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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 44 - Témoignages du 19 mars 2018 (séance de l'après-midi)


VANCOUVER, le lundi 19 mars 2018

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 14 h 2, pour étudier les effets potentiels des changements climatiques sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier.

La sénatrice Diane F. Griffin (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Je suis la sénatrice Diane Griffin, de l’Île-du-Prince-Édouard, présidente du comité, et je demanderai d’abord aux sénateurs et sénatrices de se présenter, en commençant par le vice-président, le sénateur Maltais.

Le sénateur Maltais : Sénateur Ghislain Maltais, du Québec.

La sénatrice Gagné : Raymonde Gagné, du Manitoba.

Le sénateur R. Black : Rob Black, de l’Ontario.

La présidente : Nous poursuivons cet après-midi notre étude concernant les effets potentiels des changements climatiques sur les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier.

Nous accueillons M. John Church, titulaire de la chaire d’innovation régionale de la Colombie-Britannique pour la durabilité de l’industrie bovine, à la faculté des sciences de l’Université Thompson Rivers; M. John Innes, de la chaire de gestion forestière de la Colombie-Britannique, à la faculté de foresterie de l’Université de la Colombie-Britannique; M. Che Elkin, de la chaire de recherche FRBC/Slocan en écologie de la forêt mixte, à l’Université Northern British Columbia; et, enfin, M. Sumeet Gulati, professeur agrégé à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Groupe d’étude sur l’économie alimentaire, à l’Université de la Colombie-Britannique.

Merci d’avoir accepté notre invitation. Le greffier vous a fait part du temps que vous avez pour présenter vos exposés. Nous disposons d’une heure et demie en tout et les sénateurs et sénatrices auront aussi des questions à vous poser.

Nous commençons par M. Church.

John Church, professeur agrégé et titulaire de la chaire de recherche sur les bovins, faculté des sciences, Université Thompson Rivers, à titre personnel : Merci. Je suis ravi de m’adresser à vous aujourd’hui. Je vais vous parler d’un sujet dont on n’a pas vraiment beaucoup discuté au Canada, ce que je crois être l’impact des changements climatiques sur le bétail de notre pays en général.

Je suis un éleveur de bovins, probablement la quatrième génération de ma famille à élever du bétail. Voici une photo de mon grand-père qui date d’environ 1910. Il dirigeait le pâturage collectif en Saskatchewan. Je suis professeur à l’Université Thompson Rivers. C’est dans l’arrière-pays, près de Kamloops. Nous célébrons notre 50e anniversaire et nous faisons de la recherche depuis une trentaine d’années, en mettant vraiment l’accent sur la recherche appliquée qui peut être utile à la collectivité.

Cela remonte à quelques années, mais surtout en juillet 2017, un nombre considérable d’animaux sont morts en Californie; cela s’est produit au moins trois fois à ma connaissance. La situation était tellement grave que l’État a déclaré une urgence nationale. Les animaux meurent d’hypothermie. Ce qui est attendu, ce qui s’en vient et ce que nous voyons en Californie, nous le verrons probablement d’ici le milieu du siècle environ, peut-être même un peu avant, dans 20 ans. Selon le scénario, si on se fie aux pronostics du GIEC de 2014, nous parlons d’une hausse des températures de l’ordre de 0,3 à 0,7 degré Celsius. Je ne pense pas que ce soit le cas. Il est plus probable que ce sera entre 2,6 et 5 degrés Celsius. Ensuite, il y a un scénario plus alarmiste que je n’ai pas pris la peine de décrire.

La mort par hypothermie, c’est le dernier acte. Bien avant que le bétail meure, il y aura de graves perturbations sur le plan du gain quotidien moyen, de la fécondation, des choses de ce genre. L’important, je suppose, quel que soit le scénario d’émissions, c’est que la température va augmenter. Alors, que pouvons-nous y faire? Eh bien, il y a des stratégies de gestion, comme l’élevage à l’ombre ou l’installation de gicleurs, comme cela s’est fait en partie dans d’autres endroits comme l’Australie. Cependant, si nous voulons adapter notre agriculture à long terme, nous devrons nous tourner à la fois vers des traits génétiques qui aident à supporter la chaleur et peut-être même des races qui supportent mieux la chaleur.

La première race qui me vient à l’esprit serait celle-ci, Bos indicus. Je ne sais pas si vous avez vu Star Wars, mais mes étudiants disent à la blague que c’est comme si Jar Jar Binks s’était accouplé avec une vache. Il a de très grandes oreilles et toute cette peau qui pend ici et là. C’est l’espèce qu’on élève au Brésil et dans d’autres pays tropicaux. Vous en verrez aussi dans le Sud des États-Unis. Le problème, c’est que ces animaux n’ont pas de pelage d’hiver. Cela pose un énorme problème lorsque la température chute à moins 20 et nous prévoyons toujours qu’elle descendra à moins 10, moins 20 en hiver.

J’ai 50 ans. Quand j’avais 10 ans, mon père, qui était vétérinaire, m’emmenait souvent à l’encan des bovins. Le bétail de couleur noire se soldait à gros rabais. Celui qui amenait du bétail noir au marché devait s’en départir à bas prix, que ce soit de la race Baldy ou de la noire à face blanche. Personne n’en voulait. Aujourd’hui, c’est le contraire. Soixante-dix à quatre-vingts pour cent de notre cheptel a été sélectionné en faveur de la couleur noire, surtout en raison de la mode. La race Angus a la cote. Les responsables du marketing des bovins Angus ont fait un travail extraordinaire. Belle affaire! Grâce à la sélection, nous voici avec des animaux tout noirs, juste au moment où se produisent des changements climatiques catastrophiques.

À droite, si vous regardez la diapositive sur l’adaptation génétique, je pense que nous avons une solution canadienne qui nous aidera pendant un certain temps. Il s’agit de notre plus récente race, la Speckle Park. C’est une nouvelle race, au pelage plus clair, qui supporte bien la chaleur, en raison de ce qu’on appelle l’effet albédo. Il y a une raison pour laquelle nous n’allons pas dehors en tee-shirt noir. Le noir absorbe la chaleur. Le blanc la réfléchit. J’ai ici une photo prise à l’aide d’un drone. Vous pouvez voir que la Speckle Park est blanche sur le dos, exactement là où il faut pour réfléchir la chaleur.

Nous nous sommes demandé : est-ce que les variantes plus claires supportent mieux la chaleur? Voici une photo prise à l’aide d’un drone et d’une caméra infrarouge. Nous pouvons survoler ces animaux et mesurer leur température. Les résultats nous ont renversés. Par une journée de 20 degrés, si vous regardez la diapositive aux images infrarouges, les vaches de race Speckle Park atteignent en moyenne 31 degrés Celsius. Les Black Angus étaient à 36,4 degrés, soit presque 5 degrés de plus. C’est la même chose pour les veaux. À midi, alors que le soleil était au zénith, sous l’effet de la charge solaire, nous avons mesuré 28,5 degrés Celsius du haut des airs, 45,3 degrés Celsius sur le petit veau noir.

Que faire?

Il y a une autre espèce que nous élevons au Canada, on la voit à l’arrière. Vous voyez là une image de la Béringie, avec beaucoup de mammouths laineux, de chevaux de Przewalski et de chameaux, d’ours à face courte et de lions, mais à l’arrière il y a des bisons. Le bison est sur la planète depuis longtemps. Il a déjà survécu à un réchauffement de 6 degrés. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a trouvé des animaux comme le bison des steppes qui ont des dizaines de milliers d’années. Lorsqu’on extrait leur ADN, on se rend compte qu’au plan génétique, ils ne sont pas tellement différents du bison d’aujourd’hui. Ils sont différents au plan épigénétique.

J’ai des bisons de toutes sortes, dont un qui a de très longues cornes. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas de preuves scientifiques à ce sujet, mais les différences phénotypiques, les différences d’aspect, sont probablement dues à l’épigénétique plutôt qu’à la génétique. L’épigénétique étudie comment l’environnement interagit avec l’ADN pour changer ce qu’on appelle les commutateurs épigénétiques. Ce qui est étonnant, c’est que le bison peut le faire, probablement en l’espace d’une ou deux générations. Nous en avons deux exemples en ce moment. Au Canada, nous avons le bison des bois et le bison des plaines. Chez les éleveurs, on trouve surtout du bison des plaines. Il y avait une petite population de bisons des bois qui étaient isolés géographiquement et ils avaient l’air très différents. On essaie toujours de prouver qu’ils sont différents au plan génétique alors qu’ils ne le sont pas vraiment; ils le sont au plan épigénétique.

Je ne dis pas qu’il faut revenir en arrière et recroiser notre bétail avec des bisons. Nous avons essayé cela dans les années 1960. Ce que je dis, c’est qu’il sera très difficile de traire des bisons. Notre société peut probablement se permettre de ne pas manger de bœuf, mais il sera très difficile de renoncer aux produits laitiers. Ce que je dis, c’est que nous devons essayer de comprendre comment les bisons arrivent à s’adapter au climat en une ou deux générations, par épigénétique. Un étudiant de l’Université Texas A&M a pris des élevages de bisons sur une ligne droite qui s’étire jusqu’en haut, jusqu’au Nord de la Saskatchewan; il a relevé des variations de taille corporelle de l’ordre d’un tiers environ. Les bisons peuvent changer, comme je l’ai dit. Donc, je pense que c’est un grand secret. Nous savons que le bétail peut se croiser.

Essentiellement, ce que je dis, c’est que la chaleur s’en vient et que nous avons déjà une solution maison à court terme avec la race canadienne Speckle Park. Nous pouvons assez rapidement transmettre ses traits aux bovins Angus. À long terme, nous devrons explorer des pistes comme celle de l’adaptation des bisons au climat et essayer d’intégrer les caractéristiques voulues dans notre cheptel bovin international.

Merci beaucoup de m’avoir écouté.

La présidente : Merci beaucoup. C’est excellent.

Monsieur Innes, c’est à vous.

John L. Innes, chaire de la Colombie-Britannique pour la gestion forestière, faculté de foresterie, Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel : Merci, mesdames et messieurs, de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui. Je n’ai pas préparé de présentation PowerPoint, mais plutôt des notes d’allocution que je vous ai distribuées.

Je me fais souvent demander quelles espèces d’arbres on devrait planter, étant donné les changements climatiques qui s’en viennent. Le problème, c’est que nous n’avons aucune idée de ce que le climat va faire au cours des 100 prochaines années. Nous avons beaucoup de prédictions modélisées, mais elles reposent sur des hypothèses. Il y a des scénarios qui nous disent ce qu’il adviendra du climat avec un ensemble donné d’émissions de GES. À l’échelle locale, cela devient plus complexe. Nous pouvons prévoir, par exemple, ce qu’un ensemble donné d’hypothèses provoquerait à l’échelle mondiale. Dans le cas particulier de l’Ouest canadien, où on trouve un océan, des montagnes et une masse continentale, les prévisions deviennent beaucoup plus difficiles. De plus, nous ne savons pas ce que le Canada, les États-Unis, la Chine ou l’Inde feront au cours des 50 prochaines années pour lutter contre les changements climatiques. Il y a énormément d’incertitude.

Ce que nous savons, par contre, c’est que le climat change nettement et qu’il le fait très rapidement dans cette partie du monde. D’après les mesures dont nous disposons, les températures hivernales au Yukon ont augmenté de 5,7 degrés centigrades au cours des 50 dernières années. Dans le district de Mackenzie, elles ont augmenté de 5 degrés. Dans la forêt boréale du Manitoba et de la Saskatchewan, elles ont augmenté de 4 degrés. Elles grimpent partout, sauf dans les Maritimes, où la hausse est plus modérée. Donc, nous savons que les températures augmentent. Le portrait est beaucoup moins clair en ce qui concerne les précipitations de pluie et de neige et les régimes des vents, qui ont aussi leur importance en foresterie.

Un des problèmes que nous avons, les forestiers, c’est que les arbres ne réagissent pas en général aux températures moyennes, mais c’est de cela que parlent tous les modèles. Lorsqu’on parle de 5,7 degrés, il s’agit de la hausse de température hivernale moyenne observée au Yukon et dans le Nord de la Colombie-Britannique. Les arbres, eux, réagissent aux extrêmes, qui sont beaucoup plus difficiles à prévoir. Par exemple, ils réagissent aux gels extrêmes. Ils réagissent aux sécheresses. Ils réagissent aux conditions très sèches apportées par les incendies. Nous avons des réactions aux extrêmes et, comme je l’ai dit, il est difficile de les modéliser.

Nous croyons que les aires de répartition des espèces se déplaceront vers le nord, ce qui est bien dans une région comme la Colombie-Britannique, où nous avons des arbres au sud d’où nous sommes. C’est beaucoup plus compliqué si ce que vous avez au sud, ce sont les Prairies, où il n’y a pas d’arbres. Quels arbres y aura-t-il? Nous prévoyons des changements assez importants dans nos forêts, avec des variations d’un endroit à l’autre, alors nous ne pouvons pas généraliser.

Selon certaines hypothèses, si la température se réchauffe, ce sera mieux pour les Canadiens. J’en doute très fortement. Il y aura sans doute plus d’épidémies de ravageurs. Nous avons déjà eu affaire au dendroctone du pin argenté. Nous avons maintenant le dendroctone de l’épinette ici en Colombie-Britannique; la tordeuse des bourgeons de l’épinette, la livrée des forêts, tous des ravageurs importants. En 2016, les insectes ont endommagé 176 000 kilomètres carrés de forêts au Canada. Pour mettre les choses en perspective, l’exploitation forestière couvrait 7 700 kilomètres carrés. C’est une énorme différence. Nous avons aussi les incendies à considérer. En 2015, au Canada, 38 000 kilomètres carrés ont passé au feu. Nous avons les éclosions de maladies, comme celle causée par les champignons Dothistroma en raison d’un changement climatique dans le Nord de la Colombie-Britannique. Nous avons des espèces envahissantes. Nous avons des sécheresses. Les sécheresses nous menacent surtout dans l’Ouest, bien qu’elles soient importantes ailleurs, et nous devons aussi en tenir compte dans le cas des forêts urbaines.

