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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le jeudi 2 juin 2022

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 9 h 2 (HE), avec vidéoconférence; et à huis clos, pour examiner, afin d’en faire rapport, les questions concernant l’agriculture et les forêts en général.

Le sénateur Robert Black (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Chers collègues, avant de commencer, j’invite les sénateurs et les témoins à désactiver leur microphone en tout temps, sauf lorsque la présidence leur donne la parole. En cas de difficultés techniques, notamment au sujet de l’interprétation, veuillez m’en informer ou en informer la greffière, et nous nous efforcerons de régler le problème. Si vous éprouvez d’autres difficultés, veuillez communiquer avec le bureau de service ISD au numéro d’assistance technique qui vous a été fourni.

L’utilisation de plateformes en ligne ne garantit pas la confidentialité de ce qui y est dit et ne garantit pas non plus qu’il ne puisse y avoir d’écoute illicite. Ainsi, durant les réunions du comité, tous les participants doivent donc être conscients de ces limites et prendre garde à restreindre la divulgation éventuelle de renseignements de nature confidentielle, privée et privilégiée du Sénat. Les sénateurs devraient y participer depuis un lieu privé et être attentifs à leur entourage pour éviter de communiquer par inadvertance des renseignements personnels susceptibles d’être utilisés pour identifier leur emplacement.

Sur ce, bonjour à tous. J’aimerais commencer par souhaiter la bienvenue aux membres du comité, ainsi qu’à nos témoins et à tous ceux qui nous regardent sur le Web. Je m’appelle Robert Black. Je suis sénateur de l’Ontario et président de ce comité.

J’aimerais vous présenter les membres du Comité de l’agriculture et des forêts, en commençant par notre vice-présidente, la sénatrice Simons, de l’Alberta. Nous avons également le sénateur Cotter, de la Saskatchewan; le sénateur Deacon, de la Nouvelle-Écosse; le sénateur Klyne, de la Saskatchewan; le sénateur Marwah, de l’Ontario; le sénateur Oh, de Mississauga, c’est-à-dire de l’Ontario; la sénatrice Petitclerc, de Grandville; et le sénateur Wetston, de l’Ontario.

Aujourd’hui, le comité poursuit son étude sur les inondations et sur les mesures de rétablissement en Colombie-Britannique. Je souhaite la bienvenue à Bruce Bosch, maire de la Ville de Sumas, dans l’État de Washington, aux États-Unis; à Francis Zwiers, directeur du Pacific Climate Impacts Consortium, à l’Université de Victoria; et à Brett Gilley, professeur agrégé au Département des sciences de la terre, des océans et de l’atmosphère de l’Université de la Colombie-Britannique. Merci d’être parmi nous.

Nous entendrons d’abord vos exposés. Vous aurez cinq minutes chacun, et je lèverai la main pour vous le signaler quand il vous restera une minute. Vous avez la parole, monsieur Bosch.

Bruce Bosch, maire, Ville de Sumas, Washington, États-Unis : Bonjour. Je suis le maire Bosch. Je vis à Sumas, dans l’État de Washington. J’ai commencé mon mandat de maire le 1er janvier, ou à la fin de l’année dernière, juste après l’inondation.

L’inondation du 15 novembre a été dévastatrice pour notre communauté. De 75 à 80 % des maisons ont subi des dégâts considérables. Environ 40 % de ces maisons sont toujours inhabitables, jusqu’à ce qu’on puisse y effectuer les réparations et le nettoyage nécessaires.

La ville de Sumas a reçu environ trois à six pieds d’eau de la rivière Nooksack, selon la topographie des maisons dans la région. On dit que cela ne s’était probablement pas vu depuis 100 à 500 ans. On est encore en train de compiler les données à ce sujet, sur la base des études de l’Agence fédérale de gestion des urgences, ou FEMA, et des études du comté.

Quand l’eau a déferlé, elle a renversé des wagons et détruit des voies ferrées. Toutes nos entreprises ont été touchées. Notre zone industrielle a reçu quatre ou cinq pieds d’eau. Nous avons perdu les communications. Nous avons perdu l’électricité. Les habitants ont dû être secourus parce qu’on nous avait dit de rester chez nous ou de rester sur place pendant l’inondation, alors les agriculteurs du coin ont dû venir avec leurs tracteurs, comme ceux qui avaient des bateaux, pour extirper les gens de leurs maisons et sauver les animaux, entre autres.

Nous sommes toujours en processus de rétablissement, de reconstruction de notre ville. La reconstruction de l’hôtel de ville est enfin commencée. Beaucoup d’efforts de nettoyage sont en cours. Nous commençons à voir la lumière, mais nous avons encore bien du chemin à parcourir.

Je ne suis pas vraiment sûr de pouvoir fournir beaucoup plus d’informations, à moins que vous ne cherchiez quelque chose de précis.

Le président : Merci, monsieur Bosch.

Francis Zwiers, directeur, Pacific Climate Impacts Consortium, Université de Victoria : Bonjour à tous. Je suis de l’Université de Victoria. J’aimerais reconnaître que je me trouve sur le territoire traditionnel du peuple Lekwungen, où se situe l’Université de Victoria, et exprimer mon respect à ce peuple, ainsi qu’aux peuples Songhees, Esquimalt et W̱SÁNEĆ, dont les relations historiques avec les terres se poursuivent encore aujourd’hui.

Je suis statisticien de formation. J’ai fait carrière comme climatologue, à la fois au sein du gouvernement fédéral et à l’Université de Victoria. Je commencerai par vous donner un aperçu du changement climatique et de ses conséquences sur l’évolution des précipitations extrêmes.

La température moyenne de l’air à la surface du globe au cours des deux dernières décennies, soit les deux premières décennies du XXIe siècle, a été supérieure d’environ un degré Celsius à celle de la période préindustrielle, soit de 1850 à 1900. Le Canada s’est réchauffé environ deux fois plus vite que la moyenne de la planète, et plus de deux fois plus vite encore dans le Nord. Ce réchauffement est dû presque entièrement à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre attribuable à l’utilisation de combustibles fossiles. Les données scientifiques à l’appui de ce constat sont maintenant pratiquement incontestables.

L’impact sur les précipitations extrêmes, d’après la théorie et les modèles climatiques, porte à croire que l’intensité des précipitations extrêmes augmentera de 6 à 7 % pour chaque degré de réchauffement. Les tendances à long terme en matière de précipitations extrêmes observées dans les stations météorologiques du monde entier le confirment. Les tendances locales sont toutefois les plus visibles, ce qui signifie que si vous regardez le bilan des précipitations dans votre coin de pays, il est probable que vous ne puissiez pas y voir de tendances. Quoi qu’il en soit, les données scientifiques indiquent que l’augmentation des gaz à effet de serre a fait croître le risque d’événements de précipitations extrêmes, y compris en Amérique du Nord. Il faut examiner les données sur de vastes zones pour être en mesure de le constater. Tout indique que ce risque ne fera qu’augmenter à l’avenir.

L’inondation de novembre 2021 a été causée par une rivière atmosphérique intense, un phénomène qu’on appelle souvent au Canada la dépression en provenance d’Hawaï. Il s’agit d’un flux de vapeur d’eau traversant le Pacifique, qui prend naissance dans les régions subtropicales. La rivière atmosphérique qui s’est formée dans ce cas-ci a suivi la vallée du Fraser d’une manière qui a permis à l’humidité de pénétrer relativement profondément dans le Sud-Ouest de la Colombie-Britannique, chose assez inhabituelle. En ce qui concerne la fréquence de ce genre de phénomène, toutefois, on estime qu’une telle rivière atmosphérique se forme environ 1 fois tous les 12 ans, ce qui n’est donc pas si inhabituel.

Le soulèvement de l’air humide par les montagnes entourant la vallée du Fraser a causé de grandes quantités de précipitations sur une période de deux jours. C’est pourquoi des précipitations de plus de 300 millimètres ont été enregistrées dans certaines parties du Sud-Ouest de l’île de Vancouver et dans les montagnes entourant la vallée. On estime qu’une telle abondance des précipitations ne s’observe qu’une fois tous les 50 ou 100 ans dans les zones touchées, selon la source de données utilisée. Comme le maire l’a mentionné, ces chiffres sont vraiment incertains.

Les fortes précipitations et les conditions atmosphériques chaudes pendant l’événement ont produit des débits élevés et dommageables dans plusieurs bassins fluviaux, notamment ceux des rivières Nooksack, Chilliwack, Coquihalla, Coldwater, Similkameen et Tulameen. Les débits enregistrés dans certains de ces bassins dépassent les niveaux de 1 année sur 100, mais là encore, comme on l’a dit, il s’agit d’une estimation extrêmement incertaine. Les jauges elles-mêmes sont endommagées au cours d’un événement extrême de cette ampleur, et la forme du fond de la rivière change. Il est donc très difficile au départ d’estimer les débits extrêmes par la simple mesure de la hauteur de la rivière et de la vitesse du courant.

Concernant les causes de l’inondation de novembre 2021 en Colombie-Britannique et à Sumas, dans l’État de Washington, les précipitations induites par la rivière atmosphérique ont été le facteur dominant. Entre un sixième et un tiers de l’eau qui est venue gonfler les bassins fluviaux que notre groupe à étudiés provenait de la fonte des neiges qui accompagnait la rivière atmosphérique. L’état préalable des bassins fluviaux peut avoir influencé la probabilité et l’intensité des inondations. La région avait connu des conditions très humides au cours des six semaines précédentes; les bassins fluviaux étaient déjà saturés d’eau. Certains supposent aussi que l’augmentation du débit des cours d’eau attribuable aux précipitations et à la fonte des neiges a également pu être influencée par l’altération des propriétés de la surface du sol causées par les feux de forêt ou le dôme de chaleur de juin 2021, mais à ce stade-ci, cela reste hypothétique.

