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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES SOCIALES, DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 1er avril 2021

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd’hui, à 8 heures (HE), avec vidéoconférence, pour étudier le projet de loi S-205, Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada (artiste visuel officiel du Parlement), et le projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse.

La sénatrice Chantal Petitclerc (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente : Bonjour, honorables sénateurs. Je m’appelle Chantal Petitclerc. Je suis une sénatrice du Québec et j’ai le plaisir et le privilège d’être présidente de ce comité.

[Traduction]

Aujourd’hui, nous menons par vidéoconférence une réunion du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Avant de commencer, j’aimerais vous faire part de quelques suggestions utiles qui vous aideront à assister à une réunion efficace et productive.

[Français]

Les participants sont priés de laisser leur micro en sourdine en tout temps, sauf si la présidence leur donne la parole. Ils seront responsables d’activer et de désactiver leur micro en conséquence pendant la réunion.

Avant de prendre la parole, veuillez attendre que l’on vous nomme. Je demanderais aux sénateurs d’utiliser la fonction « lever la main » pour indiquer leur souhait d’intervenir. Une fois que vous avez la parole, veuillez faire une pause de quelques secondes pour laisser le temps au signal audio de s’établir.

[Traduction]

Si vous éprouvez des difficultés techniques liées en particulier à l’interprétation, veuillez le signaler à la présidente ou au greffier, et nous nous efforcerons de résoudre le problème. Si vous rencontrez d’autres difficultés techniques, veuillez communiquer avec le greffier du comité au numéro d’assistance technique fourni. Veuillez noter qu’il se peut que nous devions suspendre les travaux pendant ces périodes, car nous devons nous assurer que tous les sénateurs sont en mesure de participer pleinement.

[Français]

Enfin, j’aimerais rappeler à tous les participants qu’ils ne doivent pas copier, enregistrer ou photographier les écrans Zoom. Pour consulter ou reproduire du contenu de la réunion, utilisez plutôt les délibérations officielles diffusées sur le site Web SenVu.

Je vais maintenant présenter les membres du comité qui participent à la réunion d’aujourd’hui. Nous avons parmi nous ce matin la sénatrice Omidvar, la sénatrice Moodie, la sénatrice Poirier, la sénatrice Dasko, le sénateur Kutcher, le sénateur Black, la sénatrice Mégie, la sénatrice Forest-Niesing, la sénatrice Griffin, la sénatrice Bovey, la sénatrice Frum, le sénateur Cormier et le sénateur Munson. J’espère que je n’ai oublié personne. Merci à chacun d’entre vous d’être ici aujourd’hui.

Nous entamons aujourd’hui l’étude de deux projets de loi qui ont été renvoyés au comité. Nous entendrons d’abord la sénatrice Bovey sur le projet de loi S-205, Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada (artiste visuel officiel du Parlement). Après sa présentation, nous aurons une période de questions et de commentaires. Puis, nous passerons à l’étude article par article de ce projet de loi.

[Traduction]

Une fois que nous aurons terminé l’étude de ce projet de loi, nous procéderons au projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse. Je demanderai au sénateur Munson de prendre la parole. Nous aurons ensuite du temps pour des questions et des commentaires. Nous terminerons la réunion avec l’étude article par article de ce projet de loi.

Avant de céder la parole à la sénatrice Bovey, puis-je demander à quelqu’un de proposer la motion suivante :

Que la liste des témoins qui ont comparu devant le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, ainsi que celle de tous les mémoires, documents et témoignages reçus par lui au cours de la première session de la quarante-deuxième législature au sujet du projet de loi S-234, Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada (artiste visuel officiel du Parlement), soient jointes au procès-verbal officiel des présentes délibérations du comité.

La sénatrice Forest-Niesing : Je propose la motion.

La présidente : Je vous remercie. La motion est proposée par la sénatrice Forest-Niesing. Que tous ceux et celles qui sont pour se manifestent. La motion est adoptée.

Maintenant, nous avons le privilège et le plaisir d’accueillir la sénatrice Bovey. Elle fera d’abord une déclaration préliminaire sur le projet de loi dont nous sommes saisis.

[Français]

L’honorable Patricia Bovey, marraine du projet de loi : C’est un honneur d’être ici avec vous.

[Traduction]

Je m’adresse à vous depuis les terres traditionnelles des Anishinabeg, des Cris, des Oji-Cris, des Dakotas et des Dénés, et le territoire de la nation métisse. Dans la perspective du projet de loi qui nous occupe, je tiens à souligner que tous les aspects des activités culturelles de l’ensemble de ces nations sont empreints d’une très grande créativité.

C’est un grand honneur pour moi d’être ici à nouveau aujourd’hui. Je vous remercie d’écouter mes propos sur le projet de loi S-205. Je serai très brève. Je sais que vous m’avez entendue à la Chambre et que votre comité a déjà examiné et adopté ce projet de loi. Le Sénat aussi d’ailleurs.

D’abord, permettez-moi de donner un aperçu de l’historique de la mesure. À mes yeux, les arts visuels sont un langage international permettant l’expression non verbale de l’âme et de la substance de l’identité canadienne. La création du poste d’artiste visuel officiel du Parlement au moyen du projet de loi de loi S-205 consolide le rapport parlementaire appuyé par tous les partis publié en 1999 et intitulé Appartenance et identité, dans lequel on peut lire ceci :

Le rôle des artistes n’est pas seulement de refléter les valeurs de la société dans laquelle ils vivent, mais de réfléchir aux questions sur lesquelles la société doit se pencher pour mieux se connaître.

C’est bien ce que fera l’artiste visuel officiel du Parlement : il reflétera les valeurs des occupants de la Colline du Parlement et il réfléchira aux nombreuses questions sur lesquelles le Sénat et la Chambre des communes se penchent dans le cadre de leurs délibérations, et ce, de diverses façons.

Les sénateurs et les députés ont indubitablement une grande responsabilité envers la société. C’est aussi le cas des artistes. Je suis convaincue que l’artiste visuel officiel combinera ces responsabilités de façon concrète et fructueuse en employant une myriade de moyens d’expression et de disciplines pour traduire la substance des activités du Parlement en format visuel.

Le projet de loi est né sous la direction de l’ancien sénateur Moore, qui l’a présenté au Sénat pour la première fois en 2017. Comme vous le savez, il modifie la Loi sur le Parlement du Canada. Il suit essentiellement l’exemple de la création du poste de poète officiel. Le projet de loi a été adopté par votre comité et par le Sénat, puis il a été renvoyé à la Chambre des communes. Hélas, pour des raisons d’ordre technique, il y est mort avant le déclenchement des élections de 2019.

Ensuite, le sénateur l’a redéposé, mais il est mort encore une fois en 2020, cette fois-ci en raison de la prorogation. Ce n’est donc pas la première fois que vous m’entendez en parler.

Toutefois, la société a changé depuis la dernière fois que j’ai pris la parole à ce sujet. Nous vivons une pandémie, d’horribles meurtres ont été commis en Nouvelle-Écosse et le mouvement Black Lives Matter a mis en lumière divers problèmes. Pour moi, il ne fait aucun doute que ce sont nos artistes qui ont soutenu notre société, de nombreuses façons, à travers ces nombreuses épreuves. L’art préserve l’unité de la société, et depuis quelque temps, la nécessité de l’expression créative est particulièrement évidente.

J’ajouterais aussi que les Canadiennes et Canadiens ont soif d’agrémenter leur vie quotidienne de bonnes nouvelles, d’éléments positifs, d’honnêteté et de responsabilisation. Le projet de loi leur procure tout cela.

La mort du projet de loi à la Chambre des communes a provoqué un tollé. CTV News et CBC ont rapporté la nouvelle, et des articles à ce sujet sont parus dans les revues Canadian Art et Vie des Arts. Les gens ont protesté, et mon téléphone ne dérougissait pas.

Au cours des derniers mois, j’ai appris que si le Sénat et la Chambre des communes adoptent le projet de loi, les artistes considéreront ce geste comme un vote de confiance et un important soutien moral en cette période où ils nous donnent tant. Ils y verront également une reconnaissance de leur travail.

