières dans notre catégorie membres certifiés. Un entraîneur personnel certifié doit suivre deux années d'études postsecondaires, tandis qu'un physiologiste de l'exercice certifié doit avoir au minimum un baccalauréat en sciences de l'exercice. Selon la certification, vous pourriez les voir dans vos centres récréatifs ou studios de mise en forme en train d'aider les Canadiens qui sont déjà motivés à se rendre dans ces installations et à accéder aux programmes.

Nous voyons de plus en plus de physiologistes de l'exercice certifiés au sein des équipes de soins de santé. L'agence du cancer à Victoria compte un exemple précis. Je travaille un peu là-bas; je me penche sur l'activité physique chez les cancéreux. Le centre de la prostate a maintenant embauché un physiologiste de l'exercice certifié pour offrir des séances d'exercices de groupe aux hommes souffrant d'un cancer de la prostate et à leurs partenaires, si ces derniers ou ces dernières veulent se joindre à eux. Je pense que vous voyez les divers rôles que jouent votre administration de la santé, les centres récréatifs et les programmes de réadaptation cardiaque dans lesquels il faut des personnes qualifiées pour guider les gens qui viennent d'avoir un accident cardiovasculaire.

Le sénateur Eggleton : Vous avez dit pendant votre exposé que vous et vos partenaires étiez en train de mettre au point des lignes directrices sur les comportements de mouvements intégrés sur 24 heures pour les enfants et les jeunes. Ce guide recommandera l'activité physique, le nombre d'heures de sommeil et le nombre d'heures d'activités sédentaires permises. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?

Mme Lane : Oui. C'est sous la direction de M. Tremblay, qui a témoigné devant le comité. Ces lignes directrices reconnaissent que dans une journée de 24 heures, nous dormons évidemment, et c'est très important. Nous passons environ 40 p. 100 de notre temps à dormir, 40 p. 100, à faire des activités sédentaires, et 15 p. 100, à faire des activités physiques légères. Les gens consacrent seulement 5 p. 100 de leur journée à faire des activités d'intensité modérée, où le rythme respiratoire augmente. Les lignes directrices indiquent que c'est 5 p. 100 de notre journée.

Ce que la SCPE, sous la direction de Mark Tremblay, et son groupe essaient de faire, c'est de ne pas diviser ces comportements, mais plutôt de les regrouper, car lorsque nous regardons le guide alimentaire, il n'y est pas seulement question de protéines. Il traite de tous les groupes alimentaires. Les lignes directrices sur les comportements de mouvements intégrés sur 24 heures amènent les gens à réfléchir à l'importance des trois groupes et à effectuer de petits changements dans les trois. Par exemple, un enfant peut faire 60 minutes d'activité physique d'intensité modérée ou élevée par jour, ce qui est recommandé, mais il dort mal et est sédentaire parce qu'on le conduit à l'école et il est assis toute la journée à l'école. Ce peut être parce qu'il pleut et qu'il joue à des jeux à l'intérieur. Il y a donc d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte et qui peuvent changer les choses également.

La SCPE a collaboré avec des pédiatres pour leur demander s'il serait préférable d'avoir plusieurs lignes directrices distinctes par rapport à une seule ligne directrice. Je crois que les pédiatres ont dit qu'ils préféreraient avoir un message sur une seule feuille qui regroupe des directives sur le sommeil, l'activité physique et la réduction des comportements sédentaires.

La sénatrice Seidman : Merci beaucoup de vos exposés. Si vous me le permettez, madame Lane, j'aimerais vous poser des questions sur les directives. Elles figurent au tableau 1 de votre mémoire. Ce sont les directives canadiennes en matière d'activité physique et de comportements sédentaires et les recommandations propres à chaque groupe d'âge.

Mme Lane : Oui.

La sénatrice Seidman : Ce que j'aimerais savoir, c'est si ces directives sont fondées sur des données probantes.

Mme Lane : Oui. C'est une excellente question. Les directives en matière d'activité physique et de comportements sédentaires sont fondées sur des données probantes. Elles ont fait l'objet d'examens systématiques dans le cadre d'un processus d'environ quatre ans et demi. Elles ont fait l'objet du processus AGREE, qui est un acronyme dont je ne me rappelle plus la signification. Essentiellement, le processus AGREE est utilisé lorsque l'on élabore des directives relatives à la pratique clinique. C'est une façon très rigoureuse et systématique d'évaluer les données. On attribue essentiellement une note aux données. De nombreuses recherches ont utilisé des essais contrôlés aléatoires, ce qui est mieux que les études qui n'ont pas de groupe témoin. On examine les données d'une façon très objective. Les deux groupes de directives ont été soumis à ce processus. C'est coûteux et très long. Les lignes directrices sur les comportements de mouvements intégrés sur 24 heures sont également soumises à ce processus, qui sera terminé sous peu. Elles sont fondées sur des données.

La sénatrice Seidman : C'est un peu une méta-analyse de toutes les études qui ont été réalisées et qui, comme vous le dites, sont classées selon la crédibilité de la conception de l'étude?

Mme Lane : C'est exactement ce que je dis. Les chercheurs ont examiné la conception et le groupe témoin. Dans certaines études, les participants peuvent être informés ou non de l'intervention. Les chercheurs peuvent utiliser un groupe témoin sur une liste d'attente — il y a différentes façons de procéder — et ils ont un système de classement pour évaluer la qualité des études.

La sénatrice Seidman : Ce sont des lignes directrices qui ont été élaborées au cours des deux ou trois dernières années, je pense.

Mme Lane : Les directives sur l'activité physique ont été publiées ou rendues publiques en 2011, et celles sur les comportements sédentaires durant la petite enfance, soit chez les enfants de 0 à 4 ans, ont été rendues publiques en 2012.

La sénatrice Seidman : Avez-vous établi à quelle fréquence vous les mettrez à jour?

Mme Lane : L'idée est que ces mises à jour soient effectuées, et elles sont prévues pour 2016, à condition que nous disposions du financement pour le faire.

La sénatrice Seidman : Monsieur Antunes, je veux vous poser une question sur le succès des programmes de ParticipACTION semblable à celle que j'ai posée à Mme Lane. Mesurez-vous le succès de vos programmes?

M. Antunes : En fait, j'ai assisté ce matin à une réunion du conseil d'administration, et les membres ont dit que nous mesurons trop. Nous mesurons tout et nous avons un groupe consultatif sur la recherche qui est un comité permanent de l'organisme. Il nous conseille dans le cadre de toutes nos évaluations et a en fait utilisé la majorité des données que nous avons recueillies dans le cadre de nos campagnes et de nos programmes. Il a publié des articles de recherche sur les répercussions de notre travail.

Nous mesurons. Nous avons deux gestionnaires du savoir à temps plein, dont un qui se consacre uniquement à l'évaluation, et nous faisons appel à des sociétés d'évaluation indépendantes pour certaines initiatives afin d'avoir une perspective impartiale et objective sur notre évaluation. Nous évaluons tout, et des programmes et des campagnes sont subséquemment créés à partir des données et des renseignements que nous avons recueillis dans le cadre de nos expériences précédentes.

La sénatrice Seidman : Pourriez-vous nous parler des programmes qui offrent les meilleures possibilités pour les Canadiens ou des programmes les plus fructueux?

M. Antunes : En général, ou en ce qui concerne ParticipACTION?

La sénatrice Seidman : En ce qui concerne les programmes de ParticipACTION.

M. Antunes : Nous avons essayé de régler le problème de plusieurs façons. Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, je pense que nous nous attendons parfois qu'une intervention soit l'intervention magique pour régler ce problème. Ce n'est vraiment pas le cas. Nous avons contribué à résoudre ce problème. ParticipACTION, nos programmes et nos initiatives à eux seuls ne peuvent pas changer les niveaux d'activité physique au pays. Nous avons besoin de mesures comme des lignes directrices et des organismes dans nos collectivités qui offrent ces programmes. Les campagnes de sensibilisation du public que nous menons depuis les sept dernières années ont été très efficaces, d'après les évaluations. Habituellement, environ 70 p. 100 des mères, qui sont le groupe ciblé, ont dit qu'elles ont décidé de changer les habitudes de leur famille concernant l'activité physique et les comportements sédentaires.