L’analyse d’un grand nombre de données de modèles climatiques et hydrologiques porte à conclure que le changement climatique induit par l’homme a fait augmenter d’environ 50 % la probabilité de l’événement causé par la rivière atmosphérique et des précipitations qui se sont produites, en plus de faire doubler également la probabilité que le débit dépasse le niveau de 1 année sur 100 dans les bassins fluviaux étudiés. On estime donc que l’influence humaine sur le système climatique a contribué à ces événements.

Ces travaux ont été réalisés par une très grande équipe de chercheurs qui se sont penchés sur les causes du phénomène peu après l’événement. L’étude a été lancée immédiatement après l’événement. Les résultats préliminaires ont été publiés en janvier 2022, et le document final, soumis à l’examen par des pairs, vient d’être publié dans une revue intitulée Weather and Climate Extremes.

Je vous remercie beaucoup de m’avoir permis de témoigner.

Le président : Merci infiniment.

Brett Gilley, professeur agrégé, Département des sciences de la terre, des océans et de l’atmosphère, Université de la Colombie-Britannique : Je suis de l’Université de la Colombie-Britannique et je suis spécialisé en géomorphologie, la forme de la terre.

Concernant les événements qui se sont produits, comme l’a mentionné M. Zwiers, les effets du changement climatique sont profonds, et tous les phénomènes que nous examinons ici (les inondations, les glissements de terrain, les affouillements, les dômes de chaleur) sont interreliés. Comme il l’a expliqué, les incendies et le dôme de chaleur peuvent avoir contribué à aggraver les glissements de terrain et les inondations dans ce cas.

Les changements dans les précipitations et les conditions météorologiques rendent nos méthodes de prédiction statistique beaucoup plus difficiles. Lorsqu’on parle d’une tempête comme on n’en a pas vu depuis 100 ou 1000 ans... Nous nous appuyons généralement sur les contextes similaires sur une longue période, et comme nous en sommes encore à un stade où nous ne savons pas vraiment où nous en sommes ni comment cela évoluera, il est très difficile de faire des prédictions. Cela ne veut pas dire grand-chose quand on analyse le bilan des 100 dernières années plutôt que d’essayer de comprendre ce que nous sommes en train de vivre à cause de ces changements.

Une autre difficulté, c’est que ces événements étaient déjà problématiques à beaucoup d’endroits. Pensons à la prairie Sumas, par exemple, qui est un ancien lit de lac. Ce n’est pas l’endroit idéal où construire plein d’entreprises, de maisons et de villes. Cela complique beaucoup les choses. Au fur et à mesure que ces événements se multiplient, les protections que nous avons mises en place, comme les digues, peuvent devenir insuffisantes, et nous pouvons avoir besoin de méthodes de protection plus robustes et plus coûteuses.

L’une des choses les plus difficiles à laquelle nous devons réfléchir est la suivante : sommes-nous prêts à rester dans ces endroits et à continuer de payer pour reconstruire, ou allons-nous nous atteler à la tâche très difficile socialement et politiquement de faire la chose impopulaire et de dédommager les gens pour les déplacer? C’est également très difficile. Grand Forks est un bon exemple de ville qui l’a fait récemment. On a étudié la zone inondable et décidé qu’elle n’était pas viable. Beaucoup de maisons ont été rachetées dans cette zone. Encore une fois, c’est une décision impopulaire et coûteuse, mais qui, à long terme, pourrait s’avérer la plus judicieuse.

Dans une grande partie de la Colombie-Britannique, la difficulté, c’est qu’il n’y a que quelques choix d’endroits où construire. Nous sommes sur des pentes raides, des dépôts de glissement de terrain, des dépôts glaciaires, des plaines inondables. Ce peut être très difficile et contraignant. Encore une fois, il s’agit d’examiner de près ce que nous avons. Si nous ne déplaçons pas les gens, il serait peut-être judicieux de limiter les activités qui peuvent avoir lieu à ces endroits.

Quand nous sommes confrontés à ce genre d’événements et en prévision de l’avenir, c’est l’infrastructure qui nous permet de vivre dans la région. Il est certain qu’à l’époque, la destruction de la plupart des routes menant dans la région de Vancouver était très problématique, mais nous devrons justement réfléchir aux infrastructures comme la station de pompage de la prairie Sumas, pour l’améliorer ou protéger davantage la région, dans la mesure du possible.

Je m’arrêterai ici pour laisser du temps aux membres du comité pour poser des questions.

Le président : Merci beaucoup.

Nous allons maintenant passer aux questions des sénateurs. Comme à l’habitude, j’aimerais rappeler à chaque sénateur qu’il dispose de cinq minutes pour sa ou ses questions, y compris pour la réponse. Je demande donc aux sénateurs et aux témoins d’être brefs et concis, afin que nous puissions poser le plus de questions possible. Si vous souhaitez poser une question, veuillez faire signe à la greffière, pour ceux qui sont ici, et utiliser la fonction « lever la main » dans Zoom pour ceux qui sont en ligne. Veuillez noter que je lèverai la main à une minute, après quoi je tenterai de vous arrêter pour que nous puissions passer à autre chose. Nous ferons un deuxième tour si nécessaire. Sur ce, je demanderais à notre vice-présidente de poser ses questions.

La sénatrice Simons : Merci à tous nos témoins, surtout que vous avez dû vous lever très tôt en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington.

J’aimerais commencer par une question sur la rivière Nooksack, car nous avons le privilège d’avoir avec nous M. Bosch, maire de Sumas, dans l’État de Washington. Des témoins précédents nous ont dit que le débit de cette rivière était problématique et que l’âge des digues et leur utilité posaient problème. Cette question s’adresse peut-être à la fois à M. Bosch et à M. Gilley. Que pourraient faire, le cas échéant, le Canada et les États-Unis, la Colombie-Britannique et l’État de Washington, en collaboration, pour rendre la gestion du débit des rivières un peu plus prévisible et nous permettre de nous préparer aux phénomènes météorologiques extrêmes qui, nous le savons, se reproduiront en cette ère de changement climatique rapide?

M. Bosch : Je ne suis pas hydrologue, un spécialiste des rivières ou quoi que ce soit. Ce que j’ai appris au fil des ans, c’est que comme la rivière Nooksack provient d’un glacier, elle est pleine de débris. Ils s’écoulent dans la rivière, et le fond de la rivière monte et redescend. À l’endroit où l’eau déborde et arrive à Sumas, il y a ce qu’on appelle une limace. C’est le terme utilisé. Il s’agit d’une grande accumulation de limon et de gravier qui s’est formée et qui descend lentement la rivière. On prévoit qu’elle atteindra probablement Lynden d’ici 10 ans.

Il y a probablement diverses solutions possibles pour gérer la rivière Nooksack. À l’endroit particulier où la Nooksack déborde et se dirige vers Sumas, il n’y a pas de digue. Je ne sais pas si cela a été conçu ainsi à dessein, au fil des ans, mais si vous regardez les élévations, de l’autre côté de la rivière, c’est en fait plus bas. Il y a une digue de l’autre côté.

Il y a un comité transfrontalier qui est en train d’être constitué, et un représentant de la ville de Sumas en fera partie, afin de travailler avec le Canada pour résoudre ce problème, ou du moins trouver des solutions pour gérer l’eau. Le plus important est de savoir combien d’eau on recevra, plutôt que de recevoir un volume de quatre pieds inattendu. Pour cela, il faudra bien sûr des jauges précises qui ne peuvent pas être endommagées par une quantité d’eau supérieure à celle prévue.

Je ne sais pas si cela aide à répondre à vos questions.

La sénatrice Simons : Oui. Je comprends que vous n’êtes pas hydrologue, mais nous voulions entendre quelqu’un de l’État de Washington qui puisse nous expliquer ce qui se passe de ce côté de la rivière. Je vous suis reconnaissante d’avoir accepté de relever le défi pour nous.

M. Bosch : En ce moment, pour vous donner un exemple, à l’endroit où la rivière déborde, le fond de la rivière est en fait plus haut que la berge. Si l’on se tient de l’autre côté de la rivière, là où l’accumulation se trouve, le fond de la rivière est plus élevé que la berge.

Le président : Monsieur Gilley, je crois que vous vouliez vous aussi répondre à cette question.

M. Gilley : Je ne suis pas non plus un ingénieur qui aurait un rôle à jouer dans l’utilisation du genre de méthodes d’atténuation dont vous parlez. Cependant, je dirai que l’un des problèmes est que la taille du bassin versant contribue grandement à la façon dont l’inondation s’est produite. Dans les petits bassins comme celui-ci — plus petits que ceux du fleuve Fraser, par exemple —, la réaction peut être plus rapide. Dans ce type de zone, si les précipitations sont extrêmement concentrées, une inondation rapide et importante peut se produire plutôt qu’une inondation lente.

J’ajouterai que c’est dans cette même région que nous pourrions potentiellement subir les effets du volcan du mont Baker, s’il devait y avoir des effets de ce côté-là également, alors toute méthode d’atténuation serait bonne.

La sénatrice Simons : Pourriez-vous expliquer la partie sur le volcan? Personne ne nous a parlé de volcans.

M. Gilley : Le mont Baker se trouve juste de l’autre côté de la frontière. S’il y avait une éruption, ce qui semble apparemment peu probable, des lahars pourraient descendre dans cette région également. Il s’agit de coulées de boue volcanique.

La sénatrice Simons : Excellent. D’autres apocalypses que nous devons examiner.

M. Gilley : Toutes les catastrophes sont bien liées.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Merci à nos témoins qui sont là très tôt ce matin, c’est très apprécié.

[Traduction]

J’ai deux questions pour M. Gilley et M. Zwiers. Elles portent sur les événements liés au changement climatique qui surviendront très probablement plus souvent, malheureusement. Je m’interroge sur deux points. Tout d’abord, en tant qu’universitaires, pensez-vous que nous investissons suffisamment de fonds et de ressources dans la recherche sur l’atténuation de ces événements, la modélisation, les projections, et cetera. Ensuite, pensez-vous que nous faisons un bon travail pour relier l’université et les collectivités, les organisations et les agriculteurs pour nous assurer que ce que vous proposez est appliqué et utile, ou pourrions-nous faire mieux? Ce sont mes questions. Je ne sais pas qui veut répondre en premier.

