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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 43 - Témoignages du 27 février 2018


OTTAWA, le mardi 27 février 2018

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 18 heures, pour une étude sur l’impact potentiel des effets du changement climatique sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier.

La sénatrice Diane F. Griffin (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Honorables sénateurs, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts.

Je suis la sénatrice Diane Griffin, de l’Île-du-Prince-Édouard, et présidente du comité, et je demanderais aux sénateurs de se présenter en commençant par le vice-président.

[Français]

Le sénateur Maltais : Sénateur Ghislain Maltais, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Oh : Victor Oh, Mississauga.

[Français]

La sénatrice Gagné : Raymonde Gagné, du Manitoba.

Le sénateur Pratte : André Pratte, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Gold : Marc Gold, Québec.

Le sénateur Mercer : Terry Mercer, Nouvelle-Écosse.

La présidente : Je vous remercie.

Comme premier témoin, je souhaite la bienvenue, par vidéoconférence, de Wellington en Nouvelle-Zélande, à Hayden Montgomery, représentant spécial, Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases. Je vous remercie, monsieur Montgomery.

Je vous invite à faire votre exposé et vous rappelle, comme l’a certainement fait le greffier, que vous avez entre 7 et 10 minutes pour votre exposé avant que les sénateurs vous posent des questions. Allez-y.

Hayden Montgomery, représentant spécial, Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases : Je vous remercie, sénateurs, pour votre invitation à comparaître devant vous aujourd’hui. J’aimerais vous parler rapidement de mon travail avant de situer en contexte la GRA, comme nous appelons la Global Research Alliance on Agricultural Greehouse Gases pour faire court.

J’aimerais vous présenter des éléments du contexte stratégique international expliquant la raison d’être de cette initiative, avant de parler de sa structure et de son mode de fonctionnement, et ensuite je passerai au rôle du Canada dans la GRA.

Par mesure de transparence, je vous signale que je suis un employé du gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Je travaille pour le ministère des Industries primaires, qui couvre l’agriculture, la foresterie, les pêches, la biosécurité et la sécurité alimentaire. Je suis employé par le gouvernement de la Nouvelle-Zélande pour agir en tant que représentant spécial pour la Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases. Je représente donc clairement la GRA tout en étant à l’emploi du gouvernement de la Nouvelle-Zélande.

Cela découle du fait que le gouvernement néo-zélandais a agi à titre de secrétariat pour la GRA depuis sa création et que cela a été renouvelé par les membres de la GRA jusqu’en 2019.

J’occupe un nouveau poste au sein de la structure de la GRA. Il a été établi à la fin de 2015, et j’en ai assumé les fonctions au milieu de 2016, pour combler ce que les membres de la GRA estimaient être une faiblesse à l’échelle internationale relativement à la coordination des recherches dans ce secteur.

Ma fonction consiste, d’abord et avant tout, à parler au nom de la GRA. Je représente les membres de la GRA, dont je reparlerai dans quelques minutes. Je suis responsable d’assurer la liaison entre les organisations internationales et régionales qui collaborent à la GRA afin d’essayer de maintenir une continuité d’activités en raison des creux qui peuvent se produire lorsque les pays assument les responsabilités liées à la présidence et à la vice-présidence, qui changent chaque année. Il s’agit donc d’un poste de gestion qui vise à maintenir le rythme.

Pour ce qui est de la GRA maintenant, elle a vu le jour au terme de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques de décembre 2009. Lorsque la GRA a été établie, il s’agissait du seul exemple de plateforme mondiale destinée à la coordination de la recherche liée aux émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. La GRA a été établie en raison de cette lacune dans le système international.

Nous savions que certains pays avaient des programmes de recherche nationaux très importants. Nous savions qu’il existait diverses initiatives régionales qui examinaient les GES dans une certaine mesure, mais qu’il n’y avait rien à l’échelle mondiale, c’est pourquoi la GRA a été créée.

Tout cela découle du contexte tant des changements climatiques que de la sécurité alimentaire mondiale. Il s’agit de reconnaître expressément la demande croissante pour des aliments, et nous pourrions avoir une longue conversation sur la taille de cette demande, étant donné les pertes et le gaspillage systématiques. Toutefois, la demande existe et si le secteur agricole doit contribuer à régler le problème des changements climatiques, il doit aussi réduire son impact en GES sur l’environnement. Nous essayons expressément d’examiner le lien qui existe entre la production alimentaire, la durabilité et les gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, les objectifs de la GRA consistent essentiellement à créer un endroit où les systèmes de recherche nationaux en agriculture des différents pays peuvent être mieux coordonnés et obtenir davantage de ressources afin d’améliorer leur efficacité en réduisant les chevauchements, en mettant sur pied des activités de recherche collaborative lorsqu’il est logique de le faire, afin de créer une masse critique de pays membres attrayante pour les organisations partenaires, qu’elles soient internationales, régionales ou du secteur privé.