Il est probable que nous verrons changer la composition de nos forêts. Les conifères vont faire place aux espèces de succession précoce, celles qui s’introduisent après des perturbations, comme le tremble, le bouleau et le pin gris, qui ont beaucoup moins de valeur que les arbres actuels. Nos forêts vont rajeunir à cause des perturbations. Nous verrons une baisse de la productivité, non pas une hausse, et une réduction de la biomasse en raison du jeune âge de la forêt.

Nous aurons aussi des difficultés d’exploitation. Actuellement, l’exploitation se fait en hiver dans de nombreuses régions du Canada, parce qu’il y a de la neige et du gel au sol. Si les hivers sont plus courts et plus chauds, les périodes d’exploitation diminueront aussi, comme nous l’avons déjà constaté.

Il y aura des répercussions sur la biodiversité, qui seront très, très complexes et difficiles à comprendre. La relation entre le caribou et la forêt ne sera plus la même. Des processus écologiques seront faussés. Par exemple, si un insecte éclot en même temps que les feuilles poussent, il a une source de nourriture. Si les feuilles poussent avant l’éclosion des insectes, elles deviennent résistantes et les insectes ne peuvent plus s’en nourrir. Nous ne connaissons pas les répercussions à long terme. Nous nous attendons à ce que certaines espèces migrent vers d’autres sources de nourriture. Nous remarquons déjà, par exemple, que le dendroctone du pin argenté s’attaque davantage au pin gris que par le passé. Nous verrons aussi fondre le pergélisol dans de nombreuses régions. Je ne sais pas si vous avez eu le plaisir de vous rendre dans un endroit comme le Yukon et de voir ce qu’on appelle les forêts ivres, où les arbres tombent parce qu’ils ne sont plus soutenus. Enfin, nous verrons des effets sur les collectivités humaines. Des maladies comme la maladie de Lyme, la fièvre des montagnes Rocheuses et le virus du Nil occidental seront de plus en plus fréquentes.

Il est très important de souligner que ces effets ne seront pas uniformes dans tout le pays. Il y aura plus de problèmes de sécheresse dans l’Ouest, plus d’incendies dans le centre et je ne sais trop quoi dans l’Est, où il y a beaucoup d’incertitude, je pense.

J’aimerais dire enfin que nous avons une assez bonne idée de ce que seraient quelques-uns des effets à prévoir, mais nous nous fions énormément à la modélisation. Je remarque qu’il y a beaucoup de modélisateurs parmi les gens que vous entendrez au cours des prochains jours. Nous avons tendance à nous éloigner des observations réelles. Nous ne faisons plus le genre de surveillance que nous faisions il y a 10 ou 15 ans, comme l’Enquête sur les maladies des forêts et des insectes menée par Ressources naturelles Canada. Une grande partie du travail a été déléguée aux provinces, mais elles ne le font pas.

Nous avons aussi du mal à financer la recherche. En tant qu’universitaire, je n’aime pas avoir à le dire, mais même si, grâce au gouvernement du Canada, le CRSNG a effectivement affiché une augmentation de budget, il est très difficile d’obtenir de l’argent pour faire de la recherche forestière ou agricole. Parmi les comités de subventions à la découverte, par exemple, il n’y en a pas un qui s’occupe de foresterie ou d’agriculture. Je trouve cela absolument renversant pour un pays comme le Canada. Nous devons plutôt tenter notre chance auprès d’un comité comme celui de l’écologie et de l’évolution, ce qui nous force à modifier l’angle de nos travaux pour essayer d’obtenir du financement.

C’est peut-être une ironie du sort : je travaille sur les changements climatiques et les forêts et mes fonds aujourd’hui proviennent entièrement de la Chine, non du Canada. Je m’arrête là-dessus.

La présidente : Merci beaucoup, monsieur Innes.

Professeur Elkin.

Che Elkin, professeur agrégé, Université Northern British Columbia, à titre personnel : Merci beaucoup au comité de me donner l’occasion de m’exprimer à nouveau sur cette question.

Mes antécédents sont dans le domaine de l’écologie forestière et j’évalue les effets du climat sur nos systèmes forestiers et sur le secteur forestier à travers la lorgnette des effets biologiques, des effets écologiques. Donc, beaucoup du côté de l’écologie évolutive dont John vient de parler.

Au cours de la dernière décennie, j’ai surtout cherché à savoir comment nos forêts réagiront aux changements de température, de précipitations, en les examinant sous l’angle des données empiriques que nous pouvons obtenir. Je suis un modélisateur, j’appartiens au camp de la modélisation, et j’examine les répercussions depuis le peuplement forestier jusqu’au paysage tout entier.

Voici quelques-unes des principales conclusions de cette étude : face aux répercussions potentielles des changements climatiques sur les systèmes forestiers, la tâche la plus importante qui nous attend, c’est de déterminer où, dans l’environnement, les changements climatiques devraient vraiment se produire; il est tout aussi important de déterminer à quel moment, au cours des 50 prochaines années, nous attendons l’apparition de ces changements majeurs dans nos systèmes forestiers et, par extension, dans les écoservices tirés de ces forêts.

Cette question très complexe à laquelle nous devons réfléchir, tout en tenant compte d’une gamme de facteurs qui nous permettront de déterminer où ces répercussions climatiques se feront sentir en premier. Aujourd’hui, j’aimerais attirer l’attention du comité sur quatre des principaux facteurs qui devraient alimenter notre réflexion au sujet de la gestion et la préparation des forêts pour l’avenir.

Le premier est la variabilité inhérente des forêts. Ce constat n’a rien d’étonnant. Les forêts sont hétérogènes. Comme John l’a mentionné, ce facteur aura une forte incidence sur la manière dont les forêts réagiront aux variations des précipitations et des températures ainsi qu’aux phénomènes extrêmes auxquels elles seront soumises. Nous devons tenir compte de cette hétérogénéité, ou variabilité, et également savoir d’où viennent les catalyseurs. À un premier niveau, on observera des différences entre les réactions de chaque espèce aux changements climatiques. Les espèces qui se sont toujours adaptées à des conditions plus sèches sont beaucoup moins susceptibles d’être affectées par la multiplication des phénomènes de sécheresse. Par contraste, d’autres espèces très sensibles aux variations des précipitations ou de la disponibilité de l’eau subiront vraisemblablement de gros changements. Force est de reconnaître que nous ne devons pas nous arrêter seulement aux réactions propres à une espèce, mais penser en fonction des populations forestières globales qui maintiennent les écosystèmes productifs qui, à leur tour, soutiennent notre secteur forestier.

L’autre facteur qui influera est manifestement la position du paysage forestier. Les effets du climat devraient être différents selon qu’ils se produisent à 2 000 mètres et à 600 mètres; nous devons nous attendre à ce que les forêts situées à ces différentes altitudes réagissent de manière différente. Ces différences seront particulièrement marquées entre la région centrale intérieure de la Colombie-Britannique et la région littorale.

Le troisième facteur sur lequel je veux attirer votre attention, un facteur trop souvent négligé et pourtant important pour comprendre la variabilité, ce sont les répercussions, en matière de gestion, de la vulnérabilité des forêts aux changements climatiques. En Colombie-Britannique, il est encore possible, à une très vaste échelle, d’établir une dichotomie entre les forêts qui n’ont encore jamais été exploitées, et évaluer leur résilience aux changements climatiques, et nos forêts secondaires, celles qui ont été exploitées, plantées, et voir comment elles sont susceptibles de réagir.

Enfin, à une échelle plus régionale, nous devons aussi examiner cette variabilité dans l’optique des espèces que se trouvent au milieu de leur aire de répartition ou de celles qui se trouvent à la limite de cette aire. La plupart des études laissent entendre que c’est dans les zones où les espèces se trouvent à la limite de leur aire de répartition que les répercussions se feront d’abord sentir.

De la même manière, nous ne devrions pas nous concentrer uniquement sur les arbres, mais nous poser les mêmes questions pour les communautés forestières. Les zones de transition d’un type de forêt à un autre seront vraisemblablement celles qui réagiront le plus fortement aux changements climatiques; ce seront également celles où les changements seront observés en premier. C’est la première chose que je voulais souligner.

En deuxième lieu — et cela rejoint ce que disait John —, lorsqu’il est question de répercussions climatiques sur les forêts, nous pensons souvent que les variations des températures et des précipitations font grimper les taux de croissance, de mortalité et de recrutement des arbres ou des espèces. Nous pensons moins aux perturbations que ces changements climatiques auront sur le paysage et nous savons pourtant qu’ils sont, du moins dans l’histoire récente, à l’origine des modifications que nous observons sur notre paysage et des défis auxquels fait face notre secteur forestier. Je dirais qu’il faut considérer ces deux éléments comme étant liés. Lorsque la température augmente et que l’humidité diminue, les arbres subissent un stress et leur taux de croissance diminue, en plus de les rendre plus vulnérables à de nombreux agents biologiques à l’origine des vastes perturbations à l’échelle du paysage; par ailleurs, cela a également une incidence sur la résilience des forêts face à certaines de ces perturbations du paysage, comme les incendies.

Le troisième point que j’aimerais aborder ici est le fait indéniable que les forêts nous procurent un grand nombre de services écosystémiques, par exemple la production de bois d’œuvre, l’approvisionnement en fibres, le maintien de la biodiversité, le stockage du carbone et diverses activités récréatives. À l’instar des forêts qui réagiront différemment aux changements climatiques, nous prévoyons que les écoservices, ceux qui dérivent des forêts, présenteront des degrés divers de sensibilité aux changements climatiques qui toucheront nos forêts. À une vaste échelle, cela peut s’expliquer de manière très simple : les services écosystémiques forestiers dépendent du maintien d’espèces ou de structures forestières particulières dans le paysage, par exemple la production de bois d’œuvre à partir d’espèces particulières, ou le maintien de la biodiversité. Ces services écosystémiques sont ceux qui devraient être le plus fortement et rapidement touchés. Par contraste, les services qui nécessitent seulement le maintien d’une couverture forestière devraient vraisemblablement être beaucoup plus résilients aux futurs changements forestiers.

J’aimerais attirer l’attention du comité sur un dernier point concernant les répercussions des changements climatiques sur les systèmes forestiers. Nous devons faire très attention de ne pas limiter notre réflexion à une hausse de température de 2 ou 3 degrés ou à un déplacement de nos écosystèmes forestiers suivant des gradients latitudinaux, altitudinaux ou écologiques. Dans un cas très simple, si nous observons une hausse de 2 degrés des températures d’ici les 30 prochaines années, comme cela est probable, est-ce que cela signifiera que la communauté forestière qui se trouve à 600 mètres d’altitude se retrouvera à 800 mètres? Les données disponibles semblent indiquer que ce ne sera pas le cas.

Les répercussions sur les espèces varieront d’une espèce à l’autre, les taux de migration des différentes espèces qui composent ces communautés forestières varieront également et il y aura des changements fondamentaux dans les régimes de perturbation qui, de bien des manières, structurent nos forêts. Comme ces différents facteurs sont interreliés, nous assisterons vraisemblablement à l’apparition de nouveaux complexes forestiers. Nous devons nous y préparer dès aujourd’hui. Compte tenu de l’échéancier qui rythme les activités du secteur forestier, nous devons commencer à nous préparer au type de forêts que nous aurons en 2060 ou 2080, en prenant des mesures de gestion dès maintenant.

Merci beaucoup.

La présidente : Merci.

Monsieur Gulati, vous êtes notre dernier intervenant.

Sumeet Gulati, professeur agrégé, faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Groupe d’étude sur l’économie alimentaire, Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel : Je vous remercie de m’avoir invité. Je suis honoré d’être ici.

J’ai passé presque toute ma carrière à étudier les politiques qui ont une incidence sur l’environnement. Au cours de la dernière décennie, c’est la politique sur le carbone qui a retenu mon attention. Je vais donc m’attarder davantage à l’incidence des politiques sur l’agriculture et l’exploitation forestière qu’aux répercussions des changements climatiques sur les secteurs agricole et forestier. De plus, j’ai peu d’expérience directe dans l’étude de l’agriculture et des forêts, je vais donc vous faire part de ma réflexion sur la façon dont le comportement humain s’adapte aux politiques climatiques. Mes études ont surtout porté sur les automobiles, sur l’adaptation des véhicules privés et des ménages canadiens aux politiques climatiques. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais vous faire part de certaines hypothèses concernant la politique du carbone à partir de ce que j’ai observé à ce jour au Canada et ce que je prévois pour l’avenir.

Ma première hypothèse, c’est qu’il sera impossible d’établir le prix des émissions provenant de la plupart des gaz à effet de serre associés aux activités agricoles ou forestières. Je ne m’attends pas à ce que les émissions directes, par exemple d’oxyde nitreux, de méthane ou d’autres émissions directes provenant des activités agricoles ou forestières soient prises en compte dans une future politique fédérale ou provinciale sur le carbone.

Je présume également que la future politique sur le carbone, à quelques exceptions près, fera augmenter globalement le prix des carburants utilisés dans les activités agricoles ou forestières. Il y aura donc une hausse des prix du gaz naturel, du mazout, de l’essence, du diesel et de l’électricité. Cette hausse aura une incidence sur les intrants. Si un agriculteur utilise une grande quantité d’engrais, à forte intensité énergétique, cela se répercutera sur leurs prix, mais il y aura alors une certaine interaction avec le commerce international. Si vous utilisez des carburants directs, vous devrez payer plus cher. Je suis enclin à penser que c’est ce qui se passera avec la politique sur le carbone. À en juger par ce qui se passe aujourd’hui, cela semble plausible. Je suppose que c’est inévitable, mais si les agriculteurs peuvent acheter les intrants d’Europe, ils pourront peut-être éviter ces hausses de prix.

