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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule nº 26 - Témoignages du 11 mai 2017


OTTAWA, le jeudi 11 mai 2017

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 8 h 1, pour poursuivre son étude sur les effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

Le sénateur Paul J. Massicotte (vice-président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le vice-président : Bienvenue au Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je m'appelle Paul Massicotte, sénateur du Québec et vice-président du comité. J'aimerais souhaiter aussi la bienvenue aux membres du public qui sont dans la salle et à ceux qui nous regardent à la télévision. Je rappelle que les audiences du comité sont ouvertes au public et qu'on peut aussi les visionner en webdiffusion sur le site sencanada.ca. Vous trouverez aussi plus d'information sur l'horaire des réunions sous la rubrique « Comités du Sénat ». J'invite maintenant les sénateurs autour de la table à se présenter.

[Traduction]

La sénatrice Galvez : Je m'appelle Rosa Galvez, et je suis une sénatrice indépendante nouvellement nommée. Je représente Bedford, au Québec, Canada.

La sénatrice Fraser : Je m'appelle Joan Fraser, et je représente le Québec.

[Français]

Le sénateur Mockler : Percy Mockler, sénateur du Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur Lang : Le sénateur Dan Lang, Yukon.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, Montréal, Québec.

Le vice-président : Le sénateur Dennis Patterson vient tout juste d'entrer.

Le sénateur Patterson : Bonjour.

[Français]

Le vice-président : J'aimerais aussi vous présenter notre personnel, notre greffière, Maxime Fortin, et nos deux analystes de la Bibliothèque du Parlement, Sam Banks et Jesse Good.

Depuis mars 2016, le Sénat nous a confié la mission d'étudier les effets, les défis et les coûts liés à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Le gouvernement du Canada s'est engagé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 30 p. 100 par rapport aux niveaux de 2005, et ce, dès 2030. Il s'agit d'un défi de taille. Notre comité a entrepris une étude secteur par secteur. Nous allons donc étudier cinq secteurs de l'économie canadienne qui, ensemble, sont responsables de 80 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit des secteurs de l'électricité, des transports, du pétrole et du gaz, et les industries tributaires du commerce et à forte intensité d'émissions, et les bâtiments.

Aujourd'hui, dans le cadre de notre 42e réunion dans le cadre de cette étude, nous allons nous concentrer sur le secteur du pétrole et du gaz. C'est avec plaisir que nous accueillons quatre témoins de l'Agence internationale de l'énergie par vidéoconférence depuis Paris. Je vous présente Tim Gould, chef de la division des perspectives d'approvisionnement énergétique, Jean-François Gagné, chef de la division de la politique des technologies énergétiques, Peter Fraser, chef de la division gaz, charbon et énergie, et Aad van Bohemen, chef de la division de la politique énergétique et de la sécurité.

Je vous remercie d'avoir accepté de témoigner devant nous aujourd'hui. Je vous invite à faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons à une période de questions et réponses. Nous avons jusqu'à 9 h 30 ce matin pour débattre de ce dossier. Or, je vous demande de planifier votre participation en conséquence. Je cède donc la parole aux témoins.

[Traduction]

Aad van Bohemen, chef de la division de la politique énergétique et de la sécurité, Agence internationale de l'énergie : Je vous remercie d'accueillir l'AIE à l'occasion de votre séance. Je voudrais vous présenter Mme Sylvia Beyer, de ma division, qui est responsable d'un certain nombre de pays pour l'AIE, dont le Canada.

J'espère que vous connaissez bien l'agence. Nous sommes une organisation intergouvernementale composée de 29 pays. Le Canada compte parmi nos membres respectés, mais nous avons également des pays de partout dans le monde, comme les États-Unis, le Japon, la Corée, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et environ une vingtaine de pays européens. Nous travaillons également en étroite collaboration avec un certain nombre de pays qui ne sont pas officiellement membres de l'association. Il s'agit de la Chine, de l'Inde, de la Thaïlande, de l'Indonésie, du Maroc et de Singapour. Notre principale tâche consiste à servir nos pays membres grâce à des analyses et à des recommandations stratégiques.

Sur ce, nous sommes heureux de vous aider dans votre travail sur les politiques énergétiques du Canada. Nous savons que nous sommes ici aujourd'hui pour parler du pétrole et du gaz, mais, si vous voulez nous inviter à d'autres séances, dans l'avenir, nous serons heureux de nous y présenter.

J'ai quelques commentaires à formuler dans ma déclaration préliminaire. Nous considérons que le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques de 2016 est un grand pas en avant. Il rassemble les politiques énergétiques et climatiques du gouvernement fédéral et de presque tous les gouvernements provinciaux. Des détails doivent encore être organisés aux fins de la mise en œuvre en 2017-2018, qui est une tâche complexe, compte tenu de la gouvernance avec la fédération et les provinces ainsi que les marchés intégrés partout en Amérique du Nord.

Au titre de ce cadre et de l'Accord de Paris, que le Canada a ratifié en octobre 2016, la contribution déterminée à l'échelon national du Canada consiste à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 p. 100 par rapport aux taux de 2005 d'ici 2030. Il s'agit d'une cible très ambitieuse pour le Canada. Même s'il est sur la bonne voie pour atteindre sa cible de 2020, c'est-à-dire une réduction de 17 p. 100, le Canada aura une lacune à combler à partir de 2020 à 2030 et par la suite.

Aujourd'hui, l'intensité des émissions de carbone du Canada fait partie des plus élevées des pays de l'AIE. En 2014, les émissions de gaz à effet de serre produites par le Canada équivalaient à 732 millions de tonnes de CO2. Selon les prévisions de votre gouvernement, si aucune politique n'est modifiée, ces émissions passeront à 815 millions de tonnes en 2030, alors que la cible est de 532 ou de 30 p. 100 sous les taux de 2005.

Le Canada est un pays à l'avant-garde de l'élaboration de politiques à long terme en matière de changements climatiques internationaux. Il était un fervent partisan de la cible de 1,5 degré établie à Paris à l'occasion de la COP 21. Le pays a déjà adopté une stratégie à long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui vise un taux de 80 p. 100 inférieur à celui de 2005 pour 2050. Cette stratégie suppose une autre réduction marquée entre 2030 et 2050, de près de deux fois ce qui est prévu entre maintenant et 2030.

À l'AIE, nous pensons qu'il serait préférable de commencer tôt au moyen de mesures stratégiques visant l'atteinte de la cible de 2050 et de resserrer déjà la cible de 2030 afin d'éviter les effets de verrouillage dans le secteur de la construction et dans l'infrastructure énergétique en général.

Le Canada est déjà en train d'élaborer des politiques. Il met en œuvre un prix sur le carbone à l'échelon fédéral. À l'échelon provincial, on envisage des mesures ambitieuses concernant une taxe sur le carbone et l'élimination progressive de la production d'énergie au charbon. Les politiques d'aujourd'hui ne permettent pas encore d'atteindre pleinement les réductions mentionnées d'ici 2030, et encore moins de réaliser les objectifs de 2050.

Que peut faire le Canada, en tant qu'important producteur pétrolier et gazier, pour atténuer les émissions à domicile? À l'AIE, nous — et, je pense, tous nos pays membres — reconnaissons que le Canada est un cas particulier dans la famille des pays de l'AIE, car il s'agit d'un grand producteur et exportateur de pétrole et de gaz, qui offre ainsi une sécurité énergétique aux autres pays membres et au reste du monde. La production pétrolière et gazière s'assortit d'émissions de gaz à effet de serre, mais des efforts peuvent être déployés dans le but de réduire ces émissions le plus possible et le plus rapidement possible.

L'AIE se réjouit de l'annonce faite par le Canada concernant un prix de référence du carbone, qui devrait s'appliquer à une grande partie de l'économie, qui comprendra le secteur pétrolier et gazier et qui augmentera au fil du temps. Afin de dissiper les préoccupations à l'égard de la compétitivité des secteurs à forte intensité d'émissions exposés à la concurrence, comme le secteur pétrolier et gazier, on peut appliquer une allocation fondée sur les extrants et des systèmes d'échange d'émissions, comme ce sera le cas en Alberta pour les grands émetteurs finaux, tout en maintenant les incitatifs à la réduction des émissions.

À compter de 2018, l'Alberta mettra en œuvre un prix du carbone de 30 $ la tonne pour les installations des sables bitumineux, dans le but d'obtenir une réduction des émissions, et la province a enchâssé dans la loi une limite maximale d'émissions de gaz à effet de serre de 100 millions de tonnes d'équivalent de CO2 pour la production de sables bitumineux durant chacune des années à venir.

Le gouvernement fédéral devrait continuer de collaborer avec ses homologues provinciaux et territoriaux afin d'assurer la coordination des politiques et de réduire les chevauchements, y compris en ce qui a trait à la norme sur les carburants propres proposée, à l'élimination progressive accélérée du charbon et aux normes relatives aux émissions de véhicules.

Laissez-moi dresser la liste de quelques mesures clés qui pourront favoriser l'atteinte d'un sommet des émissions de gaz à effet de serre découlant d'énergies propres le plus tôt possible, au Canada. Nous pensons que ces mesures sont des solutions faciles. Le Canada possède l'un des secteurs de l'énergie dont l'empreinte du carbone est la moins forte au monde, en raison de la grande quantité d'hydroélectricité et d'énergie nucléaire produite. L'établissement d'un marché de l'électricité régional bien intégré partout au Canada, avec des interconnexions, stimulera un marché canadien de l'énergie renouvelable et pourra fournir une électricité bon marché à faibles émissions de carbone à des industries à forte intensité énergétique de partout au pays.

