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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 36 - Témoignages du 24 octobre 2017


OTTAWA, le mardi 24 octobre 2017

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 17 heures, pour poursuivre son étude de l’impact potentiel des effets du changement climatique sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier.

Le sénateur Ghislain Maltais (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Bon après-midi, mesdames et messieurs. Aujourd’hui, le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts poursuit son étude sur l’impact potentiel des effets du changement climatique sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier. Nous accueillons, d’Industries renouvelables Canada, M. Jim Grey, président, ainsi que Mme Andrea Kent, membre du conseil d’administration. Soyez les bienvenus et merci d’avoir accepté notre invitation à comparaître devant le comité.

Avant de commencer votre présentation, j’aimerais d’abord me présenter. Je suis le sénateur Ghislain Maltais, du Québec. J’inviterais maintenant les sénateurs à se présenter, en commençant à ma droite.

[Traduction]

Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Doyle : Norman Doyle, Terre-Neuve-et-Labrador.

[Français]

Le sénateur Pratte : André Pratte, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Bernard : Wanda Thomas Bernard, Nouvelle-Écosse.

[Français]

Le président : Merci, chers collègues. Maintenant, monsieur Grey, la parole est à vous.

[Traduction]

Jim Grey, président, Industries renouvelables Canada : Merci, monsieur le président et membres du comité. Je suis le président de notre association de secteur, Industries renouvelables Canada, ainsi que le président-directeur général d’IGPC Ethanol Inc., société d’éthanol ayant son siège dans le sud-ouest de l’Ontario. Je suis accompagné d’un autre membre du conseil d’administration, Andrea Kent, vice-présidente des affaires gouvernementales et des relations publiques pour Greenfield Global. Nos deux sociétés représentent, à elles deux, la majeure partie de l’industrie de l’éthanol au Canada.

IGPC Ethanol est une filiale en propriété exclusive de l’Integrated Grain Producers Co-operative. Nous sommes la plus grosse coopérative d’agriculteurs ayant son siège en Ontario. Nous sommes, de ce fait, étroitement liés au secteur agricole.

Industries renouvelables Canada, notre association, représente environ 30 sociétés, couvrant le secteur des carburants renouvelables et des industries qui y sont étroitement associées. En leur nom à toutes, je vous remercie de nous avoir invités ici aujourd’hui.

Votre étude sur l’impact potentiel des effets du changement climatique sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier tombe à point nommé. Environnement et changement climatique Canada s’apprête à annoncer sa norme sur les carburants propres, élément du cadre pancanadien sur les changements climatiques. Disons-le clairement, une norme qui inclut des exigences ou des obligations en matière de mélanges est une bonne chose pour les agriculteurs et pour l’agriculture canadienne.

Laissez-moi maintenant dire deux mots concernant Industries renouvelables Canada. Notre association est riche de 33 ans d’expérience dans la promotion des carburants renouvelables, ainsi que d’une large gamme de produits renouvelables à valeur ajoutée au Canada. Vous vous souviendrez peut-être mieux de notre association sous son ancien nom, l’Association canadienne des carburants renouvelables. Nous avons rebaptisé l’association récemment, en 2016, pour mieux refléter la nature de notre secteur. En effet, outre les carburants renouvelables, nos membres produisent toute une gamme de produits à valeur ajoutée. Le secteur engendre actuellement plus de 3,5 milliards de dollars d’activités économiques annuelles, les carburants renouvelables, comme l’éthanol, le biodiesel et les nouvelles sources d’énergie comme l’éthanol cellulosique et le diesel renouvelable, restant au cœur de nos activités.

Les producteurs de carburant renouvelable sont des pionniers de la réduction des émissions de carbone. Les biocarburants ont fait leurs preuves; ils constituent la source de carburant liquide le plus propre et le plus durable pour le secteur des transports. La réduction des émissions permise par l’éthanol conventionnel produit au Canada peut aller jusqu’à 62 p. 100, comparée à l’essence ordinaire. L’éthanol cellulosique, quant à lui, réduit les émissions de 87 p. 100; le biodiesel, enfin, peut permettre jusqu’à 119 p. 100 de réduction des émissions par rapport au diesel de pétrole.

En 2007, le gouvernement fédéral a annoncé des exigences prescrites par la loi pour l’emploi de l’éthanol et du biodiesel. Depuis, conformément au règlement pris en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, les parties touchées — les raffineries et les importateurs — sont tenues de mélanger 5 p. 100 d’éthanol et 2 p. 100 de biodiesel dans leurs bassins de base pour ces carburants.

La politique, connue sous le nom de stratégie concernant les carburants renouvelables, a été un succès retentissant, permettant l’établissement d’une capacité de production de biocarburant au Canada, contribuant à la réduction des gaz à effet de serre et stimulant la croissance économique. Notons surtout que l’exigence prescrite par la loi en matière de proportion de carburant renouvelable a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 4,2 mégatonnes par année, soit l’équivalent approximatif du retrait d’un million de voitures de la circulation routière au Canada.

À mon entreprise, IGPC, nous sommes en train de doubler la capacité de production à 400 millions de litres par année. Il s’agit d’un investissement de 120 millions de dollars à nos installations d’Aylmer, dans le sud-ouest de l’Ontario, non loin de London. Notre usine deviendra ainsi la plus grande au Canada. De plus, la production accrue va considérablement réduire le volume d’éthanol importé des États-Unis vers le Canada.

D’autres membres d’Industries Renouvelables Canada sont en train d’augmenter leur production d’éthanol, ce qui permettra de commercialiser de nouvelles technologies innovatrices comme la conversion de déchets municipaux en éthanol. Je n’ai aucun doute qu’Andrea en parlera dans son exposé.

Le biodiesel est aussi une belle réussite. L’entreprise BIOX de Hamilton a récemment acquis des installations désaffectées à Sombra, en Ontario, non loin de Sarnia. La remise en état prévoit environ 5 millions de dollars en améliorations avant de démarrer avec une capacité de production de 50 millions de litres de biodiesel par année.

Je vais maintenant céder la parole à Andrea Kent, de Greenfield, qui va discuter de la valeur qu’ajoutent les industries renouvelables au secteur agricole.

[Français]

Le président : Juste avant que vous commenciez votre présentation, permettez-moi de vous présenter la sénatrice Raymonde Gagné, du Manitoba, qui vient tout juste de se joindre à nous.

La sénatrice Gagné : Bienvenue.

Le président : La parole est à vous, madame Kent.

[Traduction]

Andrea Kent, membre du conseil d’administration, Industries Renouvelables Canada : J’aimerais d’abord me joindre à Jim pour remercier le comité de nous accueillir ce soir.

Greenfield Global est un producteur de divers alcools et d’éthanol. À de nombreux égards, nous avons non seulement lancé une bonne partie de l’éthanol utilisé en Ontario et partout au pays, mais nous sommes aussi devenus le plus grand fabricant d’éthanol de maïs au Canada, éthanol qui est mélangé à l’essence. Nous sommes le seul fabricant d’alcools industriels et d’alcools de spécialité au Canada.

Nous nous démarquons rapidement comme innovateur de pointe au Canada dans le domaine des biocarburants de pointe et le développement de ce que certains appellent la prochaine génération de technologies de bioraffinage. Nous avons certaines des installations ultramodernes de recherche en fermentation à notre usine du Québec; nous avons des installations de démonstration de technologies de pointe à côté de notre usine de Chatham, en Ontario; et nous avons mis en place un campus indépendant de recherche et développement à Chatham, en Ontario.

Certaines choses ne sont peut-être pas immédiatement associées au producteur d’éthanol, mais pour nous, comme Jim y a fait allusion, nombre des membres d’Industries Renouvelables Canada investissent dans nos propres technologies de recherche et de développement. Il s’agit de bonnes nouvelles pour l’agriculture et l’environnement, et je suis emballée d’être ici pour vous en parler plus en détail.

Comme vous savez probablement, l’éthanol et le biodiesel peuvent être fabriqués à partir de diverses matières premières. Par exemple, l’éthanol de maïs permet aux consommateurs de profiter des avantages environnementaux sans avoir à payer plus pour le carburant qu’il verse dans leurs réservoirs, et sans avoir à changer leurs habitudes ou leurs comportements de consommation sur le marché, ce qui, nous le reconnaissons du point de vue pratique, peut prendre du temps. Il y a moyen d’obtenir des avantages propres pour l’environnement pour l’ensemble des carburants simultanément.

Une autre possibilité est la production d’éthanol cellulosique à partir de la canne de maïs, qui ne fait actuellement pas partie de la production d’éthanol. Il s’agit de la partie non comestible du maïs. La plupart du temps, elle est simplement laissée de côté. Nous examinons la possibilité de la récupérer et de transformer ce déchet agricole en ressource.

La production de biocarburants entraîne une augmentation de la demande de production agricole au Canada, et j’imagine que les sénateurs ici sont très au courant. Nos agriculteurs font preuve de plus d’innovation et augmentent leur productivité, ce qui est une bonne nouvelle. Cela signifie que moins de terres agricoles sont exploitées; ainsi, les agriculteurs canadiens sont devenus incroyablement plus productifs avec moins de terres agricoles qu’auparavant.

