LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’ÉNERGIE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le mardi 27 septembre 2022
Le Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd’hui, à 18 h 30 (HE), avec vidéoconférence, pour effectuer une étude sur de nouvelles questions concernant le mandat du comité.
Le sénateur Paul J. Massicotte (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Honorables sénateurs, je m’appelle Paul Massicotte. Je suis un sénateur du Québec et je suis président du comité. Aujourd’hui, nous tenons une séance du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles. Avant de commencer, j’aimerais rappeler aux témoins qui se joignent à nous de façon virtuelle de garder leur micro éteint en tout temps, à moins que le président leur donne la parole.
J’aimerais maintenant présenter les membres du comité qui participent à la réunion aujourd’hui : Margaret Dawn Anderson, des Territoires du Nord-Ouest, Michèle Audette, du Québec, David Arnot, de la Saskatchewan, Frances Lankin, de l’Ontario, Julie Miville-Dechêne, du Québec, Judith Seidman, du Québec, Karen Sorensen, de l’Alberta et Josée Verner, c.p., du Québec.
Je vous souhaite la bienvenue à tous, chers collègues, ainsi qu’à tous les Canadiens et Canadiennes qui nous regardent.
Aujourd’hui, nous nous réunissons afin de poursuivre notre étude sur l’énergie basée sur l’hydrogène.
Ce soir, nous accueillons, par vidéoconférence, Julia Levin, responsable du programme national sur le climat, de l’Association de défense de l’environnement; à titre personnel, nous accueillons Robert W. Howarth, professeur David R. Atkinson d’écologie et de biologie environnementale, de l’Université Cornell, et Debbie Murray, directrice principale, Politiques et affaires réglementaires, de l’Association des administrations portuaires canadiennes.
Bienvenue et merci d’avoir accepté notre invitation. Vous avez cinq minutes chacun pour prononcer votre discours d’ouverture; nous vous poserons ensuite des questions.
Nous allons commencer par Mme Levin, puis M. Howarth, pour conclure avec Mme Murray.
Madame Levin, vous avez la parole.
[Traduction]
Julia Levin, responsable du programme national sur le climat, Association de défense de l’environnement : Je vous remercie de m’avoir invitée à comparaître devant le comité dans le cadre de son étude sur l’hydrogène. L’hydrogène renouvelable a le potentiel de contribuer à la décarbonisation d’un nombre limité de secteurs. Toutefois, les sociétés pétrolières et gazières utilisent l’hydrogène comme un moyen de retarder une véritable transition vers une énergie propre et de maintenir l’infrastructure de gaz naturel, ce qui est totalement incompatible avec l’objectif d’assurer un avenir sans danger pour le climat. À cet égard, seul l’hydrogène renouvelable est compatible. L’hydrogène que l’on dit « bleu » n’est pas une solution aux enjeux climatiques.
L’ancien dirigeant de la principale association britannique de l’industrie de l’hydrogène a quitté son poste. Il a déclaré qu’il trahirait les générations futures s’il restait silencieux sur le fait que l’hydrogène bleu est, au mieux, une distraction onéreuse et, au pire, un moyen pour continuer à utiliser des combustibles fossiles. Le potentiel de ce que l’on appelle l’hydrogène bleu pour réduire les émissions repose sur le captage et le stockage du carbone, une technologie qui, bien qu’elle existe depuis 50 ans, a connu une série d’échecs. Même si le captage de carbone pouvait fonctionner comme prévu, il ne permettrait de capter qu’une fraction des émissions liées à la production d’hydrogène bleu. Si l’on investit dans l’hydrogène fossile, l’hydrogène bleu, le Canada sera condamné à un avenir caractérisé par l’utilisation de combustibles fossiles et les émissions de méthane. Il n’y a pas de place pour l’hydrogène bleu dans un avenir sans danger pour le climat.
Enfin, l’hydrogène est lui-même un gaz à effet de serre indirect — qui est très puissant — peu importe comment il est produit. Compte tenu du risque de fuites, nous devons être prudents quant au type d’infrastructure que nous construisons pour l’hydrogène.
En outre, l’industrie pétrolière et gazière utilise l’hydrogène pour détourner l’attention de solutions climatiques efficaces et abordables qui ont fait leurs preuves. Par exemple, nous disposons déjà de tous les outils pour électrifier le chauffage et les appareils de cuisson dans les maisons, mais les compagnies de gaz font pression pour l’utilisation d’hydrogène dans le réseau de gaz. Elles évoquent une réduction symbolique des émissions de carbone pour justifier la construction de nouveaux gazoducs et de nouvelles centrales, tout en s’opposant à l’électrification — une bien meilleure option pour décarboniser nos maisons et nos bâtiments.
