Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule no 12 - Témoignages du 2 juin 2016
OTTAWA, le jeudi 2 juin 2016
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 8 heures, pour étudier les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux.
Le sénateur Ghislain Maltais (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bienvenue à la réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je suis le sénateur Ghislain Maltais, du Québec.
Je demanderais aux sénateurs de se présenter.
Le sénateur Mercer : Je suis le sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
La sénatrice Tardif : Bonjour. Je suis Claudette Tardif, de l'Alberta.
[Traduction]
La sénatrice Beyak : Bonjour. Je suis la sénatrice Lynn Beyak, de l'Ontario. Bienvenue.
Le sénateur Plett : Bonjour. Je suis Don Plett, et je suis de Winnipeg, au Manitoba.
La sénatrice Unger : Bonjour. Je suis Betty Unger, d'Edmonton, en Alberta.
[Français]
Le sénateur Pratte : André Pratte, du Québec.
Le sénateur Dagenais : Jean-Guy Dagenais, du Québec.
[Traduction]
Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
Le président : Aujourd'hui, le comité continuera son étude sur les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux.
Ce matin, nous accueillons des invités du gouvernement de l'Ontario, Deb Stark, sous-ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, et M. Brendan McKay, directeur de la Politique stratégique.
[Traduction]
Madame Stark, aimeriez-vous commencer?
Deb Stark, sous-ministre, ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, gouvernement de l'Ontario : Bonjour, monsieur le président, et bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Honorables sénateurs, merci beaucoup de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui. Je dois vous transmettre les excuses du ministre Leal. Il aurait aimé prendre part à la réunion, mais il n'a pas pu se libérer.
Je suis très heureuse d'être ici au nom du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires de l'Ontario pour participer à l'étude des priorités en matière d'accès aux marchés internationaux du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
J'aimerais faire quelques observations. Je vais vous faire part de certains points, mais je ne fournirai pas tous les faits et les chiffres aujourd'hui. Vous les avez par écrit, et nous nous ferons un plaisir de vous transmettre les renseignements que vous aimeriez obtenir par après.
J'aimerais parler du secteur agroalimentaire de l'Ontario, de la façon dont l'Ontario est unique et des contributions de la province à l'industrie agroalimentaire nationale. Je terminerai mes remarques en abordant les mesures que prend l'Ontario pour promouvoir l'accès aux marchés et faire prendre de l'expansion aux marchés. J'expliquerai également les répercussions que ces mesures ont sur l'industrie agroalimentaire canadienne.
L'Ontario a un secteur agroalimentaire prospère. Nous avons une proposition de valeur qui stimule non seulement l'économie de l'Ontario, mais aussi l'économie canadienne.
Le caractère unique de la province repose sur la grande diversité de ses produits, sur l'ampleur et la portée de son secteur agricole primaire et sur ses entreprises de transformation et à valeur ajoutée. À cela s'ajoutent la viabilité du secteur et des pratiques de production d'aliments salubres.
La province a également accès à des sources fiables d'eau potable, à une main-d'œuvre hautement qualifiée, à des systèmes et des services financiers robustes, à des ressources pour la recherche et le développement et à des grappes alimentaires. C'est ce qui fait de l'Ontario un emplacement de choix pour investir et une province agricole de premier plan au Canada.
Nous avons plus de 200 produits, que ce soit des abricots, des courgettes, des confiseries et de la floriculture. Nous avons un grand éventail d'entreprises alimentaires, tant nationales, comme Maple Leaf Foods et Dare Foods, qu'internationales, comme Dr. Œtker et Ferrero. Des détaillants nationaux comme Loblaws ont leur siège social en Ontario.
En 2014, l'Ontario a contribué à plus du tiers du PIB dans le secteur canadien de l'agriculture et de la transformation des aliments.
L'Ontario appuie également son important système de gestion de l'offre, qui compte beaucoup sur le plan économique pour la province. Dans le cadre des négociations du PTP l'année dernière, le ministre Leal était présent à Atlanta pour appuyer les intérêts de l'Ontario dans le commerce et pour appuyer le secteur soumis à la gestion de l'offre. En 2015, les produits soumis à la gestion de l'offre représentaient 26 p. 100 recettes monétaires agricoles provinciales.
De toute évidence, le secteur agroalimentaire de l'Ontario est vaste et se porte bien, mais prévoit prendre de l'expansion et, pour ce faire, nous avons besoin de soutien. Au pays, les transformateurs d'aliments en Ontario achètent environ 65 p. 100 de ce qui est produit dans la province. Ce sont les plus grands acheteurs des produits agricoles de l'Ontario, mais ils achètent également des produits et des ingrédients ailleurs au Canada. Tandis que les entreprises de transformation en Ontario prennent de l'expansion et ont besoin de produits agricoles en plus grandes quantités, ils offrent des possibilités aux producteurs ailleurs au pays de faire croître leurs propres exploitations.
De plus, les entreprises agroalimentaires de l'Ontario jouissent également de la proximité avec les États-Unis, notre principal partenaire commercial. Ce sont toutes ces conditions qui ont incité la première ministre Wynne, en 2013, de mettre au défi le secteur agroalimentaire de doubler son taux de croissance et de créer 120 000 nouveaux emplois d'ici 2020. Nous l'appelons le « défi de la première ministre ». Je sais que vous avez discuté avec un certain nombre de participants de l'Ontario, et j'imagine que plusieurs d'entre eux vous en ont parlé. C'est une initiative bien accueillie par l'industrie.
Pour appuyer l'initiative, le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales offre une série de programmes, des services et du financement pour stimuler l'innovation, créer des possibilités de croissance et concevoir de nouveaux produits pour répondre aux demandes des consommateurs nationaux et internationaux.
Par exemple, la province a investi 5 millions de dollars par l'entremise de notre Fonds pour la création d'emplois et la prospérité pour venir en aide au P & H Milling Group afin de construire une nouvelle usine de transformation en vrac dans le port de Hamilton. En contrepartie, P & H Milling investit 40 millions de dollars dans cette nouvelle usine. Cet investissement permettra à l'entreprise de transformer 25 p. 100 plus de céréales et devrait permettre de créer 16 nouveaux emplois et de conserver 200 emplois en Ontario.
Le ministère a pu mettre à profit Cultivons l'avenir 2, un cadre stratégique quinquennal fédéral-provincial-territorial et un cadre de financement, pour avoir une incidence positive sur la chaîne d'approvisionnement en produits du porc de l'Ontario en période de crise. Vous avez peut-être entendu parler qu'en 2014, l'industrie du porc a été frappée par le virus de la diarrhée épidémique porcine, qui est un grave problème qui limite la production pour les éleveurs de porc. Grâce à la flexibilité de Cultivons l'avenir 2, le ministère a pu débloquer du financement pour améliorer la capacité des producteurs de mettre en place un plus grand nombre de mesures rigoureuses en matière de biosécurité, afin de les protéger et de protéger l'approvisionnement des marchés intérieur et extérieur.
Un autre élément clé que j'aimerais mentionner, c'est que l'Ontario met l'accent sur la création de partenariats en matière de recherche et d'innovation. Par exemple, la première ministre Wynne vient de participer à une mission à Israël où des délégués de l'Ontario ont rencontré leurs homologues israéliens et ont signé un protocole d'entente entre l'Université hébraïque et l'Université de Guelph.
L'esprit de collaboration qui existe entre tous les ordres de gouvernement, la communauté de chercheurs et l'industrie est essentiel pour instaurer les conditions nécessaires à la réussite du secteur agroalimentaire en Ontario et au Canada. Ce type d'investissements et de mesures créent les conditions qu'il faut pour faire de l'Ontario un endroit attrayant sur le plan des affaires.
Le secteur est prêt pour le marché mondial. En 2015, nous avons établi un record de 14 milliards de dollars d'exportations. C'est 23 p. 100 des exportations agroalimentaires du Canada, ce qui fait de nous la plus grande province exportatrice après la Saskatchewan. Dans le monde, 177 pays jouissent des meilleurs produits que l'Ontario a à offrir.
Le gouvernement de l'Ontario a une stratégie commerciale, Horizon le Monde, qui a l'objectif clair d'améliorer le rendement des exportations pour les entreprises de l'Ontario. Elle vise à diversifier les marchés, à augmenter le nombre d'entreprises qui exportent leurs produits, à bâtir et à faire connaître la solide réputation de l'Ontario à l'échelle internationale et à faire en sorte qu'il soit plus facile pour les entreprises de trouver les programmes et les services gouvernementaux dont elles ont besoin.
Notre ministère collabore également avec d'autres ministères pour appuyer le secteur. Par exemple, le ministre Leal et le ministre ontarien du Commerce international, l'honorable Michael Chan, ont organisé une mission commerciale en Chine l'an dernier, dans le cadre de laquelle ils sont notamment allés à Hong Kong. La Chine est le deuxième marché d'exportations agroalimentaires en importance pour l'Ontario et offre une foule de possibilités pour les producteurs et les transformateurs de la province.
Cette mission était une étape importante pour le secteur agricole et agroalimentaire de l'Ontario. Elle a préparé le terrain pour assurer la croissance afin d'accroître les investissements de la Chine en Ontario et les exportations et les échanges commerciaux avec la Chine.
Plus tard cette année, le ministre Leal se rendra en Inde pour renforcer les liens avec le secteur de l'agriculture et de la transformation là-bas.
De plus, le ministère offre un vaste éventail de services pour appuyer l'importante stratégie commerciale Horizon le Monde, notamment des conseils aux exportateurs, la facilitation des contacts entre l'acheteur et le fournisseur, des séminaires, des services de conseillers en foire commerciale, des études de marché et des évaluations.
Le succès de l'Ontario repose sur l'appui du gouvernement fédéral. Les agriculteurs et les transformateurs d'aliments de l'Ontario ont besoin du gouvernement fédéral pour accroître leurs possibilités d'exportation par l'entremise d'accords commerciaux, de soutien d'accès au marché et d'initiatives de développement des marchés, de même que par l'entremise de soutien global offert au secteur au moyen de cadres stratégiques et de mécanismes de financement comme Cultivons l'avenir 2. Soit dit en passant, le ministère attend avec impatience l'élaboration du prochain cadre stratégique qui fait actuellement l'objet de discussion.
Sur le terrain, le gouvernement et le secteur doivent se préparer pour saisir les occasions qui se présentent dans le cadre de nouveaux accords commerciaux et cadres stratégiques. Par exemple, les récents accords commerciaux, l'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne et l'Accord de partenariat transpacifique, offriront l'accès à des marchés en Europe et dans la région de l'Asie-Pacifique. La question qui se pose est la suivante : sommes-nous prêts à saisir cette occasion? Nous estimons que c'est une étape importante pour l'industrie.