Concernant l'augmentation de l'efficacité énergétique dans les secteurs de l'industrie, du bâtiment et des transports, l'établissement d'un marché pancanadien de produits écoénergétiques est une occasion d'investissement. Les politiques relatives aux transports peuvent aller au-delà des normes applicables aux véhicules, et, comme le secteur de l'électricité est en grande partie décarbonisé, il y a de bonnes perspectives pour la production d'un plus grand nombre de véhicules électriques. Il faut réduire davantage l'utilisation des centrales au charbon moins efficientes en mettant en œuvre des plans d'élimination progressive, puis en réduisant les émissions de méthane liées à la production de pétrole et de gaz parce que, à part les émissions de CO2, qui comptent pour 75 p. 100 des émissions, le taux d'émissions de méthane était de 15 p. 100, et ces émissions proviennent principalement de la production de pétrole, de gaz et de charbon.

Le Canada et les États-Unis se sont engagés à réduire les émissions de méthane produites par le secteur pétrolier et gazier de 40 à 45 p. 100 par rapport aux taux de 2012 d'ici 2025. L'AIE se réjouit du maintien de cette cible, mais elle souligne l'importance de la mesure des données de référence et des progrès. La réglementation fédérale visant la réduction des émissions de méthane n'entrera en vigueur qu'après 2023, pour l'atteinte d'une cible deux ans plus tard, soit en 2025.

En guise de commentaire final, le Canada devra mettre au point un mécanisme collectif permettant de suivre la progression vers ses cibles climatiques de façon uniforme dans tout le secteur de l'énergie des provinces et des territoires. Les pays membres de l'AIE ont de plus en plus recours à des budgets de carbone sur cinq ans comme outils de prédilection pour un suivi des progrès fondé sur des scénarios énergétiques et climatiques intégrés.

À ce jour, la collecte et l'évaluation des données sur l'énergie et sur les émissions dans l'ensemble des provinces et des territoires du Canada et entre les entités gouvernementales fédérales ne sont pas constantes. La transparence et la qualité de l'information, y compris celle liée aux émissions fugitives découlant de la production de pétrole et de gaz, seront utiles à tous les échelons de l'administration du Canada et de la société dans son ensemble pour ce qui est d'évaluer les progrès et de déterminer quelles mesures supplémentaires sont nécessaires.

Je voudrais conclure ma déclaration préliminaire. Nous sommes heureux de répondre aux questions du comité. Je voudrais souligner un rapport que nous produisons à l'intention de tous nos pays membres, tous les cinq ans, dans lequel nous évaluons l'ensemble de leurs politiques énergétiques. Notre dernier examen a été publié au début de 2016. Il est accessible sur notre site web. Je suis certain que le personnel du Sénat pourra vous orienter vers ce rapport.

Le vice-président : Est-ce que quelqu'un d'autre veut ajouter des commentaires à l'exposé?

Jean-François Gagné, chef de la division de la politique des technologies énergétiques, Agence internationale de l'énergie : Je pense que nous pouvons tous dire que c'était une intervention très coordonnée.

Le vice-président : Si c'est le cas, commençons par certaines questions de nos sénateurs.

La sénatrice Galvez : Je vous remercie infiniment de cet exposé très clair. Depuis un an, nous étudions la question de la transition des combustibles fossiles vers une énergie verte. Nous avons visité de nombreux endroits et avons entendu bien des témoins. Je veux soulever trois questions posées par les Canadiens. Je voudrais connaître votre opinion à leur sujet.

Premièrement, les Canadiens pensent que l'industrie des combustibles fossiles du Canada a reçu beaucoup de subventions. C'est très fréquent, au Canada, lorsque nous avons une jeune industrie. Toutefois, notre industrie du pétrole et des combustibles fossiles est très mature et a fait ses preuves, alors les gens se demandent si nous devrions continuer de la subventionner.

Deuxièmement, j'aimerais que vous nous parliez du rôle du gaz dans la transition des combustibles fossiles vers l'énergie propre. Il semble que l'industrie gazière ne soit pas bien perçue par l'industrie des combustibles fossiles ni par celle de l'énergie verte. Elle semble avoir été abandonnée dans cette quête de réduction des émissions de gaz.

Troisièmement, je voudrais que vous formuliez un commentaire, si vous le pouvez, sur la création d'emplois grâce au développement de l'énergie verte. Il semble que cette industrie peut générer beaucoup de nouveaux emplois, ce qui pourra compenser certaines des pertes d'emploi dans le domaine de l'énergie fossile.

M. van Bohemen : Voulez-vous que nous répondions, monsieur le président?

Le vice-président : Veuillez répondre.

M. van Bohemen : Je vais demander à mes collègues de compléter ma réponse. Nous travaillons partout dans le monde sur les subventions accordées aux combustibles fossiles, car nous pensons qu'elles faussent le marché et la consommation, mais nous devons faire des distinctions claires entre les subventions visant à réduire les prix pour les consommateurs et les autres instruments financiers.

À ce que nous croyons savoir, au Canada, certains allégements fiscaux ou réductions d'impôt précoces sont accordés pour la production de combustibles fossiles. Nous ne les considérons pas comme des subventions. Ils visent essentiellement à attirer les investisseurs et à leur permettre d'amortir leurs investissements peut-être plus tôt qu'autrement. Ce n'est pas rare dans les pays membres de l'AIE, car les investissements qui doivent être faits sont très élevés.

Concernant votre affirmation selon laquelle le secteur gazier a été abandonné, je ne pense pas que ce soit la façon dont nous voyons les choses. En fait, nous adorons le gaz. Pour bien des gens, il est reconnu comme un combustible fossile qui émet deux fois moins d'émissions de CO2 que le charbon en ce qui a trait à la production d'électricité. Il s'agit également d'un combustible très polyvalent. Nous le considérons comme un combustible important pour l'avenir, quand nous aurons de plus en plus d'énergie renouvelable et intermittente renouvelable; le gaz pourra alors aider à équilibrer la production d'électricité.

Tim Gould, chef de la division des perspectives d'approvisionnement énergétique, Agence internationale de l'énergie : Je voudrais formuler quelques propos au sujet des deux premières questions.

Je travaille sur les Perspectives énergétiques mondiales, c'est-à-dire notre analyse des enjeux énergétiques et environnementaux à long terme jusqu'en 2040. Nous effectuons le suivi des subventions pour la consommation de combustibles fossiles. Il s'agit d'interventions touchant le prix à payer par l'utilisateur final, qui encouragent ensuite une consommation excessive.

À l'aide de cette méthode, nous ne voyons pas de subventions au Canada. Si nous regardons le chiffre mondial total pour ces subventions liées à la consommation de combustibles fossiles, en 2015, il s'élevait à environ 325 milliards de dollars à l'échelle planétaire. Par ailleurs, le soutien total sous forme de subventions destinées à l'énergie renouvelable, selon nos calculs, s'élève à moins de la moitié de cette somme, soit environ 150 milliards de dollars. La majorité des subventions liées à la consommation de combustibles fossiles est concentrée au Moyen-Orient, dans des parties de l'Asie en développement, où les prix payés par les utilisateurs finaux sont réglementés, et sont bien inférieurs à la valeur marchande équivalente.

À l'AIE, nous sommes de grands partisans des efforts visant à réformer ces subventions favorisant une consommation excessive de combustibles fossiles, et nous travaillons en étroite collaboration avec les pays du G20 et de l'APEC et d'autres pays afin d'offrir des analyses et de fournir des données à l'appui de ces efforts.

Concernant la question sur l'industrie gazière, si nous regardons nos prévisions, nos scénarios jusqu'en 2040, le gaz se porte mieux que les autres combustibles fossiles. Il s'inscrit dans notre scénario principal, qui intègre les conséquences ou notre interprétation des conséquences des engagements pris à Paris, les contributions prévues déterminées. La consommation de gaz à l'échelle mondiale augmente de près de 50 p. 100 sur cette période. Diverses raisons expliquent cette situation. Il s'agit d'un combustible assez polyvalent qui peut être déployé dans diverses parties du réseau énergétique.

Comme le mentionnait mon collègue, il s'agit d'une bonne source complémentaire favorisant la décarbonisation graduelle du réseau énergétique, en raison de la souplesse qu'il offre dans le réseau d'électricité pour compléter le déploiement accru d'énergies renouvelables variables. Il présente des avantages des points de vue de l'intensité de carbone et de la lutte pour l'amélioration de la qualité de l'air, qui constitue évidemment un enjeu stratégique majeur dans bien des pays du monde, dans de nombreuses économies émergentes, en particulier.

Cela dit, ces perspectives comportent deux ou trois failles, et nous en avons mentionné quelques-unes dans l'introduction. La question des émissions de méthane le long de la chaîne de valeur en fait certainement partie.

M. Gagné : J'ai un dernier argument supplémentaire à formuler sur cette deuxième question. Celle du gaz doit également être étudiée sous un horizon différent. Si nous regardons les divers scénarios que nous comparons, le gaz naturel présente des possibilités de gains rapides du point de vue de la substitution des carburants à plus forte intensité de CO2. À long terme, toutefois, si nous regardons les scénarios à très long terme, surtout ceux qui correspondent aux options à faibles émissions de carbone, comme notre scénario de 2 degrés, alors le gaz naturel en tant que source d'énergie de base peut devenir un combustible à émissions élevées. En outre, il y a le fait que le rôle que jouerait à long terme le gaz naturel dans le réseau d'électricité pourrait supposer des choix technologiques différents du point de vue de la façon dont on utilise ce gaz naturel et du type de planification qui doit être effectué.