Sur le plan économique, de plus en plus d’analyses prévoient que l’hydrogène renouvelable coûtera moins cher que même l’hydrogène gris, au cours de cette décennie, en raison de la baisse spectaculaire du coût de l’énergie renouvelable et des électrolyseurs, tandis que le coût de l’hydrogène bleu ne devrait pas diminuer. Il y a un risque énorme que les investissements dans l’hydrogène bleu deviennent des actifs délaissés avant même l’achèvement des projets.
La mise en place de systèmes à hydrogène renouvelable requiert une énorme quantité d’énergie. Il est toujours plus efficace d’utiliser directement l’énergie renouvelable que de la convertir en hydrogène. Par conséquent, l’électrification et l’efficacité énergétique seront toujours des moyens plus efficaces et plus rentables de répondre à nos besoins énergétiques que l’hydrogène.
L’hydrogène peut avoir un rôle à jouer dans les secteurs où l’électrification n’est pas une option, soit potentiellement pour certains types de transport, l’expédition et certaines industries lourdes. Toutefois, là où il est le plus urgent de recourir à l’hydrogène renouvelable, c’est pour remplacer l’hydrogène gris, qui est actuellement utilisé pour valoriser le pétrole brut lourd et produire des engrais, ce qui a une incidence considérable sur les émissions. Nous ne devons pas nous laisser distraire par les nombreuses utilisations de l’hydrogène que vante l’industrie du gaz, comme l’injection d’une petite quantité d’hydrogène dans les réseaux de gaz naturel.
Nous sommes au beau milieu d’une urgence climatique. Nous avons besoin de dirigeants qui réduiront notre dépendance aux carburants à l’origine de la crise. Malheureusement, le gouvernement fédéral a cédé à l’industrie pétrolière et gazière et a proposé une stratégie nationale qui exagère le rôle de l’hydrogène, qui n’est pas stratégique quant à l’application proposée et qui laisse trop de place à l’hydrogène fossile.
De plus, le Canada tente de faire pression à l’échelle internationale pour l’élaboration d’une définition de l’hydrogène propre et l’établissement d’un seuil d’intensité des émissions qui laissent la porte ouverte à l’hydrogène bleu. Il s’agit d’un rôle irresponsable du Canada sur la scène mondiale.
Nous connaissons les solutions à la crise climatique : l’électrification, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Miser sur l’hydrogène permet aux sociétés pétrolières et gazières de se donner une image écolo, mais cela ne nous aidera pas à réaliser les importantes réductions d’émissions dont nous avons besoin pour nous attaquer à la crise. Merci. Je serai ravie de répondre à vos questions.
Le président : Merci beaucoup. Monsieur Howarth, la parole est à vous.
Robert W. Howarth, professeur David R. Atkinson d’écologie et de biologie environnementale, Université Cornell : Merci de me donner l’occasion de faire un exposé et d’échanger avec vous. Je serai bref.
Dans le passé, l’hydrogène n’était pas seulement une source d’énergie, mais plutôt une matière industrielle utilisée pour la fabrication d’engrais azoté synthétique, le raffinage de produits pétroliers et la fabrication de plastiques. L’hydrogène peut jouer un rôle important dans notre avenir énergétique, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle source d’énergie — il est important de le souligner. Il s’agit d’un produit de stockage provenant d’autres sources primaires d’énergies, qu’elles soient renouvelables ou fossiles, et la fabrication est intrinsèquement inefficace. Aujourd’hui, 96 % de l’hydrogène en Amérique du Nord est produit à partir du méthane présent dans le gaz naturel. Le processus entraîne d’énormes émissions de gaz à effet de serre et coûte assez cher, ce qui ne fera que s’accentuer avec l’augmentation du prix du gaz naturel.
Au cours des quatre ou cinq dernières années, l’industrie pétrolière et gazière, par la création de son conseil de l’hydrogène, un produit de TotalEnergies, de Shell, de BP et d’Exxon, a beaucoup fait la promotion de l’hydrogène bleu en tant que produit parfois qualifié de carboneutre ou à faibles émissions. L’hydrogène bleu est produit à partir de gaz naturel, mais avec le captage de dioxyde de carbone.
Mark Jacobson, de l’Université Stanford, et moi-même avons publié la première analyse révisée par les pairs sur l’évaluation du cycle de vie de l’hydrogène bleu il y a tout juste 13 ou 14 mois. Notre conclusion, qui me semble assez solide, c’est que l’hydrogène bleu n’a rien d’un carburant à faibles émissions. C’est en fait un carburant à très fortes émissions. C’est en partie parce que la capture du dioxyde de carbone est loin d’être parfaite, comme l’a mentionné Mme Levin. Après 50 ans, l’industrie n’a pas réussi. C’est un produit très difficile. C’est aussi parce qu’on ne peut pas utiliser le gaz naturel, qui est le produit d’alimentation et la source d’énergie de l’hydrogène bleu, sans qu’un peu de méthane non brûlé soit émis dans l’atmosphère. Le méthane est un gaz à effet de serre incroyablement puissant. Selon le dernier rapport du GIEC, 45 % du réchauffement climatique à ce jour est causé par les émissions de méthane. Nous devons réduire ces émissions. L’hydrogène bleu contribue à la hausse de ces émissions.