Comme vous le savez, il s’agira d’un mandat de deux ans. La mesure suit le même esprit et le même raisonnement qui nous amènent à nommer un poète officiel. L’artiste fera ressortir l’importance de la démocratie aujourd’hui, et il représentera les enjeux et le travail qui occupent les parlementaires. En employant un langage non verbal, il fera comprendre les valeurs, les perspectives, les principes et les réalités aux Canadiens de souche et aux nouveaux arrivants, aux immigrants et aux réfugiés. De plus, il sèmera l’importance des arts au sein de la société et il encouragera les gens à s’exprimer de manière créative.

Les titulaires du poste pourront utiliser n’importe quel moyen d’expression, que ce soit la peinture, la gravure, la sculpture, le dessin, l’art numérique, la vidéo, le cinéma, l’installation ou la photographie. Ils pourront aussi se servir de matériaux de toutes sortes, comme la peinture, la pointe sèche, l’argile et le bois. Ce faisant, ils aideront à combler le manque de connaissances sur le sens civique au Canada, le rôle de la démocratie et les rouages du Parlement. J’espère aussi qu’ils augmenteront le taux de participation des jeunes aux élections, car les jeunes comprennent ce langage non verbal.

Le travail des artistes sera pour nous tous une source d’inspiration. J’ai bon espoir qu’il ouvrira de nouvelles portes sur la compréhension et qu’il créera des liens entre les citoyens et les Canadiens de toutes les régions du pays.

Je ne vais pas parler plus longuement. Vous connaissez la substance du projet de loi; nous en avons déjà discuté. Je répondrai avec plaisir à vos questions. Vous savez que l’ancien poète officiel, M. George Elliot Clarke, a écrit pour moi un poème sur l’importance de l’artiste visuel officiel. Je vous l’ai déjà lu et je serai ravie de vous le relire, si vous le voulez.

Je crois sincèrement que ce poste présentera sous un bon éclairage le Parlement du Canada et les artistes canadiens. Je tiens à souligner à quel point le projet de loi est important aux yeux des artistes visuels de partout au pays. Nombreux sont ceux qui me l’ont dit. Des artistes d’autres disciplines, comme des musiciens et des dramaturges, m’ont aussi fait part de l’importance qu’ils accordent à ce projet de loi. J’espère donc que vous vous joindrez à moi pour appuyer ce projet de loi. Ce faisant, vous fournirez un soutien moral aux créateurs canadiens en cette période si sombre.

Sur ce, madame la présidente, je suis prête à répondre à vos questions, à entendre vos observations et à entamer la discussion.

La présidente : Merci pour votre déclaration, sénatrice Bovey. Je vous remercie également de toujours vous présenter comme la porte-parole des arts au Sénat.

La sénatrice Poirier : Je n’ai pas vraiment de question; je voulais simplement exprimer mes remerciements pour tout le travail accompli dans ce dossier. C’est très important de faire en sorte que le projet de loi soit adopté et d’ouvrir la porte à tant de gens qui ont besoin de soutien en ce moment. Je vous remercie donc pour votre travail, sénatrice Bovey.

Je remercie également toutes les autres personnes qui ont pris la parole à ce sujet dans le passé, y compris l’ensemble des témoins. La sénatrice Bovey a raison : ce n’est pas la première fois que nous nous penchons sur ce projet de loi. Cependant, j’ose espérer que ce sera la dernière et qu’il sera adopté. Je vous remercie.

La sénatrice Bovey : Je vous remercie, sénatrice.

Le sénateur R. Black : Sénatrice Bovey, le Canada est un vaste pays. Je sais que le projet de loi exige la sélection de candidats qui reflètent la diversité de notre nation. Toutefois, je me demande comment les œuvres de l’artiste visuel officiel seront diffusées auprès de la population des collectivités rurales, nordiques et éloignées, les galeries et les centres culturels étant souvent rares dans ces régions.

La sénatrice Bovey : Je vous remercie, sénateur Black. C’est une excellente question; merci beaucoup de l’avoir posée.

Les façons sont nombreuses. Comme j’ai travaillé pendant 50 ans dans le milieu canadien des galeries, ainsi que dans le Nord et auprès de collectivités rurales, je peux vous dire qu’il existe de nombreuses façons de diffuser les œuvres. Les expositions virtuelles sont un moyen formidable, par exemple, et je pense qu’on y a de plus en plus recours.

Il y a des écoles, des centres communautaires, des bibliothèques et des associations artistiques partout au pays, et ils sont habitués à travailler ensemble. À mon avis, sénateur Black, au-delà des moyens virtuels, la mesure offre l’occasion aux grandes galeries et institutions d’un océan à l’autre de s’associer à nous pour diffuser les œuvres. Ce sont des questions qui ont été soulevées dans le cadre du travail que j’ai accompli récemment auprès d’écoles, en particulier dans des régions rurales. L’accès aux œuvres est tout à fait possible.

Je le répète, le virtuel constitue le moyen d’accès le plus facile. Des plateformes comme Zoom peuvent être utilisées pour nouer un dialogue entre les artistes et les collectivités. C’est très important.

Par ailleurs, j’ai bon espoir qu’au fil des années, de futurs artistes visuels officiels viendront du Nord et des collectivités rurales. Des artistes remarquables se nichent dans des coins tranquilles du pays.

Le sénateur R. Black : Merci beaucoup.

La sénatrice Dasko : Sénatrice Bovey, il s’agit d’une initiative inspirée et inspirante. Je vous en remercie sincèrement.

Ma question concerne les chances de succès du projet de loi à l’autre endroit, la Chambre des communes. Vous avez fait allusion aux difficultés et à tout ce qui est arrivé la dernière fois que le projet de loi a été présenté. Pouvez-vous nous dire quel est le plan pour la suite des choses, s’il vous plaît? Je vous remercie.

La sénatrice Bovey : C’est une bonne question. En ma qualité d’historienne, je remonte parfois dans le temps pour envisager l’avenir. La dernière fois, le projet de loi était parrainé par le député Dan Vandal. Lorsqu’il a été renvoyé à la Chambre des communes, M. Vandal en a parlé. Puis, M. Vandal a été nommé secrétaire parlementaire; par conséquent, il ne pouvait plus parrainer le projet de loi. Un autre parrain a été nommé, mais juste avant que les élections ne soient déclenchées, quelqu’un a refusé d’appuyer le changement de parrain en cours de route. Puis, les élections ont été déclenchées. Voilà pourquoi je parle d’une raison d’ordre technique.

Je peux vous dire que des députés et des ministres m’ont appelée. J’ai reçu des appels de députés de la Chambre des communes de tous les partis qui s’intéressent vivement au projet de loi. Le parrain est prêt; les questions aussi. J’ignore si nous disposons de beaucoup ou de peu de temps, mais je suis une éternelle optimiste.

Permettez-moi de vous rappeler que le milieu de la création est le troisième employeur en importance au Canada et que les créateurs représentent le plus grand pourcentage de travailleurs vivant sous le seuil de la pauvreté. Un geste de soutien moral à leur égard sera donc d’une grande utilité en cette période sombre.

Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Les questions que j’ai reçues à l’avance des députés de la Chambre des communes augurent bien, mais je n’ai pas de boule de cristal.

La sénatrice Dasko : Je vous remercie.

[Français]

La sénatrice Forest-Niesing : Sénatrice Bovey, je vous remercie beaucoup pour votre dévouement à l’égard de cette initiative fort inspirante et je suis tout à fait d’accord avec les commentaires positifs qui ont déjà été partagés.

Comme je n’ai pas eu l’occasion de participer au débat et aux réunions précédentes du comité, lorsque le projet de loi précédent a été étudié, pourriez-vous nous rappeler pourquoi nous parlons précisément d’artistes visuels plutôt que d’artistes qui ne représenteraient pas les arts de la scène, par exemple?

La sénatrice Bovey : C’est une excellente question, sénatrice. Ce sont les artistes visuels qui sont concernés dans ce projet de loi.

[Traduction]

C’est ainsi que l’ancien sénateur Moore a conçu le projet de loi original. Ailleurs dans le monde, d’autres territoires nomment un artiste visuel officiel, par exemple aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Toronto a aussi eu plusieurs artistes visuels officiels au fil des années. Le Canada a bien un poète officiel, n’est-ce pas? La décision a donc été prise de se concentrer sur les arts visuels. Il existe des précédents. Les arts visuels sont un langage international non verbal. Pour moi, l’aspect le plus important du projet de loi est la possibilité qu’il offre de nouer un dialogue avec des gens ne parlant ni français ni anglais.

