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ILLE - Comité spécial

Drogues illicites (spécial)

 

TENDANCES ET MODÈLES D’UTILISATION DU CANNABIS AUX PAYS-BAS

Dirk J. Korf

Université d’Amsterdam
(Institut de criminologie Bonger)
Oudemanhuispoort 4-6
P.O. Box 1030
1000 BA  Amsterdam
(korf@jur.uva.nl

Document à présenter à l’audience du Comité spécial sur les drogues illicites,
Ottawa, 19 novembre 2001


Résumé 

Des prédictions contradictoires ont été avancées pour influencer la décriminalisation de l’utilisation du cannabis. Les prohibitionnistes prévoient que la décriminalisation entraînera une augmentation de l’utilisation du cannabis, tandis que leurs opposants soutiennent que l’utilisation du cannabis diminuera après la décriminalisation.

L’utilisation du cannabis chez les jeunes aux Pays-Bas a très probablement évolué en deux vagues jusqu’à présent : une première pointe vers 1970, une baisse à la fin des années 1970 et au début des années 1980 et une deuxième pointe au milieu des années 1990.

Il est étonnant que la tendance de l’utilisation du cannabis chez les jeunes aux Pays-Bas suive les quatre stades de la disponibilité du cannabis indiquée ci-dessus. Le nombre d’adolescents qui utilisaient le cannabis a atteint un sommet lorsque le cannabis était distribué dans un marché clandestin (à la fin des années 1960 et au début des années 1970). Ensuite, le nombre a diminué lorsque les vendeurs d’entreprise ont remplacé le marché clandestin (années 1970) et a augmenté de nouveau après que les coffee shops ont pris en charge la vente du cannabis (années 1980) et il s’est stabilisé ou a baissé légèrement à la fin des années 1990 lorsque le nombre des coffee shops a diminué.

Toutefois, l’utilisation de cannabis a également évolué en vagues dans d’autres pays européens. Il semble que les tendances nationales générales de l’utilisation du cannabis sont relativement indépendantes de la politique sur le cannabis. Jusqu’à présent, l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas occupe une position moyenne au sein de l’Union européenne. Apparemment, le cannabis est surtout utilisé à titre expérimental ou récréatif. La vaste majorité des gens arrêtent d’utiliser le cannabis après un certain temps. Seule une très petite proportion des gens utilisent actuellement le cannabis dans le cadre d’un traitement. Une comparaison à l’échelle internationale permet de conclure que les tendances dans l’utilisation de cannabis aux Pays-Bas sont semblables à celles des autres pays européens et les données sur l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas ne diffèrent pas de celles d’autres pays qui n’ont pas décriminalisé le cannabis. Par conséquent, il semble improbable que la décriminalisation du cannabis causera une augmentation de son utilisation.

La vaste majorité des utilisateurs de cannabis n’ont jamais utilisé de drogue dure. En fait, au chapitre de l’utilisation des opiacés et des problèmes relatifs à l’utilisation de drogue, l’incidence est relativement faible aux Pays-Bas par rapport à l’Union européenne.   


Table des matières 

1.       Introduction 

2.       Utilisation du cannabis dans la population en général

–        Enquêtes sur les ménages en général
–        Tendances de l’utilisation du Cannabis à Amsterdam
–        Enquête nationales dans les écoles

3.       Décriminalisation et utilisation du cannabis aux Pays-Bas  

4.       Comparaison internationale de l’utilisation du cannabis  

5.       Utilisation problématique et traitement

-          Traitement en clinique externe
-          Traitement en clinique interne
-          Admissions dans un hôpital général

6.       Autres drogues illicites


1. Introduction 

Une grande question se pose dans le débat politique sur les drogues illicites quant à la relation entre la réglementation et l’utilisation du cannabis. Nous traiterons de cette question à la lumière des prédictions contradictoires faites par les prohibitionnistes et les anti-prohibitionnistes pour influencer la décriminalisation de l’utilisation du cannabis. Le prohibitionnisme et l’anti-prohibitionnisme sont présentés ici comme les deux principaux modèles opposés dans le discours de la réglementation de l’utilisation de la drogue illicite. Grosso modo, leurs prédictions sont les suivantes. Les prohibitionnistes prédisent que la décriminalisation entraînera une augmentation de l’offre et par conséquent, de la consommation des drogues illégales. Les anti-prohibitionnistes, par contre, soutiennent que l’utilisation de la drogue diminuera après la décriminalisation, car cette dernière enlèvera la fascination à l’égard des drogues qui est créée par les sanctions. [Korf, 1995] 

Pour démontrer les avantages de la décriminalisation, les auteurs hollandais et étrangers aiment se reporter aux Pays-Bas. D’après eux les statistiques révèlent un déclin important de l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas depuis la décriminalisation légale en 1976 [par exemple : Alexander, 1990; Engelsman, 1989; Nadelman, 1989; Van de Wijngaart, 1991]. Leurs opposants font valoir essentiellement le même argument en invoquant des données quantitatives qui indiquent une baisse de l’utilisation du cannabis dans les pays qui ont criminalisé le cannabis. Par exemple, durant les années 1980, les pays de l’Europe occidentale comme la Suède et l’Allemagne ont fait valoir le succès de leurs politiques de criminalisation soutenue [CAN, 1991; Reuband, 1992].  

Le cannabis comprend le haschisch et la marijuana sous diverses formes. Les quantités de haschisch et de marijuana saisies par les douanes et la police de la Hollande ont augmenté ces dernières décennies et les saisies annuelles sont beaucoup plus importantes que celles des pays avoisinants [EMCDDA, 2001; Korf, 1995]. Il reste à savoir si ces données indiquent une augmentation importante de la consommation de cannabis aux Pays-Bas, ce qui confirmerait la thèse des prohibitionnistes. De façon plus concrète, la question principale du présent document est la suivante : De quelle façon l’ampleur et la nature de l’utilisation du cannabis a-t-elle évolué aux Pays-Bas et dans quelle mesure cette évolution est-elle imputable à la décriminalisation du cannabis. 

