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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 31 mars 2022

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 9 h 4 (HE), avec vidéoconférence, pour étudier le projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation.

La sénatrice Paula Simons (vice-présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La vice-présidente : Avant de commencer, j’aimerais rappeler aux sénateurs et témoins que vous êtes priés de mettre votre micro en sourdine en tout temps, à moins d’être reconnus par la présidente.

[Traduction]

En cas de difficultés techniques, particulièrement en ce qui concerne l’interprétation, veuillez en informer la présidence ou la greffière, et nous nous efforcerons de régler la question. Si vous rencontrez d’autres difficultés techniques, veuillez communiquer avec le service de dépannage informatique en indiquant le numéro d’assistance technique fourni.

L’utilisation de plateformes en ligne ne garantit pas la confidentialité de la parole ni la protection contre l’écoute clandestine. Par conséquent, pendant les réunions des comités, tous les participants devraient être conscients de ces limites et s’abstenir de divulguer des renseignements confidentiels, privés et privilégiés du Sénat.

[Français]

Les participants doivent savoir qu’ils sont tenus de participer dans une zone privée et être attentifs à leur environnement.

[Traduction]

Bonjour à tous. J’aimerais commencer par souhaiter la bienvenue aux membres du comité et à nos témoins, ainsi qu’à ceux et celles qui nous regardent sur le Web. Je m’appelle Paula Simons, je suis sénatrice de l’Alberta, vice-présidente de ce comité et présidente suppléante aujourd’hui.

[Français]

J’aimerais maintenant vous présenter les membres du comité de l’agriculture et des forêts qui participent à cette réunion.

[Traduction]

Nous accueillons aujourd’hui notre président, le sénateur Black, de l’Ontario, le sénateur Deacon, de la Nouvelle-Écosse, le sénateur Cotter, de la Saskatchewan, le sénateur Marwah, de l’Ontario, le sénateur Oh, de l’Ontario, la sénatrice Petitclerc, du Québec, et le sénateur Wetston, de l’Ontario.

[Français]

Bienvenue à tous et à tous les Canadiens qui nous regardent sur sencanada.ca.

[Traduction]

Aujourd’hui, le comité entreprend l’étude du projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation, qui lui a été renvoyé le 3 mars 2022.

J’aimerais présenter les personnes qui constituent notre premier groupe de témoins, mais il me faut avant tout souhaiter la bienvenue à un homme qui n’a pas besoin d’être présenté à la plupart d’entre nous, le sénateur Robert Black, de l’Ontario, parrain du projet de loi S-227. Il sera accompagné de Jeff Stewart, bénévole à la Journée canadienne de l’alimentation, chef cuisinier et fils de la fondatrice de la Journée des terroirs, feu Anita Stewart.

Si les circonstances techniques le permettent, Mme Crystal Mackay, coordonnatrice de la Journée canadienne de l’alimentation, sera également des nôtres.

Nous allons commencer par les observations préliminaires du sénateur Black.

L’honorable Robert Black, parrain du projet de loi : Honorables sénateurs, je vous remercie d’être ici aujourd’hui. Bien que je préside habituellement ce comité, j’ai cédé mon siège aujourd’hui à la sénatrice Simons pour pouvoir témoigner au sujet du projet de loi S-227, dont je suis le parrain.

Le projet de loi S-227 vise à désigner le samedi de la longue fin de semaine d’août de Journée canadienne de l’alimentation.

Comme vous le savez, le Canada est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de produits agricoles au monde. En 2020, le réseau agricole et agroalimentaire employait 2,1 millions de personnes, fournissait un emploi sur neuf au Canada et générait 139,3 milliards de dollars, soit environ 7,4 % du produit intérieur brut du Canada. Je crois qu’il est grand temps que nous reconnaissions le rôle important que jouent l’agriculture et les aliments du terroir au Canada en organisant une célébration pancanadienne.

Les aliments sont au cœur de nos foyers, de nos collectivités et de notre économie, et je crois que si l’on peut attribuer un bien à cette pandémie, c’est que de nombreux Canadiens, en particulier ceux qui vivent à l’écart des collectivités rurales et agricoles, s’intéressent plus que jamais à savoir où et comment leurs aliments sont cultivés.

Il est important que les générations futures comprennent que nos agriculteurs, nos producteurs, nos transformateurs et nos détaillants agroalimentaires travaillent fort pour produire de bons aliments. Les Canadiens, jeunes et vieux, doivent se rendre compte que nos collectivités agricoles se soucient de la terre, des produits qu’ils cultivent et des animaux qu’ils élèvent. Une journée de l’alimentation reconnue à l’échelle nationale les aidera à comprendre qu’il y a beaucoup à apprendre au sujet de l’agriculture et de la production alimentaire dans notre pays.

Quand on parle de production alimentaire locale, on parle de gens qui font partie de notre vie quotidienne. On parle des agriculteurs qui cultivent les champs que nous longeons en voiture, des entreprises agroalimentaires qui produisent les aliments que nous voyons sur les tablettes des épiceries, des restaurateurs et des chefs de cuisine qui nous nourrissent, ainsi que des négociants en vin et des brasseurs qui produisent le vin, la bière et les spiritueux que nous aimons. Les aliments du terroir ne se limitent pas à ce que nous mangeons; ils concernent les Canadiens.

De nombreuses provinces célèbrent les aliments locaux en organisant des journées spéciales tout au long de l’année. L’Ontario a même adopté une loi pour proclamer la Journée des terroirs du Canada en Ontario le printemps dernier. Ces célébrations provinciales sont merveilleuses, certes, mais je crois fermement qu’il devrait y avoir un jour à l’échelle nationale où tout le pays pourrait se rassembler pour rendre hommage à cet important secteur. Le projet de loi S-227 donnerait aux Canadiens une raison de célébrer l’agriculture et l’agroalimentaire d’un océan à l’autre chaque été.

Certains d’entre vous se souviennent peut-être qu’un projet de loi antérieur, le projet de loi C-281, qui a été présenté au comité au cours de la 42e législature, visait à désigner le vendredi précédant l’Action de grâces comme journée nationale des terroirs. Malgré l’apparente similitude de ces idées — et j’appuie de tout cœur l’appel à célébrer l’agriculture à tout moment —, mon projet de loi est fondé sur une célébration existante qui a commencé comme une initiative dirigée par l’industrie. Je crois qu’il importe que l’industrie participe le plus possible à l’organisation de cet événement. Il est essentiel, et l’industrie en convient, que la journée tombe en été, au plus fort de la saison de croissance, par opposition à l’automne, lorsque l’agriculture ralentit avant le début de l’hiver. Vous aurez l’occasion d’en entendre davantage de la part de l’industrie lorsque Mme Mackay, M. Stewart et les autres témoins prendront la parole tout à l’heure.

Depuis le dépôt de ce projet de loi, j’ai entendu diverses questions au sujet de la désignation d’une telle journée. Eh bien, chers collègues, la Loi sur la Journée canadienne de l’alimentation représente une occasion de célébrer nos agriculteurs, nos producteurs et nos transformateurs ensemble, en même temps, le même jour, d’un océan à l’autre. Si elle est établie, cette célébration annuelle permettrait non seulement aux Canadiens de se réunir pour célébrer nos aliments et les gens qui les produisent, de la ferme à l’assiette; elles les encouragerait à se renseigner toujours davantage sur nos industries agricoles et agroalimentaires. C’est l’occasion de souligner et d’apprécier les produits diversifiés et nutritifs auxquels nous avons accès. L’agriculture et l’agroalimentaire sont des industries essentielles qui contribuent non seulement à l’ensemble de notre pays, mais aussi à des pays du monde entier.

Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et d’entendre les autres témoins qui comparaissent aujourd’hui. Je vous remercie à l’avance de votre appui pour célébrer les aliments canadiens, quel que soit le sort de mon projet de loi. Merci, meegwetch.

La vice-présidente : Merci beaucoup, sénateur Black.

Crystal Mackay, coordonnatrice, Journée canadienne de l’alimentation : Merci beaucoup. J’ai le privilège de m’adresser à vous aujourd’hui pour appuyer le projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation. J’ai passé toute ma carrière à essayer de combler les écarts entre les agriculteurs, le système alimentaire et tous les Canadiens. Elle a commencé à l’école secondaire, où j’étais membre du club 4-H et une bénévole qui allait dans les écoles pour parler de la production laitière chez moi, dans la vallée de l’Outaouais, où ma famille exploite toujours une ferme aujourd’hui. Mon premier emploi à l’Université de Guelph m’a permis de travailler avec et pour des agriculteurs. J’ai travaillé 100 jours par année à des événements publics où j’ai parlé à de vrais Canadiens de l’agriculture dans des endroits comme la ferme modèle au site de l’Exposition nationale Canada et à la Royal Agricultural Winter Fair à Toronto.

J’ai ensuite travaillé avec tous types d’agriculteurs dans divers rôles auprès de groupes sans but lucratif en Ontario, puis à l’échelle nationale où l’ensemble du réseau alimentaire se ralliait pour gagner la confiance du public dans nos aliments, à titre de première présidente-directrice générale du Centre canadien pour l’intégrité des aliments. J’ai ma propre entreprise à présent, Loft32, que j’ai créée dans l’idée de promouvoir de meilleures conversations sur l’alimentation et l’agriculture. Je vous fais part de ce contexte parce que les 25 dernières années, à commencer par ces précieuses années à la ferme et les milliers d’entretiens que j’ai eus en personne au sujet de l’alimentation et de l’agriculture, m’ont préparée à vous parler aujourd’hui dans mon rôle actuel de coordonnatrice de la Journée canadienne de l’alimentation.

La Journée des terroirs est une célébration nationale lancée en 2003 à l’appui des éleveurs de bovins de boucherie qui met en relief la cuisine canadienne chaque année, le samedi de la longue fin de semaine d’août. C’est amusant, gratuit et inclusif. Je vais vous faire part de quelques faits saillants à ce sujet et de la façon dont le projet de loi qui nous occupe peut l’aider à passer à l’étape suivante.

C’est une initiative locale conviviale où tout le monde peut participer, des consommateurs aux agriculteurs en passant par les chefs de cuisine, d’un océan à l’autre. En personne ou en ligne, à la maison, dans un restaurant, dans un marché de producteurs ou lors d’un événement — magasinez, dînez et cuisinez comme un Canadien et diffusez vos histoires et vos photos en ligne en suivant le mot-clic #Journéedesterroirs.

À quoi ressemblait la Journée des terroirs cette dernière année? Voici quelques faits saillants. Nous avons lancé une campagne, et quand je dis nous, c’est en grande partie un effort de bénévolat avec l’appui de l’Université de Guelph. Un réseau de bénévoles aide à coordonner les activités que je vais vous décrire, et c’est assez puissant. Quarante-sept icônes ont été illuminées en rouge et en blanc à l’occasion de la Journée des terroirs du Canada d’un bout à l’autre du pays, en commençant par la Government House au Parlement de Terre-Neuve et en terminant par la BC Place et l’hôtel de ville de Vancouver, avec des motifs aussi impressionnants que les chutes Niagara, la Tour CN, le panneau de la ville de Winnipeg, l’hôtel de ville de Halifax et le centre SaskTel à Saskatoon.

La campagne prend vraiment vie en ligne avec #Journéedesterroirs. Nous avons 40 000 abonnés sur nos médias sociaux et des millions d’interactions avec des gens qui affichent des photos de leurs plats préférés et de ce qu’ils font pour rendre hommage aux aliments et à l’agriculture du Canada. Nous avons eu plus de 200 mentions dans les médias, qui ont atteint 62,2 millions de personnes, avec une rétroaction positive incroyable de 97 %. Quand je pense à l’esprit de la Journée des terroirs et à l’élan que ce nouveau projet de loi peut lui donner, le simple fait de pouvoir miser au départ sur ce sentiment positif de 97 % est vraiment extraordinaire. Bien sûr, de nombreux chefs de restaurant sont des partenaires clés. Nous avions plus de 150 restaurants partenaires qui cuisinaient et faisaient la promotion des ingrédients canadiens d’un océan à l’autre.

Les gouvernements des trois ordres ont diffusé des proclamations, des communiqués de presse et des publications dans les médias sociaux. À l’échelle provinciale, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, en Ontario, à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse, bien sûr. La ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, la ministre Bibeau, et plusieurs ministres provinciaux de l’Agriculture en ont fait autant. Les gouvernements municipaux et les maires se sont impliqués, et des villes comme Toronto et Moose Jaw ont proclamé la Journée des terroirs du Canada sur leur territoire.