Parmi ceux d’entre vous qui étaient sur la Colline du Parlement un an après l’arrivée des réfugiés syriens, certains ont peut-être vu les expositions très inspirantes d’œuvres créées par des enfants réfugiés syriens un an après leur arrivée. Par leurs œuvres, ils exprimaient les sentiments qu’ils avaient ressentis avant leur arrivée au Canada et après en format visuel. Selon moi, un artiste visuel officiel permettra à un plus vaste auditoire de découvrir la démocratie et le travail des parlementaires. Grâce au travail que j’ai fait dans les écoles, je sais que les enfants ont hâte. Cela rejoint la question du sénateur Black.

Le projet de loi a une portée précise, je le répète, en raison des précédents, de la facilité de diffuser les œuvres et du caractère international du langage non verbal. J’espère avoir répondu à votre question.

La sénatrice Forest-Niesing : Oui, je vous remercie.

Le sénateur Kutcher : Je vous remercie, sénatrice Bovey, d’avoir présenté cet important projet de loi. Nous vous en sommes très reconnaissants.

J’ai une question concernant les communications liées à cette initiative. Comme vous le savez peut-être, en janvier dernier, la revue Science Advances a décrit la plus ancienne peinture rupestre connue dans le monde, réalisée il y a 45 000 ans en Indonésie. Elle est restée cachée pendant tout ce temps. C’est une œuvre d’art remarquable. Je recommande à toutes et à tous de jeter un coup d’œil aux photos.

Nous devons faire en sorte que la présente initiative ne demeure pas enfouie dans les entrailles du gouvernement canadien pendant 45 000 ans. Êtes-vous au courant du plan de communication dont sera assortie l’initiative? Le cas échéant, quel organe du gouvernement sera chargé de veiller à la mise en place d’un plan de communication solide et efficace?

La sénatrice Bovey : Merci, sénateur. C’est une autre très bonne question. J’en ai parlé à la bibliothécaire du Parlement. Le poste relèvera de sa compétence. Il y a des plans de communication pour le poète officiel. Ce sera semblable dans ce cas-ci, mais avec une dimension supplémentaire. Pour le processus de sélection, il est notamment indiqué dans le projet de loi que le comité chargé de l’évaluation finale est composé du directeur du Musée des beaux-arts du Canada, soit le président ou une personne désignée par le Conseil des arts du Canada. Lorsqu’ils sont venus témoigner, la dernière fois, ils se sont dits ravis de travailler en fonction du projet de loi et de leurs plans de communication. L’Académie royale des arts du Canada participe aussi au processus.

Donc, il y a déjà un très grand nombre d’organismes qui ont hâte que cela se concrétise. D’un point de vue pratique, comme je l’ai indiqué, le rôle relève de la compétence de la bibliothécaire parlementaire.

[Français]

La sénatrice Mégie : Merci de cette initiative, sénatrice Bovey. Vous parliez des arts en général, et la sénatrice Forest-Niesing est allée plus loin avec les arts de la scène. J’ai appris récemment qu’une œuvre d’art numérique a été vendue pour près de 69 millions de dollars. Les arts numériques sont-ils implicites dans votre définition des arts?

La sénatrice Bovey : C’est une excellente question, sénatrice. Merci beaucoup.

[Traduction]

Je parle des formes d’art visuel dans le projet de loi. Il s’agit du dessin, de la peinture, de la sculpture, de la gravure de reproduction, du design, de l’artisanat, de la photographie, de la vidéographie et du cinéma. Ce sont les grandes catégories, et dans chacune de ces catégories, les artistes utilisent de nombreux médias, mélangent les genres et utilisent de nombreux matériaux.

En dessin, par exemple, pour être précise, ils peuvent utiliser du pastel, de l’encre, des crayons-feutres ou des crayons. Nous avons sciemment omis de faire une liste du matériel, car nous voulons que le programme soit inclusif, et non exclusif. Quant à votre question sur l’art numérique, on considère souvent que cela fait partie de la gravure de reproduction, ce qui comprend les représentations graphiques produites par ordinateur.

Les peintres incluent parfois des œuvres numériques dans leurs peintures, avec d’autres matériaux. Donc oui, c’est inclus. Je vais reprendre mon rôle d’historienne. En rétrospective, on constate que beaucoup de technologies d’aujourd’hui, comme Zoom, ou encore la vieille machine Xerox et Skype... Tous ces équipements et technologies ont d’abord été utilisés par les artistes. Comme on le constate, cette liberté quant aux choix du média permet aux artistes d’élargir ces dimensions et de créer et essayer des techniques que nous finirons par utiliser dans notre quotidien.

Pour répondre rapidement à votre question, la réponse est oui. Voilà l’orientation. Les artistes pourront utiliser une multitude de nouveaux matériaux et de nouveaux outils.

Le sénateur Cormier : Merci, sénatrice Bovey, de votre dévouement inlassable à la cause des arts depuis tant d’années. Je suis très fier d’être l’un de vos collègues.

Ma question est complémentaire à celle de la sénatrice Mégie. J’aimerais simplement avoir une précision. Je me demande pourquoi la définition du mot « art » dans le projet de loi ne correspond pas à celle du Conseil des arts du Canada qui, concernant le champ de pratique, fait une distinction entre les arts visuels et les arts numériques et médiatiques. Pourquoi ce média n’est-il pas inclus, puisqu’il évolue si rapidement?

Permettez-moi de poser une deuxième question. Selon vous, le Parlement du Canada devrait-il avoir un musicien officiel?

[Français]

La sénatrice Bovey : C’est une excellente question, sénateur. En ce qui concerne la première question à propos du Conseil des arts du Canada...

[Traduction]

Comme vous le savez, le Conseil des arts du Canada — vous y avez travaillé, tout comme moi — est un organisme autonome du gouvernement du Canada. Le Parlement n’est pas un organisme autonome du Conseil des arts du Canada. Comme vous le savez très bien, les critères pour les artistes qui présentent des demandes de subvention au Conseil des arts du Canada changent au fil du temps, comme il se doit, en fonction de l’évolution des pratiques artistiques.

Sénateur Cormier, nous avons essayé de retenir les principaux domaines pour cette définition, et j’en ai discuté avec l’ancien sénateur Moore. J’estime que l’utilisation des termes « vidéographie » et « cinéma » au sens le plus large englobe les arts médiatiques. La photographie aussi. Combien de dimensions la photographie a-t-elle aujourd’hui?

Nous avons délibérément choisi une définition plus large que celle des critères applicables aux subventions du Conseil des arts du Canada. S’il convient de modifier cette liste avec le temps — dans trois, cinq, sept ou dix ans —, soit. Le travail des artistes évolue.

Le Conseil des arts du Canada s’est montré très, très favorable à cette formulation, que ce soit lors de discussions ou du témoignage de ses représentants au comité la dernière fois. J’ai entendu la même chose dans mes discussions avec M. Simon Brault. J’espère que nous sommes plus vastes. Il existe au pays d’autres organismes consacrés aux arts et organismes de financement, comme des fondations caritatives, des entreprises et des conseils des arts provinciaux, qui utilisent des définitions légèrement différentes. Nous représentons l’ensemble du Canada. Voilà pour la première question.

Quant à la deuxième, je suis heureuse que vous ayez soulevé ce point. Permettez-moi de vous dire que vous aurez mon appui pour une autre mesure législative visant à modifier la Loi sur le Parlement du Canada. Faisons quelque chose pour les compositeurs; c’est une autre forme d’écriture. Nous sommes des interprètes, à bien des égards, lors de nos périodes de questions, mais pour ce qui est de la création, il serait aussi vraiment intéressant d’avoir un compositeur.

Le sénateur Cormier : Merci.

La sénatrice Griffin : Je n’ai pas de question, en fait, mais un commentaire. Sénatrice Bovey, je tiens à vous féliciter de votre ténacité à cet égard. Ce fut un long parcours, comme vous l’avez souligné, mais il s’agit d’une initiative passionnante. Je suppose que mes collègues sont tous du même avis. Je suis d’accord avec vous pour dire que c’est positif et réjouissant, et nous avons bien besoin de bonnes nouvelles actuellement, pendant cette pandémie. Je vous remercie donc pour vos efforts.