Le gaz naturel peut assurément contribuer à la stratégie de décarbonisation de l'industrie, mais cela ne veut pas dire qu'il doit être considéré de la même manière que dans le passé. Il doit être perçu d'une manière différente, et il faut étudier divers mécanismes de marché et choix technologiques et diverses politiques si l'on envisage le gaz dans une stratégie énergétique globale à faibles émissions de carbone.

La sénatrice Seidman : Merci d'avoir présenté un excellent exposé. Je voudrais vous poser des questions au sujet des tout derniers arguments que vous avez formulés dans votre déclaration. Vous avez parlé de mesures clés qui sont importantes pour les politiques canadiennes.

La première que vous avez mentionnée, c'était l'intégration de l'énergie hydro-nucléaire au Canada et son importance, étant donné qu'une grande partie de notre électricité provient de ces sources. C'est quelque chose dont nous avons débattu en tant que comité, l'intégration dans l'ensemble du pays. Je voudrais que vous nous donniez des détails sur ce que vous voyez exactement dans ce domaine, ce que vous recommandez.

Peter Fraser, chef de la division du gaz, charbon et énergie, Agence internationale de l'énergie : Il y a de réelles occasions entre, par exemple, la Colombie-Britannique et l'Alberta. Je crois savoir qu'hier, une réunion a été tenue à Regina, où il a été question de l'intégration entre le Manitoba et la Saskatchewan. Il y a des occasions pour les provinces voisines. Nous voyons cela se produire en ce moment, entre Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse : une province possédant beaucoup d'hydroélectricité peut contribuer à répondre aux besoins d'un voisin qui dépend beaucoup des combustibles fossiles.

L'hydroélectricité peut avoir le double avantage non seulement d'être entièrement renouvelable, mais aussi d'être une ressource relativement souple, de sorte que, même si l'Alberta tente d'intégrer davantage d'énergie éolienne dans son réseau, le fait d'avoir un voisin qui peut adapter très facilement sa production en réaction à l'énergie éolienne facilitera la tâche à ces provinces au moment de passer à une production plus importante d'électricité renouvelable.

À court terme, on dirait qu'il s'agit de se concentrer davantage sur le développement régional au lieu de construire un réseau transcanadien à court terme. Il y a une raison technique pour laquelle c'est un peu difficile aussi. La raison, c'est que notre réseau est nord-américain, pas seulement canadien. La Colombie-Britannique et l'Alberta sont connectées avec la Californie et les autres États de l'Ouest dans un réseau électrique unique. De la Saskatchewan vers l'est, on est connecté à un autre réseau, l'Eastern Interconnection. Par conséquent, il est beaucoup plus facile d'établir des connexions plus solides si les composantes sont reliées les unes aux autres, comme c'est le cas en l'occurrence. De fait, le Québec possède sa propre interconnexion distincte.

La sénatrice Seidman : À la lumière de toutes les déclarations que nous avons entendues des témoins, j'accepte ce que vous venez tout juste de dire, et je suis d'accord avec vous. Le problème, dans un pays comme le Canada, ce sont les infrastructures et le fait qu'on doit tenter d'établir un réseau sur de vastes étendues de terres qui n'ont aucune population, vers les populations du Nord, par exemple, ou dans des régions assez isolées du pays. Un coût est associé au fait de tenter de développer les infrastructures.

D'après votre expérience à l'OCDE et au sein de cette entreprise coopérative, avez-vous des suggestions à faire concernant le fait de relever ce genre de défi?

M. Fraser : Le phénomène que nous observons — surtout dans les pays de l'OCDE, mais aussi de plus en plus dans des pays qui n'en font pas partie —, c'est une augmentation de la demande en énergie renouvelable. Cette demande suscite un intérêt à l'égard de ces interconnexions.

L'interconnexion — même si elle suppose des coûts considérables et, dans certains cas, de longues distances, car le Canada est très vaste — coûte tout de même bien moins cher que l'énergie renouvelable en soi. Plus particulièrement, dans le contexte canadien, où vous avez des sources d'énergie renouvelable moins coûteuses, ou potentiellement moins coûteuses, c'est quelque chose qui a de la valeur. Les provinces qui veulent accroître leur part d'énergie renouvelable pourraient trouver qu'il est plus économique de l'acheter auprès d'un voisin que de la produire elles-mêmes, ou bien elles pourraient trouver qu'il s'agit d'un complément très utile de leur propre production.

Oui, il s'agit d'un coût très important, mais il pourrait également y avoir un avantage important, comparativement au fait d'assurer la production par soi-même.

M. Gagné : En outre, de plus en plus de technologies sont élaborées dans le but de couvrir ces très grandes distances, qui tiennent compte du coût par unité. Dans des endroits comme le Brésil et la Chine, on a acquis beaucoup d'expérience liée à des lignes de courant continu de haute tension et à de nouvelles technologies permettra des flux bidirectionnels qui pourrait être intéressante du point de vue des vastes étendues du Canada et pour ce qui est de relier les collectivités nordiques.

Comme les gens tentent d'avoir accès à des ressources qui se trouvent de plus en plus loin des centres de demande, la technologie a également évolué pour ce qui est d'établir de façon plus économique des liens entre ces ressources et le lieu de la demande et de permettre le jumelage de divers profils de ressources variables sur un vaste territoire.

Le sénateur Wetston : Merci des renseignements que vous fournissez aujourd'hui. Je dois faire une mention spéciale à M. Fraser. Nous avons travaillé ensemble à la Commission de l'énergie de l'Ontario pendant sept ans. Il a manifestement une excellente idée de la technologie et de ce qui se passe au Canada. Je suis très heureux que nous ayons pu compter M. Fraser parmi les témoins du groupe d'aujourd'hui.

L'aspect que je voulais étudier un peu avec vous comporte deux volets, si vous me le permettez, monsieur le président. Quand vous parlez du Canada et de la possibilité d'établir un réseau pancanadien comme l'autoroute transcanadienne, nous reconnaissons tous les défis que présente ce projet. J'apprécie vraiment le commentaire au sujet du coût par rapport au coût de l'énergie renouvelable. Bien entendu, nous en avons fait directement l'expérience en Ontario, comme nous le savons probablement tous.

Je voulais vous poser des questions au sujet de votre scénario de 66 p. 100/2ºC. Je sais que c'est très technique et qu'il s'agit d'un nouveau modèle que vous avez mis au point, mais pouvez-vous nous éclairer un peu au sujet des raisons pour lesquelles vous l'avez fait, de ce que vous espérez obtenir et de comment cela pourrait nous aider à étudier cette question, plus particulièrement avec la cible de 2030 en tête?

M. Gould : Le scénario des 66 p. 100/2ºC était une analyse que nous avons effectuée conjointement avec l'Agence internationale pour les énergies renouvelables. Elle a été présentée dans le cadre du Dialogue de Berlin sur la transition énergétique, en mars de cette année. En réalité, le but de ce scénario était tiré du libellé de l'Accord de Paris. Comme vous le savez tous, j'en suis certain, dans cet accord, il est question d'efforts visant à tenir l'augmentation à long terme des températures mondiales moyennes bien en dessous de 2ºC, comparativement aux taux préindustriels.

En un sens, le scénario des 66 p. 100/2ºC est un long détour pour décrire un résultat qui correspondrait à cet objectif d'avoir une augmentation des températures bien inférieure à 2º. C'est essentiellement une forte probabilité de 2º et, par conséquent, une probabilité de 50 p. 100 d'aboutir avec une augmentation inférieure à 2º.

Dans un sens, il s'agit du cadre général de ces travaux. Lors de ces travaux, nous ne sommes pas entrés dans les détails régionaux ou nationaux. Vous ne trouverez dans ce rapport aucune réflexion particulière sur la situation canadienne ou, en effet, sur celle de tout autre pays du monde. Notre but était plutôt d'illustrer l'ampleur du défi et le genre de politiques qui seraient nécessaires. On ne s'attache pas au seul secteur de l'électricité, où la décarbonisation est déjà — dans un sens — une réalité du réseau énergétique d'aujourd'hui, mais on met l'accent sur les utilisations finales, où certains des progrès les plus difficiles doivent être réalisés, si on veut en arriver à un résultat conforme à l'Accord de Paris.

M. Gagné : Je pense que, peut-être pour vous aider à comprendre pourquoi nous sommes allés dans cette direction, je voudrais vous renvoyer à la déclaration liminaire d'Aad. Nous sommes une organisation axée sur les membres. La demande est venue de nos membres, à la suite des négociations de la COP 21, pour ce qui est de tenter de comprendre un peu mieux ce que pourrait signifier la notion d'une augmentation inférieure à 2º et une cible consistant à atteindre 1,5º.

Ce que nous avons entrepris de faire, au cours des derniers mois, c'est étudier une série de lignes que nous tentons de dessiner dans le sable du point de vue de certaines occasions et de certains défis allant au-delà de notre 2º traditionnel, dans un scénario de 66 p. 100. La prochaine édition d'Energy Technology Perspectives portera sur un scénario où la technologie est exploitée au maximum. Si nous poussions toutes les technologies connues aujourd'hui jusqu'à leur potentiel de déploiement maximal, qu'est-ce que cela pourrait donner?