Que signifie la Loi sur la Journée canadienne de l’alimentation pour les gens comme moi qui travaillent dans le domaine alimentaire? Tous les points saillants que je viens de décrire ont démontré l’appui incroyable à une idée populaire à laquelle tout le monde peut participer, que ce soit en faisant un tout petit geste, comme choisir quelque chose de canadien à manger, ou en organisant tout un déploiement, comme illuminer les chutes Niagara. La Loi peut contribuer à élever la sensibilisation et l’engagement à un niveau supérieur pour en faire une véritable célébration nationale.

La valeur du soutien positif et de la confiance dans l’alimentation et l’agriculture canadiennes est incommensurable. La confiance du public dans notre secteur agroalimentaire est la nouvelle monnaie que nous devons reconnaître. C’est un risque commercial et une occasion qui est nécessaire pour que notre incroyable réseau agroalimentaire continue de croître et de prospérer. Nous avons certaines des meilleures ressources naturelles, des gens talentueux, des technologies et de l’équipement novateurs pour nourrir notre pays et le reste du monde. Mais à la façon typiquement canadienne, nous restons très humbles à l’égard de ces atouts, qui sont vraiment extrêmement importants. Comme le disait le célèbre M.F.K. Fisher : « On mange d’abord, puis on fait tout le reste. »

La Loi sur la Journée canadienne de l’alimentation nous permettra d’exhausser la cuisine canadienne et les gens qui la font vivre dans le cadre d’une célébration véritablement nationale, de créer un élan et de susciter de la fierté à l’égard de la cuisine et de l’agriculture canadiennes, et de favoriser et de faire croître cette confiance et ce soutien incroyablement importants pour et avec tous ceux qui mangent. Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui. Je serais heureuse de répondre à vos questions.

La vice-présidente : Merci beaucoup, madame Mackay.

Jeff Stewart, bénévole, Journée canadienne de l’alimentation : J’aimerais parler d’une journée où tout le monde pourra faire ses emplettes, cuisiner et manger des produits canadiens. La Journée des terroirs est un mouvement de Canadiens passionnés qui croient en la promotion de la célébration des aliments canadiens, en la sensibilisation à notre culture alimentaire unique, tout en établissant des liens dans les milieux culinaires et agroalimentaires.

La Journée des terroirs a été créée pour rendre un hommage incroyable aux ingrédients canadiens et aux bonnes gens du réseau alimentaire. En 2003, lorsque les frontières ont été fermées aux exportations de bœuf canadien, des collectivités entières ont été dévastées. Ce fut un désastre pour l’agriculture et l’exportation, mais non pas sur le plan culinaire. Cette initiative a été lancée en 2003 par Anita Stewart, une figure emblématique de notre industrie alimentaire, afin de démontrer le soutien qu’elle apportait aux agriculteurs et aux éleveurs canadiens pendant cette crise. Au cours des années qui ont suivi, la Journée des terroirs est devenue un événement unique, primé, proactif et positif dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture au Canada, un événement qui donne l’occasion aux Canadiens de participer à la célébration de ce que nous sommes, une nation de gourmets. Notre mission consiste à promouvoir activement la croissance et l’étude de la culture alimentaire qui nous distingue comme pays.

Depuis ses humbles débuts, la Journée des terroirs a connu une croissance exponentielle et est devenue une force positive respectée dans la vie du Canada. Nous sommes des innovateurs, des éducateurs et des lanceurs de tendances. Des centaines de chefs de partout au pays sont des défenseurs, tout comme les restaurateurs qui sont à l’avant-garde de l’excellence culinaire canadienne et qui sont représentés par un groupe de bénévoles dynamiques. Les chefs de cuisine, restaurateurs, universitaires, producteurs, organisateurs d’événements, agriculteurs, organisations, médias et passionnés de cuisine de partout au Canada, nous avons tous à cœur la cuisine régionale canadienne.

La cuisine canadienne offre tout un menu de possibilités. Elle est régionale et saisonnière, avec une touche de notre histoire multiculturelle pour faire bonne mesure — du homard des Maritimes à la tourtière du Québec en passant par les tartelettes au beurre de l’Ontario. En Colombie-Britannique, on peut avoir de la chance et trouver un festin de mollusques cuits dans une boîte de Bentwood des Premières Nations. La vénérable pomme de terre Yukon Gold, une autre innovation alimentaire canadienne, peut être tranchée finement, gratinée avec de la crème et des lamelles de cheddar québécois. Sur la côte de la Colombie-Britannique, des pieux de cèdre empalent d’énormes filets de saumon sauvage pour les rôtir sur des charbons d’aulne à ciel ouvert. Les raisins de climat froid sont cultivés minutieusement pour devenir des vins de classe mondiale. Nos légumineuses, notre orge et notre blé des Prairies nourrissent le monde entier. Dans le Nord, le caribou et le phoque accompagnent les baies sauvages et l’omble chevalier. D’un océan à l’autre, nous avons des tas de possibilités culinaires authentiques.

Aujourd’hui, ce mouvement populaire est devenu ce que nous appelons maintenant la Journée canadienne de l’alimentation. La vie alimentaire d’une nation exprime sa culture collective autant que n’importe quel journal, émission de télévision ou nouvel édifice colossal. Le privilège d’être un citoyen de ce grand pays et de récolter certains des meilleurs ingrédients sur terre va de pair avec le défi et la responsabilité de bâtir une culture dynamique et authentique, et de la fêter ensuite.

Nous croyons par-dessus tout qu’en utilisant des ingrédients canadiens, nous célébrons et reconnaissons ceux et celles qui nourrissent notre nation. Nous appuyons la recherche et l’éducation dans le domaine de l’alimentation, de l’agriculture et de la culture au Canada, et nous croyons en notre diversité, qui reflète de nombreuses traditions, l’histoire et la nature changeante du Canada.

Le Canada est un pays diversifié et géographiquement disparate, et ce, sur toutes les côtes. Malgré l’unité que nous donnent notre géographie et nos liens communautaires, nous sommes toujours séparés par la distance. La Journée canadienne de l’alimentation est une célébration qui rassemble les gens, que ce soit en personne ou en mode virtuel. Notre plateforme comprend des événements en ligne, sur les médias sociaux et en personne. Nous diffusons un message sur l’importance de soutenir les Canadiens tout en créant de multiples célébrations locales et régionales.

L’appel à l’action est un appel à s’engager à acheter, à cuisiner et à consommer des produits canadiens. Les participants font leurs courses localement dans des restaurants, des entreprises et des fermes, cuisinent à la maison ou au chalet ou au camping, et resserrent les liens communautaires en partageant les délices de leur table et des messages en signe de célébration et de gratitude.

Nous offrons une plateforme pour les médias sociaux afin d’amplifier la voix collective de ceux qui adoptent les aliments canadiens. La plupart des activités de sensibilisation sont menées auprès de restaurateurs, de chefs cuisiniers, d’agriculteurs, de producteurs et d’autres influenceurs ayant une vaste couverture nationale, même en périphérie.

Nous espérons que l’établissement de cette journée à l’échelle nationale aidera à créer de vastes occasions pour que les Canadiens en apprennent davantage sur l’agriculture et le réseau agroalimentaire, tout en approfondissant nos conversations sur la nourriture et en fêtant notre abondance nordique.

Depuis sa création, les deux dernières décennies nous ont montré l’importance de la souveraineté alimentaire, de la sécurité alimentaire et de l’unité. Nous avons une approche qui témoigne de notre gratitude pour notre réseau alimentaire tout en nous rappelant ce qui est le plus important pour nous tous, soit la nourriture, la famille, les amis et la collectivité.

Merci. Je suis prêt à répondre à vos questions.

La vice-présidente : Merci beaucoup, monsieur Stewart.

Passons maintenant à la partie questions. Je vais suivre la pratique établie par notre président, le sénateur Black. Je rappelle à chaque sénateur qu’il dispose de cinq minutes pour poser ses questions, ce qui comprend le temps des réponses. Si vous voulez poser une question, faites-nous signe, à la greffière et à moi. Si vous utilisez Zoom, appuyez sur la fonction « main levée ».

La première question vient du sénateur Deacon, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur C. Deacon : Merci aux témoins.

Monsieur Stewart, j’ai eu le plaisir de rencontrer votre mère au début de 2019. Elle était certainement une force avec laquelle il fallait compter et elle était passionnée par ce sujet.

J’appuie les efforts du sénateur Black à cet égard, mais je veux comprendre ce que vous pourriez faire avec cette image de marque.

De la ferme à l’assiette, les agriculteurs, les producteurs et les innovateurs doivent relever de nombreux défis. Nous devons nous concentrer sur l’augmentation des produits à valeur ajoutée au Canada, et c’est ce que fait ce projet de loi. Il demande comment nous pouvons accroître la valeur de nos produits alimentaires. Nous devons nous assurer que tous les intervenants du réseau alimentaire gagnent de plus en plus d’argent, ce qui est un élément essentiel de notre sécurité alimentaire. Ils doivent être prospères.

Je veux que vous songiez à l’avenir, au-delà des nombreuses activités que vous prévoyez pour rehausser cette image de marque. Comment peut-on utiliser cette image de marque pour favoriser de plus en plus la prospérité des gens au sein de notre réseau alimentaire au fil du temps?

Ma question s’adresse à chacun de nos témoins. Pourriez-vous nous en parler, s’il vous plaît? Je pense que c’est un élément important de ce que vous faites, c’est-à-dire utiliser la marque pour améliorer des vies 365 jours par année.

M. Stewart : Je veux bien commencer, et peut-être que Mme Mackay pourra intervenir par la suite.

Nous rêvons d’avoir au moins un jour — ce serait formidable si c’était tous les jours, mais au moins un jour — où, à l’échelle nationale, il sera impossible de ne pas tenir compte des contributions de l’agriculture culinaire et des aliments culturels qui font vivre les Canadiens dans cette corne d’abondance que nous offre le Nord. Nous le voulons tout autant aujourd’hui que lorsque tout cela a commencé il y a 20 ans, et notre famille, la succession d’Anita Stewart, y est résolument engagée.

Le sénateur Black : La toute première politique alimentaire au Canada a été annoncée le 17 juin 2019. La ministre de l’Agriculture a parlé d’une nouvelle image de marque du Canada et d’une politique d’achat de produits canadiens.

Pour répondre à la question du sénateur Deacon, j’espère que la création d’une journée de l’alimentation au Canada, de concert avec les nombreux bénévoles de la Journée des terroirs, suscitera la fierté et la confiance que bon nombre d’entre nous ont — et que beaucoup d’autres devraient avoir — à l’égard des aliments que nous produisons au Canada, non seulement pour notre propre usage national, mais aussi pour les gens d’autres pays.

Il y va de notre intérêt à tous d’apprendre à connaître et à aimer les aliments que nous voyons tous les jours dans nos épiceries. Je pense que travailler de concert avec les campagnes « Achetez canadien », sénateur Deacon, est une occasion pour nous tous. Merci.

Mme Mackay : Je pense que des célébrations comme celle-ci, le choix de produits canadiens, sont de bonnes choses pour notre économie et pour tout le monde dans le réseau alimentaire. Aussi, le renforcement continu d’un climat de confiance et de soutien en vue de la promotion des aliments canadiens est une assise fondamentale, de la ferme jusqu’au restaurant.

Le sénateur Wetston : J’ai une question à deux volets, si vous me le permettez. Je ne sais pas qui voudrait répondre, le sénateur Black, peut-être.

Je suis toujours un peu préoccupé par le fait qu’une autre journée soit prévue par la loi. Ce n’est pas un gros souci, mais je me demande si une des raisons qui nous pousse à cela n’est pas de trouver un meilleur soutien pour le secteur du point de vue de l’intervention gouvernementale, des contributions, des subventions, etc. Je ne dis pas cela pour minimiser l’importance et la qualité du secteur et de sa contribution. Notre pays a la chance d’avoir de nombreux atouts dans le domaine de l’agriculture et des industries alimentaires.

La deuxième partie de la question, c’est que je songe à ce secteur sous une optique économique, c’est-à-dire que nous avons des producteurs et des consommateurs, et je pense aux transferts d’aide sociale qui se sont produits entre eux au fil des ans. Je me demande si la tenue d’une journée de l’alimentation prévue par la loi — ce qui par ailleurs est peut‑être une très bonne idée — peut également représenter des questions de durabilité et de sécurité alimentaire, ainsi que des défis associés au secteur, notamment en ce qui a trait au prix des aliments.