La sénatrice Bovey : Merci, sénatrice. Je tenais à rendre hommage à un artiste décédé il y a quelques mois. En fait, j’ai eu l’occasion de lui parler deux jours avant son décès. Il s’appelle Peter Gough, de la Nouvelle-Écosse. L’idée de ce projet de loi vient de lui, par l’intermédiaire de l’ancien sénateur Moore. Alors que nous rendons hommage à nos artistes — qui apaisent l’âme et l’esprit dans les bons et les mauvais moments —, je tiens à rendre hommage à Peter, qui est devenu un très bon ami. En fait, nous avons assisté à l’inauguration de la galerie d’art Beaverbrook ensemble. Je m’en voudrais de ne pas rendre hommage à Peter avec cette mesure, car s’il faut un village pour élever un enfant, je vous dirai qu’il faut une armée d’artistes pour faire rayonner la créativité de ce pays. Merci.

La sénatrice Omidvar : Je n’avais pas l’intention de poser une question, car l’exercice a déjà été fait, mais je tenais aussi à remercier la sénatrice Bovey de sa ténacité. Une question m’est venue à l’esprit. Sénatrice Bovey, en ce qui concerne l’artiste visuel officiel, vous avez mentionné la Norvège. Pouvez-vous nous dire quels autres pays ont un artiste visuel officiel? Sommes-nous des chefs de file ou des retardataires?

La sénatrice Bovey : C’est une excellente question, et en guise de réponse, je dirais que nous sommes les deux. Le traitement des artistes varie selon les pays. Certains ont un artiste visuel officiel. La ville de Toronto a un photographe visuel officiel, et à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, la ville de Victoria a nommé deux artistes visuels officiels, un Autochtone et un non-Autochtone, afin de refléter l’histoire.

Aux États-Unis, un certain nombre d’États ont un artiste visuel officiel. J’ai discuté avec l’ancien président du National Endowment for the Arts, des États-Unis, dans le cadre d’autres travaux. Il souhaite que les États-Unis aient un artiste visuel officiel, mais la Californie et un certain nombre d’États en ont un.

J’aime vraiment l’exemple de la Grande-Bretagne. Il y avait à une certaine époque un bédéiste officiel qui publiait en ligne chaque matin, à l’intention des enfants, un dessin sur l’actualité courante au pays. Les enfants se levaient le matin, regardaient ce dessin, et cela augmentait les niveaux de lectorat chez les jeunes.

Les pays font donc diverses choses avec beaucoup de créativité. Je pense qu’avoir un artiste visuel officiel au pays fera de nous des chefs de file, mais ce n’est pas le cas pour ce qui est du traitement réservé à nos artistes. Le Japon a une liste de trésors nationaux vivants. J’aimerais que le Canada désigne des artistes de diverses disciplines comme des trésors nationaux vivants. La Norvège offre une pension et une maison à ses grands artistes de plus de 50 ans. Concernant les compositeurs, j’ai eu l’occasion de rencontrer un compositeur norvégien. Il m’a dit que leur rôle consistait essentiellement à composer un morceau par année, sur demande du gouvernement. S’il ne le demande pas, ils n’ont pas à le faire.

Il y a différentes façons d’aborder la question, sénatrice. Je pense que nous sommes des chefs de file, mais que nous accusons du retard quant à notre façon d’honorer nos artistes.

La sénatrice Omidvar : Je vous remercie de cette réponse, sénatrice Bovey. J’ai hâte d’en savoir plus sur les trésors vivants. Je pense que c’est une formidable idée. Bonne chance.

La sénatrice Bovey : Merci. Nous allons essayer.

[Français]

La présidente : Merci beaucoup de tous ces commentaires et de ces réponses. Je remercie mes collègues.

Nous sommes maintenant prêts à procéder à l’étude article par article de ce projet de loi. J’aimerais vous rappeler que, pour montrer votre accord, nous vous demandons de lever votre « vraie » main de cette façon. Ainsi, ce sera plus simple pour tous.

[Traduction]

Est-il convenu, honorables sénateurs, de procéder à l’étude article par article du projet de loi S-205, Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada (artiste visuel officiel du Parlement)?

Des voix : D’accord.

La présidente : Êtes-vous d’accord de suspendre l’adoption du titre? Adopté.

L’article 1 est-il adopté?

[Français]

Adopté.

L’article 2 est-il adopté? Adopté.

Le titre est-il adopté? Adopté.

Le projet de loi est-il adopté? Adopté.

[Traduction]

Est-il convenu d’annexer au rapport les observations qui vous ont été fournies? Adopté.

Est-il convenu que je fasse rapport de ce projet de loi tel que modifié, avec observations, au Sénat? Adopté.

[Français]

Merci beaucoup à chacun et chacune d’entre vous.

[Traduction]

Chers collègues, nous passons maintenant au projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse. Avant de donner la parole au sénateur Munson, j’invite un sénateur à proposer la motion suivante :

Que la liste des témoins qui ont comparu devant le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, ainsi que celle de tous les mémoires, documents et témoignages reçus par lui au cours de la première session de la quarante-deuxième législature au sujet du projet de loi S-244, Loi instituant la Semaine de la gentillesse, soient jointes au procès-verbal officiel des présentes délibérations du comité.

Le sénateur R. Black : J’en fais la proposition.

La présidente : Le sénateur Black en fait la proposition.

Êtes-vous d’accord, chers collègues?

Des voix : D’accord.

[Français]

La présidente : La motion est adoptée.

Sénateur Munson, merci beaucoup d’être avec nous ce matin.

[Traduction]

Je vais vous donner l’occasion de présenter quelques observations.

L’hon. Jim Munson, sénateur, Sénat du Canada : Pour commencer, j’ai une grande nouvelle. J’ai demandé que la Constitution soit légèrement modifiée pendant trois ou quatre mois pour que je puisse rester au Sénat après l’âge de 75 ans. Je prends ma retraite le 14 juillet. Poisson d’avril. Désolé.

Quoi qu’il en soit, je suis très heureux d’être ici avec vous sur le territoire non cédé des peuples algonquin et anishinabe. Je pense toujours qu’il est gentil et important de le mentionner, chaque fois, puisque je vis ici à Ottawa aujourd’hui.

Pour un ancien journaliste, 8 heures ou 8 h 30 du matin, c’est vraiment comme le milieu de la nuit, étant donné que l’heure de tombée est en pleine nuit et qu’on met du temps avant d’aller au lit. Toutefois, il est plaisant de se lever tôt le matin pour parler de ce sujet. Je suis heureux de voir tous vos visages souriants, car il est bon de sourire le matin, n’est-ce pas, et de commencer la journée avec le sourire.

J’ai pensé à faire un brin d’humour; nous devrions peut-être avoir une semaine de l’humour. Lorsque j’habitais à Pékin, des personnes âgées se réunissaient tous les jours devant la place Tiananmen pour faire des exercices de rire. J’ai essayé de faire un reportage à ce sujet avec ce groupe de personnes âgées. C’était à une époque plus heureuse, et ces gens traversaient la place en riant, ensemble, et il se dégageait de si belles... Dans la société d’aujourd’hui, on dirait de « bonnes vibrations ». Nous devrions peut-être faire cela.

Aujourd’hui, toutefois, le sujet du jour est la gentillesse. Comme vous le savez, je suis déjà venu ici, et il vaut la peine de répéter ce que j’ai déjà dit : je pense que chaque jour devrait être une Journée de la gentillesse et que chaque semaine devrait être une Semaine de la gentillesse.

Vous vous souvenez peut-être, chers collègues, d’après ma lettre d’opinion dans le Citizen, que la Semaine de la gentillesse est une initiative locale à Ottawa qui a débuté en 2007, une initiative qui s’est ensuite répandue à la grandeur de la province pour devenir la Semaine de la gentillesse de l’Ontario. Il est maintenant temps de l’étendre à l’échelle nationale.

La dernière fois que le Comité des affaires sociales s’est réuni pour étudier la Semaine de la gentillesse, j’ai comparu en compagnie du rabbin Reuven Bulka. Cette fois-ci, c’est différent : le rabbin lutte pour sa vie. Il a consacré sa carrière à l’amélioration de la condition humaine. Son témoignage était senti, optimiste et convaincant. J’aimerais répéter une partie de son témoignage de la dernière fois, car s’il ne peut pas être parmi nous aujourd’hui, même à distance, ses propos résonnent toujours :

La gentillesse en mégadoses peut non seulement extirper l’intimidation, mais la haine aussi, un problème de premier plan, particulièrement maintenant.