Cela signifie aussi que nous devons continuellement améliorer les possibilités de commercialisation pour ce rendement agricole accru. Les agriculteurs qui ont un rendement accru jouent un rôle plus important que jamais pour ce qui est de trouver des façons d’intégrer la biomasse à l’économie agricole innovatrice. Je tiens à vous dire que c’est un mythe que de penser que les biocarburants mènent à une surutilisation des ressources agricoles. Les agriculteurs demandent des politiques plus sévères en matière de biocarburants pour une bonne raison : ils veulent une certitude pour leur marché tout autant que les fabricants de carburants renouvelables.

Il est probablement clair que les changements climatiques ne sont pas qu’un phénomène. Ils posent problème, ils sont réels et constituent un défi qu’un plus grand nombre de secteurs doivent relever avec le plus de débrouillardise possible.

Dans un rapport publié plus tôt ce mois-ci, la commissaire à l’Environnement du Canada a donné son signal d’alarme le plus récent, qui nous était destiné à nous tous, mais plus particulièrement aux décideurs politiques. Voici ce qu’elle a écrit :

[…] si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, les risques de pollution, de catastrophes naturelles, de feux de forêt et d’inondation augmenteront.

Elle a également signalé que, même si des progrès ont été accomplis depuis 2014 sur le plan réglementaire, les mesures mises en œuvre « ne seront pas suffisantes pour atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixée pour 2020 ».

Je ne pense pas que quiconque en cette pièce soit prêt à accepter un échec comme option lorsqu’il s’agit de lutter contre les changements climatiques. C’est pourquoi nous sommes ici tous les deux aujourd’hui, non seulement pour parler des nouvelles possibilités émergentes pour accroître l’innovation dans le secteur agricole, mais aussi pour voir comment nous pouvons miser sur la politique fructueuse des biocarburants du Canada et accroître l’utilisation de ces biocarburants dans la lutte contre les changements climatiques.

Notons en terminant quelques éléments à signaler.

Il faut accroître les exigences volumétriques pour le biodiesel et l’éthanol afin qu’ils passent de 2 à 5 p. 100 et de 5 p. 100 à 10 p. 100 respectivement puisqu’il est reconnu qu’ils réduisent les émissions et stimulent l’activité économique sans qu’il y ait de coût pour le consommateur. C’est ce que nous avons constaté dans les endroits où les niveaux ont été augmentés et où, dans certains cas, ils dépassent largement les niveaux envisagés par le Canada.

Le mois dernier, le Conference Board du Canada a publié un rapport qui reflète nos conclusions sur la valeur de telle politique et de celle à l’étude relativement à une norme nationale pour les carburants propres. Le Conference Board a écrit ce qui suit :

[…] une norme en matière de combustibles propres qui n’arrive pas à maintenir ou à élargir les exigences relatives aux mélanges actuels pour les carburants renouvelables n’est pas souhaitable.

Le Canada n’est pas le seul dans cette situation. Plus de 60 pays sur la planète ont des exigences en matière de carburants renouvelables. La plupart des pays développés, et même certains pays moins développés, ont déjà bien de l’avance sur le Canada dans ce domaine.

Avec un peu de chance, pendant notre conversation d’aujourd’hui, je serai capable de vous donner plus de détails sur ces politiques pour vous montrer les possibilités qui existent, non seulement pour l’environnement et les énergies renouvelables, mais aussi pour l’agriculture et la foresterie.

Merci beaucoup pour le temps que vous m’avez accordé.

Le président : Merci beaucoup pour votre présentation.

Le sénateur Doyle : Merci d’être venus. Il s’agit d’un sujet intéressant.

Je me demande s’il existe des obstacles dans la production de biocarburants. Il y a quelques jours, je lisais un article sur Oxfam Canada. Je suis certain que vous êtes au courant. Les biocarburants sont faits à partir de récoltes et sont mélangés avec des carburants fossiles pour alimenter les voitures, et cetera. Il faut faire pousser du maïs, du blé, de la canne à sucre, des betteraves sucrières et de l’huile de palme, et cetera. En bref, il faut se servir des terres et de l’eau pour produire tout cela.

Je me pose des questions sur l’avenir. Avez-vous pensé à ce que l’avenir pourrait nous réserver alors que les pays riches, par exemple, demandent de plus en plus de carburants fabriqués à partir de denrées alimentaires et que le prix des aliments augmente? Je suis sûr qu’étant donné votre domaine de travail, vous devez y penser de temps en temps, et lorsque vous voyez des organismes comme Oxfam faire ce genre de déclaration, par exemple. Avez-vous des commentaires là-dessus dont vous pourriez nous faire part?

M. Grey : Vous serez peut-être stupéfait d’apprendre que ce n’est pas la première fois qu’on nous pose la question concernant la nourriture et le carburant.

Les statistiques indiquent qu’on cultive plus de maïs aujourd’hui en Amérique du Nord que jamais auparavant sur la même superficie. En réalité, les changements survenus dans l’agronomie sont stimulés en grande partie par l’industrie de l’éthanol. Ils ont permis de grandement augmenter la productivité des terres.

Andrea et moi étions à une conférence ensemble, à Houston, la semaine dernière, où un des conférenciers a affirmé, croyez-le ou non, que c’est le maïs à bas prix et non pas celui qui coûte cher qui affamera les gens.

Je travaille de près ou de loin avec l’industrie de la transformation du maïs depuis presque 40 ans maintenant. Dans la chaîne d’approvisionnement, tout le monde doit gagner de l’argent. C’est ainsi que cela fonctionne. J’ai déjà acheté du maïs à moins de 2 $ le boisseau et j’ai déjà acheté du maïs à près de 10 $ le boisseau. Si vous achetez du maïs à 2 $ le boisseau, les agriculteurs ne vont pas gagner d’argent, ils vont devoir vendre leur exploitation pour y faire construire des maisons.

Et du maïs à 10 $ le boisseau est tout aussi insensé. Aujourd’hui, le maïs se négocie à environ 3,50 $. Puis-je affirmer ici, de manière catégorique, que l’éthanol n’a pas contribué à l’augmentation du prix du maïs? Non. Ce que je peux dire, en revanche, c’est qu’en Ontario, par exemple, on a lancé le fonds de développement de la production et cette initiative sert entre autres à augmenter les revenus à la ferme, car les agriculteurs ne gagnaient pas d’argent, ils faisaient faillite et vendaient leurs terres.

Dans le débat sur les aliments et le carburant, il existe bien des arguments en lice, mais nous avons clairement indiqué, par le biais de différentes études, que l’éthanol n’a pas fait augmenter le prix du chariot d’épicerie. Quand le prix du pétrole augmente, tout le reste suit.

Mme Kent : Si vous me le permettez, j’aimerais en quelques mots compléter les propos de Jim. Il a tout à fait raison au sujet de l’économie de la chaîne d’approvisionnement. En réalité, la hausse de prix du maïs bénéficie aux régions rurales. C’est vrai au Canada, mais aussi dans les pays comme l’Éthiopie et le Kenya qui, eux aussi, — vous serez peut-être intéressés de le savoir — ont adopté des exigences concernant les biocarburants, notamment l’éthanol.

Avec l’avènement des biocarburants et de l’éthanol, bien des gens se sont inquiétés de la durabilité, car personne ne connaissait vraiment leurs retombées. Mais nous voici, 15 ans plus tard, et nous pouvons dire que pour ce qui est de la sécurité et de la durabilité alimentaires, ce ne sont pas les biocarburants qui poseront problème. Le problème, ce sera le gaspillage alimentaire. Avec tout le respect que je leur dois, je crois que c’est sur cela que des groupes comme Oxfam devraient se concentrer, car c’est le véritable obstacle à l’accès aux aliments. Ce ne sera pas la production de biocarburants.

Le sénateur Doyle : J’imagine que pour l’observateur occasionnel, comme moi par exemple, vous êtes en train de dire que les biocarburants devraient aider à réduire les émissions de carbone. Certains arguent que plus on produit de biocarburants, plus on doit défricher et plus on doit déboiser, si bien qu’on risque d’émettre plus de carbone.

C’est une question pour l’avenir. J’imagine que personne n’a encore de réponse.

Mme Kent : Nous avons une idée. Si vous regardez le chemin parcouru par l’industrie en peu de temps, si vous revenez 10 ans en arrière, au tout début de notre industrie par exemple, et que vous comparez la situation à aujourd’hui, nos installations ont véritablement intensifié leur bioraffinage.

Des compagnies comme la nôtre réinvestissent dans les technologies qui vont les rendre plus performantes et qui augmenteront leur efficacité opérationnelle — nous pouvons fabriquer un meilleur éthanol et ce, à moindre coût, et nous pouvons réduire les retombées environnementales de nos installations — et c’est ce qu’on souhaite de toute société bien gérée, établie et avertie. Cela s’applique également à l’exploitation agricole. Cela touche également les pratiques agricoles. Nous pouvons désormais cultiver trois fois plus de maïs qu’avant sur le même hectare de terre. Cela concerne également l’utilisation de l’eau.

Souvent, les études qui traitent de l’équilibre énergétique, de l’utilisation de l’eau et de l’utilisation indirecte des sols sont des modèles, mais ces études ne satisfont pas aux exigences en matière de rigueur pour la situation actuelle et l’industrie moderne.

Au départ, on s’est penché sur ces enjeux avec de bonnes intentions. Par contre, sur le plan scientifique, ces études ne représentent pas de bonnes mesures de ces enjeux pour un établissement de production d’éthanol actuel. De plus, elles n’examinent pas vraiment les retombées positives qui en découlent, c’est-à-dire qu’elles n’examinent pas les options technologiques pour des choses comme la technologie de séparation de la fibre ou la digestion anaérobie, et qu’elles ne se penchent pas sur la biomasse ligneuse et le GNR, qui est un des projets qu’étudie Greenfield. Ainsi, vous obtenez une petite idée datée du plein potentiel de l’industrie.