L'Ontario était ravie d'apprendre que le gouvernement fédéral tiendra des consultations sur l'atténuation des répercussions de l'AECG. Le ministère appuie fortement l'industrie laitière de l'Ontario, qui a besoin d'avoir accès à des fonds dédiés pour renforcer sa capacité de faire croître ses marchés, tant au Canada qu'à l'étranger.
L'Ontario encourage le gouvernement fédéral à investir davantage pour continuer de profiter des possibilités d'accès au marché et espère que le gouvernement fédéral pourra augmenter le soutien à l'accès au marché pour les marchés de niche et les petites et moyennes entreprises qui ont le potentiel d'exporter leurs produits. Par exemple, dans l'industrie des légumes cultivés dans des serres en Ontario, il y a une forte demande pour ces produits en Chine. Il y a des barrières d'ordre sanitaire et phytosanitaire qui font obstacle, et nous encourageons le gouvernement fédéral à se pencher sur ces barrières et à voir si nous pouvons ouvrir la porte à la Chine.
Lorsque le gouvernement fédéral investit en Ontario, il investit dans le pays.
Je vous remercie d'avoir invité des représentants du ministère, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Le président : Merci, madame Stark.
Le sénateur Mercer : Bien souvent, ceux d'entre nous qui ne sont pas de l'Ontario ne perçoivent pas l'Ontario comme étant une province agricole, mais vous l'avez souligné pour nous aujourd'hui et nous vous en remercions. Nous devons nous rappeler que nous nous classons au deuxième rang après la Saskatchewan.
Vous avez dit que grâce à la flexibilité de Cultivons l'avenir 2, le ministre a pu verser des fonds dédiés pour renforcer la capacité des éleveurs de porc de mettre un plus grand nombre de mesures robustes en matière de biosécurité, afin de se protéger et de protéger leur approvisionnement pour les marchés intérieur et extérieur. Pourriez-vous fournir plus d'explications à ce sujet? Que s'est-il passé? Comment cela a-t-il fonctionné?
Mme Stark : Oui, absolument. Cette maladie touchant les porcs a commencé aux États-Unis et a eu des effets dévastateurs là-bas. Elle s'est répandue assez rapidement dans les différents États. Le Canada, et l'Ontario plus particulièrement, ont eu l'avantage de voir venir le coup. En partie grâce aux investissements dans la surveillance de la santé des animaux et grâce à la diligence de l'industrie du porc dans la lutte contre les maladies et les ressources vétérinaires, lorsque la maladie est arrivée en Ontario, elle a été détectée très rapidement.
À l'époque, les intervenants du secteur nous ont dit que ce qu'ils devaient faire, c'était d'accroître la biosécurité ou les mesures en place dans les fermes et entre les fermes pour s'assurer que la maladie ne se répande pas. Ils ont veillé à ce que les agriculteurs puissent changer leurs vêtements, laver leurs bottes de travail, laver leur camion lorsqu'ils transportaient des porcs d'une ferme à une autre, et qu'ils puissent prélever des échantillons pour s'assurer que les animaux ne sont pas contaminés.
Ils avaient besoin d'aide pour intervenir assez rapidement. Ils avaient besoin du soutien du gouvernement pour encourager les agriculteurs et les camionneurs à faire ces investissements.
La stratégie Cultivons l'avenir 2, comme je l'ai dit, est une stratégie conjointe entre les gouvernements fédéral et provinciaux, puisqu'il y a des fonds fédéraux et des fonds provinciaux dans le programme. Nous avons pu utiliser les fonds provinciaux qui sont alloués au programme et les réaffecter dans des fonds dédiés précisément pour encourager les éleveurs de porc à faire ce type d'investissements. Le gouvernement fédéral est intervenu rapidement, ce dont nous lui sommes reconnaissants, pour dire que c'était toujours dans l'accord et que ce serait encore considéré comme étant un investissement dans le cadre de la stratégie Cultivons l'avenir 2. Cela nous a permis d'intervenir rapidement.
Le sénateur Mercer : Je veux également dire que le ministre attend impatiemment l'élaboration du prochain cadre stratégique pour donner suite à Cultivons l'avenir 2. Quels changements apporteriez-vous au programme actuel?
Mme Stark : Le programme actuel prendra fin en 2017-2018. Les ministres fédéral et provinciaux ont indiqué qu'ils veulent avoir une autre conversation au sujet d'un cadre stratégique pour la prochaine génération. Les ministres se réuniront en juillet. Lors de cette rencontre, ils prévoient appuyer des principes de niveau assez élevé sur ce à quoi l'entente de financement quinquennale pourrait ressembler. Tous les ministres doivent revenir à leurs trésors publics et obtenir du soutien financier, mais en ce moment, la conversation porte sur le maintien de certains des travaux actuels et met l'accent sur la productivité, l'innovation et les investissements dans la recherche.
Il y a des fonds pour la gestion des risques qui aident les producteurs à gérer les catastrophes qui échappent à leur contrôle. Il y a une nouvelle conversation sur ce que l'on appelle « la confiance du public et l'approbation sociale » pour aider l'industrie agricole à discuter avec les consommateurs et les citoyens afin de s'assurer que les gens connaissent la valeur de l'industrie agroalimentaire canadienne au pays.
Ce sont là tous des thèmes qui font l'objet de discussion. Quant à savoir où ces discussions aboutiront, comme je dis, je ne suis pas certaine. Nous espérons que les ministres approuveront un énoncé de politique en juin prochain, et nous continuerons de suivre ces orientations stratégiques de haut niveau.
Le sénateur Mercer : Comme vous le savez, nos amis américains présentent le Farm Bill périodiquement.
Mme Stark : Oui.
Le sénateur Mercer : Je suis le membre qui siège depuis le plus longtemps au comité. Il est arrivé un certain nombre de fois que des membres du comité, collectivement ou individuellement, se rendent aux États-Unis ou examinent le Farm Bill avec envie car les responsables réussissent à ce que l'ensemble du gouvernement des États-Unis se penche sur l'agriculture, même si ce n'est que pour une courte période et même si c'est difficile.
Pensez-vous qu'il vaudrait la peine pour nous au Canada d'envisager d'élaborer une loi agricole globale où nous envisagerions tous les aspects de l'agriculture? Ce ne serait pas annuellement, bien entendu, car il est illogique de le faire chaque année et on ne peut pas mesurer les résultats à moins de le faire sur une longue période. Pensez-vous que ce serait un processus utile à suivre?
Mme Stark : J'admets que je ne connais pas assez le mécanisme derrière le Farm Bill pour vous dire comment il fonctionnerait différemment de ce que nous avons convenu d'avoir comme cadres stratégiques agricoles au Canada depuis les 15 dernières années. Nous prévoyons que dans le cadre de ces prochaines négociations, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se réuniront pour s'entendre sur les priorités, sur les sources de financement et sur ce qu'ils veulent accomplir pour le secteur. Cela semble être un type de résultat semblable. Je ne peux pas dire si un projet de loi serait un meilleur outil.
Le sénateur Mercer : Il y a une mesure qu'ils ont prise qui est intéressante et manipulatrice. Ils ont eu le même problème au Congrès que nous ici car le pouvoir électoral est passé des régions rurales des États-Unis aux centres urbains des États-Unis. Pour amener les membres du Congrès et les sénateurs des centres urbains à se concentrer sur les besoins des régions rurales des États-Unis, ils ont inséré des mesures dans le Farm Bill qui intéressent énormément les citadins, dont les coupons alimentaires et des aliments supplémentaires pour les gens issus de quartiers plus pauvres. Ce sont des mesures prévues dans le Farm Bill. La majorité de ces mesures sont prises dans les quartiers défavorisés, si bien qu'ils ont attiré l'attention des membres du Congrès qui représentent ces quartiers. Quoi qu'il en soit, nous y reviendrons un autre jour.
Vous avez mentionné le marché chinois et parlé d'élargir l'accès à ce marché pour vos légumes de serre comme les tomates et les piments. Qu'en est-il du marché asiatique local? L'Ontario a une très grande population asiatique, comme la Colombie-Britannique. Avez-vous également réussi à mettre l'accent sur la prestation de services au marché local asiatique?
Mme Stark : Merci de poser la question. Cela me donne l'occasion de parler de nos efforts concernant les aliments locaux.
Le sénateur Mercer : Je suis ici pour aider.
Mme Stark : Excellent. En général, vous avez raison. L'un des avantages que nous avons en Ontario est la proximité des citoyens du Canada. La région du Grand Toronto et de Hamilton comprend la plus grande population urbaine du Canada. L'Est des États-Unis est juste à côté, et il y a donc beaucoup de monde. À propos du mouvement prônant une alimentation locale, mes collègues sous-ministres de partout au pays me disent souvent qu'ils ne peuvent que rêver aux débouchés des agriculteurs ontariens.
En général, nous avons du soutien pour des choses comme notre programme Ontario, terre nourricière dont le logo est vieux de 40 ans. Le programme, qui consiste à marquer les produits ontariens, dont la viande, les légumes, les fromages et les produits laitiers, pour que les gens puissent les trouver, célébrera son quarantième anniversaire l'année prochaine.
Nous avons aussi la Loi sur les aliments locaux — et c'est peut-être une bonne occasion de faire de la publicité pour la Semaine des aliments locaux en Ontario, qui est toujours la première semaine de juin. La Semaine des aliments locaux aura lieu la semaine prochaine, et je vous invite donc à visiter un marché agricole local ou à acheter des produits locaux et à penser aux agriculteurs ontariens.
Nous continuons d'avoir des sources de financement.
Le marché chinois et la diversité ethnique sont une de nos priorités. Nous avons une entente de recherche avec un établissement ontarien appelée la Station de recherche de Vineland, et l'initiative World Crops est une de nos priorités. Cette initiative vise à mieux comprendre les habitudes alimentaires de tous les nouveaux Canadiens, peu importe leur lieu d'origine, et ce qu'ils auraient mangé à la maison.
Ce que nous avons constaté, comme vous l'avez relevé, monsieur le sénateur, est qu'ils ne trouvent pas leurs aliments traditionnels ici, ou ils coûtent très cher et sont importés. Par conséquent, leur alimentation change. L'initiative de la station Vineland est grandement axée sur la culture d'aliments plus traditionnels que nous pouvons faire pousser en Ontario. Nous l'appelons l'initiative World Crops, et elle a connu beaucoup de succès pour ce qui est du pak-choï et du gombo, qui sont d'autres produits dont la culture est courante dans les fermes ontariennes.
Le sénateur Mercer : J'ai remarqué qu'il y a dans la région d'Ottawa un grand supermarché qui cible presque uniquement les marchés asiatiques, et je sais qu'il y en a davantage dans la région du Grand Toronto.