Et nous l’avons vu.

À une échelle moins grande, la gentillesse peut contribuer à réduire au minimum l’incidence de la rage au volant, pour ne citer que cette manifestation parmi toutes les autres qui ne sont pas tellement sociales.

Notre expérience de la Semaine de la gentillesse à Ottawa nous a tous enseigné que la participation des dirigeants de tous les niveaux a changé beaucoup de choses. Les choses ont également changé à l’échelle de la province.

Nous sommes convaincus que l’institution d’une Semaine nationale de la gentillesse aura de vastes répercussions dans notre pays.

Les propos du rabbin Bulka soulignent l’importance de la gentillesse, et il a raison. L’instauration d’une Semaine de la gentillesse à l’échelle nationale aura une incidence énorme sur notre pays.

La recherche confirme également les pouvoirs de la gentillesse, et je suis convaincu que le sénateur Kutcher comprend. Le cerveau de la personne gentille libère de l’oxytocine et produit de la sérotonine. La gentillesse diminue le stress, l’anxiété, la dépression et elle peut abaisser la tension. Il y a des jours où, au Sénat, nous en avons bien besoin.

Les chercheurs ont également observé que la gentillesse était contagieuse. Ses effets positifs se manifestent dans le cerveau de tous les témoins de l’acte de gentillesse, ce qui contribue à améliorer leur humeur et les rend plus susceptibles de la payer de retour « au suivant ». Par exemple, quand quelqu’un est gentil envers nous, nous sommes plus susceptibles de l’être pour un tiers, ce qui répand la gentillesse à un taux exponentiel. L’effet domino de la gentillesse d’un seul peut embellir la journée de dizaines de personnes. La gentillesse contribue à diminuer l’intimidation.

J’entrevois l’adoption de ce projet de loi. Je prévois que des écoles et des universités de partout dans le pays établiront des programmes qui porteront sur des manifestations simples de gentillesse. Chers collègues, vous le savez aussi bien que quiconque.

La dernière fois, plusieurs sénateurs ont participé généreusement aux débats dans la salle du Sénat, et je tiens à remercier la sénatrice Yonah Martin pour son discours et, bien sûr, la sénatrice Coyle et le sénateur Manning, pour leur concours, dans le passé, à l’adoption du projet de loi en ce sens, malheureusement interrompue par le déclenchement d’élections. Ces élections ont fait obstacle à la gentillesse. Ces collègues ont parlé d’initiatives inspirées par la gentillesse, qui surgissaient en petits îlots dispersés dans le pays. On ne devrait pas avoir besoin de raisons pour s’entraider, mais il était évident, d’après leurs observations, que les campagnes de gentillesse incitent à l’action. La Semaine de la gentillesse au Canada incitera les Canadiens à l’action.

En conclusion, maintenant plus que jamais, nous pouvons tous bénéficier d’un peu de gentillesse pendant cette pandémie très éprouvante. J’espère que notre comité, encore une fois, appuiera le projet de loi pour son adoption rapide au Parlement et pour que le rabbin Bulka voie sa vision se réaliser. Merci.

La présidente : Je remercie le sénateur Munson pour son travail sur ce projet de loi et pour s’être fait le porte-parole du rabbin Bulka. Ceux qui étaient ici à l’époque conservent de lui un souvenir affectueux et se rappellent son témoignage convaincant sur ce projet de loi. Bien sûr, nos pensées sont avec lui, et nous lui envoyons des vœux de force et de courage. Nous avons des questions pour vous.

La sénatrice Omidvar : J’ai deux questions. Je pense réserver la deuxième pour mon prochain tour.

Cher sénateur Munson, je vous remercie beaucoup pour votre apport à une caractéristique nationale du Canada, la gentillesse. Les Canadiens sont réputés pour leur politesse, qui, je pense, est une forme de gentillesse, mais pas nécessairement. Je pense à la joie que vous apportez toujours à nos travaux, et elle me manquera sûrement après votre départ à la retraite.

Je pense à la Semaine de la gentillesse et à un endroit où la méchanceté qui existe dans notre société équivaut au harcèlement et à l’intimidation, et c’est dans les médias sociaux. Elle est anonyme, mais elle est envahissante. Pouvez-vous dire comment vous croyez, en cette Semaine de la gentillesse, quelles seront les institutions qui pourront bien adopter des actes ou des protocoles de gentillesse même, disons, dans les médias sociaux?

Le sénateur Munson : Merci pour votre question. Personnellement, je suis d’avis que, dans les médias sociaux, nous devons, en tout respect, nous responsabiliser davantage. Par exemple, sur Twitter, certaines critiques sont formulées en termes parfois difficiles à accepter pour un sénateur, parce que, effectivement, les mots ont de l’importance et ils font mal.

Quand nous vaquons à nos affaires, nous devons nous respecter mutuellement. Par exemple, j’ai tenté d’utiliser mon compte Twitter de façon très objective pour la promotion de certaines de mes activités, d’activités du Sénat, activités d’organisations que je représente. D’après moi, c’est la façon responsable d’utiliser les médias sociaux, plutôt que d’y sévir en troll.

Nous vivons très à la vue du public, par obligation. Mais, sur le plan des institutions, visiblement les écoles, les ministères, etc. Par exemple, la gentillesse a répandu sa lumière dans diverses écoles d’Ottawa, comme je l’ai dit, la dernière fois dans mon discours. Les lettres que m’envoient des élèves de sixième et de septième année, dans lesquelles ils décrivent leurs campagnes de charité et d’aide, elles s’expliquent par la Semaine de la gentillesse à Ottawa. Voilà le genre d’endroit que — je sais que les enseignants aimeraient diriger le mouvement s’il était mieux canalisé, même de façon générale, dans les discours et l’exécution, comme certains diraient, d’actes aléatoires de gentillesse. Mais on peut les ranger dans une catégorie où de nombreuses institutions et de nombreux établissements commerciaux peuvent participer.

Nous en voyons des exemples dans le secteur privé, mais je crois que nous pouvons en voir davantage dans un cadre anecdotique, à la bonne franquette, loin de l’atmosphère intimidante d’une entreprise. Chaque institution, chaque organisation, chaque entité privée a une responsabilité.

La sénatrice Omidvar : Je vous remercie. Voici une observation supplémentaire et non une question : J’espère certainement, quand la Semaine de la gentillesse aura force de loi, que nous pourrons citer une vague de gentillesse dans les médias sociaux comme exemple de l’importance de votre initiative.

Le sénateur Munson : Merci.

La sénatrice Bovey : À mon tour de vous remercier, cher sénateur Munson. J’applaudis à votre ténacité dans la réalisation de ce projet et à votre vision. Je n’ai pas vraiment de question. C’est plutôt une observation inspirée par la question de la sénatrice Omidvar et votre réponse. D’après moi, c’est peut-être nos enfants qui seront les fers de lance des initiatives de gentillesse, parce que, d’après moi, les jeunes comprennent. Si nous pouvons leur confier le pouvoir de la gentillesse et créer les changements nécessaires, la société y gagnera beaucoup en richesse. J’apprécie vraiment votre travail, y compris auprès des écoles, et je tiens à rendre hommage aux enfants qui ont pris la relève avant que ça ne devienne loi. Après, laissons-les nous diriger, parce que je crois qu’ils peuvent inculquer beaucoup d’enseignement au secteur privé et aux dirigeants politiques canadiens ainsi qu’aux adultes du monde. Je vous en remercie donc.

Le sénateur Munson : C’est moi qui vous remercie.

Le sénateur R. Black : Cher sénateur Munson, je crois, tout comme vous, que la gentillesse est une qualité particulièrement importante à inculquer aux jeunes de notre pays, particulièrement parce que beaucoup d’entre eux affrontent péniblement l’intimidation. Croyez-vous que la Semaine de la gentillesse pourrait ou devrait être intégrée dans le système canadien d’éducation, dans une sorte de collaboration entre l’État et les écoles de tout le pays, pour mobiliser les jeunes et les encourager à être gentils? Je sais que nous pouvons encourager la gentillesse, mais y a-t-il moyen, en fin de compte, d’intégrer la Semaine de la gentillesse dans le programme d’études?