Le sénateur Doyle : Merci beaucoup.

[Français]

Le président : Je ne connais pas ce qui fait augmenter le prix du maïs, mais chaque fois que je vais au cinéma avec mes petits-enfants, je suis toujours surpris. Je leur donne 20 $ pour deux sacs de maïs soufflé, et ils reviennent avec juste un peu de monnaie. Dans mon temps, pour une bonne vieille pièce de 10 cents, on pouvait acheter un sac de maïs soufflé. Le maïs est devenu très coûteux. Toutefois, ce n’est pas aujourd’hui qu’on réglera ce dossier.

[Traduction]

Le sénateur Ogilvie : Monsieur Grey, j’ai été frappé d’apprendre, dans l’énoncé ici, que l’éthanol peut réduire les émissions de 62 p. 100 au total comparativement à l’essence, que l’éthanol cellulosique les réduit de 87 p. 100 et que le biodiesel les réduit de 119 p. 100 comparativement au pétrodiesel. Pourriez-vous nous dire quel calcul vous avez utilisé pour en arriver à ces chiffres? Il me semble, si on prend le biodiesel comme exemple, que si nous ne faisons qu’éliminer toute utilisation du biodiesel, cela réduirait de 100 p. 100 la quantité d’émissions par le biodiesel. Vous ne pouvez aller au-delà en éliminant tout le biodiesel.

Comment la combustion d’un carburant de remplacement, pour la même quantité d’énergie, nous donne-t-elle une réduction de 119 p. 100?

M. Grey : Essentiellement, ces données nous disent que si vous examinez l’analyse du cycle de vie du biodiesel, en rassemblant les renseignements sur l’apport, la matière première, le fonctionnement des installations, le transport du biodiesel au mélangeur, l’insertion dans le carburant et la combustion dans un moteur diesel, vous avez le résultat suivant : le cycle de vie complet de l’apport énergétique est environ 120 p. 100 inférieur à la production de carburant diesel dans une raffinerie en suivant le même processus. C’est-à-dire, apporter la matière première dans une raffinerie de production de diesel, transformer cette matière première en diesel, transporter le diesel au mélangeur, le mettre dans un réservoir diesel pour ensuite passer à la combustion. Cela a à voir avec la source de la matière première qui, dans bon nombre de cas, provient de graisses animales fondues. L’huile de maïs que nous produisons dans notre usine d’éthanol est utilisée pour faire du diesel. Même chose à l’usine d’Andrea. On y utilise de l’huile de soja et une kyrielle d’autres matières. Voilà comment nous faisons le calcul.

Il existe un modèle que Ressources naturelles Canada et Environnement Canada utilisent qui s’appelle GHGenius. Il s’agit d’un modèle informatique développé par un homme que nous connaissons tous très bien, Don O’Connor. C’est une modélisation des GES de renommée mondiale. Un modèle informatique qui prend toutes les entrées, tous les transports, tout ce qui a à voir avec la dimension du cycle de vie. Si vous produisez du biodiesel et mélangez du biodiesel, vous réduisez effectivement toute la production de ce véhicule de 119 p. 100.

Le sénateur Ogilvie : Je demeure sceptique, surtout en ce qui concerne le dernier commentaire disant que 5 p. 100 peuvent donner ce genre de résultat.

Ma deuxième question porte sur l’utilisation de l’alcool dans l’essence. Au début, on s’inquiétait grandement qu’avec le temps, l’éthanol occasionnerait des problèmes dans un moteur à combustion interne. On s’inquiétait entre autres, car l’éthanol et l’eau sont complètement miscibles, ce qui veut dire qu’il est un excellent absorbant pour l’eau alors que les hydrocarbures normaux et l’eau ne sont pas du tout miscibles.

On s’inquiétait de mélanger l’éthanol dans un moteur à combustion interne. Je dois admettre ici qu’il existe des façons de réduire l’exposition du carburant à l’atmosphère et que, par conséquent, on peut minimiser l’absorption de l’eau dans l’atmosphère, mais rien n’est parfait dans ce monde. Il y avait aussi des préoccupations liées à la manière dont la combustion se fait, qui pourrait avoir des répercussions sur le moteur à combustion interne.

Nous avons maintenant accumulé bon nombre d’années d’expérience. Quelles sont les expériences concrètes en ce qui concerne d’éventuelles incidences sur les moteurs et les véhicules dans les domaines où le niveau d’éthanol prescrit ou nécessaire doit être d’au moins 5 p. 100?

M. Grey : Je vais aborder différents éléments dans ma réponse. Tout d’abord, le Canada a un mandat de 5 p. 100. Les parties engagées ont en fait un mandat de mélanges de 7 p. 100 ou de 7,5 p. 100, car l’éthanol améliore l’indice d’octane de façon très peu onéreuse et ces parties en ont besoin. Elles peuvent se plaindre, mais elles font trop de mélanges, car elles achètent quelque chose à 1 $ et le vendent à 2 $. Le Brésil mélange à environ 27,5 p. 100. La majorité des pays mélangent à 10 p. 100. L’ONGC est sur le point d’approuver une norme d’éthanol de 15 p. 100 au Canada. Cela ne veut pas dire qu’on y arrivera, mais on approuvera cette norme.

Il manque une preuve, du moins pour une teneur de 10 p. 100, que l’éthanol endommage les moteurs. Les États-Unis s’acheminent graduellement vers un mélange d’éthanol de 15 p. 100. Ils ont limité la teneur pour les modèles d’automobiles anciens, mais ils vont passer graduellement à un mélange de 15 p. 100.

Ce qui compte, c’est que l’éthanol — et le biodiesel — est un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports. Est-ce une solution parfaite? Probablement pas. Allons-nous attendre de pouvoir atteindre la perfection ou irons-nous de l’avant pour atteindre les cibles de réduction des gaz à effet de serre? L’éthanol est clairement une solution possible. Que ce soit à 5, 10 ou 15 p. 100, ou dans certains cas même davantage, c’est une solution possible.

Est-ce la solution parfaite? Non. Les véhicules électriques sont-ils la solution parfaite? Probablement pas, mais c’en est une parmi bien d’autres.

Le sénateur Ogilvie : Voilà de belles paroles, mais vous n’avez pas répondu à ma question au sujet des effets sur les moteurs à combustion interne. Cependant, je m’arrête là, monsieur le président. Merci beaucoup.

Le sénateur Pratte : J’aimerais poursuivre dans le même ordre d’idées. Je me demandais pourquoi 10 p. 100 au lieu de 15 ou 20 p. 100? Pourquoi s’arrêter à 10 p. 100? Puisque les États-Unis vont passer à 15p. 100, pourquoi est-ce que vous ne recommandez pas la même chose?

M. Grey : Les normes CAFE, Corporate Average Fuel Economy, soit les normes d’économie moyenne de carburant pour les entreprises, exigent 55 milles au gallon d’ici 2025. Les fabricants d’équipement d’origine, les FEO, disent que c’est possible à la condition d’avoir des moteurs plus légers et une compression plus élevée. Pour cela, il nous faut des indices d’octane plus élevés et, pour le moment, le seul moyen de l’obtenir c’est d’ajouter de 20 à 30 p. 100 d’éthanol au mélange.

Nous disons 10 p. 100 parce que pour être franc, lorsque nous parlons à Environnement Canada et à Ressources naturelles Canada, nous avons des opposants. L’Association canadienne des carburants a récemment publié un texte, un blogue, dans lequel elle laisse entendre que nous limitons leur capacité à fournir le carburant le moins cher et le plus propre au consommateur en demandant que la norme soit de 10 p. 100.

Récemment, à Ottawa, nous parlions d’une norme de 10 p. 100, et un employé m’a fait un commentaire assez agressif. Il m’a lancé : « De quoi avez-vous peur? Avez-vous peur de la concurrence? » Nous n’avons pas peur de la concurrence mais, malheureusement, ce sont nos clients qui sont nos concurrents. Ils ne voudront probablement pas acheter nos produits à moins d’y être obligés.

Alors, effectivement, j’aimerais beaucoup que ce soit 15 p. 100. J’aimerais beaucoup que ce soit 30 p. 100. Mais nous cherchons à trouver un niveau qui nous permette d’avoir une incidence, de répondre en tant qu’industrie et de nous développer afin de pouvoir fournir le produit plutôt que de l’importer des États-Unis. Nous pouvons rapidement fournir ces 10 p. 100. Il s’agit de trouver un terrain d’entente.

Oui, cela ne fait aucun doute pour nous.

Mme Kent : Si vous me le permettez, j’aimerais ajouter quelque chose. Le problème dont personne ne veut parler dans le secteur des transports c’est qu’il y aura toujours une tension naturelle entre les combustibles fossiles traditionnels et les produits de remplacement perturbateurs, que ce soit les biocarburants ou l’électrification.