Nous n'avons évidemment pas été en mesure de suivre la même mère pendant sept ans. Il nous est donc difficile de dire que nos campagnes ont changé leurs comportements, mais nous savons clairement qu'elles les ont influencés à changer les habitudes de leur famille.

Nous avons aussi des initiatives telles que la Journée du sport, comme je l'ai mentionné. En apparence, cette initiative semble être une célébration d'un jour, mais c'est beaucoup plus que cela. C'est une occasion pour les collectivités de collaborer et de se réunir pour faire du sport et de se concentrer sur le sport. Nous utilisons la célébration d'un jour comme tremplin pour que de nombreuses autres bonnes initiatives soient menées dans les collectivités.

Comme je l'ai mentionné, le nombre de participants qui ont l'intention d'être plus actifs et en santé après avoir été exposés au message a augmenté, mais surtout, les organismes et les collectivités ont dit : « Les abonnements à mon programme, que ce soit un organisme de sport ou le YMCA, ont augmenté grâce à la Journée du sport. »

Nous faisons participer plus de Canadiens, et surtout plus d'enfants, à plus de programmes grâce à la Journée du sport.

La sénatrice Seidman : Je veux apporter une précision. Lorsque je vous ai d'abord demandé si vous mesurez le succès de vos programmes, vous avez dit que ParticipACTION mesure trop. Je ne mets pas en doute l'importance de l'activité physique et des programmes d'activité physique, mais j'essaie sérieusement de comprendre quels programmes sont les plus efficaces. Si vous mesurez le succès de vos programmes, alors j'espère que je peux savoir quels programmes présentent les meilleures possibilités de réussite pour les Canadiens.

M. Antunes : Comme je l'ai mentionné, je ne pense pas qu'il y ait un seul programme qui puisse régler l'ensemble du problème. Je peux vous dire que nos campagnes de sensibilisation du public ont réussi à sensibiliser des parents et des mères en particulier au sujet des comportements de leur famille. Ils nous ont répondu que leurs intentions ont changé.

Nos campagnes ont été fructueuses. C'est la raison pour laquelle elles sont mises sur pied. Ont-elles vraiment changé les niveaux d'activité physique? C'est difficile à dire, car il faudrait suivre la même personne sur une longue période pour pouvoir le déterminer. Nous savons que nos campagnes sont très efficaces pour changer la mentalité des mères. Si vous me demandez ce qui fonctionne, les campagnes permettent aux familles de prendre conscience de leur environnement.

Pour ce qui est des programmes sur le terrain, en tant qu'organisme national, nous n'offrons pas de programmes, mais nous créons des plateformes pour permettre aux organismes locaux d'offrir des programmes. Je dois dire que ce modèle est très efficace. Les organismes locaux nous disent qu'ils n'ont pas les ressources ou forcément le profil que ParticipACTION a pour pouvoir promouvoir leurs programmes auprès des résidants locaux. Nous savons que ce qui fonctionne bien, c'est d'avoir un programme national ou une plateforme nationale qui sensibilise les gens et offre des possibilités aux collectivités d'offrir des programmes.

Je peux fournir les rapports de recherche de plusieurs autres initiatives, mais comme je l'ai mentionné, je ne pense pas que ce soit un programme en particulier. C'est une combinaison d'interventions qui produisent les répercussions que nous cherchons.

La sénatrice Seidman : Absolument. Je comprends tout à fait. J'essaie simplement de connaître les programmes qui ont été fructueux. Je pense que c'est ce que vous avez fait. Vous nous avez aidés; je vous en remercie.

La sénatrice Raine : C'est merveilleux de vous avoir tous les deux parmi nous.

Madame Lane, dans votre processus de certification, je crois savoir qu'il y a deux certifications différentes et deux sphères d'activité différentes pour ces personnes. Je suis tout à fait favorable à l'idée qu'un psychologue fasse partie du système de prestation des soins de santé. C'est un peu frustrant de constater que ce n'est pas le cas en ce moment.

Je veux vous parler un peu de l'autre certification des entraîneurs personnels. À l'heure actuelle, il y a toutes sortes d'entraîneurs personnels différents, qui travaillent surtout avec des adultes qui sont très motivés à être actifs. Y a-t-il eu des problèmes à cause d'entraîneurs personnels mal formés? Est-ce un problème que vous essayez de régler?

Mme Lane : C'est une excellente question. C'est difficile parce que ce n'est pas une industrie réglementée. Vous pouvez certifier un entraîneur personnel qui doit suivre des cours, mais d'autres suivent un cours en ligne qui n'a peut-être pas les critères de passage. N'importe qui peut prétendre être un entraîneur personnel. Cela crée de la confusion parmi les Canadiens, qui se demandent si c'est important et quels services ils reçoivent.

Ce sur quoi nous mettons l'accent, même avec notre entraîneur personnel moins certifié, c'est que nous devons savoir ce que vous ne savez pas. L'une des choses à laquelle nous tenons, c'est l'évaluation avant la participation. Autrement dit, nous devons savoir s'il y a un risque avant que la personne commence son programme d'activité. Y a-t-il un risque d'incident? Dans la plupart des cas, les bienfaits de l'activité physique l'emportent clairement sur les risques : il est plus dangereux de rester assis que d'être actif. Mais dans certains cas, et dans mon exemple, quand on donne à quelqu'un des exercices à faire, il y a d'autres facteurs plus complexes à prendre en considération. Si les gens se soumettent à l'évaluation avant la participation, ce qui se fait d'une façon normalisée, et que des problèmes sont relevés, alors l'entraîneur personnel certifié dont le champ de pratique est limité aiguillera la personne vers un physiologiste de l'exercice, qui détient un baccalauréat en sciences de l'exercice et peut travailler avec des gens qui ont des problèmes de santé complexes.

Pour ce qui est des différends, il y a des poursuites judiciaires lorsqu'il n'y a pas eu d'évaluation avant la participation. Nous nous assurons de toujours faire cette évaluation. Cela fait partie du champ de pratique. Des poursuites sont intentées à cause d'exercices inappropriés. Ce peut être un exercice inapproprié qu'un entraîneur personnel donne à quelqu'un qui lui a dit qu'il a des douleurs thoraciques, mais l'entraîneur fait fi de la remarque et lui fait faire des exercices vigoureux. Dans les rares cas où il y a un risque si la personne a des douleurs thoraciques, lui donner des exercices vigoureux à faire n'est peut-être pas une bonne idée si elle n'a pas consulté son médecin.

Nous faisons en sorte que la personne soit aiguillée si les risques augmentent un tant soit peu. S'il n'y a aucune indication de risque, nous nous assurons que notre entraîneur personnel certifié connaisse le plan d'intervention d'urgence pour qu'il sache quoi faire dans une situation fâcheuse — ce qui arrive habituellement, c'est que la personne échappe les poids par accident, se fracture l'orteil ou se fait une contusion, et il lui faut alors de l'aide, de la glace, et cetera. Vous devez savoir ce que vous faites et connaître l'emplacement de la trousse de premiers soins, et c'est un autre aspect du professionnalisme que nous exigeons.

La sénatrice Raine : Vos entraîneurs travaillent-ils au sein du système scolaire?

Mme Lane : À l'école primaire, non. Nous venons de procéder à un renouvellement avec un entraîneur personnel certifié et avons changé le champ de pratique des entraîneurs. Toutes les recherches sur le savoir-faire physique viennent d'être intégrées à notre programme, le Physical Activity Training for Health, ou PATH. À l'époque, nous n'étions pas prêts à apporter un changement plus important au champ de pratique de l'entraîneur personnel certifié.

Les enfants font souvent des activités à l'école dans le cadre de leurs cours d'éducation physique ou avec des équipes de sports et des entraîneurs. Nous assistons maintenant à un changement où ils veulent des programmes de savoir-faire physique et des programmes « Cours, saute, lance ». Il y a donc d'autres certifications et programmes, et nous agissons rapidement pour que les Canadiens dans cette tranche d'âge puissent y avoir accès.

La sénatrice Raine : Je crois savoir que l'éducation physique à l'université est une faculté où les inscriptions sont en baisse en raison du manque d'emplois.

Mme Lane : C'est exact.