Côté structure et gouvernance, la GRA est constituée de 49 gouvernements à ce jour, ce que nous aimerions bien sûr augmenter. Toutes les régions du monde sont représentées au sein de la GRA. Pendant une longue période, les régions africaines étaient sous-représentées, mais nous avons constaté au cours de la dernière année un intérêt accru de la part des pays africains qui veulent se joindre à la GRA.

Tous les pays membres participants sont représentés à un conseil qui se réunit annuellement. Ce conseil est présidé par un pays membre, tandis que la vice-présidence est assurée par un autre pays. Le président du conseil organise les réunions du conseil et assume la présidence pendant plus ou moins une année, tandis que le vice-président assumera ensuite la présidence et organisera la prochaine réunion du conseil et ainsi de suite.

Pour ce qui est des activités de la GRA, elles sont organisées dans le cadre de groupes de recherche constitués de scientifiques provenant des divers pays membres et des organisations partenaires. Les groupes de recherche sont généralement organisés par produits : le bétail, le riz, les récoltes, et un quatrième groupe qui examine les questions transversales qui s’appliquent aux trois groupes précités. Par exemple, la séquestration du carbone dans le sol, la question de la mesure et de l’estimation des GES, les inventaires de GES, et cetera.

Comme le conseil, les groupes de recherche sont présidés par les pays membres, bien que dans ce cas-ci il n’y ait pas de rotation. Par conséquent, les coprésidents des groupes de recherche occupent un poste plus ou moins permanent, mais ils peuvent être remplacés au fil du temps.

Je peux vous nommer les pays qui assument ce rôle de leadership actif. À l’heure actuelle, le Japon préside le conseil et l’Allemagne occupe la vice-présidence. Pour ce qui est de nos groupes de recherche, la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas président le groupe sur le bétail. Le Brésil, l’Espagne et les États-Unis président celui sur les récoltes. Le Japon et l’Uruguay président le groupe sur le riz. Le Canada, l’Australie et la France président le groupe de recherche intégré.

Comme le conseil, les groupes de recherche ont pour objet de se réunir une fois par année, bien qu’ils fonctionnent également de façon virtuelle. Les groupes de recherche visent à organiser les efforts de recherche des pays membres et de leurs organisations partenaires en fonction des thèmes énoncés et à élaborer un plan de travail. Ils recensent également les priorités clés pour chacun des secteurs de recherche. Ils travaillent ensuite à mobiliser les ressources au sein des pays membres et à l’extérieur de ces pays pour mettre en place les priorités sur lesquelles se sont entendus les pays membres et les organisations partenaires.

À l’heure actuelle, nous comptons 17 organisations partenaires. Ce chiffre n’est pas très important, c’est plutôt la diversité des partenaires qui est importante. Il s’agit d’un mélange d’institutions de développement, comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et la Banque africaine de développement, en plus des fournisseurs de recherche comme le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, ou le GCRAI, un réseau mondial de centres de recherche financé par des pays donateurs. Cet organisme met essentiellement l’accent sur l’agriculture dans les pays en voie de développement.

Nous nouons des partenariats avec d’autres initiatives. Dans des domaines thématiques ou régionaux, il existe diverses initiatives sur le même sujet. Nous tentons donc de coordonner toutes ces activités dans la mesure du possible, et nous nouons des partenariats avec les organisations respectives.

Mon rôle est d’appuyer les groupes de recherche dans l’atteinte de leurs buts et de collaborer avec les partenaires pour optimiser les ressources.

Le Canada est un membre actif de la GRA depuis ses débuts. Une fois la division de la GRA lancée, le Canada a assumé la responsabilité de présider le groupe de travail sur la gouvernance ainsi que les discussions sur la charte. Cette charte est le document fondateur auquel adhèrent tous les pays membres. Le Canada a ensuite assuré la présidence du conseil de la GRA en 2012, a accueilli la réunion correspondante à Saskatoon en 2012 et 2013 et a coprésidé le groupe de travail transversal dont j’ai parlé. L’organisation qui représente le Canada, appelée autorité compétente, est Agriculture et Agroalimentaire Canada. La direction de recherche et les centres ou stations de recherche qui composent le système sont complétés par les universités. Les universités reçoivent du financement par l’entremise d’un programme national de contributions administré par Agriculture Canada. La dernière injection de fonds totalisait 27 millions de dollars et était consacrée à la recherche et l’agriculture dans un contexte de changement climatique. C’est un important apport en termes de leadership pour le GRA, mais également en termes de ressources pour la poursuite des travaux.

Le défi maintenant est d’optimiser les ressources investies par le Canada par l’entremise du ministère de l’Agriculture afin que les installations de recherche et les universités puissent nouer des partenariats avec leurs homologues d’autres pays de façon efficace. C’est tout un défi, car la GRA, contrairement à une organisation comme la FAO, n’est pas une entité juridique. Il ne s’agit pas d’une institution physique. Il s’agit plutôt d’un réseau de gouvernements qui ont comme intention de fonctionner de façon très légère et efficiente. Ce sont les contributions des membres qui assurent son bon fonctionnement. Mon rôle est de favoriser le processus et d’encourager les pays à contribuer davantage, et à fournir des exemples d’autres pays ou d’autres situations qui s’appliquent aux pays en question, afin de les aider à nouer des liens avec les autres entités du réseau.