Nous travaillons en très étroite collaboration avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat afin de tenter de contribuer à définir cette augmentation bien inférieure à 2º. Loin d'être une recommandation concernant l'orientation que devrait adopter le secteur de l'énergie, il s'agit plutôt d'une évaluation des possibilités.

Le sénateur Wetston : Il y a une question que je voudrais poser sur un sujet qui, selon moi, passe peut-être un peu sous le radar. Il s'agit de l'énergie de fusion. Elle ne reçoit pas beaucoup d'attention. Scientific American semble lui accorder un peu plus d'attention que nous. Je voudrais peut-être étudier un peu cette question avec vous.

Je sais que les programmes de collaboration technologique ont permis de désigner l'énergie de fusion comme un domaine à étudier et sur lequel travailler davantage. Est-ce que l'un ou l'autre d'entre vous pourrait nous décrire cette énergie et peut-être nous parler un peu de sa viabilité? Si l'énergie de fusion était viable, elle pourrait peut-être régler beaucoup des problèmes et répondre à beaucoup de questions relativement aux émissions de gaz à effet de serre.

M. Gagné : Vous avez tout à fait raison d'affirmer que, au sein du cadre de l'AIE, l'énergie de fusion a toujours été reconnue comme étant l'une des possibilités qu'il faut continuer d'étudier. En fait, au titre de notre réseau de technologies énergétiques, nous menons huit programmes de collaboration technologique qui portent sur divers défis associés à l'énergie de fusion. Nombre de ces programmes appuient directement de très grands projets internationaux, comme le projet ITER, en Europe.

Nous continuons d'appuyer la recherche collaborative et de recueillir des renseignements sur les progrès et les possibilités liés à la fusion. Toutefois, dans un grand nombre des analyses que nous effectuons, il ne semble pas y avoir un grand rôle à jouer pour l'énergie de fusion dans l'horizon prévisionnel que nous étudions. Ce n'est pas qu'elle ne peut pas fournir de solution à long terme. Nous ne considérons tout simplement pas cela comme une conséquence qui est enregistrée par notre analyse dans la période que nous établissons.

Les dernières perspectives dont nous disposions se rendent jusqu'en 2060, mais selon sa feuille de route actuelle, la communauté de l'énergie thermonucléaire pourrait, d'ici 2055, commencer à produire plus d'énergie qu'elle n'en consomme, ce qui signifie que, d'ici à ce que l'énergie devienne concurrentielle sur le plan des prix avec d'autres sources, nous serons probablement à l'extérieur de la période visée par les perspectives.

L'autre défi intéressant qui commence à se poser pour l'énergie thermonucléaire, c'est que, comme nous le voyons avec d'autres technologies comme la technologie solaire PV et l'éolien, qui commencent à être utilisés, le système énergétique semble s'en aller de plus en plus vers un modèle décentralisé avec ce que nous appelons des « prosommateurs », des personnes qui produisent et consomment leur propre électricité avec des réseaux qui doivent équilibrer les flux d'électricité provenant de multiples producteurs.

À mesure que nous mettons en place l'infrastructure qui permettra de s'occuper de ces nouveaux types de sources d'énergie décentralisées, la question du rôle que jouera l'énergie thermonucléaire va se poser parce qu'elle représente l'incarnation d'une grande production d'énergie centralisée et d'une vaste distribution.

Comme dans le cas de toute technologie ayant besoin d'un long calendrier pour être mise au point, son rôle devrait être évalué, non seulement du point de vue de ses propres prouesses techniques, mais aussi selon la façon dont elle s'inscrit dans le reste du système énergétique, lequel évoluera au cours de la prochaine décennie, période dont aura besoin l'énergie thermonucléaire pour devenir une solution possible.

La sénatrice Fraser : Juste en vous écoutant, au moins 20 questions me viennent à l'esprit, mais je vais m'en tenir à deux, si je le peux.

D'abord, je crois que c'est M. Gould qui a dit que nous adorons le gaz. Manifestement, vous connaissez très bien la situation canadienne, probablement mieux que 99 p. 100 des Canadiens.

Que pensez-vous des sables bitumineux?

M. Gould : Je peux certainement vous faire un exposé sur la situation de la production de pétrole extrait des sables bitumineux dans nos projections. J'ai mentionné auparavant différents scénarios. Notre scénario principal est celui dans lequel nous intégrons la mise en œuvre des engagements de Paris.

Actuellement, nous avons, dans un sens, hérité des décisions d'investissement antérieures finales. Nous allons assister à une augmentation de la production de pétrole des sables bitumineux au cours des prochaines années, mais, à notre avis, elle se stabilisera vers les années 2020. Il y aura une augmentation graduelle de cette production par la suite. Si on prend la valeur de 2015, soit de 2,4 millions de barils par jour issus de la production de pétrole des sables bitumineux, on arrive à environ 3,8 millions de barils par jour en 2040.

À moyen terme, nous sommes alignés de manière générale sur les projections de l'Office national de l'énergie et de l'Association canadienne des producteurs pétroliers. À long terme, nous tendons en quelque sorte vers une production inférieure à nos perspectives. Nous sommes davantage alignés sur le scénario bas de l'ONE vers cette période.

Voilà notre perspective, en ce qui concerne les sables bitumineux.

La sénatrice Fraser : Je suppose que vous êtes incapable de dire si vous aimez ou non les sables bitumineux. Je ne vous mettrai pas de pression à cet égard.

M. Gould : Mon collègue, M. van Bohemen, a déclaré son amour du gaz naturel. Je ne prends position ni pour un ni pour l'autre.

M. van Bohemen : Je suis citoyen hollandais, et nous avons beaucoup de gaz aux Pays-Bas. Lorsqu'il s'agit de l'impact du carbone provenant des différents combustibles que nous avons et aussi du pétrole, nous croyons que les combustibles devraient entrer en concurrence les uns avec les autres. Les incidences sur l'environnement devraient être réglementées, d'une part. Nous saluons le travail que le Canada fait sur les émissions de méthane et la sécurité du travail. D'autre part, les incidences devraient être tarifées afin qu'il soit possible d'établir des règles du jeu équitables pour tous pour ce qui est des combustibles fossiles selon leur incidence environnementale. Ces règles nous permettent de décider quels combustibles fossiles nous produirons avec les incidences les plus faibles sur l'environnement.

M. Gould en sait plus que moi à ce sujet, mais si nous regardons les projections générales, le monde a encore besoin de beaucoup de pétrole, de charbon et de gaz. Nous aimerions bien sûr voir une augmentation de l'utilisation des énergies renouvelables, et ce, de plus en plus rapidement, mais nous avons encore besoin de beaucoup de combustibles fossiles. Il faudrait déployer des efforts pour produire ces combustibles fossiles en atténuant le plus possible les incidences sur l'environnement.

La sénatrice Fraser : Allez-y, monsieur Gould. Vous vouliez ajouter quelque chose.

M. Gould : J'aimerais définir les considérations liées à nos perspectives. Le problème de la production canadienne de pétrole des sables bitumineux est clairement que, à l'heure actuelle, la production engendre un coût relativement élevé dans un environnement où les prix sont bas. L'énergie et l'intensité des émissions de cette production sont relativement élevées dans un monde de plus en plus contraint à limiter ses émissions.

À notre avis, le fait de relever ces deux défis sera déterminant pour l'avenir des sables bitumineux.

La sénatrice Fraser : La question porte sur un sujet différent, messieurs. Le président Trump doit décider sous peu de poursuivre ou non avec l'accord de Paris.

Avez-vous des analyses que vous pouvez nous transmettre sur l'impact qu'aura le fait que les États-Unis se retirent de l'accord?

M. van Bohemen : Non, madame, nous n'en avons pas.

M. Gould : Puis-je ajouter que, au final, nous examinons de près les rouages des politiques en place. Nous regardons le plan de l'énergie propre, les normes d'efficacité énergétique et les autres mesures réglementaires. Ce sont les éléments qui influenceraient, en un sens, la voie que les États-Unis suivraient dans nos projections.

Le sénateur Patterson : En tant que sénateur du Nunavut, j'aimerais dire que je crois que le Canada est un cas spécial, non pas seulement comme grand exportateur de pétrole et de gaz, mais en tant que pays très froid. Ma région du Canada, qui n'est pas le territoire urbain du sud typique, dépend complètement du diesel pour le chauffage et la production d'électricité. Nous n'avons pas de liens routier ni ferroviaire avec le Sud du Canada ni aucun lien avec le réseau hydroélectrique nord-américain. Néanmoins, les trois territoires se sont engagés à imposer une tarification du carbone, ce que vous avez félicité le Canada d'avoir mis en œuvre.

J'ai noté vos commentaires sur les lignes à haute tension à flux bidirectionnels comme façons de transporter de l'énergie renouvelable vers des endroits éloignés, mais le Nunavut ne compte que 35 000 personnes dispersées dans 25 collectivités reculées.

J'aimerais vous demander conseil. Que devrions-nous faire relativement à l'élaboration d'un système de tarification du carbone, sur lequel nous ne nous sommes pas entendus et qui nous sera imposé en 2018, ce qui est bientôt? Il n'existe aucune énergie de rechange immédiate. Le coût du carbone fait partie de tout ce que nous achetons et de tout ce que nous faisons. Comment élaborez-vous un système de tarification du carbone qui est une bonne politique climatique, mais qui n'a pas d'effet sur la croissance économique, et quel est le coût de la vie le plus élevé au pays?