Dans les notes que j’ai envoyées à la greffière hier, j’ai inclus une représentation graphique des émissions tirée de notre analyse. Les émissions de l’hydrogène bleu sont pires que celles qui résulteraient de l’utilisation du gaz naturel comme carburant, c’est donc une très mauvaise idée.
Comme Mme Levin l’a mentionné, l’hydrogène contribue directement au réchauffement de la planète. En fait, ce n’est pas un gaz à effet de serre, mais plus il y a d’hydrogène dans l’atmosphère, plus les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane, la vapeur d’eau et l’ozone, ont une incidence sur nous. Les fuites d’hydrogène sont donc un gros problème. Même l’hydrogène vert, soit l’hydrogène produit à partir d’électricité entièrement renouvelable, a des conséquences sur le climat. Il n’en a pas autant que l’hydrogène bleu ou les combustibles fossiles, mais il n’est pas carboneutre, de sorte que l’électrification est sûrement la voie à suivre.
Parmi les documents que je vous ai envoyés hier, il y a aussi un tableau qui présente les raisons pour lesquelles nous ne devrions jamais injecter de l’hydrogène mélangé à du méthane dans les systèmes de gaz naturel. Je n’aborderai pas la question maintenant. Vous pouvez m’interroger à ce sujet si vous le souhaitez. Je pense que le tableau est assez clair, et vous l’avez en main.
Fondamentalement, le système de gaz naturel n’a pas été conçu pour recevoir l’hydrogène; il ne le gère pas bien. L’ajout de petites quantités d’hydrogène dans ce flux de méthane entraînerait des réductions négligeables des émissions de gaz à effet de serre globales. En fait, hier, l’Electric Power Research Institute, en collaboration avec la New York Power Authority, a publié un rapport. Je ne l’avais pas vu lorsque j’ai préparé mon témoignage, car sinon j’aurais ajouté une illustration pour vous, mais il s’avère qu’il faut mélanger environ 80 ou 90 % d’hydrogène dans ce flux avant d’arriver à une diminution importante des émissions de dioxyde de carbone. À ce stade, ce n’est pas une bonne façon d’utiliser la ressource.
L’industrie pétrolière et gazière encourage fortement l’utilisation de l’hydrogène, y compris l’hydrogène vert, pour le chauffage résidentiel. Nous sommes bien mieux servis avec une électrification bénéfique. Avec la même ressource d’électricité renouvelable, on obtient environ 6 à 10 fois plus d’énergie thermique dans un bâtiment lorsqu’on utilise l’électricité directement avec des pompes à chaleur, plutôt que de la convertir en hydrogène et de l’amener au bâtiment avec tous les problèmes d’inefficacité que cela comporte.
Je suis donc d’accord avec Mme Levin. C’est du greenwashing, de l’écoblanchiment pur et simple.
L’hydrogène a un rôle à jouer dans l’avenir, mais pas celui que vous présente l’industrie pétrolière et gazière. Je serai heureux de pouvoir vous en parler plus longuement ce soir. Merci.
Le président : Merci beaucoup. Madame Murray, veuillez commencer votre exposé, s’il vous plaît.
Debbie Murray, directrice principale, Politiques et affaires réglementaires, Association des administrations portuaires canadiennes : Monsieur le président, sénateurs et sénatrices, je vous remercie d’avoir demandé à l’Association des administrations portuaires canadiennes de témoigner sur la question de l’économie de l’hydrogène et du rôle des ports dans cette économie.
Notre association représente 17 administrations portuaires canadiennes, qui contribuent au transport de la majeure partie du fret maritime international du Canada. Je suis également coprésidente du groupe de travail sur les ports et la mer de la stratégie nationale sur l’hydrogène, avec Ressources naturelles Canada.
La transition énergétique mondiale est bien amorcée et il semble que de nombreux pays frappent à la porte du Canada pour collaborer avec lui sur la question de l’hydrogène. La décarbonisation, les forces du marché et les bouleversements géopolitiques sont à l’origine de ce changement générationnel. Pour les administrations portuaires canadiennes, les ports fédéraux qui exercent leurs fonctions sans lien de dépendance avec le gouvernement, il est clair qu’il y a un rôle essentiel à jouer en matière de stockage, de chargement et même de production d’hydrogène, d’ammoniac et de GNL que les marchés étrangers recherchent.
Les ports sont des plaques tournantes pour favoriser une utilisation à l’échelle nationale et internationale de l’hydrogène et de l’énergie. Ils relient les chaînes d’approvisionnement nationales et internationales. Aujourd’hui, alors que les délégations étrangères s’en vont et que les annonces s’estompent, l’attention se porte sur les ports et les partenaires pour obtenir des sources d’énergie en amont et des partenaires en aval, et investir dans l’infrastructure nécessaire au transport et à la mise en soute de l’hydrogène. Or, il sera difficile de répondre à ces aspirations en temps voulu, compte tenu des difficultés liées à l’incertitude réglementaire, au financement et à l’approbation des projets d’infrastructures portuaires nécessaires à la transition énergétique.