[Français]

Le sénateur Maltais : Merci beaucoup d’être avec nous ce soir. Votre participation à nos travaux est très importante et votre opinion l’est également.

La Nouvelle-Zélande et le Canada ont des terres agricoles reconnues à travers le monde. Votre pays a une production ovine très importante. Au Canada, c’est la production bovine qui l’est. Dans vos recherches avec les universités, quelle est l’incidence des gaz à effet de serre (GES) émis par les animaux d’élevage comparés à ceux produits par la pollution des villes? Prenons l’exemple d’Ottawa. De quel ordre sont les émissions émises par la ville d’Ottawa par rapport à celles émises par les cultures agricoles situées de l’autre côté de la rivière?

[Traduction]

M. Montgomery : Je ne peux répondre exactement à cette question, mais je peux vous donner une réponse générale.

Nos chiffres sur les émissions de gaz à effet de serre se fondent sur des estimations et des modélisations de l’agriculture à l’échelle mondiale. Nous savons qu’en termes d’émissions de gaz à effet de serre directes, ce chiffre se situe entre 12 p. 100 et 15 p. 100. La grande majorité des émissions de GES à l’échelle mondiale sont issues des secteurs de l’énergie et sont émises sous forme de dioxyde de carbone. Dans le cas des émissions agricoles directes, elles prennent la forme de méthane et d’oxyde nitreux issus de la production de l’alimentation.

Au niveau national, ce pourcentage variera en fonction de la structure de l’économie de chacun des pays, de leur population, de leur panier énergétique, et cetera.

Pour ce qui est de la Nouvelle-Zélande, par exemple, un pays qui compte près de cinq millions d’habitants, la demande d’énergie totale est insignifiante. Par contre, nous avons un secteur agricole assez important tourné vers l’exportation. Pour ce qui est de notre panier énergétique, nous tirons une grande proportion de notre énergie de sources renouvelables. Le profil d’émissions de la Nouvelle-Zélande ne ressemble donc pas aux moyennes mondiales.

Cinquante pour cent de nos émissions sont issues de l’agriculture, et le reliquat des secteurs de l’énergie, de la fabrication, et autres. Pour ce qui est du Canada, je crois comprendre que les émissions issues de l’agriculture se situent à 10 p. 100, ou un peu en dessous. Mais vous avez une plus grande population. Vous avez également un secteur industriel plus important que celui de la Nouvelle-Zélande. Je ne connais pas le panier énergétique du Canada, mais je soupçonne que vous n’avez pas autant de sources d’énergie renouvelable, et je sais que vous avez un secteur de l’agriculture axé sur les exportations, et une plus importante population. Au niveau national, environ 10 p. 100 de vos émissions sont issues de l’agriculture, à savoir l’élevage et les cultures. Le reste des émissions sont issues d’autres secteurs comme l’énergie, l’immeuble, les ménages, et les déchets.

Je ne saurais répondre pour le cas particulier d’Ottawa.

[Français]

Le sénateur Maltais : C’était un exemple que je donnais parce que la ville d’Ottawa n’est pas très agricole, mais la région l’est.

Par ailleurs, on sait qu’au cours des 15 prochaines années, certains pays producteurs agricoles comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada, l’Argentine, le Brésil et quelques pays européens devront augmenter la production de façon importante pour nourrir la planète. Comment réussira-t-on à le faire en évitant le plus possible l’émission de GES? Est-ce que la science permettra, d’ici là, de capter le carbone de façon sécuritaire, compétitive et économique? Est-ce qu’on pourra atteindre cet objectif d’ici une quinzaine d’années?

[Traduction]

M. Montgomery : Non sans difficulté; c’est mon opinion. Vous avez raison de dire que la production de l’agriculture devra augmenter dans de nombreux pays partout dans le monde, et ces pays sont les mieux placés pour le faire.

Nous savons également que pour atteindre ou éviter un changement climatique dangereux, nous devons absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, il est impossible de le faire sans mettre à contribution le secteur agricole. Et nous savons que si nous ne nous attaquons pas au système de production alimentaire mondiale d’une façon globale, tout cela sera impossible à atteindre. Face à l’augmentation de la production, nous devons également augmenter l’efficacité. Cela exigera de rehausser la productivité partout dans le monde. Mais cela veut également dire qu’il nous faut mettre en œuvre tous azimuts des technologies qui n’existent pas aujourd’hui. Cela veut également dire que nous devons favoriser le potentiel de captation de carbone des sols, ce qui ne sera pas facile.

Il y a beaucoup de possibilités, mais aucune ne sera facile à concrétiser, et par ailleurs, il faut réduire les pertes et les gaspillages d’aliments tout au long de la chaîne d’approvisionnement. L’augmentation de la production est une partie de la solution, mais encore faut-il travailler du côté de la demande et de la chaîne d’approvisionnement simultanément. C’est tout un défi : il faut améliorer les niveaux de production tout en réduisant la contribution du secteur au gaz à effet de serre. Bref, nous devons mettre en œuvre les pratiques exemplaires tous azimuts et faire beaucoup de nouvelles recherches.