M. Fraser : Je vais tenter de répondre sur deux plans. Nous regardons principalement les climats chauds de divers systèmes hors-réseau et la façon dont nous pouvons trouver davantage de solutions de rechange économiques aux problèmes existants. Nous ne parlons pas du Nunavut, qui est un endroit très froid. Les hivers y sont très longs et très sombres. Les technologies qui fonctionneraient à cet endroit devraient être différentes.

Je ne crois pas que nous avons entendu un commentaire précis sur les conceptions de la tarification du carbone, mais je note que, déjà au Canada, on retrouve un éventail d'approches. Il se peut que certaines de ces approches fonctionnent mieux que d'autres dans le contexte du Nunavut, mais je ne suis pas vraiment qualifié pour répondre à d'autres questions à ce sujet.

M. Gagné : Je peux ajouter quelque chose au commentaire de M. Fraser sur le fait de ne pas avoir probablement assez analysé les bons mécanismes de tarification du carbone pour les collectivités éloignées. Sur le plan de la technologie, on retrouve nombre d'exemples, et il se fait beaucoup de travail sur la façon dont les miniréseaux peuvent soutenir un accès amélioré à l'électricité, notamment dans les régions où le diesel est une solution de rechange extrêmement coûteuse. Dieu sait que c'est le cas du Nunavut. Je ne crois pas que le fait de recourir aux brise-glaces de la Garde côtière pour livrer le pétrole soit vraiment une solution économique, même si on compare le pétrole à l'éolien et à l'entreposage.

Le Canada est membre d'un groupe de travail qui, dans le cadre de Mission Innovation, examine particulièrement la possibilité de fournir de l'électricité renouvelable au moyen d'un accès à distance. Encore une fois, bien que nous n'ayons pas de suggestions précises sur les mécanismes de tarification du carbone eux-mêmes, il existe peut-être certaines options technologiques intéressantes qui nous permettraient de trouver des solutions au fardeau du carbone, de même que d'éliminer les combustibles très coûteux, au moyen d'améliorations technologiques.

Le sénateur Mockler : Ma question s'adresse à M. Fraser. Ce sont trois petites questions en une, et je vais commencer par la première. Je viens du Nouveau-Brunswick, alors nous savons vous avez une excellente réputation et, c'est de bon augure pour le Comité auquel vous siégez. C'est également toute une occasion pour l'ensemble du Canada.

Ma question pour vous est la suivante : que pensez-vous de l'avenir de l'énergie nucléaire? Nous savons tous deux que le Nouveau-Brunswick a été la première province à utiliser l'énergie nucléaire dans les années 1970.

Ensuite, j'aimerais entendre votre opinion sur le projet d'oléoduc Énergie Est de la plus grande raffinerie au Canada, à Saint John, au Nouveau-Brunswick.

J'aimerais également que vous puissiez nous donner votre opinion sur la technologie la meilleure et la plus fiable qui réduirait les émissions de CO2 partout dans notre grand pays.

M. Fraser : J'apprécie le compliment et la grande confiance que vous m'accordez pour répondre à ces questions capitales. Je vais certainement tenter de répondre au moins aux deux premières.

Pour ce qui est de la question sur l'avenir de l'énergie nucléaire au Canada, je dois confesser à mes collègues que j'ai passé les premières années de ma carrière à travailler pour ce qui s'appelait à l'époque EACL. J'ai joué un rôle dans l'attribution de licences à la centrale nucléaire de Point Lepreau, alors je connais la technologie canadienne.

Vu notre analyse économique des coûts de production, il semble que les nouvelles centrales nucléaires n'ont pas de véritable possibilité économique de croissance au Canada aujourd'hui. Elles coûtent plus cher. Elles présentent un risque financier plus élevé. Il est difficile de défendre cette énergie sur les plans économique ou financier afin de prôner des investissements dans de nouvelles centrales nucléaires aujourd'hui.

Elles offrent la possibilité d'atteindre une production sans émissions de carbone. C'est différent lorsque vous prenez une centrale existante et prolongez sa vie. Les aspects économiques sont plutôt différents. La centrale de Point Lepreau a récemment fait l'objet d'une remise en état majeure et est maintenant de nouveau en service. Nous voyons en Ontario, au Canada, qu'une remise en état importante de la centrale nucléaire de Darlington est en cours.

Quant à votre deuxième point sur l'oléoduc Énergie Est, je dois admettre encore une fois à mes collègues que j'ai eu un rôle à jouer dans l'examen provincial qu'a fait l'Ontario de l'oléoduc Énergie Est. Je dois souligner qu'on nous a demandé de l'examiner du point de vue de l'Ontario, non pas de celui du pays dans son ensemble. Le rapport demandait quels étaient les avantages et les risques du projet pour les Ontariens. La conclusion de l'étude était qu'il y avait plus de risques pour les gens de l'Ontario que d'avantages.

Comme il s'agissait de la portée de l'étude, je n'affirmerais pas connaître un peu ou parfaitement le projet de l'oléoduc Énergie Est, car il relevait de la compétence fédérale. Notre mandat consistait uniquement à examiner cette question précise, et c'est ce que nous avons fait.

Quant à la meilleure technologie pour réduire les émissions de CO2, je ne crois pas qu'il n'en existe qu'une seule. Si vous examinez les études que nous effectuons à l'AIE, la réponse courte est : de nombreuses technologies. Et elles ne touchent pas uniquement l'approvisionnement énergétique. Nombre de ces nouvelles technologies ont trait à la demande.

Nous commençons actuellement une étude qui porte sur l'effet de la numérisation du secteur énergétique, qui, selon nous, pourrait également avoir des incidences importantes sur la demande et l'efficience avec laquelle on fournit l'énergie. Nous pensons qu'il y aura beaucoup de technologies. Une fois que nous aurons connaissance des contraintes liées au carbone dont mon collègue a parlé plus tôt, ces technologies auront des répercussions importantes et nous aideront à obtenir les types de réduction dont nous aurons besoin afin d'avoir une économie de l'énergie durable.

M. Gagné : Sur le plan de la technologie, M. Fraser a tout à fait raison. Je ne pense pas qu'on puisse déterminer quelle est la meilleure technologie parce que tout dépend de la situation très précise et de ce que vous voulez exactement réaliser. Il y a assurément quelques éléments technologiques essentiels qui doivent être pris en considération.

D'abord, si nous pouvons appeler cela une technologie, une des choses principales que nous disons, c'est que la source d'énergie la plus propre, la plus sûre et la plus abordable est celle que vous n'avez pas à utiliser. Essentiellement, l'efficacité énergétique est vraiment pour nous le vecteur le plus important. Nous devrions essayer d'éviter l'énergie inutile avant de tenter d'en produire d'une manière économique et propre.

Ensuite, lorsque nous examinons tous les scénarios comme nous le faisons, nous voyons que l'électrification est inévitable. Elle offre beaucoup de possibilités, alors c'est une bonne façon d'intégrer les aspects de la demande et de l'offre. C'est une bonne manière d'utiliser beaucoup plus des sources d'énergie primaire variées. Elle favorise une production d'énergie plus propre pour ce qui est de l'utilisation finale. Par conséquent, elle peut atténuer les problèmes d'émissions de carbone, mais aussi de pollution de l'air.

Le troisième levier concerne les progrès technologiques clés sur lesquels nous devons nous concentrer qui portent moins sur les aspects de la demande et de l'offre, mais beaucoup plus sur celui de l'intégration. Tous les scénarios liés à l'optimisation et à l'économie supposent un éventail de technologies différentes qui doivent fonctionner ensemble. Nous, à l'AIE, sommes toujours catégoriques : vous ne pouvez pas sacrifier la sécurité énergétique sur l'autel de l'environnement.

C'est au moyen de l'intégration de systèmes adéquats que nous serons en mesure de nous assurer que toutes ces technologies jouent leur rôle en fournissant de l'énergie de manière économique, fiable et respectueuse de l'environnement. C'est sur l'intégration des systèmes qu'on doit se concentrer.

Le sénateur Dean : J'aimerais revenir à la question sur l'énergie nucléaire, particulièrement en raison du commentaire formulé plus tôt selon lequel on tend à utiliser des modes de production décentralisés.

Une production nucléaire locale modulaire plus petite à géométrie variable pourrait-elle jouer un rôle à cet égard? Nous avons entendu une réponse convaincante concernant une nouvelle installation nucléaire d'importance, mais je pense à des approches modulaires à plus petite échelle. Est-ce envisagé?

M. Gagné : Chaque possibilité peut assurément jouer un rôle afin de permettre une production d'énergie électrique propre et flexible. Les petits réacteurs modulaires sont prometteurs, mais comme toute nouvelle technologie, nous devrons savoir comment et quand ils pourront produire de l'énergie.

Lorsque nous regardons les besoins en matière de souplesse d'un système électrique, nous essayons en réalité d'adopter une approche équilibrée dans le sens qu'il existe nombre de possibilités de souplesse dans les systèmes énergétiques. Une production souple en est une, assurément. Cela fait suite à la discussion que nous avons tenue sur le rôle du gaz naturel dans le secteur de l'énergie, mais s'agit-il de la charge minimale centralisée par rapport à une charge minimale plus petite et plus souple? C'est un autre des leviers.

Nous avons déjà parlé d'un autre levier : des parts de marché élargies pour qu'il soit possible de rapprocher davantage de profils sur le plan de la demande et de l'offre et des infrastructures agrandies afin d'assurer une diffusion de la variabilité qui peut en réalité s'annuler.

Le troisième levier est le stockage de l'énergie. Dans le cas du Canada, c'est très intéressant parce que les centrales hydroélectriques peuvent en réalité produire de l'énergie acheminable et en stocker, jusqu'à un certain degré, selon la conception.