La sénatrice Raine : C'est parce que les jeunes cessent de faire de l'éducation physique et sont placés devant des ordinateurs, notamment. Si nous augmentons les programmes pour que les jeunes acquièrent un savoir-faire physique, nous aurons besoin d'un plus grand nombre de personnes formées dans les écoles. Estimez-vous que ce serait un rôle à assumer par la SCPE?

Mme Lane : Oui, je le pense. Pour ce qui est du système scolaire, il faut pouvoir avoir accès à un physiologiste de l'exercice certifié. Lorsque l'on embauche dans le système scolaire, il faut penser à embaucher un enseignant qui est spécialisé dans l'éducation physique. Je ne connais pas les commissions scolaires et leur fonctionnement — je sais ce qui se passe à l'échelle locale —, et j'ignore s'il est possible d'avoir un spécialiste de l'éducation physique dans l'école, car il y a des changements et des choses qui se font à cet égard.

La sénatrice Merchant : Vous êtes tous les deux des intervenants passionnés. Je vais changer de sujet un peu, pas parce que je n'approuve pas ce que vous avez dit au sujet des bienfaits de l'activité physique, mais parce que nous étudions l'obésité également. J'ai lu et on m'a dit que le mythe de l'exercice empêche ou entrave l'élaboration de politiques concernant l'obésité et la façon dont nous luttons contre ce phénomène, qui ne fait qu'empirer. Nous avons eu ParticipACTION — vous dites maintenant que l'organisation n'était plus opérationnelle à une certaine époque, mais la situation empire au lieu de s'améliorer.

Êtes-vous d'accord? L'obésité est liée aux calories. L'autre jour, j'ai entendu dire que l'on peut marcher pendant trois heures et brûler 70 calories. Si je suis quelqu'un qui veut perdre du poids, c'est très déprimant. Ce n'est pas parce que je ne veux pas marcher, mais j'aime également manger.

Pensez-vous que l'on exagère trop parfois? L'exercice est bon pour la santé, mais comment aide-t-il à lutter contre l'obésité?

Mme Lane : Si nous faisons seulement de l'exercice, ce n'est pas aussi efficace que de changer ses habitudes alimentaires. Ce qui arrive toutefois lorsqu'on change ses habitudes alimentaires, on diminue les calories ingérées et on ne se sent habituellement pas aussi heureux et jovial. Les niveaux d'énergie baissent et vous risquez alors de réduire votre activité physique, car vous avez l'impression de manquer d'énergie. Cela peut avoir une incidence sur le sommeil et bien d'autres choses.

À court terme et selon les études dont on parle et qui font la couverture du magazine Time et d'autres magazines, le changement de régime est en soi crucial. L'exercice le facilite et rend la perte de poids durable, sans compter tous les autres avantages qu'il apporte sur le plan de la santé.

S'agissant du simple changement de poids, je ne peux pas imaginer que l'activité physique ne fasse pas partie de l'équation. La recherche montre en effet que l'activité physique permet de mieux réguler l'apport énergétique, c'est-à-dire les aliments que nous consommons, et l'énergie que nous dépensons — lorsque le taux métabolique est au repos et pendant la période de digestion. Toutes ces fonctions sont mieux équilibrées en présence d'activité physique. Il y a une part d'évolution dans le phénomène. Lorsque nous sommes actifs physiquement, non seulement par l'exercice, mais aussi grâce au mouvement, nous pouvons mieux équilibrer les deux fonctions.

À des faibles taux d'activité physique, nous n'arrivons pas à bien réguler cet équilibre. Pour maigrir, il faut alors diminuer l'apport calorique. À la longue, ce n'est pas tolérable et, comme je l'ai dit, cela influe sur nos dépenses énergétiques. Le poids diminue à court terme, puis remonte. Le seul moyen pour le corps d'accroître les dépenses énergétiques est de regagner du poids. Par livre, nous dépensons en effet plus d'énergie pour soutenir l'activité.

Je comprends votre raisonnement, même s'il me laisse perplexe. L'ensemble de l'équation doit comprendre un changement d'alimentation, l'activité physique et un soutien aux changements de comportement, faute de quoi on n'arrivera à rien. Les membres certifiés de la SCPE suivent des cours sur la théorie relative à la modification des comportements pour aider les gens à se motiver de façon intrinsèque ou extrinsèque. Ils seront ainsi davantage en mesure de procéder à des changements tolérables et durables.

La sénatrice Merchant : Y a-t-il des pays qui atteignent cet idéal? Je ne sais pas si c'est vous ou le sénateur Eggleton qui a mentionné un des pays scandinaves. Pensons-nous qu'ils ont atteint cet idéal? Et est-ce toujours le cas?

M. Antunes : Je sais que vous avez pour mandat de traiter le problème de l'obésité et le phénomène atteint des proportions de crise. Je dirais également que le niveau de sédentarité est lui aussi critique. Bien que les deux phénomènes soient liés, ils sont aussi quelque peu distincts. Notre organisation se concentre sur l'activité physique.

La crise de sédentarité ne se limite pas au Canada, c'est un problème mondial. Le bulletin de l'an dernier présentait une comparaison du Canada avec d'autres pays. Il en ressort que le Canada est très bien classé pour ce qui est du sport organisé et des possibilités d'activité physique. Je pense que nous avons obtenu un B-. Mais nous avons un très mauvais classement dans des secteurs tels que le transport actif. De nombreux pays ont des taux élevés de transport actif, avec des taux d'activité physique correspondants.

Nous sommes donc très bien classés dans certains domaines, mais pas aussi bien que d'autres pays dans certains autres.

C'est dans ces autres domaines que nous devons nous concentrer. Nous devons encourager les enfants à jouer dehors et à utiliser les transports actifs pour aller à l'école lorsque celle-ci est située à moins d'un kilomètre. Si tous les enfants utilisaient un mode de transport actif — la marche ou la bicyclette — pour des distances d'un kilomètre, nous pourrions réaliser d'importants progrès en regard des lignes directrices sur l'activité physique.

Je dirais que ce sont là les domaines où le Canada est actuellement en retard.

La sénatrice Merchant : Pensez-vous que les écoles devraient avoir d'autres types de pupitres qui permettraient aux enfants d'être un peu plus souvent debout? J'ai entendu dire à plusieurs reprises que même pour nous les adultes, il vaut mieux parler au téléphone en marchant plutôt qu'en restant assis.

Ce sont des choses simples à faire. Je ne sais pas si elles sont utiles, mais on peut facilement les intégrer à nos activités quotidiennes. En effet, il n'est pas toujours facile de trouver le temps de s'inscrire à un groupe et s'adresser à un entraîneur personnel peut être dispendieux.

M. Antunes : Je vais laisser la parole à Kirstin, parce que c'est son domaine, mais je dirais que oui, tout compte. Nous disons souvent aux Canadiens que pour réussir, il faut suivre les lignes directrices sur l'activité physique. Mais c'est un but ambitieux, voire inatteignable, si l'on est inactif.

En tant que professionnels, nous devons simplement dire : « Lancez-vous ». Notre mandat est d'aider les gens à simplement amorcer une activité. Une fois lancé, on peut par la suite suivre les lignes directrices. Les bénéfices les plus importants que l'on peut obtenir sur le plan de la santé, c'est d'amener les gens inactifs à faire une activité physique légère en commençant par se tenir debout.

Tous nos employés ont des postes de travail debout. Je ne m'assois plus à mon bureau et je trouve que cela fait une différence énorme au niveau des douleurs lombaires et de l'énergie. Je ne suis pas vraiment actif, mais je ne suis pas sédentaire non plus. Comme tout le monde, je dois faire davantage d'activité physique. On peut commencer modestement, progresser et procéder à un changement de valeurs.

J'en profite également pour répondre à ce que l'on a dit à propos des écoles, des leaders et des spécialistes de l'activité physique. Cela fait près de 30 ans que je fais la promotion de la santé et de l'activité physique. Il faut cesser d'associer le problème à l'école, au foyer ou à la communauté. Il faut trouver des moyens d'engager l'ensemble de la communauté où vit l'enfant, à l'école, à la maison et dans la collectivité, et prendre avantage des atouts et de l'expertise qui sont les nôtres. Nous avons beaucoup à offrir, mais nous ne coordonnons pas très bien nos efforts. Les écoles sont vides en soirée. Des centres communautaires, où pourraient se trouver des gens qualifiés, sont vides dans la journée. Pourquoi ne pas mobiliser les atouts communautaires pour élaborer un programme exhaustif destiné aux enfants? Ce n'est pas si difficile et quelquefois plus facile que l'on croit.