J’ai cependant l’impression que, au fur et à mesure que la politique sur le carbone deviendra plus largement acceptée, nous observerons une diminution de la consommation directe de carburant. Le carburant utilisé pour les opérations agricoles ne génère pas beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre, mais nous observerons une diminution de sa consommation dans ces secteurs agricole et forestier. Cette réduction se fera à parts plus ou moins égales. C’est ce qu’indique ma recherche. Il y aura une réduction directe dans les exploitations agricoles. Par exemple, les agriculteurs auront tendance à utiliser davantage d’intrants dont le prix n’est pas fixé par la politique sur le carbone. Ils embaucheront peut-être des spécialistes qui les aideront à rationaliser la façon de préparer et de récolter leur production de manière à utiliser moins de carburant. L’autre moitié proviendra, d’après ce que je comprends, de la modernisation de l’équipement agricole ou forestier fonctionnant au carburant.

Par ailleurs, les agriculteurs commenceront peut-être à se demander si leurs cultures actuelles sont trop énergivores. Parmi les cultures que nous produisons au Canada, ce sont probablement les oléagineux qui nécessitent le plus de carburant. On pourrait donc voir une diminution de la superficie et de la production de ces produits au fur et à mesure que la politique sur le carbone sera déployée.

Comme je l’ai dit, comme les intrants à forte intensité énergétique coûteront vraisemblablement plus cher, ils seront importés en plus grande quantité, si cela est possible. Le coût de production de ces intrants augmentera au Canada. Nous pourrions donc voir leur production diminuer si nous n’avons pas d’ajustements fiscaux correspondant à la frontière pour faciliter l’importation d’intrants de l’étranger.

L’autre mesure est la tarification du carbone. L’Alberta s’est déjà dotée d’un régime de tarification et le Québec et l’Ontario prévoient le faire. Nous verrons émerger des marchés du carbone et je crois que les secteurs forestier et agricole y seront des acteurs importants. Je m’attends à ce que ces marchés prennent de la maturité. Malgré certains problèmes dont nous avons entendu parler, je m’attends à ce que ces marchés se développent. Il devrait y avoir un nombre grandissant de négociants qui agiront comme intermédiaires en regroupant et en garantissant les crédits carbone qui seront ensuite vendus à des gens qui les négocieront sur les marchés finals du carbone.

Avant de conclure, j’ajouterais que, au fur et à mesure que la politique sur le carbone évoluera, il faut s’attendre à des différences marquées d’une province à l’autre. Je le répète, les prix du carburant augmenteront, mais de façon variable, non seulement parce que certaines provinces imposeront une taxe sur le carbone et d’autres auront un régime de plafonnement des échanges, mais parce qu’il existe aussi des différences dans la façon dont l’électricité est produite d’une province à l’autre. Ces différences auront une incidence sur les fluctuations des prix. Il y a également une différence dans le gaz naturel utilisé d’une province à l’autre. L’infrastructure n’est également pas la même d’un endroit à l’autre, de sorte que certaines personnes doivent utiliser du mazout au lieu du gaz naturel. À défaut de bien comprendre ces différences, nous ne saurons pas exactement comment les prix de ces carburants fluctueront d’une province à l’autre ni quelle sera l’incidence de la politique sur le carbone sur les secteurs agricole et forestier d’une province à l’autre. Je vous remercie.

La présidente : Merci. Nous avons entendu quatre exposés fort différents. Comme vous l’avez constaté, le thème n’était pas le même, mais les experts nous ont livré des points de vue très intéressants. Je m’attends à ce que les questions soient très variées.

Chers collègues, nous allons faire un tour de table. Comme nous avons quatre témoins et que vous voudrez probablement poser des questions à plusieurs d’entre eux, puis-je vous demander de poser vos deux principales questions au cours de la première ronde, ce qui vous donnera plus de temps pendant la deuxième?

Sénateur Maltais.

[Français]

Le sénateur Maltais : Merci, madame la présidente.

J’aurais envie de dire que vous n’êtes pas membres du club des optimistes, mais vous êtes la réalité. C’est un portrait très réaliste que vous avez fait de la situation climatique. Et un portrait très grave aussi. Je vais commencer par M. Church, si vous me le permettez.

Vous travaillez dans l’élevage des bovins. Vous nous avez démontré toute l’évolution que vous avez faite comme recherche pour en arriver à une bestiole, si on peut l’appeler ainsi, qui pourrait durer. Est-ce qu’il y a d’autres endroits sur la planète qui vivent le même problème que nous?

[Traduction]

M. Church : En fait, l’Australie a connu un problème très similaire. Ailleurs dans le monde, les pays ont tendance à miser sur l’espèce Bos indicus.

Il y a deux types de bovins. Avec le bovin à bosse, le problème se pose au moment de sa consommation. C’est comme de la semelle de botte. Le Brésil, par exemple, n’est pas reconnu pour son bœuf, tandis qu’en Argentine, comme chez nous, on élève le bovin Bos taurus, dépourvu de bosse, l’espèce la plus courante que l’on retrouve au Canada. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de nos bovins appartiennent à l’espèce Bos taurus. Nous ne gardons qu’un petit nombre de Bos indicus parce qu’ils sont aussi fous que des lièvres de mars et utilisés comme des lapins.

Au cours d’un voyage en Uruguay, j’ai été amené à réfléchir à notre race de bovins Speckle Park. À ma descente de l’avion, en récupérant mes bagages sur le tourniquet, je me suis rendu compte que tout le monde parlait espagnol et était équipé de AR-15. Je me sentais un peu nerveux là-bas comme Canadien. Puis, j’ai aperçu des Australiens et je me suis collé à eux. L’un d’eux m’a tout de suite dit : « Oh, vous êtes du Canada? » Je lui ai répondu que c’était exact. Il m’a ensuite demandé si nous avions des Speckle Park chez nous. J’ai répondu : « Non, pourquoi me demandez-vous ça? » Il m’a expliqué que les Australiens en étaient fous et les utilisaient dans l’Outback. Je lui ai dit : « Vous élevez des bovins canadiens dans l’arrière-pays? Oui, a-t-il répondu, nous lâchons des Angus là-bas pour qu’ils se reproduisent avec nos Bos indicus et, au bout de quatre semaines, ils sont morts, mais ces petits Speckle Park canadiens », qui provenaient de Maidstone, en Saskatchewan, près de North Battleford, « ils sont braves et solides comme du roc. »

Je vais à la Western Agribition, à l’extérieur de Toronto. C’est la plus importante foire agricole et il semble qu’un visiteur sur deux que nous y rencontrons vient d’Australie. Les Australiens achètent tous les embryons et tout le sperme qu’ils peuvent trouver pour les rapporter en Australie. La Californie est aux prises avec le même problème.

Les bisons étaient répartis sur une très vaste superficie, tandis que les bovins proviennent d’une zone très restreinte. À court terme, nous pouvons utiliser cette solution conçue au Canada sur laquelle misent d’autres pays actuellement. Nous avons seulement à faire de la sensibilisation.

J’applaudis l’approche adoptée par le groupe d’experts, en ce sens que je ne peux trouver un scientifique crédible nulle part dans le monde, et j’en ai cherché, affirmant qu’il n’y a pas de changements climatiques, et c’est une bonne chose. Les climatosceptiques, je veux dire, il reste encore quelques entreprises de relations publiques, les Amis de l’environnement, tous soutenus par Exxon, qui veulent nous convaincre qu’il y a des doutes, mais c’est pratiquement indéniable. Nous en sommes maintenant rendus au point où il faut vraiment songer à l’adaptation. Pour répondre à votre question, oui, l’Australie s’y est déjà mise. La Californie est aux prises avec le problème.

[Français]

Le sénateur Maltais : Est-ce qu’il serait juste d’avancer que le réchauffement est plus important, plus présent dans les grands espaces comme le Canada — vous parlez de l’Australie, du Brésil et de l’Argentine — que dans les pays européens par exemple, qui sont assez restreints, mais qui ont tout de même des troupeaux importants? Est-ce que vous avez constaté qu’il y avait le même problème qu’ici, au Canada?

[Traduction]

M. Church : Je pense que les grands pays sont aux prises avec des problèmes plus importants parce que le bétail a tendance à vivre davantage à l’extérieur. En Europe, à bien des endroits, surtout lorsque les productions bovine et laitière sont intégrées, le bétail a tendance à être gardé à l’intérieur, il est donc plus facile de leur donner de l’ombre. Dans les vastes zones d’élevage, notamment dans certaines régions des États-Unis, au Canada et en Australie, le bétail vit à l’extérieur.

Lors des incendies dans la région de Kamloops, nous aurions probablement atteint les 40 degrés Celsius dans la région intérieure, mais à cause de la fumée, la température est restée autour de 38 degrés. Des températures avoisinant les 42, 43, 44 ou 45 degrés Celsius sont incompatibles avec notre Bos taurus, du moins avec les bovins que nous élevons, surtout du type Angus, ou du côté de la production laitière, des vaches Holstein.

[Français]

Le sénateur Maltais : D’accord, merci. Je reviendrai peut-être à la deuxième ronde. Je n’ai pas fini avec vous.

Cependant, j’aimerais poser une petite question à M. Elkin. La forêt subit-elle le même sort que les veaux et que les vaches, si je vous ai bien entendu? Et est-ce que ça s’applique uniquement dans les grandes surfaces, les pays à grande surface, ou est-ce que les petits pays rencontrent le même problème?

[Traduction]

M. Elkin : Je peux répondre directement, parce que, avant de revenir au Canada, il y a trois ans, j’ai travaillé en Suisse pendant six ans. Nous ne pouvons pas dire que la Suisse soit un petit pays, mais elle est plus petite. Par contre, les Suisses considèrent que les répercussions climatiques sur les forêts sont graves, voire très graves, pour la simple raison que la population vit beaucoup plus près des forêts. Dans certains villages blottis dans des vallées densément boisées, les forêts ne servent pas seulement à la récolte de bois d’œuvre ou au maintien de la biodiversité, mais à protéger la population contre les graves aléas gravitaires, comme les avalanches ou les chutes de pierres.

Cela nous ramène à ce que je disais, à savoir que nos forêts nous fournissent, tout un éventail de services écosystémiques différents et nous devons évaluer comment ces différents services écosystémiques seront touchés par les changements climatiques. Dans ce cas, si nous nous contentons de dire : « Comment le climat va-t-il influer sur votre production de bois », dans une certaine mesure, je pense que vous avez raison. Il n’y a pas de participation aussi importante, parce que c’est une assise territoriale plus petite où la contribution est moindre. Mais si l’on tient compte de toute la gamme de valeurs que les forêts apportent à ce genre de petits territoires, je dirais que oui, ils font face au même genre de défis auxquels nous sommes confrontés en ce qui concerne les impacts climatiques sur les forêts dans un pays aussi massif que le Canada.

[Français]

Le sénateur Maltais : Si on compare le Canada aux pays scandinaves, mais en regroupant les pays scandinaves, comment se portent ces derniers?

[Traduction]

M. Elkin : À certains égards, c’est une bien meilleure comparaison parce qu’il s’agit davantage de forêts boréales et sous-boréales qui sont équivalentes au type de forêts de conifères que nous avons dans le Nord de la Colombie-Britannique. Ils font face au même genre de défis, à condition que le climat prévu qu’ils vivront au cours des 50 ou 60 prochaines années soit légèrement différent de ce que nous attendons ici également. Cependant, je vois un changement prévu par une augmentation de la température. Il s’agit vraiment de précipitations et cela revient à ce que John disait. Les précipitations dans bon nombre de ces systèmes sont essentielles. Si nous voyons une augmentation de 2 degrés, cela peut en fait augmenter la saison de croissance, augmenter le nombre de degrés-jours de croissance, la forêt, et cela pourrait être bénéfique, mais cela augmentera aussi l’évapotranspiration. Cela causera un stress plus négatif lié à la sécheresse. Par conséquent, les détails seront différents, selon le climat que connaîtront les Norvégiens ou les Finlandais à l’avenir, mais c’est comparable. Ils font face aux mêmes défis.

Le sénateur Maltais : Merci.

La sénatrice Gagné : Monsieur Innes, vous avez mentionné que la diversité des cultures est certainement très importante, étant donné que nous obtenons 80 p. 100 de nos calories de 12 espèces de cultures et que nous obtenons probablement 90 p. 100 de nos calories de 15 cultures. C’est tiré du livre de Rob Dunn, Never Out of Season. Je ne sais pas si ce sont des statistiques des États-Unis, mais le fait est qu’il y a un manque de diversité des cultures au Canada. Nous voulons nourrir le monde et nous avons beaucoup mis l’accent sur la productivité et l’augmentation de la production. En raison de ce manque de diversité des cultures, je pense que nous sommes très vulnérables à une destruction généralisée par les maladies ou les parasites.

Quels défis les changements climatiques posent-ils au Canada en ce qui concerne l’identification des maladies et des différentes espèces de parasites qui vont probablement envahir nos cultures dans le Nord?

M. Innes : Eh bien, je peux parler des forêts, pas de l’agriculture. Je ne connais pas bien les ravageurs et les maladies agricoles. En ce qui concerne les ravageurs et les maladies de la forêt, il y a tout d’abord un risque accru d’introduction d’espèces envahissantes qui sont en partie transportées par des humains, par des cargaisons, mais aussi par les changements climatiques. Il y a des zones forestières qui sont déjà en état de stress lorsqu’un insecte ou une maladie fait son apparition. Cela n’avait peut-être pas d’effet particulier lorsque les arbres étaient en très bonne santé, mais dès qu’ils commencent à être stressés par la sécheresse, entre autres, ils deviennent très sensibles aux espèces. Par exemple, lors de la sécheresse survenue récemment en Californie, qui aurait tué plus de 100 millions d’arbres, ces arbres ont été en grande partie tués par des coléoptères. Nous n’avons pas ces espèces de coléoptères ici, mais nous pourrions y faire face.

Une autre chose que nous constatons, surtout dans le cas des coléoptères, c’est que leur cycle de vie change. Donc, dans le passé, on pouvait avoir une couvée par année. Nous voyons maintenant deux couvées par certaines espèces. Ils couvrent donc un cycle de vie deux fois au cours d’une année donnée, plutôt qu’une. Cela signifie qu’ils peuvent infecter ou causer deux fois plus de dommages.