Il est également important de souligner que les discussions sur l’hydrogène s’inscrivent dans des discussions plus générales dans les affaires maritimes et portuaires sur les carburants de l’avenir et la décarbonisation, qui façonnent à leur tour les investissements importants effectués à très court terme dans les ports et les navires qui doivent durer 20 ans. Cela indique que l’état de préparation des ports canadiens pour la mise en soute et l’exportation d’hydrogène n’est pas ce qu’il devrait être.
En plus de ce flux énergétique, les ports du Canada s’efforcent maintenant de répondre aux exigences diverses liées aux chaînes d’approvisionnement qui évoluent, aux répercussions des changements climatiques, aux changements apportés aux régimes environnementaux, aux accords commerciaux, aux stratégies de marché telles que la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques et aux impératifs de durabilité, qui nécessitent également des investissements dans les infrastructures. Le financement est limité. Les administrations portuaires canadiennes doivent compter sur les revenus qu’elles génèrent pour couvrir les coûts d’exploitation et pour les dépenses d’investissement, et elles ne peuvent emprunter que jusqu’à des limites fixées par le gouvernement qui sont inadéquates par rapport aux besoins en infrastructure qui leur sont imposés aujourd’hui, comme j’y ai fait allusion, sans parler de nos aspirations énergétiques.
Par conséquent, les ports sont limités quant à la manière d’investir et le type d’infrastructures dans lesquelles ils peuvent investir. On peut faire des promesses, mais elles seront difficiles à tenir si les administrations portuaires canadiennes ne bénéficient pas de la flexibilité financière qui leur permettrait de construire les infrastructures portuaires requises. Autrement, l’hydrogène et les autres sources d’énergie devront être mis dans le même lot que les autres demandes faites aux ports dans leurs budgets.
Le gouvernement prend bon nombre des mesures qui sont nécessaires. Notamment, il signe des protocoles d’entente, met en œuvre la stratégie et établit des liens avec l’industrie, mais il faut en faire davantage pour assurer la prévisibilité et l’état de préparation qu’il faut pour faire progresser l’économie de l’hydrogène et de l’énergie au Canada.
Premièrement, nous recommandons une flexibilité financière et du financement. Puisque le financement de l’infrastructure dont nous avons besoin constitue un défi, nous recommandons l’établissement d’un financement réservé et suffisant pour l’infrastructure de l’hydrogène. Nous recommandons que les administrations portuaires canadiennes y soient admissibles. Nous avons souvent constaté qu’elles ne sont pas admissibles à divers fonds stratégiques du gouvernement, y compris certains qui sont maintenant destinés aux technologies propres et à l’innovation stratégique.
Deuxièmement, nous recommandons l’approbation de projets. Nous devons résoudre la question liée à la construction de l’infrastructure appropriée qui sert à acheminer notre énergie vers les ports du Canada. Le régime actuel d’évaluation des impacts peut être long et imprévisible, et les investisseurs intéressés n’attendront pas qu’une évaluation portuaire prenne des années avant d’être approuvée. Par conséquent, nous recommandons de simplifier et d’accélérer le processus d’évaluation dans le cadre de la loi actuelle.
Troisièmement, nous recommandons l’adoption de règlements. Les cadres réglementaires relatifs au transport, à la propulsion et au chargement de l’hydrogène, pour n’en nommer que quelques-uns, devront évoluer au cours des cinq prochaines années à mesure que les choses prendront de l’ampleur et se complexifieront. Les codes, les normes et les règlements devront être élaborés conjointement avec l’industrie et harmonisés avec les régimes mondiaux. Or, les projets pilotes à petite échelle qui utilisent l’hydrogène comme carburant peuvent ouvrir la voie à l’élaboration de la réglementation, au développement d’infrastructures, à des partenariats et à la modernisation. L’industrie peut trouver des gains d’efficacité et des solutions d’infrastructure transitoires en modernisant les actifs existants, tels que les navires et les parcs de stockage.
Au-delà de l’économie de l’hydrogène, il y a un autre outil important que je souhaite porter à votre attention et qui pourrait également mieux permettre aux ports de répondre à toutes les exigences qui leur sont imposées, y compris en ce qui concerne les aspirations internationales du Canada en matière d’hydrogène. Il s’agit de l’examen de la modernisation des ports du gouvernement fédéral tant attendu, que le ministre des Transports Alghabra s’est engagé à mettre en œuvre et à achever avant la fin de l’année. Nous espérons que l’examen appuiera une stratégie nationale sur les chaînes d’approvisionnement et la circulation des marchandises, dont la production, le stockage et la circulation des carburants de l’avenir constituent une composante majeure.