Nous recommandons 10 p. 100 dans l’essence, mais c’est loin d’être l’exigence en matière de mélange la plus dynamique ou ambitieuse qui soit. De même, on ne sera pas non plus des chefs de file mondiaux avec une exigence de 5 p. 100 de biodiesel. Comme Jim le disait, c’est une solution pratique que nous pouvons appliquer tout de suite. Nous savons que les parties visées par l’obligation dépassent volontairement l’exigence de 5 p. 100. Une teneur de 10 p. 100 leur permettrait de suivre un cheminement technique rapide et réaliste, si bien que cette exigence de 10 p. 100 peut être mise en œuvre pour que nous puissions commencer à bénéficier des retombées dans le secteur de l’agriculture et sur le plan de l’environnement. Pour que cela se réalise, il faut que la norme sur les carburants propres s’accompagne d’exigences de mélanges pour les biodiesels; sinon, nos clients vont conserver le monopole du réservoir d’essence; or, au bout du compte, ce ne sont pas eux qui produisent des combustibles renouvelables de remplacement dans la même mesure que nous.

M. Grey : Au bout du compte, nous devons tous passer à la pompe. Nous n’avons pas le choix. Nous pouvons choisir entre deux indices d’octane. Dans le Midwest, cependant, ils ont le choix, car il y a des pompes permettant le mélange d’éthanol. Ils peuvent ajuster le volume d’éthanol qu’ils désirent dans leur réservoir d’essence.

Le sénateur Pratte : Dans ce mélange d’éthanol, savons-nous quelle part représente l’éthanol cellulosique?

M. Grey : Au Canada, il y en a très peu.

Le sénateur Pratte : Savons-nous pourquoi?

M. Grey : Oui. Aux États-Unis, ils ont ce qu’ils appellent un système de numéro d’identification des carburants renouvelables, essentiellement un crédit de carbone. Ils obtiennent certaines valeurs pour des crédits de carbone ou une réduction de carbone. Ces crédits sont échangés. Le producteur d’éthanol cellulosique et le consommateur négocieront donc pour partager ce crédit. À l’heure actuelle, c’est loin d’être négligeable. Pour l’éthanol pur, cela correspond à 60 à 70 cents du gallon; pour les cellulosiques, le coût est beaucoup plus élevé que cela. Nous n’avons pas de système semblable au Canada.

Si je produisais de l’éthanol cellulosique, je devrais le vendre au même prix que l’éthanol conventionnel. Il est beaucoup plus coûteux aujourd’hui de construire une usine d’éthanol cellulosique qu’une usine d’éthanol conventionnel. Si l’on fixe un prix pour le carbone et si on calcule le prix ou la valeur de l’avantage quant aux cycles de vie du point de vue des GES pour l’environnement offert par l’éthanol conventionnel ou le biodiesel conventionnel ou l’éthanol cellulosique, il n’y aura pas beaucoup d’éthanol cellulosique produit au Canada.

Mme Kent : D’autres pays ont une longueur d’avance, comme les États-Unis, comme Jim l’a mentionné. Le système de crédit de numéro d’identification des carburants renouvelables a modifié le marché et les producteurs canadiens n’ont pas actuellement accès à des mesures semblables. L’Italie et d’autres pays européens ont ce genre de programme.

Il est important de mentionner que des possibilités s’offrent au Canada. Elles viendront probablement des plateformes existantes pour l’éthanol conventionnel, par contre. Voilà ce que l’on verra ici. On verra des entreprises comme Greenfield devenir bien meilleures à produire de l’éthanol conventionnel à base de maïs. Elles créeront des partenariats et réinvestiront leur expertise avec des fournisseurs de nouvelles technologies, et on verra alors des projets comme celui qu’il y a actuellement au Québec, qui est une usine d’éthanol cellulosique utilisant les résidus forestiers.

Ce sont fort probablement les entreprises qui sont déjà dans le secteur de l’éthanol qui offriront ces technologies cellulosiques avancées parce que les conditions économiques sont difficiles. L’aspect scientifique est compliqué, et la commercialisation exige beaucoup de courage et d’argent. On en revient aussi à un des avantages supplémentaires de fixer une teneur minimale de biocarburant comme l’éthanol au Canada. En l’absence de cette certitude commerciale, le producteur de biocarburant se tourne vers d’autres régions qui continuent d’avoir une teneur minimale, que ce soit en Californie, aux États-Unis, ou en Europe, voilà ce qui créera le marché pour le cellulosique. Il serait vraiment dommage qu’un pays aux ressources abondantes comme le Canada soit perdant dans ce domaine.

[Français]

Le président : Je vous demanderais d’accélérer le rythme, parce que plusieurs sénateurs désirent poser des questions, et nous ne disposons que d’une heure.

[Traduction]

La sénatrice Bernard : Merci à vous deux pour vos exposés. Je vais réorienter la discussion. Madame Kent, mes questions s’adressent à vous.

Dans votre témoignage, vous dites que nous serions surpris d’apprendre que la plupart des pays développés, et même certains pays moins développés, devancent de loin le Canada. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet? Je me demande en particulier quels pays développés nous devancent et qu’est-ce qui les motive.

Mme Kent : Si l’on regarde ailleurs au monde, l’on voit que certains pays n’ont pas la même approche facile et linéaire que le Canada à l’égard de la bioéconomie et de l’agro-innovation. Certains pays ont des climats beaucoup plus difficiles que le nôtre et d’autres encore ont une chaîne d’approvisionnement agricole beaucoup plus complexe que la nôtre. Dans mes remarques, je parlais du Kenya et de l’Éthiopie, de cette partie du monde, ainsi que des grands marchés émergents. L’Inde et la Chine ne sont pas nécessairement des modèles en matière d’action environnementale, tandis que le Canada aime croire qu’il en est un. Par contre, ils privilégient une approche beaucoup plus rapide que la nôtre et ils sont allés plus loin dans le processus à certains égards. Ils examinent actuellement la mise en œuvre de mandats concernant les biocarburants. Ils songent à une réglementation plus exigeante que la nôtre. Le Brésil, qui possède des matières premières différentes des nôtres, par exemple le sucre, et qui a également des programmes de subventions agricoles différents des nôtres, songe à 27 p. 100. Ceci nous ramène à la question de savoir si l’éthanol à 27 p. 100 est sécuritaire pour le moteur, ou encore, à la raison pour laquelle on s’arrête à 10 p. 100 et non pas à 15 p. 100.

Si on regarde le parc automobile brésilien, on constate que tous ces véhicules ne fonctionnent pas nécessairement au carburant alternatif. En fait, la grande majorité des automobiles sont dotées de petits moteurs traditionnels à combustion. Cependant, on commence à comprendre que l’éthanol a fait ses preuves et qu’il est sécuritaire pour tous les moteurs. On commence également à comprendre qu’en incorporant l’éthanol au carburant, et en ne faisant rien d’autre, on infléchit la production de gaz à effet de serre dans l’ensemble du bassin de carburant. Ainsi, ce genre de solution va se démocratiser bien plus rapidement que celle de l’électrification.

Souvent, lorsque l’on en parle de sécurité et de durabilité alimentaires, on aime tourner le regard vers le reste du monde. Je ne pense pas que ce soit très différent pour les pays lorsqu’il est question de l’environnement et des solutions pratiques qui vont créer de l’emploi tout en assurant la sécurité environnementale. Là où ces autres pays nous devancent, c’est dans leur façon de miser sur le biocarburant et sur des politiques de stabilité concernant leur mandat en matière de biocarburants.

Cela ne représente qu’un bref contexte, mais je serais heureuse de vous fournir la liste complète de tous les pays qui se sont dotés d’un mandat en matière de biocarburants. Ils sont environ 60 pour l’instant.

La sénatrice Bernard : Oui, s’il vous plaît, ce serait aussi utile qu’intéressant, et nous pourrons voir quels enseignements le Canada peut en tirer.

Mme Kent : En effet.

La sénatrice Gagné : Merci beaucoup de votre exposé. Je pense que j’ai maintenant une meilleure idée des avantages de la production d’éthanol, mais une question subsiste : quels en seraient les désavantages? Je sais que le sénateur Ogilvie a parlé de l’extraction d’eau dans le mélange d’éthanol, et vous avez parlé de l’effet de la production d’éthanol sur les prix du maïs, du soya ou du produit employé, quel qu’il soit.

Qu’en est-il du processus de distillation du maïs ou de la céréale, qui exige beaucoup de temps et d’énergie? Ne serait-ce pas là un désavantage? Normalement, j’imagine que la source de chaleur employée doit venir d’un carburant fossile.

M. Grey : Une fois de plus, on compare la production d’éthanol à la production d’essence. Quand on dit que l’inclusion d’éthanol au bassin d’essence réduit les émissions de gaz à effet de serre, on parle en fait du processus de semage, de récolte, de livraison, de broyage et de fermentation du maïs et, enfin, de la livraison de l’éthanol au mélangeur et à la pompe. On dit donc que la production de carbone sur l’ensemble du cycle de vie de l’éthanol est moindre que celle de la production d’essence.

Effectivement, nous sommes des consommateurs d’énergie. Nous brûlons du gaz naturel pour alimenter nos usines. Comme Andrea l’a mentionné, un grand nombre de nos installations sont en train de se convertir en système de digestion anaérobie pour convertir les déchets solides municipaux ou agricoles en gaz afin d’alimenter nos usines. Mais je crois que la vraie question est de savoir si nous sommes parfaits, si nous sommes des émetteurs nets zéro. La réponse est non, mais nous émettons bien moins que si nous utilisions de l’essence, et c’est, selon moi, ce qui importe. C’est ce que nous essayons de vous faire comprendre. C’est une solution qui existe et qui a fait ses preuves. En augmentant la proportion d’éthanol dans le mélange de carburant, nous pouvons avoir un effet positif immédiat sur la production de gaz à effet de serre. Et c’est ce qui compte.