En ce qui concerne les maladies, nous en avons vu certaines se propager, et nous croyons qu’elles sont peut-être liées aux changements climatiques. C’est peut-être associé à une meilleure reconnaissance. Un bon exemple de cela est la Phytophthora, une maladie qui touche divers arbres. Nous n’avons pas encore eu de gros problèmes au Canada, mais nous avons vu, par exemple, au Royaume-Uni, presque toute la population de larves anéantie par cette maladie. C’est une maladie qui préoccupe beaucoup les pathologistes. Ils l’ont vue se répandre à certains endroits, comme au Chili, où elle a affecté des plantations de pin radiata. Si nous avions cette maladie ici, et c’est certainement aussi loin au nord que l’Oregon et Washington, il est fort probable qu’elle se propagerait ici, nous aurions des problèmes.

Nous avons aussi, comme je l’ai dit, les maladies qui se propagent en partie par la façon dont nous déplaçons les plantes autour de nous ou les produits végétaux. Nous avons observé des cas au Royaume-Uni avec la maladie du frêne, le dépérissement du frêne. Nous avons constaté ces problèmes dans nos arbres Arbutus. Le fléau était déjà apparent lorsque je suis arrivé au Canada en 1999 et j’ai demandé à Ressources naturelles Canada ce qui se passait. Et ils ont dit : « Oh, c’est de la sécheresse. » J’ai dit : « Eh bien, j’en sais assez sur la maladie pour savoir que ces arbres souffrent d’un pathogène. » Il s’avère que c’est un pathogène qui est arrivé sur le noyer commun en Californie et qui est passé des noix de Grenoble à l’Arbutus, puis s’est répandu jusqu’en haut et c’est pourquoi il y a eu beaucoup d’Arbutus retrouvés morts ici. Il a fallu un doctorant à l’Université de Washington pour trouver une solution. Je pense que nous en verrons davantage.

Le problème, c’est que nous ne savons pas ce qui s’en vient, parce que parfois les maladies se transforment, elles passent d’une espèce à une autre que nous n’avons jamais vue auparavant et nous commençons seulement aujourd’hui à mieux comprendre certaines de ces maladies, grâce à la génomique et aux analyses génétiques qui nous permettent de séparer les différentes espèces et de déterminer ce qui affecte quoi et où.

M. Church : Si vous me permettez d’ajouter quelque chose, la plupart des éléments dont John a parlé en foresterie s’appliquent aussi à l’agriculture. C’est à peu près la même histoire.

M. Elkin : Pour appuyer ce que John vient de dire, nous devons vraiment commencer à réfléchir à la façon dont nous pouvons appuyer les systèmes forestiers qui seront plus résilients. Compte tenu de tous les problèmes dont vous parlez — la transmission, la susceptibilité — si nous essayons de construire des systèmes qui seront plus résistants à un avenir incertain dans lequel nous ne pouvons pas identifier le prochain parasite, l’impact qu’il aura sur nos forêts, l’une des façons les plus faciles de le faire est de bâtir une complexité en ne se concentrant pas principalement sur une seule espèce, mais vraiment en ciblant toutes les espèces qui font partie de nos systèmes forestiers.

M. Gulati : Je sais que vous allez venir à l’Université de la Colombie-Britannique demain et Sean est l’une des personnes que vous allez rencontrer. Il réfléchit beaucoup à la façon d’aborder l’agriculture face aux changements climatiques. Je ne pense pas qu’il ait tant pensé aux parasites, mais nous pourrions vous trouver quelqu’un si cela vous intéresse. Il y a quelques entomologistes qui se sont penchés sur les cas de parasites et à l’agriculture.

La sénatrice Gagné : Quelle recommandation aimeriez-vous que nous fassions au gouvernement du Canada?

M. Innes : J’aimerais voir un système de surveillance des ravageurs et des maladies plus solide et plus complet. Nous avions l’un des meilleurs systèmes au monde, l'Enquête sur les maladies des arbres et des insectes dont j’ai parlé. Comme je l’ai dit, cette responsabilité a été déléguée aux provinces, qui, au mieux, ont été dispersées dans la façon dont elles l’ont mise en œuvre. À mon avis, il s’agit en fait d’un problème pancanadien. Je crois que le Conseil canadien des ministres des forêts doit se pencher sur cette question. Je pense que le gouvernement du Canada pourrait encourager les ministres provinciaux à mettre en œuvre ce qui est déjà connu de façon plus efficace, à veiller à ce qu’il y ait une bonne couverture sur l’ensemble du pays et à ce que nous comprenions ce qui se passe et où ces maladies et insectes se propagent.

M. Church : D’autre part, et c’est plus ou moins l’un des héritages de l’ancien gouvernement Harper, c’est qu’il y avait vraiment une harmonisation avec la recherche menée par l’industrie, axée ou en partenariat avec l’industrie et cela ne fonctionne que dans un paradigme où nous acceptons que l’industrie sache ce qu’il faut. Je vois bien qu’il y aura une immense catastrophe et que lorsque le stress thermique atteindra un certain seuil, il y aura des cas d’hypothermie et de pertes de bétail dans les pâturages, mais mes collègues de l’industrie ne voient pas vraiment cela comme un problème. S’ils vous parlaient, ils vous diraient des choses comme : « Eh bien, nous élevons les bovins de façon plus efficace », « Nous utilisons la technologie d’implant » et « Au lieu de sept livres de grain par livre de bœuf, nous élevons une livre de bœuf pour cinq livres de grain ». Ce n’est pas de cela que nous parlons. Ce n’est pas ce qui va être fait.

Ce qui me fait peur, c’est que je vois déjà d’énormes cas de stress thermique dans l’Ouest canadien, mais si je parle à mes collègues de l’élevage : « Vraiment? », « Vous voyez, quand ils ont la bouche ouverte, ce n’est pas normal. » L’un des problèmes, c’est que nous avons tout aligné au cours des dernières années. Le pendule qui vient vraiment de l’industrie doit savoir ce qu’il y a de mieux et il doit être pertinent pour l’industrie. C’est peut-être logique sur le plan économique, mais si vous voulez faire de grandes percées, apporter de grands changements ou agir rapidement, c’est presque un obstacle dans la façon dont nous avons organisé les choses.

M. Gulati : J’ai deux recommandations. La première est que nous souscrivons à la politique sur le carbone et à la tarification dans les secteurs agricole et forestier. Je pense que les réductions d’émissions les moins coûteuses se font dans ces secteurs et nous pourrions les exclure. Nous perdons aussi la possibilité de réduire le coût de l’atteinte de nos objectifs climatiques et nous réduisons la capacité de créer de bons marchés du crédit qui pourraient en fait aider à compléter les revenus de ces secteurs.

L’autre chose, c’est que je veux me faire l’écho de ce que John a dit. Je pense que c’est la même chose en sciences sociales. Il y a des fonds de recherche qui ne sont pas destinés aux secteurs appliqués, comme l’agriculture et la foresterie. C’est la même chose au CRSH, comme vous l’avez mentionné et au CRSNG. Une autre recommandation serait que nous réfléchissions davantage sur les façons d’obtenir du financement pour la recherche dans des secteurs appliqués comme l’agriculture et la foresterie.

M. Elkin : Si vous me permettez d’ajouter quelque chose, j’ai dit que la diversification du point de vue écologique et biologique peut être un moyen d’atténuer ou de réduire les impacts climatiques. Le même genre d’argument s’applique également au secteur forestier. Si nous pouvions voir une plus grande diversité dans la façon dont nous utilisons nos forêts, dans la façon dont elles sont gérées, nous serons probablement en mesure d’être plus résilients face à l’avenir également. Cela a le double impact que, à l’heure actuelle, nous avons une industrie, du moins dans l’Ouest canadien — et il est difficile de dire que la foresterie est uniforme partout au Canada — qui a été conçue, au cours des 50 dernières années, pour le faire d’une façon clairement et nous sommes toujours dans cette mentalité. Nous devons nous éloigner de cela pour penser à une gamme de produits différents que nous pouvons obtenir de nos forêts, mais aussi comment les gérer, pour maintenir davantage la diversité.

Le sénateur R. Black : Monsieur Church, d’entrée de jeu, vous avez dit que vous étiez le seul à en parler ou qu’il y en avait très peu. Qui d’autre en parle et comment pouvons-nous en faire un enjeu plus important?

M. Church : Au Canada, je suis probablement l’un des premiers. Ma mentore est une femme du nom de Temple Grandin. Elle m’a vraiment fait réaliser qu’on commence à observer plus de respiration à bouche ouverte et d’autres signes semblables. Même ici, au Canada, il y a Cynthia Daley et Cassandra Tucker, en Californie qui ont ce problème.

Pour ce qui est de votre question sur la façon d’accroître la sensibilisation, j’espère que lorsque le comité rencontrera le Conseil de recherche sur les bovins de boucherie ou l’Association canadienne des éleveurs de bovins — et je sais que cela figure plus loin à l’ordre du jour —, vous leur poserez des questions à ce sujet. « Qu’en pensez-vous? »

Quoi d’autre? Il est difficile de savoir quel genre de chaire nous pourrions utiliser pour soulever cette préoccupation.

Le sénateur R. Black : Monsieur Innes, vous avez parlé de la dissociation des processus écologiques. Pourriez-vous m’expliquer cela encore une fois?

M. Innes : Ce que nous voyons dans beaucoup de processus écologiques, ce sont des liens entre différents organismes, variant en fonction de la température, de l’humidité ou de la lumière du jour.

Pour vous donner un exemple d’un problème, l’an dernier, nous avons eu un printemps très froid, un froid inhabituel. Lorsque vous avez regardé les cartes du Canada, le bleu était en fait au-dessus de la Colombie-Britannique, et non pas au-dessus de Toronto où il se trouve normalement. Cela a donné lieu à des choses très étranges. Dans mon jardin, par exemple, les rhododendrons fleurissaient. Normalement, quand un rhododendron fleurit, vous voyez la fleur, puis les pousses apparaissent après que la fleur meurt; et elles se développent, puis les bourgeons se forment, et ainsi de suite. L’année dernière, les pousses se sont développées avant que les fleurs ne sortent parce que les pousses sont contrôlées par la lumière du jour et les fleurs, par la température. Si vous commencez à trouver que la température est froide ou chaude, peu importe ce que vous observez, que ça ne reçoit pas la lumière du jour, alors des choses étranges se produisent.

Les effets les plus importants se produisent lorsque, par exemple, vous avez, non pas un exemple forestier ou écologique, mais des oiseaux migrateurs qui se déplacent vers le nord. Ils arrivent à certains endroits précis pour se procurer de la nourriture. Si ces sources de nourriture ne sont pas disponibles, ces oiseaux mourront. Si les colibris reviennent trop tôt et qu’il n’y a pas de fleurs, ils vont mourir.

C’est l’enchaînement de ce qu’on appelle la phénologie, quand on observe que ces différents organismes qui dépendent de sources alimentaires particulières et de la période de reproduction de leurs petits pour profiter de ces sources alimentaires sont perturbés, c’est à ce moment que nous commençons à voir des problèmes. Si des oiseaux arrivent dans l’Arctique, je veux dire qu’ils y migrent et qu’il y a encore de la neige ou de la glace, ils feront face à de graves problèmes.

M. Innes : C’est ce que je veux dire quand je parle de la dissociation de ces processus écologiques.

Le sénateur R. Black : Je comprends.

Sumeet, l’une de vos recommandations était d’adopter la tarification du carbone. Comment adopter cette recommandation? Passons à l’étape suivante. Comment faire?

M. Gulati : À l’heure actuelle, nous avons pensé à une tarification du carbone fondée uniquement sur les carburants et nous ne parlons pas d’émissions directes. Il est difficile de les mesurer, mais c’est ainsi que les choses se font. Les émissions directes de l’agriculture, comme le méthane, n’en feraient pas partie une fois que nous aurions introduit ces émissions directes, ce que nous essayons de faire, par exemple, en Alberta. La Colombie-Britannique prévoit inclure le brûlage à la torche dans ses émissions. Si nous pouvons commencer à faire cela, en examinant les émissions qui ne sont pas à base de carburant, nous obtiendrons des réductions d’émissions qui sont beaucoup moins coûteuses, surtout dans le secteur manufacturier.

Le sénateur R. Black : Merci.

Le président : J’ai une question concernant l’association Canadian Sperkle Park. Cette race a-t-elle été développée spécifiquement pour être préparée au changement climatique ou était-ce une coïncidence?

M. Church : Je pense que c’est une coïncidence, mais c’est aussi une question d’origine. Cet endroit, Maidstone, en Saskatchewan, est situé près de North Battleford. Il fait moins 40 degrés en hiver, il n’y a pas beaucoup d’abris et il fait plus de 40 degrés en été. Donc, je pense que c’est vraiment un groupe de personnes vers 1930 qui ont décidé que c’était une bonne race. Ils les aimaient vraiment et ils y étaient plutôt dévoués. Il s’agit en quelque sorte d’un troupeau fermé, mais je pense que c’était plutôt parce que c’était un endroit difficile à vivre.

Je m’excuse si quelqu’un vient de la Saskatchewan. Je suis né à Saskatoon, mais, étant donné qu’il fait moins 40 degrés et que le vent souffle, ce n’est pas un endroit où il fait bon vivre.

Le président : Je viens de l’Île-du-Prince-Édouard. Mon frère est producteur de bœuf et j’étais dans le club des 4H quand j’étais enfant. C’est donc une nouvelle race. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant et c’est pourquoi je me demandais s’il avait été élevé pour ces raisons spécifiques.

M. Church : Ce n’est que la deuxième race de bœuf à être développée au Canada. Donc, je pense que c’est unique. C’est bien que nous ayons déjà cette solution canadienne établie, mais je pense qu’à long terme nous devrons nous tourner vers le bison.