Il faut faire en sorte que les administrations portuaires canadiennes puissent continuer à prendre des décisions sur les types d’investissements qui conviennent grâce à des réformes de gouvernance adaptées qui respectent la nature autonome des ports par rapport au gouvernement, avec la nomination d’administrateurs qualifiés en temps opportun et un soutien à l’accès aux capitaux privés en fonction des risques. Idéalement, au lieu des limites d’emprunt imposées actuellement, des cotes de crédit minimales et des paramètres raisonnables conformes aux normes de l’industrie concernant le service de la dette pourraient être établis pour chacune des administrations portuaires canadiennes afin qu’elles puissent emprunter dans les limites normales du marché.
Enfin, nous recommandons de rendre permanent le Fonds national des corridors commerciaux et d’envisager la mise en place d’autres instruments de financement fédéraux conçus pour soutenir la décarbonisation des ports et du transport maritime, ainsi que l’hydrogène, pour que les administrations portuaires canadiennes y soient admissibles.
En résumé, j’aimerais dire que ce sont les mesures que nous prenons maintenant et que nous prendrons à l’avenir qui permettront au Canada de se positionner comme chef de file et de tirer parti de cette demande. Je vous remercie.
Le président : Je remercie beaucoup les témoins. Il y a tant de choses à comprendre et à discuter.
[Français]
La sénatrice Miville-Dechêne : Merci à tous de ces explications. J’adresse ma question à M. Howarth, et peut-être que d’autres témoins auront quelque chose à ajouter.
Quand le chancelier allemand, Olaf Scholz, a fait une visite au Canada récemment, il a mentionné qu’il s’intéressait uniquement à l’hydrogène de sources renouvelables, donc l’hydrogène vert. Comment le Canada est-il positionné par rapport à ces sources d’hydrogène?
Dans votre témoignage, vous avez été relativement critique envers l’hydrogène vert, en disant que ceux qui prétendent qu’il peut servir pour le chauffage font ce qu’on appelle en anglais du greenwashing. Y a-t-il ou non un avenir économique pour l’hydrogène vert au Canada, et peut-on aider l’Allemagne, qui a de grands besoins dans ce domaine? Sommes-nous équipés pour faire cela, et est-ce sensé, économiquement et environnementalement?
[Traduction]
M. Howarth : Je suis vraiment désolé, mais je ne comprends pas tout à fait votre question.
[Français]
La sénatrice Miville-Dechêne : Quand le chancelier allemand, Olaf Scholz, a visité le Canada récemment, il a mentionné qu’il s’intéressait uniquement à l’hydrogène de sources renouvelables, ce qu’on appelle l’hydrogène vert. Comment le Canada est-il positionné par rapport à ces sources d’hydrogène?
Dans votre témoignage, vous avez même été critique envers l’hydrogène vert, en disant qu’il avait de sérieuses limites et qu’il ne pouvait pas servir pour le chauffage.
[Traduction]
M. Howarth : C’est une excellente question. Pardonnez-moi encore une fois, car j’ai un peu de difficulté à comprendre la langue et j’ai manqué l’interprétation la première fois.
Je suis ravi que la conversation porte sur l’hydrogène vert et non sur l’hydrogène bleu. Si nous pouvions laisser tomber toute la question de l’hydrogène d’origine fossile et reconnaître qu’il n’a pas d’avenir en Amérique du Nord, ce serait merveilleux.
Quant à l’hydrogène vert, je le considère comme une ressource très précieuse. Il coûte très cher, mais son prix diminue à mesure que le coût de l’électricité renouvelable et celui des électrolyseurs diminuent aussi. En effet, ces deux coûts diminuent considérablement, ce qui fera diminuer le coût de l’hydrogène vert.
Toutefois, dans le monde entier, au Canada et aux États-Unis, nous essayons de nous détourner de l’économie des combustibles fossiles aussi rapidement que possible.
J’habite dans l’État de New York et je fais partie de la commission de l’État de New York chargée d’élaborer un plan visant à abandonner les combustibles fossiles à très brève échéance. Nous avons discuté de l’hydrogène dans ce contexte, et nous avons décidé que l’hydrogène ne devrait jouer aucun rôle dans le chauffage. C’est en partie parce que le réseau des pipelines n’est pas conçu pour cela, mais c’est aussi simplement pour des raisons d’efficacité.
On peut acheminer assez efficacement une unité d’électricité renouvelable jusqu’à un foyer. Il y aura une certaine perte dans le réseau électrique, mais elle sera faible. Ensuite, on peut utiliser une thermopompe à haut rendement. J’ai inclus un schéma à cet égard dans le document que je vous ai envoyé. La thermopompe utilisée dans cet exemple n’est pas particulièrement efficace, car elle a un coefficient de performance de 3, ce qui est faible. Nous pouvons faire mieux.