La technologie évolue rapidement. Je demande souvent à la blague, à quoi ressemblait votre téléphone cellulaire il y a 15 ans? Il avait la taille d’une brique et que pouvait-il faire? Il en va de même pour les usines d’éthanol. Il y a 15 ou 20 ans, une usine d’éthanol produisait 2,6 ou 2,7 gallons d’éthanol par boisseau de maïs. Aujourd’hui, c’est 2,9 gallons. Cela semble peu, mais c’est énorme. La quantité d’eau, d’électricité et de gaz naturel que consomme une usine d’éthanol a diminué radicalement.

C’est dans notre intérêt, parce que c’est une question d’économie. Plus nos usines d’éthanol auront un bon rendement et plus nos économies seront florissantes, meilleure sera notre incidence sur l’environnement.

Mme Kent : Si vous me le permettez, j’aimerais aborder rapidement les inconvénients, car c’est, selon moi, une question importante.

Du point de vue technique, rien ne nous empêche d’accroître l’utilisation de l’éthanol dans le bloc de carburant. Comme l’a dit Jim, nous pourrions facilement aller jusqu’à E7 et E8, car nous savons que bon nombre de mélanges ont déjà atteint ce niveau. On le vend déjà sur le marché à ces niveaux.

Je pense que ceux qui soulèvent des préoccupations sur l’efficacité et la durabilité de l’éthanol le font parce que c’est dans leur intérêt. Malheureusement, certains groupes publient des résultats de recherche et emploient des arguments économiques soigneusement choisis pour laisser entendre que nous n’avons plus besoin de cette politique parce que l’ère des mandats est révolue, qu’on pourrait adopter un système plus souple permettant aux sociétés gazières et pétrolières de choisir leur façon d’atteindre leurs cibles de réduction d’émissions, et qu’il y a peut-être des façons moins coûteuses de réduire les émissions de gaz à effet de serre que l’emploi des biocarburants.

On pourrait perdre beaucoup de temps à examiner ces théories douteuses. Ce que dit Jim, et j’abonde dans le même sens, c’est que l’éthanol ne présente pas vraiment d’inconvénient pour l’environnement ou pour les consommateurs, mais bien pour les sociétés gazières et pétrolières qui ont dû nous céder une part de leur marché.

Le sénateur Oh : Merci à tous les témoins. Je crois savoir qu’Industries Renouvelables Canada a tenu un forum sur les industries renouvelables la semaine dernière à Ottawa. Pourriez-vous nous en parler un peu? Que doit-on surtout retenir de ce forum? Quel est l’avenir des carburants renouvelables?

M. Grey : Je serai heureux de vous parler de ce forum que nous tenons chaque année pour discuter des enjeux intéressants de notre industrie.

Le paysage est plutôt dynamique. À la fin de la semaine dernière, quand le forum a eu lieu, nous avons discuté de différents sujets, dont les échanges commerciaux, sujet sur lequel je vais m’attarder.

Au début de la semaine dernière, notre secteur s’inquiétait beaucoup d’une proposition qui avait été faite à l’EPA, aux États-Unis, qui aurait permis d’inclure l’éthanol exporté des États-Unis au Canada dans les normes de carburants renouvelables des États-Unis, ce qui signifie qu’il aurait attribué un numéro d’identification des carburants renouvelables à l’éthanol. Il a été question un peu plus tôt de ce numéro d’identification. Or, cela aurait été dévastateur pour notre secteur, car l’éthanol américain qui aurait été importé au Canada aurait été subventionné à hauteur de 60 ou 70 cents le gallon. Nous aurions immédiatement pris une mesure commerciale en application du chapitre 19, à condition qu’au terme des discussions actuelles sur l’ALENA, ce chapitre existe encore, ce qui aurait fermé notre frontière à l’éthanol américain. Cependant, dans l’intérim, il y aurait eu des dommages importants. C’était il y a une semaine.

Vendredi dernier, Scott Pruitt a écrit une lettre à l’EPA pour lui dire de ne pas faire cela après que Donald Trump s’est rendu en Iowa pour parler au sénateur Grassley et à d’autres. C’était là un des principaux sujets.

Le commerce au sein de notre secteur est un enjeu très important. Je le mentionne simplement à titre d’exemple.

Il a aussi été question de nombreux éléments techniques et assurément de certains des arguments que nous avons formulés ce soir concernant le Canada et d’autres pays ailleurs dans le monde, notamment au sujet des carburants renouvelables et ce qu’on entend en faire. Ce sont là quelques-uns des enjeux.

Mme Kent : En ce qui concerne le commerce, nous avons commencé la semaine en mode de crise. Que se passera-t-il si ce changement a lieu aux États-Unis? Donald Trump a alors dit à M. Pruitt que les États-Unis n’allaient pas changer leur norme en matière de carburants renouvelables, que ce mandat allait demeurer solide. Il lui a demandé d’écrire une lettre afin de dissiper toute cette incertitude sur les marchés. Le président Donald Trump qui, la dernière fois que j’ai vérifié, ne partageait aucune des ambitions de notre pays en matière de changements climatiques, a fini par appuyer un mandat. Les modalités économiques sont claires.

[Français]

Le président : Avant de terminer, j’ai deux questions pour vous. Quel est le pourcentage maximum d’éthanol qu’on peut mettre dans l’essence d’une voiture normale au Canada? Vous dites que c’est entre 5 et 7 p. 100, alors qu’au Brésil, c’est 27 p. 100. Quel pourcentage maximum d’éthanol est-il possible de mettre dans l’essence sans modifier le moteur?

[Traduction]

M. Grey : Si vous achetez un véhicule polycarburant et que vous voyez le logo apposé à l’arrière de la voiture, cela signifie que ce véhicule peut rouler avec un carburant composé à 85 p. 100 d’éthanol. Il suffit d’un changement mineur au moteur pour convertir une voiture traditionnelle en un véhicule polycarburant.

[Français]

Le président : Je vais comparer un gallon d’essence ordinaire à un gallon d’éthanol. Sur le gallon d’essence, il y a 70 p. 100 de taxes. Combien y en a-t-il sur le gallon d’éthanol?

[Traduction]

M. Grey : C’est exactement la même chose. C’est d’ailleurs l’une de nos préoccupations. L’éthanol pur a un indice d’octane de 114. C’est l’une des préoccupations dont nous avons parlé : l’indice d’octane devrait déterminer la taxe, et non le volume, car on obtient un meilleur rendement sur l’investissement lorsqu’on achète de l’éthanol.

Mme Kent : C’est une recommandation que nous avons aussi présentée au Comité des finances.

[Français]

Le président : Notre mandat consiste à étudier les effets des gaz à effet de serre (GES) sur l’agriculture et la taxe sur le carbone. Je suis heureux d’apprendre que vous déployez beaucoup d’énergie pour produire de l’éthanol. Vous vous retrouverez sur le marché du carbone et vous serez taxés. Ces taxes devront être investies dans la recherche, parce que je conçois mal qu’on importe du maïs des États-Unis — malgré le fait qu’il soit de mauvaise qualité, selon vous —, alors qu’on peut en produire à partir des déchets des villes et de tous les villages.

Il y a d’ailleurs certaines industries qui fonctionnent à l’éthanol. Par exemple, au Québec, les Serres Sagami-Savoura-Biologico qui produisent des tomates pour tout le Canada ne fonctionnent qu’avec cela.

À mon avis, vous devez axer votre recherche sur la biomasse issue des déchets. C’est vraiment dans ce créneau que vous prendrez toute votre force et votre valeur auprès des Canadiens et des Canadiennes. Ce serait également une bonne leçon sur le plan international. Il ne faut pas oublier qu’il y a des pays dont la population atteint 1,4 milliard d’habitants. Je pense particulièrement à l’Inde, où les gens ne consomment qu’un repas par jour et lorsqu’ils constatent que l’on brûle du maïs pour produire de l’essence au Canada, ils n’apprécient pas.

Je vous invite à poursuivre la recherche sur ce qu’il est possible de faire avec la biomasse. Enfin, si vous aviez une seule recommandation à faire au comité, quelle serait-elle?

[Traduction]

Mme Kent : Nous travaillons avec une serre à Chatham pour faire exactement cela. Elle se trouve en face de notre usine d’éthanol. Elle prendra notre CO2. Elle utilisera notre chaleur résiduelle et pourra ainsi se passer du gaz naturel. Nous explorons des façons d’utiliser les vignes de tomate comme matières premières de la biomasse.

Une recommandation qui pourrait servir, si je reprends ce que vous avez déjà dit, serait celle de savoir comment nous pouvons nous assurer d’avoir une biomasse durable. Comment pouvons-nous conseiller les gouvernements quant à la structure des programmes de revenus découlant de la tarification du carbone, comme un système de plafond et d’échange et une taxe nationale sur le carbone, afin que ces revenus puissent être investis dans des technologies prometteuses qui permettront d’atteindre les cibles de réduction des gaz à effet de serre? C’est un domaine où chaque gouvernement pourrait bénéficier de conseils et de pratiques exemplaires car, de bien des façons, c’est encore un territoire inexploré.