On pourrait appliquer le même principe aux plantes. Habituellement, les plantes évoluent dans une zone sur une vaste distribution géographique et tous mes collègues du domaine des plantes disent : « Oui, c’est logique. » Les bovins ont évolué dans des régions géographiques relativement plus petites. Je pense que c’est tout à fait logique. Nous savons qu’ils peuvent se croiser. Nous devons déterminer comment le bison peut changer aussi rapidement. Je peux voir que la situation va empirer en Californie et qu’elle va commencer à s’aggraver ici. J’ai parlé avec le plus éminent climatologue des États-Unis et il m’a dit : « Si vous voulez savoir ce qui va se passer au Canada, regardez ce qui se passe dans des endroits comme le Nord de la Californie. Ce sera la Colombie-Britannique dans 20 ans. » Donc, quand le bétail meurt en quantité anormale en Californie, je me dis : « Bon sang, où j’habite à Kamloops, où il fait déjà 40 degrés Celsius en été, quand nous commencerons à atteindre 45 degrés, ça va commencer à devenir sérieux. »

La présidente : Merci.

Pour le deuxième tour, sénateur Maltais.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je veux revenir à vous, professeur Elkin. Vous savez, les forêts relèvent de la compétence provinciale. Le gouvernement fédéral participe à leur gestion par des transferts, selon la Constitution canadienne. Maintenant, c’est aux provinces de prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les forêts. Les changements climatiques, c’est une autre paire de manches. Vous savez, ces changements coûtent des sous. La preuve, monsieur Church, vous travaillez dans le domaine de l’élevage du bétail, mais vous savez que le bœuf canadien de l’Ouest est le seul qui n’est pas admis à la traçabilité, parce que les éleveurs ne veulent pas payer. Vous savez ça. C’est clair et précis. Donc, pour évoluer, ça coûte des sous, autant à l’entrepreneur qu’au gouvernement. Il est évident que l’on n’aura pas de solutions faciles et, en ce moment, le fait que le bœuf canadien ne soit pas soumis à la traçabilité nous nuit dans les traités de libre-échange, parce que les éleveurs ne veulent pas payer la coupe, alors que dans les provinces comme le Québec et l’Ontario, c’est obligatoire. Ils n’ont pas le choix.

Pour revenir à la taxe sur le carbone, c’est la même chose, monsieur Elkin. Les provinces vont percevoir une taxe sur le carbone. Est-ce qu’ils vont en verser les recettes pour favoriser la recherche? Qu’est-ce qu’ils comptent en faire? Déjà, les provinces qui perçoivent cette taxe, de par leurs lois et règlements, sont obligées de la réinvestir dans la recherche, que ce soit dans le domaine des transports, de l’agriculture ou de la foresterie. Est-ce que la Colombie-Britannique est prête à se lancer demain dans cette initiative? Je vous pose la question.

[Traduction]

M. Gulati : Je vais commencer par la question de la taxe sur le carbone. Je crois que vous avez demandé à quelles fins serviraient les recettes de la taxe sur le carbone. C’est différent d’une province à l’autre, comme vous l’avez dit. Il s’agit d’un mandat provincial. Les provinces établissent des politiques sur le carbone, mais elles subissent des pressions de la part du gouvernement fédéral et je crois que cette pression du gouvernement fédéral vise à établir une certaine uniformité entre des provinces différentes. Le gouvernement fédéral a cette latitude, celle de juger ce qui constitue une taxe globale sur le carbone et ce qui n’en constitue pas une, car ils ont tout simplement la capacité de faire cela.

Au chapitre des recettes, différentes provinces font différentes choses. La Colombie-Britannique a opté au départ pour une taxe sur le carbone sans incidence sur les recettes, pas tant pour la recherche et le transport, mais nous avons simplement remis tout l’argent sous forme de réductions d’impôts et d’impôts des entreprises de même qu’en crédits d’impôt pour les personnes à faible revenu. Alors, elles ont été remises. J’oserais dire que c’est la raison pour laquelle notre taxe sur le carbone a résisté à l’épreuve du temps. Si elle ne comportait pas cette caractéristique de réinjection des recettes, si elle entraînait des coûts de recherche importants, la taxe sur le carbone aurait été éliminée dès la deuxième élection que nous avons tenue.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je vous comprends. Ce que vous dites est vrai. Par contre, il faut que la taxe perçue sur le carbone revienne à la recherche et développement pour avoir un effet de réduction des émissions des GES, et cela figure dans les lois et les règlements provinciaux. C’est bien beau de percevoir une taxe auprès de l’agriculteur pour la verser dans les services sociaux, je n’ai rien contre cela, mais ça risque de mettre l’agriculteur en colère et ça ne réglera pas le problème des GES. Alors, ce qu’il faut, c’est que la perception de la taxe sur le carbone serve spécifiquement à la recherche. Qu’il s’agisse du domaine de la foresterie, de l’agriculture, du transport ou de la navigation, il faut que cette taxe serve à vous, les chercheurs, et non pas à financer les timbres-poste. Cela, je pense que c’est la responsabilité des provinces.

Bien sûr, le gouvernement canadien a la responsabilité d’avoir une taxe sur le carbone la plus uniforme possible, mais comme le Canada est un immense pays avec différents coins bien précis, que ce soit dans les Maritimes, de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’à Victoria, ce n’est pas pareil. Aujourd’hui, ici, il fait 3 degrés, et à Ottawa, avec le refroidissement éolien, il fait -27. Vous voyez, on est dans le même pays, mais on n’a pas la même température. À Ottawa, aujourd’hui, les gens réclament le réchauffement de la planète.

Donc, ce qu’il faut, c’est prévoir une uniformité. Ça, c’est le devoir du gouvernement canadien. Si vous aviez une recommandation à faire au gouvernement canadien sur l’uniformité de la taxe sur le carbone, quelle serait-elle?

[Traduction]

M. Gulati : C’est vraiment difficile à dire. Que recommande-t-on pour uniformiser la taxe sur le carbone? Je pense qu’une façon de quantifier cela serait de mesurer le coût d’une unité de réduction de carbone, et je crois que c’est ce que le gouvernement tente de faire. On essaie de mesurer le coût d’une réduction uniforme du carbone, par tonne de carbone, et on tente de déterminer si cette réduction est constante d’une province à l’autre. Je crois qu’il y a pas mal de lobbying qui entre en jeu : les négociations seront ardues. Si nous avions une politique pancanadienne consensuelle sur le carbone, cela pourrait constituer une première étape. Puis, pour la prochaine étape, nous pourrions songer à une plus grande uniformité.

Pour revenir à ce que vous avez dit sur la recherche, je crois que l’idée de rediriger certaines des recettes de la taxe sur le carbone vers les chercheurs est excellente, mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée politiquement. Dans le Nord de la Colombie-Britannique, nous avons établi une politique sur le carbone régressive et elle coûte plus cher par personne dans les régions rurales de notre pays que dans les régions urbaines, par unité de revenu, je veux dire. Ce que nous pourrions faire serait d’en retourner une plus grande part, en ciblant les régions rurales, là où les impacts se font le plus sentir. Cela ressemble à ce que vous dites. Au lieu de cibler la recherche, je crois que nous pourrions cibler les services sociaux ou les remboursements aux régions les plus touchées par les répercussions de cette politique.

La présidente : Je ne vois pas d’autres mains. Je présume que les gens ont obtenu réponse à leurs questions. J’aimerais remercier ce groupe. Nous avons entendu des exposés très intéressants et c’était formidable de vous avoir parmi nous.

Nous allons maintenant passer à notre prochain groupe de témoins. Merci beaucoup à tous d’être passés parmi nous. Je vais commencer par présenter Mme Karen E. Kohfeld, du Laboratoire de recherche sur le climat, les océans et le paléoenvironnement de l’Université Simon Fraser, M. Craig Nichol, des Sciences de la terre et de l’environnement à l’Université de Colombie-Britannique à Kelowna et M. David Scott, des Sciences de la terre et de l’environnement à l’Université de Colombie-Britannique à Kelowna.

Le greffier vous a informés de la façon de faire des exposés, puis les sénateurs vous poseront des questions. Nous ferons autant de tours de questions qu’il sera nécessaire pour bien cerner la question.

Madame Kohfeld.

Karen E. Kohfeld, professeure, Laboratoire de recherche sur le climat, les océans et le paléoenvironnement, Université Simon Fraser, à titre personnel : Merci beaucoup de cette invitation.

J’aimerais commencer par expliquer un peu mon parcours. Mon domaine d’étude est la science des systèmes terrestres et j’étudie les effets des changements climatiques naturels et induits par l’homme, de même que les cycles du carbone. La période que j’étudie est généralement celle des 100 000 dernières années. Je travaille actuellement pour une école de gestion des ressources et de l’environnement, et la plupart de mes étudiants, quand ils ont complété le programme, travaillent pour le compte d’agences fédérales, provinciales et municipales. Lorsque je conçois des projets avec eux, ils ont tendance à vouloir se pencher sur des phénomènes qui se sont produits un peu plus récemment. Par conséquent, mon programme de recherche a pris de l’ampleur et couvre bon nombre de sujets. J’enseigne toujours cette période et je m’intéresse à la compréhension du processus de changement climatique et des cycles du carbone. Mais je travaille également, avec ces étudiants, avec des agences afin de mieux comprendre les changements historiques affectant les phénomènes météorologiques extrêmes et le comportement du vent, particulièrement dans notre province. Je travaille de concert avec Parcs Canada à l’observation du comportement des incendies au cours des 10 000 dernières années et jusqu’à aujourd’hui. Une grande part de notre travail actuel, avec les étudiants, porte sur les cycles du carbone en zone côtière. Je vais parler dans quelques minutes du carbone bleu et également de certains effets de l’acidification des océans sur nos côtes, mais je ne développerai pas ce sujet aujourd’hui. Je vais plutôt concentrer mon attention sur le carbone bleu.

Comme vous pouvez le voir, en raison de mes fonctions, mes domaines d’intérêt en recherche sont très vastes. Les thèmes que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui sont très précis : l’un porte sur les changements dans un projet que j’ai mené de concert avec Charles Currie, du Pacific Climate Impacts Consortium, et un étudiant à qui nous enseignions tous les deux et qui analysait les impacts des changements climatiques sur la relation entre la vitesse du vent et le ruissellement. Le but de ce projet était de comprendre où, lors de nos périodes de sécheresse, trouver des vitesses éoliennes plus élevées que la normale. Si une situation de production hydroélectrique minimale venait à survenir, où pourrions-nous trouver des vitesses éoliennes suffisantes pour amortir ces changements et les pallier en comptant davantage sur l’énergie renouvelable?

C’était là le but de ce projet, mais aux fins de ce comité, qui met l’accent sur l’agriculture et la foresterie, j’ai cru qu’il serait plus pertinent de parler des changements dans le ruissellement. Aux fins de notre propre simulation, nous avons observé les simulations du Modèle régional canadien du climat pour la Colombie-Britannique et nous avons effectué des simulations de 1979 jusqu’à la fin de notre siècle. Le principal résultat dont je voulais vous faire part concerne le changement dans le ruissellement dans tous les sites de la province. La période de ruissellement maximal, la crue printanière, aura lieu un mois plus tôt au printemps quand nous serons arrivés à la fin du siècle. Tous les ans, le ruissellement maximal se produit lors de la fonte des neiges, lorsque de grandes quantités d’eau se jettent dans les bassins hydrographiques. Ceci se produit généralement au cours des mois de mai et juin et nos simulations affichent un devancement de la période de ruissellement maximal vers le début de la saison, bien que le ruissellement maximal de l’automne continuerait de se produire au même moment. Ceci laisse supposer que la saison sèche sera plus longue. L’intervalle entre les deux périodes de ruissellement maximal s’allonge.

Ceci signifie que nous pouvons nous attendre à une saison sèche plus longue pendant les mois du printemps et de l’été en Colombie-Britannique, et je pense que cela aura des répercussions sur la gestion des ressources en eau et leur disponibilité dans les collectivités et les régions agricoles. Ceci aura également pour conséquence — surtout si l’on ajoute à cela les températures plus chaudes auxquelles nous nous attendons d’ici la fin du siècle — une saison sèche plus longue. C’est le point principal de cette première étude que je voulais vous présenter. Il faut noter que d’autres études montrent des observations semblables quant à la situation actuelle et leurs simulations de l’avenir prévoient des changements similaires.

Le deuxième domaine de recherche dont je voulais parler porte sur ce qu’on appelle le « carbone bleu ». C’est le fruit de mon travail avec des collaborateurs de Parcs Canada et de Pêches et Océans Canada, de même qu’un grand groupe d’étudiants qui s’intéressent au sujet. Premièrement, qu’est-ce que le carbone bleu? Il s’agit du carbone stocké dans la végétation, la biomasse et les sols, emprisonné dans les herbiers marins, les mangroves et les marais salés des zones côtières. Des études menées au cours des 10 dernières années ont démontré que ces zones ont la capacité de stocker beaucoup de carbone, et non seulement de stocker ce carbone, mais de le séquestrer. Dans certains cas, on laisse entendre que les taux d’enfouissement sont plus élevés que les taux de séquestration du carbone dans la forêt boréale. Donc, ce stockage de carbone solide a été présenté dans de nombreux contextes comme une cible possible pour l’atténuation des changements climatiques.

Mon laboratoire, de concert avec Parcs Canada et mon collègue qui est maintenant au MPO, a été financé par la Commission de coopération environnementale afin qu’il examine et qu’il quantifie ces taux sur la côte du Pacifique, car après examen des cartes mondiales, il n’y avait essentiellement aucun point dans cette région où des données colligées pourraient confirmer si le taux de séquestration était élevé ou faible.

La figure 3 montre les endroits où nous avons prélevé des échantillons pour tenter de quantifier ces changements. Nous avons prélevé des échantillons dans les herbiers marins et les marais salés autour de la région, dans la baie Boundary et plus précisément dans le parc national Pacific Rim. Notre question était de savoir si le stockage du carbone bleu pourrait être considéré comme un avantage concomitant, qui viendrait compléter tous les autres services écosystémiques offerts par ces écosystèmes côtiers.