Je vous parle ce soir depuis ma maison qui est équipée d’une thermopompe dont le coefficient de performance est de 5, et je sais donc que nous pouvons faire mieux. Même un coefficient de 3 est tellement efficace qu’il permet d’obtenir six fois plus de cette électricité renouvelable — si on utilise la même unité — que si elle était convertie en hydrogène.
Dans le cadre de cette transition énergétique qui nous éloigne des combustibles fossiles, l’électricité renouvelable est une ressource précieuse. Il faut l’utiliser aussi efficacement que possible pour laisser tomber les combustibles fossiles, et l’utilisation de l’hydrogène pour le chauffage ne représente pas du tout une solution efficace. En outre, l’utilisation des pipelines pose de nombreux problèmes.
Le mois dernier, le California Air Resources Board a recommandé de ne pas mélanger plus de 5 % d’hydrogène avec du méthane dans les pipelines, car cela ne donne rien de bon.
La sénatrice Miville-Dechêne : Pensez-vous que le Canada a un avenir dans la vente d’hydrogène vert à l’Allemagne?
M. Howarth : Eh bien, je pense que s’il y a un surplus de vent le long de votre côte Est — et c’est certainement une région très venteuse —, le Canada devrait réfléchir sérieusement à la façon dont il veut utiliser cette ressource. Si vous pouviez l’acheminer vers le marché par câble, ce serait plus efficace que de la convertir en hydrogène, et vous pourriez l’utiliser au Canada. Je pense que ce serait à l’avantage du Canada.
Si ce n’est pas possible et que vous avez toujours un surplus d’énergie éolienne, la convertir en hydrogène n’est pas une mauvaise idée. Si l’Allemagne souhaitait vous l’acheter, je pense que cela pourrait être une bonne chose. J’espère que les Allemands en feront bon usage et qu’ils ne la convertiront pas en hydrogène. Encore une fois, c’est une approche tellement inefficace à l’échelle mondiale.
C’est une réponse ambiguë, mais il faudrait utiliser l’électricité renouvelable aussi efficacement que possible, en la convertissant en hydrogène en dernier recours et en utilisant ensuite cet hydrogène aussi efficacement que possible.
La sénatrice Miville-Dechêne : Je vous remercie.
La sénatrice Seidman : Je remercie tous les témoins d’être avec nous ce soir. Ma question s’adresse également à vous, monsieur Howarth. Je sais que vous n’aimez pas particulièrement les questions qui concernent l’hydrogène bleu, alors je vais simplement aborder ce sujet et tenter de tirer une conclusion, puis passer à l’hydrogène vert, si vous me le permettez.
Vous avez fait référence, je crois, à votre article paru en avril 2021 dans la revue Energy, Science & Engineering, dans lequel vous laissez entendre que l’hydrogène bleu ne résoudra pas notre dilemme en matière d’émissions au Canada, car son empreinte est 20 % plus élevée que celle du gaz naturel et 60 % plus élevée que celle du diésel, sans compter que la longévité de la capture et du stockage du carbone pose problème.
J’aimerais donc vous poser une question très directe. Si vous deviez conseiller le gouvernement du Canada, lui suggéreriez-vous de cesser complètement d’investir dans cette technologie?
M. Howarth : Oui, je le ferais certainement. J’ai comparu devant le Congrès américain, où j’ai précisé que l’État de New York — car je fais partie de la commission pour l’avenir énergétique de cet État —, ne permettra pas l’utilisation de l’hydrogène bleu sur son territoire.
Encore une fois, il y a deux problèmes. Notre article a en fait été publié en août, et non en avril 2021. Mais à part cela, vous avez raison au sujet des statistiques.
Il faut tenir compte de deux choses. Tout d’abord, la capture du carbone est loin d’être une activité au rendement parfait, car il y a toujours des fuites. Nous utilisons des valeurs plutôt optimistes dans notre article. Nous avons également examiné un large éventail de possibilités. Quel que soit l’ensemble des hypothèses raisonnables concernant la capture du carbone, il y aura toujours des émissions de dioxyde de carbone. Il faut de l’énergie pour produire du dioxyde de carbone. Ce n’est pas gratuit. Nous avons présumé que l’industrie utiliserait davantage de gaz naturel pour produire l’électricité nécessaire pour procéder à la capture, car elle utilise déjà le gaz naturel comme matière première, et elle possède déjà des usines d’hydrogène bleu et un pipeline.
En résumé, on consomme de plus en plus de gaz naturel. Même si on capture quelque peu les émissions de dioxyde de carbone — et on ne les capture pas toutes —, les émissions de méthane continuent d’augmenter, car on ne peut tout simplement pas utiliser du gaz naturel sans qu’une partie de ce gaz s’échappe dans l’atmosphère sans être brûlé. Nous avons présumé que la proportion était d’environ 3,5 %, ce qui est très bas. Mais même si cette proportion est réduite à 1,5 % — une proportion trop basse pour être vraisemblable —, pour autant que je sache, aucun pays n’atteint cela, et en raison des émissions de méthane, c’est une idée extrêmement dangereuse.