Notre secteur est encore jeune. Nous avons entre 30 et 35 ans alors que le secteur des combustibles fossiles existe depuis au moins 100 ans. Si vous examinez notre capacité de trouver de nouvelles technologies et d’améliorer nos opérations, nous avons obtenu du succès avec toutes les innovations dont vous parlez. Il nous faut simplement continuer à avancer. Si vous regardez du côté des pays dont les innovations sont reconnues à l’échelle internationale, vous constaterez qu’ils ont un mandat, une tarification du carbone et des programmes qui encouragent la recherche et le développement.

[Français]

Le président : Merci infiniment, madame Kent et monsieur Grey, d’être venus témoigner. C’était très intéressant. Par ailleurs, vous aurez certainement constaté que les sénateurs s’intéressent beaucoup au carbone, car au Canada et partout dans le monde, c’est le roi des GES. Tout comme l’ensemble des Canadiens, les agriculteurs veulent faire des efforts pour les réduire.

Nous entendrons maintenant M. Greg Adams, gestionnaire, Recherche et développement, J.D. Irving, Limited. Monsieur Adams, soyez le bienvenu au comité. Nous connaissons bien votre entreprise, ici, dans le domaine de la foresterie. Nous allons vous inviter à prendre quelques minutes pour faire votre présentation. Il y aura ensuite une période de questions des sénateurs. Je vous invite donc à faire votre présentation en anglais, soyez bien à l’aise.

[Traduction]

Greg Adams, gestionnaire, Recherche et développement, J.D. Irving, Limited : Je vous remercie, monsieur le président et honorables sénateurs. Aujourd’hui, je vous parlerai des activités et des stratégies d’avant-garde de J.D. Irving, Limited en matière de changements climatiques et d’adaptation. Je commencerai par un survol des processus manufacturiers pour les produits forestiers de l’entreprise, aborderai certains aspects des activités d’atténuation que l’entreprise a adoptés avant de poursuivre sur les processus d’adaptation à long terme aux changements climatiques.

J.D. Irving est un groupe d’entreprises familiales intégrées verticalement qui sont très engagées dans le secteur des produits forestiers. La compagnie gère 2,2 millions d’hectares de terres forestières au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le Maine, aux États-Unis. Environ 1,2 million de ces hectares sont des terres en tenure libre, et 1 million d’hectares sont des terres de la Couronne que gère le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour le compte de la province.

La plantation d’arbres est un élément central de notre mode de gestion de la forêt, et nous célébrons cette année 60 ans de plantation. C’est une réalisation d’importance. L’an prochain, nous aurons planté 1 milliard d’arbres.

Ce graphique illustre les divers aspects des produits forestiers que nous produisons, du bois d’œuvre au papier de soie en passant par le papier de magazine, le carton et les emballages de carton. La plus grande partie de nos produits quitte le pays pour rejoindre les marchés étrangers.

En ce qui concerne les mesures d’atténuation, les réductions des émissions de gaz à effet de serre industrielles en sont le premier facteur. J.D. Irving a fait d’importants investissements dans les entreprises de pâtes et papiers ainsi que les scieries en vue de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, tout en augmentant la production. Ainsi, plus de 100 millions de dollars ont été investis dans de tels projets rien que dans les usines de pâtes et papiers, et les émissions ont été réduites de près de 50 p. 100 depuis 1990. Cela a pu se faire grâce à des unités de récupération de la chaleur perdue dans les usines, à une nouvelle chaudière à biocombustible de Lake Utopia, l’usine de papier de cannelure, ainsi qu’à l’installation de chaudières au gaz naturel de haute efficacité pour remplacer les chaudières au mazout d’Irving Paper.

C’est donc un aspect de l’atténuation. L’autre, c’est la séquestration du carbone. J.D. Irving étant verticalement intégré, c’est une bonne occasion de faire quelque chose de particulièrement efficace en ce qui concerne l’empreinte carbone globale. En partenariat avec M. Chris Hennigar, de l’Université du Nouveau-Brunswick, nous avons fait une évaluation de l’empreinte carbonique de la production de semis aux étagères de magasins et au-delà. Tout cela comprenait le carbone absorbé par les arbres en croissance, les émissions de carbone produites dans le cadre de la récolte, du transport et de la fabrication, ainsi que l’entreposage, les produits fabriqués avec le bois, et la libération éventuelle de carbone dans les produits de bois et de papier au fil du temps.

C’est pour nous quelque chose de très positif. Dans les 50 prochaines années, le CO2 séquestré par les forêts que possède et gère J.D. Irving devrait atteindre les 92 millions de tonnes. Si on calcule l’ensemble de la séquestration, en tenant compte de toutes les sources et de tous les puits, nous séquestrerons plus d’un million de tonnes par an au cours des 50 prochaines années, d’après les prévisions actuelles.

Parmi les éléments qui y contribuent, on compte certainement le contrôle des incendies et des parasites; la gestion de la forêt, la plantation d’arbres et certains efforts d’amélioration des arbres dont je vous parlerai aussi.

Je tiens néanmoins à souligner l’une des grandes menaces pour la séquestration du carbone, la tordeuse des bourgeons de l’épinette. La menace d’une imminente infestation de ce parasite dans notre région est des plus inquiétantes, de divers points de vue — économique et social, mais aussi pour ce qui est de la séquestration du carbone. L’épidémie actuelle au Québec est en train de dévaster une région forestière d’une superficie supérieure à celle de la province du Nouveau-Brunswick tout entière. C’est ce qu’illustre ce graphique. Un programme d’intervention précoce a été proposé au gouvernement fédéral par les quatre provinces de l’Atlantique et l’industrie, qui sont toutes prêtes à largement contribuer à ce programme.

Nous estimons que si l’on ne parvient pas à maîtriser cette épidémie, cela entraînerait l’émission de l’équivalent de 66 mégatonnes de dioxyde de carbone dans les 30 prochaines années, soit l’équivalent de 14 millions de véhicules de tourisme par année. Il y a donc lieu de chercher à gérer activement la propagation de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, qui est déjà à nos portes.

J’aimerais maintenant parler de l’adaptation en gestion forestière. Cela comprend des mesures actives qu’il faut prendre, au fil des décennies, pour composer avec les changements climatiques. Les gestionnaires forestiers du nord-est de l’Amérique du Nord procèdent à des rotations forestières qui s’étalent sur plusieurs décennies. Et évidemment, d’après tous les modèles établis, d’importants changements surviennent durant les rotations d’un peuplement forestier où se fait de la sylviculture de nos jours. En même temps, il est difficile de prévoir des effets sur une forêt en particulier, compte tenu de toute l’incertitude qui entoure la complexité des interactions, les fluctuations des températures moyennes et les extrêmes, les précipitations, la dynamique des insectes et des maladies, les niveaux de CO2 et les incendies de forêt. Tous ces facteurs influent sur la planification de l’adaptation. Voici des illustrations d’exemples de certains problèmes de parasites directement associés au réchauffement climatique, y compris les pucerons lanigères, à gauche, et la maladie corticale du hêtre, à droite.

J’aimerais maintenant vous parler de trois approches qui nous permettront d’assurer la résilience des forêts. Il faut tout d’abord veiller à ce que des décisions réfléchies sur le plan biologique et économique soient prises aujourd’hui pour assurer la régénération de tous les types de forêts. Grosso modo, il faut s’assurer de faire la bonne chose, au bon endroit et au bon moment. Il s’agit donc de prendre des décisions écologiquement adéquates tout en nourrissant l’économie.

Les effets des phénomènes climatiques extrêmes, tels que la température, la sécheresse, ou encore les insectes et les maladies, sont souvent accentués par un mauvais état de santé en général. Lorsque quelque chose n’est pas approprié ou convient mal à un site alors, en règle générale, la situation s’aggrave lorsqu’on y ajoute un problème environnemental.

En plus d’une bonne programmation et d’une prise de décisions sur le terrain, nous devons continuellement détailler les données disponibles sur les sites en vue d’une planification à long terme. Il s’agit de nous aider à prendre de meilleures décisions. J.D. Irving a beaucoup investi dans des technologies telles que le LIDAR pour faciliter ce processus et aider tous les travailleurs dans notre forêt à avoir accès à des renseignements qui leur permettront de prendre de meilleures décisions.

La prochaine approche visant à assurer la résilience des forêts consiste à maintenir une croissance vigoureuse grâce à l’entretien. L’entretien, l’espacement entre les arbres et l’éclaircie précommerciale permettent aux arbres d’avoir l’espace nécessaire pour croître. L’entretien des peuplements renforce la vigueur des arbres et permet une exploitabilité économique dans des délais plus courts. Cela réduit également le temps d’exposition aux risques et augmente les possibilités en matière de gestion. Nous le faisons à grande échelle. Nous procédons à l’éclaircie précommerciale et à l’entretien des plantations grâce à une débroussailleuse sur des milliers d’hectares. De plus, dans presque toutes les forêts où nous œuvrons, nous procédons à l’éclaircie commerciale des arbres que nous avions entretenus ou plantés il y a quelques années.

La dernière approche visant à assurer la résilience des forêts porte sur l’importance de comprendre les modèles de variation génétique adaptative pour les espèces importantes et de mener des programmes d’amélioration des arbres à des échelles appropriées dans la région. Cela fait un certain nombre d’années que l’on procède à ces types d’essais. En gros, il s’agit de faire des essais sur de nombreuses sources pour voir si les arbres sont bien adaptés à cette région. L’on fait des essais sur une gamme de sites en étudiant l’adaptation des arbres au fil du temps. Tout cela est organisé en se fondant sur des études génétiques très méthodiques et des programmes d’amélioration. Ces efforts peuvent être utilisés pour étudier les réactions potentielles des sources de semences locales à des environnements plus chauds et continueront à fournir des renseignements précieux au fil du temps.