Le sénateur Munson : Merci. Et pourquoi pas? Particulièrement à la maternelle, au début, en première, deuxième ou troisième année, pour jeter les bases, donner le ton, donner l’impulsion. Puisqu’il est question de ce qui pourrait changer dans les écoles, pouvez-vous imaginer ce dont nous discuterions, aujourd’hui, si, dans ces années-là, jusqu’en sixième année, on nous avait appris, dans le nord du Nouveau-Brunswick, à connaître nos voisins autochtones? Rien, absolument rien ne s’est fait, et nous avons grandi avec des préjugés. Nous avons grandi dans l’ignorance du mode de vie de nos Premières Nations.

Si ma génération l’avait connu, je serais une personne meilleure et plus gentille, je comprendrais ce qui se passe dans notre pays. Collectivement, nous avons laissé tomber nos élèves en ne leur enseignant pas les droits des autochtones, les autres droits, les droits des minorités. Nous en avons peu entendu parler. Je sais, ça sonne vieux jeu, et je suis vieux, mais je l’accepte. Il faut accepter.

Alors, dans les écoles, absolument! Je sais que les enseignants — je suis en rapport avec beaucoup d’entre eux — réclament un programme d’études qui pourrait y pourvoir, non seulement à l’école, mais qui pourrait ensuite partir de la cour d’école, s’étendre à la maison, gagner d’autres endroits comme les parcs et les terrains de jeu, et qui apprendrait à se comporter avec autrui.

Oui, je crois que cette initiative pourrait contribuer beaucoup, dans notre système d’éducation, à rendre notre pays plus gentil.

Le sénateur R. Black : Merci. Je connais l’agriculture à l’école. Pouvez-vous seulement imaginer l’enseignement de la gentillesse, dans le cadre du programme d’études?

Le sénateur Munson : Je croyais également que le point de départ, dans les cercles 4-H de notre pays, avec lesquels vous êtes en relation, c’était la gentillesse. Voilà une notion que vous pourriez également exporter.

Le sénateur Cormier : Cher sénateur Munson, je tiens d’abord à vous remercier de votre gentillesse. J’ai eu le privilège d’aller avec vous en Afrique et j’ai pu constater réellement votre gentillesse pour les personnes que vous connaissez et celles que vous ne connaissez pas. Vous prêchez par l’exemple. C’est formidable.

Vous avez également dit que les mots avaient de l’importance et qu’ils faisaient mal. Vous savez, parfois la gentillesse est souvent assimilée à la superficialité et à la faiblesse, particulièrement chez le sexe masculin. Beaucoup d’entre nous ont été victimes, parfois, d’intimidation, peut-être à cause de notre gentillesse.

Comment nous assurer que la Semaine de la gentillesse ne sera pas seulement une manifestation symbolique, mais qu’elle pourra être une véritable invitation à passer à l’action? Vous en avez déjà parlé, mais devez-vous parfois en dire davantage là-dessus? Je le demande, parce que je m’en soucie et que ça m’incite vraiment à passer à l’action.

Le sénateur Munson : Cette invitation peut prendre diverses formes.

À propos, sur le voyage en Afrique, dans l’un des villages où le Canada change les choses sur le plan des soins médicaux, les villageois nous ont demandé de participer à une danse de bienvenue. Si vous voulez assister à la prestation d’un excellent danseur, bien meilleur que moi, il faut regarder mon ami acadien le sénateur Cormier. Ç’a été un plus pour le voyage également, parce que ç’a été un moment de joie. Représentez-vous au Rwanda, dans le haut des collines, un endroit des plus spectaculaires, des plus beaux, mais pauvre. Le remerciement au Canada coïncidait avec, de notre part, l’appréciation du mode de vie de ces gens, des gens simples, par exemple le gentil sourire d’un enfant, qui accepte ce que nous sommes. Nous étions là, porte-parole de notre pays, et les enfants de ce village nous montraient leur visage, sans plus de questions, dans un simple geste d’acceptation.

À un autre niveau pratique, dans le nord du Nouveau-Brunswick, d’où je viens, vit une communauté acadienne dynamique. Le sénateur Cormier en fait partie. Je suis membre de la communauté anglophone et je le reste dans mon cœur quand je reviens chez moi, quand c’est possible, au Nouveau-Brunswick, me replonger dans cette communauté. Souvent, nous nous sommes manifesté des signes de gentillesse, comme deux peuples, des Canadiens, qui cohabitent avec nos Premières Nations. Mais, en certaines occasions, nous nous sommes témoigné de la défiance, même sur le plan de la religion, il y a bien longtemps. Nous devons faire un plus gros effort. Cet effort de plus est simplement l’acceptation de ce qu’on est, de qui on est, de l’endroit où on se trouve. Nous ne devrions pas porter de jugements. Les jugements n’ont pas leur place. C’est de cette leçon que je parle, ce matin.

Le sénateur Cormier : Merci. Vous nous manquerez après juillet. Merci encore.

[Français]

La sénatrice Forest-Niesing : J’avoue que je n’ai jamais autant souri pendant une réunion du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie. C’est très agréable de pouvoir discuter aujourd’hui de deux projets de loi qui sont si positifs, particulièrement à une période où nous en avons tellement besoin. Je vous remercie donc, sénateur Munson, de cette initiative, et j’ai bien évidemment l’intention d’appuyer ce projet de loi.

En fait, ce n’est pas vraiment une question, parce qu’essentiellement la question a déjà été posée. Selon moi, l’effet contagieux de la gentillesse est l’élément qu’il faut développer autant que possible, et je me réjouis de savoir que l’exemple de la semaine de la gentillesse à Ottawa sert à illustrer de quelle façon les écoles participent au projet et créent des programmes à l’intention des enfants. Les enfants ont cette gentillesse innée qu’il faut encourager, et j’espère bien que l’effet contagieux de la gentillesse qui leur sera inculquée aura aussi un impact sur les adultes, à qui l’on doit trop souvent rappeler l’importance de la gentillesse, malheureusement.

Je vais m’en tenir à cela.

La présidente : Merci beaucoup, sénatrice Forest-Niesing.

[Traduction]

Voulez-vous ajouter des observations, sénateur Munson?

Le sénateur Munson : J’allais seulement dire que ces témoignages me font plaisir. J’ai des idées pour faire plus de choses avec gentillesse dans les écoles et ainsi de suite. Ça se produit de temps à autre quand des enfants et des personnes âgées, des résidents d’établissements de soins de longue durée et de maisons de retraite, peuvent jouer dans les mêmes parcs et être ensemble, avec la valeur d’exemple que ça présente chaque fois. Que ce serait merveilleux si nous voyions plus d’enfants — parce que je l’ai vu. La présence d’élèves de première à la quatrième année, le cas échéant, dans des foyers de personnes âgées, par exemple, où a déjà vécu ma mère, ici, à Ottawa. Il faut voir les interactions entre un enfant de 6 ans et une personne âgée de 96 ans. Ils se racontent des histoires. Il faut voir les yeux de l’enfant — il apprend par l’expérience de l’autre.

Ça également une grande valeur d’exemple, après avoir passé un certain nombre d’années à proximité de la maison de retraite de ma mère, on voit que la vie quotidienne possède une signification et que chaque vie a de l’importance, en ce sens qu’une vie vécue l’a été quelque part. Les portes de beaucoup de ces résidences sont fermées. Elles sont également fermées à leurs résidents. Pourquoi un programme ne permet-il pas de rédiger les biographies de chacun d’eux, le récit de leurs réalisations? Et, dans cette résidence, pourquoi ne pouvons-nous pas tous voir ce qu’un tel ou un autre ont fait dans les années 1940, 1950, 1960 et 1970? Pourquoi leurs petits-enfants ne peuvent-ils pas se le faire raconter, pour qu’ils sachent que la vie existait avant 2020?

C’est le genre de choses, le partage de la scène, qui, je crois, contribuerait beaucoup à rendre la gentillesse contagieuse.

La présidente : Merci, sénateur.