Avez-vous des commentaires généraux à ce sujet? Je me rends compte qu’il s’agit d’une question ouverte, et je me contenterai d’avoir une réponse, que ce soit de la part d’un témoin ou du sénateur Black. Merci.

Le sénateur Black : Merci beaucoup. Le projet de loi sur la Journée canadienne de l’alimentation vise à reconnaître la Journée des terroirs à l’échelle fédérale, mais je peux vous garantir qu’il n’est pas censé coûter le moindre sou au contribuable canadien, et c’est là la grande différence. Le véritable objectif du projet de loi consiste à unir les Canadiens d’un océan à l’autre. Il s’agit de sensibiliser les gens, sénateur Wetston, au plus fort de la saison de croissance, pour célébrer nos agriculteurs, nos producteurs, nos restaurateurs, nos épiciers et nos chefs cuisiniers.

Les répercussions seraient certainement énormes et, comme vous l’avez fait remarquer, je pense que ça soulèvera des questions de durabilité et de souveraineté alimentaire. C’est un moteur économique, nous le savons. J’ai rappelé qu’environ 7,4 % du produit intérieur brut du Canada provient de l’agriculture; c’est donc un aspect. L’impact inclurait également la sensibilisation et la compréhension. J’espère que cela répond à votre question, ne serait-ce qu’en partie.

M. Stewart : Si vous me permettez d’ajouter quelque chose, une journée comme la Journée canadienne de l’alimentation créerait de l’espace. Je veux dire un espace dans l’esprit et à la table des gens pour échanger de bonnes histoires et célébrer ce que nous avons comme richesse ici au Canada. Ce serait un espace pertinent et opportun pour avoir des conversations sur l’éducation des gens et sur les grands atouts de notre pays, voire aussi pour toucher des thèmes parfois difficiles sur l’alimentation au Canada. Nous pourrions peut-être chercher de meilleures façons de veiller à la souveraineté alimentaire ou à la sécurité alimentaire du Canada, qui sont des volets de notre système alimentaire dont nous devrions parler si nous voulons améliorer la vie des gens.

Le sénateur Oh : Je tiens à remercier le sénateur Black d’avoir pris l’initiative de faire un pas de plus pour marquer cette journée importante.

Comme nous le savons, le secteur agricole emploie plus de 2,1 millions de personnes d’un océan à l’autre. Il est très important de célébrer une journée canadienne de l’alimentation, mais aussi nos exportations et l’emploi de 2,1 millions de personnes. La Journée de l’alimentation nous permettra de célébrer à l’échelle locale, régionale et nationale, mais j’aimerais simplement avancer une idée. Nous avons des missions partout dans le monde. J’ai voyagé et j’ai étudié l’agriculture canadienne et les différents ministères, en particulier celui de l’Agriculture. Nous pourrions également établir une journée canadienne de l’alimentation dans nos missions partout dans le monde. La marque Maple Leaf Foods se vend toujours très bien dans le monde; c’est une marque reconnue.

Je songeais à instituer la Journée de l’alimentation dans quelques missions d’abord et à l’étendre progressivement pour en faire une marque bien connue à l’étranger. Les gens en seront ravis. Nous pourrions dire au monde ce que nous avons et ce que nous pouvons offrir d’un bout à l’autre du pays. Nous avons presque tout ce que le monde produit ici, au Canada. L’initiative aiderait aussi à exporter des produits agricoles et alimentaires du Canada. Nous sommes le cinquième pays au monde pour ce qui est de l’agriculture et de la production.

Est-ce que les témoins, y compris le sénateur Black, peuvent me donner une idée ou des commentaires? Merci.

Le sénateur Black : Je vous remercie de cette question, sénateur Oh. Je pense que les bénévoles sont les mieux placés pour y répondre, c’est-à-dire M. Stewart et Mme Mackay, mais je pense que votre suggestion est excellente. Ce groupe de bénévoles devrait se pencher là-dessus.

Il est absolument essentiel d’accroître la sensibilisation à l’échelle mondiale à l’égard des aliments au Canada et des bonnes choses que nous cultivons à mesure que nous élargissons nos marchés et que nous nous efforçons d’atteindre les objectifs énoncés dans le rapport Barton, il y a quelques années, pour accroître nos exportations dans le monde entier. Merci beaucoup. Je vais laisser la parole aux deux autres témoins.

Mme Mackay : J’aimerais bien en parler. Merci beaucoup, sénateur Oh. Je pense que c’est une idée incroyable. Nous avons quelques exemples d’expatriés — des Canadiens qui se trouvent ailleurs — qui se sont exprimés sur les médias sociaux avec des phrases dans le genre : « Bonjour. J’ai acheté du porc canadien aujourd’hui pour le partager dans le cadre de la Journée des terroirs du Canada. » L’idée est parfaitement bien fondée. Nous l’avons adoptée pour commencer par nous assurer que les gens ici au pays connaissent et appuient les ingrédients alimentaires canadiens, mais ce serait un grand cri de ralliement à l’échelle mondiale. J’adore votre idée de commencer dans quelques centres pour ensuite le présenter littéralement au monde entier. Vraiment excellent.

M. Stewart : J’aime l’idée, moi aussi. Je suis tout à fait favorable à ce que nous puissions crier sur tous les toits que nous avons certains des aliments les plus extraordinaires au Canada. Nous pouvons nourrir le monde. Nous avons ces capacités si vous songez aux Prairies et à certains des excellents aliments, qu’il s’agisse de grandes marques ou de marques moins connues. Nous offrons une excellente salubrité et une excellente sécurité alimentaires.

Je discutais avec un centre à Whitehorse qui fait de l’innovation alimentaire et aide les nouveaux entrepreneurs du secteur à se développer. Ils expédient maintenant la recette de bannock de Grandma Treesaw partout dans le monde. Il y a de nombreux exemples de grands entrepreneurs du secteur alimentaire qui ont simplement besoin d’un petit coup de pouce pour se démarquer, pour faire connaître leurs exportations ou pour se faire connaître en général comme venant de cette grande nation alimentaire que nous avons. Nous savons que nous avons une grande nation alimentaire, et je suis tout à fait d’accord avec vous, sénateur Oh, pour dire que le reste du monde doit aussi le savoir.

Le sénateur Cotter : Je remercie les témoins, y compris le sénateur Black, de leur exposé. J’appuie certainement l’idée d’une journée nationale de l’alimentation, mais j’ai deux questions de nature différente. Une grande partie du Canada profite du travail des gens qui exercent leur métier dans le secteur agricole de ma province, la Saskatchewan. À bien des égards, l’économie de la Saskatchewan a été bâtie sur l’agriculture, et c’est donc une question qui revêt une certaine importance pour eux à l’échelle régionale et nationale.

Ma première question fait suite à celle du sénateur Oh. Quelles idées pourrions-nous avoir ou imaginer pour tirer un avantage stratégique d’une journée nationale de l’alimentation? Son exemple, qui m’a semblé intéressant, est que le gouvernement du Canada participe à une célébration de l’agriculture et de l’alimentation canadiennes dans toutes les ambassades du monde à l’occasion de la Journée canadienne de l’alimentation, afin que nous ayons une approche stratégique et coordonnée. C’est ma première question. Quels sont les avantages stratégiques?

Deuxièmement, l’agriculture étant une question de compétence conjointe au Canada, il me semble qu’il faudrait compter sur l’appui explicite des provinces. Je présume que leurs ministères de l’Agriculture respectifs seront d’accord, mais il serait à mon avis utile de le savoir. Il serait bon de savoir ce qui peut être fait en partenariat non seulement avec les agriculteurs et les autres producteurs d’aliments, mais aussi avec les gouvernements provinciaux pour lesquels l’agriculture est un aspect tout aussi important de leur mandat et de l’économie de leur province. Merci.

Le sénateur Black : Merci beaucoup. Je vais d’abord répondre à la deuxième question et souligner qu’au nom de la Journée des terroirs, au cours des deux dernières années, et en l’honneur d’Anita Stewart, j’ai communiqué par lettre avec chaque province, le premier ministre et le ministre de l’Agriculture, afin de les encourager à leur rendre hommage à l’occasion de la Journée des terroirs la longue fin de semaine d’août. Je suis ravi de vous dire qu’ils m’ont répondu en grand nombre. Certains ne l’ont pas fait, mais je sais que les organisateurs, Mme Mackay et M. Stewart, en ont eu des nouvelles d’eux. Sénateur Cotter, je suis heureux de vous dire que beaucoup de provinces, voire toutes, font quelque chose. Je conviens qu’il s’agit d’une initiative conjointe des paliers fédéral, provinciaux et municipaux. Je suis également heureux de vous dire que de nombreuses administrations municipales entreprennent des initiatives de reconnaissance.

En ce qui concerne les avantages stratégiques, je sais qu’Anita Stewart avait énormément d’idées en tête, et je sais qu’elle en a transmis un grand nombre à des gens comme Mme Mackay, sa famille et moi, en fait. Je pense que tout ce que nous avons à faire, c’est d’améliorer la façon dont nous pouvons réaliser de grandes choses ici au Canada et ailleurs. Merci.

Mme Mackay : J’ajouterais que le concept même signifie que la journée peut se limiter simplement à une personne qui achète des aliments locaux, quelque chose qui porte le drapeau canadien, ou qu’elle peut se dérouler à l’échelle régionale, municipale, provinciale, nationale et, pour revenir à ce que disait le sénateur Oh, mondiale. L’idée de le faire dans les ambassades, de sorte que les gens du monde entier pourraient célébrer en même temps pour rehausser la journée, est intégrée. Une loi comme celle-ci ne ferait qu’aider à atteindre cet objectif.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Merci beaucoup, sénateur Black, pour tout votre travail, non seulement pour ce projet de loi, mais aussi sur le terrain. Je sais que c’est très apprécié. Nous le voyons aujourd’hui avec les commentaires que nous recevons.

[Traduction]

Il est toujours difficile de poser beaucoup de questions sur ces projets de loi, parce que, selon moi, ce genre de projet de loi qui nous amène à choisir une journée et à célébrer est une occasion. Le projet de loi offrira des possibilités, puis il appartiendra aux parties prenantes, aux provinces et aux organisations d’en faire quelque chose.

Ma question porte sur la dynamique. Je veux savoir ce que vous en pensez, vous tous et le sénateur Black, parce que je sais que vous travaillez sur le terrain avec les gens. Ces deux dernières années, alors que nous relevions les défis de la pandémie, j’ai l’impression — et ce n’est qu’un sentiment, alors c’est pour cette raison que je veux connaître votre point de vue — qu’elle a forcé beaucoup d’entre nous à retourner à la cuisine et à cuisiner, et elle a incité bon nombre de gens à acheter plus de produits locaux. Est-ce une occasion, alors que nous parlons de « rebâtir en mieux », d’utiliser cet élan, et est-ce qu’on pourrait utiliser ce jour-là, le projet de loi, pour mettre à profit cet élan? Mon interprétation est-elle exacte? Avez-vous autre chose à ajouter au sujet de l’idée voulant qu’il y a en fait un certain élan en ce qui concerne l’alimentation au Canada sur lequel nous devrions nous appuyer et que ceci en fait partie?

La vice-présidente : Sénateur Black?

Le sénateur Black : Merci beaucoup. J’espérais entendre ce que les bénévoles avaient à dire et...

La sénatrice Petitclerc : Oui, bien sûr.

Le sénateur Black : Je dirais que la pandémie, comme je l’ai déjà mentionné, nous a donné l’occasion de retourner dans la cuisine et d’en apprendre davantage sur les aliments que nous mangeons et d’où ils proviennent. Nous le voyons aussi en dehors de cette initiative, tout à fait. Cette journée nous donnera à tous une autre occasion d’accroître la sensibilisation et l’éducation.

M. Stewart : Je suis tout à fait d’accord avec le commentaire sur la dynamique. La pandémie nous a tous forcés à penser à cuisiner pour nous-mêmes et à sortir des restaurants, et nous avons commencé à porter plus d’attention à la provenance des aliments et aux éléments du système alimentaire.