Je vais commencer par les mangroves. Nous n’en avons pas. Je passerai ensuite aux prairies d’herbiers marins. Nous en avons et nous avons constaté qu’elles affichaient un taux de stockage du carbone plus élevé que les autres endroits à proximité, où il n’y avait pas de végétation. Pourtant, lorsque nous avons comparé ces taux aux taux mesurés ailleurs dans le monde, dans les régions tropicales et subtropicales, nous avons constaté que ces taux étaient si bas, trois ordres de grandeur plus bas que tout ce qui avait été enregistré ailleurs. Cela donne à penser que lorsque nous envisageons des choses comme le carbone bleu pour l’atténuation des changements climatiques, nous devons faire des études propres aux sites en question pour nous assurer que nous investissons nos énergies aux bons endroits et que nous faisons les bons choix. Je devrais ajouter, bien sûr, que les prairies d’herbiers marins offrent beaucoup d’autres avantages, mais le stockage du carbone ne compte pas nécessairement pour beaucoup.

Lorsque nous avons examiné les marais salés, nous avons constaté que leurs taux de séquestration par unité de superficie étaient comparables et, en fait, supérieurs aux taux publiés pour les forêts de la Colombie-Britannique. Si nous devions concentrer nos observations sur un marais salé, nous constaterions que ses taux d’accumulation de carbone sont en fait très élevés. Le seul problème, c’est que la superficie des marais salés est très petite au Canada et que la superficie des forêts boréales est très grande. Si l’on tient compte de la taille des forêts, celles-ci constituent évidemment des puits plus importants. Cependant, je pense que, lorsque nous songeons aux marais salés et à l’atténuation des changements climatiques au niveau municipal ou à plus petite échelle, ces puits de carbone pourraient devenir importants dans les choix qui sont faits à ces échelons.

L’une des choses que nous savons, c’est que, avec les changements climatiques, le niveau des mers montera considérablement partout sur la planète, ce qui place les marais salés dans une situation particulièrement difficile que nous appelons la « constriction des côtes ». Au fur et à mesure que le niveau des océans monte, les marais salés sur nos côtes se retrouvent comprimés contre des infrastructures solides. Ils n’ont plus d’espace où se réinstaller. Ils sont coincés.

Ce que ceci laisse supposer est que, à mesure que le niveau de la mer montera, nous devrons faire des choix importants quant aux terres agricoles situées sur les côtes. Nous avons actuellement des digues et nous essayons de protéger certaines de ces terres agricoles. Je pense qu’il faut également inclure dans cette équation le sort réservé à ces marais, car lorsque le niveau de la mer les érode, nous perdons cette ressource et nous perdons aussi la valeur de séquestration du carbone qu’elle nous procure.

Sur ce, je suis prête à répondre à vos questions. Je tiens à souligner que nous avons quantifié ces changements et, de ce fait, nous avons tenté de créer la capacité d’examiner ces valeurs.

La présidente : Très brièvement. Merci.

Monsieur Nichol, vous êtes le suivant.

Craig Nichol, directeur associé, chargé de cours supérieur, Sciences de la terre et de l’environnement, Université de Colombie-Britannique, à titre personnel : Je tiens à remercier madame la présidente et les autres sénateurs de m’avoir invité ici aujourd’hui.

Juste quelques mots sur mon parcours. Je suis géologue et hydrogéologue de formation. J’étudie donc les eaux souterraines, les puits d’eau et les ressources en eau. J’ai également réalisé des travaux sur les ressources hydrographiques locales de la région de l’Okanagan et j’ai travaillé avec des collègues d’Agriculture et Agroalimentaire Canada pour examiner la question de l’eau dans les sols et de l’irrigation, en plus de réaliser des projets pour quantifier les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture irriguée. Notre famille a aussi exploité une ferme de pommes de terre de semence dans la vallée de Pemberton pendant 30 ans.

Aujourd’hui, je vais me concentrer sur la question de l’eau. J’ai eu l’occasion de travailler avec les organismes qui s’intéressent à l’eau dans l’Okanagan depuis que j’y suis déménagé en 2006 et je me suis intéressé à la fois à l’aspect recherche et à l’aspect opérationnel. J’aimerais attirer votre attention sur deux choses : d’abord, le risque climatique fondé sur des données climatiques; deuxièmement, une possibilité d’adaptation reposant sur le potentiel des eaux souterraines.

La deuxième carte de la deuxième page montre une photo du bassin de l’Okanagan. Le bassin de l’Okanagan mesure environ 200 kilomètres de long par 40 kilomètres de large. Il se trouve sur le territoire traditionnel des peuples Syilx ou Okanagan. Le vert représente les hautes terres et tout autour, les zones boisées. Je vais parler davantage des zones brun pâle du centre qui représentent le creux de la vallée, où se pratique la majeure partie de l’agriculture.

La région de l’Okanagan est déjà connue pour ses longs étés chauds et, en raison des changements climatiques, on s’attend à ce qu’ils se réchauffent sensiblement, comme c’est le cas partout ailleurs. On y trouve de grands lacs et l’agriculture pour laquelle la Colombie-Britannique est connue à l’extérieur de la province est celle des fruits et de la vigne. Si vous regardez au bas de la page, vous verrez de petites taches qui représentent certains des autres secteurs agricoles de l’Okanagan : ces vergers et vignobles emblématiques ne sont qu’une partie du problème. Ils ont tous en commun de dépendre de l’irrigation. Avec les étés que connaît l’Okanagan, certaines de ces activités agricoles n’existeraient tout simplement pas s’il n’y avait pas suffisamment d’eau pour l’irrigation.

À la troisième page, vous trouverez en haut un exemple du débit du ruisseau Mission, qui est la plus importante source d’eau du lac Okanagan et qui coule à travers Kelowna. Vous serez à même d’observer ce qui a été expliqué au sujet de la fonte des neiges printanière, qui contribue à une forte augmentation du débit pendant la période de mai à juillet. J’aimerais attirer votre attention sur la ligne bleue et plate au bas, qui représente les conditions de très faible débit qui sévissent dans l’Okanagan pendant la majeure partie de la fin de l’été, alors que la demande en irrigation est à son plus fort, puis pendant l’hiver.

Plus bas, vous verrez un diagramme circulaire qui montre la répartition de l’utilisation de l’eau dans l’Okanagan. L’eau de l’Okanagan est gérée principalement par la province, mais l’Okanagan est quelque peu unique en ce sens que l’Okanagan Basin Water Board a été créé dans les années 1970 pour assurer une certaine gestion régionale de l’eau au nom des trois districts régionaux. Entre 2006 et 2010, on y a fait une étude de l’offre et de la demande, et voici quelques-uns des résultats globaux de cette étude. Comme vous pouvez le constater, l’agriculture représente 55 p. 100 de l’ensemble. Elle se situe au premier rang pour sa consommation d’eau dans la vallée. L’irrigation résidentielle constitue également 24 p. 100.

Les étés secs de l’Okanagan et les faibles débits estivaux constituent déjà tout un défi dans le climat actuel et en fonction des besoins actuels. Il y a des endroits où toute l’eau est attribuée en fonction de permis d’utilisation et où il n’y a plus d’eaux de surface. On déploie actuellement des efforts considérables pour tenter de définir ce qu’on appelle les « besoins en matière de débits écologiques » ou les faibles débits nécessaires pour que l’écosystème puisse bien fonctionner.

Tout en bas, vous pouvez voir quelques-uns des résultats d’un modèle de demande agricole élaboré par Agriculture et Agroalimentaire Canada et le ministère de l’Agriculture de la Colombie-Britannique, qui montre que les changements climatiques offrent certaines possibilités et que l’utilisation des terres pourrait changer. Il serait possible d’obtenir de nouvelles cultures ou de nouvelles terres grâce à l’irrigation, mais cela s’accompagne d’un climat plus chaud et plus sec. On pourrait tenter de rendre l’irrigation plus efficace, mais dans l’ensemble, on prévoit plutôt que les besoins ou la demande d’irrigation agricole augmenteront d’environ 30 p. 100 d’ici 2040. L’image ci-dessus montre qu’il n’y aura pas 30 p. 100 plus d’eau dans la vallée.

À la page 4, on trouve le premier de deux types de changements de paradigme que j’aimerais porter à l’attention du comité. Le premier concerne la façon dont les décisions de gestion sont prises. Sur le plan opérationnel, on pouvait autrefois recueillir des données climatiques, puis utiliser à des fins de gestion des normes climatiques rétrospectives, représentant les moyennes des 30 dernières années. À présent, sur le plan opérationnel, de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, tant au niveau provincial qu’au niveau local, on entrevoit les choses dans une perspective de trois jours à 80 ans. Alors il y a, dans les modèles d’approvisionnement en eau de l’Okanagan, des modèles de demande agricole régionaux. Nombre de lacs et de rivières dans la vallée ont des barrages et sont exploités en fonction de différents modèles d’écoulement. Au niveau local, pour les bassins hydrographiques individuels, les gouvernements locaux et les autres utilisateurs d’eau comptent sur des développements futurs pour tenter de gérer cet équilibre entre une demande accrue et les besoins en matière de débit écologique.

Le graphique que j’ai fourni donne, là en haut, ce qui a été recueilli à l’échelle mondiale; il montre bien que, partout sur la planète, il y a une hausse des températures. Si vous ajoutez un demi-degré d’ici à 2040, vous avez une assez bonne idée de ce à quoi on s’attend dans l’Okanagan. Au-dessous, on peut voir, malheureusement, ce qui est recueilli comme données climatiques dans l’Okanagan. La courbe monte après les années 1960 pour atteindre un sommet probablement entre les années 1970 et le début des années 1990, suivi d’une baisse constante depuis. À l’heure actuelle, il y a une dizaine de stations climatiques qui recueillent des données dans l’Okanagan. Le message à retenir, c’est qu’on ne peut pas gérer ce qu’on ne mesure pas. Ceux qui travaillent dans l’Okanagan forment un bassin important de personnes très talentueuses et dévouées qui cherchent à gérer les choses sur une base quotidienne ou hebdomadaire sur le plan opérationnel, et ils constatent de plus en plus que ces modèles sont difficiles à normaliser, à braquer sur les conditions actuelles afin de pouvoir se fier aux données quant aux conditions futures.

Je pense qu’il faut admettre que les paradigmes ont changé dans la façon d’accomplir le travail quotidien. Il faut un regain de détermination à recueillir des données climatiques de base et, en particulier, l’idée de ces données climatiques s’inspire de ces modèles opérationnels. Ils sont tournés vers l’avenir. Quand et si la collecte de nouvelles données climatiques sera possible, elle visera à améliorer ces modèles prospectifs.

Passons à la cinquième page. Je voulais traiter d’un moyen possible de s’adapter aux changements climatiques, étant donné qu’il y a une longue période estivale qui, dans le contexte des changements climatiques, risque de s’allonger et d’être plus sèche. Dans le haut, il y a les trois aires de stockage qui existent actuellement dans la vallée, soit le manteau neigeux, dont l’épaisseur, à notre avis, devrait faire l’objet d’un plus grand intérêt, les réservoirs, qui ne sont pas ma spécialité, mais vous recevrez peut-être un mémoire écrit par quelqu’un d’autre de l’Okanagan, et enfin, il y a l’eau souterraine. À l’heure actuelle, elle représente environ 22 p. 100 de l’approvisionnement de l’Okanagan. Avant 2014, l’eau souterraine ne faisait pas l’objet d’un permis et, peut-être à tort, était considérée comme une autre source d’eau qu’on pouvait exploiter.

Une partie de la recherche que j’ai effectuée avec mon groupe portait sur la masse d’eau souterraine libérée dans les aquifères de Kelowna, et nous avons découvert qu’elle présente un débit plutôt faible, mais qu’elle offre, en tant que formule possible d’adaptation aux changements climatiques à l’avenir, une formidable réserve d’eau. Cependant, il faudrait en savoir plus sur l’emplacement des aquifères, encore une fois en recentrant légèrement notre champ d’études par rapport au passé.

Comprenant le mécanisme naturel de stockage qui est présent, actuellement, la province, l’Okanagan Basin Water Board et les administrations municipales tentent de mieux cartographier certains des aquifères dans la région de Kelowna. Ce qui complique les efforts de collaboration, c’est qu’il faudrait comprendre l’histoire glaciaire de la région. Les gens sont capables d’étudier la zone locale, mais ils ne connaissent pas l’époque glaciaire en général. Une grande partie de cette cartographie a été effectuée dans l’Okanagan dans les années 1960, 1970 et 1980, mais il y a eu moins de travail de cartographie géologique de base à l’échelle régionale qui aurait pu aider, encore une fois, la province et les municipalités à faire davantage de travail opérationnel à leur plus petite échelle.

L’eau souterraine offre des possibilités. Nous sommes habitués à voir des barrages, nous sommes habitués à voir des canaux, nous sommes habitués à réguler le débit des eaux de surface pour mieux gérer l’eau tout au long de l’année, mais on n’a encore jamais appliqué ce paradigme à l’eau souterraine. Cette dernière a été exploitée d’une manière plutôt naturelle en utilisant une pompe pour la capter en un seul lieu. Il y a des débouchés pour l’eau souterraine, bien qu’il n’y ait peut-être pas un fort excédent pouvant servir de source supplémentaire à intégrer dans un plus vaste système de distribution de l’eau dessiné et construit par l’homme.

Sur cette page, on peut lire deux expressions : « utilisation combinée » et « stockage et récupération de nappes aquifères ». L’utilisation combinée désigne l’utilisation des eaux souterraines pour suppléer à l’insuffisance du débit des eaux de surface. Le stockage et la récupération de nappes aquifères désignent le captage des eaux de surface, peut-être pendant les inondations ou lorsque le débit est suffisant, pour les injecter intentionnellement dans le sol, les stockant ainsi dans cette réserve souterraine en vue de les récupérer plus tard dans l’année, au besoin.