Le sénateur Pratte : Merci de vous joindre à nous. J’ai deux questions. Quel est le budget de la GRA, et quelle proportion de ce budget est consacrée à la recherche?

M. Montgomery : La GRA n’a pas de budget propre. Nous dépendons des contributions des pays membres et organisations partenaires. Certains pays nous offrent des budgets consacrés. D’autres se contentent d’aligner leurs programmes de recherche sur les objectifs de la GRA.

Les autres contributions seraient en nature, à savoir des organisations internationales qui entreprennent des recherches dans le même domaine que nous et qui nous transmettent les résultats de leurs recherches. Il ne s’agit donc pas de contributions en espèces. Ainsi, il est très difficile de répondre à votre question. Je pourrais vous donner les détails du budget de la Nouvelle-Zélande pour la GRA, mais je crois que ça ne vous intéresserait que très peu. En raison de la nature décentralisée et de la structure ascendante de la GRA, la vaste majorité de notre financement ou de nos ressources sont consacrés à la recherche. Nous ne comptons pas les coûts d’administration, puisque nous n’avons pas de structure administrative et que nous ne sommes pas une organisation comme les autres.

Le personnel permanent de la GRA ou, du moins, ceux qui lui consacrent tous leurs efforts sont, dans le cas de la Nouvelle-Zélande, notre secrétariat qui se compose de deux personnes, dont moi-même. Notre budget administratif est donc infime. La grande majorité des ressources sont consacrées au renforcement des capacités des scientifiques des pays membres, à la formation et aux bourses, tout ce dont nous avons besoin pour faire de la recherche de grande qualité. Et le reliquat est consacré à la recherche pure et dure. Ce n’est donc pas un budget comme tel, c’est une contribution des membres.

Le sénateur Pratte : Comment faites-vous pour vous assurer au fil des ans que les résultats des recherches que vous coordonnez seront diffusés? Bien entendu, la diffusion est cruciale. Si l’on veut réellement appuyer les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les producteurs doivent être informés des pratiques exemplaires, et cetera.

La GRA joue-t-elle un rôle dans la diffusion des recherches coordonnées par votre groupe?

M. Montgomery : Nous jouons effectivement un rôle de diffusion, mais ce n’est pas notre principal rôle. Il serait impossible pour la GRA à elle seule de transférer les connaissances aux agriculteurs. La GRA joue plutôt un rôle de catalyseur des activités de ses membres. Un grand nombre de ses membres ont eux-mêmes un mandat de diffusion d’information. Ce ne sont pas tous les ministères de l’Agriculture qui ont un tel mandat aujourd’hui — c’était plutôt le cas dans le passé —, mais ceux qui ont un tel mandat ont des responsabilités et ont des fonds à cet effet.

La GRA a pour rôle de transférer le consensus de ce que nous pouvons affirmer et savons à titre de collectivité scientifique mondiale. Nous transférons ces connaissances à des organisations similaires qui proviennent d’autres secteurs, tels que les organisations d’agriculture, le secteur agricole et l’agro-industrie, ainsi qu’à la communauté des politiques mondiales. La communauté GRA transfère ainsi ses connaissances à d’autres communautés. Ces communautés, à leur tour, ont leurs propres méthodes pour transférer les connaissances à leurs membres. La fonction primaire de la GRA consiste à créer un rythme et à être un catalyseur d’activités qui génèrent de nouvelles informations, dont la plupart seront transmises par les membres. Ensuite, la GRA a pour fonction de communiquer à l’échelle mondiale avec ses membres. Ils prennent ensuite ces renseignements et les utilisent.

Le sénateur Pratte : Brièvement, avant de conclure, auriez-vous l’obligeance de me dire si la GRA a changé depuis sa création en 2009? Est-elle plus grande? Est-elle plus petite? Est-ce qu’il y a eu des difficultés lors de sa création?

M. Montgomery : La vision qui est décrite dans la charte est la même. La charte décrit le besoin de transférer les connaissances et les renseignements aux agriculteurs. Bien entendu, il n’incombe pas à la GRA en tant qu’organisation de le faire, mais nous devons plutôt fournir des renseignements et travailler avec les membres pour qu’ils diffusent les connaissances.

Cela a été relativement facile dans une certaine mesure, car il s’agit d’une initiative volontaire. Ainsi, il n’y a d’obligations juridiquement contraignantes pour les membres. Il s’agit donc d’un argument de vente assez convaincant. Pourquoi ne pas y adhérer? C’est logique d’en faire partie. C’est même fantastique, car cela vous permet de travailler avec les autres membres et tout le monde participe d’une manière constructive et collaborative.