M. Zwiers : Je peux commencer si possible.

Je dirige une organisation qui s’appelle le Pacific Climate Impacts Consortium, une organisation intermédiaire qui fournit des services climatiques à des intervenants de la région de la Colombie-Britannique principalement, mais nous travaillons également avec des intervenants de partout au Canada. Nous collaborons avec le Centre canadien des services climatiques d’Environnement et Changement climatique Canada, qui pourrait répondre en partie à votre question. Il serait en mesure de vous informer de sa stratégie pour fournir des services aux Canadiens.

Notre travail consiste à fournir de l’information sur le changement climatique à venir et sur la façon dont ils ont une incidence sur les débits extrêmes des cours d’eau et la probabilité qu’il y en ait. Nous travaillons avec le ministère des Transports et de l’Infrastructure de la Colombie-Britannique, par exemple, pour fournir à ses ingénieurs des projections des débits extrêmes futurs. Nous obtenons ces renseignements en utilisant des modèles climatiques et hydrologiques. Nous utilisons les modèles hydrologiques, et Environnement et Changement climatique Canada utilise les modèles climatiques. Il se trouve que nous avons accès à un vaste ensemble de simulations du changement climatique, ce qui nous permet d’obtenir de nombreuses données statistiques sur la façon dont le changement climatique à venir pourrait influer sur les débits extrêmes dans la région. Il s’agit donc d’une ressource assez unique, en fait.

Investissons-nous suffisamment d’argent dans ce type de travail? Je dirais que non. Dans tout le pays, nous avons désespérément besoin de capacités supplémentaires pour effectuer ce genre de travail de traduction entre la communauté des chercheurs des universités et du gouvernement fédéral et la communauté des utilisateurs. Il faut une formation spéciale et nous n’en faisons pas beaucoup à l’heure actuelle. La demande est forte. Il y a de la concurrence du côté de l’industrie et de la communauté des services climatiques pour attirer ces talents, et c’est donc difficile.

Je pense également que nous n’investissons pas assez dans la recherche environnementale. Nous aimerions pouvoir utiliser des modèles climatiques et hydrologiques dont la fidélité et la résolution sont bien supérieures à celles des modèles que nous avons actuellement. Cela nécessite une expertise et des soutiens informatiques, et nous sommes donc limités par l’informatique.

Un autre domaine dans lequel nous n’investissons pas suffisamment dans ce pays, à mon avis, c’est la simple surveillance de base de l’état du système climatique, c’est-à-dire qu’il faut nous assurer que nos systèmes hydrométéorologiques et d’observation météorologique sont bien soutenus et solides et que nous ne perdons pas de stations parce que les opérateurs de réseau comme Environnement et Changement climatique Canada perdent du financement.

Le président : Monsieur Gilley, nous aimerions vous entendre également. Nous allons donc dépasser un peu les cinq minutes.

M. Gilley : Merci.

Encore une fois, nous pourrions toujours utiliser des ressources supplémentaires.

L’une des choses qui nous préoccupent, surtout si des décisions difficiles doivent être prises, c’est qu’il faut que les raisons et le raisonnement qui les sous-tend soient communiqués correctement aux personnes qui vivent dans la région. Depuis des années, dans certains de mes cours, souvent, si une dépression en provenance d’Hawaï — comme l’a dit M. Zwiers — se produit, nous disons à nos étudiants de regarder les nouvelles la semaine suivante parce qu’il y aura probablement des glissements de terrain et des inondations. Dans chacune de ces situations, un journaliste ira parler aux habitants, qui lui diront qu’ils vivent à cet endroit depuis des années, et qu’ils n’ont jamais vu cela venir. Même la communication des échelles géochronologiques et ce genre d’information permettraient aux gens de comprendre beaucoup plus facilement les risques avec lesquels ils vivent et les raisons pour lesquelles des décisions doivent être prises et de l’argent doit être investi.

D’après ce que m’ont dit des collègues, le système de digues de la région de Vancouver est un élément que les gens veulent examiner, surtout compte tenu des débits plus élevés des cours d’eau. Il n’y a pas eu d’inondation majeure du fleuve Fraser depuis un certain temps, mais c’est certainement possible.

Le sénateur C. Deacon : Je remercie beaucoup les témoins.

Monsieur le maire, c’est très gentil de votre part d’être avec nous aujourd’hui, et nous vous remercions de prendre le temps de nous donner une idée de ce que votre collectivité de l’État de Washington a dû affronter lors de cette terrible catastrophe qui s’est produite dans votre partie du monde. Certains témoins nous ont dit qu’il était essentiel de renforcer la digue le long de la rivière Nooksack et d’en relever la hauteur pour prévenir des dommages au Canada, mais quels seront les effets sur votre collectivité? Il semble certainement qu’il y ait beaucoup de questions concernant le dragage de la rivière et l’accumulation de limon et de gravier dont vous avez parlé, et peut-être la déviation ou peut-être le déplacement des gens hors des plaines inondables dans une certaine mesure pour certaines des zones les plus vulnérables. Il semble qu’il y ait un ensemble complexe de questions à régler pour protéger votre collectivité et peut-être les collectivités en aval de la vôtre. Pourriez-vous nous en dire plus sur les aspects complexes sur lesquels vous avez dû agir de votre côté de la rivière après ce premier événement? Je vous félicite de votre leadership à cet égard. Merci.

M. Bosch : Je ne sais pas vraiment quoi répondre, à part que les répercussions ont été importantes. Le système de digues est désuet. Il n’y aura pas qu’une seule solution; il y en aura plusieurs. Il faut peut-être installer des digues en retrait. Je n’aime pas utiliser le mot « dragage », mais la gestion du limon est importante. Nous n’aimons pas utiliser le mot barrages, mais on peut peut-être parler de réservoirs. Pendant l’été, les débits sont très faibles, ce qui est nocif pour les poissons, et l’une des raisons pour lesquelles nous ne gérons pas le limon, c’est pour protéger les poissons. Je crois qu’il est question de combiner la gestion du limon, les réservoirs d’eau et les digues en retrait. Ce genre de choses aiderait probablement beaucoup à gérer le débit. Je ne pense pas que quiconque aurait pu échapper aux inondations de la dernière crue, car la quantité d’eau était énorme, mais si nous pouvions au moins en réduire les répercussions, cela aiderait beaucoup. J’espère que cela répond à votre question.

Le sénateur C. Deacon : Merci beaucoup, monsieur Bosch.

Monsieur Gilley, avez-vous des idées qui ajouteraient à la complexité du va-et-vient de part et d’autre de la frontière et à la manière de servir toutes les collectivités en tant que bons voisins?

M. Gilley : Il est clair que cela va nécessiter une grande collaboration. On parle d’un travail qui coûte extrêmement cher, et cela touche certainement un plus grand nombre de personnes de notre côté de la frontière lorsqu’on commence à examiner la façon dont ces choses se déroulent, surtout en ce qui concerne l’agriculture.

Je dirai que lorsque nous utilisons ces méthodes d’atténuation, elles ne sont pas sans conséquence. Lorsqu’on construit des digues, elles protègent les lieux contre les débits élevés, mais elles ont pour effet supplémentaire qu’en cas d’inondation, la situation peut être pire parce que de l’eau peut être piégée derrière les digues. Ce n’est pas une solution parfaite, mais si les digues sont assez hautes, alors c’est une bonne solution. Compte tenu du jeu statistique auquel nous jouons, même si les digues sont plus hautes, il ne s’agit pas de savoir si des inondations se produiront, mais à quel moment elles se produiront.

Le sénateur Marwah : Je remercie les témoins. Je vous félicite, monsieur Zwiers. Votre exposé était très intéressant. C’est quelque chose que même moi, j’ai pu comprendre un peu. Du moins, c’était simple, de sorte qu’on pouvait le comprendre.

J’ai une question à poser à tous les témoins, et c’est une question d’ordre macroéconomique. Il y a deux volets. J’aimerais savoir ce qui est arrivé dans le passé concernant les inondations, et à quoi nous pouvons nous attendre à l’avenir. Quel est le coût de ce qui s’est produit lors des inondations en Colombie-Britannique? Parle-t-on de 500 ou de 800 millions de dollars? Serait-ce 1 milliard? Je n’ai jamais entendu de chiffres précis. Nous avons seulement entendu parler du nombre de fermes détruites et du nombre d’animaux d’élevage perdus, mais rien de quantifiable quant au coût économique total. Dans ce contexte, des programmes d’aide gouvernementaux ont été offerts. Il y a les 228 millions de dollars qui, je crois, sont destinés au programme de rétablissement Canada-Colombie-Britannique pour assurer la sécurité alimentaire à la suite des inondations. Dans quelle mesure cela permet-il d’atténuer le coût économique?

Voilà pour le passé. Pour ce qui est de l’avenir, monsieur Zwiers, vous avez mentionné que ce n’est que le début et que, compte tenu de l’évolution du changement climatique, les répercussions se feront sentir pendant longtemps. Est-il possible de traduire cela en termes économiques? Quels seraient les effets chaque année, ou sur quelques années? Je ne parle pas des effets à l’échelle mondiale, mais seulement dans la région de la Colombie-Britannique, car c’est de cela que nous parlons.

Le président : Sénateur Marwah, voulez-vous que les trois témoins fournissent une réponse?

Le sénateur Marwah : Quiconque a une réponse peut la fournir. Je veux simplement obtenir leur avis.