À la base, pour que ces travaux soient possibles, il faut redoubler d’efforts pour cartographier les sols, la géologie et la cartographie des aquifères, et c’est là que le gouvernement fédéral pourrait intervenir pour orienter la discussion sur le stockage planifié en nappe aquifère. Cela se fait ailleurs aux États-Unis, en Europe et en Afrique, souvent dans des systèmes aquifères beaucoup plus vastes que ceux qu’on trouve dans un poljé typique, mais l’utilisation des eaux souterraines de cette manière entraîne des conséquences sur les plans technique, juridique et social. Par exemple, le déversement d’eaux souterraines dans les eaux de surface pour augmenter les débits en été et, par conséquent, soutenir le poisson, relève du ministère des Pêches et des Océans.

Une meilleure compréhension du contexte glaciaire explique en partie la raison pour laquelle les travaux actuels des hydrogéologues du gouvernement provincial et d’ailleurs visant à comprendre les aquifères sont un peu plus difficiles. Donc, une plus forte participation des gouvernements fédéral et provincial, pour aider à comprendre le contexte glaciaire à l’échelle régionale, faciliterait les opérations à l’échelle locale.

Dernier point : nous sommes habitués à engager des dépenses pour construire des ouvrages pour les eaux de surface, et les budgets consacrés à cette ingénierie des eaux de surface et aux stations de traitement d’eau sont plutôt importants. Il est possible d’économiser en utilisant l’eau souterraine tant pour sa capacité de stockage que pour sa capacité à filtrer l’eau.

Sur ce, je mets fin à mes observations.

La présidente : Nous passons au troisième intervenant, David Scott.

David F. Scott, professeur agrégé, Sciences de la terre et de l’environnement, Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel : Merci, madame la présidente, de me donner l’occasion de témoigner. Je l’apprécie vraiment.

J’ai fait mes études de foresterie en Afrique du Sud et au Montana, et c’est en Afrique du Sud que j’ai eu mon doctorat en hydrologie. J’ai émigré au Canada, il y a 16 ans environ. J’ai consacré la moitié de ma carrière à étudier les effets de la sylviculture sur l’approvisionnement en eau dans un pays d’Afrique du Sud qui manque de sources d’eau. Ce que Craig vient de vous dire est tout à fait applicable à ma propre expérience, qui consiste à se demander comment gérer les choses en cas de pénurie d’eau. Je disais à Craig, tout à l’heure, que nous avons toujours su en Afrique du Sud que nous manquions de données, et j’imaginais bien sûr que la situation serait bien meilleure au Canada, mais on dirait bien que ce n’est pas le cas.

Cet après-midi, je veux parler d’un sujet assez particulier en lien avec les forêts et les feux de forêt. Les modèles de changement climatique semblent être d’accord. On vous a dit, plus tôt, qu’il faut s’attendre à une fonte des neiges plus hâtive dans l’intérieur de la Colombie-Britannique et à une période estivale plus longue. On peut en déduire que la saison des feux de forêt sera plus longue et, par conséquent, que les incendies auront une plus grande ampleur, qu’ils seront violents et qu’ils seront probablement plus fréquents.

Une fréquence accrue des feux de forêt violents risque d’entraîner ce qu’on appelle la chaîne d’événements constituée de l’incendie, de l’inondation et de l’érosion, dans cet ordre. Ce qui cause cela, c’est le caractère hydrophobe des sols. Les sols hydrophobes ne se comportent pas comme les sols normaux et ne se mouillent pas comme on s’y attend normalement, ce qui cause des brûlures particulièrement graves en cas de sécheresse, et il y a une forte cuisson des sols pendant les feux de forêt.

Un incendie de forêt provoque toutes sortes de choses. Il n’y a plus de débris végétaux au sol pour empêcher l’érosion. Si le sol a été suffisamment chauffé, il peut devenir érodable. Il est alors plus sensible aux agents de l’érosion. On peut aussi avoir des sols hydrophobes qui agissent sous la surface du sol, pas sur la partie supérieure, mais en dessous. Dans de telles conditions, une tempête de pluie entraîne un écoulement hors du bassin hydrographique par des voies différentes de la normale.

Dans les forêts, on s’attend généralement à ce que l’eau pénètre dans le sol, y chemine et se rende dans les cours d’eau par des voies souterraines. C’est pour cela qu’on associe forêt et débit éternel d’une bonne eau claire. Si tous ces effets d’un feu de forêt sont réunis et que tombe une forte pluie, l’eau est détournée vers les voies de surface et arrive dans le cours d’eau beaucoup plus rapidement, générant des débits de pointe plus élevés, ce qui transporte cette matière érodable dans les cours d’eau, dans les crues. Nous en avons vu un exemple extrême en Californie en janvier dernier. Il y a eu de gros feux de forêt en décembre, puis de fortes pluies au début de janvier, et enfin des laves torrentielles spectaculaires viennent couvrir des secteurs du comté de Santa Barbara.

Nous avons eu un exemple semblable en Colombie-Britannique à l’été 2004, à la suite de la longue saison des feux de forêt de 2003. Un bassin hydrographique au nord de Nelson, au-dessus du lac Kootenay, est la proie d’un incendie plus ou moins grave, mais les sols sont hydrophobes. Une forte pluie en août 2004 suffit pour créer une lave torrentielle qui transporte une grande quantité des matières contenues dans ce petit bassin hydrographique jusqu’à un des cônes alluviaux le long du rivage.

J’ai apporté avec moi un peu de ce sol de Kuskanook pour vous le montrer cet après-midi. Comme je l’ai dit, le sol est censé attirer l’eau, et en pédologie, nous supposons que cette attraction électrostatique entre l’eau et les matières solides du sol aspirera instantanément l’eau dans le sol. Cette bulle que vous voyez n’a pas bougé depuis le début de la séance, et cette eau ne va nulle part. Voilà un exemple d’un sol hydrophobe, et c’est le risque que nous courons en raison de la plus grande fréquence des feux de forêt en Colombie-Britannique.

Ce phénomène de l’hydrophobie causée par le feu n’avait pas été signalé dans les sites de feux de forêt de la Colombie-Britannique jusqu’à ce que nous commencions à examiner les environs après la saison des feux de forêt de 2003, puis nous avons observé quelques épisodes d’érosion spectaculaire dans une partie relativement limitée de toute la zone brûlée, mais chaque fois, il y avait des sols hydrophobes présents.

Par conséquent, cela veut dire qu’il faut tenir compte de ce phénomène dans l’évaluation du risque d’incendie. Du point de vue de la prévention, nous devons envisager de réduire les combustibles, surtout à proximité des zones urbaines où les effets de l’érosion seront les plus destructeurs. Après les feux de forêt, il faut aussi réfléchir aux moyens de gérer ce risque et à la façon dont nous envisageons ces sites, afin de réduire le risque d’érosion à la suite d’un feu de forêt.

Voilà le point de vue plutôt limité que je voulais partager avec vous cet après-midi. Je suis tout à fait disposé à répondre à vos questions. J’ai essayé de simplifier les choses, mais il y a des enjeux complexes dont nous pourrons peut-être discuter à la période des questions. Merci.

La présidente : Nous allons passer aux questions. La première sera celle du sénateur Maltais, vice-président du comité.

[Français]

Le sénateur Maltais : Vous allez convenir avec moi que ce n’est pas facile d’entamer une période des questions avec des sommités comme vous. Nous n’avons pas tous ce pedigree scientifique.

Je vais m’adresser à Mme Kohfeld au sujet de l’état de l’océan. Vous avez parlé du carbone bleu. Chez nous, au Québec, on a un autre nom, on parle des algues bleues, que l’on retrouve souvent le long du fleuve et dans les lacs, particulièrement les lacs peu profonds, à proximité des centres urbains. Ce sont de grands émetteurs de carbone, et les gouvernements, autant municipaux que provinciaux, font leur possible pour décontaminer les cours d’eau, mais ce n’est pas évident non plus. Par chez nous, on dit souvent : « Il faut que le lac meure pour renaître de ses cendres. » C’est un drôle de mot lorsqu’on parle d’eau, mais c’est la question. Comment se porte l’océan Pacifique le long de la province de la Colombie-Britannique? Quel est son état?

[Traduction]

Mme Kohfeld : Je ne travaille pas sur les algues bleues. Mes recherches portent sur le carbone qui entre dans les sédiments; c’est là qu’est mon expertise. Je ne suis pas vraiment en mesure de vous dire quelle est la situation en ce qui concerne les fleurs d’eau le long de la côte. Par ailleurs, je sais que, ces dernières années, on a constaté, le long des côtes de l’océan Pacifique, un phénomène que les scientifiques ont nommé « blob », qui désigne une masse d’eau beaucoup plus chaude que la normale, qui baigne la côte du Pacifique. Ce phénomène est inhabituel et il est causé essentiellement par la hausse des températures.

Cette hausse thermique des eaux le long des côtes a notamment entraîné un changement dans les écosystèmes marins. Par exemple, le copépode, une sorte de zooplancton, contient beaucoup de gras essentiel à sa survie dans les niveaux trophiques de l’écosystème; l’espèce a subi une baisse de sa population. Je m’écarte de mon domaine d’expertise pour dire que je sais que ces changements de température entraînent un changement dans les écosystèmes, et que ces changements remontent ensuite la chaîne alimentaire, et nous avons constaté certaines de ces conséquences.

J’élude un peu votre question directe sur les algues bleues. Malheureusement, je n’ai pas de réponse, si ce n’est que, dernièrement, un événement s’est produit, qui va certainement entraîner des changements dans l’océan Pacifique.

Je peux vous parler du problème de l’acidification des eaux dans le détroit de Georgia, si vous voulez.

[Français]

Le sénateur Maltais : Non, non. C’est simplement à titre informatif.

J’aimerais peut-être revenir à M. Nichol. Vous avez parlé beaucoup de ce qui se passe dans la vallée de l’Okanagan. Qu’en est-il ailleurs en Colombie-Britannique?

[Traduction]

M. Nichol : En ce qui concerne les données climatiques, les deux enjeux que j’ai essayé de mettre de l’avant sont le besoin d’obtenir plus de données sur le climat et le fait que les possibilités et occasions qu’offrent les eaux souterraines sont peut-être particulièrement importantes dans l’Okanagan, étant donné la situation climatique actuelle et l’utilisation actuelle de l’eau. Ces deux enjeux touchent également d’autres régions de la province, comme l’est de l’île de Vancouver. Certains de ces réseaux fluviaux et de ces systèmes aquifères subissent le même stress. Il y a des secteurs du Lower Mainland où de vastes aquifères sous Abbotsford sont à l’étude. Dans l’ensemble de la province, ceux qui exploitent des modèles hydrologiques à l’échelle provinciale ou locale constatent que leur capacité à ajuster ces modèles et à aller de l’avant devient de plus en plus difficile avec la diminution du nombre de stations.

Le sénateur Maltais : Merci.

La sénatrice Gagné : Ma première question s’adresse à Mme Kohfeld. La Colombie-Britannique compte combien d’acres de marais salants? Combien de kilomètres ou d’acres? Je ne sais pas si j’utilise les bonnes mesures.

Mme Kohfeld : C’est une très bonne question, et j’ai cherché le chiffre avant de venir ici. Je n’ai pas de chiffre pour la Colombie-Britannique. La zone que nous avons étudiée comptait 200 hectares. J’ai les chiffres pour l’ensemble du Canada, où l’on met en rapport les forêts et les marais salants. La superficie des marais salants est d’environ 111 000 hectares au Canada. La forêt boréale canadienne, qui comprend autant des forêts aménagées que des forêts non aménagées, couvre environ 270 millions d’hectares.

La sénatrice Gagné : Y a-t-il des marais qui sont entourés d’une digue, en Colombie-Britannique?

Mme Kohfeld : D’après la documentation que j’ai lue, 70 p. 100 des marais n’existent plus. Malheureusement, je ne sais pas sur quoi s’appuie cette affirmation, et l’un des projets sur lesquels nous travaillons actuellement vise à rendre cette cartographie plus exacte.

Cependant, vous soulevez un point intéressant au sujet de la construction de digues. Nous assistons au phénomène tout autour de Boundary Bay, là où nous travaillons. L’un des problèmes que pose la construction de digues, c’est qu’elles peuvent modifier la teneur en sel des marais. Cette question prend de plus en plus d’importance parce que, à mesure que diminue la salinité d’un marais, le point critique, le point de bascule se rapproche, et bien qu’il continue à stocker du carbone, sa biologie devient telle qu’il commence à libérer du méthane. Par conséquent, lorsqu’on examine le bilan complet de ces marais entourés d’une digue, il ne faut pas oublier de tenir compte du fait qu’un autre gaz à effet de serre est émis. On s’est seulement intéressé aux marais dont la teneur en sel dépasse ce niveau critique, parce que nous n’étions pas équipés pour faire le bilan complet.

La sénatrice Gagné : La Colombie-Britannique a-t-elle défini une politique de gestion des marais salants? Est-ce que c’est fait?

Mme Kohfeld : Je ne suis pas au courant d’une politique de gestion des marais salants en Colombie-Britannique, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.

La sénatrice Gagné : Avez-vous travaillé auprès du gouvernement néo-écossais? La province compte beaucoup de marais salants. Je pense que l’Université Dalhousie fait de la recherche sur les marais salants, et je me demandais s’il y avait un lien avec Dalhousie.

Mme Kohfeld : Pas encore. J’ai travaillé avec des gens de McGill, ou plutôt collaboré, et nous avons discuté de nos résultats. Ce travail sur la côte du Pacifique est démarré depuis peu. Il a réellement commencé en 2015.

La sénatrice Gagné : Avez-vous des recommandations que nous pourrions soumettre au gouvernement du Canada?

Mme Kohfeld : Je pense que l’essentiel, c’est de ne pas ignorer le carbone lorsqu’on calcule la valeur économique d’un marais salant. Ce n’est peut-être pas aussi avantageux qu’une zone boisée d’une superficie de 270 millions d’hectares. Quand on en vient à calculer la valeur de terres qui se trouvent juste à côté de la côte qui peut être inondée de toute façon, on peut se demander ce qu’il se produirait si la zone était inondée et que les marais reprenaient vie. Ils offrent de nombreux avantages sur le plan de l’écosystème. Ils permettent de réduire ou de neutraliser les effets des inondations, ils vont accroître la biodiversité, ils vont servir d’habitat à de nombreuses espèces, et il pourrait même y avoir un avantage carbone. Cet avantage carbone, surtout dans la mesure où on se dirige vers une comptabilisation du carbone émis à l’échelle provinciale, voire municipale, pourrait suffire à faire pencher la balance. Ce ne sera peut-être pas le cas, mais il faudrait en tenir compte, à mon avis.