La Journée des terroirs est de toute évidence utile à cet égard, mais il y a d’autres éléments qui créent un élan, une dynamique. Étant donné que nous avons été séparés ces deux dernières années, il y a maintenant un élan pour revenir ensemble. Les gens veulent se réunir, sortir et célébrer, parce que nous avons eu deux années de célébrations différées. Cela fait partie de l’élan, mais il y en a un autre qui se produit également. Lorsque nous regardons ce qui se passe dans le monde, nous constatons que les conflits créent des problèmes pour l’agriculture dans d’autres régions du monde. Le système alimentaire du Canada est robuste et disponible. Au moment où le blé ukrainien, par exemple, devient moins disponible, le blé canadien le deviendra plus. Cet élan va se poursuivre et pourrait même s’amplifier au cours des prochains mois ou des prochaines années.

La vice-présidente : Je pense que c’est bien que la championne de course ait posé une question sur l’élan.

Je vais rapidement poser une question. Je viens d’Edmonton. L’Alberta célèbre la Fête du patrimoine pendant la longue fin de semaine d’août. À Edmonton, nous avons un énorme festival extérieur de cuisine internationale où des Canadiens représentent quatre douzaines de traditions ethnoculturelles différentes et tiennent un festival gastronomique géant dans notre plus grand parc. Je note avec un peu d’inquiétude que votre groupe — comment dire — ne reflète pas exactement la diversité démographique de notre pays. Je me demande ce que vous pouvez me dire au sujet des efforts que nous déployons pour nous assurer de célébrer la richesse réelle de la cuisine canadienne, c’est-à-dire que nous sommes en mesure de puiser dans les traditions alimentaires des mères patries du monde entier. À Edmonton, cette fin de semaine est une célébration de cette diversité, et je me demande ce que vous pourriez me dire quant à ce que vous allez faire pour que votre événement reflète cette même diversité.

Mme Mackay : Si vous me le permettez, je vais commencer. Merci beaucoup d’avoir posé cette question. Je n’ai pas eu l’occasion d’en parler dans mes cinq minutes, mais si vous pensez aux plus de 150 restaurants partenaires qui font déjà partie de la Journée des terroirs, il y a manifestement beaucoup de diversité. Nous avons plusieurs chefs issus des Premières Nations et, à l’échelle internationale, les chefs cuisiniers pourraient apprêter ces plats, à la différence qu’ils utilisent maintenant des ingrédients canadiens, et c’est vraiment formidable. Nous allons entendre certains agriculteurs dans le deuxième groupe, mais nous voyons des agriculteurs canadiens cultiver des ingrédients qui répondent aux besoins de gens d’autres pays qui sont nouveaux au Canada ou qui veulent simplement cuisiner des plats d’ailleurs.

J’adore quand il y a un événement comme celui que vous décrivez à Edmonton, et que nous pouvons y mettre le drapeau de la Journée canadienne de l’alimentation pour dire que nous célébrons des aliments d’autres pays, mais cultivés ici même, chez nous.

C’est véritablement une occasion de développer ce genre de réflexion, parce que le Canada est déjà un lieu multiculturel de l’alimentation. Nous aimons les aliments du monde entier, mais nous disons : « Utilisons des ingrédients canadiens pour apprêter ces plats extraordinaires que vous apportez de votre pays. »

La vice-présidente : Je tiens à souligner qu’il s’agit de Canadiens. C’est l’alimentation canadienne. À Edmonton, les aliments du Canada sont les donairs, les tartes aux oignons verts, le pho et les pérogies. Ce sont des aliments d’Edmonton, alors je tiens à le souligner. Je ne sais pas si quelqu’un d’autre veut ajouter quelque chose.

M. Stewart : Je sais que le temps file, mais je tiens à mentionner qu’il s’agit en fait d’ingrédients plutôt que de recettes ou de méthodologies précises. Les aliments canadiens évoluent, et à mesure que des gens viennent au Canada, à mesure qu’ils bâtissent notre culture au Canada, elle change constamment, et elle évolue.

Si vous regardez la culture alimentaire au Canada d’il y a 50 ans et que vous regardez la culture alimentaire de la dernière année, ou ce qu’elle pourrait être à l’avenir, elle est en constante évolution. C’est ce qu’il y a de merveilleux à propos de la Journée des terroirs. Elle permet l’espace, la discussion et l’éducation autour de cette évolution et de cette expansion.

Le sénateur Black : Je termine en disant que j’aimerais en savoir plus sur les tartes aux oignons verts.

La vice-présidente : Ce sont les aliments d’Edmonton.

Le sénateur Black : Mais je dirais que la nourriture fait partie de notre passé, de notre présent et de notre avenir, et nous pouvons en apprendre beaucoup sur l’histoire de notre pays par nos ancêtres, et sur ce que les gens d’aujourd’hui mangent.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons intégrer la bannière de la Journée des terroirs et la bannière de la Journée canadienne de l’alimentation à ces événements. Je pense que c’est formidable. Merci.

Le sénateur Marwah : Je remercie le sénateur Black et les témoins. C’est formidable d’entendre votre point de vue sur ce sujet. Sénateur Black, je suis tout à fait en faveur d’une journée de l’alimentation. Je crois que c’est une excellente idée.

Ma question ne porte pas directement sur la journée de l’alimentation, mais elle est plus vaste, et j’aimerais savoir ce que vous en pensez. Je me pose souvent des questions à ce sujet. Le Canada est très bien représenté sur le plan de l’égalité et de la sécurité, ce qui s’applique également à l’industrie alimentaire. Avons-nous tiré parti des occasions d’accroître le contenu à valeur ajoutée de notre chaîne alimentaire, ou nous concentrons‑nous uniquement sur les matières premières? Il me semble que nous pourrions faire beaucoup plus en augmentant le contenu à valeur ajoutée et en augmentant les profits pour les agriculteurs et l’industrie alimentaire, mais je ne vois pas assez de procédés que nous pourrions mettre en œuvre, que ce soit dans les semences ou dans les aliments. Je sais que beaucoup d’autres pays prennent ce produit et augmentent son contenu à valeur ajoutée, puis le vendent au triple du prix. Pourquoi ne pouvons‑nous pas le faire chez nous?

Le sénateur Black : Je vais commencer à répondre, et je suis tout à fait d’accord avec vous, sénateur Marwah. Je pense que c’est l’une des orientations sur lesquelles je vais travailler au cours des 15 prochaines années à la Chambre rouge.

Je sais que nos organisations partout au Canada, les organisations nationales et provinciales, se posent les mêmes questions. Elles veulent travailler avec notre gouvernement et avec les gouvernements provinciaux pour faire exactement cela, c’est-à-dire prendre le produit et en augmenter la valeur, plutôt que de l’envoyer et de racheter le produit haut de gamme. J’ai hâte de poursuivre le travail à cet égard et d’obtenir l’appui du gouvernement fédéral et de la ministre de l’Agriculture à cette fin. Si nous y parvenons, nous pourrons atteindre les objectifs que le rapport Barton et de nombreux autres groupes de travail des dernières années s’efforcent d’atteindre. Merci.

Le sénateur Marwah : Sénateur Black, j’aimerais faire un commentaire à ce sujet. Je pense que vous avez tout à fait raison, parce que si nous ne faisons pas vraiment quelque chose avec le processus de valeur ajoutée, nous devenons effectivement une colonie moderne, où nous exportons notre matière première et importons le produit fini. C’est la définition même du colonialisme. Nous devons commencer à obtenir du contenu à valeur ajoutée au Canada plutôt que de dépendre des importations de ces produits en fonction de nos exportations, ce qui nous permettrait de faire beaucoup mieux. Je vous souhaite bonne chance.

Mme Mackay : J’ajouterais que je suis tout à fait d’accord. Il est très important de susciter l’enthousiasme de notre secteur de la transformation des aliments à l’égard de l’approvisionnement en ingrédients canadiens et de la création de ces produits à valeur ajoutée. J’ai ces conversations depuis longtemps, et je me souviens d’avoir parlé avec des transformateurs canadiens il y a 10 ou 15 ans qui hésitaient beaucoup à utiliser la marque « Fait au Canada » pour leur produit, parce qu’ils aiment très franchement avoir la possibilité d’acheter des ingrédients bon marché d’autres pays. Il est aussi très motivant d’obtenir leur adhésion et de leur faire voir les possibilités et la valeur d’avoir des ingrédients cultivés localement.

La vice-présidente : Merci beaucoup à tous.

Le sénateur Klyne : J’ai une question pour chaque membre du groupe. Ma première question s’adresse à Mme Howell. La philosophie de la ferme à la table a été très utile pour informer les Canadiens sur la provenance de leurs aliments et sur les étapes intermédiaires, et je pense que c’est une chose sur laquelle nous devons continuer de nous concentrer pour les générations futures. Les deux dernières années ont été difficiles pour l’industrie de la restauration et pour celle de l’accueil en général. Puisque vous êtes restauratrice, que signifierait la création d’une Journée canadienne de l’alimentation pour vous et pour le secteur de l’accueil du Canada, en général?

La vice-présidente : Sénateur Klyne, puis-je signaler que Mme Howell n’a pas encore témoigné? Elle fait partie du deuxième groupe de témoins.

Le sénateur Klyne : Je suis désolé, je croyais qu’elle venait tout juste de parler. Désolé. Puis-je passer à M. Monchuk?

La vice-présidente : M. Monchuk n’a pas encore témoigné non plus.

Le sénateur Klyne : Eh bien, j’en ai une pour la célébrité du jour, le parrain du projet de loi. Qu’en pensez-vous?

La vice-présidente : Le sénateur Black est ici, cela ne fait aucun doute.

Le sénateur Klyne : Je le vois maintenant, merci. Sénateur Black, je vous remercie d’être ici et de défendre le projet de loi. Il n’y a pas une seule région du pays qui ne dépende pas de ses secteurs agricoles, qu’il s’agisse du blé, des céréales, des lentilles, de la culture d’automne, de la production bovine, de la production laitière ou de vivre de la terre. Les produits alimentaires canadiens soutiennent tous les Canadiens et, à bien des égards, nous nourrissons le monde. Votre projet de loi célèbre ce fait. Pouvez-vous me dire précisément ce que vous attendez de la création de la Journée canadienne de l’alimentation et quelle est votre vision? Pour réaliser votre vision du projet de loi, faudra-t-il la collaboration des ministères fédéral, provinciaux et territoriaux de l’alimentation et de l’agriculture ainsi que des partenaires autochtones? S’agit-il simplement d’un exercice de sensibilisation et de célébration des produits alimentaires canadiens, ou y a-t-il d’autres objectifs que vous espérez atteindre?

Le sénateur Black : Merci, sénateur Klyne, de votre question. Ma vision pour la loi sur la Journée canadienne de l’alimentation est de faire fond sur le travail que font les gens de la Journée des terroirs pour que nous puissions célébrer une journée au Canada, une fois par année, de la ferme à l’assiette — ou plus, évidemment —, mais une fois par année, dans le cadre des célébrations de la Journée canadienne de l’alimentation d’un bout à l’autre du pays.

Je vois cela comme une vision qui va rassembler les gens d’un océan à l’autre. Mme Mackay et M. Stewart ont parlé des célébrations. Que ce soit à la maison ou à mon chalet, ou qu’il s’agisse de quelque chose de plus grand à Edmonton, en même temps que quelque chose dans la ville d’Edmonton ou au-delà. Il faudra, et il a fallu, une collaboration entre tous les ordres de gouvernement, et je suis heureux de dire, comme Mme Mackay l’a souligné, qu’ils ont vu du travail se faire et qu’ils ont été reconnus aux niveaux fédéral, provincial et local ces dernières années. Les statistiques qu’elle nous a communiquées au sujet du nombre de visites, des médias, de la sensibilisation des médias, et cetera, sont extraordinaires. Je pense que cela témoigne également de la collaboration avec les médias. Merci.

La vice-présidente : Merci beaucoup à tous. Je tiens à remercier nos témoins, le sénateur Rob Black, Mme Mackay et M. Stewart. Je tiens à vous remercier beaucoup de votre présence aujourd’hui et d’avoir relevé certains des défis techniques liés à la tenue d’une audience du Sénat de cette façon. Votre aide à l’égard de ce projet de loi est très appréciée.

Pour notre deuxième groupe de témoins, nous entendrons Cherilyn Jolly-Nagel, productrice de céréales de la Saskatchewan et hôte de l’Instagram de la Journée des terroirs du Canada en 2021; Clinton Monchuk, producteur de céréales et de poulet de la Saskatchewan, directeur général de Farm & Food Care Saskatchewan; et Mme Sal Howell, propriétaire du River Café et de la Deane House à Calgary, en Alberta. Je tiens à remercier nos invités de l’Ouest de s’être levés si tôt pour nous rencontrer.