La sénatrice Merchant : Dernier point, il faut quelqu'un pour coordonner toutes ces actions. Qui devrait être cette personne? De votre côté, vous apportez votre petite contribution, l'école apporte la sienne, mais il faut que quelqu'un soit en charge de l'ensemble des mesures prises et je ne sais pas qui serait cette personne.

M. Antunes : Je suis d'accord avec vous, il faut que quelqu'un prenne la direction des choses. Parmi les trois recommandations que j'ai présentées, l'une consiste à élaborer un plan national d'activité physique, assorti d'un schéma directeur qui prévoit les actions à mener et le responsable de ces actions. Il faut un mécanisme de coordination à tous les niveaux, en commençant par le niveau fédéral, puis provincial et à terme, local. Il faut ensuite avoir les ressources nécessaires pour que le plan fonctionne. Je le répète, il s'agit de recommandations très simples, mais toujours est-il que nous n'avons toujours pas dans ce pays une stratégie nationale sur l'activité physique. Par manque de coordination, j'entends que tout le monde fait de son mieux, mais que nous n'avons pas tous la même vision.

La sénatrice Merchant : Merci.

Le sénateur Enverga : Merci de votre exposé. J'apprécie vraiment les actions que vous menez pour aider nos enfants.

Je sais que vous voulez promouvoir l'activité physique et communiquer le message que bouger vaut mieux que rester assis. Vous avez dit, monsieur Antunes, que l'un de vos soucis concerne le déséquilibre technologique. Quelque chose ne va pas bien dans la technologie.

Avez-vous songé à utiliser la technologie pour communiquer aux enfants et aux gens en général un message qui les rendra plus actifs?

Mes enfants ont une console de jeu qui les fait marcher, courir ou sauter. Avez-vous jamais songé à promouvoir ce type de jeux, surtout en hiver? C'est ce que les enfants veulent, surtout en hiver, lorsqu'on ne peut pas être tout le temps dehors. Avez-vous songé à promouvoir toutes les technologies qui sont à notre disposition? Par exemple, nous avons cet appareil utile appelé podomètre, qui compte le nombre de pas ou de sauts. On peut même l'installer sur le BlackBerry ou l'iPod, ce qui est une bonne chose. Avez-vous pensé à utiliser ces équipements pour susciter l'activité dans l'ensemble de la population?

M. Antunes : Je vais certainement m'y atteler. La technologie n'est pas notre ennemie; nous devons l'adopter, mais l'utiliser de façon à ce qu'elle soit une aide plutôt qu'un frein.

Nous élaborons en ce moment un programme destiné aux adultes parents qui utilise la technologie pour suivre l'activité physique. Nous y intégrons des éléments de l'économie comportementale et de la théorie de l'incitation pour amener les gens à être actifs. Si vous restez trop longtemps assis au bureau, un message vous dira : « Vous devriez peut-être vous lever. » À l'heure du déjeuner, un autre message vous dira : « Si, au lieu de descendre à la cafétéria de l'immeuble, vous sortez et marchez deux coins de rue, vous aurez une récompense. Votre sandwich vous sera offert à moitié prix. » En ce moment même, nous élaborons ce programme qui se servira de la technologie pour amener les Canadiens à changer de comportement et à bouger davantage. Nous commençons par les lieux de travail qui présentent un environnement propice au changement de comportement et où les collègues pourront s'appuyer mutuellement. Il pourrait y avoir des réunions où l'on se tient debout ou l'on marche. On prendra les escaliers plutôt que l'ascenseur. Cet automne, nous allons piloter le programme dans la province de la Colombie-Britannique en espérant ensuite le déployer à l'échelle nationale.

Certes, nous devons trouver des moyens d'utiliser la technologie pour changer les comportements par rapport à l'activité physique, mais je dirais qu'aujourd'hui, beaucoup d'usages récréatifs de cette technologie remplacent les jeux auxquels s'adonnaient les enfants à l'extérieur. Même si nous utilisons la technologie pour appuyer les changements de comportement, nous devons comprendre que cette technologie ne remplace pas les jeux réels et actifs. Kirstin va d'ailleurs élaborer sur le sujet.

Mme Lane : Prenons l'exemple du programme américain intitulé America On the Move. Il s'agit simplement de susciter de petits changements de comportement en ajoutant par exemple 2 000 pas par jour et en réduisant l'apport calorique quotidien de 100 kilocalories. Ce sont de modestes recommandations que l'on peut suivre quelle que soit sa situation. Il ne s'agit pas de demander à tout le monde de faire 10 000 pas, mais simplement d'en faire 2 000 de plus, quelle que soit la condition physique. On utilise les podomètres qui sont utiles parce qu'ils sont objectifs et stimulent la motivation. On consulte le podomètre, le Fitbit ou tout autre appareil et l'on se dit : « D'accord j'en suis là et je vais essayer de faire quelques pas de plus par jour. » Aux termes du programme America On the Move, la recommandation était de 2 000 pas. Il s'agissait de prévenir l'embonpoint et d'arrêter le gain de poids. Le programme a connu des succès certains. Les gens ont été sensibilisés et l'activité physique a augmenté. Les gens avaient le sentiment que c'était faisable. Dans les groupes participants, les gains de poids ont été inférieurs à ceux des groupes témoins.

S'agissant des jeux vidéo, je vis dans une région du Canada où les hivers rudes sont rares.

Le sénateur Enverga : Vous avez de la chance.

Mme Lane : Je vous parle donc en ignorant ce que c'est que d'avoir tout le temps des températures vraiment froides et de la neige. Certes, les jeux vidéo font bouger, mais il y a un avantage à être dehors. C'est ce qui ressort du moins du bulletin : il est bon de respirer l'air extérieur, même s'il est froid. Je vous le redis, je ne sais pas ce que c'est que d'avoir réellement froid, mais dans la mesure du possible, il est bon de jouer à l'extérieur.

Le sénateur Enverga : Je comprends. À propos, puisque vous avez travaillé pour une commission scolaire, je pense que vous devriez promouvoir toutes ces activités par l'entremise des commissions scolaires, parce que cela aiderait vraiment les étudiants.

Une autre question concerne les nouvelles technologies. Si vous convenez que ces nouvelles technologies pourraient aider certains à progresser, à être plus actifs, pensez-vous qu'il serait souhaitable pour un gouvernement comme le nôtre d'accorder davantage de crédits d'impôt ou de subventions à ce genre d'application ou d'accessoires afin de promouvoir l'activité physique?

Mme Lane : Je ne suis pas très bonne en finances, mais s'il y a une TPS et d'autres impôts — en fait, je ne sais pas s'il y en a — sur tout ce qui peut contribuer à l'activité physique comme les podomètres et autres appareils, je dirais qu'il est utile d'avoir des produits moins coûteux et de prendre des mesures visant à réduire les prix.

Nous obtenons un crédit d'impôt lorsque nous faisons participer nos enfants à une activité physique. Je trouve cela utile, même si je peux avancer l'argent pour payer les frais de gymnastique ou de tout autre activité physique que mes enfants entreprennent avant de toucher le crédit d'impôt. Je ne suis pas sûre que cela puisse être aussi utile pour tous les Canadiens, mais je n'ai aucune expertise sur les politiques en la matière.

M. Antunes : L'offre d'incitatifs visant à modifier les comportements est un domaine d'étude que nous explorons en nous basant sur la théorie relative à l'économie comportementale. Les incitatifs ont certes un rôle à jouer en la matière, mais ils doivent être adaptés et accessibles à tous. Offrir un incitatif uniquement à ceux qui sont déjà actifs, par exemple un allégement fiscal pour des programmes récréatifs destinés aux adultes qui jouent au hockey n'amènera pas les gens inactifs à s'y inscrire. Il faut donc réfléchir à la façon de les mettre en œuvre pour s'assurer qu'ils profitent à tous les Canadiens et pas seulement à ceux qui sont déjà actifs.