Mme Stark : Oui. Les produits asiatiques représentent un grand marché, comme les aliments ethniques en général compte tenu de la diversité de la population. La viande halal représente également un grand marché pour nous.
Le sénateur Plett : Je veux revenir un peu sur la biosécurité. Vous avez parlé de mesures qui existent depuis plus de douze ans, sans aucun doute dans l'Ouest canadien. Laissez-vous entendre que les mesures de biosécurité prises en Ontario ne sont pas été les mêmes que celles prises dans le reste du pays?
Nous prenons les mesures dont vous parlez depuis des années, et vous avez dit que la diarrhée épidémique porcine a commencé aux États-Unis. Que font les Américains pour prévenir l'apparition de la maladie au Canada?
Mme Stark : La biosécurité est sans aucun doute depuis longtemps une priorité des agriculteurs canadiens, je suis d'accord. Elle a tendance à être renforcée. Nous faisons tous la même chose : nous pensons avoir les mesures nécessaires en place et nous baissons un peu la garde. Il arrive parfois que nous ne fassions pas le plus rapidement possible ce que nous devons faire, et des maladies comme celle-là nous rappellent que nous n'avons peut-être pas réinvesti dans le nettoyage des bottes, que nous n'avons pas mis en place les protocoles nécessaires, ou que nos fermes ont effectivement changé et que nous n'avons plus de postes de lavage. C'est la situation dans laquelle s'est retrouvée l'industrie du porc, et la raison pour laquelle le programme avait été mis en place.
À propos de ce que les États-Unis font pour empêcher que des maladies fassent leur apparition au Canada, je pense qu'il faut plutôt se demander ce que le Canada essaie de faire pour empêcher que cela se produise. Le Canada et les États-Unis travaillent ensemble de manière plutôt coopérative, et cela à beaucoup à voir avec le suivi du déplacement des animaux et avec l'assainissement, c'est-à-dire le nettoyage des camions pour s'assurer qu'ils sont propres avant qu'ils partent de nouveau.
En Ontario, il a entre autres été nécessaire d'augmenter notre capacité à nettoyer ces camions. Ils étaient nettoyés, mais pas assez pour gérer cette maladie.
Le sénateur Plett : Je devrais peut-être poser la question au gouvernement fédéral, mais un des problèmes liés au nettoyage des camions qui transportent des porcs d'ici aux États-Unis est que la paille qui se trouve dans les camions provient du Canada. Une fois arrivé à destination, le fumier est canadien. Les porcs sont canadiens. Les roues sont la seule partie des camions qui touchent le sol américain, et l'ASFC insiste pourtant pour que ces camions soient nettoyés aux États-Unis plutôt qu'au Canada lorsqu'ils reviennent, ce qui serait beaucoup plus logique, car il n'y a rien à nettoyer avant. Nous devrions essayer de contenir les maladies qui pourraient se trouver dans les camions.
Savez-vous ce que l'ASFC et le gouvernement de l'Ontario font pour s'assurer que les camions ne sont pas nettoyés aux États-Unis, où le nettoyage se fait surtout avec de l'eau recyclée? Cette pratique fait en sorte que l'eau utilisée pour nettoyer un camion canadien a servi au nettoyage d'un autre camion ou d'un autre véhicule servant à transporter du bétail. Que fait votre gouvernement pour mettre un terme à cette pratique et éviter la propagation des maladies se trouvant dans les véhicules canadiens?
Mme Stark : Il faudrait que je cède la parole aux responsables de l'Agence des services frontaliers du Canada pour qu'ils nous parlent des pratiques et des normes qu'ils ont en place.
En Ontario, nous avons discuté des normes canadiennes avec l'industrie. L'industrie est plutôt d'avis, comme nous en tant que province, que les pratiques en place sont celles qui conviennent.
Je comprends que ce n'est pas toutes les administrations qui sont du même avis.
Le sénateur Plett : Nous pensons toujours ainsi jusqu'à ce qu'une maladie se manifeste.
Vous arrivez au deuxième rang après la Saskatchewan.
Mme Stark : Pour ce qui est des exportations.
Le sénateur Plett : Comme je suis du Manitoba et de l'Ouest canadien, je suis heureux qu'une partie de l'Ouest canadien devance encore l'Ontario dans certains secteurs. Pour quelle raison la Saskatchewan occupe-t-elle une plus grande place que l'Ontario dans ce domaine? Est-ce sa seule superficie qui explique que sa production de céréales surpasse celle de l'Ontario?
Mme Stark : Je tiens à préciser que la province est arrivée, en 2015, deuxième après la Saskatchewan pour ce qui est de la valeur de ses exportations. Nous sommes habituellement au premier, au deuxième ou au troisième rang. En 2015, c'est surtout le prix très élevé du grain et des lentilles qui a fait passer la Saskatchewan au premier rang.
Le sénateur Plett : Seule l'industrie céréalière pourrait surpasser l'Ontario en ce qui a trait à la valeur monétaire des exportations. De toute évidence, l'Ontario serait le principal producteur agricole dans tous les autres secteurs.
Mme Stark : La diversité est certainement un de nos grands avantages. Le prix élevé de la viande, des céréales et des oléagineux ont offert une conjoncture sans pareille dans le secteur. Habituellement, ce n'est pas le prix de tous les produits qui est élevé. Donc, selon votre domaine d'activité dans l'Ouest canadien, qu'il s'agisse d'élevage de bétail ou de production de grain ou d'oléagineux, les prix fluctuent. Une fois de plus, la force de l'Ontario est sa diversité. Nous menons toutes ces activités.
Le sénateur Plett : Nous avons entendu dire sur une certaine période, tout d'abord dans le cadre de cette étude et dans d'autres études, que les barrières commerciales sont un des problèmes communs à de nombreuses provinces, notamment pour ce qui est de transporter du vin d'une province à une autre. Que pense l'Ontario de la possibilité de vendre du vin de la Colombie-Britannique sur son territoire et du vin de la région de Niagara dans d'autres provinces?
Mme Stark : En tant que province, l'Ontario est généralement très favorable à l'examen de l'Accord sur le commerce intérieur, et je crois d'ailleurs que la province copréside le travail. Une initiative fédérale-provinciale-territoriale a été amorcée pour examiner ces barrières, et nous sommes impatients de voir les résultats.
À propos du vin, nous avons récemment mis en œuvre des changements qui faciliteront la vente de vin et de cidre dans les épiceries, y compris la vente de vins internationaux et de vins d'autres provinces. Ces changements se concrétiseront au cours des trois prochaines années, et nous verrons quels sont les vins que les consommateurs veulent voir à ces points de vente.
Le sénateur Plett : Dans votre exposé, vous avez mentionné à plusieurs reprises l'aide que pourrait vous donner le gouvernement fédéral. Il y a quelques années, le gouvernement fédéral a adopté un projet de loi qui rend possible le transport interprovincial du vin, et vous dites que vous présidez un examen.
Cet examen a commencé il y a longtemps. Je ne vais pas poser de question, mais plutôt formuler un commentaire : je proposerais de mettre fin à l'examen et de passer à l'action.
La sénatrice Unger : Madame Stark, merci de votre exposé.
L'Ontario a vraiment une gamme exceptionnelle de produits qui sont exportés dans de nombreux pays. Votre province profite également de l'exportation en Alberta des produits qu'elle fabrique.
Je viens de l'Alberta, et je sais que j'aborde un nouveau sujet, mais je me demande si votre première ministre rendra possible la mise en œuvre du projet d'oléoduc Énergie Est. Comme vous le savez, tant l'Ouest canadien que de nombreuses provinces à l'est de l'Ontario en profiteraient.
Vous avez également dit que vous êtes très favorable au commerce, et il s'agit sans aucun doute de commerce interprovincial. Pourriez-vous dire à votre première ministre que nous lui serions très reconnaissants de la collaboration de sa province?
Mme Stark : Vous pouvez compter sur moi pour lui faire le message. Merci beaucoup.
La sénatrice Unger : J'ai une dernière question concernant les travailleurs qualifiés. On a dit que cela pourrait nuire à la productivité et à l'expansion du secteur de la transformation des fruits dans l'Ouest. Êtes-vous aux prises avec des difficultés de ce genre en Ontario?
Mme Stark : Tout à fait. Je n'ai pas les données nécessaires pour pouvoir vous dire si c'est mieux ou pire en Ontario que dans l'Ouest canadien, mais je peux vous dire que les gens de notre secteur de la transformation alimentaire nous mentionnent tout le temps qu'il y a actuellement des postes vacants de travailleur qualifié.
Le gouvernement de l'Ontario a financé notre organisation alimentaire, Food and Beverage Ontario, pour lancer une campagne auprès des écoles secondaires afin d'encourager les gens à penser à la transformation alimentaire. L'une des choses qu'on a constatées, dans le cadre d'une planification stratégique effectuée il y a quelques années et au cours de laquelle certains problèmes ont été relevés, est que la possibilité d'avoir une carrière fructueuse, lucrative et productive dans le domaine de la transformation alimentaire n'est tout simplement pas dans la tête des gens — les orienteurs et les élèves.
La campagne vise à déployer des efforts concertés dans les écoles secondaires pour que les gens considèrent la transformation alimentaire comme une avenue possible.
Nous dépendons aussi énormément du Programme des travailleurs étrangers temporaires et du Programme des travailleurs agricoles saisonniers, et nous savons qu'ils font actuellement l'objet d'un examen mené par le gouvernement fédéral. Nous sommes impatients de voir les résultats de cet examen.
Il est important pour nous d'avoir toute une gamme d'outils, car, comme dans l'Ouest canadien, il est difficile de faire venir les gens où il y a du travail. Et je ne parle pas seulement des emplois non spécialisés, mais aussi des emplois hautement spécialisés.
[Français]
Le sénateur Dagenais : Merci, madame la sous-ministre. J'aimerais vous parler de la gestion de l'offre. Il y aura une démonstration sur la Colline aujourd'hui de la part des producteurs agricoles du Québec qui tiennent à la gestion de l'offre, principalement en ce qui concerne les produits laitiers, les œufs, le poulet et le porc. Certains croient cependant qu'il s'agit d'une situation qui nuit aux marchés internationaux qui sont prévus dans les accords d'échanges commerciaux.
Comment le gouvernement de l'Ontario perçoit-il cette situation, et croyez-vous que des changements devraient être apportés à la gestion de l'offre?
[Traduction]
Mme Stark : L'Ontario a toujours appuyé sans réserve son secteur soumis à la gestion de l'offre. Il appuie également son secteur qui n'y est pas assujetti et croit que les deux types d'entreprises peuvent prospérer.