La sénatrice Poirier : Non, ce n’est pas pour une question, seulement une observation, plutôt. Je tiens seulement à vous remercier de votre initiative, monsieur Munson, du fond de mon cœur. Elle est extrêmement importante. Nous savons tous que nous vivons dans un monde où la gentillesse n’est pas toujours suffisante, mais j’ai appris, il y a longtemps, que toute action a des conséquences, même pour celui qui en est l’auteur. Quand on sème la gentillesse, on en est récompensé, et au centuple.

Comme certains de mes autres collègues, vous vous rappellerez peut-être, particulièrement si vous venez du Nouveau-Brunswick, d’une jeune femme nommée Becca. Elle vivait dans les environs de Moncton Riverview. Elle est morte. Elle avait le cancer. Elle a lancé le mouvement #BeccaToldMeTo, qui a fait de l’entraide et de la gentillesse une mode généralisée dans la province et même dans les régions périphériques. C’est tellement un bon exemple de ce que nous pouvons faire avec quelque chose comme la Semaine de la gentillesse, si nous parvenons à l’instituer et si nous ne cessons pas d’en parler.

Je suis tout à fait d’accord pour dire que, parfois, le simple fait de prendre le temps d’être gentil avec quelqu’un, de l’écouter, peut améliorer sa journée et faire une grande différence dans sa vie. Je tiens à vous féliciter pour cela. J’espère vraiment que nous pourrons y arriver et, qu’à partir de là, les travaux se poursuivront et que nous ne verrons que des mesures positives. J’ai la certitude que c’est ce qui va se passer. Merci, sénateur Munson.

Le sénateur Munson : Merci. La motivation sous-jacente est pour le moins inattendue. Puisque nous parlons d’utiliser les médias sociaux, avec Becca, c’est ainsi que j’ai utilisé les médias sociaux. Lorsqu’elle a raconté son histoire, c’était au Nouveau-Brunswick. Le Nouveau-Brunswick est ma province natale, et je l’aime de tout mon cœur. Mais j’ai utilisé les médias sociaux et j’ai affiché un gazouillis à propos de son histoire, et des milliers et des milliers de gens ont suivi le récit. Des enfants d’autres écoles ont écouté Becca, qui nous a quittés en laissant un message très positif.

Lorsque vous parlez d’aller de l’avant, puisque je dispose de cette tribune pour quelques minutes ce matin, je veux regarder directement la caméra sur ces tablettes Surface Pros et dire au premier ministre et aux députés que ce projet de loi sortira bientôt du Sénat — je suppose que le comité l’adoptera ce matin — et passera à la troisième lecture. Il devrait sortir du Sénat le 20 avril. Il sera ensuite renvoyé à la Chambre. C’est là où il était avant, lors des dernières élections.

Avec ces projets de loi d’initiative parlementaire, je sais que c’est un processus, mais littéralement, lorsque les projets de loi d’initiative parlementaire sont envoyés à la Chambre des communes, ils se retrouvent dans une pile de documents et quelqu’un doit les saisir, les prendre physiquement. Le greffier doit en être informé pour prendre le projet de loi et le parrainer de l’autre côté.

Nous sommes actuellement à la recherche de parrains pour ce projet de loi. Nous cherchons quelqu’un qui aura l’obligeance de faire avancer ce projet de loi le plus rapidement possible, car si des élections ont lieu en mai ou juin ou à l’automne, il restera du temps pour le faire adopter. C’est la deuxième fois qu’il est présenté. Il serait dommage d’avoir fait tout ce chemin à nouveau et de ne pas parvenir à nos fins.

Je dis donc au premier ministre, au chef de l’opposition, aux autres chefs de l’opposition et à tous les députés que c’est une occasion d’avoir un objectif commun, et je vous encourage tous — eux — à regarder les visages des participants à ce comité ce matin et à partager la responsabilité d’instaurer une Semaine de la gentillesse. C’est mon message politique du jour.

La présidente : Merci, sénateur Munson. J’espère que le message sera entendu. Nous avons le temps de procéder à une deuxième série de questions.

La sénatrice Omidvar : Sénateur Munson, la Semaine de la gentillesse tombe en février, et février est aussi le Mois de l’histoire des Noirs. Comment pensez-vous que la Semaine de la gentillesse soutiendra le Mois de l’histoire des Noirs?

Le sénateur Munson : Eh bien, c’est la même histoire que j’ai racontée il y a quelques instants — merci, sénatrice —, à savoir que je n’en sais pas assez et que je ne comprends pas assez les droits et l’identité des Autochtones, alors que j’ai grandi dans les années 1950 à Campbellton, au Nouveau-Brunswick. C’est la même chose lorsqu’il est question de la vie des Noirs.

J’ai vu hier un article dans le Globe and Mail — je n’arrivais pas y croire — sur l’histoire incroyable des Noirs au Nouveau-Brunswick. Je ne sais pas si quelqu’un d’autre l’a lu, mais c’est très exhaustif. C’est en première page et l’histoire se poursuit plus loin.

J’avais une petite idée, mais je n’étais pas bien informé, de ce qui s’est passé au Nouveau-Brunswick en ce qui concerne les loyalistes. Je sais tout des loyalistes, mais en ce qui concerne ceux qui ont fui les États-Unis et de ce qu’ils ont fait pour contribuer à l’édification de la province du Nouveau-Brunswick, nous sommes en 2021 et je ne le découvre que maintenant. Pourquoi cette histoire est-elle racontée maintenant? C’est à cause du mouvement Black Lives Matter et d’une nouvelle appréciation de la vie des Noirs. C’est ce qui se passe.

Donc, avec une Semaine de la gentillesse — soit dit en passant, comme c’est près de la Saint-Valentin, c’est un moment approprié —, nous pouvons regrouper les deux pour planifier des projets qui traiteront de l’histoire des Noirs car il est honteux que nous ne connaissions pas suffisamment notre histoire. Imaginez hier lorsque j’ai pris le Globe and Mail et que j’ai découvert toutes sortes de choses sur ces petits villages au Nouveau-Brunswick. Et on ne fait qu’effleurer le sujet.

Donc, si une Semaine de la gentillesse a lieu l’an prochain, pour inciter les enfants d’une école au Nouveau-Brunswick à se pencher sur le sujet, faire venir quelqu’un pour leur parler et découvrir d’autres gens et voir qui nous sommes réellement en tant que nation, je pense que ce serait une bonne chose, et je vous remercie de la question.

La sénatrice Omidvar : J’ai une troisième question. Je vais attendre mon tour.

Le sénateur R. Black : Sénateur Munson, Bonté Ottawa a commencé en tant qu’organisme communautaire qui cherchait à mettre en évidence la gentillesse dans l’ensemble de la ville d’Ottawa en organisant une activité d’une semaine. Vous nous en avez parlé.

Juste pour que les gens qui nous regardent le sachent, le gouvernement fédéral sera-t-il responsable d’organiser des activités pour souligner la Semaine de la gentillesse si ce projet de loi est adopté? Ou cette responsabilité sera-t-elle déléguée à d’autres instances ou à d’autres ordres de gouvernement? La Semaine de la gentillesse entraînera-t-elle un coût pour les contribuables?

Le sénateur Munson : La gentillesse ne coûte rien. Être gentil ne coûte absolument rien.

Je sais que mon projet de loi sur la sensibilisation à l’autisme a pris un certain temps; je sais que d’autres sénateurs ont des projets de loi d’initiative parlementaire. Si vous pouvez être patients, ce qui est très difficile, chacun de vos projets de loi pourrait et devrait être adopté. Je pense qu’il est important de le dire.

Je sais qu’avec mon projet de loi sur la sensibilisation à l’autisme, il ne s’agit plus simplement de dire que c’est une journée, qu’il faut la célébrer et ainsi de suite. Il existe maintenant des programmes dans les écoles et des cérémonies de lever du drapeau dans cette province et dans d’autres provinces. On lève le drapeau de l’autisme et on en parle. Qu’est-ce que cela fait? Cela permet à tel ou tel autre élève, qui agit peut-être un peu différemment des autres, de se faire accepter à l’école. Encore une fois, au lieu de juger, on accepte qui ces enfants sont. Cela fait désormais partie de la Journée de sensibilisation à l’autisme, et les programmes et les fonds ont afflué.