La sénatrice Cordy : J'ai vraiment aimé le bulletin. Je n'ai pas encore vu la vidéo Faites place au Jeu, mais j'ai bien l'intention de le faire, car je constate que dans les médias, on discute beaucoup des parents hélicoptères et des ramifications de ce phénomène. C'est peut-être donc un bon départ.

Vous avez dit, monsieur Antunes, que le Canada est très bon en sport organisé. Je veux bien le croire, mais cela veut-il dire que ceux qui font du sport organisé sont sains et en bonne condition physique?

M. Antunes : Non. En fait, le bulletin fait ressortir que même si nous avons la note B- en sport organisé et en activité physique, nous avons la note D- pour les niveaux globaux d'activité physique. Cela ne suffit pas. Je ne veux pas dire par là que les programmes de sport organisé ne sont pas bons. Ils doivent être maintenus et en fait élargis, parce que la possibilité pour les enfants de faire du sport leur offre des avantages autres que ceux directement liés à l'activité physique. Sur le seul plan de l'activité physique, le fait de participer à un sport organisé deux ou trois fois par semaine est autre chose que d'avoir une activité physique quotidienne. En outre, dans le cas d'une pratique typique de soccer ou de hockey, le temps pendant lequel les enfants sont actifs physiquement n'est pas aussi important que lorsqu'on les envoie jouer dehors. Évidemment, il y a l'instruction qui leur est donnée et le développement de leurs compétences, qui sont des éléments importants. C'est un complément à l'expérience qu'a l'enfant de l'activité physique, mais cela ne devrait pas être la seule chose. C'est malheureusement ce que font les parents qui sont très occupés, ils inscrivent leur enfant à un programme et se donnent ainsi bonne conscience. Le bulletin fait ressortir que ces choses sont importantes, mais ce qui manque, ce sont les jeux traditionnels. Les enfants que l'on envoie jouer dehors ont beaucoup plus d'activité physique.

La sénatrice Cordy : Et ensuite vous les conduisez à leur pratique de soccer, n'est-ce pas?

Je souhaite revenir sur les observations de la sénatrice Seidman à propos de ce qui fonctionne ou non. Vous nous avez certainement donné une idée du genre de mesures qui fonctionne pour ParticipACTION. La promotion de la santé est l'un des sujets que vous avez abordés. D'après les chiffres que vous nous avez cités, les gens sont certainement conscients de ce qui se passe.

Qu'est-ce qui fonctionne? Je vais envisager cette question du point de vue du gouvernement fédéral. Nous avons offert des incitatifs fiscaux. Nous n'avons pas supprimé la TPS sur les équipements sportifs ou sur quoi que ce soit, mais nous avons offert des encouragements fiscaux à des gens qui, comme vous l'avez si bien dit, auraient probablement inscrit leurs enfants à des ligues de hockey sans ces encouragements. Je m'interroge également à propos de la construction d'installations sportives. Il n'y a rien de plus gratifiant pour un politicien ou une politicienne que de couper un ruban pour inaugurer une installation sportive. Je crois en des patinoires de hockey, en des terrains de soccer et en toutes les installations de ce genre, mais comment pouvons-nous déterminer les incitatifs qui modifient vraiment les comportements, les incitatifs qui fonctionnent véritablement? Connaissons-nous les résultats que donnent les programmes qui fonctionnent et qui ont réellement un effet bénéfique? Je comprends ce que vous avez dit, monsieur Antunes. Il n'y a pas de solution miracle, et il faut combiner plusieurs approches, mais y a-t-il des mesures qui fonctionnent? Vous avez parlé de la promotion de la santé. Cela semble fonctionner. Y a-t-il des mesures que nous prenons qui ne fonctionnent pas, des sommes dépensées qui pourraient être investies plus judicieusement ailleurs?

M. Antunes : C'est une question très vaste. Voilà pourquoi j'ai du mal à y répondre. J'ignore si vous avez des idées à cet égard, Kirstin, mais, selon moi, la promotion de la santé et la sensibilisation du public fonctionnent. Ces mesures font partie des pièces du puzzle, mais ce ne sont pas ses seules pièces.

Je crois que les programmes auxquels tous ont accès et qui sont favorisés par des approches axées sur la collaboration — en ce sens que leur prestation est le résultat d'une collaboration — sont plus efficaces que ceux qui sont offerts par une seule institution. Je ne sais pas.

Mme Lane : Je repensais à ce que vous avez dit, Elio, à propos de l'approche intégrée de ParticipACTION en matière d'activité physique et du caractère national de cette approche. Nous nous efforçons tous de prendre des mesures et d'accroître nos activités. Nous élaborons des lignes directrices, et nous tentons de préparer le professionnel de l'exercice qualifié. Le programme intitulé « L'exercice : un médicament Canada » cherche à établir un lien entre les professionnels de la santé et les connaissances. Une approche intégrée est assurément utile. Si nous avions cela, ce serait un bon point de départ.

M. Antunes : Il y a les sports, les loisirs, l'activité physique et la promotion de la santé. Il y a toutes ces disciplines, et nous tentons tous indépendamment de faire ce que nous pouvons. Je crois qu'il faut intégrer ces efforts, faire des rapprochements. Si nous élaborons une stratégie sportive, nous devons déterminer comment cette stratégie améliore les niveaux d'activité physique, en plus d'engendrer des niveaux de performance élevés. Si nous concevons une stratégie de loisirs, comment est-elle liée à l'amélioration des niveaux d'activité physique? À mon avis, ce qui manque au Canada, c'est l'existence d'une stratégie intégrée qui vise à établir des rapprochements. Dans ce secteur, il y a de nombreux acteurs qui s'emploient à aider les Canadiens à accroître leur niveau d'activité physique selon plusieurs points de vue différents. Nous ne coordonnons pas toujours nos efforts, et des mécanismes nous permettant de le faire ne sont pas toujours disponibles. Je dirais encore une fois que nous devons disposer d'une stratégie nationale sur l'activité physique qui établit tous les liens ainsi que des priorités particulières, et qui détermine les personnes responsables, les ressources requises pour mettre en œuvre la stratégie et les résultats que nous souhaitons obtenir d'ici une certaine date.

La sénatrice Cordy : Merci. Vous avez bien répondu pour quelqu'un qui avait du mal à trouver une réponse.

Je m'interroge également à propos des physiologistes de l'exercice. Les milieux des soins de santé prennent-ils davantage l'habitude de faire appel à des physiologistes de l'exercice?

Mme Lane : Je le crois. Je pense que le vent tourne. Les milieux des soins de santé ne savent peut-être pas toujours ce qu'ils demandent, mais ils ont conscience de ne pas avoir le temps de s'occuper de cette question. Je sais que ce sujet ne fait pas partie de ceux que nous abordons aujourd'hui, mais, pour en revenir à l'exemple relatif au cancer, l'oncologue m'a dit : « Je dispose des quelque 10 minutes réservées pour discuter avec une personne atteinte d'un cancer. Je sais que l'activité physique est importante, et je veux en parler, mais je n'en ai pas le temps et je ne souhaite pas assumer la responsabilité de cette prescription. » Par conséquent, les responsables du programme L'exercice : un médicament Canada s'efforcent d'assumer ce rôle en organisant des ateliers portant sur les soins primaires et en renseignant simplement les médecins sur une prescription d'exercices de base et sur l'entrevue motivationnelle. Ils tentent d'accroître leurs connaissances et leur sensibilisation afin d'être en mesure de dire : « Voici la base de données que nous utilisons pour répertorier les gens qualifiés. » Si vous souhaitez orienter votre client parce qu'il est préoccupé, qu'il a besoin de conseils en matière d'exercices, qu'il souhaite peut-être même en recevoir et qu'il vous a interrogé à ce sujet, nous tentons de vous faciliter la tâche afin que les gens puissent avoir accès aux professionnels de l'exercice qualifiés qui conviennent.

Le président : Avant que nous amorcions la deuxième série de questions, je tiens à préciser que, si le Ritalin avait été connu quand j'étais jeune, on m'en aurait prescrit, et on m'aurait attaché à une chaise ou restreint d'une manière ou d'une autre. En d'autres termes, j'ai été très actif pendant toute ma vie. J'ai dirigé des attelages de chiens, et j'ai pratiqué à peu près toutes les activités.