Enfin, celui que je crois qui est le plus sous-utilisé et sous-analysé, c'est la capacité des marchés d'explorer les possibilités de réagir à la demande de nombre de clients intégrés. C'est l'analyse que nous effectuons du rôle que les technologies numériques peuvent jouer en stimulant cette capacité importante d'offrir de la souplesse.

Afin d'évaluer des technologies comme les petits réacteurs modulaires à la lumière d'une approche souple, vous devez vous attacher au rapport coût-efficacité avec lequel ces petits réacteurs modulaires offrent des services relativement à l'autre possibilité d'obtenir de la souplesse. Ce qui complique la situation, c'est que chaque système est extrêmement différent. Cela dépend d'autres types de services auxiliaires qui doivent être offerts dans ces systèmes énergétiques. Cela dépend également de l'intégration de différents vecteurs énergétiques. Que nous parlions d'électricité, de chauffage ou d'autres services, on doit vraiment examiner la situation au cas par cas.

Le sénateur Lang : Je souhaite la bienvenue aux témoins. Est-ce le soir ou le matin pour vous? Quelle heure est-il?

M. Gould : C'est l'heure du thé, en après-midi.

Le sénateur Lang : Vous êtes encore dans votre quart de travail de jour.

Je suis sénateur du Yukon, et nous sommes très chanceux que notre réseau énergétique fournisse la plus grande partie de notre énergie. Nous possédons essentiellement un système qui est vert, si vous voulez l'appeler ainsi. En même temps, comme nous voulons prendre de l'expansion et augmenter l'approvisionnement énergétique, des décisions devront être prises concernant la façon dont nous allons agrandir ce système en particulier. Cela ne s'applique pas uniquement au Yukon. Cela concerne, comme le sait M. Fraser, la Colombie-Britannique et d'autres régions du Canada où il existe des possibilités hydroélectriques.

Ma préoccupation est que, à mesure que nous sommes de moins en moins dépendants des combustibles fossiles, il ne semble pas y avoir une orientation claire relativement à la façon dont nous allons les remplacer. J'ai entendu M. Fraser parler un peu plus tôt d'Énergie Est. Il s'agissait d'un problème parce qu'il comportait plus de risques que d'avantages pour l'Ontario. Je pourrais contester cette affirmation, mais je ne le ferai pas.

Ce que je veux dire, c'est que, au bout du compte, nous devons adopter une approche nationale. Certains objectifs nationaux doivent être clairement définis relativement à ce que nous sommes prêts à faire pour répondre à nos besoins énergétiques à long terme.

Avant de poser ma question, je vais me prendre en exemple. Je ne suis pas l'expert technique le plus renseigné au monde du point de vue de la technologie qui est mise au point chaque année, mais je sais que j'utilise de plus en plus chaque jour des iPad, des téléphones et diverses choses. Et ça, c'est seulement chez moi. Vous pouvez imaginer ce qui se passe partout au pays. Des millions de ces progrès techniques exigent un peu d'énergie, mais lorsqu'ils s'additionnent tous à l'échelle du pays, c'est une quantité énorme.

Je veux poser une question sur l'hydroélectricité, qui est une source d'énergie renouvelable. Une fois que l'infrastructure est en place, elle produit de l'énergie de manière constante et constitue un fondement pour des régions du pays. Pourquoi ne sommes-nous pas prêts, en tant que gouvernement, à subventionner, au besoin et du moins en partie initialement, la construction de ces projets hydroélectriques importants pour que nous puissions les regrouper dans un réseau et atteindre nos objectifs? Le réseau est une partie, comme le sait le sénateur Wetston, qui est très coûteux à mettre en place et difficile à justifier.

Monsieur Fraser, que pensez-vous du point de vue du Canada, et que savez-vous de notre potentiel, au Québec, au Labrador, au Yukon, en Colombie-Britannique ou ailleurs?

M. Fraser : Merci encore une fois de poser une autre question très intéressante. Je suis certainement d'accord avec votre observation selon laquelle la politique en matière d'électricité du Canada n'est pas vraiment adoptée à l'échelon national. Aujourd'hui, les politiques sont conçues à l'échelon provincial. À mon avis, ce faisant, on rate certaines occasions.

En essayant de répondre plus tôt à la question sur les liens, j'ai mentionné qu'il existe certaines possibilités de favoriser la croissance économique du pays et d'augmenter la part des énergies renouvelables en les rendant plus accessibles au-delà des frontières provinciales. Cela représente une réelle possibilité pour le pays.

Je soulignerais que l'hydroélectricité, malgré tous ses excellents aspects, n'est pas la seule forme d'énergie renouvelable qui existe. Comme pourront en attester certains de mes collègues, d'excellentes possibilités d'offres d'autres énergies renouvelables au Canada, particulièrement en soutien à l'hydroélectricité, peuvent également être une forme très économique d'offrir de l'électricité.

Le coût de l'éolien en Alberta baisse, et c'est un endroit très venteux. Vous pouvez y produire de l'énergie éolienne très économique. L'énergie solaire est peut-être une ressource plus particulière, mais nous avons des endroits très ensoleillés au Canada, et la diminution des coûts de la technologie de déploiement solaire a été remarquable.

Vous avez également entendu parler plus tôt de l'aspect de la demande. Vous avez présenté un excellent argument concernant tous ces appareils que nous branchons de nos jours. Peut-être que mon collègue, M. Gould, aimerait commenter le niveau de la demande. Nous voyons qu'elle n'est vraiment pas aussi importante que nous le croyions initialement. Nous pensions que la demande d'électricité serait beaucoup plus importante. Notre travail sur la numérisation et l'énergie qui est en cours actuellement examine cette question en profondeur. Il s'agit d'une demande importante, mais elle n'augmente pas.

Nous avons remarqué que la demande ne s'accroît pas de la façon dont nous le pensions en général. C'est parce que ces appareils eux-mêmes deviennent de plus en plus efficaces tout comme leurs centres de données. La croissance de la demande n'est pas très importante, mais il existe certainement certains avantages réels à une approche nationale en matière de politiques énergétique et électrique.

M. Gould : Pour ajouter à ce que disait M. Fraser, si nous adoptons une vision élargie de l'avenir de la croissance de la demande électrique mondiale, la vaste majorité de cette croissance viendra de grands pays émergents, où on retrouve une augmentation de la classe moyenne, des revenus et de la population.

Au sein de l'OCDE, la croissance de la demande en électricité est relativement faible parce que, comme M. Fraser le mentionnait, l'accroissement du nombre d'appareils dans un ménage type est vraiment compensé par des améliorations en matière d'efficacité. Malgré ce que mes collègues disaient auparavant concernant le rôle accru de l'électricité pour ce qui est de l'utilisation finale, phénomène que nous observons dans nombre de pays de l'OCDE, le taux de croissance de la demande d'électricité est étonnamment faible dans de nombreux pays.

Le sénateur Lang : Je veux passer au gaz naturel et aux déclarations selon lesquelles il sera le fondement, en partie, de nos besoins énergétiques dans l'avenir.

Comme nous le savons tous, le gaz naturel coûtait beaucoup plus cher il y a 10 ans. Cela dépend effectivement du marché. Avez-vous pris en considération, à mesure que la demande augmente, les répercussions à long terme du fait d'être engagé à produire du gaz naturel et de la possible augmentation du prix?

M. Gould : Nos prévisions des prix en Amérique du Nord dépendent de deux variables importantes. La première est notre savoir croissant sur la quantité importante des ressources gazières non conventionnelles aux États-Unis. Nombre de personnes pensent que, particulièrement à un coût de 3 à 4 $ par million de BTU, une très grande quantité de gaz naturel peut être produite à Haynesville, à Marcellus et dans diverses autres parties des États-Unis.

Selon les prédictions énoncées dans notre scénario principal, nous voyons une augmentation graduelle du coût du gaz naturel en Amérique du Nord, mais une augmentation qui ira au-delà de 6 $ par million de BTU d'ici les années 2030. C'est notre projection qui figure dans Perspectives énergétiques mondiales. Nous sommes en train de réviser notre projection pour le nouvel aperçu de 2017.

Cette augmentation entraîne des conséquences. La grande disponibilité du gaz naturel a des répercussions sur différentes sources d'énergie, notamment sur l'endroit où se trouvent différentes industries à forte consommation de gaz. Elle a également des répercussions en Amérique du Nord, alors le but est d'exploiter d'autres ressources non conventionnelles que ce soit au Canada ou au Mexique.

L'augmentation commence à avoir de plus en plus de répercussions mondiales avec le début des exportations de GNL des États-Unis dans l'avenir — selon nos projections —, ainsi que des exportations de GNL du Canada. Le modèle opérationnel du GNL des États-Unis — parce qu'il est rare qu'il est lié à une destination précise — joue un rôle d'arbitrage dans le monde gazier international et commence à regrouper des marchés régionaux qui étaient indépendants les uns les autres jusqu'à maintenant.

Une des incidences de l'augmentation de la production de gaz en Amérique du Nord est le passage à un système gazier davantage mondialisé où les différences de prix entre différentes parties du système, lequel demeurera en place, refléteront les coûts de transport du gaz partout dans le monde. Voilà certaines des répercussions que nous voyons à la suite de l'augmentation de la production partagée en Amérique du Nord.

Le vice-président : Avant de passer à la deuxième série de questions, je me permettrai de vous poser deux questions.