Dans le présent document, nous présenterons les tendances à long terme de l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas, autant dans la population générale que parmi les étudiants des écoles secondaires. En outre, les tendances et les modèles de l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas sont comparés à ceux de quelques autres pays. Ensuite, nous nous examinerons l’utilisation du cannabis dans d’autres groupes à risque et présenterons un profil général des utilisateurs de cannabis comme traitement ou remède. Enfin, nous discuterons de la nature et de l’ampleur de l’utilisation d’autres drogues illicites et des problèmes qui y sont reliés. 

 

2. Utilisation du cannabis dans la population en général

De nos jours, le cannabis est la plus répandue de toutes les drogues illicites aux Pays-Bas. Avant la Deuxième Guerre mondiale, on avait rarement entendu parler d’utilisation de cannabis aux Pays-Bas et cela n’a pas changé beaucoup dans les premières années de l’après-guerre. Le cannabis a commencé à être utilisé aux Pays-Bas dans les années 1950. Les chercheurs ont retrouvé de petits groupes d’artistes de création (peintres, écrivains et musiciens) qui ont appris à l’utiliser pendant qu’ils étaient à l’étranger [Cohen, 1975]. À Amsterdam, les autorités de lutte contre la drogue ont également noté l’utilisation de la marijuana par les marins et le personnel militaire américain basé en Allemagne [Korf & De Kort, 1990].

Au cours des années 1960, l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas a gagné rapidement l’engouement populaire. Un nombre croissant d’adolescents ont commencé à en fumer régulièrement, mais ce n’est pas avant la fin de la décennie que la sous-culture des utilisateurs est devenue évidente. Le cannabis s’est répandu avec force avec la montée du mouvement hippie. Il fallait fumer du hasch au monument national de Dam Square ou au Vondelpark à Amsterdam pour faire partie de la « contre-culture » de la jeunesse internationale en pleine effervescence [Leuw, 1973]. L’utilisation de la drogue était perçue comme une forme de protestation contre la culture bourgeoise dominante en général et contre la guerre des États-Unis au Vietnam en particulier [Cohen, 1975; Tellegen, 1970]. À la fin des années 1960, le nombre d’utilisateurs de cannabis aux Pays-Bas était estimé entre 10 000 et 15 000 [Geerlings, 1975].

La base empirique de la dernière donnée était encore faible, mais cela n’allait pas tarder à changer. À partir de la fin des années 1960, des enquêtes périodiques ont été menées pour recueillir des données sur l’ampleur et la répartition de l’utilisation du cannabis.[1] Nous comparerons les constatations des enquêtes sur les ménages en général et des enquêtes faites auprès des écoles.

 

Enquêtes sur les ménages en général

Entre 1970 et 1991 six enquêtes nationales dans les ménages ont été menées aux Pays-Bas auprès des adolescents ou des personnes plus âgées. Elles ont permis de constater un pourcentage croissant de personnes qui déclarent avoir utilisé du cannabis au moins une fois dans leur vie : de 2-3 % en 1970 à 6-10 % dans les années 1980 et à 12 % en 1991 [Aperçu dans : Korf, 1995]. Étant donné le manque d’uniformité dans les populations cibles et les méthodologies, les données de l’enquête n’ont permis de tirer aucune conclusion définitive quant à l’ampleur de cette augmentation.

Malgré la fluctuation des taux de prévalence, les entrevues face à face et les entrevues écrites indiquent un nombre croissant de personnes ayant utilisé le cannabis une première fois aux Pays-Bas depuis 1970 et rien n’indique une diminution à la suite de la décriminalisation légale de 1976. Le fait que les taux de prévalence sont cumulatifs sur la période d’une vie, explique en grande partie l’augmentation. Néanmoins, les données comprennent les personnes qui admettent avoir fumé de la marijuana ou du hachisch une seule fois durant l’adolescence et qui sont maintenant dans la quarantaine ou la cinquantaine. Autrement dit, dans une large mesure cette augmentation est l’effet d’une génération. Depuis les années 1960, les nouvelles générations de jeunes commencent à utiliser le cannabis encore et encore. La première génération des utilisateurs fait partie aujourd’hui du groupe des aînés; dans un avenir rapproché, il est très probable que les taux de prévalence sur une période d’une vie se stabiliseront.  

En 1997, une nouvelle série d’études de la population générale ont été entreprises en utilisant un grand échantillon représentatif des personnes de 12 ans et plus. Cette étude nationale de prévalence (NPO) est effectuée par le centre de recherche d’Amsterdam CEDRO, avec la collaboration du CBS (bureau central de la statistique des Pays-Bas).[2] En plus des données sur l’utilisation sur une période d’une vie, entre autres du cannabis, cette étude a permet de recueillir des données sur l’utilisation actuelle [Abraham et al., 1999]. Les données de base pour 1997 révèlent que (Figure 2):

·        la vaste majorité n’a jamais essayé le cannabis.

·        un répondant sur six a déjà utilisé le cannabis (15,6 %).

·        un répondant sur quarante (2,5 %) a utilisé du cannabis un mois avant l’entrevue (utilisation actuelle) pour un total estimé à 323 000 personnes.

L’étude nationale sur la prévalence de 1997 a également révélé que la plupart des gens n’utilisent pas le cannabis sur des périodes prolongées. La majorité des consommateurs de cannabis utilisent la substance à des fins expérimentales et récréatives.

·        Deux utilisateurs sur trois de cannabis en ont consommé moins de vingt-cinq fois.

·        Un utilisateur sur six est un utilisateur actuel (15,8 %). Les autres ont cessé leur consommation. D’après d’autres études hollandaises, les gens arrêtent en général parce que leur curiosité est satisfaite et parce qu’ils ne souhaitent plus consommer du cannabis ou n’en éprouvent plus de plaisir [van der Poel & van der Mheen, 1999; Cohen & Sas, 1998].