Vous avez demandé si cela représente une menace pour les marchés internationaux. Encore une fois, le ministre Leal a été très cohérent en disant que nous pensons que c'est une chose qui doit continuer de faire partie de l'industrie agroalimentaire canadienne.
[Français]
Le sénateur Dagenais : En ce qui concerne la consommation locale, est-ce que le développement des marchés internationaux ne risque pas de diminuer la disponibilité de certains produits sur le marché local, par exemple, à l'épicerie du coin? Pour les producteurs, il serait plus payant de vendre leurs produits en grande quantité à des acheteurs étrangers.
[Traduction]
Mme Stark : D'après notre expérience auprès d'entreprises qui font du commerce, elles iront où elles peuvent vendre leurs produits. Nous croyons que les consommateurs canadiens apprécient à leur juste valeur les produits du pays. Cela a d'ailleurs été confirmé dans une enquête menée auprès des consommateurs du pays qui a été présentée à une conférence à laquelle j'ai assisté cette semaine : les produits locaux sont importants pour eux, et les produits canadiens occupent le deuxième rang.
Je crois que les gens continueront de demander des produits laitiers, des œufs et de la volaille du Canada, et je crois que nos producteurs et nos transformateurs répondront à ce besoin.
La sénatrice Tardif : Je vous souhaite encore une fois la bienvenue.
De nombreux groupes d'intervenants nous ont dit qu'ils éprouvent de la difficulté en raison du manque d'harmonisation des normes réglementaires des deux agences frontalières et que le manque d'inspecteurs des aliments se traduit par une capacité amoindrie en matière d'inspection.
Avez-vous ressenti les effets de la réduction du nombre d'inspecteurs, qui serait maintenant insuffisant? Et avez-vous ressenti les effets du manque d'harmonisation des différentes normes réglementaires?
Mme Stark : Parlez-vous des normes réglementaires des États-Unis et de celles du Canada?
La sénatrice Tardif : En effet. Je pose la question étant donné que je sais que les États-Unis sont un de vos grands marchés d'exportation.
Mme Stark : Oui. Des intervenants nous disent constamment que les efforts continus visant à harmoniser ces normes et à faciliter le passage des produits à la frontière sont une grande priorité. C'est pourquoi l'une des choses que peut faire le gouvernement fédéral pour soutenir les exportations est vraiment de mettre l'accent sur ces questions d'accès aux marchés. Je crois que cela entre dans cette catégorie.
Pour ce qui est du nombre d'inspecteurs des aliments, nous n'en avons pas entendu parler en Ontario.
La sénatrice Tardif : Quels programmes avez-vous mis en œuvre pour appuyer les producteurs et la production alimentaire durable? Pourriez-vous parler un peu de ces programmes?
Mme Stark : Nous pensons que la production alimentaire durable est fondamentale dans une certaine mesure. C'est une attente, pas une option.
Nos programmes ne sont pas axés sur des activités durables précises; ils sont pour tout le monde. Nous avons des programmes qui soutiennent l'efficacité énergétique, et nous travaillons avec beaucoup de nos producteurs qui s'intéressent aux améliorations environnementales. Nous sommes très fiers d'avoir le Plan agro-environnemental Canada-Ontario, un projet piloté par des producteurs dans lequel des agriculteurs évaluent eux-mêmes les risques environnementaux et déterminent ensuite quelles mesures ils peuvent prendre pour améliorer la performance environnementale de leur exploitation. Grâce au programme Cultivons l'avenir 2 et à d'autres programmes de financement, nous les aidons à faire ce genre d'investissements.
Nous nous penchons actuellement avec des agriculteurs sur la qualité de l'eau des Grands Lacs, qui est préoccupante. De nombreuses raisons expliquent les problèmes observés dans les Grands Lacs, et l'agriculture peut faire partie de la solution. À l'heure actuelle, nous nous concentrons beaucoup là-dessus.
Une fois de plus, ce n'est pas comme si nous ne faisions rien pour soutenir les activités durables du secteur. De nos jours, la durabilité est nécessaire pour exercer l'agriculture.
Le sénateur Pratte : Notre mandat porte sur le commerce. Votre prochaine mission en Inde a piqué ma curiosité. J'aimerais connaître la situation actuelle des exportations vers l'Inde, surtout en ce qui a trait aux débouchés offerts par le marché indien ainsi qu'aux défis et aux obstacles qui y sont liés.
Mme Stark : Nous commençons la planification à cet égard. Nous avons des marchés prioritaires, dont des marchés traditionnels comme les États-Unis, la Chine et le Japon. L'Inde figure sur notre liste de nouvelles priorités pour mieux comprendre les débouchés futurs. Je serai en mesure de fournir de plus amples renseignements sur les priorités de la mission à mesure que nous les obtiendrons et sur ce qui retiendra notre attention, mais je n'ai pas ces renseignements en ce moment.
Le sénateur Pratte : En théorie, pourrait-il s'agir d'un gros marché?
Mme Stark : Nous allons probablement constater qu'il est un peu naïf de réfléchir à l'échelle du pays seulement, comme c'était le cas en Chine. Ce sont des marchés immenses qui offrent de nombreuses occasions. Lorsque nous irons en Inde, j'imagine que nous apprendrons aussi qu'il faut approfondir la question et cibler davantage nos activités. Il est encore très tôt pour nous.
Le sénateur Pratte : Qu'est-ce que les agriculteurs pensent d'un nouveau marché comme celui-là? Sont-ils craintifs, ou ont-ils hâte?
Mme Stark : Je doute de pouvoir parler au nom des agriculteurs. J'imagine que leur réaction dépend beaucoup de leur confort et du travail qu'ils ont accompli.
Ce que nous faisons notamment pour les agriculteurs, mais encore plus pour les transformateurs d'aliments, c'est d'offrir des programmes de formation sur ce qu'il faut faire pour exporter et devenir un joueur de calibre mondial. Nous constatons que la plupart d'entre eux commencent habituellement par cibler les États-Unis, compte tenu de nos ressemblances géographiques et linguistiques. Les deux pays sont différents, mais nous avons de nombreuses similitudes culturelles. Dans les faits, nous constatons que c'est souvent là qu'une entreprise exporte en premier.
Nous avons des entreprises axées sur le monde qui, à un moment donné, se mettent à rechercher partout dans le monde l'endroit qui convient le mieux à leur produit. Nous en avons d'autres qui essaient de sortir de leur zone de confort, et nous tentons de prêter main-forte à toutes ces entreprises. Mais les pratiques ne sont pas uniformes.
Le sénateur Pratte : Quand aura lieu la mission en Inde?
Mme Stark : En novembre.
Le sénateur Pratte : Il serait bien d'avoir vos commentaires par la suite.
Mme Stark : Je vous en dirai un peu plus là-dessus.
La sénatrice Beyak : Je vous remercie de votre excellent exposé et des précisions que vous nous avez données sur les programmes que vous mettez en place. Je m'y intéressais surtout parce que je viens du Nord-Ouest de l'Ontario, même si j'ai grandi à Agincourt à l'époque où c'était encore la campagne. Vous avez un programme du nom de Stratégie pour le secteur de l'agriculture, de l'aquaculture et de la transformation des aliments dans le Nord de l'Ontario. Je ne me lasse jamais de dire à quel point les gens sont nombreux à écouter de chez eux les délibérations de notre Comité de l'agriculture, probablement parce que la nourriture nous touche tous. Je vous serais reconnaissante de bien vouloir nous en dire un peu plus sur ce programme.
Mme Stark : À vrai dire, il s'agit d'une consultation menée en ce moment même, qui reconnaît la grande réussite de l'agriculture et de l'aquaculture dans le Nord de l'Ontario en demandant ce que nous pouvons faire pour améliorer les choses. Le gouvernement ontarien a mis en place le Plan de croissance du Nord de l'Ontario il y a plusieurs années. Lorsqu'il s'est intéressé aux secteurs prioritaires qui présentaient un potentiel réel, l'agriculture et l'aquaculture en faisaient partie. Nous sommes donc en train d'approfondir la question pour tenter de déterminer les obstacles et les possibilités que nous réserve le Nord.
Lorsque notre ministère pense à cette région, il pense bel et bien au territoire, aux gens et aux occasions. La question est la suivante : devons-nous changer quoi que ce soit à notre aide? En tant que ministère, comment pouvons-nous adapter une partie de notre soutien pour tirer profit de la croissance et l'accélérer?
Je vous invite à regarder notre site web. Vous y trouverez la consultation qui est en cours en ce moment même ainsi qu'un document de travail.
La sénatrice Beyak : J'aimerais plutôt formuler une observation à propos de ce que la sénatrice Unger a dit, et de mon travail de vice-présidente d'une commission scolaire il y a de nombreuses années. Dans les années 1980, nous encouragions plus d'enfants à aller dans le secteur tertiaire, peu importe le métier, étant donné qu'il n'y a que 50 p. 100 des Canadiens qui fréquentent l'université, une école de métiers ou un collège. Les autres 50 p. 100 font leur propre affaire après la 12e année, un fait que bien des gens ignorent. Je me réjouis de constater que vous faites ce genre de chose.
Pour faire suite aux propos de la sénatrice Unger, si l'Ouest a plus de pétrole qu'il n'en a besoin, mais que l'Est en achète à l'Arabie saoudite, c'est que nous ne gérons pas très bien nos ressources. La question du changement climatique est importante, mais il faut prioriser le Canada, et les pays qui se fichent du changement climatique ne devraient pas passer avant nous. Je suis ravie que vous puissiez transmettre le message à votre gouvernement.
Mme Stark : Je le ferai sans problème.
Le sénateur Ogilvie : Je sais que les questions que je m'apprête à poser sont complexes en raison du rôle du gouvernement fédéral en matière d'importations, d'exportations et de sécurité générale des systèmes. Comme vous l'avez dit, la valeur économique des exportations agricoles de l'Ontario est énorme. À vos yeux, la protection de votre production primaire de même que de vos marchés provinciaux doit être importante aussi.
Estimez-vous que la province, en collaboration avec le gouvernement fédéral, est suffisamment protégée contre les microorganismes et même contre les organismes un peu plus gros qui peuvent entrer au pays dans les marchandises importées de différents pays, étant donné que les normes de production et de sécurité alimentaire de ces nations ne sont peut-être pas aussi rigoureuses que les nôtres? Vous avez parlé de la diversité ethnique de l'Ontario, de sorte qu'il y a assurément beaucoup d'importations de régions semblables.
J'ai simplement une question générale : que pense le ministère de la sécurité de la production agricole contre les microorganismes et les insectes qui entrent dans la province dans le cadre des importations générales?