L’image à droite illustre le gradient climatique que l’on retrouve à l’heure actuelle dans les Maritimes. Il s’agit d’une période qui est pratiquement à l’abri du gel. On peut voir que cela varie de l’ordre de 90 dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick pour atteindre 150 dans certaines parties du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Il s’agit d’un gradient climatique de taille et il est encore plus élevé que ce à quoi on pourrait s’attendre en se fondant sur les prévisions portant sur le changement climatique des 30 à 40 prochaines années.

Depuis la fin des années 1970, J.D. Irving, de concert avec les gouvernements provinciaux et d’autres membres du secteur, prend part à des programmes d’amélioration des arbres. Les résultats des essais ont indiqué que la région revêt une grande variabilité génétique. Les programmes d’amélioration des arbres seront d’une importance cruciale pour fournir des renseignements ainsi que pour déterminer la sélection des arbres en mesure de s’adapter aux changements.

Pour conclure, l’industrie forestière a un rôle important à jouer dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. La gestion forestière est essentielle à la séquestration du carbone et à l’amélioration des résultats du point de vue de l’adaptation et de la résilience. Les interventions sylvicoles seront essentielles et la gestion active des forêts axée sur l’amélioration de la résilience doit devenir une priorité afin de préserver les avantages économiques et sociaux de nos ressources.

Cela conclut mes commentaires.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Adams.

[Français]

Monsieur Adams, vous êtes jeune. J’aimerais vous rappeler que le dernier ministre fédéral des Forêts était l’honorable Gerald Merrithew, qui venait de Saint Andrews, au Nouveau-Brunswick. À l’époque où je travaillais à un autre parlement, nous collaborions étroitement dans le cadre des ententes fédérales et provinciales sur la reconstruction des forêts.

De 1985 à 1986, j’ai eu l’occasion de visiter pratiquement toutes les installations d’Irving. Il y a deux ou trois ans, notre comité s’est aussi rendu à Moncton pour visiter des installations. Je vous cite souvent en exemple. Rien ne se perd dans la fibre chez vous et dans la façon dont la forêt est devenue un jardin pour vous. Je suis allé voir sur le terrain et j’ai remarqué qu’il y avait autant de femmes que d’hommes qui participaient aux travaux de plantation et de coupe, ce qui est assez rare parce qu’on dit que ce n’est pas du travail pour les femmes. Pourtant, ce sont des travaux très spécialisés qui sont exécutés avec de la machinerie spécialisée. J’ai été surpris de constater qu’il y avait autant de femmes que d’hommes dans certains secteurs. C’est donc tout à votre honneur.

Cela dit, on poursuit avec la période des questions avec le sénateur Doyle.

[Traduction]

Le sénateur Doyle : Merci de votre présence. Si on ne peut vous féliciter que pour une seule chose, c’est d’avoir planté un milliard d’arbres. C’est très bien.

Nous nous sommes récemment rendus en mission d’enquête au Québec et en Nouvelle-Écosse. Nous avons parlé à un certain nombre de personnes qui gèrent des boisés, publics et privés, et on nous a dit qu’ils étaient gérés de façon différente du point de vue de la durabilité.

Étant donné que J.D. Irving, Limited possède une grande étendue de terres forestières, pourriez-vous nous décrire en quoi vos pratiques exemplaires de gestion assurent la durabilité des forêts que vous gérez et possédez?

M. Adams : Oui. Nous gérons toutes nos zones de gestion forestières en fonction des lignes directrices de durabilité. Chacune de nos zones fait l’objet d’un plan de gestion sur 25 ans. Dans la préparation d’un plan de gestion, on établit des projections des conditions forestières sur une période de 100 ans. C’est comme cela que fonctionnent toutes nos zones. Nous voulons nous assurer de la durabilité de tous les types de forêts que nous gérons pendant cette période. On utilise abondamment les systèmes d’information géographique et les inventaires, et on intègre constamment de nouvelles technologies. Pour ce faire, il faut comprendre les différents types de forêts et associer la sylviculture appropriée à chaque type. La plantation d’arbres s’effectue surtout dans les forêts dominées par les conifères, et elle ne s’effectue pas dans toutes les zones cultivées dominées par les conifères. Les feuillus sont principalement gérés par la coupe sélective là où c’est possible, et là où on retrouve les classes d’âge appropriées. On essaie d’être sensible à l’écologie de ce type de forêt particulier.

Nous maintenons également des distributions des classes d’âge. Nous ne voulons pas nous retrouver qu’avec de jeunes arbres pour un certain type de forêt. Nous avons des cibles d’arbres matures et très vieux pour chacun des types de forêts que nous gérons dans les zones. Voilà, en résumé, ce que nous faisons.

Le sénateur Doyle : De nos jours, lorsque vous plantez des arbres, j’imagine que vous tenez compte des changements climatiques. Si vous le faites, j’imagine que cela influence le genre de plantation que vous choisissez, c’est-à-dire le genre d’espèces que vous plantez ou replantez dans les zones que vous avez cultivées. Devez-vous tenir compte du fait qu’un arbre prendra 30 ans à croître?

M. Adams : Environ 30 à 45 ans.

Le sénateur Doyle : Donc, parfois, vous devez effectuer des projections très détaillées pour essayer de déterminer quelles espèces d’arbres seraient les mieux adaptées au climat à ce moment-là, et ce que vous serez en mesure de vendre ou ne pas vendre. J’imagine que tout cela fait partie de vos pratiques de gestion, n’est-ce pas?

M. Adams : Absolument. On essaie de prendre la meilleure décision possible sur le terrain. Aujourd’hui, cela veut souvent dire mélanger des espèces. Ce n’était certainement pas le cas il y a 25 ou 30 ans, mais pour la plupart des zones où nous plantons aujourd’hui, nous le faisons avec un mélange d’espèces adapté au site. Le programme de génétique est très important parce que nous recherchons des sources de semence qui seront stables dans toutes sortes d’environnements. On prédit que certaines espèces ne s’acclimateront pas aussi bien aux nouvelles conditions climatiques projetées. Je crois que cela aiderait, mais il existe une énorme variation à l’intérieur même d’une espèce et il y aura certains segments de cette population qui s’adapteront bien.

Le sénateur Doyle : Je vois.

La sénatrice Gagné : J’ai jeté un coup d’œil au graphique qui montre les émissions totales de CO2. J’ai remarqué qu’entre les années 1990 et l’année 2011, elles avaient diminué. C’est à la page 3. Vous pouvez observer une diminution.

M. Adams : Oui.

La sénatrice Gagné : Un creux est enregistré en 2011, puis on constate une augmentation des émissions totales de CO2 pendant les quatre dernières années. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi? Remarquez-vous une augmentation lente? Croyez-vous que la tendance se dirige vers une nouvelle augmentation des émissions de CO2?

M. Adams : Le creux historique est sans doute le résultat de nos efforts de modernisation et du ralentissement économique. Je ne sais pas exactement pourquoi les émissions ont légèrement augmenté en 2015. C’est peut-être en raison de la gamme de produits. Les usines, particulièrement les usines de pâte à papier, produisent du bois résineux, de la pâte d’érable et du bois de feuillus d’essences mixtes. Je ne connais pas exactement les répercussions sur la consommation énergétique de cette production.

La sénatrice Gagné : La production a-t-elle augmenté? Cette augmentation pourrait-elle être l’un des facteurs?

M. Adams : Il y a quelques années, nous avons entamé une modernisation qui nous a permis d’accroître la production de pâte de bois résineux à notre usine de Saint John. Là encore, une grande partie de la vapeur est générée par la combustion de biomasse. La modernisation s’est avérée un grand changement pour ces usines.

Le sénateur Pratte : J’aimerais poursuivre dans la même veine que le sénateur Doyle. Dans votre exposé, vous affirmez qu' « anticiper les effets à une échelle spécifique de la forêt est difficile compte tenu de l’incertitude concernant les modèles et de la complexité des interactions entre les variations de température moyenne et extrême, les précipitations, la dynamique des insectes et des maladies, » et cetera.

Pourriez-vous nous dire ce que vous utilisez dans vos modèles pour anticiper les effets sur une forêt en particulier? Quels renseignements avez-vous sur le climat pour les 100 prochaines années? Quelles données possédez-vous et utilisez-vous et quels renseignements vous manquent-ils ou ne pouvez-vous simplement pas utiliser à cause d’un manque de fiabilité ou pour une raison quelconque?

M. Adams : L’un des éléments dont on parle souvent est la fréquence des tempêtes violentes. Il s’agit d’une donnée difficile à évaluer. Il en va de même avec les feux de forêt l’été. Il est difficile de prévoir si l’été sera marqué par plusieurs feux de forêt ou non. Pour ce qui est des feux de forêt, nous pouvons aider en assurant l’entretien de notre propre infrastructure et en nous joignant aux efforts provinciaux.

La chose la plus complexe à prévoir, c’est la manière dont les insectes et les populations touchées par les maladies réagiront aux changements climatiques. Par conséquent, nous observons les analyses de sensibilité. Si l’effet est positif, qu’adviendra-t-il des populations et quelles seront les répercussions sur les forêts? Nous nous fions en grande partie aux analyses de sensibilité portant sur une étendue raisonnable d’éventualités pour voir comment les niveaux de culture seront touchés et ce type de choses.