M. Zwiers : Je ne suis pas un économiste. Je ne suis pas en mesure de vous donner une estimation des dommages.

Je pense que nous avons la capacité d’estimer les coûts futurs. C’est une mesure du risque, qui correspond à une combinaison de la probabilité d’exposition au danger et des dommages qui résultent de cette exposition. Du point de vue de la climatologie, je pense que nous pouvons dire certaines choses sur la probabilité d’une future exposition. Il nous faudrait travailler avec des scientifiques spécialisés dans les impacts afin de pouvoir déterminer quelles sont les conséquences. Le produit des deux vous donnerait une estimation du risque futur par année, par décennie, à mesure que nous avançons dans le temps, et cela dépendrait exactement de la trajectoire d’émission que nous suivrons à l’avenir, ce qui devient incertain sur des échelles de temps supérieures à environ trois décennies. La réponse climatique, quelle que soit la trajectoire que nous suivons, serait très similaire au cours des trois prochaines décennies, mais ensuite, au fur et à mesure que nous prendrons des décisions relatives aux mesures d’atténuation et que nous modifierons considérablement les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous commencerons à voir des différences entre les diverses trajectoires possibles et envisagées.

Le sénateur Marwah : Monsieur Zwiers, pourriez-vous nous indiquer des études économiques qui nous permettraient d’avoir une idée des coûts et de déterminer si les programmes de rétablissement qui ont été mis en place les ont atténués et dans quelle mesure? Connaissez-vous des études? J’ai essayé d’en trouver, et je n’ai pas pu en trouver qui offrait un point de vue macroéconomique.

M. Zwiers : J’ai participé à une étude menée par le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario, et la question qui lui a été posée était de savoir quels étaient les coûts futurs prévus du changement climatique concernant l’infrastructure de la province de l’Ontario. Il a récemment publié une étude. Si vous m’envoyez un courriel, je peux vous diriger vers la personne qui l’a dirigée et vous fournir des renseignements sur la façon de la trouver.

Le sénateur Marwah : Merci.

Le président : Monsieur Zwiers, si vous envoyez l’information à la greffière, elle la communiquera au comité, si vous êtes prêt à le faire.

M. Zwiers : Oui, c’est ce que je ferai.

Le sénateur Klyne : J’ai deux questions que je vais essayer de poser rapidement à M. Zwiers et à M. Gilley. Monsieur Zwiers, David Sauchyn du Prairie Adaptation Research Collaborative vous salue.

Ma question porte sur une réponse fédérale. Il y a deux ou trois décennies, nous aurions pu nous tourner vers l’Administration du rétablissement agricole des Prairies pour répondre à ce genre de choses. De nombreuses administrations, même à l’extérieur du pays, y ont fait appel pour ce faire. Devrions-nous accélérer le développement de cette nouvelle agence canadienne de l’eau? Je sais qu’on vous a probablement consulté à ce sujet. Pensez-vous que quelque chose comme cela devrait être établi pour répondre à ces choses et aussi pour agir sur des mesures proactives?

M. Zwiers : C’est un peu en dehors de mon champ de compétences. J’ai une certaine connaissance de l’agence canadienne de l’eau. Je participe au programme Global Water Futures à l’Université de la Saskatchewan. Les sciences hydrologiques sont des sciences au Canada qui sont assez balkanisées dans la mesure où l’expertise est organisée en fonction des bassins versants. Les divers bassins versants fonctionnent différemment.

Le sénateur Klyne : Comme le temps file, j’aimerais connaître votre opinion sur le rôle de l’Agence canadienne de l’eau.

M. Zwiers : Je pense qu’elle jouera un rôle très important en aidant à organiser les sciences hydrologiques et notre capacité à utiliser les connaissances scientifiques de façon systématique dans tout le pays.

Le sénateur Klyne : Je suppose que cette agence vous aiderait aussi dans vos travaux de recherche et de modélisation. D’après vous, donc, devrait-on accélérer la création de cette agence et entreprendre ce programme?

M. Zwiers : C’est ce que je pense, en effet.

Le sénateur Klyne : Monsieur Gilley, vous avez dressé la liste de différents scénarios possibles. Mais, admettons-le : cette ancienne cuvette lacustre s’emplira encore dans des circonstances semblables, qui reviendront sûrement. Comment entrevoyez-vous la réponse fédérale? Si nous ne déboursons rien pour relocaliser les gens, comment reconstruire pour nous assurer que ça ne se reproduira pas?

M. Gilley : On peut difficilement prétendre que nous pourrions éviter que ça se répète. Le dilemme est redoutable. La Colombie-Britannique manque de bonnes terres arables. En voilà qui sont exposées à un risque plus grand et qui sont susceptibles d’être inondées. Pour nous y maintenir, nous devons vraiment examiner l’occupation actuelle des sols, envisager l’abandon de certains types d’activités et déterminer les infrastructures qui permettent d’en protéger. La station de pompage donne actuellement beaucoup de soucis. Si nous décidons de rester, il serait bon de la moderniser.

Le sénateur Klyne : Merci.

Le président : Messieurs les sénateurs Wetston et Cotter, nous manquons de temps. Si vous pouviez choisir une question.

Le sénateur Wetston : Je reconnais que nos témoins ne sont pas avocats théoriciens de la Constitution. Alors, je me lance.

J’ai beaucoup réfléchi à la notion de fédéralisme coopératif. Dans notre fédération, les pouvoirs très décentralisés exigent de la part des provinces, des municipalités et du gouvernement fédéral des efforts faits de bonne foi. Sinon, impossible de faire quoi que ce soit et de gérer des problèmes sociaux complexes. Je veux connaître vos points de vue. Quand vous discutez de changement climatique, il est inévitable de craindre qu’il soit impossible d’atteindre les objectifs de carboneutralité et que la répétition de ces sinistres soit inéluctable. Nous devons pouvoir gérer l’aspect politique, les relations fédéro-provinciales comme tente de le faire le ministre Wilkinson, et ne pas viser l’adhésion de toutes les provinces. Qu’en pensez-vous, du point de vue politique? Vos travaux universitaires abordent sûrement la question.

M. Gilley : Que la carboneutralité soit possible ou pas n’aurait rien changé à ces catastrophes. Régionalement, les antécédents d’inondations sont nombreux. Alors, quoi qu’on fasse, on ne peut en faire abstraction. Nous examinerons la gravité et la fréquence des catastrophes, mais sans accorder de pensées à la question constitutionnelle.

M. Zwiers : C’est la même chose pour moi. La question constitutionnelle ne me traverse pas l’esprit.

La question climatique est planétaire. La catastrophe est susceptible de se répéter, on ne sait quand. Nous pouvons maîtriser les répercussions par des mesures d’adaptation qui exigeront la collaboration aux échelons fédéral, provincial, municipal et international. Nous pouvons également, jusqu’à un certain point, amenuiser le risque par des mesures convenables d’atténuation et en nous activant pour atteindre la carboneutralité partout sur la planète, pas seulement au Canada.

Le sénateur Cotter : Je remercie tous les témoins de s’être levés si tôt pour être avec nous.

Monsieur Bosch, avez-vous une idée des pertes quantifiables subies par votre communauté, du fait de la montée des eaux? J’ai également lu que l’un des problèmes, quand ça se produit, est qu’il y a tellement d’eau — et je pense que les autres témoins l’ont corroboré — qu’on ne sait pas où s’en débarrasser. L’une des solutions discutables envisagées par les médias est de simplement la laisser couler jusqu’au Canada. Pourriez-vous dire ce que vous pensez de ces deux aspects de la question?

M. Bosch : Les dommages économiques subis par Sumas n’ont pas été comme ceux de la prairie ni ceux d’Abbotsford. Ils s’élèvent à 10 millions de dollars, etc. Je n’ai pas le chiffre exact. Il varie selon le comté et la ville, d’où l’incertitude.

En ce qui concerne l’évacuation vers le Canada, la possibilité a été soulevée en janvier, en raison du libellé adopté par les autorités du comté pour éviter que des maisons, à Sumas, ne se trouvent sur la trajectoire des eaux. Quelqu’un s’était exprimé de manière à suggérer que nous semblions aménager un exutoire vers le Canada, ce qui était faux. Les termes étaient seulement mal choisis. On proposait de soulever les maisons ou de les éloigner de la trajectoire des eaux. Est-ce que ça répond à votre question?

Le sénateur Cotter : Oui. Merci beaucoup.

Quelle a été la qualité de l’aide fédérale ou de celle de l’État? A-t-elle été utile et à la mesure des dégâts subis par votre communauté?

M. Bosch : L’Agence fédérale de gestion de situations d’urgence prend bien soin de nous. Elle agit toujours plus lentement qu’on aimerait, mais elle finit par nous aider. Sumas a reçu des subventions pour la relance d’entreprises et la reconstruction domiciliaire. L’Agence nous épaule assez bien.

Le sénateur Cotter : Merci beaucoup.

Le président : Chers témoins, veuillez recevoir mes excuses, mais il n’y aura pas de deuxième tour. Je vous remercie de votre participation. Nous vous avons obligés à vous lever tôt. Nous sommes reconnaissants de votre aide dans cette étude.

Accueillons notre deuxième groupe de témoins, le chef Tyrone McNeil du Conseil tribal Sto:lo, également chef de la nation sto:lo et président du Secrétariat de planification d’urgence, ainsi que Brenden Mercer, gestionnaire du soutien à la prise de décisions.

Merci, messieurs, de vous joindre à nous. Nous entendrons successivement les déclarations préliminaires du chef McNeil et de M. Mercer. Chef McNeil, comme vous témoignez en votre qualité de chef de la Nation des Sto:los et de président du Secrétariat de planification d’urgence, nous vous accordons plus de temps pour votre déclaration. Monsieur Mercer, vous disposez de cinq minutes. Une minute avant la fin de vos déclarations, je lèverai la main.

Tyrone McNeil, chef tribal, nation sto:lo et président, Secrétariat de planification d’urgence, Conseil tribal Sto:loBonjour. Je vous remercie tous pour le temps que vous nous accordez pour que nous vous communiquions certaines idées et opinions de notre nation, autrement dit pour vous soucier de nous. Notre conseil tribal rassemble sept communautés et compte environ 3 000 membres.