·        presque la moitié des utilisateurs actuels consomment du cannabis 1-4 jours par mois; un quart des utilisateurs actuels de cannabis en consomment quotidiennement ou presque quotidiennement (0,7 % de la population générale). (Figure 3)

En ce qui a trait à l’âge, l’étude nationale de prévalence, l’étude révèle que l’utilisation du cannabis se produit surtout chez les adolescents et les jeunes adultes. La pointe des personnes qui ont déjà utilisé du cannabis se situe entre 20 et 29 ans; et celle des personnes qui en utilisent actuellement se situe entre 16 et 24 ans. (Figure 4).

En outre, les hommes utilisent le cannabis plus souvent que les femmes (21 % des hommes ont déjà utilisé du cannabis par rapport à 11 % des femmes. L’utilisation actuelle est de 4 % et de 1 % respectivement). En outre, d’autres études hollandaises ont permis de conclure que la consommation de cannabis est liée à la scolarité, à l’emploi (c.-à-d. chômeur ou employé) et la classe ou le statut social. Les personnes plus scolarisées ont tendance à avoir utilisé davantage le cannabis que les personnes moins scolarisées. Un assez grand nombre des utilisateurs actuels reçoivent des prestations de sécurité sociale. Les personnes seules sont sur-représentées dans le groupe des utilisateurs actuels [Verdurmen, Toet & Spruit, 2000; Lammers, Neve and Knibbe, 2000; Kuilman & van Dijk, 2000; Sandwijk et al., 1995].

 


Tendances de l’utilisation du cannabis à Amsterdam 

Le cannabis n’est pas utilisé de façon égale dans tous les Pays-Bas. En effet, l’utilisation du cannabis est plus courante dans les secteurs urbains que dans les secteurs ruraux; Amsterdam se situe au haut de la liste relativement à une utilisation passée ou une utilisation actuelle. La composition de la population, par exemple, le nombre d’étudiants, joue très probablement un rôle dans la différence entre les secteurs urbains et les secteurs ruraux [Abraham, 1999]. Une telle inégalité dans la répartition géographique de l’utilisation du cannabis n’est pas typique des Pays-Bas et peut également se rencontrer dans d’autres pays [Partanen & Metso, 1999].  

 

Tableau 1
Utilisation du cannabis aux Pays-Bas dans la population générale âgée de 12 ans et plus (1997)

 

National

Amsterdam

Rural

(Secteurs à très faible densité)

A déjà utilisé

15,6 %

36,7 %

10,5 %

A utilisé le mois passé

2,5 %

8,1

1,5 %

Source: [1]

 

Quatre enquêtes ont été menées depuis 1997 auprès de la population générale des 12 ans et plus à Amsterdam, à l’aide d’une méthodologie semblable à celle de l’enquête NPO. Les taux de prévalence ont augmenté [Abraham et al., 1998]. Comme dans le cas des enquêtes nationales, cette augmentation est imputable dans une large mesure à un effet générationnel. Cet effet générationnel permet également d’expliquer la raison pour laquelle les taux chez les personnes qui ont déjà utilisé le cannabis augmentent beaucoup plus que ceux des personnes qui l’utilisent actuellement (figure 5). La majorité des adultes qui ont déjà utilisé le cannabis à Amsterdam a arrêté de l’utiliser. Bon nombre de jeunes personnes qui ont déjà utilisé le cannabis en prennent actuellement, mais c’est le cas de seulement quelques utilisateurs plus âgés. Par exemple, près de la moitié des personnes de 16 à 19 ans qui ont déjà utilisé le cannabis en prennent encore, par rapport à une personne de 40 à 49 ans sur sept qui a déjà utilisé le cannabis (figure 6).

L’incidence de l’effet générationnel sur les taux d’utilisation du cannabis dans la population générale à Amsterdam est également mise en lumière lorsque l’on compare ces données avec celles des enquêtes dans les écoles dans cette ville. Les taux d’utilisation de cannabis dans la population en général a augmenté, mais les enquêtes dans les écoles que nous avons menées auprès des « étudiants plus âgés » (surtout de 16-17 ans) à Amsterdam révèlent que l’utilisation du cannabis est restée plutôt stable [Korf et al., 2000]. Par conséquent, l’augmentation du nombre de personnes dans la population générale qui ont déjà utilisé du cannabis ne veut pas nécessairement dire que l’utilisation du cannabis augmente chez les jeunes.

Enquêtes nationales dans les écoles 

Les constatations des enquêtes nationales dans les écoles semblent confirmer la croissance rapide de la popularité du cannabis vers la fin des années 1960. En 1969, 9 % des finissants des écoles secondaires avaient utilisé du cannabis au moins une fois. Deux ans plus tard, ce pourcentage avait doublé pour atteindre 18 % [Aperçu dans : Korf, 1995].

Il s’est écoulé plus d’une décennie avant que la prochaine enquête nationale dans les écoles soit effectuée en 1984. Cette enquête a révélé un taux d’utilisation du cannabis sur une période d’une vie de beaucoup inférieur (5 %) [Plomp, Kuipers & Van Oers, 1990]. Toutefois, le taux inférieur peut s’expliquer dans une très large mesure, par les incohérences dans les échantillons [Korf, 1988]. Si des groupes d’âge comparables sont examinés, la différence entre 1973 et 1984 est beaucoup plus petite : 18 % des personnes qui ont déjà utilisé du cannabis pour un âge moyen de 17,5 ans en 1973; 12 % pour les étudiants de 17 ans et plus en 1984 [Plomp, Kuipers & Van Oers, 1990]. Il convient de noter que les enquêtes dans les écoles ne reposaient pas sur des échantillons représentatifs à l’échelle nationale.   

Depuis 1988, l’institut Trimbos a mené des enquêtes représentatives à l’échelle nationale sur la mesure dans laquelle les étudiants de 12 ans et plus qui fréquentaient l’école secondaire avaient essayé l’alcool, le tabac, des drogues et le jeu. De 1988 à 1996, l’expérience de l’utilisation du cannabis parmi les étudiants avait augmenté, mais elle s’est stabilisée à la fin des années 1990 [Kuipers & De Zwart, 1999; De Zwart, Monshouwer & Smit, 2000].