Le fait de vous écouter me fatigue un peu. Même si je suis au courant de certaines des questions particulières dont vous parlez — puisque je joue un rôle dans des secteurs où certains programmes destinés à des groupes particuliers sont offerts dans des installations appropriées et fonctionnent vraiment —, je vis délibérément dans une région rurale du Canada. C'est une région où les gens avaient l'habitude d'être particulièrement en santé parce qu'ils menaient des vies rudes en plein air. Par conséquent, il y avait, entre autres choses, des routes qui traversaient les forêts. Il était possible de se déplacer sans emprunter des autoroutes. C'était avant que la société devienne litigieuse. Des installations dans les écoles étaient à la disposition des gens, et la structure familiale existait toujours. Si un jeune vandalisait l'école et se faisait prendre, il risquait probablement davantage en rentrant chez lui et en affrontant la punition qu'il l'attendait là-bas. Aujourd'hui, tout a changé. Bon nombre des installations sous-utilisées qui existent dans toutes nos collectivités ne sont pas mises à la disposition des gens en raison de l'absence des ressources humaines et du cadre juridique requis pour le faire. Et pourtant, nous savons qu'il y a un désir latent d'utiliser ces installations après les heures et même les parcs, dans certains cas, s'ils sont dotés d'équipements. Dieu sait que quelqu'un pourrait se blesser en les utilisant. Dans la région rurale où je vis, l'une des activités que tous recommandent est la marche. L'activité que les gens pratiquent par défaut est la marche. En principe, c'est une activité que tous les gens devraient pouvoir exercer, à condition d'être mobiles. Cependant, si, de nos jours, vous vivez dans un milieu rural, la route est la seule place où vous pouvez marcher. Or, la plupart des routes rurales n'ont même pas d'accotement, sans parler de trottoirs. Il se peut qu'à certains endroits raffinés et organisés en un sens — qui sont merveilleux —, on ait délibérément tracé des sentiers de randonnée pédestre. Toutefois, habituellement, ces sentiers ne se trouvent pas là où les gens vivent.

Je sais que vous travaillez d'arrache-pied à distinguer des mesures, et j'ai conscience que la version moderne de l'éducation physique, c'est-à-dire la kinésiologie — c'est le programme auquel la plupart des universités sont passées parce qu'elles étudient maintenant l'activité physique motrice et ses bienfaits, entre autres choses —, est, en règle générale, beaucoup plus avancée que dans ma jeunesse. Toutefois, ces études se traduisent par des programmes organisés qui requièrent habituellement l'utilisation d'installations d'une sorte ou d'une autre.

J'ai écouté les questions, et il m'est difficile de distinguer des paroles qui m'enthousiasment à propos de l'approche organisée que vous avez adoptée. Je comprends la partie qui consiste à encourager les gens en élaborant soigneusement des annonces publicitaires visant à les motiver à s'activer, mais il faut quand même qu'ils puissent trouver un moyen de sortir pour faire de l'exercice, c'est-à-dire trouver une zone où ils peuvent aller faire de l'exercice. Je le répète : si vous vivez dans un milieu rural canadien, vous devez parcourir une grande distance en voiture pour atteindre une structure organisée, dans de nombreux cas. Nous nous plaignons de devoir conduire nos enfants partout, mais nous devons conduire nous-mêmes pour nous rendre à une installation organisée.

Nous étudions l'obésité et, d'après tous les témoignages que nous avons entendus, nous savons que l'exercice n'est pas la seule solution au problème; ce n'est qu'une partie de l'équation. On nous a expliqué que, lorsqu'on parvient à faire bouger les gens, ils observent leur propre comportement d'une façon légèrement différente. Après avoir observé des gens pendant les nombreuses années de ma vie, je sais que, s'ils pratiquent une activité pendant au moins un certain temps, ils atteindront à un stade où ils dépendront de cet exercice et souhaiteront continuer d'être actifs. L'activité est la partie clé du programme complet.

Je préférerais entendre des paroles qui disent au Canadien moyen : « Voici les éléments qui pourraient faire partie de votre vie, lesquels contribueront à vous offrir un mode de vie plus sain et moins susceptible de vous rendre obèse, en plus de tous les autres bienfaits dont nous avons entendu parler. »

Mme Lane : Selon moi, la façon dont nous parlons de ce problème changera lorsque les résultats de la recherche sur le comportement sédentaire seront rendus publics. De vastes études ont été menées. Dans le cadre d'une des études que Peter Katzmarzyk a menées — et il en a probablement mené de nombreuses autres —, il a observé plus de 12 000 Canadiens, et les résultats ont révélé que, même si les gens obèses réduisent d'un quart à une demie le temps qu'ils passent assis, l'incidence que cette activité supplémentaire a sur leur mortalité toutes causes confondues et sur leur mortalité par maladie cardio-vasculaire est considérable. Ils pourraient réduire leurs risques de moitié en passant moins de temps assis.

L'exercice est intimidant pour les gens qui ont des problèmes de poids. C'est un changement qu'il est difficile d'effectuer, mais je crois que nous devons commencer à faire passer le message, c'est-à-dire à leur signaler qu'il suffit de bouger davantage. Les mouvements n'ont pas nécessairement besoin d'être des exercices. Ils peuvent consister à se lever au cours d'une réunion, à faire une pause et à changer la culture. Il faut transmettre le message concernant l'importance de bouger, peut-être dans le cadre des activités entreprises par le Conference Board du Canada ou ParticipACTION. Ce ne sont pas seulement les exercices qui comptent; il faut réduire le temps que nous passons assis, et il faut tenter simplement de se lever, de se déplacer et de modifier la façon dont nous faisons habituellement les choses.

M. Antunes : Je suis d'accord avec vous. Moi aussi je suis fatigué. Il y a très longtemps que je m'attaque à cette tâche. Toutefois, si j'étais d'avis qu'il est impossible de réaliser des progrès à cet égard, je changerais de carrière.

Je pense que, collectivement, nous faisons face à une énorme tâche. Nous devons modifier la norme et la valeur culturelles de l'activité physique au Canada. Nous n'atteindrons jamais notre objectif si nous ne parvenons pas à modifier cette norme. Cela veut dire que, si, au cours de la récréation, un enfant est frappé à la tête par un ballon, nous n'interdirons pas nécessairement tous les jeux exigeant des ballons pendant la récréation.

Le président : C'est exact.

M. Antunes : C'est ainsi que la société agit. Nous adoptons des solutions rapides en raison d'autres problèmes parce qu'au fond, nous n'accordons pas une grande valeur à un mode de vie actif et sain. Si c'était le cas, les écoles, les parents, les organismes communautaires et les représentants officiels des gouvernements feraient tous équipe pour régler ce problème. À l'heure actuelle, nous ne valorisons pas ce mode de vie. Nous accordons une grande valeur à nos iPad et aux autres ressources parce que la société dans laquelle nous vivons est ainsi faite. Notre société favorise une culture de complaisance et de gratification instantanée.

La tâche est énorme, mais c'est ce que nous devons faire. Nous devons changer la culture canadienne.

Le président : En tant que membre de ParticipACTION, je vous prie d'insister pour que toutes les écoles intègrent dans leur milieu tel ou tel nombre de ballons par tel ou tel nombre d'élèves, parce qu'en réalité, elles ont retiré tous les ballons de leur régime de jeu. Il faut que le personnel de ParticipACTION visite les écoles, remplisse leur cour de ballons et se contente de laisser les enfants jouer avec eux.

La sénatrice Nancy Ruth : Bonne idée.

M. Antunes : Lorsque mon fils était en première année, il ne cessait de faire l'objet de retenues, à un point tel que le directeur a fini par nous appeler pour nous dire que, si notre fils recevait une autre retenue, il serait suspendu. Nous nous sommes rendus à l'école afin de lui demander ce qui se passait. Le directeur a répondu que notre fils jouait à la tague avec ses amis pendant la récréation. Il a signalé que notre fils continuait de jouer à ce jeu malgré la mise en œuvre d'une règle interdisant tout contact corporel.