Cherilyn Jolly-Nagel, directrice, Western Canadian Wheat Growers Association : Bonjour à tous. Je vous remercie de m’avoir invitée à vous faire part de mon appui à la création de la Journée canadienne de l'alimentation. Je m’appelle Cherilyn Jolly-Nagel et je suis à l’écoute aujourd’hui depuis ma ferme familiale près de Mossbank, en Saskatchewan. Depuis plus de 100 ans, ma famille cultive ces terres, et nous sommes très fiers d’élever deux filles et plusieurs neveux et nièces dans une collectivité soutenue par l’agriculture. Nous cultivons des lentilles vertes, du canola, du blé dur, parfois des pois chiches et parfois de l’orge. Nous avons aussi des terres qui sont ensemencées en graminées et en luzerne destinées à l’alimentation animale.

La plus grande partie de ce que je cultive est destinée au marché d’exportation. Je ne vends pas ce que je cultive dans les marchés fermiers et je n’emballe pas nos céréales dans des petits sacs avec le magnifique logo familial pour les vendre à l’épicerie. Mes clients sont des sociétés céréalières dont les clients sont des marchés étrangers.

Par exemple, mes lentilles sont destinées à l’Inde. Notre blé dur traverse la frontière américaine ou se rend en Italie. Notre canola est expédié en Chine ou transformé ici, en Saskatchewan, puis expédié sous forme d’huile.

Le sénateur Black a mentionné le rapport Barton, dans lequel on recommande d’accroître nos exportations. Une bonne partie de la discussion de la première séance portait sur l’ajout de valeur à ces exportations, et je suis tout à fait d’accord.

La plus grande partie de ce que je cultive est considérée des « marchandises en vrac », ce qui n’a pas le même attrait que les jolies descriptions d’aliments dont M. Stewart a parlé avec fierté plus tôt. Dans ce contexte, il serait facile de me détacher de la conversation sur l’alimentation. Bien sûr, je cultive des aliments, mais je ne suis qu’un maillon de la chaîne de valeur qui amène les aliments à la table de cuisine. Entre moi, l’agriculteur et le consommateur se trouvent un énorme système de transport, un système de transformation — dont il a aussi été question ce matin — et un service de commercialisation pour chaque entreprise alimentaire.

Chaque année, dans notre ferme, nous cultivons suffisamment de canola pour produire 1,8 million de litres d’huile de canola et nous cultivons suffisamment de blé dur, en moyenne, pour produire plus de 40 millions de portions de pâtes. Je compte donc sur les marchés d’exportation, mais j’ai besoin de la confiance et du soutien des Canadiens pour croître et prospérer. Les règles, les règlements et les tendances alimentaires ont une incidence énorme sur moi comme agricultrice, et je travaille fort pour les influencer lorsque je le peux.

Depuis de nombreuses années, je travaille d’arrache-pied pour trouver des façons créatives de communiquer avec les consommateurs au Canada et partout dans le monde. Le sénateur Oh a parlé de la marque Maple Leaf. Les Aliments Maple Leaf est une marque que l’on trouve partout dans le monde et dont la réputation de qualité n’est plus à faire. D’après mon expérience, surtout avant la COVID-19, les Canadiens tiennent cette marque pour acquise.

Je me suis adressée à de nombreux auditoires et j’ai fait des exposés sur ma ferme et sur les pratiques agricoles modernes que nous utilisons pour produire des aliments sains et salubres. J’ai été invitée à d’innombrables balados. J’ai visité des écoles pour parler aux élèves et aux enseignants de la vie à la ferme. Par l’entremise d’organisations comme Farm & Food Care, nous avons formé d’autres agriculteurs canadiens sur la façon de communiquer avec les consommateurs et d’apaiser les craintes qui sont exacerbées dans les médias sociaux. À titre de conférencière et d’hôtesse du Canada’s Farm Show, j’ai une tribune pour raconter des histoires étonnantes sur le système alimentaire que nous avons au Canada.

Trouver de nouvelles façons de présenter les agriculteurs au monde est amusant et gratifiant. Je suis très fière de notre industrie, et grâce à des initiatives comme la Journée canadienne de l'alimentation, nous continuerons de bâtir la confiance dans les aliments cultivés au Canada.

Ce serait très important pour moi, comme agricultrice, d’avoir une journée consacrée à l’alimentation au Canada, car ce serait une façon de plus d’établir des relations avec les Canadiens et de leur raconter comment leurs aliments se rendent à nos restaurants et à nos tables.

Je veux que les Canadiens sachent que leurs aliments sont cultivés par des gens qui prennent vraiment soin de la terre. Je veux que les Canadiens sachent que leurs aliments sont salubres. À titre d’agricultrice qui vend sur le marché de l’exportation, je dois m’inquiéter des règles et des règlements établis par de nombreux organismes gouvernementaux, y compris les nôtres ici au Canada. Je me réjouis de toute occasion que j’ai d’avoir une influence sur les impressions que les Canadiens ont de l’industrie agricole.

Merci beaucoup du temps que vous nous avez accordé aujourd’hui. J’ai hâte d’entendre vos questions et vos commentaires.

Clinton Monchuk, directeur général, Farm & Food Care Saskatchewan : Bonjour à tous. Merci beaucoup de m’avoir invité à témoigner au sujet du projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation.

En plus de mon poste de directeur général de Farm & Food Care Saskatchewan, je travaille également dans une ferme familiale à l’extérieur de la petite ville de Lanigan, en Saskatchewan, où, avec mon frère, nous possédons et exploitons une ferme céréalière et une entreprise d’œufs de consommation qui s’étend sur 4 400 acres ou — pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas cette région — à peu près l’aire de jeu de 4 400 terrains de football. Comme la famille de Mme Jolly-Nagel, la nôtre exploite cette terre depuis plus de 100 ans. Si Dieu le veut, ce sera dans notre famille pendant encore au moins 100 ans.

Farm & Food Care Saskatchewan compte des membres qui représentent tous les produits de la province de la Saskatchewan, ainsi que des municipalités rurales, des entreprises de transformation, le gouvernement de la Saskatchewan et de nombreuses autres entreprises agroalimentaires. Cela nous ramène à la question de l’ensemble de la chaîne de valeur de l’agriculture. Notre mandat est de veiller à ce que les consommateurs comprennent non seulement d’où proviennent leurs aliments, mais aussi comment les agriculteurs et les éleveurs les produisent au Canada.

Moins de 3 % des Canadiens ont un lien direct avec une ferme ou un ranch au pays, ce qui signifie que les consommateurs se posent beaucoup de questions sur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Grâce à divers programmes de Farm & Food Care et à nos partenariats avec d’autres, nous visons à faire participer les Canadiens à des conversations sur la façon dont leurs aliments sont cultivés, ainsi que sur les technologies modernes utilisées pour le faire. Des initiatives comme Canadian Food Focus ou FarmFood360 tendent littéralement la main à des millions de Canadiens et les sensibilisent chaque mois.

Le projet de loi S-227, loi sur la Journée canadienne de l’alimentation, est une autre initiative qui vise à promouvoir non seulement les aliments canadiens, mais aussi les centaines de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs canadiens qui mettent tout leur cœur et toute leur énergie dans ce qu’ils font. Je pense que vous pouvez confirmer le témoignage de Mme Jolly-Nagel selon qui cela fait vraiment partie intégrante de qui nous sommes et de ce que nous faisons.

Nous savons qu’il y a beaucoup de désinformation sur les aliments qui circule dans les médias sociaux ou dans certaines des conversations que vous avez eues par le passé sur le sujet. Je peux vous dire en toute franchise aujourd’hui que je n’ai jamais rencontré un éleveur ou un agriculteur qui n’était pas fier des aliments qu’il produit dans sa propre ferme ou qui n’en était pas passionné.

L’épine dorsale de tout pays prospère a toujours été la capacité de nourrir sa propre population. Notre pays a vraiment la chance d’avoir une abondance de terres et de ressources naturelles pour faire précisément cela.

En créant des occasions de parler aux Canadiens des avancées dans le domaine de l’alimentation, nous leur permettons de mieux comprendre ce qui est cultivé ici même au pays et la fierté de cette grande industrie agricole. J’ai eu le privilège d’être l’hôte de nombreuses visites de fermes et de participer à de telles visites, y compris accueillir la mère de M. Stewart, Anita, lors d’une visite d’une ferme ici, en Saskatchewan. Chaque visite permet à tout le monde d’en apprendre un peu plus sur l’agriculture, la production alimentaire et l’élevage, ce qui accroît la fierté à l’égard de ce que nous avons ici au Canada. Cette appréciation accrue se traduit par des messages et des commentaires positifs qui résonnent partout au pays auprès de ces personnes.

J’ai toujours dit que si j’avais un financement illimité à Farm & Food Care, j’inviterais les 40 millions de Canadiens à visiter ma ferme et je leur montrerais exactement ce que je fais. Nous savons tous que cela ne se produira pas. Je me croise quand même les doigts pour obtenir du financement à l’avenir, mais je ne pense pas que ce sera possible. Au lieu de cela, nous avons besoin d’occasions comme la Journée canadienne de l’alimentation pour susciter ces conversations afin de parler plus fort et plus fièrement des aliments canadiens.

Je tiens à remercier le Sénat de me donner l’occasion de parler aujourd’hui en faveur du projet de loi S-227, loi sur la Journée canadienne de l’alimentation. Je demande à tous les sénateurs qui nous écoutent de ne pas hésiter à poser des questions et, je l’espère, d’appuyer ce projet de loi. Merci.

Sal Howell, fondatrice et propriétaire, River Café, à titre personnel : Merci beaucoup de m’avoir invitée à participer à ce processus pour appuyer le projet de loi S-227, instituant la Journée canadienne de l’alimentation.

Je suis très honorée d’être ici aujourd’hui. La Journée des terroirs, dans sa forme la plus simple, est une célébration de l’alimentation, l’expérience la plus universelle qui nous unit tous. En désignant une journée pour célébrer les ingrédients du Canada, nous rendons hommage à tous les gens qui cultivent et produisent de bons aliments chez nous, et nous mettons en lumière l’importance et la valeur de nos systèmes alimentaires locaux.

Je suis restauratrice et propriétaire du River Café à Calgary, en Alberta, depuis plus de 30 ans. Notre accueil cultive les liens. La restauration est un événement culturel, et les restaurants sont un salon moderne où se fait la conversation dans les domaines de l’alimentation, de l’écologie, de la durabilité et de l’intendance environnementale.

Nous faisons des choix délibérés et conscients quant à la façon dont nous nous approvisionnons et préparons les ingrédients locaux, et nous défendons les producteurs qui prennent soin de la terre à titre de ressource renouvelable.

Notre restaurant est une très petite communauté de professionnels passionnés de l’alimentation qui comprend des chefs, des boulangers-pâtissiers, des hôtes, des cuisiniers, des serveurs, des gestionnaires et des sommeliers qui sont tous dévoués et profondément engagés envers les ingrédients canadiens locaux et saisonniers.

Cette communauté fait partie d’une communauté alimentaire beaucoup plus vaste qui comprend des producteurs, des cultivateurs, des agriculteurs, des éleveurs, des distillateurs, des brasseurs et des fermenteurs locaux, pour n’en nommer que quelques-uns. Nous tissons également des liens avec la communauté culinaire de chefs et de restaurateurs de notre ville et de partout au pays. Nous échangeons des idées, nous nous influençons les uns les autres et nous nourrissons tous les gens.

Je tiens à remercier Anita Stewart, fondatrice de la Journée des terroirs, pour bon nombre de ces liens. C’est Mme Stewart qui a réuni les mots « cuisine canadienne » plus que qui que soit d’autre que je connais. Dans le cadre de son travail de toute une vie, Mme Stewart a réuni des champions de la cuisine canadienne dans le but commun de défendre la qualité des produits comestibles de notre pays auprès des consommateurs et de les renseigner.

Je pense que la Journée des terroirs est l’occasion de célébrer la riche diversité culinaire et culturelle de notre pays en invitant simplement les gens à magasiner, à cuisiner et à manger des produits canadiens et à faire part de ces expériences, de leurs expériences culinaires, de toutes leurs recettes et de tous leurs récits.