Mme Stark : Je vais répondre en vous parlant des travaux que le gouvernement fédéral a réalisés dans son Plan d'action pour assurer la salubrité des aliments au Canada, et de la volonté fédérale de mettre à jour la loi canadienne sur la salubrité des aliments, une initiative à laquelle nous sommes très favorables. Nous savons que la loi est en place depuis longtemps et qu'elle a fait un excellent travail. Le Canada jouit d'une enviable réputation internationale en matière de salubrité et de qualité des aliments. Nos intervenants nous disent constamment que nous devrions nous en vanter davantage plutôt que d'en minimiser l'importance.
Certaines lacunes ont toutefois été décelées. La loi a été mise en place à une époque où nous consommions surtout notre propre nourriture et où nous n'importions pas. Il est judicieux d'essayer de comprendre d'où viennent les produits, d'enregistrer tous les intervenants dans le système et d'avoir une meilleure vue d'ensemble afin de pouvoir mieux évaluer le risque.
Nous appuyons l'initiative et espérons qu'elle sera menée à bien dans les délais prévus.
Le sénateur Ogilvie : J'ai une question connexe sur les importations des produits transformés. Vous touchez un vaste éventail de secteurs. Nous avons beaucoup entendu parler des poules de réforme et d'autres enjeux. C'est très grave pour l'Ontario.
Mme Stark : En effet.
Le sénateur Ogilvie : De toute évidence, des efforts tout à fait frauduleux sont déployés et réussissent à contourner notre réglementation sur les barrières commerciales. Pouvez-vous me dire ce que l'Ontario pense de ces enjeux?
Mme Stark : Nous avons bel et bien entendu parler nous aussi du problème de volaille de réforme, et en sommes choqués. Nous aimerions assurément que le problème soit réglé.
Le sénateur Ogilvie : En ce qui concerne la création d'étiquettes pour les produits agricoles transformés qui reviennent au Canada en contrecarrant nos exigences commerciales, croyez-vous que suffisamment d'efforts sont déployés pour examiner les importations à la frontière?
Mme Stark : Nous n'avons pas suffisamment de données probantes pour répondre à la question. Nous avons certes entendu parler de ces préoccupations, et si c'est bel et bien ce qui se passe, nous croyons qu'il faut prendre des mesures à ce chapitre. Nous n'avons toutefois pas suffisamment d'information pour connaître l'ampleur du problème.
Le sénateur Ogilvie : N'y a-t-il donc aucun dialogue direct entre le fédéral, sur les plans de la réglementation et des activités frontalières, et le ministère ontarien de l'Agriculture à propos de ce qui est découvert à la frontière et pénètre le marché ontarien?
Mme Stark : Il n'y en a pas.
Le sénateur Mercer : Pour faire suite à la question du sénateur Ogilvie sur la volaille de réforme, nous allons devoir encourager le gouvernement à vérifier ponctuellement l'ADN de la volaille de réforme qui traverse notre frontière à divers passages. Nous n'avons qu'à faire deux ou trois vérifications dans l'industrie, et les gens sauront que nous les surveillons.
Ma question porte sur la direction et l'agriculture. Un des enjeux que j'ai mentionnés plus tôt en parlant du Farm Bill américain, c'est qu'il faut essayer d'inciter les gens à considérer le milieu agricole et agroalimentaire comme une industrie importante. Les membres de notre comité savent à quel point c'est important.
J'étais impressionné lorsque la première ministre Wynne est entrée en fonction et a formé son premier Cabinet. Elle était première ministre de l'Ontario, mais aussi ministre de l'Agriculture et de l'alimentation. Je trouvais que c'était le genre d'initiative dont le secteur avait besoin pour connaître l'importance qu'elle accorde à ce secteur dans sa province.
Moi qui ne vis pas en Ontario, mais qui y ai passé du temps, j'aimerais savoir si cette initiative a permis de réorienter le gouvernement ontarien vers le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Dans l'affirmative, l'élan se poursuit-il maintenant que la première ministre n'est plus ministre de l'Agriculture?
C'est peut-être injuste; je viens de vous demander d'évaluer le rendement de votre patronne.
Mme Stark : Je peux difficilement répondre étant donné que c'est mon premier poste de sous-ministre, et que je suis arrivée en fonction trois semaines avant qu'elle ne devienne ministre. Pour une première fois dans mon cas à titre de sous-ministre, elle était la ministre de laquelle je relevais de même que ma première ministre.
Comme vous le dites, en assumant ce rôle, la première ministre a bel et bien envoyé un signe clair au public quant à la grande importance de l'agriculture pour son gouvernement, ce qui a été très bien reçu. Elle n'a pas eu peur de s'attaquer aux grandes difficultés, et le défi lancé par la première ministre au secteur agroalimentaire découlait de cette initiative.
L'objectif n'était pas seulement de mettre en valeur l'agriculture, mais aussi de dire au secteur qu'il peut faire mieux et contribuer davantage à l'économie, à la création d'emplois et à la croissance de la province. Elle a d'ailleurs atteint ces deux objectifs.
L'élan se poursuit-il? Nous continuons de participer aux réflexions politiques de nombreux ministères, compte tenu de l'importance du secteur agricole et agroalimentaire pour l'économie. J'ai parlé de la propreté des Grands Lacs, et l'Ontario vient d'adopter une nouvelle loi visant à comprendre la transformation alimentaire en ce qui a trait aux déchets. On continue bel et bien à reconnaître que les aliments et leur transformation sont un volet important de l'économie ontarienne.
J'ignore si je peux attribuer l'ensemble de cette reconnaissance plus particulièrement à son rôle de ministre, ou simplement au fait que les gens comprennent les preuves et connaissent la position provinciale.
Le sénateur Mercer : J'imagine que le ministre actuel, lorsqu'il fait une demande au Cabinet, doit bien connaître son dossier étant donné que la patronne est au courant, ce qui complique toujours les choses.
Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant de vos réponses.
Le sénateur Plett : J'aimerais revenir sur l'enjeu que le sénateur Ogilvie a abordé, et que le sénateur Mercer a repris.
Ce que nous entendons de l'Ontario, mais d'autres provinces aussi est extrêmement étrange et déconcertant. Nous n'avons tout simplement pas assez d'information sur la volaille de réforme qui traverse notre frontière.
Il ne fait absolument aucun doute que le gouvernement fédéral doit prendre l'initiative dans le dossier, mais bon sang, la volaille de réforme pénètre les provinces et on ne cesse pourtant de nous dire qu'il n'y a pas suffisamment d'information. Pour l'amour du ciel, le ministre de l'Agriculture devrait aller à la frontière pour commencer à vérifier les boîtes afin de savoir ce qui entre au pays, car nos producteurs de poulet sont terriblement touchés par cette fraude. Je viens d'une province où les producteurs de poulet sont un enjeu important, et le problème ne date pas d'hier; la situation dure depuis longtemps.
Madame la sous-ministre, je propose que chaque sous-ministre et ministre des provinces canadiennes, et vous aussi, s'assurent que les Américains n'expédient aucun produit ici s'il est étiqueté autrement. Il est inadmissible qu'une telle pratique perdure depuis aussi longtemps. Ma remarque ne cible pas uniquement vous ou la province de l'Ontario.
J'espère que le nouveau gouvernement du Manitoba prendra l'initiative à ce chapitre. L'autre ne l'a pas fait, mais encore une fois, j'ignore si c'est un enjeu politique. Je vais certainement exercer des pressions à l'endroit de l'administration. C'était une remarque, et non pas une question.
J'ai toutefois deux questions à vous poser. Vous dites que vos exportations totales de produits agroalimentaires représentent 14 milliards de dollars. Deux paragraphes plus loin, si j'additionne les principales exportations de l'Ontario — je sais qu'il ne s'agit que des principales —, le total ne représente que la moitié des exportations, soit environ 7,5 milliards de dollars.
Où se trouvent les 7 milliards de dollars qui manquent? Ces chiffres ne représentent que 50 p. 100 des exportations. Il doit donc y avoir des exportations principales qui n'apparaissent pas ici. Pouvez-vous nous dire de quoi il pourrait s'agir?
Mme Stark : Je vais vous envoyer l'information.
Le sénateur Plett : Merci. L'écart est considérable.
Mme Stark : C'est parce qu'il y a 200 produits de base et des transformateurs d'aliments.
Le sénateur Plett : Dans le cadre de vos échanges commerciaux à l'échelle internationale, vous affirmez transiger considérablement avec l'Asie et quelque peu avec l'Europe. Pouvez-vous nous dire combien d'exportations vont dans ces deux régions du monde?
Mme Stark : Nous pourrons assurément vous donner ces chiffres.
Le sénateur Plett : Merci beaucoup.
[Français]
Le sénateur Dagenais : J'aurais une dernière question à vous poser, madame la sous-ministre.
Comme nous le savons tous, nous nous dirigeons maintenant vers des fermes de plus en plus industrielles. Y aura-t-il toujours de la place pour les fermes familiales, compte tenu de toutes les ententes que nous signerons avec les marchés internationaux? Les fermes familiales pourront-elles profiter de ces ententes?
[Traduction]
Mme Stark : En Ontario, la majorité des exploitations sont des fermes familiales. Ce sont des entreprises familiales, et je suis persuadée qu'il y aura encore de la place pour ce genre d'exploitation.
Il arrive que les gens qui posent la question s'intéressent plutôt à la taille et cherchent à savoir s'il y aura de la place sur le marché pour les exploitations modestes. Encore une fois, l'Ontario présente une grande diversité. Nous avons des exploitations de taille, mais nous en avons encore qui sont très modestes et qui réussissent très bien. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible à l'avenir. Il faut donner le choix aux consommateurs, mais aux agriculteurs aussi quant à la façon dont ils veulent cultiver et gérer leur entreprise.
Le sénateur Plett : Très brièvement, vous avez dit quelques fois dans votre exposé vouloir l'aide du gouvernement fédéral. Pouvez-vous nous donner trois domaines précis avec lesquels le gouvernement fédéral peut aider la province de l'Ontario sur plan des importations et des exportations — et peut-être d'autres provinces aussi?
Mme Stark : Nous voulons que le gouvernement fédéral fasse la promotion du Canada dans le monde, des caractéristiques du système agricole et agroalimentaire canadien, et de la salubrité, la qualité et la diversité de nos produits.
Le gouvernement doit continuer ses travaux relatifs aux accords commerciaux, mais au moment de les adopter, il doit collaborer énergiquement avec le secteur pour déceler les occasions et les menaces, ainsi que la façon de saisir ces occasions et de contrer ces menaces.
Si, pour ce faire, il faut investir temps, énergie ou argent, il faut le faire en collaboration avec les provinces, les territoires et les entreprises canadiennes pour que le secteur puisse continuer à croître.