Voilà où nous en sommes.

Le président : Je dirais que c'est le problème en soi, mais il y en a un autre. Le personnel de ParticipACTION devrait signaler précisément ces problèmes et, en se servant du pouvoir dont dispose l'organisation — parce que tous les Canadiens réagissent au terme ParticipACTION en raison de son histoire —, il pourrait visiter chaque école, distribuer des ballons et permettre aux enfants de jouer à la tague.

M. Antunes : Oui. Le problème tient au fait que des ressources sont requises pour pouvoir prendre ces mesures. Toutefois, c'est assurément la raison d'être de ParticipACTION.

Le président : Presque aucune dépense n'est requise pour permettre aux enfants de jouer à la tague.

La sénatrice Nancy Ruth : Je parle maintenant en ma qualité d'aînée. Je trouve intéressant que vous ne parliez ni l'un ni l'autre de la force et du développement musculaire. À mon âge, c'est ce qui me motive le plus à faire deux heures et demie d'exercice par semaine. Je m'interroge à ce sujet. Lorsque vous parlez de la marche, vous n'abordez pas la question de l'ostéoporose ou de tout exercice à effectuer debout.

Mme Lane : Je m'excuse de ne pas avoir abordé ce sujet. C'est une erreur de ma part. La physiologie de l'exercice nous enseigne le rôle important que jouent l'entraînement contre résistance et le renforcement des muscles et des os, non seulement pour la population vieillissante, mais aussi pour tenter de conserver notre masse corporelle avant d'atteindre le stade où elle commence à diminuer.

En ce qui concerne l'interprétation des lignes directrices, j'explique parfois aux gens âgés, qui désirent modifier leur comportement, qu'il arrive que l'accroissement de leur force soit un bon point de départ parce que, grâce à lui, ils peuvent constater leur réussite en accomplissant des gestes qu'ils ne pouvaient pas accomplir auparavant. Je pense à une femme qui m'a dit qu'elle avait du mal à sortir de sa baignoire parce qu'elle n'avait pas la force de se soulever. La force a un énorme rôle à jouer non seulement en contribuant à préserver la masse musculaire, mais aussi en freinant la régression de la densité osseuse, qui survient normalement avec l'âge. Cependant, nous remarquons également qu'en accroissant leur entraînement contre résistance et leur force, les gens sont mieux en mesure de contrôler leur taux de glucose et risquent moins de tomber. Nous savons que, lorsqu'une personne tombe et se fracture un os, son risque de décès augmente dans l'année qui suit l'accident. Par conséquent, l'entraînement contre résistance a un important rôle à jouer, et il ne doit pas nécessairement consister à soulever des poids dans un centre de conditionnement. Nous pouvons utiliser de nombreuses formes de résistance pour stimuler nos muscles.

Je vous remercie d'avoir posé cette question. À titre de physiologiste de l'exercice, j'ai le sentiment que nous aurions dû mettre en relief cet élément dès le début.

Le sénateur Eggleton : Vous pouvez, si vous le souhaitez, exprimer tous deux votre avis sur ce que je m'apprête à dire. Vous avez mentionné un plan national d'activité physique, l'intégration des sports dans l'activité physique, et cetera. Vous avez également fait allusion à quelque chose que vous avez appelé Canada Actif 20/20. Cette entité semble s'intégrer dans ces efforts. Il s'agit peut-être d'une initiative visant à élaborer des stratégies de ce genre. J'aimerais savoir où cette entité en est. Il y a un mois, un témoin a laissé entendre qu'elle était peut-être en perte de vitesse. Est-ce le cas, ou est-elle encore vraiment en voie d'exécution? En quoi consiste-t-elle?

M. Antunes : C'est une tentative par notre secteur de signaler collectivement que nous ne disposons pas d'une stratégie nationale d'activité physique, et que, dans l'immédiat, le gouvernement ne planifie pas d'en élaborer une. Comme nous pensons que c'est important, nous nous employons à combler cette lacune.

En 2010, ParticipACTION a favorisé un processus qui était censé produire un plan d'activité physique de 10 ans. En nous fondant sur des consultations menées à l'échelle nationale, nous avons élaboré Canada Actif 20/20. C'était notre meilleure tentative en vue de déterminer à quoi notre stratégie d'activité physique pourrait et devrait ressembler. Malheureusement, cette initiative a perdu son élan surtout en raison du manque de ressources. À la même époque, le financement de ParticipACTION a été réduit de 2,5 millions de dollars. Par conséquent, cela a nui à notre capacité d'assumer un rôle de chef de file de ce genre, et nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour continuer d'alimenter cet élan.

Le gouvernement fédéral a récemment laissé entendre d'une façon constructive que l'initiative Canada Actif 20/20 pourrait être utilisée pour élaborer une stratégie d'activité physique qu'il subventionnerait. Comme beaucoup d'excellent travail a déjà été réalisé, ce ne serait pas comme si nous étions forcés de recommencer à zéro, mais, oui, l'ensemble de cette stratégie est assurément en perte de vitesse.

Le sénateur Eggleton : Financiez-vous l'initiative en entier?

M. Antunes : Oui.

Le sénateur Eggleton : Les autres organisations n'étaient pas en mesure de le faire?

M. Antunes : Elles ont apporté une importante contribution en nature, mais, oui, ParticipACTION consacrait ses ressources non gouvernementales à l'élaboration de cette stratégie.

Mme Lane : Je crois que la SCPE assume le rôle de secrétariat pour l'initiative Canada Actif 20/20. Notre budget est assez modeste, mais notre gestionnaire tente en ce moment de maintenir un peu son élan. Nous avons néanmoins pris ce travail en charge. Notre financement provient principalement de l'adhésion, des ateliers, de certains partenariats, et cetera. Cependant, nous tentons de la maintenir en vie.

La sénatrice Seidman : Je crois que le président a insisté un peu sur la question de savoir quel genre de programmes donnent de bons résultats, mais, si vous me le permettez, je vais revenir là-dessus. Je sais que, dans le cadre de notre étude et de l'étude de l'obésité, nous avons entendu dire, au fil du temps, que ce tableau est complexe et que la façon de s'attaquer à ce problème est plurifactorielle.

Par exemple, selon moi, l'une des campagnes de santé publique que nous avons menées avec beaucoup de succès au Canada — et nous en avons parlé au cours de la présente étude et en d'autres temps — est liée au programme de santé publique à volets multiples portant sur l'abandon du tabagisme. Cette campagne était compliquée. Elle s'est poursuivie pendant des dizaines d'années, mais, selon tous les indicateurs, elle a été couronnée de succès.

Nous pourrions peut-être envisager de nous attaquer à l'obésité de la même manière — c'est-à-dire en entreprenant sur une longue période une campagne complexe à volets multiples. ParticipACTION constitue une importante image de marque. L'organisme se soucie surtout d'être le porte-parole national en matière d'activité physique et de participation aux sports au Canada. Il cherche à améliorer le niveau d'activité physique de tous les Canadiens au moyen de communications, du développement des capacités et de l'échange de connaissances. Cet organisme est essentiel pour éduquer le public et pour faire progresser cette cause.

Aidez-moi un peu à déterminer comment nous, les législateurs fédéraux, pouvons réfléchir à cela. Comment pouvons-nous faire avancer cette cause?

M. Antunes : Je mentionne encore une fois que mes compétences sont liées à l'activité physique, et non à l'obésité, mais je crois que la campagne de réduction du tabagisme est un bon exemple. Elle était très exhaustive. Nous disposions d'un plan d'action national qui comprenait un nombre considérable de politiques et de mesures législatives. Le plan d'action prévoyait des interventions de qualité fondées sur des données probantes, une sensibilisation considérable du public et un nombre important d'activités d'éducation. Enfin, cette campagne disposait d'un financement substantiel.

La difficulté que nous avons rencontrée dans notre approche pour lutter contre l'obésité, c'est que nous n'avons jamais bénéficié de tous ces éléments en même temps. Nos interventions ont peut-être été bonnes, mais nous n'avons pas organisé autant d'activités d'éducation et de sensibilisation. Les fonds investis dans la promotion de l'activité physique sont certainement loin de correspondre aux investissements dans d'autres secteurs de la santé.