Le gouvernement fédéral aurait la responsabilité, par l’entremise de chaque ministère, de faire preuve d’innovation et de créativité — pas nécessairement en déléguant mais en montrant par l’action ce qui peut être fait. S’ils veulent choisir une initiative chaque année, ce serait merveilleux aussi. Il y a certainement une responsabilité fédérale. Après tout, nous oublions parfois de quoi il s’agit. Ce serait la loi du pays. C’est une loi. Dans le cadre de cette loi, si vous regardez le préambule du projet de loi, il y a des mesures que les gouvernements fédéraux doivent prendre, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, afin d’améliorer la situation.

Le sénateur R. Black : Merci.

La sénatrice Omidvar : Sénateur Munson, vous êtes sénateur depuis très longtemps. Je veux que nous nous penchions sur la gentillesse au Sénat, comme vous et nous l’avons vécue. Le Sénat peut parfois être très loin d’être aimable; il peut être désagréable. À mesure que vous réfléchissez à votre carrière au Sénat, surtout que vous allez prendre votre retraite en juillet, quelles sont les paroles de sagesse que vous nous laisseriez, pour ce qui est d’être aimables les uns envers les autres en tant que parlementaires?

Le sénateur Munson : Premièrement, sénatrice, nous devons baisser le ton. Je dirai directement que certains sénateurs doivent baisser un peu le ton et comprendre, comme je l’ai dit au début, que les mots comptent vraiment. Il y a des façons de faire passer son message. Je pense qu’il est extrêmement important d’être un peu plus aimables les uns envers les autres.

Je suis au Sénat depuis 17 ans et demi. M. Chrétien me disait : « Monsieur Munson, vous êtes ici depuis longtemps. » Quand je suis arrivé au Sénat, pouvez-vous vous imaginer que je pensais qu’ils étaient tous de vieux schnocks? Ils avaient 74 ou 75 ans, et j’ai maintenant presque 75 ans. On m’a dit : « Ne croyez pas que parce que vous avez été journaliste à CTV News et que vous avez travaillé pour un premier ministre, vous êtes quelqu’un ici. Vous n’avez qu’à vous taire pendant un an et vous vous en sortirez. » J’ai presque gardé le silence pendant un an, ce qui est presque impossible pour moi.

J’étais intimidé lorsque j’ai mis les pieds au Sénat. Je vous le dis, il y avait certainement beaucoup d’hommes à l’époque. Cela a changé. Dieu merci. Ce pouvait être un environnement intimidant, mais il y avait beaucoup de gens qui étaient accueillants.

Par ailleurs, avec les différents groupes que nous avons maintenant dans les caucus, je pense que nous avons une plus grande occasion d’échanger nos connaissances. Je pense que c’est très important.

Le Sénat a fait beaucoup de chemin. Nous sommes vraiment une chambre où nous réfléchissons sérieusement aux enjeux, et nous devrions pouvoir avoir une plus grande liberté lorsque nous nous penchons sur diverses questions et que nous prenons la décision d’accepter le point de vue de quelqu’un. On ne doit pas nécessairement être d’accord avec la personne, mais on peut accepter son opinion. Par ailleurs, quelqu’un peut voter différemment de nous, mais il n’y a rien de personnel là-dedans. Il n’y a rien de plus; vous avez simplement voté ainsi.

À mesure que nous avançons dans nos vies, nous pouvons nous accepter davantage les uns les autres. Je vois des signes positifs de chaque groupe. Tous les sénateurs sont de bons sénateurs. Chaque sénateur veut faire le bien. Je vois cela à tous les niveaux. Nous nous regardons et nous nous écoutons les uns les autres.

Nous sommes dans un endroit très spécial au Sénat. Je comprends mieux ce qui se passe à Terre-Neuve-et-Labrador. Je comprends mieux ce qui se passe dans le Nord. Je comprends beaucoup mieux ce qui se passe au Manitoba. Au pays, nous avons un endroit très spécial où vivre et travailler. Collectivement, nous savons qu’au bout du compte, ce que nous essayons de faire, c’est de modifier des lois ou de faire partie de nouvelles lois qui aident le pays, ou de réaliser des études qui créent de nouveaux programmes. Il ne s’agit pas de nous. C’est ce que nous disons et faisons et l’incidence que nous avons sur les gens qui comptent vraiment au final. Avec la Semaine de la gentillesse, nous pourrions réfléchir à cette période particulière. Nous pouvons même mener plus d’activités de sensibilisation avec la Semaine de la gentillesse.

Le Sénat est un bon endroit avec de bonnes personnes. J’ai aimé presque chaque minute passée au Sénat — pas à minuit lorsque la cloche sonne —, mais j’entame chaque jour avec optimisme. Je termine la journée en étant assez satisfait d’avoir essayé de faire ce que je comptais faire, et je pense que tous les autres sénateurs font la même chose.

La sénatrice Omidvar : Merci.

La présidente : Merci beaucoup, sénateur Munson. Je veux faire écho à certains des commentaires en disant que votre gentillesse est certainement contagieuse. La première fois, et encore aujourd’hui, vous avez démontré non seulement à quel point il est important de prendre conscience de l’importance de la bonté, mais aussi, je pense, de l’effet boule de neige que peut avoir et aura, je l’espère, une Semaine de la gentillesse.

Sur ce, merci à tous. Les questions et les observations d’aujourd’hui ont été très inspirantes.

Le sénateur Munson : Madame la présidente, permettez-moi de dire brièvement quelque chose qui vient de me passer à l’esprit. Nous avons tous des familles et avons eu des parents et d’autres personnes qui ont joué un rôle déterminant dans notre vie. Je vais vous confier un petit secret au Sénat. Lorsque je dois prononcer un discours important — j’ai besoin d’un peu d’humour ce matin —, je porte les chaussures de mon père, pour deux raisons. La première est que je suis un produit de l’Église unie du Canada. Je suis le fils d’un ministre de l’Église unie. J’étais le fils d’un pasteur révolte, je peux vous l’assurer. Les membres de l’église, qui sont très sérieux, disaient toujours, « Tu as une grosse pointure à remplacer ».

Je sais que je ne pourrai jamais chausser les souliers de mon père car il mesure 5 pieds 10 et que j’en mesure 5 pieds 4. Je portais ses chaussures de temps à autre lorsque je prononçais un discours au Sénat car je me sentais en confiance et à l’aise dans ses chaussures.

Pour mon père, il se soucie de vous. Je n’ai peut-être pas réussi à remplacer cette grosse pointure, mais j’ai chaussé les souliers. J’ai fait de mon mieux. Merci.

La présidente : Merci encore une fois, sénateur Munson. Je veux m’assurer que nous allons procéder à l’étude article par article de votre projet de loi.

Chers collègues, veuillez lever la main si vous êtes d’accord.

Êtes-vous d’accord, honorables sénateurs, pour que notre comité procède à l’étude du projet de loi S-223, Loi instituant la Semaine de la gentillesse? D’accord.

L’adoption du titre est-elle reportée? D’accord.

L’adoption du préambule est-elle reportée? D’accord.

[Français]

Êtes-vous d’accord pour suspendre l’adoption de l’article 1, qui contient le titre abrégé? Adopté.

L’article 2 est-il adopté? Adopté.

L’article 1, qui contient le titre abrégé, est-il adopté? Adopté.

[Traduction]

Le préambule est-il adopté? D’accord.

Le titre est-il adopté? D’accord.

Le projet de loi est-il adopté? D’accord.

Êtes-vous d’accord pour que les observations qui vous ont été distribuées soient annexées au rapport? D’accord.

[Français]

Est-il convenu que je fasse rapport de ce projet de loi au Sénat, avec les observations? Adopté.

Chers collègues, si vous avez une question, veuillez lever la main, s’il vous plaît. S’il n’y a pas d’autres questions, c’est ainsi que la réunion prendra fin.

Sénatrice Bovey, avez-vous une question ou un commentaire?

La sénatrice Bovey : J’ai un commentaire, madame la présidente. Merci à tous et à toutes pour cette discussion et pour les décisions qui ont été prises ce matin. C’était magnifique et je vous remercie beaucoup.

La présidente : Merci à vous, sénatrice Bovey. Merci, sénateur Munson.

[Traduction]

C’est un plaisir et un privilège de vous avoir accueillis parmi nous aujourd’hui pour répondre à ces questions et étudier ces projets de loi ce matin. Merci de votre contribution et de votre présence.

Honorables sénateurs, comme il n’y a pas d’autres questions à examiner, nous allons mettre fin à la réunion.

(La séance est levée.)

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