La faiblesse du modèle provient du fait qu’il est difficile de veiller à ce que les gens participent réellement. J’ai pour objectif de répondre à ce défi, qui est d’ailleurs un défi constant. Comment pouvons-nous veiller non seulement à obtenir les ressources nécessaires, mais également le type de ressources ou encore la flexibilité des ressources qui nous permettront de faire des liens entre des systèmes de recherche qui proviennent de pays très différents, et cetera. Nous n’avons pas forcément besoin de millions et de millions de dollars. Parfois ce dont nous avons besoin, c’est de quelques dizaines de milliers de dollars qui nous offrent la souplesse nécessaire pour faire des liens entre les programmes nationaux qui ont des échéanciers et des règles qui ne concordent pas toujours, et cetera. Voilà le défi dans tout cela.

Le sénateur Mercer : Merci d’être venu. Il s’agit d’un sujet fort intéressant. Le fait de voir que nombre de pays se sont rassemblés dans une organisation afin d’examiner les liens entre les gaz à effet de serre et l’agriculture crée un sujet d’étude fascinant. Certains d’entre nous savent — et vous le savez à titre de Néo-Zélandais — que le secteur laitier est une des sources principales de gaz à effet de serre en Nouvelle-Zélande. Au Canada, ce sont l’industrie et les automobiles que nous utilisons tous.

Au sein de votre alliance, avez-vous fait une étude afin de comparer les sources principales de gaz à effet de serre d’un pays à un autre? Avez-vous établi une comparaison entre les pays?

M. Montgomery : Oui et non. La GRA dispose tout à fait des renseignements, de la connaissance et de l’expertise nécessaires pour calculer ou évaluer les gaz à effet de serre. Comment évalue-t-on le méthane produit par un animal qui broute de l’herbe ou qui mange des sous-produits, du maïs ou autre chose? Comment évalue-t-on les émissions qui proviennent des rizières, et cetera? Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour effectuer de la recherche en la matière afin de veiller à ce que les coefficients et les facteurs d’émissions soient fiables et précis et qu’ils représentent les divers systèmes agricoles des pays qui font partie de la GRA.

En ce qui a trait aux émissions nationales, il s’agit d’un processus qui doit être assumé par les pays conformément à leurs obligations prévues dans la convention sur le changement climatique. Les pays développés doivent préparer un rapport annuel des émissions de gaz à effet de serre produites dans toute leur économie. C’est comme cela que nous avons appris que, en Nouvelle-Zélande, près de 50 p. 100 des gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture. Pour ce qui est de l’Uruguay, ce sont 80 p. 100 des émissions qui proviennent du secteur agricole. Au Canada, cela représente moins de 10 p.100. En France, c’est de l’ordre de 15 p. 100. Il s’agit d’un processus dans lequel les pays doivent préparer des rapports conformément à leurs obligations.

Le rôle de la GRA consiste à aider les pays à obtenir des renseignements plus fiables et plus exhaustifs.

Le sénateur Mercer : Nous nous préoccupons à juste titre de mesurer les gaz à effet de serre. En revanche, dans le secteur agricole, nous devons également mesurer une autre chose, soit la production. En fin de compte, y a-t-il une corrélation entre ce que l’on produit pendant que l’on est en train de générer des gaz à effet de serre? Par exemple, la Nouvelle-Zélande crée énormément de gaz à effet de serre à cause de son secteur laitier. Mais il faut également mesurer la production du secteur laitier ainsi que sa contribution, non seulement à votre propre PIB, mais également à l’économie de l’Asie du Sud-Est, puisque vous exportez une grande partie de vos produits dans cette région.

Est-ce que quelqu’un calcule cette corrélation? L’on ne voudrait pas que l’on soit en train de condamner un pays qui génère beaucoup de gaz à effet de serre parce qu’il nourrit sa population et la population de la région où il se trouve.

M. Montgomery : Oui, absolument. La charte de la GRA le reconnaît explicitement. L’objectif de la GRA consiste à répondre à ce défi en réduisant l’intensité des gaz à effet de serre dans la production alimentaire. La corrélation entre les émissions et la production alimentaire est importante. La notion de production est toujours une considération importante dans les activités de recherche dont j’ai connaissance à la GRA. Il faut comprendre qu’aucun agriculteur n’adoptera une technologie ou une pratique qui réduit les gaz à effet de serre, mais qui réduit en même temps sa production. Ça serait une mauvaise gestion des affaires. Les recherches sont toujours évaluées en fonction de leur incidence positive, négative ou minime sur les récoltes et la production.

De plus, d’un point de vue mondial, nous régresserions si nous mettions en œuvre des pratiques qui accroissent l’intensité des émissions par unité de production. Nous devons nourrir une population mondiale croissante tout en réduisant l’impact de cette activité. La sécurité alimentaire sera toujours une priorité. Nous devons accepter le fait que nous devons nourrir les gens. Nous ne pouvons pas ne pas nourrir les gens au nom de la réduction des émissions. Il faut se demander comment nous pouvons les nourrir le plus efficacement possible. Nous le mentionnons de manière explicite dans la charte de la GRA.

Le sénateur Mercer : La sécurité alimentaire est un sujet sur lequel cela vaudrait la peine de se pencher, madame la présidente. Si l’on veut avoir la sécurité alimentaire, on va générer des gaz à effet de serre. Dans une certaine mesure, il faut mesurer si cela en vaut la peine pour nourrir la planète.