Je continue de faire valoir qu'il serait particulièrement sensé d'adopter une approche complètement intégrée qui serait accompagnée d'une solide stratégie.

Mme Lane : Rappelez-vous les campagnes de renoncement au tabac et le nombre d'années de vie perdues en raison d'un tabagisme de longue durée. Ce nombre correspond à environ 10 années — peut-être un peu moins. Le nombre d'années de vie perdues d'une personne obèse, inactive et sédentaire atteint presque sept années et demie. Nous sommes presque sur un pied d'égalité. Il y a longtemps, nous avons décidé de nous attaquer au problème du tabagisme. Nous avons amorcé des programmes, et nous nous attendons un peu à ce qu'ils fassent fonction de politique. Toutefois, pour en revenir à ce que je disais, je crois qu'il pourrait être utile d'avoir une politique intégrée.

En ce qui a trait au traitement de l'obésité, le Canadien inactif en ce moment dont le poids est malsain et qui, par conséquent, présente des complications — c'est-à-dire qu'entre autres choses, il ne se sent pas à l'aise de bouger, car il ressent des douleurs, il souffre du diabète ou il risque de développer cette maladie — a besoin que son médecin l'interroge sur son activité physique à titre de cinquième signe vital, comme il l'interrogera sur sa tension artérielle. Les risques d'années de vie perdues liés à l'inactivité sont supérieurs à ceux liés à l'hypertension artérielle. Chez les hommes, ces risques sont proches de ceux liés à l'hypertension artérielle, mais l'inactivité physique et une faible condition cardiovasculaire présentent de plus grands risques. Lorsque les médecins disent quelque chose, on leur fait confiance. Quand ils demandent aux gens combien d'activité physique ils font et pendant combien de temps, cela déclenche un processus de pensée. Je crois que, si, par la suite, ParticipACTION et d'autres groupes tentent de mettre en œuvre d'autres programmes, ces programmes aideront les gens.

La dernière chose que j'aimerais mentionner, c'est la facturation. Ce n'est pas un sujet que je connais en profondeur, mais, en Colombie-Britannique, le système de santé prévoit des prescriptions d'activité physique. Si vous êtes un fumeur obèse et inactif, ou si vos habitudes alimentaires sont malsaines, vous pouvez consulter un médecin. Ce médecin procédera alors à une évaluation — il s'agit essentiellement d'un exercice d'établissement d'objectifs —, et il vous orientera vers le volet « Activités physiques ». Les médecins de la Colombie-Britannique peuvent facturer le gouvernement pour les consultations de ce genre, car, autrement, ils leur seraient difficile de prodiguer de tels conseils. Mon médecin valorise l'activité physique, et le mentionne toujours. Cependant, tous les médecins ne le font pas. Dans les écoles de médecine, on ne leur enseigne pas la valeur de l'exercice, mais les choses sont en train de changer. À mon avis, certains programmes de ce genre peuvent contribuer aux soins de première ligne.

M. Antunes : L'une des réussites de la stratégie de renoncement au tabac, c'est d'avoir rendu le tabagisme culturellement inacceptable, en particulier dans les lieux publics et dans les familles. Cela a exigé un certain temps, mais, aujourd'hui, les fumeurs sont une minorité. Je crois que nous devons atteindre un stade où les gens inactifs formeront également une minorité, et où nous valoriserons collectivement un mode de vie sain. Autrement dit, l'activité physique sera la norme plutôt que l'exception.

La sénatrice Raine : Vous nous avez donné amplement matière à réflexion, ainsi qu'une bonne idée de la nature des besoins. Je peux constater que la stratégie Canada Actif 20/20 existe, mais, en réalité, vous dites qu'elle n'a pas été mise en œuvre et que vous ne disposez pas des ressources requises pour le faire.

Monsieur Antunes, votre financement a été réduit en 2014. Il est passé de 4,5 à 2 millions de dollars. Quel est votre financement pour l'exercice 2015-2016? Vous a-t-on indiqué que des ressources seraient mises à votre disposition? Comme vous le dites, une petite augmentation du niveau d'activité permettra de réaliser d'importantes économies au sein du système de soins de santé.

M. Antunes : Pour en revenir à la stratégie Canada Actif 20/20, une partie de ses limites sont attribuables au fait que, pour de nombreuses raisons, elle a été élaborée sans la participation du gouvernement — non pas parce que nous ne souhaitions pas travailler avec lui, mais parce que l'activité physique ne faisait pas partie des priorités du gouvernement à ce moment-là. Malgré cela, nous sommes délibérément allés de l'avant, malgré l'absence du gouvernement, parce que cette stratégie nous importait. Toutefois, pour qu'elle trouve écho auprès des Canadiens, qu'elle soit significative et qu'elle ait une incidence sur le problème, il faut que le gouvernement fasse équipe avec nous et que nous adoptions collectivement une approche à la fois gouvernementale et non gouvernementale. Outre le financement dont nous avons besoin, il faut qu'au niveau politique, nous établissions des liens à cet égard et, pour ce faire, le gouvernement doit être à la table des négociations.

En ce qui concerne notre financement, Sport Canada nous accorde 2 millions de dollars. Dès le début, cette organisation s'est avérée être l'un de nos précieux partenaires. À l'heure actuelle, nous sommes en train de renouveler ce financement. Je prévois et j'espère que les fonds qu'elle nous accordera s'élèveront encore à un peu moins de 2 millions de dollars. De plus, nous avons réussi à obtenir une subvention de projet auprès de l'Agence de la santé publique du Canada. La subvention a été octroyée en contrepartie d'un investissement de la Banque Royale du Canada dans un programme intitulé « Vive l'activité physique ». Nous avons donc reçu 3,1 millions de dollars sur trois ans, soit environ 1 million de dollars par année. Cette contribution est directement liée à un programme particulier.

Ceci mis à part, rien n'indique pour le moment que d'autres fonds nous seront accordés à l'échelle fédérale. Nous avons aussi noué des relations de financement avec le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, un autre de nos précieux partenaires. L'année dernière, nous entretenions également des relations avec les gouvernements de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. En outre, nous bénéficions de partenariats d'affaires sur lesquelles nous comptons.

La sénatrice Raine : J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier publiquement ParticipACTION de l'aide qu'elle nous a apportée, à John Weston et à moi, dans le cadre de la promotion de la Journée nationale de la santé et de la condition physique, et de l'adoption du projet de loi qui a permis d'accorder ce titre au premier samedi de juin. Votre appui nous a été très précieux, et nous nous réjouissons à la perspective de travailler avec vous quand cela ira de l'avant.

M. Antunes : Absolument. Comme je l'ai indiqué au cours de mon exposé, et comme je vais le répéter maintenant, bon nombre d'entre vous reconnaissent la valeur de l'image de marque de ParticipACTION, et je crois que, dans les mois et les années à venir, notre stratégie consistera à trouver des moyens d'exploiter cette image de marque en vue de faire progresser cet enjeu.

L'image de marque de ParticipACTION n'appartient ni à moi ni à notre conseil d'administration; elle appartient vraiment aux Canadiens, et nous devons découvrir une façon de tirer parti du pouvoir de cette image de marque pour faire bouger les Canadiens davantage. Nous sommes impatients de continuer à travailler avec vous et avec d'autres personnes.

Le président : Je vous remercie infiniment tous les deux. Cette discussion a été vraiment intéressante. Monsieur Antunes, je crois que nous allons vous inciter à utiliser votre budget pour fournir des ballons à toutes les écoles. Nous allons devoir trouver une façon d'intégrer cette dépense dans les moyens que Santé Canada prend pour réduire les coûts dans ce secteur. J'ai remarqué le grand soin avec lequel vous avez abordé la question du budget. Toutefois, le travail que vous réussissez à réaliser à l'aide des fonds dont vous disposez est impressionnant.

Madame Lane, nous vous sommes très reconnaissants du rôle que votre organisation joue et, indépendamment des observations que j'ai formulées plus tôt, j'espère qu'elle sera en mesure de se développer et de contribuer grandement à l'ensemble des solutions qui seront nécessaires pour s'occuper à la fois de la santé des Canadiens et de leur indice de masse corporelle.

Cela dit, je déclare la séance levée.

(La séance est levée.)


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