·        Le pourcentage des personnes qui ont déjà utilisé le cannabis a augmenté pour passer de 8 % en 1988 à 21 % en 1996 et il s’est stabilisé à 20 % en 1999.

·        L’utilisation actuelle par les étudiants a augmenté de 3 % en 1988 à 11 % en 1996 et il était légèrement inférieur en 1999 (9 %).

·        Les garçons ont des taux plus élevés que les filles (utilisation passée en 1999 : 18 % par rapport à 11,1 %; utilisation actuelle : 8,8 % par rapport à 4,1 %).  

 

3. Décriminalisation et utilisation du cannabis aux Pays-Bas  

Pour étudier le lien possible entre la décriminalisation du cannabis et l’évolution de son utilisation en Hollande, nous devons d’abord connaître les taux de  prévalence de l’utilisation du cannabis avant et après la décriminalisation. En outre, les tendances longitudinales de l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas ne peuvent être imputées adéquatement à la décriminalisation que lorsqu’elles sont plausibles et qu’il y a une relation de cause à effet.

D’après les données présentées, peu de doute subsiste que l’utilisation du cannabis s’est répandue rapidement aux Pays-Bas vers 1970. Toutefois, nous avons observé des fluctuations qui pourraient s’expliquer par les différences méthodologiques. Des méthodes d’enquête différentes donnent des taux de prévalence différents; par exemple, les entrevues face à face donnent en général des taux d’autodéclaration d’utilisation de cannabis inférieurs à ceux des entrevues écrites [Harrison, 1997]. En outre, les différences dans les populations cibles peuvent générer des taux de prévalence divergents. Nous avons observé que l’utilisation du cannabis est très fortement liée à l’âge; par conséquent, la non-cohérence des échantillons par rapport à l’âge peut expliquer les fluctuations dans les taux de prévalence. De plus, nous avons observé une association importante entre l’utilisation de cannabis et l’urbanisation; en effet, l’utilisation du cannabis est plus élevée dans les secteurs urbains que dans les secteurs ruraux. Une analyse secondaire de vingt enquêtes menées auprès des adolescents dans des écoles et des  ménages, après correction de l’influence de la variation régionale– nationale, régionale et locale – a révélé une évolution parabolique entre 1969 et 1987. L’utilisation passée du cannabis a grimpé abruptement à la fin des années 1960 et au début des années 1970 pour diminuer ensuite et après, elle a augmenté de façon légère mais importante durant toutes les années 1980 [Plomp, Kuipers & Van Oers, 1990]. Les enquêtes nationales dans les écoles menées entre 1988 et 1999 ont indiqué que la dernière augmentation s’est poursuivie jusque dans les années 1990, et se sont stabilisés ou ont diminué légèrement à la fin de la décennie. Il est fort probable que l’utilisation du cannabis chez les jeunes aux Pays-Bas a évolué jusqu’à présent en deux vagues,  la première vague autour de 1970, une diminution vers la fin des années 1970 et le début des années 1980 et une deuxième pointe au milieu des années 1990. On peut présumer que cette pointe sera suivie d’une baisse au cours de la prochaine décennie.        

L’augmentation ou la diminution de la consommation de cannabis ne doit pas être imputable de façon non équivoque à la décriminalisation ou à la criminalisation. Les Pays-Bas ont été le un des premiers pays où le cannabis a fait l’objet d’une réglementation légale. L’importation et l’exportation de cannabis ont été incluses dans la Loi sur l’opium en 1928. La possession, la fabrication et la vente sont devenus des infractions criminelles en 1953. La décriminalisation légale du cannabis est survenue en 1976. Toutefois, la décriminalisation de facto s’est produite un peu plus tôt. On peut distinguer quatre phases aux Pays-Bas relativement au marché de détail du cannabis.

(1)   Le marché de détail du cannabis dans les années 1960 et au début des années 1970 était surtout un marché clandestin. Le cannabis était acheté et consommé dans un milieu marginal appelé la contre-culture de la jeunesse.

(2)   Le deuxième stade est apparu lorsque les autorités hollandaises ont commencé à tolérer les soi-disant détaillants d’entreprise dans les centres pour jeunes. L’expérimentation de cette démarche a abouti à une décriminalisation légale officielle en 1976. Les directives officielles relativement aux enquêtes et aux poursuites (critères AHOJ-G) sont entrées en vigueur en 1979. À la fin des années 1970, le détaillant d’entreprise faisait une concurrence extraordinaire au revendeur de rue.

(3)   Aujourd’hui, le haschisch et la marijuana sont vendus principalement dans des sortes de cafés que l’on a commencé à appeler « coffee shops ». Au cours des années 1980, les coffee shops ont accaparé une part de plus en plus grande du marché de détail du cannabis en Hollande.

(4)   Depuis le milieu des années 1990, la politique de la Hollande relativement au cannabis visait à limiter le nombre de coffee shops. En outre, l’âge minimal des visiteurs est passé de 16 ans à 18 ans.  

En ce qui concerne la disponibilité, au cours de la transition de la première à la deuxième phase, les nombreux points de vente clandestins se sont consolidés dans un nombre limité de points de vente officiels, accessibles au public, mais cachés du grand public. Durant la troisième phase, la disponibilité a augmenté de façon nette dans les nombreux coffee shops accessibles ouvertement [Jansen, 1989]. Plus récemment, la disponibilité a peut-être diminué à cause du nombre réduit de coffee shops (de 1 500 à 800). [Bieleman et al., 2001]

Il est frappant que cette tendance dans l’utilisation de cannabis chez les jeunes Hollandais suive les quatre phases de la disponibilité du cannabis indiquée ci-dessus. Le nombre d’adolescents qui utilisaient le cannabis a atteint un sommet lorsque le cannabis était distribué dans un marché clandestin au cours des années 1960 et au début des années 1970. Ensuite, le nombre a diminué lorsque les vendeurs d’entreprise ont remplacé le marché clandestin au cours des années 1970 et il a augmenté de nouveau dans les années 1980 après que les coffee shops ont pris le contrôle de la vente de cannabis et il s’est stabilisé ou a diminué légèrement à la fin des années 1990 lorsque le nombre de coffee shops a diminué. 