La présidente : Nous espérons que cela en vaut la peine.

Le sénateur Oh : Merci d’être avec nous, monsieur Montgomery.

Quel est le rôle du Canada à titre de coprésident du groupe de recherche intégrée? Est-ce que les conclusions de cette recherche ont été appliquées dans le secteur agricole au Canada ou dans d’autres pays membres?

M. Montgomery : À titre d’un des trois coprésidents du groupe de recherche intégrée, le Canada a pour rôle de veiller à ce que le groupe fonctionne efficacement. Ce rôle consiste ainsi à présider les réunions et à veiller à ce que le groupe respecte son plan de travail et le mette en œuvre. En ce qui concerne le plan de travail, le Canada joue un rôle important dans la coordination du travail que nous faisons pour créer un inventaire des gaz à effet de serre dans le secteur agricole. C’est de cela que nous parlions, lorsque nous parlions des émissions du secteur agricole. Nous voulons avoir des renseignements plus fiables, plus précis et plus transparents sur les émissions liées à la production agricole. Voilà le rôle du Canada. D’expérience, je sais que le Canada a beaucoup à offrir en la matière.

Il n’y a pas beaucoup de pays qui ont investi des ressources considérables pendant bon nombre d’années afin d’obtenir de meilleures évaluations de leurs émissions.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Pour revenir sur notre sujet de discussion, si l’on prenait la sécurité alimentaire et le transport comme secteurs d’activité, on promène aujourd’hui les aliments d’un bout à l’autre de la planète. On le fait parfois pour subvenir aux besoins des populations ou pour assurer un approvisionnement annuel dans des pays où il n’y a pas risque de famine. Convenons ici que le transport est une importante source de gaz à effet de serre.

Pouvez-vous nous parler plus précisément des actions ou efforts possibles pour réduire le transport et, par conséquent, aider à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre? Et est-ce que vous avez eu des discussions en ce sens au sein de votre organisme?

[Traduction]

M. Montgomery : Non, mais je sais que des mesures sont prises dans le domaine du transport international. Je pense que les émissions liées au transport international représentent environ 2 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il s’agit d’un pourcentage de cet ordre-là, mais l’on s’attend à ce qu’il augmente, notamment dans le domaine de l’aviation et du transport. C’est à peu près l’état des lieux actuel.

Pour ce qui est des mesures prises, je sais que l’Organisation maritime internationale ainsi que l’Organisation de l’aviation civile internationale se penchent sur la réduction des gaz à effet de serre dans leur mode de transport respectif. Ces organisations, chacune à leur façon, se penchent sur les meilleures façons de procéder pour répondre à ces enjeux, étant donné les circonstances particulières du secteur de l’aviation internationale et du secteur maritime international, qui possède des caractéristiques bien uniques en matière de propriété et d’immatriculation des navires.

Ainsi, des secteurs bien précis ont été examinés attentivement afin de voir quelle serait la manière la plus efficace mondialement de réduire les émissions. Nous n’en avons pas parlé à la GRA, mais il y a des activités à l’échelle mondiale qui visent à trouver les meilleures façons de réduire les émissions.

Pour ce qui est de certains produits alimentaires, bien qu’ils aient été transportés sur des distances considérables, la part du transport dans leur empreinte globale est assez faible. Dans la plupart des produits alimentaires, notamment le bétail, la vaste majorité des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la ferme. Et c’est là où la GRA a un rôle considérable à jouer afin d’améliorer la productivité et l’efficacité à la ferme.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Monsieur Montgomery, après neuf ans d’existence, pouvez-vous nommer la principale réalisation ou découverte de votre alliance et vos principaux objectifs pour les deux prochaines années?

[Traduction]

M. Montgomery : Je ne veux pas changer de sujet, mais je ne crois pas qu’il faille sous-estimer le fait que créer une institution de cette envergure, avec 49 pays membres et 17 organisations partenaires, qui gagne en visibilité et en importance, est une réalisation en soi, étant donné la question délicate que représentent l’enjeu de la sécurité alimentaire mondiale et son rapport avec le changement climatique. Politiquement parlant, ce n’est pas une question facile. J’imagine que vous savez très bien que le commerce est un autre facteur fort complexe.

Je crois donc que le fait de créer un effort concerté mondial pour répondre à l’enjeu des gaz à effet de serre agricoles est une grande réalisation en soi. Et je vous dirais que, en ce qui a trait à la capacité, nous avons accompli un bon progrès dans la rationalisation des approches prises pour quantifier les gaz à effet de serre. Cela ne semble peut-être pas grand-chose, mais c’est crucial dans le cadre des efforts de recherche mondiaux. Il faut ainsi, si vous voulez, utiliser le même langage. Grâce aux protocoles de quantification et d’évaluation, la GRA a créé des lignes directrices définitives sur la façon de procéder pour quantifier et évaluer les principales sources de gaz à effet de serre. Le bétail, le riz et le carbone dans le sol sont d’autres domaines sur lesquels nous nous penchons.