Nous avons participé à une célébration de la Journée des terroirs dans notre restaurant depuis le début, et nous avons vu ce mouvement devenir très fort et très fier. Les Good Food Innovation Awards de l’Université de Guelph ont inspiré de nombreux chefs et restaurateurs, tout comme nous, à relever le défi et à poser la question suivante : « Comment pouvons-nous prôner l’achat local? » Les résultats des menus des restaurants partout au pays ont illustré une exploration extraordinaire des ingrédients régionaux et démontré une innovation culinaire fantastique. Ces menus ont été diffusés sur les médias sociaux et couverts par les journalistes, ce qui alimente la curiosité et l’engagement constants des consommateurs.

Cet engagement est un élément essentiel de l’éducation et de la sensibilisation continues pour le mouvement de l’alimentation locale. Le simple fait d’indiquer la provenance des ingrédients sur les menus des restaurants stimule la conversation, pique la curiosité pour apprendre quelque chose de nouveau, pour partager des histoires. Il est une preuve de respect et établit un lien inestimable avec la ferme ou la région géographique, ce qui donne l’occasion de mettre en lumière les histoires des gens qui se cachent derrière les aliments, où ils sont cultivés et comment ils le sont.

Cela a contribué à la création d’une demande locale sur le marché et à la viabilité des petites fermes et des petits producteurs. Choisir des produits locaux et des produits cultivés au Canada est une source de fierté et une priorité.

Anita Stewart a incarné son mantra, « Le Canada se distingue par son apport alimentaire et toute la planète en bénéficie », en faisant l’exploration et la promotion de la culture alimentaire canadienne et en faisant entendre les voix de la communauté alimentaire canadienne. Même si elle se concentrait sur la nourriture, sa mission et sa philosophie consistaient à établir des liens entre les gens et la terre, tout en faisant activement la promotion de la croissance et de l’étude de notre culture alimentaire distinctement canadienne.

Ce travail n’est pas terminé, et il reste encore beaucoup à faire. La Journée canadienne de l’alimentation, à titre de journée de célébration, continuerait effectivement d’attirer l’attention, de susciter la gratitude et la fierté, de sensibiliser les gens à l’appui de nos communautés alimentaires locales et des gens qui travaillent fort pour nous nourrir aujourd’hui et demain.

Je vous remercie de m’avoir invitée et je suis prête à répondre à vos questions.

Le sénateur Klyne : Madame Howell, je vous remercie de vos commentaires. La philosophie de la ferme à la table a été très utile pour renseigner les Canadiens sur la provenance de leurs aliments et sur les étapes intermédiaires. C’est une chose sur laquelle nous devons continuer de nous concentrer pour les générations futures. D’ailleurs, je pense toujours à la vache bleue et au succès de la commercialisation ainsi qu’à la façon dont cela peut braquer les projecteurs sur les aliments canadiens.

Les deux dernières années ont été difficiles pour l’industrie de la restauration. En votre qualité de restauratrice, que signifierait pour vous et pour le secteur de l’hôtellerie au Canada l’établissement, grâce à ce projet de loi, d’une journée canadienne de l’alimentation? En quoi complétera-t-elle la Journée des terroirs déjà établie?

Mme Howell : Merci. Les deux dernières années ont été difficiles, mais nous sommes ici. La Journée canadienne de l’alimentation, qui mettrait en lumière tout ce dont nous avons parlé, donne l’occasion à un plus grand nombre de consommateurs de s’intéresser aux aliments locaux, aux aliments canadiens.

Nous prenons chaque jour des décisions sur ce que nous choisissons d’acheter pour manger. Nos décisions peuvent avoir un impact. Nous savons, grâce à nos activités menées sur de nombreuses décennies, que nous pouvons utiliser la durabilité comme outil de prise de décisions. Cela touche tous nos achats. Certaines de ces journées, comme l’occasion qui nous est donnée d’établir une journée à souligner, nous permettent de continuer à avoir plus de conversations. Il y a beaucoup de gens qui peuvent venir à notre restaurant et se contenter de simplement manger, sans plus. Ainsi, la mise en valeur d’une journée nationale pourrait susciter la curiosité et les questions, ce qui mènerait à plus de conversations et influerait sur les décisions d’achat au supermarché, au marché des fermiers. Nous savons que la demande des consommateurs peut modifier l’offre et assurer la viabilité de notre industrie.

Le sénateur Klyne : J’ai une autre question à poser à M. Monchuk.

Monsieur Monchuk, votre organisation est une coalition qui réunit de nombreux groupes du secteur agricole. Les appels à une journée canadienne de l’alimentation ont-ils été universels? Quelqu’un a-t-il proposé des méthodes de sensibilisation autres ou différentes? Que peut faire d’autre le gouvernement fédéral pour appuyer l’agriculture canadienne?

M. Monchuk : D’après les discussions que j’ai eues avec les différents groupes de producteurs, absolument tout le monde est en faveur de la Journée canadienne de l’alimentation. Je n’ai entendu aucune organisation s’y opposer. Pour ce qui est des autres possibilités, bien sûr, nous sommes toujours à la recherche d’occasions de mobiliser davantage les consommateurs canadiens et étrangers. Il y a aussi des échanges avec ceux qui achètent nos produits aux États-Unis ou au-delà des océans.

Oui, nous cherchons toujours des occasions. Pour ce qui est de l’appui des gouvernements, la Saskatchewan soutient très fermement les efforts qui visent à renforcer la confiance du public. Nous avons également la possibilité, grâce au gouvernement du Canada, de nous associer à divers programmes, comme le programme Agri-compétitivité, auquel nous participons également. Il existe un solide soutien, sénateur.

Le sénateur C. Deacon : Merci aux témoins. Leurs témoignages sont convaincants.

Parlons de confiance. Lorsque Mme Jolly-Nagel est intervenue — tout comme chacun d’entre vous, en fait — le mot « confiance » me revenait constamment à l’esprit. C’est un bien précieux qu’il faut chérir en cette époque. Notre collègue, la sénatrice Simons, a parlé avec force de la désinformation, de la mésinformation et de la « mal-information » que reçoivent nos organisations sur divers sujets. La confiance est essentielle si nous voulons lutter contre la tendance actuelle dans un monde où on sème la méfiance avec malveillance.

Pour accroître la valeur des aliments canadiens et leur donner la priorité aux yeux des consommateurs à l’échelle mondiale, des efforts comme celui-ci sont importants, car le réseau a des prolongements dans chaque collectivité, de sorte qu’on peut faire appel à la confiance des consommateurs dans divers milieux. C’est particulièrement important sur le plan de l’étiquetage au Canada. Peu de Canadiens comprennent la différence entre « produit du Canada » et « fabriqué au Canada » dans notre étiquetage. J’aime beaucoup avoir des ingrédients et un produit fabriqués au Canada à partir de produits canadiens.

Pourriez-vous nous parler de cette tendance générale? Commençons par Mme Jolly-Nagel et suivons l’ordre dans lequel vous êtes intervenus. Je vous en serais reconnaissant. Merci.

Mme Jolly-Nagel : Je vous remercie à la fois de votre question et de vos observations. Je ne saurais être plus d’accord. Dans mon témoignage de ce matin, j’ai expliqué que j’étais un peu jalouse parce qu’il est beaucoup plus facile d’établir une relation avec l’acheteur quand on le rencontre face à face. Il peut poser ses questions à lui sur le mode de production.

Cette occasion ne se présente pas souvent. Je dois chercher des occasions de rendre visite à des consommateurs qui achètent de l’huile de canola ou des lentilles. Quand on pense à acheter de grosses lentilles vertes, on ne pense pas à la Saskatchewan. La province est pourtant un producteur très important. Elle est le plus grand exportateur de lentilles au monde, mais je n’ai pas souvent l’occasion de répondre directement aux questions des Canadiens qui achètent des lentilles. L’établissement de relations nous aide à établir la confiance. Une journée comme celle qui est proposée est un moyen de plus dont je disposerai quand je rendrai visite à quelqu’un et répondrai aux questions de quiconque s’intéresse à ce qui est cultivé dans mon exploitation, dans ma province et dans notre pays.

M. Monchuk : Ce qui est intéressant au sujet des produits canadiens, c’est que lorsque nous avons fait des études il y a quelque temps sur ce qui est considéré comme production locale, nous avons constaté que, pour la grande majorité des gens, ce qui est canadien est local. C’est vraiment ce que la journée proposée appuie. Les restaurants vont s’approvisionner en ingrédients locaux, ce qui est excellent, mais il est important d’apprécier tous les aliments canadiens, pour être en mesure — comme vous l’avez dit — d’avoir des étiquettes qui précisent : « Produit canadien », qu’il s’agisse d’œufs produits dans mon exploitation ou du blé dur produit dans celle de Mme Jolly-Nagel, et d’être fier de ces produits. Cette journée nous donne l’occasion de participer à ces échanges. C’est un excellent ajout.

Mme Howell : Les restaurants sont les communicateurs qui font le lien entre producteurs et consommateurs. Nous avons l’occasion de parler des ingrédients. C’est par des décisions délibérées que nous choisissons ce que nous allons servir. Tout est canadien. Nous avons l’occasion d’avoir ces échanges, mais la Journée des terroirs du Canada nous permet de collaborer avec d’autres restaurants, restaurateurs et chefs pour propager beaucoup plus largement cette information. Le fait d’avoir une journée désignée nous permet de prendre les choses en main et d’assurer une promotion beaucoup plus vaste.

Le sénateur C. Deacon : J’aime bien cette affirmation : les restaurateurs sont les communicateurs entre les producteurs et les consommateurs.

Le sénateur Oh : Merci aux témoins. C’est probablement l’un des sujets les plus intéressants que nous ayons abordés et l’une des journées les plus importantes pour l’industrie alimentaire canadienne.

Ma question s’adresse à tous les témoins. Selon moi, un des avantages possibles d’une journée canadienne de l’alimentation désignée est d’honorer ceux qui nous fournissent de la nourriture, c’est-à-dire les agriculteurs canadiens.

Voici ma question : quels avantages discernez-vous pour les agriculteurs canadiens, pour les milieux agricoles et, surtout, pour les centres de transformation des aliments? Je souligne autre chose : la diversification de notre société. Tous peuvent apporter leur participation. Le Canada est probablement l’un des meilleurs pays au monde en ce sens qu’on peut trouver tous les types de nourriture dans notre grand pays et dans cette belle ville.

Autre chose encore. Nous sommes confinés depuis deux ans. Il est grand temps que nous allions encourager ces excellents restaurants, petits et grands, dans notre collectivité. Merci.

M. Monchuk : Excellentes observations. La journée proposée donne aux agriculteurs et aux consommateurs l’occasion d’échanger. Une initiative comme celle-là, sénateur, permet d’afficher en ligne de l’information sur des choses que les consommateurs ne comprennent peut-être pas ou encore qui font l’objet de désinformation.

Par exemple, j’utilise des herbicides dans mon exploitation. Si je ne pouvais pas m’en servir, je devrais labourer davantage ma terre. Ce labourage plus intensif nuit à l’environnement. Ces échanges permettent de mieux informer le consommateur des motifs de ce choix de pratique agricole. On parvient donc à une meilleure compréhension des pratiques des agriculteurs et des éleveurs et à une meilleure confiance en eux.

Votre observation sur la valeur ajoutée — Mme Jolly-Nagel en a parlé —, au sujet de la transformation, concerne plus particulièrement la Saskatchewan, où on commence à sentir les effets d’une augmentation du nombre d’usines de trituration du canola. On sait mieux comment le canola, cette plante aux belles fleurs jaunes génétiquement créée au Manitoba et en Saskatchewan, donne cette huile merveilleuse et saine qui est vendue non seulement au Canada, mais aussi partout dans le monde.

Le sénateur Oh : Merci.

Mme Jolly-Nagel : Vous avez dit ce matin une chose qui m’a bien plu : le monde nous regarde. Si nous soulignons la Journée des terroirs du Canada, dont le but est d’établir un lien avec les consommateurs canadiens, le monde entier peut aussi profiter de cet échange. Comme M. Monchuk l’a dit, les Canadiens ont la possibilité de poser des questions directement aux agriculteurs, qu’ils ne connaissent pas, et le monde entier peut entendre aussi bien la question que la réponse.

Nous nous réjouissons à l’idée d’avoir de nouvelles occasions, grâce au mot-clic de la Journée des terroirs du Canada et à la marque, qui nous donnent une autre plateforme pour faire savoir ce qui se passe vraiment dans les exploitations aujourd’hui. M. Monchuk a parlé de l’utilisation d’herbicides. Il peut s’agir d’un sujet controversé, mais lorsqu’on aborde la question au cours d’une conversation sur l’alimentation, c’est plus simple, plus facile, moins litigieux.