 

4. Comparaison internationale de l’utilisation du cannabis  

Comment les tendances de l’utilisation du cannabis en Hollande se comparent-elles avec celles des autres nations occidentales? Il n’est pas facile de répondre à une telle question. En effet, peu de pays ont enregistré la consommation de cannabis de façon constante et systématique au fil des ans. De plus, les populations étudiées varient beaucoup (par exemple en ce qui concerne l’importance des groupes d’âge), de même que les méthodes appliquées (comme des entrevues face à face et des questionnaires écrits) [Bless et al., 1997].  

Les États-Unis ont une tradition relativement longue d’enquêtes sur l’utilisation de la drogue et les données américaines semblent toujours plus élevées que celles des Pays-Bas. Une comparaison avec les Pays-Bas à l’aide d’instruments de mesure identiques a révélé que dans les années 1980, les enfants qui fréquentaient l’école aux États-Unis commençaient à utiliser le cannabis nettement plus tôt et en nombre relativement beaucoup plus grands que les enfants hollandais [Plomp, Kuipers & van Oers, 1988]. Les données les plus récentes indiquent que l’utilisation passée chez les Américains de 12 ans et plus  est deux fois plus élevée que chez les Hollandais [16]. Il est donc clair que l’exemple typique de la démarche prohibitionniste des États-Unis à l’égard de la consommation du cannabis est en avance par rapport aux Pays-Bas, qui sont un exemple typique de l’anti-prohibitionnisme.  

Une première complication à cet égard, c’est que l’utilisation de la marijuana chez les jeunes américains a également évolué en vagues, un sommet ayant été atteint à la fin des années 1970, suivi d’un déclin dans les années 1980, puis d’une montée en 1990 et ensuite, l’utilisation s’est stabilisée. Harrison [1997] conclut que l’on peut expliquer une telle évolution par vagues comme une manifestation du modèle plus général de Musto relativement aux tendances de l’utilisation de la drogue [Musto, 1987]. En outre, des facteurs structuraux (la génération qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale) et l’éducation au sujet des drogues (perception du risque pour la santé) peuvent contribuer à expliquer l’évolution de l’utilisation de la marijuana aux États-Unis [Harrison, 1997]. De plus, dans d’autres pays européens, l’évolution de l’utilisation du cannabis a été interprétée comme une tendance par vagues [Kraus, 1997]. À l’instar des Pays-Bas, l’utilisation du cannabis s’est répandue rapidement en Allemagne (Ouest) vers la fin des années 1960, suivie par une stabilisation, puis un déclin au début des années 1970 et ensuite, par une augmentation dans les années 1980 [Korf, 1995; Kraus, 1997]. La hausse de l’utilisation du cannabis en Allemagne (Ouest) s’est poursuivie dans les années 1990; parmi les personnes de 18 à 39 ans l’utilisation sur une période d’une vie a augmenté de 16,7 % à 21 % en 1995 et l’utilisation l’an dernier a presque doublé pour passer de 4,9 % à 8,8 %  [Kraus & Bauernfeind, 1998; Kraus, Bauernfeind & Bühringer, 1998].   

Une deuxième complication vient du fait que l’utilisation du cannabis dans quelques autres pays suivant une démarche prohibitionniste à l’égard du cannabis – la Suède en particulier – est de beaucoup inférieure à celle des Pays-Bas. Avant de comparer l’utilisation du cannabis dans les états membres de l’Union européenne (UE) il convient d’apporter quelques précisions sur les problèmes de la comparabilité entre les pays des enquêtes sur l’utilisation de la drogue. Les enquêtes nationales dans les ménages des méthodologies semblables ne sont pas toujours appliquées (c.-à-d. en ce qui concerne les questionnaires et les méthodes d’entrevue); de plus, elles ne visent pas toujours  les mêmes populations, par exemple en ce qui concerne la répartition selon l’âge [Bless et al, 1997]. Les caractéristiques démographiques générales des pays peuvent également différer. Par exemple, le niveau d’urbanisation aux Pays-Bas est plus élevé qu’aux États-Unis (plus de 1 000 habitants par mille carré). Puisque le niveau d’urbanisation correspond à l’utilisation du cannabis dans ces pays, on pourrait s’attendre à des taux de prévalence relativement élevés aux Pays-Bas lorsque l’on compare les pays.       

D’après les données disponibles, mais non comparables de façon précise[3] tirées des enquêtes auprès de la population générale dans dix états membres de l’UE, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCCDA) a conclu que le niveau d’utilisation de cannabis varie largement au sein de l’UE, allant de 9,7 % en Finlande à 25 % au Royaume-Uni (Angleterre et Pays de Galles). Les Pays-Bas se situent dans la moyenne [EMCDDA, 2001]. 

Les données tirées des enquêtes auprès de la population générale au Royaume-Uni (Angleterre et Pays de Galles) [Ramsey & Partridge, 1999] et en Allemagne (Ouest) [Kraus, Bauernfeind & Bühringer, 1998] permettent une comparaison plus précise avec les données hollandaises. Les enquêtes britanniques et hollandaises ont utilisé des questionnaires assistés par ordinateur et l’enquête Allemande a utilisé un questionnaire postal. Les trois enquêtes ont été menées durant la même période (1997 ou 1998) et on permis de recueillir des données distinctes sur les adolescents et sur les jeunes adultes. En outre, les trois pays ont suivi la tendance semblable de l’augmentation de l’utilisation du cannabis à la fin des années 1980. L’utilisation passée du cannabis aux Pays-Bas était plus élevée qu’en Allemagne (Ouest), mais inférieure en Angleterre et dans le Pays de Galles. L’utilisation du cannabis était la plus élevée dans les trois pays chez les gens au début de la vingtaine (figures 9-11). L’utilisation actuelle du cannabis (le mois dernier) était la moins élevée aux Pays-Bas et la plus élevée en Angleterre et dans le Pays de Galles (figures 12-14). 

