Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le conflit israélo-palestinien

25 juin 2025


Honorables sénateurs, j’ai récemment pris connaissance de l’histoire d’une jeune fille nommée Malak, une réfugiée d’à peine 13 ans. La tente dans laquelle elle dormait avec sa famille a été touchée par des éclats d’obus : Malak a perdu un œil et son père est décédé.

Dans un reportage de la BBC, on voit Malak avec les survivants de sa fratrie. Elle tient le plus jeune dans ses bras, un poupon de seulement quatre mois qui est né après la mort de leur père. Elle déclare : « Je porte en moi une douleur si lourde que même une montagne croulerait sous son poids. »

Il y a un an et demi, j’ai pris la parole dans cette enceinte pour attirer votre attention sur le conflit entre Israël et la Palestine. J’ai condamné les actions du Hamas et les prises d’otages, et j’ai exprimé mon désarroi devant la perte de vies humaines, peu importe leur nationalité.

J’en suis venue à ressentir une certaine culpabilité d’être musulmane dans un lieu sûr où il fait bon vivre. J’ai déjà parlé de ce conflit, mais ai-je parlé assez fort? Ma voix a-t-elle été entendue? Ai-je rempli mon devoir en tant qu’être humain?

Au cours de l’année et demie qui s’est écoulée, 56 000 Palestiniens — dont 17 000 enfants selon les estimations — et 1 700 Israéliens ont perdu la vie. Plus de 8 000 Israéliens et 100 000 Palestiniens — soit 1 Gazaoui sur 20 — ont été blessés. Au moins 180 journalistes et 220 travailleurs humanitaires ont également perdu la vie alors qu’ils accomplissaient leurs fonctions dans la zone de conflit. Ces chiffres sont effarants et ils continuent d’augmenter; nous devrions tous en être choqués.

Je crains que le monde ne soit en train d’oublier les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui souffrent à cause d’un manque de nourriture, de fournitures et de soins médicaux. Je crains que le nombre croissant de victimes et de personnes déplacées devienne progressivement une statistique plutôt qu’une représentation horrible d’une souffrance causée par la guerre.

Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et permettre que ces décès continuent de s’accumuler. Nous ne pouvons pas permettre que l’on considère cette dévastation comme normale. Nous ne pouvons pas être sélectifs lorsqu’il est question de droits de la personne. Nous devrions tous être scandalisés par la mort de chaque civil.

La petite Malak rêve de devenir ophtalmologiste, afin d’aider tous ceux qui ont souffert comme elle. Bien que son empathie face à une douleur incommensurable m’inspire, je crains pour son avenir et pour celui des enfants comme elle. Quel genre de monde allons-nous leur laisser? Combien d’enfants auront la chance de réaliser leurs rêves? Quand la prochaine génération regardera ce que nous avons fait, comment lui justifierons-nous nos actions?

Au fur et à mesure que les images et les histoires tragiques continuent d’affluer, j’ai cessé, comme beaucoup d’autres, de consulter la majorité des nouvelles. La crise humanitaire dans la bande de Gaza n’est pas seulement une tragédie, c’est aussi un test de nos valeurs, de notre conviction profonde que toutes les vies ont la même valeur. J’espère que nous n’échouerons pas à ce test en laissant tomber la population de Gaza.

Honorables sénateurs, la paix n’est pas fondée sur le silence.

Haut de page