La sénatrice Gagné : Monsieur Nichol, je crois que vous avez fait part de vos recommandations lors de votre exposé. Avez-vous quelque chose à ajouter que nous pourrions présenter au gouvernement du Canada en plus du reste?

M. Nichol : Il y a les deux questions concernant l’eau qui se sont glissées dans la conversation au cours des 7 à 10 minutes allouées.

La troisième question que je pourrais aborder porte sur les émissions de gaz à effet de serre générées par l’agriculture irriguée. Dans la région de l’Okanagan, nous avons examiné certaines des nouvelles stratégies d’irrigation visant à économiser l’eau de pair avec différentes façons d’ajouter du carbone au sol en y intégrant du paillis, diverses quantités d’engrais, selon le moment. Nous nous sommes penchés sur ce qui pourrait arriver à ces émissions de gaz à effet de serre au fur et à mesure que ces systèmes d’irrigation plus efficaces sont adoptés; nous nous sommes demandé s’il y avait des recommandations à faire à ce sujet et nous en avons conclu que oui. Il y a possibilité d’économiser de l’eau en passant à ces types d’irrigation. Nous avons constaté qu’il serait peut-être possible à certains endroits de réduire les émissions d’oxyde nitreux d’environ 30 p. 100 en choisissant entre les types de micro-irrigation et la façon dont ils sont exploités.

Le traitement des données portant surtout sur les émissions d’oxyde nitreux nous a permis de tirer une autre conclusion. Il s’agit d’azote provenant d’engrais ou d’azote naturel dans le sol qui, dans certaines conditions, sera libéré sous forme d’oxyde nitreux. Nous avons découvert qu’il est environ 300 fois plus persistant et puissant que le dioxyde de carbone. Le secteur de l’agriculture en émet donc beaucoup. Nous avons constaté que l’ajout de paillis de carbone à partir de paillis d’écorces réduisait vraiment ces émissions d’oxyde nitreux.

Je suppose que cela relève de la deuxième question du comité qui porte sur les émissions de gaz à effet de serre et l’agriculture. Une étude à ce sujet est en cours; on tente de déterminer si l’ajout de ce paillis d’écorces dans le secteur agricole aurait un avantage en ce qui concerne les émissions d’oxyde nitreux. De toute évidence, le paillis d’écorces en soi émet du carbone.

L’étude de Nathan Pelletier réalisée à l’Université de la Colombie-Britannique porte sur la façon dont le carbone s’inscrit dans un contexte régional élargi. Si vous prélevez du carbone de la forêt, vous auriez pu le laisser là et contribuer à la croissance d’arbres forestiers qui captent le carbone. Vous auriez pu le composter et l’ajouter au sol des forêts, stockant ainsi le carbone. Vous auriez pu le prélever dans la forêt, le transporter dans la vallée et l’utiliser pour le chauffage et ainsi générer une certaine quantité d’émissions de carbone. Vous auriez pu le transporter à la ferme et l’utiliser comme paillis.

Dans la réflexion au sujet de la tarification et de la politique sur les émissions de carbone, il y a certains aspects de la réduction des émissions de carbone ou de gaz à effet de serre qui pourraient être réalisés sur une ferme ou dans un seul secteur agricole, mais j’estime qu’il est important de ne pas perdre de vue ce tableau d’ensemble. Il y a des politiques et des récompenses pour certains comportements, mais ces mécanismes devraient aussi pouvoir inclure des mouvements de carbone ou des économies de carbone entre le secteur forestier, celui de l’agriculture et celui du chauffage. Certains ont même suggéré d’utiliser une partie de ces matériaux carboniques pour remplacer les combustibles dans les fours à ciment.

Je crois comprendre que le comité recevra des représentants du PCIC et du PICS, le Pacific Climate Impacts Consortium et le Pacific Institute for Climate Solutions, respectivement. Je crois savoir que ces organismes font un peu de localisation et de suivi du carbone à l’échelle provinciale. L’autre message que je veux transmettre à propos des gaz à effet de serre serait de veiller à ce que tous les acteurs éventuels pendant tout le cycle soient pris en compte, peu importe les politiques ou les taxes mises en place.

La sénatrice Gagné : Monsieur Scott, vous avez probablement quelque chose à dire au sujet des investissements.

M. Scott : Dans mon mémoire, je souligne les failles dans notre compréhension au Canada, mais si vous posez la question à un professeur d’université, vous obtiendrez toujours la même réponse, soit il faut plus d’argent pour la recherche. Je pense néanmoins que c’est vrai.

La sénatrice Gagné : Comme rectrice d’une université, je peux comprendre ce commentaire, monsieur.

M. Nichol : J’allais dire que, pour notre étude sur les émissions de gaz à effet de serre, nous avons eu la grande chance de recevoir des fonds pour la recherche, mais nos efforts auraient été tout simplement vains sans l’apport des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Je suis toujours étonné de ce qu’ils réussissent à faire et de la façon dont ils s’en sortent si bien. Leur partenariat avec les producteurs locaux est vraiment efficace. Les universités sont très souples, très créatives, et elles tirent parti de cet enthousiasme et de cette créativité, mais fondamentalement, il y a exode. Le fait de pouvoir travailler en partenariat avec des organismes comme le ministère de l’Agriculture de la Colombie-Britannique ou Agriculture et Agroalimentaire Canada permet à la mémoire et au talent à long terme de cumuler et cette coopération facilite vraiment beaucoup la communication avec les producteurs locaux et les gens qui vont adopter certaines de ces nouvelles méthodes.

La sénatrice Gagné : J’ai une brève question pour M. Scott. Que faudrait-il pour que cette goutte d’eau soit absorbée par les cendres? Ce sont des cendres ou un mélange de cendres?

M. Scott : Il s’agit de la terre qui se trouve sous la zone touchée par l’incendie, donc sous la zone des cendres. Si vous exposez le sol assez longtemps, il finira par se mouiller. L’effet dont je parlais est alimenté par les précipitations, fortes en saison sèche ou pendant l’été. Nous ne nous attendons pas vraiment à ce que ce soit un problème avec le ruissellement de la fonte des neiges, parce que la neige serait restée sur le sol pendant longtemps et fonderait lentement et mouillerait lentement le sol. Cet effet se manifeste très clairement lorsque le sol est sec. C’est un phénomène dynamique. Il réapparaît chaque fois que le sol s’assèche, mais quand le sol se mouille lentement avec la fonte des neiges, le phénomène n’est pas très visible.

La sénatrice Gagné : Y a-t-il des politiques de gestion après l’incendie? Existe-t-il un mécanisme du genre?

M. Scott : La Colombie-Britannique consacre beaucoup de fonds à la lutte contre les incendies. Les Américains consacrent environ 10 p. 100 de ce qu’ils dépensent pour lutter contre les incendies à la remise en état des sites par la suite. En Colombie-Britannique, l’argent sert exclusivement à réparer les dégâts causés par les incendies de forêt, les activités de lutte contre les incendies. Nous devons envisager la réhabilitation des terrains après les incendies de forêt. C’est là que se trouve la lacune.

La sénatrice Gagné : Merci.

Le sénateur R. Black : Pour revenir à cette histoire d’eau ou de bulle. Soyons clairs. Ce phénomène se produit quand il y a un incendie? Ce n’est pas naturel?

M. Scott : Non, c’est un phénomène qui se produit naturellement et seulement…

Le sénateur R. Black : Après un incendie?

M. Scott : Tout à fait. Il se manifestera aussi dans une certaine mesure avant l’incendie. Or, nous croyons que l’incendie de forêt l’aggrave beaucoup, bien que ce ne soit pas le cas dans tout incendie de forêt et tout incendie. Si le sol est humide ou couvert d’une bonne couche de matières humides, il est protégé d’une chaleur extrême. D’après nous, c’est quand les sols sont vraiment secs dans les pires saisons d’incendies de forêt que ce phénomène se matérialise.

Le sénateur R. Black : Pouvons-nous prévoir l’endroit où cela se produira? Avez-vous une carte des sols de la Colombie-Britannique pour indiquer où cela se produit?

M. Scott : Non, c’est la raison pour laquelle nous avons besoin de fonds de recherche.

Le sénateur R. Black : Ou de données.

M. Scott : C’est une question que nous n’avons pas encore abordée. Certains sols, par exemple, les sols plus grossiers et les sols granitiques, semblent particulièrement susceptibles, mais notre compréhension est limitée. Le type de végétation influe également et là aussi, notre compréhension est limitée.

Le sénateur R. Black : Craig, est-ce que le stockage en nappe aquifère — et je crois comprendre que c’est, comme vous l’avez indiqué, le stockage des eaux souterraines dans la nappe aquifère — pose un risque de contamination ou comment pouvons-nous atténuer ce risque?

M. Nichol : C’est certainement l’un des problèmes générés par ces systèmes de stockage. Dans certains cas, on peut alimenter artificiellement les nappes souterraines en utilisant des bassins de trempage, ce qui permet de détourner une partie de l’eau vers un grand bassin où elles se filtrent naturellement dans le sol, de la même façon que cela se ferait naturellement. Dans certains des plus grands systèmes dans le Sud des États-Unis, on traite l’eau, on l’injecte dans le sol pendant la saison des pluies et on la récupère pendant la saison sèche. Impossible toutefois de récupérer toute la quantité injectée.

Dans ces pays, en particulier, l’une des grandes différences, c’est que pour bâtir un barrage, il faut emprunter de l’argent et payer d’avance et il faut construire ce barrage en fonction des besoins dans 30 ou 40 ans tandis qu’avec ce stockage dans la nappe aquifère et ces mécanismes de récupération il est possible de bâtir au fur et à mesure que le besoin se fait sentir. Ils ont constaté que cette démarche est, parfois, beaucoup moins dispendieuse que la solution de rechange consistant à créer des bassins de retenue de surface supplémentaires.

Voilà certes un domaine dans lequel il faut faire plus de recherche. Ces systèmes ont tendance à être installés dans des nappes aquifères plus grandes et plus régionales. Dans le secteur de l’intérieur de la Colombie-Britannique, on retrouve plutôt de petites vallées glaciaires restreintes. Il y a peut-être des problèmes liés aux changements chimiques, comme vous le dites, qui se produisent dans une nappe aquifère et à son retrait. Puis, il y a toute la question à savoir que si l’eau est stockée et retirée à des fins en particulier ou pour être utilisée directement ou si elle est entreposée et retirée pour augmenter les débits d’eau de surface, cela soulève des questions concernant la chimie de l’eau et la pertinence pour les poissons du fait d’augmenter les débits des eaux de surface. Il s’agit de l’utilisation conjuguée, soit utiliser conjointement les eaux souterraines pour soutenir les eaux de surface à certains moments et peut-être les retirer des eaux de surface pour les stocker dans les eaux souterraines à d’autres moments.

Le sénateur R. Black : Ma prochaine question s’adresse à Mme Kohfeld. Cette question de carbone bleu est tout simplement fascinante. Pouvons-nous en cultiver à des fins d’atténuation?

Mme Kohfeld : Aux États-Unis, près de Cape Cod, je ne sais pas s’ils en cultivent vraiment, mais ils restaurent les marais qui ont été convertis en eau douce. Ils les renoient avec de l’eau salée de sorte que l’effet des rejets de méthane est complètement éliminé et ainsi le carbone commence à se rétablir à un taux plus élevé. La plupart du temps, il s’agit probablement, à mon avis, de restaurer les marais à l’endroit où ils se trouvaient.

Le sénateur R. Black : Les anciens marais, pas question d’en construire de nouveaux?

Mme Kohfeld : C’est exact. Vous avez demandé en quoi consistent les politiques. Je sais qu’il y a de nombreux plans de restauration. Je le répète, c’est une question de salinité, de teneur en sel.

Le sénateur R. Black : Sans oublier les vieux marais.

Mme Kohfeld : Oui, et la restauration de ceux-ci.

Le sénateur R. Black : Vous avez dit que c’est au printemps que le ruissellement est maximal et vous avez aussi parlé d’un ruissellement automnal, d’un pic automnal. D’où vient l’eau dans cette période de pic à l’automne?

Mme Kohfeld : C’est vraiment à l’automne/hiver, une reprise de la saison hivernale. C’est autour d’octobre-novembre et c’est à ce moment-là que les pluies recommencent.

La présidente : Je ne sais pas si c’est une question ou un commentaire. C’est lié aux marais salés. Bien sûr, il y a aussi des marais salés dans l’océan Atlantique et au fil des ans, un nombre énorme de ces marais ont été délaissés et utilisés à d’autres fins. Lorsque certains groupes de conservation, comme Conservation de la nature Canada, achètent une propriété où se trouve un marais salé, ils essaient aussi d’obtenir suffisamment de hautes terres pour une éventuelle migration. Je suppose qu’une éventuelle migration serait un processus à long terme. Même si les inondations peuvent se produire plus tôt, étant donné que les marais salés accumulent une profondeur de matière organique pendant tellement longtemps, cette accumulation ne se fera pas du jour au lendemain dans les zones sèches.

Mme Kohfeld : C’est exact. Sur la côte du Pacifique, les montagnes sont imposantes. Quand je parle d’infrastructures lourdes sur la côte Ouest, il s’agit en fait parfois d’une montagne. Dans ces régions, la pression est telle qu’il n’y a pas grand-chose à faire.

Vous avez raison au sujet du stockage à long terme. Encore une fois, beaucoup de renseignements ont été recueillis sur la côte Est. En fait, ils ont utilisé ces marais pour reconstituer la vitesse à laquelle le niveau de la mer a augmenté, parce qu’ils suivent l’élévation du niveau de la mer.

La présidente : Y a-t-il d’autres questions?

Vous avez répondu à toutes nos questions. Merci d’être venus aujourd’hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.

(La séance est levée.)

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