Un nombre croissant de pays européens effectuent des enquêtes sur l’utilisation de drogue dans les écoles en appliquant une méthodologie normalisée (ESPAD). La population était composée d’étudiants âgés de 15-16 ans. La plupart des pays affichent une augmentation dans l’utilisation de cannabis sur une période d’une vie entre 1995 et 1998. En 1999, onze pays membres de l’UE étaient inclus dans l’étude transnationale [Hibell et al., 2000]. L’utilisation du cannabis sur une période d’une vie allait de 8 % (Suède et Portugal) à 35 % (France, Angleterre et Pays de Galles) et l’utilisation actuelle allait de 2 % (Suède) à 22 % (France). Dans les deux cas, les étudiants hollandais occupaient le quatrième rang (figure 15).

En conclusion, les tendances dans l’utilisation de cannabis aux Pays-Bas sont à peu près semblables à celles des autres pays européens et les données sur l’utilisation du cannabis en Hollande ne diffèrent pas de celles de pays qui n’ont pas décriminalisé le cannabis. Les données des États-Unis sont toujours plus élevées que celles des Pays-Bas. Avec le temps, la prévalence de l’utilisation du cannabis suit une tendance par vagues dans de nombreux pays, y compris les Pays-Bas, ce qui appuie la conclusion précédente de Reuband selon laquelle les tendances relatives à l’utilisation de cannabis évoluent plutôt indépendamment de la politique sur la drogue et les pays ayant une politique « libérale » sur le cannabis n’ont pas des taux plus ou moins élevés que ceux des pays appuyant une politique plus répressive. [Reuband, 1995].

Par conséquent, il est improbable que la décriminalisation du cannabis causera une augmentation de l’utilisation de cannabis.

 

5. UTILISATION PROBLÉMATIQUE ET TRAITEMENT  

Jusqu’à présent, nous avons mis l’accent sur l’utilisation du cannabis dans la population générale. Le pourcentage d’utilisateurs de cannabis actuels est un peu plus élevé chez les étudiants qui fréquentent des écoles pour enfants ayant des besoins d’éducation et de comportement spéciaux que chez leurs collègues qui fréquentent des écoles « normales ». Néanmoins, il y a des groupes de jeunes pour lesquels l’utilisation du cannabis est la règle plutôt que l’exception (c.-à-d. les projets sur la fréquentation scolaire, les détenus juvéniles, les jeunes sans abri) [Aperçu dans NDM, 2001]. Par exemple, 96 % d’un échantillon national de jeunes sans abri (âgés de 15 à 22 ans) ont déjà essayé le cannabis et 43 % consomment du haschisch ou de la marijuana tous les jours [Korf et al., 1999].   

La majorité des utilisateurs de cannabis aux Pays-Bas ont la maîtrise de leur utilisation, mais il y a également des utilisateurs de cannabis qui souffrent de problèmes liés à leur utilisation de cannabis. Le nombre de personnes qui ne réussissent pas à maîtriser leur utilisation de cannabis n’est pas connu avec précision. Ce ne sont pas toutes les personnes intéressées qui cherchent de l’aide ou qui font connaître leur problème. De plus, il n’y a pas de définition généralement acceptée d’une « utilisation problématique ». La dépendance au cannabis, d’après le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est une description controversée [Soellner, 2000] 

Le rapport annuel du National Drug Monitor [NDM, 2001] comprend les indicateurs de traitement suivants : traitement en clinique externe, traitement en clinique interne et admissions générales à l’hôpital.    

Traitement en clinique externe  

La demande de soins en clinique externe pour la dépendance au cannabis diminue. LADIS enregistre la fréquence à laquelle des gens cherchent de l’aide dans les installations de soins en clinique externe. De nombreux clients utilisateurs de cannabis ont également des problèmes avec d’autres substances.

·        Le nombre de personnes inscrites en clinique externe pour un problème principalement de Cannabis a presque quadruplé entre 1990 et 1996 et il est resté relativement stable par la suite.

·        La proportion d’utilisateurs de cannabis par rapport à toutes les demandes d’aide pour des problèmes de drogues et par conséquent dans tous les registres de drogue est limitée. Cette proportion a augmenté jusqu’en 1997 et s’est relativement stabilisée ces dernières années (environ 10 %).  

Les personnes qui demandent des soins externes pour dépendance au cannabis sont surtout de jeunes adultes masculins (81 %; âge moyen de 26 ans). En 1997, presque la moitié de tous les clients utilisateurs de cannabis avaient des problèmes de consommation de cette drogue au moins cinq ans avant de demander éventuellement de l’aide. Seulement une personne sur cinq a demandé de l’aide dans un délai de deux ans après s’être rendu compte qu’elle avait un problème [Cruts, Ouwehand & Hoekstra, 1998]. 

Les personnes qui cherchent de l’aide pour des problèmes liés au cannabis peuvent également avoir d’autres problèmes. Une personne sur trois qui demande de l’aide dans une installation de traitement externe de la dépendance pour des problèmes liés au cannabis connaissent également des difficultés avec une ou plusieurs autres substances, comme l’alcool, la cocaïne et l’ecstasy. Ce ne sont pas des utilisateurs de cannabis ordinaires. Ces gens souffrent souvent de désordres psychologiques encore plus que les nouveaux clients des traitements pour dépendance à l’héroïne ou à la cocaïne. D’après les données du Centre Jellinek, quatre clients utilisateurs de cannabis sur dix souffrent de dépression [Wohlfahrt, Koeter & Palenéwen, 1997]. La question se pose donc à savoir ce qui est apparu en premier : le problème de drogue ou le trouble psychologique. Les publications scientifiques semblent laisser entendre que le trouble psychologique précède habituellement le problème de drogue.

Le contraire est aussi vrai : les personnes qui demandent de l’aide pour des problèmes liés à d’autres drogues ont souvent des problèmes de consommation de cannabis.