En outre, Mme Levin a mentionné l’aspect économique. Actuellement, l’hydrogène gris, l’hydrogène pur issu de combustibles fossiles, est assez cher. L’hydrogène bleu est encore plus cher, car il faut plus de gaz naturel pour le produire. L’hydrogène vert est également assez cher, mais les données les plus récentes que j’ai consultées laissent croire que de nos jours, l’hydrogène vert est déjà concurrentiel sur le plan des coûts par rapport à l’hydrogène bleu.
De plus, les coûts liés à l’hydrogène bleu ne feront qu’augmenter en même temps que le prix du gaz naturel. Par contre, les coûts liés à l’hydrogène vert diminueront au même rythme que ceux liés aux sources d’énergie renouvelable et aux processus d’électrolyse. Il s’agit donc, au mieux, d’une distraction absolue. Je vous remercie de votre question.
La sénatrice Seidman : Je vois que Mme Levin hoche énergiquement la tête.
Mme Levin : Je suis d’accord avec ce qu’a dit M. Howarth. J’ajouterais que le gouvernement s’est clairement engagé à mettre fin aux subventions pour les combustibles fossiles, donc tous les fonds publics investis dans l’hydrogène bleu représentent visiblement une violation de l’engagement pris par le gouvernement.
Pour revenir sur la question de l’exportation de l’hydrogène vert par le Canada vers l’Allemagne et d’autres pays, il est important de souligner que la grande majorité de la quantité d’hydrogène que nous produisons aujourd’hui est utilisée sur place, car nous n’avons pas encore trouvé de solution pour le transport. C’est un énorme problème sur le plan technologique que nous n’avons pas encore résolu et, bien entendu, il y a aussi tous les problèmes connexes.
Il existe un vaste potentiel en matière d’énergie renouvelable dans le Canada atlantique, mais nous utilisons toujours l’énergie au charbon et nous devons donc réorganiser nos priorités. Nous devons éliminer progressivement l’énergie au charbon et utiliser la capacité éolienne de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse à cette fin avant de commencer à l’exporter à l’étranger, étant donné les énormes pertes d’énergie dont nous parlions. Je vous remercie de m’avoir permis d’ajouter ces points.
La sénatrice Seidman : Je vous remercie. Vous avez d’ailleurs répondu à la deuxième partie de ma question. Je vous remercie de l’avoir anticipée.
Le président : Madame Murray, vous avez beaucoup parlé de l’hydrogène et de son importance pour l’industrie. Vous vous concentrez essentiellement sur la modernisation de votre infrastructure pour y parvenir.
Vous avez deux collègues qui sont plutôt négatifs à l’égard de l’hydrogène. Pouvez-vous commenter ces réponses?
Mme Murray : Tout d’abord, je dirais que c’est fascinant et intéressant d’écouter leurs commentaires. J’apprécie le dialogue en cours et les questions qui sont posées.
Je dirais que l’objectif fondamental des ports est lié à la durabilité, et que la construction de l’infrastructure dont nous avons besoin pourrait servir à soutenir les exportations d’hydrogène, mais aussi l’exportation d’autres types d’énergie qui sont plus efficaces. Nos ports subissent actuellement une pression énorme pour mettre à niveau et construire l’infrastructure dont nous aurons besoin, quelle que soit la voie que nous choisirons.
C’est l’élément clé dans ce cas-ci. Ces temps-ci, nous parlons de l’hydrogène, mais ce n’est peut-être pas la voie que nous suivrons. Quelle que soit la voie que nous choisirons, nous devrons tenir compte de l’infrastructure à notre disposition. Les exportations dont nous parlons devront passer par les ports et pour l’instant, ils ne sont tout simplement pas prêts pour cela.
Contrairement à mes collègues, je ne suis pas une experte sur certaines technologies, et je ne m’aventurai donc pas sur ce terrain. Je me contenterai plutôt d’écouter.
Le président : Madame Levin, je comprends très bien vos commentaires, mais votre prémisse initiale, c’est que nous ne pourrons jamais y arriver, c’est-à-dire que nous ne pourrons pas réaliser efficacement la capture et le stockage du carbone. Votre argument est assez convaincant, car jusqu’à présent, il faut avouer que l’expérience canadienne n’a pas été très positive. Toutefois, supposons que nous puissions corriger cela, car on nous dit de ne pas nous inquiéter, car on va corriger ce processus pour le rendre efficace, productif et fiable. Supposons qu’on part du principe qu’il est possible de corriger cela et qu’on nous dit de faire tout ce que nous pouvons, et que nous croyons que notre gouvernement fait tout ce qu’il peut, y compris dans le secteur de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne, etc., car il affirme que nous réduirons graduellement le CO2, parce que sinon il ne sera pas capturé, et qu’il sera utilisé pour produire d’autres formes d’énergie. Dans ce cas, pourquoi ne pas soutenir ce processus dans la mesure où il sera utile, en supposant que nous puissions corriger et réparer les faiblesses importantes qu’il présente? Que répondez-vous à ce commentaire?