Le sénateur Pratte : Mais vous savez que pour une région particulière du Nouveau-Brunswick, la température augmentera de 0,5 degré centigrade en 100 ans. C’est votre point de départ?

M. Adams : Oui. Nous croyons que le climat changera. Nous connaissons précisément les types de forêts dans chacun des secteurs que nous exploitons. Je ne sais pas, surtout pour les 30 à 40 années à venir, à quel point le changement qu’on constatera sera radical, mais c’est là où on en revient au travail génétique et à la compréhension des variabilités pour veiller à ce que la sylviculture entraîne la résilience des forêts. Le fait de raccourcir la période de rotation signifie une période d’exposition aux risques écourtée.

Par exemple, on ne se dit pas : « J’estime que la température augmentera de tant de degrés et donc on constatera tant de différence dans la croissance des forêts. » Nous ne disposons pas de ce niveau de sophistication. Je ne saurais même pas par où commencer.

Le sénateur Pratte : Vous vous adapterez aux événements. Vous devez être prêts?

M. Adams : Oui. On doit produire des analyses de sensibilité, surtout pour les parasites et pour connaître les divers scénarios extrêmes auxquels on pourrait être confrontés et voir ce qu’il faut changer en conséquence.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Dans un premier temps, je tiens à m’excuser pour mon retard.

Monsieur Adams, je pense qu’il faut féliciter la compagnie Irving pour ce qui est de la revitalisation des forêts. Toutefois, sans porter de jugement sur ce que d’autres joueurs de l’industrie font dans la lutte aux GES, considérez-vous que c’est davantage une question de volonté et de vision qu’une question de moyens financiers?

[Traduction]

M. Adams : Les propriétaires accordent une grande importance à l’intendance du territoire et se concentrent sur la région. Ils souhaitent pouvoir continuer à y mener leurs activités commerciales dans 50 ans, non seulement pour créer de la richesse, mais aussi pour l’environnement. Je pourrais énumérer nombre de nos initiatives, que ce soit la recherche sur la biodiversité pour le saumon de l’Atlantique, et bien d’autres choses. Il est essentiellement question d’assurer une bonne intendance du territoire.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Diriez-vous que le modèle d’une propriété privée, en comparaison avec celui d’une propriété de l’État, a un impact plus probant sur l’engagement dans la lutte aux changements climatiques?

[Traduction]

M. Adams : Selon moi, c’est une question de perspective. Peut-être que les terrains privés ont tendance à être plus circonscrits sur le plan géographique, et les intérêts du propriétaire sont directement liés à ce qui s’y passe.

Quand on pense aux grandes terres publiques, celles-ci sont très grandes et soumises à des objectifs contradictoires. Je peux certainement comprendre qu’il peut être très ardu de réagir sur le terrain à une préoccupation précise qui concerne une petite parcelle.

Le sénateur Oh : Merci, monsieur Adams. Certains témoins ont indiqué qu’il est difficile pour le secteur agricole de mesurer avec efficacité les émissions de gaz à effet de serre découlant de leur exploitation, d’où les difficultés liées au mécanisme de tarification du carbone.

Êtes-vous confronté à des difficultés semblables en foresterie? Le cas échéant, comment composez-vous avec ces difficultés?

M. Adams : Oui. Encore une fois, J.D. Irving, Limited est très intégré verticalement; difficile de faire un suivi des divers aspects liés à la comptabilité du carbone, mais les données existent si vous les voulez. Voilà comment nous avons réussi à mener les analyses pour l’ensemble de l’entreprise, qu’il soit question de l’énergie associée aux récoltes, au transport, à la construction routière, et cetera.

Nous nous en sommes probablement mieux sortis que bon nombre d’autres joueurs aux activités plus cloisonnées, mais je pense que les grandes entreprises feront appel à des bases de données nationales et utiliseront les données moyennes associées à différents types d’émissions.

Le sénateur Oh : Je suis curieux. Combien de personnes la société J.D. Irving emploie-t-elle dans le secteur forestier?

M. Adams : Sept mille huit cents personnes dans les entreprises de produits forestiers au Nouveau-Brunswick. À ce chiffre s’ajouteraient les employés en Nouvelle-Écosse et dans l’État du Maine, mais la majorité de notre main-d’œuvre dans ce secteur se trouve au Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Oh : Ce sont là vos effectifs dans le secteur forestier uniquement?

M. Adams : Oui, ceux qui travaillent en forêt et dans les scieries, dans le secteur des transports.

Le sénateur Doyle : Je m’interrogeais quant à certains des termes que vous utilisez, soit l’éclaircie précommerciale et l’éclaircie commerciale. Je crois qu’il serait utile pour le comité que vous les expliquiez. Je sais que moi j’aimerais bien que vous le fassiez. Qu’entendez-vous par soins sylvicoles?

Vous employez ce terme souvent. J’ai le sentiment que cette activité inclut bien d’autres opérations que ce à quoi je peux penser. Que fait-on exactement lorsqu’on prend soin d’une forêt? Est-il question d’engrais? Utilisez-vous des engrais? J’imagine que vous le faites.

M. Adams : En fait, non.

Le sénateur Doyle : Vous n’utilisez pas d’engrais dans vos forêts?

M. Adams : Par soins sylvicoles, je veux dire que nous donnons aux arbres suffisamment d’espace pour grandir afin qu’ils ne soient pas en concurrence les uns avec les autres.

Quand je parle d’« éclaircies précommerciales », je parle des secteurs où nous avons déjà récolté du bois et où il y a une régénération naturelle suffisante pour nous permettre de croire qu’une nouvelle forêt en santé pourra grandir. Des employés se rendent en forêt avec des débroussailleuses et espacent les arbres afin de leur donner de la place pour grandir.

L’éclaircie commerciale peut se faire de deux façons, soit par régénération naturelle ou par la plantation d’arbres. Il faut prévoir en général de 20 à 25 ans. Nous allons en forêt avec de petits outils de récolte et nous récoltons le bois qui sera transformé en produits forestiers. De cette façon, la forêt s’en sort mieux et nous permet de récolter pendant 15 autres années.

Le sénateur Doyle : Votre graphique indique une réduction de 46 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre dans vos opérations industrielles. Si on combine cela à vos opérations forestières, vous devriez absorber plus de carbone que vous n’en produisez, je suppose.

M. Adams : Oui.

Le sénateur Doyle : Je présume que la seule chose qui pourrait changer cela dans un avenir prévisible est une catastrophe, comme un feu de forêt ou une infestation à grande échelle par des insectes. Cela pourrait bouleverser vos données. Ai-je raison?

M. Adams : C’est exact.

Le sénateur Doyle : À l’heure actuelle, vous dites que vous absorbez plus de carbone que vous n’en émettez. C’est une déclaration remarquable.

M. Adams : Plus d’un million de tonnes par année au cours des 50 prochaines années.

[Français]

Le président : Monsieur Adams, au début de la séance vous avez parlé d’une entente des quatre provinces maritimes concernant le problème de la tordeuse des bourgeons de l’épinette qui envahit une partie du Sud du Québec, incluant la Gaspésie et la Matapédia.

Quelle réponse avez-vous reçue de la part du gouvernement fédéral? D’abord, avez-vous obtenu une réponse ou en attendez-vous toujours une?

[Traduction]

M. Adams : Nous attendons une réponse avec impatience.

[Français]

Le président : De combien de temps disposez-vous pour récupérer les arbres affectés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette? Ces arbres peuvent avoir une certaine utilité dans les moulins à scie. Combien de temps avez-vous, à partir du début, pour récupérer les arbres?

[Traduction]

M. Adams : À partir du moment où l’arbre meurt, nous avons deux ou trois ans, tout au plus. Il peut se passer plusieurs années avant qu’un arbre ne meure, mais une fois qu’il est mort, la pourriture s’installe et il est perdu.

[Français]

Le président : Pouvez-vous couper du bois atteint par la tordeuse des bourgeons de l’épinette de façon sécuritaire dans vos scieries? Y a-t-il danger de contamination pour d’autres types de bois? Une fois l’arbre desséché par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, est-ce qu’elle part ou est-ce qu’elle reste dans l’écorce?

[Traduction]

M. Adams : Non, la tordeuse des bourgeons de l’épinette demeure sur les petites branches et dans les feuilles qui restent sur l’arbre. Lorsqu’on a une forêt d’arbres morts, la meilleure chose à faire, dans la mesure du possible, est de récolter le bois le plus rapidement que vous pouvez.

[Français]

Le président : Voilà. On vous remercie infiniment, monsieur Adams, de votre témoignage. Notre comité étudie toujours les forêts et l’agriculture et le rôle que jouent ces secteurs dans le dossier du carbone et des émissions des GES. Si vous aviez une recommandation à nous faire du point de vue forestier concernant les émissions de GES, quelle serait-elle?

[Traduction]

M. Adams : Du point de vue des changements climatiques, je crois qu’il faut aller au-delà de l’étude de ce qu’il pourrait arriver. Nous devons déterminer quelles sont les mesures proactives vigoureuses pouvant être mises en œuvre dès maintenant afin de se placer en meilleure position. Voilà le changement de cap qui doit se produire dans la discussion.

[Français]

Le président : Merci beaucoup pour votre témoignage, et transmettez nos amitiés aux gens d’Irving, à vos travailleurs et travailleuses. Continuez votre beau travail. Merci.

(La séance est levée.)

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