·        En comparaison des 3 443 personnes qui cherchaient de l’aide externe en 2000, principalement pour un problème d’utilisation de cannabis, le cannabis était un problème secondaire pour plus de 3 144 personnes (en tout : 6 587).

·        Le principal problème de ce deuxième groupe était l’alcool (36 %) suivi de l’héroïne (26 %) et la cocaïne (25 %).

·        D’après le nombre estimé d’utilisateurs actuels de cannabis, environ 20 % sont admis à un traitement externe de la dépendance.  

Traitement en clinique interne 

Les admissions à un traitement en clinique interne d’une dépendance au cannabis ont augmenté dans les années 1990 pour passer de 71 en 1990 à 323 en 1997.[4] Le nombre de cas de cannabis par rapport à toutes les admissions liées à la drogue a légèrement augmenté entre 1990 et 1997 (de 3 % à 7 %). D’après le nombre estimé d’utilisateurs actuels de cannabis, un sur mille est admis dans un établissement de traitement en clinique interne de la dépendance.

 

Admission dans un hôpital général

Les problèmes d’utilisation de cannabis ne sont pas un motif important d’admission dans les hôpitaux généraux. Il y a environ 1,5 million d’admissions dans les hôpitaux généraux. D’après les statistiques, les problèmes de drogues sont pratiquement absents dans ces admissions. En 2000, l’abus de cannabis et la dépendance au cannabis ont été les diagnostics premiers dans 24 cas et les diagnostics secondaires dans 193 cas (en tout : 217 cas).[5] D’après le nombre estimé d’utilisateurs actuels, moins de 1 personne sur 1000 est admise dans un hôpital général pour abus de cannabis ou dépendance au cannabis.  

 

6. Autres drogues illicites 

D’après l’étude nationale de la prévalence (National Prevalence Study), l’utilisation d’autres drogues illicites est beaucoup moins répandue que l’utilisation de cannabis [Abraham et al., 1999]. En effet, 15,6 % des personnes ont déjà utilisé le cannabis, mais le taux d’utilisation sur une période d’une vie de toutes les « drogues dures » illicites est de 4,1 %. L’utilisation actuelle des drogues dures est de 0,5 % par rapport à 2,5 % pour le cannabis. En général, l’utilisation de drogues dures semble encore plus souvent expérimentale; un utilisateur passé de cannabis sur six est un utilisateur de cannabis actuels (15,8 %), un utilisateur de drogue dure sur six est un utilisateur actuel (12,2 %).

Il semble que la majorité des utilisateurs de cannabis en Hollande n’ont pas essayé les drogues dures. Dans le tableau 2, nous avons divisé le nombre d’utilisateurs de drogues dures par le nombre d’utilisateurs de cannabis. Si l’on présume que tous les utilisateurs de drogue dure utilisent également de la marijuana, un peu moins des trois quarts des utilisateurs passés de cannabis n’ont jamais essayé les drogues dures et plus des trois quarts des utilisateurs de cannabis actuels n’utilisent aucune drogue dure.

Sauf le fait que tous les utilisateurs de drogue dure n’ont pas essayé le cannabis, les données précédentes ne peuvent pas être simplement interprétées comme une relation de cause à effet. Le fait que l’utilisation de cannabis précède souvent l’utilisation de drogues dures ne prouve pas nécessairement que l’utilisation de cannabis est la cause de l’utilisation subséquente de drogues dures.

Tableau 2 Prévalence de l’utilisation de drogue aux Pays-Bas dans la population générale 12 ans et plus (1997)     

Drogue

Utilisation dans une vie

Utilisation le mois dernier

Continuation actuelle

Utilisateurs passés par utilisateur de cannabis passés (non pondéré)

Utilisateurs passés par utilisateurs de cannabis passés (non pondéré)

Cannabis

15,6 %

2,5 %

15,8 %

-

-

Cocaïne

2,1 %

0,2 %

10,0 %

15,7 %

9,0 %

Amphétamines

1,9 %

0,1 %

7,2 %

12,8 %

5,8 %

Ecstasy

1,9 %

0,3 %

14,0 %

13,7 %

10,5 %

Hallucinogènes

1,8 %

<0,1 %

12,6 %

12,6 %

2,5 %

Héroïne

0,3 %

<0,1 %

10,2 %

1,4 %

1,3 %

Toutes les « drogues dures »

4,1 %

0,5 %

12,2 %

28,8 %

21,7 %

Utilisation problématique de la drogue : une comparaison internationale

En ce qui concerne l’utilisation problématique d’opiacés et les problèmes de santé liés à la drogue, les Pays-Bas occupent un rang relativement peu élevé au sein de l’Union européenne. 

D’après le EMCDDA [2001], l’UE compte 1,5 million d’utilisateurs problématiques de drogue (la plupart des opiacés), ce qui représente 4 personnes sur 100 habitants (15-65 ans). Parmi les 13 états membres[6], les Pays-Bas (2,5 par 100 habitants) occupent la onzième place (figure 17).

Dans l’UE, 38 % de tous les nouveaux cas de SIDA sont des utilisateurs de drogue injectable. Aux Pays-Bas, le taux est de 11 %. Le nombre d’utilisateurs de drogues injectables qui ont contracté le SIDA dans l’UE est de 9 personnes sur un million d’habitants. Le nombre pour la Hollande est de une personne sur un million [NDM, 2001].

Le nombre de décès subits à la suite de l’utilisation de drogues a été comparé par le EMCDDA, 2001 pour sept états membres de l’UE.[7] Le Royaume-Uni (Angleterre et Pays de Galles) occupe le premier rang avec 2,7 décès par 100 000 habitants. Les Pays-Bas occupent la 6e place avec 0,5 décès par 100 000 habitants (figure 18).