À l’échelle mondiale, on parle beaucoup de l’utilisation des engrais et de la réduction de leur utilisation. Les engrais sont extrêmement importants pour l’agricultrice que je suis. Si je peux établir une relation avec quelqu’un en parlant de lentilles ou d’huile de canola et discuter des répercussions de l’utilisation des engrais, de la taxe sur le carbone ou de diverses autres questions liées à l’agriculture, c’est un énorme avantage pour moi.

Le sénateur Cotter : Merci. Je suis un sénateur de la Saskatchewan, et cet échange a été rassurant et inspirant de deux points de vue. J’en remercie chacun des témoins.

J’ai deux questions à poser. La première s’adresse probablement à Mme Jolly-Nagel et à M. Monchuk et porte sur la marque du Canada. Nous appuierons certainement tous l’initiative concernant la Journée canadienne de l’alimentation. Mes questions s’appuient là-dessus. Il s’agit de la marque du Canada dans le domaine alimentaire, que nous tenons en haute estime chez nous, mais notre position au sujet de l’indication du pays d’origine dans l’étiquetage n’est pas uniforme pour beaucoup de produits canadiens, notamment agricoles. Quelle est votre opinion?

Je pourrais peut-être poser tout de suite ma deuxième question, qui s’adresse à Mme Howell. J’ai été ravi de voir que vous comparaissiez comme témoin. Pendant votre intervention, j’ai consulté le site Web du restaurant River Café. C’est l’un des restaurants que nous préférons, ma conjointe et moi. J’ai été réconforté rien qu’en regardant les photos sur votre site Web.

Permettez-moi de dire ceci : j’ai dîné à votre restaurant à quelques reprises, et ce fut une expérience merveilleuse, mais je n’avais jamais songé à l’origine des aliments que vous apprêtez. J’ignore si c’est ma faute ou si c’est vous qui n’en parlez pas suffisamment. Sur votre site Web, cela ne saute pas aux yeux. Les restaurants, partout au Canada, pourraient-ils se donner une stratégie pour présenter plus efficacement l’origine des aliments ou bien est-ce que ce sont les gens comme moi qui doivent faire un peu plus attention?

La vice-présidente : Commençons par la réponse de Mme Howell, parce qu’elle n’a pas pu répondre à la dernière question.

Mme Howell : Je vous remercie de vos bons mots. C’est une excellente question.

Combien d’information? Combien pouvons-nous en donner? Vous pouvez fouiller un peu plus notre site Web et trouver beaucoup de choses sur notre conception de la restauration, nos décisions d’achat, notre engagement à l’égard de la durabilité et ce que nous choisissons de faire, mais sur le menu, les possibilités sont limitées. La provenance des ingrédients est très importante pour nous; nous pouvons indiquer l’exploitation ou la région d’où ils viennent. Nos serveurs essaient de voir à qui ils ont affaire. Certains clients veulent entendre une histoire, veulent beaucoup d’information et posent des questions. D’autres sont plus intéressés par les autres convives. Nous nous adaptons sans cesse. Nous parlons donc de l’origine des produits et nous sommes prêts à expliquer beaucoup de choses.

Mais la Journée des terroirs du Canada comme point de ralliement nous offre une autre façon de dire tout cela, par exemple sur les médias sociaux ou en organisant des activités en collaboration avec les agriculteurs, les producteurs ou les chefs auxquelles nous convions tous les médias et parlons de ce que nous faisons pour donner cette information. Nous communiquons de multiples façons.

C’est une excellente observation, et je vais revoir mon site Web pour m’assurer que nous mettons le plus d’information possible au premier plan, mais c’est compliqué. Nous sommes engagés, et nous travaillons très fort pour bâtir notre réputation en disant comment nous choisissons nos ingrédients, et nous trouvons des façons de le faire. Je dirai simplement que la Journée des terroirs du Canada amplifie dans tout notre pays l’information donnée sur ce que nous faisons. Cela donne une grande fierté, et je sais que cela influence les consommateurs en général.

Le sénateur Cotter : Merci. C’est très éclairant.

La vice-présidente : Madame Jolly-Nagel, il nous reste environ une minute si vous voulez répondre à l’autre question.

Mme Jolly-Nagel : Merci beaucoup.

Sénateur Cotter, j’ai beaucoup aimé ce que vous avez dit de notre marque et de notre interprétation quelque peu confuse de l’étiquetage du pays d’origine et de la marque du Canada.

En tant qu’agricultrice de la Saskatchewan, je me sens extrêmement vulnérable. Je fais partie d’un ensemble complexe, mais je dépends de nombreux autres éléments de la chaîne d’approvisionnement et de la chaîne de valeur. J’appuie sans réserve l’image de marque du Canada, et je crois qu’elle est toujours bonne, qu’elle est un symbole de qualité dans le monde entier, mais je m’en voudrais de ne pas dire à quel point je me sens vulnérable en tant que productrice, car notre réputation compte tellement et dépend entièrement de la fiabilité. Je crains que nous ne soyons pas aussi fiables que nous le devrions si nous voulons maintenir notre réputation. Il y a des grèves dans les transports ferroviaires ou sur la côte ou encore d’autres problèmes. Même pour le transport en hiver et l’acheminement de nos produits vers la côte, nous ne sommes pas aussi fiables qu’il le faudrait. En somme, je me sens très vulnérable en tant que productrice d’aliments qui dépend de la réputation du Canada.

Le sénateur Black : Madame Jolly-Nagel, la Journée des terroirs du Canada est célébrée sous une forme ou une autre depuis la crise de l’ESB, en 2003. Pour que nous sachions à quoi nous en tenir, pensez-vous que votre exploitation et les milieux de l’agriculture et de l’agroalimentaire ont tiré parti de cette célébration? Les Canadiens qui sont en dehors de ce secteur en bénéficient-ils? Qu’en pensez-vous?

Mme Jolly-Nagel : Oui, bien sûr. Je dirais oui et je me félicite de toute occasion que nous avons de mettre en valeur l’agriculture canadienne, surtout pour ceux d’entre nous qui dépendent de l’exportation. Nous n’avons pas suffisamment d’occasions de parler directement aux Canadiens de ce que nous cultivons. J’apprécie beaucoup cette initiative. Mon exploitation en a bénéficié, mais il y a plus : l’ensemble de l’industrie et du secteur, la chaîne d’approvisionnement à laquelle je reviens constamment, dépendent beaucoup d’initiatives comme celle-ci pour s’assurer que les Canadiens comprennent bien le bon travail que fait l’agriculture canadienne.

Le sénateur Black : Madame Howell, pouvez-vous nous citer les trois principaux avantages que vous avez tirés de votre expérience de la Journée des terroirs du Canada? Et à l’inverse, y a-t-il eu quoi que ce soit de négatif concernant votre participation à cette journée?

Mme Howell : Trois principaux avantages? Je ne vois rien de négatif qui se soit produit. Il s’agit de célébrer la bonne alimentation comme une expérience universelle. Mais c’est l’occasion d’en dire davantage sur ce que nous faisons et pourquoi, et de parler des producteurs et des ingrédients, et nous sommes fiers de choisir des produits canadiens.

Notre garde-manger varie selon les périodes de l’année. En été, au plus fort de la saison, nous pouvons nous fournir auprès de producteurs situés tout près, après quoi il faut aller chercher les produits plus loin. Cela va de l’Alberta à la Colombie-Britannique. Nous nous approvisionnons partout au Canada, mais optons le plus possible pour des produits canadiens, régionaux et même locaux. C’est l’occasion de donner de l’information, et c’est une excuse pour inviter les médias à la propager.

Le sénateur Black : Ma prochaine question s’adresse à M. Monchuk. Votre coalition réunit d’autres organisations. D’autres témoins nous l’ont dit. Est-ce que la Journée des terroirs du Canada et la Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation vous donneront, à vous et à votre organisation, des occasions de collaborer avec d’autres organisations et d’encourager le soutien de l’agriculture et de l’agroalimentaire à l’échelle locale?

M. Monchuk : Tout à fait. Cela nous donne l’occasion non seulement d’établir un partenariat avec Crystal Mackay et Jeff Stewart dans le cadre de la Journée de l’alimentation au Canada, mais aussi de travailler avec d’autres groupes, qu’il s’agisse d’entreprises agroalimentaires ou du Centre canadien pour l’intégrité des aliments, quelle que soit l’organisation qui amplifie ou aspire à amplifier la voix des agriculteurs et des éleveurs canadiens. Oui, c’est une occasion en or.

Le sénateur Black : Merci beaucoup.

Le sénateur Wetston : Je tiens à dire au sénateur Black que j’appuie à fond son projet de loi, dont je reconnais l’importance non seulement pour les témoins qui sont ici pour l’appuyer, mais aussi pour l’ensemble des Canadiens. Je vous félicite d’avoir présenté cette mesure.

Je voudrais m’étendre un peu sur certains des témoignages d’aujourd’hui, que je trouve très intéressants et très encourageants. Comme Canadien et comme sénateur, je suis très fier du travail du milieu agricole, très fier de celui des restaurateurs, qui ont été plongés dans une crise pendant deux ans.

Ma première question se rattache à des propos de Mme Jolly-Nagel. Si j’ai bien compris, son entreprise est tournée surtout vers l’exportation. On observe au niveau international une évolution qui donne à penser que nous devrions, au niveau national, assurer une plus grande sécurité pour ce que nous faisons chez nous, qu’il s’agisse de questions liées à la chaîne d’approvisionnement, à la mondialisation ou à la sécurité. Ma question s’adresse peut-être aussi à M. Monchuk, mais je me demande pourquoi votre entreprise semble être entièrement tournée — et je ne suis pas certain que ce soit le cas de M. Monchuk — vers les exportations et non sur l’offre intérieure? C’est ma première question, dont j’avoue qu’elle n’a pas beaucoup à voir avec la célébration de la Journée canadienne de l’alimentation.

Voici ma deuxième question : où en sont les transformateurs et les détaillants de produits alimentaires au Canada par rapport à la question à l’étude aujourd’hui?

La vice-présidente : Madame Jolly-Nagel, à vous la parole.

Mme Jolly-Nagel : Merci beaucoup de votre question sur la sécurité nationale.

Je suis également membre du conseil international de Réseau mondial fermier. Cela me donne, en tant qu’agricultrice canadienne, l’occasion d’entendre mes pairs du monde entier. Il ne fait aucun doute qu’une des particularités qui me mettent à part est que je n’ai jamais connu la pauvreté, la famine ou l’insécurité alimentaire. La pénurie de papier hygiénique au moment de la COVID-19 est ce que j’ai connu qui ressemble le plus à une rupture d’approvisionnement. Cela m’a ouvert les yeux.

Nous constatons maintenant, avec la guerre en Ukraine, que les attentes en matière de sécurité alimentaire au niveau national sont plus élevées. Il ne fait aucun doute que je préférerais dépendre moins du marché des exportations, mais cela ne m’inquiète pas. Je sais que le Canada produit beaucoup plus que ce que nous pouvons consommer à l’intérieur de nos frontières. Alors qu’il y a 35 millions de Canadiens — si vous vous souvenez de mon témoignage de ce matin —, notre exploitation familiale produira suffisamment de blé pour 43 millions de portions de spaghetti cette année. C’est la production d’une seule exploitation pendant une seule année.

Je suis fière que nous ayons la capacité de produire autant, mais la réalité, c’est que nous produisons beaucoup plus que ce que nous pouvons consommer chez nous. Je travaille fort pour accroître la valeur ajoutée de chacune de mes productions, qu’il s’agisse d’une augmentation du volume des produits à base de plantes, puisque je cultive des pois chiches et des lentilles, ou de nouvelles usines de pâtes alimentaires établies au Canada ou encore de la transformation du canola. Vous avez tous entendu parler des annonces faites en Saskatchewan concernant l’augmentation de la transformation du canola.

Nous y arrivons et nous nous améliorons. Nous reconnaissons les possibilités d’ajouter de la valeur à ces produits en vrac. Mais entretemps, nous dépendons encore beaucoup du marché de l’exportation. J’en suis fière. Je suis très fière de discuter avec mes collègues agriculteurs du monde entier, avec les transformateurs et tous les autres et de leur dire que le Canada est bien placé pour leur fournir les ingrédients dont ils auront besoin et qu’il est prêt à le faire.