Je vous dirais qu’il faut accroître la capacité de nos pays membres. Il faut savoir que la capacité à comprendre les gaz à effet de serre est limitée dans bon nombre des pays où l’on prévoit que les émissions agricoles vont croître à l’avenir. On est en train de déployer des efforts très importants pour veiller à accroître la capacité de la collectivité mondiale.

Je peux vous fournir quelques exemples du point de vue scientifique. Dans le secteur du bétail, au sujet des émissions de méthane des ruminants, on a beaucoup misé sur la GRA, ses nombreux pays membres, ses nombreux partenaires, pour tenter de comprendre précisément le phénomène des microbes qui se trouvent dans les entrailles des animaux et qui produisent le méthane. Nous avons appris quelque chose que nous ne savions pas auparavant, à savoir que peu importe l’espèce de ruminant et son milieu, les colonies de microbes qui vivent dans l’animal sont essentiellement similaires partout. Ces renseignements sont fort importants. Cela veut dire que l’on pourrait utiliser des technologies mondiales pour manipuler l’écosystème des ruminants. Il s’agit de quelque chose de nouveau. Personne n’était au courant de cela avant l’avènement de l’alliance. Cela provient directement de ses activités.

Quand on pense à la contribution du bétail aux émissions de gaz à effet de serre agricoles et à l’attention qu’on accorde à cette question, il est important de savoir que l’alliance existe et qu’elle peut faire ce type de travail. Nous savons aussi que le bétail joue un rôle fondamentalement important dans l’alimentation mondiale, notamment dans les pays en développement et dans certains pays développés, comme le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Le sénateur Gold : Merci d’être avec nous. Si j’ai bien compris, vous êtes un des fondateurs du réseau qui existait avant ce réseau. Vous vous penchez sur ces enjeux depuis bien longtemps. Permettez-nous donc de mettre à profit votre présence.

J’aimerais vous poser deux questions. La première est plutôt technique. Si l’on songe à la recherche qui a été menée et supervisée par l’alliance, auriez-vous l’obligeance de nous fournir des conseils sur les pratiques exemplaires en matière de séquestration du dioxyde de carbone dans nos terres et nos forêts? J’imagine que cela n’est pas facile à faire, et je pense que vous en avez d’ailleurs parlé dans vos observations. Le gouvernement en parle dans sa politique sur le carbone. Qu’avez-vous appris qui pourrait nous aider et aider d’autres pays à utiliser cet outil afin de capturer ces gaz?

M. Montgomery : Il n’y a pas grand-chose que je puisse vous dire, car le Canada est doté des meilleures compétences en la matière. En revanche, je peux vous dire que cela dépend énormément du contexte. Tout d’abord, pour résoudre le problème de la séquestration du carbone, il faut songer aux conditions biophysiques. Les moteurs principaux de ces conditions sont, notamment, la géologie, la température et l’humidité. Ensuite, il faut également tenir compte des pratiques de gestion historiques.

En ce qui a trait au Canada, j’ai visité la Saskatchewan et j’ai entendu ce que vos agriculteurs locaux avaient à dire lors des réunions du conseil. J’ai appris que les activités qui avaient été effectuées dans le passé avaient lourdement dégradé le sol dans les plaines. Le rétablissement du sol à son ancien état revêt un potentiel considérable. Je sais que le Canada a déployé beaucoup d’efforts en ce sens. Ce domaine de recherche ainsi que l’expérience du Canada sont un avantage énorme pour les pays qui font face à des situations similaires, et où le sol a été lourdement dégradé en raison des pratiques de gestion passées.

Il y a des choses que l’on peut faire pour restaurer l’état du sol. Nous savons que le travail réduit du sol, l’agriculture de conservation, ou encore les semis directs — selon le terme utilisé dans votre région — ont un rôle important à jouer. Mais ensuite, la situation devient plus complexe. En effet, le climat peut varier ainsi que les caractéristiques du sol, et l’on doit ajouter à cela les diverses pratiques de gestion qui ont eu lieu dans le passé. Tout cela entre en compte dans le potentiel actuel de séquestration et la durée pendant laquelle on peut s’attendre à séquestrer davantage de carbone dans le sol.

Nous savons que le carbone dans le sol atteint un équilibre et que cet équilibre est déterminé par les conditions biophysiques et les pratiques de gestion. Mais il arrivera toujours un moment où le sol arrêtera de stocker plus de carbone. Il ne faut pas perdre cela de vue. C’est un enjeu dont il faut tenir compte dans les politiques lorsqu’on s’attend à ce que la séquestration du carbone soit un outil permanent, alors que ce ne sera pas forcément le cas. On peut arriver à un point où l’on n’arrive plus à atteindre les réductions escomptées et où il faudra, par conséquent, songer à des solutions de rechange.

