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Déclarations de sénateurs

Frederick Lee

5 décembre 2018


L’honorable Sénateur Yuen Pau Woo :

Honorables collègues, aujourd’hui, je prends la parole pour rendre hommage au soldat Frederick Lee et aux soldats qui se sont battus à ses côtés lors d’une bataille de la Première Guerre mondiale dont vous n’avez probablement jamais entendu parler.

En août 1917, une bataille féroce s’est déroulée juste au nord de la ville de Lens, en France. Sous la direction du général sir Arthur Currie, trois divisions du Corps canadien ont mené avec succès une attaque contre les forces allemandes qui occupaient un terrain surélevé dénommé la « colline 70 ». Le Corps canadien a repoussé un nombre ahurissant de 21 contre-attaques menées par un ennemi déterminé à reprendre sa position. Les Canadiens ont remporté une victoire remarquable, mais qui a tout de même fait quelque 9 000 morts et blessés. Les soldats qui ont pris part à la bataille avaient du courage à revendre. Six Canadiens ont reçu la Croix de Victoria pour leurs exploits à la bataille de la colline 70. C’est deux de plus que les Canadiens décorés de la Croix de Victoria pour leur bravoure à la bataille de la crête de Vimy, qui est mieux connue.

Parmi les victimes de la bataille de la colline 70 figurait un jeune homme de 20 ans du nom de Frederick Lee. M. Lee, natif de Kamloops, était fermier avant de s’enrôler dans le 172e bataillon des Rocky Mountain Rangers, au début de 1916. Le simple fait qu’une personne se porte volontaire pour aller à la guerre est extraordinaire en soi, mais les actions de M. Lee l’étaient d’autant plus qu’il l’a fait pour un pays qui ne le reconnaissait pas en tant que citoyen. En effet, la Loi de l’immigration chinoise de 1885 refusait le droit de vote aux Canadiens d’origine chinoise. Pourtant, M. Lee et environ 200 autres jeunes hommes d’origine chinoise se sont portés volontaires pour aller se battre pour le Canada pendant la Grande Guerre.

L’histoire de M. Lee en est une parmi tant d’autres qui montrent toute la mesure de la contribution des Canadiens d’origine chinoise à la construction du pays alors même qu’ils n’y étaient pas bien accueillis. Leur présence au Canada date d’aussi loin que la Confédération, mais on parle couramment de la communauté sino-canadienne comme s’il s’agissait de nouveaux arrivants.

En fait, les Canadiennes et les Canadiens d’origine chinoise ont contribué à la création d’un pays en l’aidant à se séparer de son passé colonial; ils ont construit un chemin de fer, ont ouvert des marchés de l’autre côté du Pacifique, ont apporté emplois et prospérité dans les régions pionnières, et ont parfois même sacrifié leur vie pour la cause de la paix.

Un peu comme la bataille de la colline 70, Frederick Lee était un oublié de l’histoire canadienne de la Première Guerre mondiale. Ce sont les efforts et le dévouement d’un groupe de bénévoles du projet commémoratif de la colline 70 et du projet Trouvons Frederick Lee qui ont permis de faire connaître la bataille de la colline 70 et les soldats qui y ont laissé leur vie. Voici quelques-uns de ces bénévoles : Jack Gin, Susan Everett, Sarah Murray, le colonel Mark Hutchings et Robert Baxter. Les sénateurs seront sans doute ravis d’apprendre que, grâce aux efforts de ces gens, les autorités françaises ont accepté de donner un terrain situé à Loos-en-Gohelle, près de l’endroit où la bataille a eu lieu, afin qu’on y aménage un parc commémorant la bataille de la colline 70.

On doit aussi à cette équipe une série de documents d’information, en français et en anglais, sur la bataille de la colline 70, dont des photos d’époque, des photos de recrues, des documents officiels et un roman illustré.

La plupart d’entre nous n’aurons jamais l’occasion de visiter ce parc, mais il est quand même possible d’en avoir un bon aperçu au www.cote70.ca. Mes collaborateurs viennent d’envoyer un lien à tous les sénateurs, que j’invite à faire connaître ce jalon important de l’histoire militaire canadienne.

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