Le Secrétariat de planification d’urgence rassemble les communautés salish de la côte, de Yale à Squamish en passant par Semiahmoo, soit 31 communautés ou 15 % de la population de toutes les Premières Nations de Colombie-Britannique. Ces dernières années, nous avons travaillé ensemble à mettre au point notre stratégie de résilience en cas de catastrophe, après l’appel à un plan régional d’action, conformément au cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. L’élaboration de ce plan d’action, nous l’appelons keeluk skaka, de keeluk, qui signifie « se préparer » et de skaka, « ensemble », pour rassembler nos 31 communautés dans une stratégie commune qui visait à l’origine les inondations, mais que, au fil du temps, nous avons adaptée aux feux de forêt et à d’autres catastrophes. Nous nous sommes rassemblés pour réagir aux changements climatiques, en grande partie comme vous en avez discuté avec le groupe précédent de témoins, sur les modalités de notre adaptation et de l’augmentation de notre résilience au climat sans cesse changeant.

En termes simples, nous essayons de comprendre pourquoi ce qui se produisait normalement une fois en 200 ans est désormais susceptible de se répéter tous les 20 ou 30 ans ou comment un événement qui se produirait tous les 500 ans pourrait survenir tous les 100 ans. La fréquence de ces paroxysmes est considérablement augmentée.

Ces dernières années, comme beaucoup d’entre vous, nous avons enrichi notre vocabulaire. Qui avait déjà entendu parler d’un dôme de chaleur, du moins dans l’Ouest canadien? C’est maintenant un terme répandu. L’expression juste pour « les pluies » de novembre est « épisodes pluviaux », de très fortes pluies provoquées par le changement climatique. Nous vivons dans un nouvel environnement.

Dans la vallée du Fraser, de l’embouchure vers l’amont, en direction de Squamish et de Whistler, 33 autorités locales coexistent sur les terres locales dont nous possédons les titres. L’idée était de constituer une succession d’autorités qui collaboreraient toutes entre elles à une stratégie régionale commune. Actuellement, aucune stratégie régionale ne s’applique au cours inférieur du Fraser, le principal cours d’eau de la province, laquelle, nous le savons, a travaillé à une stratégie visant l’ensemble de son territoire. Mais nous essayons de faire tout notre possible.

Il est essentiel que votre comité en discute, parce que la sécurité alimentaire et celle de l’agriculture sont indispensables. Dans ma communauté natale, je gère environ 2 000 acres de terres arables, dont une grande partie est louée à bail. À la suite des pluies, un certain nombre d’agriculteurs ont été immobilisés par la boue. Il leur était impossible de sortir la récolte de leur champ à cause de la pluie. La terre n’a pas eu suffisamment de temps pour s’assécher. Nous comprenons très bien qu’il faut évacuer l’eau des champs aussi rapidement et aussi efficacement que nous le pouvons, et la collaboration avec les agriculteurs pour assurer le drainage et creuser des fossés ne répond pas seulement à leurs besoins, mais, ce qui est plus important encore, aux nôtres, pour la création d’un habitat et de secteurs rivulaires pour le saumon et reconstruire une grande partie de cet habitat.

Notre stratégie intègre l’apprentissage de nos voisins du Washington, comme vous avez fait, ce matin. Ils disposent d’un programme appelé « plaines inondables à dessein », en vue du stockage de l’eau. En prévision de la descente de la crue, plutôt que de la canaliser par des digues qui ont tendance à favoriser le débordement de l’eau, on les a éloignées des chenaux principaux et avons ainsi rouvert les anciennes voies d’eau pour que, à mesure de la descente de la crue, elle se déverse dans le paysage plutôt que d’être canalisée entre de hautes digues trop resserrées.

Nous proposons cette méthode pour la vallée du Fraser. Nous savons qu’environ 1 500 kilomètres de voies d’eau historiques sont maintenues dans le chenal principal du fleuve par des digues, des autoroutes et des voies ferrées. Le volume total de ces kilomètres équivaut à 40 kilomètres de superficie de cours d’eau qui, par le passé, absorbaient la crue en douceur. La surface est un peu plus large que le lac Sumas, dont vous avez parlé, qui couvre environ 35 kilomètres carrés. L’ouverture d’un certain nombre de ces voies d’eau donne d’un coup 40 à 50 km sur lesquels la crue pourrait s’épancher, sans endommager les infrastructures ou les zones importantes non seulement pour nous, mais pour des autorités locales.

Notre coordination est la meilleure possible. Nous augmentons notre capacité. Vous savez peut-être que la relation entre la gestion des mesures d’urgence et les Premières Nations de Colombie-Britannique passe par un accord bilatéral entre la province et le Canada. Nous essayons de conclure un accord tripartite, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L’accord bilatéral demande à la province d’appuyer les Premières Nations, de leur donner des moyens d’action et d’augmenter leur capacité. Elle n’a rien fait. Nous avons dû le faire nous-mêmes. Nous essayons donc de le faire en coordination, en réagissant aux changements climatiques par la résilience et de nouvelles idées.

On entend toutes sortes de gens parler de reconstruire en mieux sans vraiment savoir de quoi il s’agit. En avril, j’ai accueilli le ministre provincial Farnworth, qui est chargé de la gestion des mesures d’urgence, et son homologue fédéral Blair, et nous avons lancé notre idée de ce qu’était la reconstruction en mieux, c’est-à-dire adapter les principes du Cadre de Sendai au contexte des relations régionales entre nos 31 communautés salish de la partie continentale de la côte. Le 14 juillet, nous rassemblerons ces communautés — les 33 « gouvernements » locaux, les districts régionaux, le ministère fédéral et celui de la province — pour discuter de ce que reconstruire en mieux doit être.

Il faut un changement de paradigme. Nous ne pouvons pas continuer de sortir de 5 à 9 milliards de dollars d’argent fédéral pour répondre à l’épisode pluvial de novembre. Nous devons être plus résilients. Sur le coup, ça risque de coûter un peu plus cher, mais, à long terme, les économies seront exponentielles.

Pour le moment, je m’arrête ici.

Le président : Merci beaucoup.

M. Brenden Mercer, gestionnaire, Soutien à la prise de décisions, First Nations Emergency Services Society : Merci beaucoup de votre invitation. Je vous appelle depuis les magnifiques territoires autochtones entourant Kamloops.

J’espère vous donner rapidement les renseignements de base nécessaires à la compréhension de certains des défis et des obstacles que nous avons affrontés dans notre collaboration avec les Premières Nations, relativement aux changements climatiques, aux incendies et aux inondations, au cours de la dernière année. Je parlerai également de certains des coûts directs et indirects qui en ont découlé, puis de certains des outils que nous essayons de nous donner pour l’avenir.

Je vous apprends peut-être que le nombre de communautés uniques en leur genre des Premières Nations en Colombie-Britannique est de 204. La société que je représente fournit une gamme de services d’intervention d’urgence, tout ce qui va de la préparation des interventions d’urgence à tous les types de planification de la protection des communautés contre les incendies de forêt, en passant par la planification d’urgence et l’aide pendant les étapes de rétablissement postérieures à la situation d’urgence et les travaux d’atténuation et de prévention pour chaque communauté. Vous vous en doutez sûrement, ces 204 communautés éloignées les unes des autres possèdent chacune leur propre profil de risque.

En ce qui concerne les incendies de forêt, d’après les vieilles photos et les témoignages écrits, il y avait, par le passé, beaucoup moins d’arbres à l’hectare, mais ils étaient beaucoup plus gros, particulièrement dans la région de l’Intérieur. Quand le nombre d’arbres à l’hectare est inférieur, mais que chaque arbre est plus gros, les tiges, qui peuvent immobiliser et stocker plus le carbone sont plus résistantes au feu. L’aménagement forestier a changé tout ça. Les moyens d’extinction et des lois comme la loi sur les feux de brousse ont, pendant des années, interdit aux Autochtones le brûlage traditionnel à une échelle dont nous avons besoin pour changer les choses. Il s’ensuit que beaucoup de publications d’aujourd’hui montrent l’accroissement considérable du nombre d’arbres dans les forêts par unité de surface. Ces peuplements denses, de plus de 1 000 tiges à l’hectare de douglas taxifoliés et de pins, peuvent se transformer en brasiers.

Ce phénomène s’est produit dans les forêts boréales de l’ensemble de la province de la Colombie-Britannique et de nombreuses autres régions du Canada ces 80 ou 90 dernières années. Nous avons ce type de peuplements forestiers denses. Par conséquent, l’été dernier, seulement dans la moitié sud de la province, les incendies de forêt ont duré cinq jours, touchant environ 386 000 hectares. Au total, près de 1 million d’hectares supplémentaires ont été brûlés en Colombie-Britannique. Il s’agissait en grande partie d’incendies graves, de catégorie 6, qui sont des feux de forêt extrêmement intenses et graves qui peuvent endommager les systèmes racinaires et détruire les agrégats du sol. Souvent, ces feux ont pour effet de rendre les sols hydrophobes. Cela signifie que les écosystèmes ne peuvent pas absorber l’eau comme avant, et cela entraîne une augmentation du ruissellement et de l’érosion, et d’autres problèmes connexes. On se retrouve donc avec des situations où une quantité d’eau beaucoup plus importante s’écoule en aval. Cela démontre que les importants feux de forêt sont directement liés à certaines des grandes inondations que nous connaissons.

L’incendie de Lytton Creek s’étirait environ sur 54 kilomètres dans l’axe est-ouest, et 32 kilomètres dans l’axe nord-sud. Vous pouvez imaginer, sur une telle superficie, le nombre de bassins hydrographiques que cela touche. Pour mettre les choses en perspective, comme de nombreuses Premières Nations le disent — et comme Mme Mary Louie, une aînée Syilx, l’a parfaitement exprimé —, l’eau est le sang de la Terre mère, car elle fournit toute la nourriture spirituelle dont les familles et les enfants ont besoin. Beaucoup de Premières Nations considèrent que l’eau est essentielle. Voilà pourquoi nous devons en faire beaucoup plus pour protéger ces écosystèmes, à plus grande échelle, afin d’éviter que ces importants feux de forêt de catégorie 6 ne détruisent tout sur leur passage. Dans bien des collectivités des Premières Nations, la route 8 a été complètement emportée. Ailleurs, notamment la collectivité de Nicomen, la berge s’est érodée de plus de 120 pieds — 30 mètres — en une seule nuit. Je crois savoir qu’une propriété de Nooaitch a été érodée de plus de 100 mètres en une nuit en raison de la phénoménale quantité d’eau qui s’écoule dans l’écosystème.