À cela s’ajoute une autre couche de complexité, soit le fait qu’on ne peut pas considérer séparément le carbone et l’azote. Nous savons que le carbone et l’azote sont liés. Ainsi, pour augmenter le carbone, en règle générale, on a besoin d’avoir plus d’azote dans l’environnement. Quelle incidence cela aura-t-il sur d’autres émissions, telles que l’oxyde nitreux? Comme je l’ai mentionné, le Canada a beaucoup d’expérience dans ce domaine et vous avez beaucoup à offrir à la communauté internationale. Voilà grosso modo comment je décrirais ce défi à l’échelle internationale.

Le sénateur Gold : Si j’ai bien compris, vous vous approchez de la fin d’un projet pilote dans lequel au moins un de vos rôles consiste non seulement à accroître la visibilité du réseau auprès des États membres, mais également à assurer le financement des projets de recherche. Comment progressent les choses? Si vous aviez une baguette magique, que souhaiteriez-vous accomplir? Cela revient un peu à la question de mon collègue sur les objectifs au cours des prochaines années. J’aimerais savoir plus concrètement quelle recherche devrait être menée, mais ne l’est pas adéquatement.

M. Montgomery : Vous avez raison. Mon poste a été créé, à l’essai, pour une durée de deux ans afin de donner aux membres du conseil qui étaient membres de l’alliance le temps d’évaluer si cela bonifiait la valeur de l’alliance. Nous verrons ce qu’ils en pensent à la prochaine réunion du conseil. Je pense que j’ai apporté une certaine valeur à l’alliance, du moins je l’espère.

Mobiliser les ressources demeure un défi constant. Nous recevons des signaux positifs, mais le processus demeure très lent. Changer des systèmes nationaux prend beaucoup de temps, car ces derniers ont leurs propres caractéristiques et complexités attribuables à plusieurs facteurs, tels que les budgets alloués, la programmation, les priorités, et cetera. Tout ne se fait pas en même temps. Il faut donc tenter de trouver une façon d’organiser le tout. De plus, des règles précises s’appliquent en matière de financement national. La plupart du temps, le financement national est prévu pour des scientifiques nationaux et non pas pour les autres scientifiques. Le défi est donc, dans ces circonstances, de trouver des façons de relier les systèmes nationaux. Voilà pourquoi j’ai parlé tout à l’heure d’un petit montant d’argent pour lequel il y a une certaine souplesse.

Au Canada, je crois que certains s’attaquent au défi en misant sur le jumelage. Agriculture et Agroalimentaire Canada prévoit une aide financière modeste pour aider à jumeler des programmes nationaux aux priorités de l’alliance. Selon moi, cet aspect est très important.

Passons maintenant à l’Europe, où il existe des budgets de recherche significatifs, le programme Horizon 2020 ou encore des initiatives de programmation conjointe de l’Europe. Nous avons tenté de nous lier à ces initiatives, à l’instar de la Nouvelle-Zélande, du Canada et des États-Unis. Ce n’est pas chose aisée, car tous ont leurs propres règles. Cela étant dit, l’alliance et les autres parties prenantes se sont engagées à faire mieux.

Vous aviez également posé une autre question.

Le sénateur Gold : Quel est le domaine de recherche sur lequel il faudrait se pencher le plus rapidement?

M. Montgomery : Je crois que dire qu’il nous faut utiliser nos pratiques exemplaires partout et à grande échelle va de soi. Dans les domaines de recherche, je crois que le domaine du carbone dans le sol est très important. Ce secteur suscite beaucoup de discussions. Présentement, le processus est surtout fondé sur les croyances. Il faut y avoir davantage de faits scientifiques. La situation est propre au contexte. Pour ce qui est des mesures, différentes approches existent. Il nous faut travailler fort afin d’obtenir une coordination et une plus grande clarté. Lorsque nous parlons de séquestration du carbone, jusqu’où voulons-nous aller? De quel type de carbone parlons-nous? Il nous faut davantage de clarté en la matière, car cela fait présentement défaut.

Pour ce qui est de l’élevage de bétail, qui contribue beaucoup et de plus en plus aux gaz à effet de serre en matière d’agriculture, je crois que la meilleure solution serait d’améliorer l’alimentation des animaux, afin que ceux-ci soient plus en santé, bien nourris et plus productifs. Nous le savons désormais. Nous savons que c’est logique pour les agriculteurs un peu partout, à plus ou moins grande échelle. Maintenant, nous savons que des changements ne se sont pas faits à certains endroits où il est difficile de changer les choses. Il est difficile d’aller au-delà des dimensions sociales et culturelles.

Des percées technologiques en matière de vaccins pour le bétail apportent une lueur d’espoir. C’est présentement perçu comme la solution la plus facile, côté productivité, mais c’est en réalité très difficile à obtenir. En Afrique subsaharienne, c’est l’augmentation de ses niveaux de productivité et d’efficacité générale de son système de production du bétail. Si la situation était si évidente, nous aurions déjà agi. Ce n’est probablement pas tant un enjeu de recherche qu’un enjeu d’interface de recherche sur les politiques.

La présidente : Merci, monsieur Montgomery, d’avoir comparu au comité aujourd’hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.

M. Montgomery : Merci.

La présidente : Sénateurs, j’aimerais qu’on passe brièvement à huis clos.

(La séance se poursuit à huis clos.)

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