[Français]
Le président : J'aimerais vous remercier d'être venus témoigner ce matin. Merci au gouvernement de l'Ontario. Notre rapport sur l'accès aux marchés internationaux montre que l'Ontario joue un rôle important en matière d'exportation et d'importation au Canada. Tous les sénateurs ici présents travaillent avec acharnement afin de favoriser l'accès des provinces aux nouveaux marchés. L'agriculture canadienne ne sera plus la même dans 10 ou 15 ans. Il faut donc se préparer à accéder à une meilleure nutrition à l'échelle de la planète. Si nous ne prenons pas les grands moyens maintenant, d'autres marchés s'ouvriront chez nous. Il importe de travailler en étroite collaboration avec les diverses parties prenantes. Le comité accomplit un travail important, et nous sommes toujours heureux d'accueillir des représentants de gouvernements comme le vôtre qui peuvent nous expliquer comment ils se préparent pour l'avenir et quels moyens ils prennent pour se moderniser.
Au nom du comité, je vous remercie infiniment. Bon retour à Queen's Park. Faites attention aux tracteurs qui défileront dans les rues ce matin.
[Traduction]
Le vice-président : Je vous souhaite la bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je suis le sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse, et je suis le vice-président du comité. Je demanderais aux sénateurs de se présenter à partir de ma droite.
Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Dagenais : Jean-Guy Dagenais, du Québec.
La sénatrice Unger : Betty Unger, de l'Alberta.
Le sénateur Plett : Je suis Don Plett, du Manitoba.
Le vice-président : Aujourd'hui, le comité continuera son étude sur les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux. Le secteur agricole et agroalimentaire canadien joue un rôle important dans l'économie canadienne. En 2014, un travailleur sur huit au pays, soit plus de 2,3 millions de personnes, était employé dans ce secteur qui a d'ailleurs contribué à près de 6,6 p. 100 au produit intérieur brut. Au niveau international, le secteur agricole et agroalimentaire canadien était responsable de 3,6 p. 100 des exportations mondiales des produits agroalimentaires. En 2014, le Canada était le 5e plus important exportateur de produits agroalimentaires au monde.
Le Canada s'est engagé dans plusieurs accords de libre-échange. Actuellement, 11 sont en vigueur. L'Accord économique et commercial global, le Partenariat transpacifique et l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine ont été conclus, et 8 négociations d'accords de libre-échange sont en cours. Le gouvernement fédéral a entrepris des discussions préliminaires avec la Turquie, la Thaïlande, les Philippines et les États membres du Mercosur, c'est-à-dire l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.
Nous accueillons comme deuxième témoin ce matin Mme Cher Mereweather, qui est directrice générale de la Provision Coalition. Sa présentation sera suivie d'une période de questions des sénateurs. Je demanderais aux sénateurs et aux témoins d'être concis dans leurs questions et réponses afin que nous puissions en entendre le plus grand nombre possible.
Cher Mereweather, directrice générale, Provision Coalition : J'aimerais d'abord vous donner un aperçu de qui nous sommes. Je parlerai ensuite de la durabilité de l'entreprise et de la manière dont nous croyons qu'elle se répercute sur l'accès aux marchés. Enfin, il sera question d'une collaboration menée par l'industrie en vue de protéger l'accès aux marchés et de créer des débouchés sur les marchés en misant sur des occasions d'affaires durables.
Provision Coalition est une coalition qui rassemble 12 associations de fabricants d'aliments et boissons. Ces associations se sont regroupées en vue de relever un défi commun, celui de la durabilité. Nous collaborons à l'élaboration de ressources, de programmes et de politiques publiques au nom des entreprises du secteur canadien de la fabrication des aliments et boissons.
La coalition tire la majeure partie de son financement de Cultivons l'avenir 2 et entretient une formidable relation de travail avec les ministères albertain et ontarien de l'Agriculture ainsi qu'avec Agriculture et Agroalimentaire Canada. Nous estimons que la durabilité d'une entreprise repose sur trois piliers : les gens, la planète et la rentabilité. D'abord et avant tout, l'entreprise doit être viable financièrement. Sans cela, il n'y a pas d'entreprise.
Ensuite, l'entreprise doit réellement comprendre son impact sur l'environnement naturel. Si c'est un impact néfaste, elle doit corriger activement la situation.
Le troisième pilier se rapporte à la sphère sociale. Les entreprises doivent comprendre la manière dont elles traitent leurs employés, leurs consommateurs et la collectivité dans leurs activités. Surtout, elles doivent comprendre que ces trois éléments fondamentaux sont intimement liés et que leurs décisions d'affaires doivent tous les prendre en compte.
La diapositive suivante présente les nombreux problèmes environnementaux et sociaux rencontrés dans la chaîne d'approvisionnement. Je vous la montre pour que vous puissiez constater la pléthore d'obstacles que doit surmonter le secteur de la fabrication des aliments et boissons pour avoir accès au marché.
Qu'est-ce qui a changé? Par le passé, nous n'étions confrontés qu'aux problèmes survenant dans notre maillon de la chaîne; l'évolution de ce qu'on appelle le « sourçage responsable ». De nos jours, l'information véhiculée dans les médias sociaux et sur Internet permet aux consommateurs de voir tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement. Cela signifie que chaque maillon est responsable de tous ceux qui le précèdent. Les fabricants sont soudainement responsables de ce qui se passe à la ferme, par exemple.
Comme les difficultés sont si nombreuses, nous avons travaillé avec Deloitte afin de cerner les principaux problèmes liés à la durabilité dans notre secteur qui peuvent avoir un impact sur l'accès aux marchés. Le premier, c'est la gestion responsable de la chaîne d'approvisionnement : la consommation de l'eau à des fins industrielles et agricoles et la prévention de la pollution; les droits des travailleurs locaux, saisonniers et migrants; et la diffusion aux consommateurs de renseignements clairs, transparents et vérifiables sur ce qui se passe tout au long de la chaîne d'approvisionnement afin d'entretenir la confiance.
Les tendances pour 2016 révèlent que la confiance du public est une priorité. Nous entendons ainsi la hausse du coût des aliments, la diffusion de renseignements transparents, les changements climatiques et les engagements de la COP21, et la réduction des déchets alimentaires.
À mon avis, la confiance du public est l'élément qui risque le plus de faire obstacle à l'accès aux marchés, mais il est également possible d'en tirer avantage. On constate un déclin de la confiance du public dans les marques, ce qui signifie que les consommateurs n'ont plus confiance dans le système alimentaire. On se préoccupe de plus en plus de la transparence d'une extrémité à l'autre de la chaîne d'approvisionnement : pour les intrants — tous les ingrédients et éléments qui entrent dans les produits — et pour les produits finis. Les consommateurs veulent savoir exactement ce que contient leur nourriture, d'où elle vient et l'impact de sa production. Cela nécessite une collaboration et une mise en commun de l'information sans précédent des premiers maillons de la chaîne jusqu'aux derniers.
Quant à l'impact sur l'accès aux marchés, les propriétaires de marque — grandes sociétés d'alimentation, de vente au détail, de services alimentaires ou de restauration — rehaussent leurs attentes en matière de responsabilité et de transparence. Ils veulent savoir ce qui a été fait, et comment. Ils ont des objectifs ambitieux qu'ils communiquent au public, ce qui renforce la responsabilité.
L'effet multiplicateur est visible dans l'exemple que je vous ai donné de la chaîne d'approvisionnement. Même entre leurs quatre murs, ils savent que les répercussions proviennent en majorité de la chaîne d'approvisionnement, que 90 p. 100 des répercussions proviennent de l'extérieur.
Nous voyons aussi que l'accès au marché peut réellement être compromis : les exemples récents d'A&W et d'Earl's démontrent qu'on peut perdre sa place sur le marché à défaut d'évoluer.
La collaboration menée par l'industrie — je peux faire très court et répondre à des questions détaillées plus tard. Nous croyons qu'il faut travailler ensemble d'un bout à l'autre de la chaîne d'approvisionnement. Nous travaillons à des initiatives comme notre plan pour des fermes et des aliments durables afin de rehausser la transparence dans la chaîne d'approvisionnement, ce qui comporte de nombreux avantages.
Nous sommes aussi engagés activement dans la réduction des déchets alimentaires. Nous y voyons une merveilleuse occasion d'améliorer la sécurité alimentaire de ceux qui connaissent la faim. Le gaspillage de la nourriture est un problème de 31 milliards de dollars; 30 à 40 p. 100 de toute la nourriture produite dans la chaîne d'approvisionnement est jetée aux ordures, c'est-à-dire 2 p. 100 du PIB national et 70 p. 100 des produits agroalimentaires canadiens.
Nous avons rassemblé certains groupes où nous essayons de trouver un moyen d'accroître la sensibilisation à l'égard de la production de déchets alimentaires et de collaborer avec les fabricants afin de les aider à tirer profit des occasions existantes, d'améliorer leur rentabilité et leur compétitivité et de réduire leur empreinte environnementale et leurs risques d'exploitation.
Enfin, la collaboration qui devrait selon nous s'articuler autour de la question des changements climatiques est liée à l'accès aux marchés. Si nous n'avons pas l'air d'agir sur la scène mondiale à ce chapitre, nous en subirons les conséquences. Nous croyons qu'il faut adopter une nouvelle manière de penser et de faire les choses. Nous devons comprendre comment évaluer, contrôler et suivre notre énergie et nos ressources et en comprendre les répercussions.
En résumé, nous sommes une coalition réunissant des associations du secteur. Nous travaillons à faire valoir les intérêts des fabricants. Nous avons entrepris de réformer notre secteur en collaborant relativement aux déchets alimentaires, au sourçage responsable et aux changements climatiques.
Le vice-président : J'aimerais que nous parlions de la composition de la Provision Coalition. Elle est très diversifiée. Il y a le Wine Council of Ontario, l'Association canadienne de la boulangerie, l'Association canadienne des boissons, la Canadian National Millers Association, le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Food and Beverage Ontario, l'Ontario Agri Business Association, l'Ontario Craft Brewers, l'Ontario Dairy Council, l'Ontario Fruit and Vegetable Processors Association et l'Ontario Independent Meat Processors.
Je suis curieux, car je ne vois rien d'évident qui puisse expliquer leur rassemblement. Comment est-ce arrivé?
Mme Mereweather : Le groupe s'est formé autour de la question commune de la gestion et de la réglementation environnementales. Les associations ont commencé à échanger autour de 2009 et ont constaté qu'en travaillant ensemble, elles avaient une approche plus ferme et une plus grande influence. Comme elles partageaient les mêmes préoccupations, peu importe leur branche d'activité au sein du secteur, elles ont voulu faire front commun.
En 2013, elles ont décidé de recentrer leur attention sur la durabilité d'un point de vue plus holistique, et c'est alors que la Provision Coalition a vu le jour.