 


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 FIGURES

 

Figure 1 :

Utilisation passée de cannabis dans la population générale aux Pays-Bas (1970-1991)

                                                                                    15 ans et plus (face à face)

                                                                                    16 ans et plus

                                                                                    18 ans et plus (écrite)

 

Figure 2 :

Utilisation de cannabis dans la population générale par les personnes de 12 ans et plus, Pays-Bas (1997)

 

Utilisation passée                                               Jamais

Pas le dernier mois                                            84,6 %

13,1 %

 

Dernier mois 2,5 %

 

Figure 3 :

Fréquence de la consommation de cannabis par les utilisateurs actuels âgés de 12 ans et plus, Pays-Bas (1997)

 

Plus de 20 jours

26 %

 

9-20 jours                                                                      1-4 jours

15 %                                                                            45 %

 

5-8 jours

14 %

 

Figure 4 :

Utilisation de cannabis dans la population générale, Pays-Bas, selon l’âge (1997)

 

                                                                                                            Passée

                                                                                                            Mois dernier

 

 

                                                                                                            70 ans et plus

 

Figure 5 :

Tendances de l’utilisation du cannabis dans la population générale, Amsterdam, 12 ans et plus (1987-1997)

 

                                    Passée

                                    Année

                                    Mois

 


Figure 6 :

Utilisation du cannabis dans la population générale, Amsterdam, 12 ans et plus, selon l’âge (1997)

 

                                    Passée

                                    Année

                                    Mois

                                                                        70 ans et plus

 

Figure 7 :

Tendance de l’utilisation de cannabis « étudiants plus âgés » Amsterdam (1993-1999)

 

 

                                    Passée

                                    Année

                                    Mois

 

Figure 8 :

Utilisation de cannabis parmi les élèves des écoles secondaires âgés de 12 ans (1988-1999)

 

 

                                    Passée

                                    Quatre dernières semaines

 

Figure 9 :

Utilisation passée de cannabis selon l’âge, Pays-Bas (1997)

 

Figure 10 :

Utilisation passée de cannabis selon l’âge, Angleterre et Pays de Galles (1998)

 

Figure 11 :

Utilisation passée de cannabis selon l’âge, Allemagne - Ouest (1997)

 

Figure 12 :

Utilisation actuelle du cannabis selon l’âge, Pays-Bas (1997)

 

Figure 13 :

Utilisation actuelle du cannabis selon l’âge, Angleterre et Pays de Galles (1998)

 

Figure 14 :

Utilisation actuelle du cannabis selon l’âge, Allemagne - Ouest (1997)

 

Figure 15 :

Utilisation du cannabis chez les étudiants de 15-16 ans (1999)

                                    Passée

                                    Mois

Angleterre et Pays de Galles, France, Irlande, Pays-Bas, Italie, Danemark, Norvège, Finlande, Grèce, Portugal, Suède

 

Figure 16 :

Traitement en clinique externe, cannabis comme premier problème, Pays-Bas

 

Nombre d’inscriptions

Pourcentage de toutes les inscriptions pour drogue

 


Figure 17 :

Nombre d’utilisateurs de drogue dure problématiques dans les pays de l’UE, par 1000 habitants (15-65 ans)

 

Luxembourg, Italie, Royaume-Uni, Espagne, France, Irelande, Danemark, Autriche, Belgique, Suède, Pays-Bas, Finlande, Allemagne

 

Figure 18 :

Nombre de décès subits après l’utilisation de drogue dans les pays de l’UE par 100 000 habitants

 

Angleterre et Pays de Galles (1998), Suède (1996), Autriche (1998), Allemagne (1997), Belgique (1994), Pays-Bas (1995), France (1997)

 



[1] Dans le cas des drogues licites, des extrapolations de la consommation peuvent être faites à partir de paramètres directs comme les données sur la production et sur les taxes. La consommation moyenne peut être calculée – p. ex. litres d’alcool pur par habitant par année – et, à l’aide de formules mathématiques, le nombre d’utilisateurs fréquents ou à problème peut être estimé. Dans le cas des drogues illicites, ce genre de macrodonnées ne sont pas disponibles. Les extrapolations à partir des montants de drogue illicite confisquée peuvent être utilisées comme solution de rechange, mais elles sont extrêmement hypothétiques [Korf, 1995]. Les enquêtes d’autodéclaration constituent la méthode la plus courante de mesurer l’utilisation du cannabis et les tendances connexes. Dans le domaine de la criminologie, les enquêtes d’autodéclaration sont utilisées pour connaître les infractions qui passent inaperçue dans les données officielles sur le crime. Elles peuvent ainsi aider à révéler le soi-disant chiffre noir, c’est-à-dire la différence entre les actes criminels commis et le compte officiel. Le grand inconvénient de cette méthode, c’est que seulement une partie limitée, sélective de toute la criminalité peut être mesurée; les crimes plus graves en particulier ont tendance à rester obscurs. Parmi les autres points faibles de cette méthode mentionnons les trous de mémoire et les erreurs chez les sujets, la formulation vague des points d’enquête et les périodes de couverture indéterminées. Néanmoins, les enquêtes se sont clairement avérées utiles dans le domaine de la criminologie comme solution de rechange aux procédures traditionnelles. Les premières enquêtes sur l’utilisation du cannabis aux Pays-Bas ont également été menées par des criminologues. Elles ont été en grande partie remplacées plus tard par d’autres types de scientifiques sociaux et d’épidémiologistes.

[2] Le présent document s’appuie sur les données du premier stade de la recherche.[1] Les résultats de la deuxième mesure seront connus à la fin de 2001.

[3] Différentes méthodologies. Âge variant entre un minimum de 15-18 ans à un maximum de 49-69 ans. Années de l’enquête : de 1997 à 2000.

[4] Codes ICD-9 : 304.3, 305.2. Source : PiGGz. La situation après 1997 n’est pas claire; cette augmentation s’est probablement poursuivie en 1997.

[5] Codes ICD-9 : 304.3, 305.2. Source : LMR.

[6] Aucune estimation n’est disponible pour la Grèce et le Portugal.

[7] Codes ICD-9 : 292, 305.2-9, 304, E850, E890. Les données ne comprennent que les décès directs après l’utilisation d’opiacés, d’allucinogènes, de cocaïne, d’amphétamines et de cannabis.


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