M. Monchuk : En tant qu’agriculteurs, nous voulons produire des aliments d’abord pour les Canadiens. En réalité, comme l’a dit Mme Jolly-Nagel, nous produisons des tonnes d’aliments, surtout dans les Prairies. Il est vrai que mon exploitation ovocole est soumise à la gestion de l’offre, mais elle approvisionne en œufs les consommateurs de la Saskatchewan. Quant à mes exportations — les céréales, les oléagineux et les légumineuses —, nous voulons d’abord nourrir les Canadiens, mais la réalité, c’est que nous en produisons tellement que nous devons exporter. Cela influence nos prix et, au bout du compte, nous avons besoin des exportations pour dégager des profits.

Le sénateur Klyne : Ma dernière question s’adresse à Mme Howell, mais je serais heureux que d’autres témoins y répondent aussi.

Tout comme mon bon ami et collègue, le sénateur Cotter, et les experts qui sont là, je suis fier moi aussi des divers secteurs d’activité de la Saskatchewan, et il est difficile de ne pas être fier du secteur de l’alimentation et de l’agriculture. Je ne dirais pas que cette activité est omniprésente, mais quand on se promène sur les routes au moment de la récolte, c’est presque le cas. Nous avons aussi la Canadian Western Agribition et le Farm Progress Show, deux grandes manifestations qui attirent des visiteurs étrangers.

Pour ajouter à ce qu’a dit Mme Jolly-Nagel, la Saskatchewan est le plus grand exportateur de pois, de lentilles, de blé dur, de graines de moutarde, de canola, de lin et d’avoine. À ce jour, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi la moutarde French est fabriquée à Montréal, mais nous produisons toutes les graines de moutarde qui entrent dans sa confection. Quoi qu’il en soit, c’est peut-être quelque chose que Sabi Marwah voudrait examiner.

Ma question porte sur la Journée des terroirs du Canada. Il s’agit de la plus importante et ancienne célébration des aliments canadiens. C’est l’occasion pour tous les Canadiens de manifester leur appui à nos chefs, à nos agriculteurs, à nos pêcheurs et à nos producteurs régionaux, et de célébrer la diversité culinaire du Canada. C’est aussi une journée qui permet d’explorer les idées de souveraineté et de sécurité alimentaires, ce qui est en train de devenir un point d’intérêt primordial.

En quoi le projet de loi donnera-t-il une nouvelle plateforme pour renforcer et promouvoir le message que vous voulez diffuser, étant donné la foule de choses que nous faisons déjà avec la Journée des terroirs du Canada, qui est la célébration la plus importante et la plus ancienne des aliments canadiens? Comment le projet de loi nous ferait-il passer à un autre niveau? Qu’arrivera-t-il si nous n’adoptons pas le projet de loi?

Mme Howell : La Journée canadienne de l’alimentation nous donne une plateforme qui sert à l’information et à la sensibilisation et soutiendra ces échanges. Elle insufflera beaucoup de dynamisme. Nous nous imposons des normes d’achat ou nous choisissons certaines façons de nous approvisionner parce que c’est vraiment important. Il est crucial que nous puissions expliquer pourquoi c’est important.

D’une certaine façon, la Journée canadienne de l’alimentation, en tant que journée désignée à l’échelle nationale, confirme la valeur de tous ces échanges. Cette journée donnera un nouvel élan à tous les partenaires de la production alimentaire au Canada. Nous sommes toujours en train de résoudre des problèmes. Le fait que nous ne nous approvisionnions que localement nous oblige à retourner voir les agriculteurs et les autres producteurs, et nous réglons toutes sortes de problèmes. Nous cherchons des façons de faire les choses différemment, et nous nous donnons mutuellement de la rétroaction. Notre demande crée des produits-créneaux.

Pouvons-nous encourager davantage la transformation? Cela nous aidera-t-il à donner plus de financement et d’incitatifs aux transformateurs pour qu’ils fassent à partir des ingrédients extraordinaires que nous produisons au Canada des produits à valeur ajoutée que nous pourrons continuer de consommer et de vendre?

Il est choquant de constater que les graines de moutarde du Canada se retrouvent partout dans le monde et reviennent ensuite dans nos supermarchés, transformées dans un autre pays. Nous pouvons changer cela.

Mme Jolly-Nagel : Mme Howell a dit les choses succinctement. Cette journée confirmera notre impact, mon impact comme agricultrice. Non seulement l’impact que nous avons sur la sécurité alimentaire du Canada, comme on l’a déjà dit, mais aussi notre impact en tant qu’industrie. Nous contribuons au PIB et à l’approvisionnement alimentaire dans le monde. La Journée canadienne de l’alimentation confirmera notre valeur.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Je remercie nos témoins d’aujourd’hui.

[Traduction]

Bien sûr, nous ne pouvons pas imposer ce que chaque organisation intéressée fera au cours de cette journée de l’alimentation, mais en écoutant les deux groupes de témoins, j’ai beaucoup appris.

Ma question est la suivante : pensez-vous que ce devrait être une priorité, étant donné les messages que nous entendons aujourd’hui, soit que la journée de l’alimentation devrait servir à transmettre ces messages aux enfants et aux écoles? Dans quelle mesure est-il important de sensibiliser la population? Nous parlons de sécurité alimentaire et de tout le reste, mais comment pouvons-nous nous assurer que le message se rend jusqu’aux très jeunes enfants? Est-ce important, selon vous?

M. Monchuk : Tout à fait, oui.

La sénatrice Petitclerc : En faisons-nous assez?

M. Monchuk : Il y a des organisations qui font exactement cela, comme Agriculture dans la classe, que nous appuyons fermement et avec lesquelles nous collaborons. En fait, il y aura une journée en juin où nous fournirons des repas à six écoles de la Saskatchewan. Nous essayons d’en faire une occasion intéressante. Nous avons un jeu-questionnaire qui invite les enfants à deviner les réponses à des questions sur les agriculteurs et les éleveurs et sur la provenance de leurs aliments. Cette participation à un jeune âge permet cet engagement.

Voici un exemple anecdotique. Ma mère a fait visiter sa ferme laitière depuis je ne sais trop quand jusqu’à la vente de l’exploitation. Une de mes amies a fait cette visite lorsqu’elle était chez les Brownies, ou peu importe comment on appelait ce mouvement à l’époque. Elle a regardé une vidéo qui donnait une image négative de l’industrie laitière il y a environ cinq ans. Elle est revenue me voir et m’a dit : « Vous savez quoi? J’ai vu comment vous traitiez vos vaches, et je sais que ce n’est pas ainsi que les producteurs laitiers canadiens s’occupent de leur bétail. » Cela m’a donné un sentiment de fierté. Ce qu’elle a vu à un très jeune âge est resté ancré chez elle, et cela a changé sa vision de l’industrie laitière pour le reste de sa vie. Donc, oui, je suis tout à fait d’accord : les enfants doivent aussi participer.

Mme Howell : J’ai une certaine expérience personnelle de la même nature. Nous invitons une école primaire, et des élèves viennent dans notre restaurant une journée par année et apprennent comment servir les repas. Ils participent à des ateliers de préparation des aliments. Ils apprennent à préparer la salle à manger. Ils viennent récolter des ingrédients de notre jardin qui entoure le restaurant. Je sais que cela a un effet incroyable. C’est l’un de nos jours préférés de l’année.

Une journée de l’alimentation désignée au Canada permettra à un plus grand nombre de personnes de profiter de ces possibilités. Oui, nous devons absolument parler à tous les enfants de l’alimentation, de ce qu’est une bonne alimentation.

Mme Jolly-Nagel : Je suis mère. Il me paraît extrêmement important que nos filles qui grandissent ici, à la ferme, connaissent notre exploitation et nos pratiques agricoles. Il n’y a rien de plus amusant que d’aller dans les écoles. Je le fais assez régulièrement. Les concierges ne m’aiment pas beaucoup parce que j’apporte de gros bacs à linge remplis de graines de canola et de lentilles. Je laisse les enfants y plonger les mains et jouer avec nos produits. Mais c’est vraiment une occasion amusante pour nous d’entrer en contact avec eux. S’il y avait plus de Canadiens bien informés qui sortaient de l’école secondaire, cela aurait un impact énorme sur les tendances alimentaires et sur certaines des autres questions que nous avons soulevées aujourd’hui au sujet de l’utilisation des engrais et des herbicides. Ces efforts apportent des avantages durables pour nous.

Le sénateur C. Deacon : Cela m’a rappelé ma jeunesse et la foire de Markham, où les enfants apprenaient à faire de la pizza. Mais tout a commencé avec une moissonneuse-batteuse, des produits laitiers et du porc. On leur a montré d’où venaient les aliments. C’était très instructif et très intéressant pour eux.

Ma question s’adresse à vous, qui êtes des défenseurs passionnés de la Journée des terroirs du Canada. Étant donné que cette journée et la Journée canadienne de l’alimentation seront étroitement liées, comment participez-vous à la gouvernance de cette journée ou à la façon dont la collectivité s’y attachera à l’avenir? Quel rôle jouez-vous à cet égard et contribuez-vous à faire en sorte que, à l’avenir, cette marque inspire vraiment la confiance que vous suscitez dans vos collectivités? Merci.

Mme Jolly-Nagel : J’essayais de faire quelques calculs. Si je regarde par la fenêtre, mon voisin le plus proche se trouve à des kilomètres et des kilomètres. Je viens peut-être d’une génération qui n’aime pas particulièrement les médias sociaux, et je vais avouer officiellement que je ne les aime pas, mais il y a tellement d’avantages à pouvoir communiquer avec tant de gens en même temps.

Je ne suis pas comme M. Monchuk. Je ne veux pas que 40 millions de personnes débarquent dans mon exploitation. Tous les membres de ma famille lanceraient un boycottage. Cela ne leur plairait pas. Mais si nous pouvons consacrer une journée à la prise de photos, à l’élaboration d’un récit, pour cette initiative, mon exploitation peut avoir une incidence sur les échanges sur l’alimentation, comme le peuvent tant d’autres agriculteurs qui choisissent de participer à cette journée.

Mme Howell : Je me considère comme une ambassadrice de la Journée des terroirs du Canada. Je sais que j’aurai de nombreuses conversations avec Mme Mackay, M. Stewart et tous les autres bénévoles. J’ai déjà de nombreuses relations avec d’autres restaurateurs et chefs cuisiniers aux quatre coins du Canada. Nous allons continuer de réfléchir à ce que nous allons faire et à la façon dont nous allons inviter plus de gens à la fête.

M. Monchuk : Sénateur, cela crée un mouvement. Si je considère la façon dont nous mobilisons les autres, je constate que nous créons un élan qui prend de l’ampleur en faveur des aliments canadiens. Je crois que tout cela va prendre de l’ampleur et s’améliorer à l’avenir, et je suis très fier d’être partie prenante.

La vice-présidente : J’ai maintenant très faim. Merci, madame Jolly-Nagel, monsieur Monchuk et madame Howell, de votre participation et de votre aide au cours de ces délibérations. Je remercie tous les membres du comité de leur participation active et de leurs questions très réfléchies.

La semaine prochaine, nous prévoyons passer à l’étude article par article du projet de loi. Les membres du comité qui ont l’intention de proposer des amendements sont invités à consulter le Bureau du légiste du Sénat pour s’assurer que les amendements sont rédigés correctement et dans les deux langues officielles. Le Bureau du légiste fournit des conseils confidentiels et des services de rédaction législative à tous les sénateurs. Ces consultations devraient commencer le plus tôt possible afin qu’il y ait assez de temps pour la rédaction et la traduction de vos amendements.

[Français]

Il est également utile d’envoyer à l’avance vos amendements à la greffière du comité, ce qui lui permettra d’organiser et de distribuer les copies pour les réunions. Veuillez noter que votre amendement sera traité de manière confidentielle et ne sera pas distribué avant la réunion, sauf si vous le souhaitez.

[Traduction]

Après l’étude article par article, le comité voudra peut-être annexer des observations au rapport. Il est recommandé que les membres fournissent leurs ébauches. Le texte doit être court et dans les deux langues officielles. Encore une fois, la greffière peut aider vos bureaux à prendre les dispositions nécessaires pour la traduction, au besoin. L’ordre du jour étant épuisé, honorables sénateurs, je lève la séance.

(La séance est levée.)

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