Le sénateur Plett : Vous venez pratiquement de répondre à ma première question, mais je vais poursuivre dans la même veine.
Je ne connais rien à votre secteur. C'est la première fois que j'en écoute un représentant et j'étais probablement l'un de ceux qui ont approuvé votre comparution en tant que témoin.
Vous dites que vous êtes subventionnés par Cultivons l'avenir 2 et vous œuvrez à l'échelle sectorielle. Vous veillez à ce que tout le monde soit transparent. J'aimerais en savoir davantage sur votre organisation et sur ce que vous faites. Même après votre présentation, je ne comprends toujours pas.
Mme Mereweather : Je vais commencer par vous parler un peu de moi-même et de mes qualifications.
Le sénateur Plett : Merci.
Mme Mereweather : Ensuite, je parlerai de ce que fait la coalition.
Je travaille dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation depuis près de 20 ans. J'ai une formation en sciences de l'environnement et une maîtrise en économie de l'environnement. Dans mes travaux de recherche en agriculture, je me suis intéressée à la gestion environnementale, aux pratiques exemplaires et à leur valeur économique. J'ai travaillé comme consultante dans le secteur alimentaire et, à ce titre, j'ai conseillé des géants de l'alimentation relativement à leur stratégie sur la durabilité. Et maintenant, je suis la directrice générale de la Provision Coalition.
Notre mission consiste à aider les petites et moyennes entreprises alimentaires à intégrer la durabilité à leurs activités. Concrètement, il s'agit de leur faire voir les choses différemment. Nous nous rendons sur place dans les entreprises et avons conçu une série d'outils et de ressources offerts dans un portail en ligne.
Le sénateur Plett : Quand vous intervenez auprès d'une entreprise, le faites-vous à sa demande ou est-ce que vous débarquez sur les lieux comme une sorte d'inspecteur des aliments en leur annonçant que vous allez les aider? Est-ce qu'ils vous appellent pour demander de l'aide?
Mme Mereweather : Oui, nous les appelons pour leur demander s'ils ont besoin d'aide et nous allons ensuite les rencontrer. Nous créons des outils et des ressources à l'intention des entreprises et les mettons à leur disposition gratuitement. C'est à cela que servent nos subventions : à concevoir des outils pour aider les entreprises.
Le sénateur Plett : Est-ce qu'elles doivent payer pour ce service?
Mme Mereweather : Non.
Le sénateur Plett : Il est subventionné à 100 p. 100 par le gouvernement?
Mme Mereweather : Oui.
Le sénateur Plett : Comment 40 p. 100 de nos produits alimentaires finissent-ils aux ordures?
Mme Mereweather : Des déchets sont produits à chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement. Des pertes surviennent lors la culture, de la distribution et de la fabrication. Mais la majeure partie, 50 p. 100, survient chez les consommateurs.
Le sénateur Plett : Je ne mange pas toutes mes pommes de terre et je les jette à la poubelle?
Mme Mereweather : C'est exact. Ainsi que les restes dans les restaurants qui sont jetés dans le bac à compost.
Le sénateur Plett : Alors que faites-vous?
Mme Mereweather : Notre action comporte deux volets. Nous avons créé un collectif d'intervenants qui réunit les leaders de cette sphère, des agriculteurs aux détaillants, afin de trouver des moyens d'accroître la sensibilisation, d'aider les gens à comprendre le coût véritable du gaspillage et son impact sur l'environnement et la société en matière de sécurité alimentaire.
Nous avons également formé un groupe de travail sur les déchets alimentaires qui collabore directement avec les fabricants pour les aider à comprendre ce qu'ils peuvent faire dans leurs usines pour réduire les déchets. Parce que les aliments ne sont pas seulement des aliments : ce sont aussi l'énergie, l'eau et le travail qui ont servi à les produire qui sont perdus. Il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim dans notre pays et une quantité importante de nourriture disparaît dans la chaîne d'approvisionnement.
Le sénateur Plett : Justement, vous dites qu'il y a des gens affamés dans notre pays. Ma mère me disait de finir mes pommes de terre parce qu'il y a beaucoup de gens qui n'ont rien à manger dans le monde, et je lui disais : « alors qu'ils les mangent ». C'est impossible.
Je suis d'accord avec vous. Il m'arrive de jeter de la nourriture à la maison et de ne pas finir mon steak au restaurant. Comment sensibilisez-vous les consommateurs? Bien entendu, le restaurant doit jeter ce que je ne mange pas. Je commande un steak de 16 onces et une pomme de terre au four, et j'en laisse la moitié. Qui tentez-vous de sensibiliser, et comment? Ce que vous dites est tout à fait logique, et c'est formidable, mais comment allez-vous me sensibiliser à modifier mon comportement?
Mme Mereweather : Ce n'est pas une solution immédiate. Nous devons cibler la technologie. Nous devons faire de la sensibilisation directement auprès des gens, dans les écoles et dans les familles. Ce n'est pas une solution miracle.
Le sénateur Plett : Allez-vous dans les écoles?
Mme Mereweather : Non. Notre mandat ne concerne que la fabrication, mais nous jouons un rôle de leader pour réunir toutes les branches d'activités afin qu'elles collaborent sur cette question. Ceux qui font la sensibilisation y participent, ainsi qu'aux discussions sur les solutions et la technologie. Que pouvons-nous faire pour amener des changements? Des changements sont nécessaires.
Le sénateur Ogilvie : Votre présentation est très intéressante, et vous abordez beaucoup des questions qui sont absolument cruciales pour l'ensemble du secteur de la transformation des aliments et pour leur commercialisation.
J'aimerais parler de deux ou trois choses qui sont directement liées et vous poser une question bien précise. Vous avez mentionné un phénomène qui a récemment suscité beaucoup d'attention : la perte de confiance dans les marques. Cela est en grande partie attribuable au fait que même les marques les plus respectées ont dû faire des rappels à cause de la contamination par des bactéries ou des micro-organismes.
Quant aux déchets alimentaires, vous avez abordé la question au sens large, mais une partie des déchets provient également de la détérioration des produits frais, encore une fois à cause des micro-organismes qui en accélèrent la dégradation dans les conditions d'entreposage.
En ce qui concerne les produits frais — et c'est là que surviennent beaucoup des difficultés, lors de la manipulation des viandes fraîches, de la volaille et des légumes — on a découvert récemment une souche de la bactérie E. coli qui résiste aux traitements antibiotiques de dernier recours. La bactérie E. coli est très répandue et c'est habituellement elle qui cause la détérioration des produits alimentaires.
Il existe une technique initialement mise au point au Canada, mais qui n'a jamais été utilisée dans l'industrie alimentaire; c'est celle de la radiation des produits alimentaires frais, comme la viande, les produits laitiers et les légumes. Cette technique permet d'éliminer tous les micro-organismes. L'emballage immédiat des produits ainsi traités évite que les aliments ne se détériorent à cause des micro-organismes jusqu'à son ouverture. Il y a autre chose qu'il faut faire pour conserver l'aliment, mais il sera à l'abri des micro-organismes, lesquels sont, une fois encore, une des sources principales de répercussions négatives pour les marques de commerce et le facteur qui provoque la décomposition la plus rapide des produits qui tendent à être entreposés.
Pourquoi continue-t-on d'ignorer cette technologie, qui existe depuis 50 ans, et pourquoi ne l'utilise-t-on pas pour protéger le consommateur et le commerçant?
Mme Mereweather : Veuillez m'excuser, mais je ne suis pas scientifique des produits alimentaires. Je ne connais pas bien la technologie dont vous parlez, mais je reviendrais à ce que j'ai dit à propos du changement de mentalité. Nous devons modifier la manière dont nous envisageons l'exploitation de nos entreprises, cas nous devons tirer parti de la technologie et, surtout, communiquer efficacement avec le consommateur au sujet de la technologie. En un certain nombre d'occasions, nous avons assisté à une réaction négative des consommateurs lorsqu'on ne leur a pas expliqué efficacement l'utilité de la technologie et ne s'est pas assuré qu'ils l'acceptent.
Je dirais donc que si cette technologie a l'immense utilité que vous lui prêtez, alors nous devons l'examiner, la faire connaître, l'évaluer et l'utiliser.
Le sénateur Ogilvie : Je tirerai mon chapeau au sénateur Plett et à sa province du Manitoba à cet égard. C'est à la centrale nucléaire de Whiteshell que cette technologie a été mise au point, et bien entendu, le simple concept de radiation a provoqué une spectaculaire levée de bouclier de la part de la population à l'époque. Mais c'était vraiment une technologie avancée, très directe et très simple à utiliser, et extrêmement sécuritaire. J'encourage vivement votre association à s'y intéresser de nouveau.
[Français]
Le sénateur Dagenais : Je vais commencer par le commerce international. Nous savons que le commerce international oblige les producteurs à produire selon un certain volume. Est-ce que les pratiques que vous souhaitez mettre en place ne sont pas un peu contradictoires avec la quantité de volume qu'on exige des producteurs qui produisent pour les marchés internationaux? En outre, comment faites-vous pour concilier vos stratégies avec celles des producteurs qui produisent en masse pour les marchés internationaux, tout en limitant les pertes de produits au minimum?
[Traduction]
Mme Mereweather : Si je comprends bien la question, la stratégie relative aux pratiques d'affaires durables vise essentiellement à comprendre où l'énergie, l'eau et les ressources sont utilisées afin de les gérer efficacement.
Sur le plan de l'évaluation holistique des pratiques de gestion, nous constatons que cela rend plus efficace. Peu importe le marché concerné ou le volume de production, si on gère efficacement ses intrants, on obtient de meilleurs résultats.
[Français]
Le sénateur Dagenais : Vous avez parlé du concept de l'alimentation durable. Pour la plupart des gens, c'est un secteur assez difficile à comprendre. Vous avez parlé d'éducation à ce sujet, et je crois qu'il faut continuer à déployer des efforts en ce sens. Y aurait-il des recommandations que nous pourrions insérer à notre rapport et qui seraient applicables dans un avenir rapproché? Sur une base concrète, quelles mesures pourrions-nous recommander qui pourraient être appliquées au Canada et dans certaines régions spécifiques du pays?
[Traduction]
Mme Mereweather : Je conviens avec vous que le terme « durable » porte énormément à confusion. Quand nous faisons rapport sur la question, je pense que nous voulons privilégier les aspects simples que les gens comprendront. Quelles sont les répercussions sur l'environnement et la santé naturelle de l'écosystème? Quels sont les effets sur les gens et sur les entreprises? Nous expliquons les choses en termes simples.