Pour mettre les choses un peu plus en perspective, un rapport publié en Colombie-Britannique, le rapport Abbott/Chapman, présente un résumé des coûts des incendies de forêt de 2003 à 2017. En Colombie-Britannique, nous avons consacré environ 3 milliards de dollars à l’extinction des incendies. Au cours de la même période, nous avons dépensé 73 millions de dollars pour les mesures d’atténuation des incendies de forêt sur une superficie de 11 000 hectares environ. Les 11 000 hectares traités durant toute cette période de 15 années représentent 0,01 % de la superficie touchée par les feux de forêt en 2017 seulement. Les activités de brûlage sont loin d’être suffisantes et nous ne sommes pas assez proactifs dans l’aménagement de coupe-feu à l’échelle du paysage pour réduire le risque et maintenir des écosystèmes sains.

Enfin, Headwaters Economics a réalisé d’excellentes études au fil des ans. Ces études démontrent essentiellement que les coûts de rétablissement après les feux de forêt sont 20 à 30 fois plus élevés que les coûts d’extinction des incendies. En Colombie-Britannique, toujours pour la même période, les coûts de rétablissement s’élevaient à près de 62 milliards de dollars. Ce sont les coûts liés aux dommages causés aux sources d’aliments traditionnels, aux cours d’eau, aux déversoirs, aux collectivités et à l’hébergement des gens à l’hôtel pour de longues périodes.

Voici un autre exemple. Nous avons fait une série d’évaluations rapides des dommages après la saison des incendies. Les dommages ont été évalués à 12 ou 13 millions de dollars seulement pour les infrastructures. Cela fait partie des coûts de rétablissement en général. Ces coûts de 61 milliards de dollars sont assumés par les contribuables, principalement les Premières Nations, les collectivités en situation minoritaire et les collectivités appauvries, étant donné qu’elles dépendent du territoire beaucoup plus que d’autres. Nous devons travailler ensemble pour trouver des stratégies afin de changer cette dynamique, car on ne peut se permettre de dépenser 61 milliards de dollars pour le rétablissement.

L’an dernier, seulement en Colombie-Britannique, nous avons consacré 565 millions de dollars à lutter contre les incendies de forêt. On estime, selon les mêmes facteurs, que les coûts de rétablissement de la dernière saison des incendies, en Colombie-Britannique seulement, pourraient être de l’ordre de 11 à 17 milliards de dollars. Encore une fois, ce sont les contribuables, les Premières Nations et les communautés appauvries et en situation minoritaire qui assument l’essentiel de ces coûts.

Je vous remercie d’avoir écouté ma déclaration préliminaire.

Le président : Merci, monsieur Mercer.

Nous passons maintenant aux questions. Chaque sénateur aura quatre minutes, question et réponse incluses. Nous ferons un deuxième tour si nous avons le temps, et si nécessaire.

La sénatrice Simons : Je remercie beaucoup le chef McNeil et M. Mercer. J’ai trouvé intéressant que vos présentations respectives, dont une portait sur les inondations et l’autre sur les incendies, aboutissent toutes deux à la même conclusion, à savoir la nécessité d’une gestion proactive des mesures d’atténuation et le recours à des méthodes plus naturelles pour prévenir ces situations avant qu’elles ne deviennent une crise.

J’ai une question dans un autre ordre d’idées. Nous sommes le Comité sénatorial de l’agriculture et des forêts. En particulier, nous examinons les répercussions de ces inondations catastrophiques sur le secteur agricole de la Colombie-Britannique. J’aimerais savoir combien de Premières Nations, parmi celles que vous représentez et avec lesquelles vous travaillez, jouent elles-mêmes un rôle actif en agriculture et en foresterie. Comment leurs intérêts dans les secteurs agricole et forestier ont-ils été touchés par les inondations, le cas échéant?

M. McNeil : Je dirais que plus de la moitié de nos 300 communautés sont actives d’une manière ou d’une autre dans le domaine de l’agriculture, soit directement, soit parce qu’elles louent des terres à des agriculteurs locaux.

Nos collectivités ont subi des dommages, mais la récolte des cultures était déjà terminée lorsque l’épisode de pluie abondante est survenu le 15 novembre. Certains pouvaient encore avoir des cultures à récolte tardive dans le sol, par exemple des carottes ou des betteraves. À Sayward, un de nos locataires a perdu environ 80 acres de carottes. Il n’arrivait pas à les sortir du sol.

Je dirais que nous nous en sommes plutôt bien sortis, étant donné les répercussions potentielles, mais le coût total est difficile à déterminer, parce que le sol a été détrempé. Quelle incidence cela aura-t-il sur la viabilité des cultures sur plusieurs années ou plusieurs récoltes, par exemple? Nous devrons surveiller la situation de près.

Quant à la foresterie, nous en sommes toujours à évaluer les dommages causés aux routes elles-mêmes. Elles n’ont pas été conçues en fonction de tels épisodes de pluie; de nombreux ponts et ponceaux ont été emportés. Le financement pour réparer ces ponts ou ces routes s’est longuement fait attendre.

Sénatrice, c’est une longue réponse pour dire que nous ne le savons pas. Nous n’avons pas eu l’occasion d’en faire l’évaluation nous-mêmes. Nous n’avons ni la capacité ni les ressources nécessaires.

La sénatrice Simons : Merci. Je pense que vous êtes le premier à mentionner l’impact des inondations sur les chemins forestiers. C’est un autre facteur important dont il faut tenir compte.

M. McNeil : Sénatrice, permettez-moi d’ajouter très rapidement, concernant la complexité des chemins forestiers, qu’il suffit d’un ponceau trop petit et d’un épisode de pluie pour que survienne soudainement un glissement allant essentiellement du sommet de la montagne jusqu’au ruisseau, en bas. Encore une fois, cela accélère l’écoulement depuis les forêts vers les ruisseaux et les plans d’eau.

M. Mercer : Permettez-moi d’ajouter, par rapport au point soulevé par M. McNeil, qu’une des principales voies d’accès à la communauté de la Première Nation Nooaitch, avec laquelle nous travaillons, est un chemin forestier. Un pont a été construit. Il s’agissait d’un pont d’accès temporaire, construit selon des exigences techniques différentes et qui ne doit pas satisfaire à la norme de 100 à 250 ans. Il a survécu à l’inondation, heureusement, mais ce n’est qu’un exemple. De nombreuses Premières Nations sont des collectivités éloignées accessibles par ces chemins forestiers. Ces ponts ne sont pas construits selon les mêmes normes, parfois selon les normes applicables aux installations temporaires. Le pont de la collectivité de Nooaitch a été construit il y a plus de 70 ans; il a donc dépassé le statut temporaire de plusieurs années.

Quant aux inondations, une bonne partie du territoire de la Première Nation de Coldwater, par exemple, a été inondé. Les biosolides qui s’écoulent de la ville de Merritt s’infiltrent dans le sol, ce qui peut entraîner des dommages à long terme et des concentrations élevées de minéraux lourds dans les sols. Cela peut endommager les cultures pendant des années, sans parler de la perte de terres agricoles, ce qui réduit le nombre total d’animaux par hectare qu’on peut avoir pour faire vivre sa famille.

Le sénateur C. Deacon : Merci beaucoup à nos témoins. Vous avez éloquemment souligné l’interrelation entre la foresterie et l’agriculture dans votre région. C’est très utile. Je tiens à vous remercier de votre présence parmi nous aujourd’hui.

Préparons-nous ensemble. Reconstruisons mieux ensemble. Le choix est manifestement entre payer maintenant ou payer davantage plus tard, et l’exemple que vous avez donné, monsieur Mercer — les 3 milliards de dollars pour la lutte contre les incendies et les 75 millions de dollars consacrés à l’atténuation des incendies —, en est l’illustration parfaite. Comment pouvons-nous vous aider dans vos efforts visant à « nous préparer ensemble » ou à « mieux reconstruire ensemble », pour améliorer votre accès et accroître la coopération entre les autorités municipales, fédérales et provinciales pour affronter ce très urgent problème? Comment pouvons-nous commencer à gérer les choses différemment? Comment pouvons-nous vous aider? Chef McNeil, je vous demanderais de commencer, s’il vous plaît, suivi de M. Mercer.

M. McNeil : Je vous remercie de la question, sénateur.

La meilleure façon de nous aider serait d’harmoniser les politiques fédérales et le financement fédéral, les politiques provinciales et le financement provincial, avec nos besoins sur le terrain, ce qui n’est pas le cas actuellement. Prenez par exemple la Stratégie de sécurité civile pour le Canada. C’est une stratégie judicieuse. Un rapport provisoire après action a été publié il y a trois semaines environ. Si vous lisez le rapport, sénateur, il semble très bon, mais si vous venez dans la vallée du Fraser avec nous, vous constaterez qu’il n’est pas appliqué ici. Le rapport semble bon, mais en pratique, il n’en est rien. Il y a entre l’intention et la volonté — particulièrement la volonté politique — du gouvernement et de la fonction publique qui l’appuie une disparité qui empêche que cela se concrétise sur le terrain. Donc, l’harmonisation des politiques — [Difficultés techniques]

Le président : Monsieur Mercer, avez-vous un commentaire? Nous allons essayer de rétablir la connexion avec le chef McNeil.