Je désire probablement qu'on me rassure, mais la première question porte sur l'inquiétude que j'éprouve parfois à me dire que nous n'atteindrons pas nos cibles de l'entente de Paris, qui sont de limiter à 2ºC ou à 1,5ºC, on l'espère, la hausse des températures. Vous pouvez peut-être me rassurer un peu. Où en sommes-nous? Si les gouvernements respectent tous leurs engagements, de quelle augmentation des températures parlons-nous?

Donnez-moi une idée des conséquences de ne pas respecter ces engagements. Disons que les températures augmentent de 3ºC, et non pas de 1,5ºC. Quels sont les coûts économiques et sociaux pour la population mondiale?

M. Gould : Je peux peut-être répondre à la première partie de la question. C'est certainement quelque chose que nous examinons dans Perspectives énergétiques mondiales. J'ai parlé de notre scénario principal, lequel comporte notre lecture de la mise en œuvre des engagements de Paris. Ces engagements comportent un certain nombre d'aspects très positifs du point de vue climatique. On voit une amélioration plus rapide au chapitre de l'intensité énergétique mondiale en raison de la plus grande portée et efficacité de nos politiques en matière d'efficacité énergétique. On observe une très forte augmentation des énergies renouvelables fondée non pas seulement sur des politiques, mais également sur des baisses rapides des coûts de la technologie.

Nous observons d'autres choses comme le pic du charbon en Chine. À notre avis, à moins d'avoir une année où on enregistre une très faible quantité de précipitations, la consommation de charbon de la Chine aura probablement atteint son pic en 2013. Cette consommation baissera d'environ 15 p. 100 d'ici 2040.

Un certain nombre de choses feraient en sorte qu'on aborderait avec un optimisme prudent la direction que nous avons prise. D'un autre côté, on constate une certaine inertie du système. La population est en croissance. De nombreux pays émergents ont besoin de beaucoup plus d'énergie. L'effet net de tous ces facteurs sur l'énergie liée aux émissions de CO2 est le ralentissement de l'augmentation de ces émissions.

Ce que nous devons faire pour atteindre les objectifs de Paris, ce n'est pas de ralentir l'augmentation des émissions, mais d'atteindre rapidement le pic et ensuite de réduire les émissions. Les répercussions de l'augmentation des températures moyennes mondiales signifient que nous finirons par avoir une augmentation de 2,7ºC d'ici la fin du siècle, ce qui fait que nous raterons complètement notre cible : ne pas dépasser une augmentation des températures moyennes mondiales de 2ºC.

Ce que cela signifie, c'est que le message, en un sens, n'est pas coulé dans le béton. Il s'agit d'une projection fondée sur ce que nous faisons aujourd'hui. Une possibilité de faire plus existe, mais, si vous voulez penser aux conséquences, le GIEC a décrit en détail les répercussions de différentes augmentations des températures moyennes mondiales. Il a mentionné nombre d'aspects de cette augmentation dans sa propre analyse et recherche.

M. Gagné : Ce qui doit être mentionné, comme l'a dit M. Gould, c'est où mènent les cibles ambitieuses actuelles fixées à Paris. Toutefois, le processus de Paris lui-même, dans son élaboration, a reconnu que les cibles ambitieuses n'avaient pas besoin de demeurer les mêmes à long terme.

L'an prochain, nous allons entamer le dialogue facilitateur de 2018 pour être capables de faire le point et de vraiment comprendre ce que nous avons accompli à Paris, où cela nous a menés et ce que nous pouvons faire de plus vu ce que nous avons déjà accompli.

À cet égard, l'AEI essaie de jouer un rôle assez important au chapitre du suivi des différentes mesures de la façon dont le secteur de l'énergie a changé de cap au cours des dernières années. Ce changement de cap est fondé sur différentes ambitions et cibles stratégiques devant faciliter la compréhension des négociateurs concernant ce qu'ils ont été en mesure d'accomplir jusqu'à maintenant et la mesure dans laquelle ils pourraient être davantage ambitieux.

Bien que nous ne dictions pas une voie précise à suivre, nous tentons d'offrir davantage d'analyses et de commentaires au sujet des récents succès réalisés et des lacunes à combler.

Nous publions chaque année le rapport Tracking Clean Energy Progress, c'est-à-dire, Suivre les progrès des énergies propres, qui examine de façon très générale les technologies qui sont en voie d'atteindre leurs objectifs comme ils sont définis dans nos scénarios, les technologies qui n'y arrivent pas et pourquoi. Nous n'effectuons pas d'analyses précises des incidences qu'aura sur le climat le fait de ne pas atteindre cette cible parce qu'il ne s'agit pas du rôle de l'AIE. Quelques autres organisations se spécialisent à cet égard. Toutefois, nous essayons de fournir des analyses de ce que les décisions stratégiques et les progrès technologiques ont offert pour nous permettre de nous approcher des objectifs mentionnés.

Le vice-président : Ma deuxième question porte davantage sur une microperspective de notre relation avec les États- Unis. Comme vous le savez, nous sommes à mettre en œuvre un plan de tarification du carbone au Canada au cours des six prochaines années, ce qui changera évidemment de manière importante la tarification du carbone, mais nous avons un voisin dont l'engagement demeure incertain. Oui, des États et des villes déterminent essentiellement la structure de leur gestion du CO2 et l'influencent énormément, mais cela demeure une difficulté pour nous.

Nous n'avons pas encore défini au Canada la façon dont nous gérons cette relation en nous assurant que nos employeurs et industries à fortes émissions de carbone et exposés à la concurrence font l'objet de règles équitables pour tous. Nous allons tarifer le carbone, et il y a beaucoup d'argent en jeu, mais je soupçonne que nous ferons un peu comme l'Allemagne et d'autres pays. Nous allons accorder un répit à ces employeurs et à ces entreprises. Nous allons peut-être leur donner un peu de répit, mais comment tenir compte du fait que beaucoup d'entreprises américaines ne tarifient pas le carbone et exporteront leurs marchandises au Canada?

Certains économistes diraient : « Par conséquent, vous devriez imposer une tarification à ces importations afin de vous assurer que tout le monde bénéficie d'un traitement équitable. » D'autres économistes très importants diraient plutôt : « Si vous faites cela, vous allez peut-être déclencher un type de guerre de prix ou de tarification », et ils vous décourageraient fortement d'aller dans cette voie.

Comment gérez-vous l'ensemble de la situation? Comment vous assurez-vous qu'elle est équitable, alors que chaque pays gère à sa manière le CO2? À votre avis, qu'est-ce que le Canada devrait prévoir et comment devrait-il gérer cette question?

M. Gagné : C'est probablement davantage une question pour, comme vous le dites, les économistes qui tiennent compte des changements climatiques et les analystes qui utilisent l'économétrie au sens large. Ce que nous pouvons dire pour aider à guider vers une voie plus propre un système énergétique, c'est qu'il ne faut pas dépendre seulement d'une source de soutien. Une tarification du carbone permet de trouver des possibilités rentables à court terme, mais elle ne permettra aucunement d'atteindre les cibles à long terme.

Ce dont on a besoin, c'est une série de politiques fondées en réalité sur la vision à long terme qui nous permet d'adopter des approches novatrices, particulièrement pour les industries exposées à la concurrence dans lesquelles l'innovation peut devenir très payante à longue échéance pour ce qui est de fournir de nouveaux moyens d'atteindre les mêmes objectifs, mais en produisant moins de CO2 et, par conséquent, en renforçant la compétitivité.

Il n'est pas seulement question des conséquences de cette politique; il s'agit davantage de la façon dont l'intégration de différentes politiques leur permettra de fonctionner les unes par rapport aux autres.

Le vice-président : Nous passons maintenant à la deuxième série de questions.

La sénatrice Galvez : Étant donné que le temps file, j'aimerais passer des sources et de la transmission d'énergie aux immeubles et aux infrastructures.

Au Canada, nous pouvons tirer des enseignements de votre code du bâtiment en Europe parce que vous avez beaucoup d'avance sur nous. Nous devons nous attaquer au problème. Nous devons aborder l'efficacité énergétique et les matériaux de construction. J'aimerais avoir votre opinion sur la façon de moderniser notre code du bâtiment.

M. van Bohemen : Comme je l'ai dit plus tôt, l'efficacité énergétique est en effet une façon très préférable de réduire les émissions liées à la consommation d'énergie, et cetera. Nous regardons nos membres et formulons des recommandations à tous les pays. Comme vous l'avez mentionné, particulièrement, l'efficacité énergétique des immeubles est toujours en tête de liste parce que les économies qu'elle génère pour les consommateurs est une très bonne chose à mentionner.

Nous encourageons les pays à adopter un code du bâtiment strict pour les nouvelles constructions et pour ce que nous appelons les immeubles qui font l'objet de rénovations en profondeur. Nous constatons que cela s'améliore, et on fait des progrès au fil du temps. En Europe, comme vous l'avez mentionné, les pays nordiques ont particulièrement de bons codes du bâtiment. On a besoin de moins d'énergie pour chauffer une maison en Norvège ou en Suède qu'en Italie.

Ces codes sont prêts et faciles à reproduire, si l'on peut dire. Il revient au gouvernement de les imposer au secteur et de les faire respecter lorsqu'ont lieu les inspections d'immeubles.