Le vice-président : Il me semble que le gaspillage alimentaire constitue un problème de taille. Ce que nous n'avons pas reçu des témoins, ce sont de meilleures statistiques sur ce qui est gaspillé, et je ne parle pas seulement ce qui va à la poubelle quand quelqu'un ne mange pas ses pommes de terre ou son steak au complet. Dans l'industrie, la réduction du gaspillage devrait permettre soit d'augmenter le profit des producteurs, soit de nourrir les neuf milliards de personnes que comptera la planète en 2050. Pouvez-vous traiter de la question?
Nous continuons d'entendre parler de gaspillage alimentaire, mais nous n'avons pas de statistiques qui, d'une part, confirment le phénomène et qui, d'autre part, nous donnent une idée des possibilités qui pourraient s'offrir à chacun.
Mme Mereweather : C'est une excellente remarque.
En 2013, Provision Coalition a réalisé une étude de recherche avec des consultants partenaires de l'Ivey Business School et de Value Chain Management International pour comprendre l'ampleur du problème de gaspillage alimentaire. Nous avons dressé une carte pour déterminer les principaux points où des aliments se perdent au sein de la chaîne d'approvisionnement. Malheureusement, aucune donnée ne permet de confirmer la quantité exacte des pertes alimentaires, mais nous pouvons utiliser les meilleures estimations dans des segments de la chaîne d'approvisionnement.
Nous pouvons ainsi dire que nous comprenons qu'il se perd énormément d'aliments. Le pourcentage de 30 à 40 p. 100 s'apparente aux chiffres observés aux États-Unis.
Pour ce qui est de la manière dont nous comptons nous attaquer au problème, je pense que nous devons chercher à déterminer ce que nous voulons accomplir. Nous devons faire de la sensibilisation à ce sujet et chiffrer les répercussions économiques pour la chaîne d'approvisionnement et le consommateur.
Le vice-président : L'impact économique ne se limite pas au coût qu'assume le consommateur qui achète le produit ou au fait que les aliments ne profitent pas à ceux qui en ont besoin, mais englobe également ce qu'il en coûte, particulièrement pour les municipalités, pour traiter les produits gaspillés.
Mme Mereweather : Il y a également le coût des matières premières qui entrent dans la production : l'engrais, le carburant des tracteurs, l'énergie pour faire croître et transporter le produit, toute l'eau qui est utilisée, puis la distribution et la transformation. Tout cela s'additionne : l'énergie, l'eau, puis le transport au commerce de détail et la main-d'œuvre, et cetera. Le produit est ensuite acheté par le consommateur, jeté aux ordures et, de fait, traité.
Le prix de l'aliment n'est littéralement que la pointe de l'iceberg quand on examine l'impact. Le coût réel est bien plus élevé.
Le vice-président : En réalité, nous parlons d'efficacité et souhaitons rendre le processus plus efficace.
La sénatrice Unger : J'ai quelques questions au sujet de votre organisation.
Depuis combien de temps êtes-vous en activité?
Mme Mereweather : La coalition des associations de l'industrie travaille ensemble depuis 2009 et s'est officiellement constituée en société en 2013.
La sénatrice Unger : Combien d'employés avez-vous?
Mme Mereweather : Nous en employons six actuellement et nous travaillons avec de nombreux consultants et partenaires.
La sénatrice Unger : Pour en revenir au point du sénateur Ogilvie, j'aimerais savoir précisément ce que vous et votre organisation ferez afin d'exploiter le potentiel de la radiation pour éviter le gaspillage alimentaire.
Mme Mereweather : J'ai brièvement fait référence à notre groupe de travail et de collaboration. J'ai l'intention de lui soumettre cette technologie. Nous nous pencherons sur les possibilités qu'elle offre et verrons si nous pouvons l'évaluer dans le cadre d'un projet pilote.
Dans ces groupes, nous trouvons et évaluons des technologies et réalisons des projets pilotes.
La sénatrice Unger : Vous faites donc beaucoup de réseautage avec d'autres groupes?
Mme Mereweather : Absolument.
La sénatrice Unger : À la page où il est question des avantages du plan agricole et alimentaire durable, vous parlez de réduction du coût et du nombre d'évaluations. Pourriez-vous me donner un exemple d'une telle réduction?
Mme Mereweather : Nous constatons qu'au sein de la chaîne d'approvisionnement, pour garantir l'approvisionnement en aliments et en assurer la transparence et la vérification, les propriétaires de marque de commerce, d'entreprise de détails ou de services alimentaires effectuent des vérifications auprès des exploitations agricoles et des entreprises alimentaires qui leur fournissent des aliments. Cela crée une surabondance de vérifications, Loblaws, Tim Hortons, McDonald's et plusieurs autres entreprises réalisant des vérifications pour le même produit.
Nous tentons de réduire cette répétition inutile et d'instaurer une certaine harmonisation afin d'assurer l'efficacité, même lors de l'échange de renseignements dans le cadre de la vérification.
La sénatrice Unger : Pouvez-vous me donner un exemple de réussite à cet égard?
Mme Mereweather : Plusieurs initiatives internationales connaissent un grand succès.
La sénatrice Unger : Je veux dire entre les entreprises que vous avez nommées, comme McDonald's et Loblaws. Pouvez-vous me donner un exemple de la manière dont vous les avez aidées à réduire le nombre d'évaluations?
Mme Mereweather : C'est notre objectif. Nous ne l'avons pas encore atteint. Sur la scène internationale, nous constatons que des efforts sont déployés en ce sens, avec succès. Je peux vous donner un exemple de ces efforts si cela peut vous être utile.
La sénatrice Unger : Non, ça va.
Je voudrais revenir à un autre point sous la rubrique « acheteur et propriétaire de marque de commerce ».
« Accroissement de la confiance du public = meilleure acceptabilité sociale et restrictions opérationnelles moins lourdes ». Il me semble que c'est là un fait accepté à l'heure actuelle.
Comment vous y prenez-vous pour renforcer cette confiance? Le faites-vous vraiment ou est-ce simplement un point de plus sur votre liste?
Mme Mereweather : Nous collaborons avec le Centre canadien pour l'intégrité des aliments et Soin de ferme et alimentation Canada pour chercher à comprendre la confiance du public.
La sénatrice Unger : Comment travaillez-vous avec eux?
Mme Mereweather : Ces organismes possèdent de l'expertise lorsqu'il s'agit d'acquérir et de renforcer la confiance, et savent donc ce que les entreprises doivent faire pour gagner cette confiance. Nous faisons appel à leur expertise.
Le sénateur Plett : Je veux continuer sur le sujet que j'ai abordé plus tôt et que le sénateur Mercer a repris.
Trente à quarante pour cent des aliments sont gaspillés, et pourtant, vous dites que vous n'avez pas de statistiques. Je me demande comment vous pouvez énoncer de tels pourcentages sans statistiques à l'appui. Où ce gaspillage se situe-t-il?
Notre pays a probablement les meilleurs agriculteurs du monde. Ces derniers ne veulent certainement pas voir leurs animaux mourir, car ce serait des pertes. Ils veilleront assurément à les nourrir efficacement, car il y aura un coût s'ils ne le font pas. Ils feront tout ce qu'ils peuvent pour éviter les pertes.
Je présume que les épiceries feront tout en leur pouvoir pour garder leurs produits frais. Ici encore, il se perd des aliments au restaurant et dans les chaumières, mais vous dites que vous ne faites pas d'éducation à ce chapitre.
D'où tirez-vous le pourcentage de 30 à 40 p. 100? Vous affirmez que la situation est la même aux États-Unis. Concluez-vous simplement que si le pourcentage de pertes est de 30 à 40 p. 100 aux États-Unis, il doit être le même au Canada? Comment en êtes-vous arrivés à ce chiffre? Dites-moi ce que vous faites pour mettre fin au gaspillage. Je ne vois pas ce que vous faites pour le prévenir.
Mme Mereweather : En ce qui concerne le chiffre, nous avons demandé à des consultants et à des experts du domaine d'effectuer une évaluation. On peut réaliser une évaluation économique pour évaluer l'impact. Quand je dis qu'il n'y a pas de statistiques précises, je veux dire que Statistique Canada ne collige ou ne publie pas de données qui étayent précisément ce pourcentage.
Ce chiffre est une estimation optimale fondée sur une évaluation économique que nous avons commandée.
Le sénateur Plett : Une étude que vous avez commandée. Vous avez donc l'information? Vous dites que Statistique Canada ne publie pas de données à ce sujet, mais vous avez l'information.
Mme Mereweather : Je vous demande de m'excuser si je n'ai pas été claire. L'étude que nous avons effectuée fait état d'un pourcentage de 30 à 40 p. 100 et indique où le gaspillage se fait.
Le sénateur Plett : Où se produit-il principalement?
Mme Mereweather : La vaste majorité, soit 51 p. 100, se produit à la maison. Environ 9 p. 100 survient sur l'exploitation agricole, dans les champs. Il y en a un peu lors de la distribution, environ 18 p. 100 au cours de la transformation et environ 11 p. 100 chez le détaillant, mais 51 p. 100, la vaste majorité, se fait à la maison.
Le sénateur Plett : Vous ne pouvez donc rien faire à ce sujet?
Mme Mereweather : Comme je l'ai souligné, Provision Coalition assume un rôle de meneur. Nous avons réuni les segments de la chaîne de valeur pour nous attaquer au problème et trouver des solutions.
Ce groupe a comme objectif premier de faire de l'éducation et de la sensibilisation. Nous travaillons d'ailleurs à une campagne d'éducation et de sensibilisation.
Nous avons réuni tous les acteurs de la chaîne de valeur pour nous demander ce que nous pouvons faire et comment nous y prendre.
Comme je l'ai indiqué, ce n'est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain. Nous créons l'occasion de réunir tous les collaborateurs pour changer les choses.
Le vice-président : Madame Mereweather, merci de votre exposé.
Vous n'en êtes peut-être pas consciente, mais vous avez soulevé énormément de questions au sein du comité. Vos propos cadrent avec ceux qu'ont tenus officieusement un certain nombre de gens au sujet du gaspillage alimentaire lors de la transformation et de la consommation d'aliments. C'est un secteur important.
Nous vous remercions d'avoir témoigné. Il serait intéressant de donner suite à la dernière série de questions du sénateur Plett afin d'examiner le sujet plus en détail.
Mme Mereweather : Je serais heureuse de vous remettre l'étude que nous avons effectuée.
Le vice-président : Cela nous serait utile. Vous pourriez la remettre au greffier pour qu'il nous la transmette. Je pense que le sénateur Plett a raison : c'est une bonne chose de voir la méthode scientifique au moyen de laquelle on recueille des statistiques. Cela nous serait d'une certaine utilité.
J'aimerais vous remercier d'avoir comparu aujourd'hui. Nous vous exprimons toute notre gratitude et vous souhaitons la meilleure des chances.
(Le comité s'ajourne.)