M. Mercer : J’estime qu’il faut, entre autres choses, d’importants investissements dans les mesures d’atténuation. C’est l’un des facteurs les plus importants. Dans le passé, et même il y a quelques années, lorsque j’ai commencé à travailler à la Société des services d’urgence des Premières Nations, Services aux Autochtones Canada n’offrait aucun financement pour les mesures d’atténuation dans les réserves des Premières Nations. Le processus est très lourd et très long. Par exemple, il faut remplir un formulaire de 40 pages pour obtenir un permis de coupe afin d’abattre ne serait-ce qu’un seul arbre dans une réserve. C’est ce genre de choses qui empêche les Premières Nations d’entreprendre le travail. Si nous pouvions planifier davantage en amont en utilisant la grande quantité de données qui existe déjà — il y a souvent d’excellents ensembles de données à l’échelle provinciale —, nous pourrions consacrer beaucoup plus d’argent aux mesures d’atténuation, en fin de compte.

À titre d’exemple, en Colombie-Britannique, nous dépensons généralement entre 25 000 et 30 000 dollars pour l’élaboration des plans communautaires de protection contre les incendies de forêt. Chaque communauté a son propre plan. Toutes ces données sont stockées dans des entrepôts de données. Une intégration adéquate de ces données nous permettrait de faire cette planification à l’avance. L’utilisation d’outils comme le Lidar et d’autres technologies novatrices à l’aide de drones permet de faire des analyses et des évaluations des risques approfondies au préalable. Par exemple, après la dernière saison, nous avons commencé à utiliser le Lidar pour les Premières Nations touchées par les inondations. L’analyse comparative des mesures prises à l’aide du Lidar avant et après permet d’examiner les variations de la hauteur et de la déviation des arbres, de calculer les crédits de carbone, potentiellement, d’étudier les changements du débit des cours d’eau, de déterminer les accumulations de sédiments ou les zones plus touchées par l’érosion, et autres choses du genre.

Si nous commençons à examiner les choses de manière plus proactive et à relier les quatre piliers de la gestion des situations d’urgence, je pense que nous réussirons à utiliser toutes ces mégadonnées à bon escient. Par conséquent, les collectivités auront plus d’argent pour acquérir cette capacité et former les gens à faire des brûlages dirigés — des brûlages traditionnels —, compétence qu’ils pourront exercer sur le terrain dans la communauté afin d’en tirer de bons revenus.

Le problème actuel est partiellement lié au fait qu’historiquement, les Premières Nations sont habituellement sous-financées et ont moins de ressources, de sorte qu’il faut plus de temps pour démarrer de tels travaux. Comme nous l’avons constaté dans le cas présent, pour cet été, il a fallu plus de 10 ans à la collectivité de Nicomen pour traiter 100 hectares, alors que la communauté est entourée de 400 hectares qui posent un risque.

Le sénateur C. Deacon : Je vous remercie, monsieur Mercer. Il est dommage de ne pas avoir les commentaires du chef McNeil. Je vous remercie de vos commentaires. Ils sont très utiles.

Le président : Oui, merci d’être intervenu.

La sénatrice Petitclerc : Ma question s’adresse aux deux témoins, si le chef McNeil parvient à revenir.

Ma question est simple, mais j’aimerais bien connaître la réponse. Nous avons entendu de nombreux intervenants. Donc, qu’on parle de prévention, de mesures d’atténuation ou d’avenir, de nombreux intervenants ont un rôle à jouer, économiquement et politiquement, aux échelons fédéral et provincial. À cela s’ajoutent les universités et les universitaires. À votre avis, quels sont le rôle et la place du savoir et de l’expertise autochtones? Ont-ils un rôle? Devraient-ils avoir un rôle? À quoi cela ressemble-t-il?

M. Mercer : De mon point de vue précis, ayant récemment été promu au poste de gestionnaire au soutien à la prise de décisions en matière de finances, je dirais qu’il s’agit d’intégrer ces données et ces renseignements. Du point de vue des Premières Nations, et dans une perspective de collaboration, il faut leur offrir de tels outils afin qu’elles puissent y intégrer les données scientifiques et les observations autochtones, outre les ensembles de données disponibles à l’échelle provinciale et fédérale. L’idée est qu’elles aient accès à toutes les données sur les espèces en péril, les risques d’incendie — toutes les couches de données imaginables qui existent —, et qu’elles puissent y ajouter, de façon importante, leurs propres données. Dans le respect des principes de PCAP — propriété, contrôle, accès et possession —, ces moyens offriront aux Premières Nations un accès à des renseignements pertinents dont elles pourront se servir pour informer l’ensemble des intervenants à proximité des communautés.

Par exemple, concernant la prévention des incendies de forêt, nous pouvons indiquer sur une carte l’ensemble des unités de traitement et des polygones, y inclure toutes les valeurs clés et informations essentielles, puis partager cette carte avec divers organismes et intervenants afin que tous sachent, 10 ou 15 ans à l’avance, à quel endroit ces mesures d’atténuation doivent être mises en œuvre. Ils pourront alors estimer le coût moyen des mesures d’atténuation plusieurs années à l’avance, et nous pourrions simplement verser ces fonds directement dans le financement de base des Premières Nations. Si vous avez 200 hectares à risque, vous obtenez une allocation de fonds annuelle pour composer avec ce risque.

L’intégration des grands ensembles de données est un pas dans cette direction. C’est un facteur important pour l’avenir. À cela s’ajoute la science autochtone. Nous pouvons utiliser des données pour vous dire où les airelles noires pourraient pousser, mais le savoir autochtone vous dira où elles poussent vraiment.

Le président : Chef McNeil, je pense que vous avez entendu la question. Bienvenue à nouveau.

M. McNeil : Merci. J’ai entendu la question.

J’ajouterais qu’il s’agit de prendre ce que l’on pourrait appeler le savoir autochtone ou le savoir traditionnel et de l’appliquer dans le cadre de la déclaration — prenons l’article 29, par exemple, notre droit de protéger notre terre et notre environnement. Nous utiliserons nos connaissances, vieilles de centaines de générations, pour y participer, mais il faut que ce soit plus fort et plus ferme que de penser à des connaissances. Ce sont nos lois autochtones, notre façon d’être et notre science. Il faut prendre ces connaissances, les perfectionner et les soutenir avec l’article 29. L’article 18 se distingue également, selon moi, puisqu’il est question de notre droit de participer à la prise de décision. Donc, prenons les articles clés de la déclaration, enrichissons-les de nos connaissances, puis de bonnes choses se produiront à partir de là, sénatrice. Merci.

La sénatrice Petitclerc : Merci de ces remarques.

Le sénateur Klyne : La sénatrice Petitclerc a posé une excellente question et a obtenu la réponse que je cherchais. Je vais donc poser au chef tribal une brève question sur l’esprit de collaboration et de coopération. Je suppose que votre communauté a dû collaborer et coopérer avec les groupes municipaux, provinciaux et fédéraux pour accéder à certaines des ressources nécessaires, mais aussi pour résoudre certains des problèmes qui se posaient dans l’immédiat. À ce sujet, j’ai deux questions. En ce qui concerne la collaboration et la coopération, qu’est-ce qui a bien fonctionné et qu’est-ce qui aurait pu être fait différemment? Qu’est-ce que d’autres niveaux supérieurs du gouvernement auraient pu faire pour travailler avec vos communautés? Ensuite, en ce qui concerne le rapport qui a été publié, il a été mentionné qu’il semble bon d’un point de vue, mais qu’il n’est pas si bien appliqué dans la vallée du Fraser. Quelle est la barrière ou quel est l’obstacle qu’il faut surmonter?

M. McNeil : Merci, sénateur.

Premièrement, l’une des choses qui ont bien fonctionné, c’est notre capacité de nous rassembler et de nous soutenir mutuellement, que ce soit ici dans la vallée, lors de l’événement fluvial ou l’accueil de personnes évacuées lors de l’incendie à Lytton l’an dernier.

Si nous parlons des politiques provinciales et fédérales, sénateur, elles n’ont pas bien fonctionné. Tout ce qui est fondé sur des propositions, l’obligation de remplir des formulaires — nous remplissons ces formulaires et les soumettons, mais nous n’obtenons pas de réponse. Nous devions les remplir et les soumettre à nouveau, et la machine était en marche. Cela montre ce qui pourrait être mieux fait.

Le système est très raciste, sénateur. Nous avons eu toutes sortes d’incidents, allant du racisme interpersonnel au racisme dans les politiques. Quand je dis « racisme dans les politiques », sénateur, en voici un exemple. Une communauté a fait une demande pour obtenir des pompes à eau, des sacs de sable et des digues Tiger, puis elle a été mise sur la sellette pendant des mois pour savoir pourquoi elle louait des pompes à eau. La réponse a été la suivante : « Eh bien, nous avons une inondation. » Deux semaines plus tard, on leur pose une autre question : « Pourquoi louez-vous tant de pompes à eau? » La réponse a été : « C’est parce qu’il y a eu une grosse inondation. » Il faut des mois et des mois pour être payé ou remboursé, sénateur, et c’est vraiment problématique parce que nos communautés n’ont pas la capacité d’avoir d’énormes quantités de fonds.

C’est la raison pour laquelle nous essayons de travailler ensemble pour nous soutenir mutuellement, non seulement sur le plan relationnel, mais aussi sur le plan politique. Nous voulons modifier les politiques. Il y a notamment votre politique fédérale, sénateur. Elle ne cadre pas bien avec les pratiques sur le terrain. Prenons l’exemple de « rebâtir en mieux », par exemple, qui figure dans le rapport d’action provisoire. Si vous venez dans la vallée, il y a très peu d’occasions de mieux reconstruire. Il y a un déséquilibre parce que la Colombie-Britannique n’a pas sa propre politique de « rebâtir en mieux ». Au fédéral, nous ne pouvons utiliser que 15 % du Programme d’aide financière pour l’initiative « rebâtir en mieux », si bien qu’une grande partie des ressources visera à reconstruire les infrastructures avec la même qualité et la même hauteur qu’elles avaient avant l’événement. On ne fait que courir après les ennuis pour la prochaine fois.