M. Gagné : Il y a deux points très importants dans ce que M. van Bohemen vient de dire. Le premier est que vous avez besoin de faire une distinction entre les immeubles existants et les nouveaux immeubles. Les codes du bâtiment fonctionnent très bien pour une nouvelle construction. Quant aux immeubles existants, c'est parfois un peu plus compliqué. Le taux de rénovation des immeubles est si bas et les immeubles existent depuis si longtemps que, parfois, vous avez besoin de programmes particuliers en vue d'encourager les modernisations qui généreront des économies d'énergie que les gens n'entreprendraient pas eux-mêmes en raison de la longue attente avant que ce soit rentable.

Un autre aspect que nous avons examiné au sein de notre propre division de l'efficacité énergétique, ce sont les perspectives d'entreprises de service énergétique qui essentiellement offrent du financement pour des modernisations favorables à l'efficacité énergétique en se remboursant à même les économies d'énergie à long terme. Par conséquent, on les considère comme des revendeurs, et elles peuvent aider à financer des projets de modernisation au moyen des économies d'énergie prévues. Elles prennent donc la plus grande partie du risque, et il s'agit donc d'une analyse de rentabilisation particulière.

Il existe de multiples politiques énergétiques qui peuvent être mises de l'avant afin de soutenir l'efficacité énergétique. Je vous encouragerais à regarder certaines des politiques d'efficacité énergétique que l'AIE a mises de l'avant afin de trouver différents outils pour nos pays membres. Selon moi, à la suite de l'examen approfondi que M. van Bohemen a présenté ce matin, il y a probablement certaines recommandations assez bonnes portant également sur les améliorations en matière d'efficacité énergétique au Canada.

Le vice-président : Il nous reste sept minutes, et trois personnes pour la deuxième série de questions, alors veuillez poser des questions courtes et fournir des réponses brèves si possible.

Le sénateur Mockler : Je regarde votre site web où vous dites, dans votre rapport, que la demande de pétrole mondiale continuera de croître jusqu'en 2040, principalement en raison de l'absence de solutions de rechange faciles au pétrole pour ce qui est du fret routier, de l'aviation, des produits pétrochimiques, et ainsi de suite.

Je suis inquiet. En tant que parlementaire, je suis encouragé par l'action, non pas l'inaction. Par exemple, dans la province du Nouveau-Brunswick, ou, je devrais dire, l'ensemble de l'Amérique du Nord dont nous faisons partie, une des plus grandes réserves de gaz naturel inexploitées se trouve dans le sud-est. Je sais que M. Fraser connaît également très bien cette région du Nouveau-Brunswick. La technologie que nous avons utilisée là-bas était la fracturation hydraulique, et nous savons ce qui s'est produit.

Nos leaders affirment que, sur les plans économique et politique au Canada, pour ne pas dire en Amérique du Nord, nous avons besoin de l'acceptabilité sociale pour aller de l'avant. Si c'est le cas, pouvez-vous nous définir ce qu'est l'acceptabilité sociale?

Le vice-président : C'est une question facile avec une réponse courte, j'en suis certain.

M. Gould : Nous nous sommes penchés là-dessus, il y a quelques années. En 2012, nous avons publié une analyse intitulée Golden Rules for a Golden Age of Gas, que l'on pourrait traduire par Les règles d'or pour l'âge d'or du gaz.

L'objectif était d'essayer d'analyser certains des aspects environnementaux et sociaux de la production non conventionnelle de gaz afin de comprendre les préoccupations légitimes des collectivités locales relativement à l'effet perturbateur de la circulation accrue de camions, à la possibilité de contamination de l'eau ou de pollution de l'air et à divers autres effets possibles de la production non conventionnelle de gaz. On voulait également trouver un ensemble de principes qui, à notre avis, pourraient aider différents intervenants à gérer ces effets d'une manière qui permettrait l'exploitation d'une ressource prometteuse, mais aussi la protection des normes sociales et environnementales applicables les plus élevées.

Ces principes comprenaient des éléments de mobilisation communautaire, de gestion responsable de l'eau; il s'agissait non seulement de gérer les effets locaux, mais également de penser aux effets cumulatifs partout dans le bassin hydrographique ou dans d'autres régions géographiques. C'est avec plaisir que je vous suggère de lire les principes de cette publication parce qu'ils continuent à représenter notre point de vue sur la façon d'aller de l'avant à cet égard.

Le sénateur Wetston : J'ai une autre question facile, à mon avis, sur la numérisation, l'efficacité énergétique, les compteurs intelligents, les programmes de conservation et toutes ces choses. Je crois toujours que le problème tient non pas à la technologie, mais au comportement humain.

Comment pouvez-vous changer le comportement humain? Comment vos modèles, peut-être, pour formuler les choses de cette façon, examinent-ils cette question très difficile?

M. Gagné : Comme une grande partie de nos efforts de modélisation est fondée sur des données probantes quantifiées, je dirais que nous ne nous sommes possiblement pas assez penchés sur les aspects liés aux changements de comportement. Il n'y a pas beaucoup de travaux scientifiques qui peuvent indiquer que les choses iront dans une direction ou une autre selon divers facteurs, mais nous analysons davantage cette question.

Nous étudions en réalité de plus en plus la façon dont les politiques influencent les comportements, de même que la façon dont la technologie peut faire adopter différents aspects comportementaux comme la numérisation. Un aspect est le compteur intelligent, et un autre, le transport. Lorsque les gens auront accès à des services de mobilité plus efficaces et plus personnalisés, passeront-ils également à des moyens de transport plus durables?

Nous avons effectué beaucoup de travail, particulièrement sur le secteur du transport, pour ce qui est d'adopter une approche à trois volets concernant la durabilité qui consiste à éviter les déplacements inutiles, à passer à des modes plus efficaces et ensuite à améliorer les technologies elles-mêmes. Les deux premiers volets ont beaucoup à voir avec les types de politiques qui peuvent pousser les gens à adopter des habitudes de mobilité beaucoup plus durables que la dépendance traditionnelle envers les automobiles personnelles.

La sénatrice Seidman : J'ai une autre question simple à laquelle vous pourrez répondre assez facilement, j'en suis certaine.

Le comité a entendu la plupart des associations de l'industrie qui représentent les secteurs à forte intensité d'émissions exposés à la concurrence. Nombre de témoins ont dit au comité que, en l'absence d'avancées des technologies de système, leurs secteurs n'ont pas beaucoup de possibilités d'atténuation des GES s'offrent à eux.

Nous avons entendu des choses similaires du secteur du transport, que vous venez de mentionner, et de la part des associations de l'industrie; les témoignages ont parlé de la lente adoption des technologies durables en raison des coûts économiques et du manque de compréhension de la fiabilité de ces nouvelles technologies.

Que répondez-vous relativement à ces défis sérieux? Y a-t-il des recommandations en particulier que nous pourrions formuler?

M. Gagné : Nous avons beaucoup travaillé, au cours des dernières décennies, afin d'établir un lien entre les conseils que nous offrons aux gouvernements et les examens et les moteurs de l'industrie. Lorsque nous parlons des industries grandes consommatrices d'énergie, il faut mentionner que le dialogue entre les décideurs et les intervenants des secteurs en est à ses débuts à l'heure actuelle. On a tenu beaucoup plus de discussions avec le secteur de l'électricité et d'autres qu'avec certaines des industries manufacturières à forte consommation énergétique.

Nous travaillons actuellement avec deux groupes d'intervenants importants, le secteur du ciment et le secteur sidérurgique, afin d'élaborer des feuilles de route sur les technologies à faible teneur en carbone particulièrement à leur intention. La feuille de route relève non seulement les possibilités technologiques qui existent, mais également les moyens dont on a besoin pour choisir ces politiques, de même que les types de cadres de financement et de réglementation qui aideraient à aller de l'avant.

La force de l'approche, c'est que nous faisons cela à l'aide de consultations menées auprès des intervenants, auxquelles assistent les représentants de l'industrie, ceux du gouvernement et les utilisateurs finaux pour discuter, dans le cadre de forums ouverts, des défis, des obstacles et des possibilités en se fondant sur une vision commune. Par conséquent, nous obtenons une forte adhésion des intervenants à l'égard de ces feuilles de route, ce qui nous permet souvent ensuite de passer à la mise en œuvre avec certains de ces intervenants.

Il n'y a pas qu'une seule réponse à la question. Elle réside dans l'ouverture du dialogue et la démonstration aux intervenants de la valeur de la transition vers la sobriété carbone. Au cours des cinq dernières années, j'ai déjà constaté un changement dans la façon dont ils abordent toute la question, en s'appuyant sur cette possibilité afin d'avoir une opinion commune sur ce que sont les obstacles et le meilleur moyen de les surmonter.

Le vice-président : Laissez-moi remercier les messieurs de l'AIE d'avoir participé à la séance et de nous avoir communiqué leurs informations et leurs connaissances ce matin ou tôt en après-midi dans leur partie du monde.

Comme nous le savons tous, les changements climatiques sont probablement le défi que devra relever notre génération. Ils posent certainement de grandes difficultés et supposent de nombreux changements nécessaires. Dieu merci, nous avons l'AIE, qui est probablement l'organisation la plus crédible dans le monde et nous donne d'excellents conseils honnêtes fondés sur des données scientifiques.

Nous remercions votre organisation et vous quatre personnellement d'avoir été ici avec nous ce matin. Nous allons certainement avoir l'occasion de discuter assez fréquemment de cette question parce que la discussion se poursuit, évidemment. Comme vous l'avez mentionné plus tôt, même à ce stade, nous n'en sommes qu'à 2,8 ºC, alors nous avons beaucoup de chemin à faire. Nous vous souhaitons bonne chance, messieurs, pour convaincre le reste du monde d'enfin adopter notre objectif de 1,5ºC.

(La séance est levée.)

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