Mme Levin : Vous avez soulevé plusieurs points. Notre gouvernement n’a pas pris toutes les mesures qui ont été énumérées. Nous connaissons les meilleures solutions d’atténuation. Nous savons qu’on électrifie tout et qu’on veille à ce que l’électricité provienne de sources renouvelables. Cependant, notre gouvernement investit 14 fois plus d’argent dans les combustibles fossiles que dans les solutions climatiques éprouvées qui permettraient d’atténuer 80 % des émissions. Ce déséquilibre doit donc être corrigé.
Nous sommes loin d’y arriver, mais même si nous pouvions atteindre un taux de 95 % pour la capture du carbone — et nous n’y sommes pas du tout. Quest, une grande installation d’hydrogène bleu, atteint un taux de 60 %, mais une analyse du cycle de vie complet révèle que c’est plutôt un taux de 30 ou 38 %. Toutefois, même si nous pouvions atteindre ce taux de 95 %, cela ne tient pas compte des émissions de méthane en amont dont parlait M. Howarth et qui font partie du processus d’extraction, de production et de transport du méthane.
Nous savons que le méthane est constamment sous-déclaré. Nous sommes au courant des fuites de méthane depuis longtemps, et nous sommes incapables de trouver des moyens de produire et de transporter le méthane en éliminant toutes ces émissions. Il s’agit d’un risque climatique considérable. Ainsi, même avec une technologie de capture du carbone qui fonctionne parfaitement, on n’atteindra jamais un taux de 100 %. Même les promoteurs les plus optimistes de l’industrie ne suggèrent pas un tel taux, et cela ne tient aucunement compte des émissions de méthane en amont, qui sont très importantes.
Nous savons que l’industrie n’investit pas son propre argent dans la capture et le stockage du carbone. Les gouvernements, que ce soit le gouvernement fédéral ou les gouvernements provinciaux, ont donné 6 milliards de dollars au secteur au cours des deux dernières décennies, et cela a donné lieu à un taux de capture annuel minuscule. De plus, 75 % du carbone qui est capturé est utilisé pour extraire plus de pétrole et de gaz, ce qui produit donc plus d’émissions dans l’atmosphère par un processus appelé récupération assistée des hydrocarbures. C’est la seule utilisation commerciale du carbone capturé qui existe de nos jours.
Bref, à bien des égards, l’idée selon laquelle l’hydrogène bleu pourrait devenir neutre sur le plan climatique est tout simplement erronée.
Le président : Compte tenu de tous les aspects négatifs que vous avez soulignés, pourquoi le gouvernement va-t-il de l’avant comme prévu?
Mme Levin : C’est à cause du pouvoir de l’industrie pétrolière et gazière dans notre pays. Pourquoi avons-nous versé 18 milliards de dollars en subventions et mesures de soutien au secteur des combustibles fossiles en 2020, soit bien plus que ce que nous avons investi dans le secteur des solutions fondées sur l’énergie renouvelable? Parce que, dans notre pays, l’industrie pétrolière et gazière détient un pouvoir énorme.
Nous avons lancé un nouvel outil qui suit chaque événement de lobbying auquel les sociétés pétrolières et gazières participent avec le gouvernement fédéral. Les représentants de ces sociétés rencontrent ceux de Ressources naturelles Canada et d’ECCC cinq, six ou sept fois par jour. On a donc accordé un grand pouvoir au secteur qui alimente la crise climatique, et nous pouvons le vérifier dans les subventions. Chaque politique environnementale qui a déjà été présentée au Canada a été affaiblie ou sabotée ou sa mise en œuvre a été retardée par le lobby des sociétés pétrolières et gazières.
Le président : Notre gouvernement se fait donc délibérément manipuler par l’industrie pétrolière et gazière, en sachant très bien que ce n’est pas dans l’intérêt du Canada. Est-ce un bon résumé de votre intervention?
Mme Levin : De nombreux renseignements inexacts sont diffusés, et un grand nombre de décideurs adhèrent à de nombreux mythes. Lorsqu’on observe ce qui se passe aux États-Unis avec le comité de surveillance et la révélation de décennies de mensonge de la part des sociétés pétrolières et gazières, qui dépensent des dizaines de millions de dollars chaque année pour des campagnes d’information publique qui atteignent les représentants du gouvernement ou les gens…
Le président : Je suis désolé, mais nous avons perdu le service d’interprétation.
Mesdames et messieurs les témoins, nous nous excusons, car nous n’avons pas été en mesure de régler le problème avec l’interprétation. Nous allons devoir lever la séance, mais nous espérons communiquer avec vous bientôt.
(La séance est levée.)