Le sénateur Cotter : Merci beaucoup aux deux témoins des déclarations qu’ils ont faites.

Il est intéressant de noter que le sénateur Klyne a posé la question que j’avais à l’esprit. Chef McNeil, je vais revenir sur ce dernier point concernant les politiques fédérales — et vous avez décrit ce rapport comme étant un bon rapport — pour faire face à ce genre de situations de crise, les politiques de la Colombie-Britannique et le genre de philosophie des nations autochtones. Vous avez mentionné l’exécution et l’administration des programmes, mais les politiques sont-elles divergentes, incohérentes et, par exemple, insensibles aux points que vous avez soulevés sur les façons dont on peut rendre les connaissances et les approches autochtones efficaces dans vos communautés?

M. McNeil : Merci, sénateur.

Oui, elles le sont. Les politiques fédérales et provinciales sont en grande partie encore fondées sur l’ancienne façon de penser, ce que je trouve vraiment problématique, car le Canada et la Colombie-Britannique sont tous deux signataires du Cadre de Sendai. Le Cadre de Sendai parle de s’adapter aux changements climatiques, d’être résilients, de se projeter sur 100 ans, d’accepter qu’un événement de 100 ou 200 ans se produise tous les 20 ans, alors il faut s’y préparer et réagir maintenant, sans plus tarder.

L’une des mesures sur lesquelles nous misons, c’est le volet « Rebâtir mieux » mentionné dans le cadre, car nous n’avons tout simplement pas les fonds, sénateur, pour continuer de reconstruire les infrastructures dans leur état actuel. Nous devons les construire différemment. Nous devons être plus résilients et examiner les possibilités d’investir dans l’adaptation aux changements climatiques plutôt que dans la protection.

Il s’agit d’un conflit, je dirais, sénateur, pour ce qui est des pratiques et des politiques adoptées par les gouvernements fédéral et provinciaux, ce qui témoigne de la bureaucratie de la fonction publique. Les gouvernements doivent abandonner l’ancienne façon de penser, adopter le Cadre de Sendai et travailler avec nous pour le mettre en œuvre sur le terrain.

Le sénateur Cotter : Merci. C’est très utile.

Le président : Merci beaucoup de cette question.

Le sénateur C. Deacon : Si vous le permettez, j’aimerais poser une autre question en lien avec un point très intéressant que vous avez soulevé. Vous avez dit que vous n’obtenez pas les ressources nécessaires pour rebâtir mieux. Lorsque des mesures temporaires sont mises en place et que vous avez un ponceau qui est sous-dimensionné par rapport au défi croissant de l’augmentation des débits d’eau que nous allons recevoir, nous savons où cela va nous mener.

Plus précisément sur la question de délaisser la gestion actuelle, qui ne permet pas de gérer le problème croissant, comment pourrions-nous vous aider à faire valoir ce point, à montrer comment les règlements et la culture dans laquelle vous devez travailler avec vos partenaires provinciaux et fédéraux, mais plus particulièrement avec les partenaires fédéraux, ne nous permettent pas d’atténuer les défis qui, nous le savons, se profilent à l’horizon? Sur ce point précis, pouvez-vous tous les deux nous donner des conseils supplémentaires, au-delà des points très tactiques et stratégiques que vous avez fournis, sur la façon dont nous pouvons vous aider à faire valoir ce point?

M. McNeil : Merci, sénatrice.

Regardez la Stratégie nationale de gestion des urgences du Canada et faites le lien avec la réponse que le Canada soutient politiquement en matière de carboneutralité, et améliorez un peu la cohérence, car à l’heure actuelle, il y a un manque de cohérence entre un grand nombre des activités fondées sur des principes auxquelles le gouvernement fédéral travaille. Je dirais, sénatrice, qu’une grande partie de ce déséquilibre est attribuable au Parlement et à ses mandats électoraux, mais nous devons regarder au-delà de la présente session parlementaire et nous projeter 10, 20, 50 ou 100 ans en avant. Et le Cabinet doit obtenir l’appui de tous les partis à cet égard. Si nous parvenions à le faire, sénatrice, je dirais que 90 % du travail serait déjà fait. Pour les 10 % restants, il s’agirait de négocier les montants réels, les projets qui reçoivent des fonds, ceux qui n’en reçoivent pas, ceux qui viennent plus tard et ainsi de suite.

M. Mercer : J’ajouterais aux propos de M. McNeil qu’il faut examiner les possibilités d’approvisionnement auprès des Premières Nations. Souvent, au milieu d’une intervention ou d’un rétablissement, notre personnel fait appel à tout le monde en Colombie-Britannique pour essayer de trouver des déshumidificateurs ou des barrages Tiger Dam, entre autres. Souvent, les ressources sont épuisées. Il faut créer des occasions pour que les Premières Nations fournissent des ressources, et trouver des organisations des Premières Nations qui peuvent soutenir et construire des Tiger Dams, faire des sacs de sable. Disposer d’un réseau des possibilités offertes par les Premières Nations dans ce domaine de l’approvisionnement pourrait contribuer à la réduction des risques de catastrophe, à l’atténuation des effets, à la planification et à tout ce qui va suivre. Ce serait une occasion majeure. Ce groupe pourrait également contribuer à reconstruire mieux en trouvant des groupes des Premières Nations uniques qui travaillent dans le domaine, qui innovent, qui font des choses avec des panneaux solaires, un meilleur Internet et ce genre de choses.

Le sénateur C. Deacon : Monsieur Mercer, si on regarde l’approvisionnement dans l’autre sens, connaissez-vous des entreprises des Premières Nations qui réussissent à avoir accès à des occasions d’approvisionnement afin de fournir des conseils et des services au gouvernement fédéral? Il est évident que, dans certains domaines, vous êtes capables d’être un très bon fournisseur de services. Êtes-vous en mesure de vendre efficacement vos services pour contribuer à la résolution de ces problèmes?

M. Mercer : Dans de nombreux cas, la FNESS a réussi à travailler avec tous les ordres de gouvernement, mais il a fallu des décennies pour en arriver là. Je sais d’expérience qu’il faut vraiment qu’une organisation des Premières Nations se démarque, qu’elle obtienne la reconnaissance et l’acceptation qui sont nécessaires, pour être réinvitée à la table lors de futures séances de planification. Un groupe comme la FNESS qui aurait la possibilité d’obtenir des marchés publics pourrait commencer à s’adresser à d’autres petits groupes et à accroître considérablement leur capacité, au lieu d’avoir à trouver une occasion de se distinguer en tête de peloton simplement pour être invité.

Le président : Merci beaucoup à nos deux témoins, le chef McNeil et M. Mercer. Nous vous savons gré de votre participation ce matin. Votre contribution à notre étude est très précieuse.

Sur ce, nous allons passer à la partie suivante de notre réunion. J’aimerais remercier les membres du comité de leur participation active et de leurs questions pertinentes.

Avant de poursuivre à huis clos, je tiens à souligner que nous perdons aujourd’hui un autre membre de notre comité qui part à la retraite. Demain, le sénateur Wetston aura 75 ans et quittera par conséquent le Sénat. Le sénateur Wetston a été nommé au Sénat en novembre 2016 après une longue carrière au service des Canadiens dans d’autres domaines. Il n’est arrivé au Comité de l’agriculture et des forêts qu’à la présente session, mais il a su laisser une impression durable. Sénateur Wetston, votre expertise à ce comité et à la Chambre rouge va nous manquer, à moi ainsi qu’à nos collègues du comité et à notre grande famille sénatoriale. Ce matin, j’ai eu la chance, chers collègues, de discuter avec le sénateur Wetston alors qu’il se rendait à son bureau, et il m’a fait remarquer que notre comité est l’un des comités qui, selon lui, fait vraiment avancer les choses. Je suis très sensible à votre commentaire, sénateur Wetston. Je vous invite, si vous le souhaitez, à dire quelques mots.

Le sénateur Wetston : Merci beaucoup, monsieur le président. J’aurais aimé être avec vous sur place à la réunion, ce matin, mais malheureusement, j’ai attrapé un virus qui me ralentit un peu depuis quelques jours, au Sénat.

J’ai parlé au président ce matin et je voulais qu’il sache que je pense que ce comité est très performant, très compétent, très engagé et qu’il contribue vraiment à certains des secteurs les plus importants de notre économie. J’ai indiqué au président que j’aurais aimé me joindre à ce comité plus tôt, car je vois l’importance des questions que vous abordez et des défis que nous avons constatés en Colombie-Britannique et auxquels vous vous attaquez maintenant. Ils sont, selon moi, très importants. Il y a tellement de domaines de l’agriculture et de la sécurité alimentaire qui sont si déterminants pour le pays.

Je vous dirai que, sur le plan personnel, ce comité va me manquer. Vous voir tous et travailler avec vous va me manquer. Tout s’est passé trop vite pour moi. Ces cinq années ont filé à toute allure. Je pense que vous pouvez tous comprendre cela. J’ai le sentiment d’avoir appris à bien connaître nombre d’entre vous, et j’apprécie vos compétences, votre engagement et vos contributions. J’aurai toujours à l’esprit l’excellent travail que vous faites, le difficile travail que vous accomplissez. Encore une fois, je ne peux que dire que cela a été un honneur pour moi de faire partie de ce comité et de travailler avec vous.

Je vous remercie, monsieur le président, de m’avoir accordé quelques minutes pour exprimer ma gratitude.

Le président : Félicitations, sénateur Wetston.

Avant de passer à huis clos, je tiens à remercier nos interprètes et notre équipe de logistique qui veillent à ce que nos réunions se déroulent sans heurts, malgré les contretemps qui surviennent inévitablement. Nous vous remercions de votre engagement et de votre soutien.

Sur ce, sénateurs, sommes-nous d’accord pour suspendre la séance pendant une minute ou deux afin de mettre fin à la partie publique de notre réunion et de passer à huis clos?

Des voix : D’accord.

(La séance se poursuit à huis clos.)

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