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Projet de loi sur le Mois du patrimoine arabe

Deuxième lecture--Suite du débat

19 juin 2025


Honorables sénateurs, je sais que le temps file. J’ai l’habitude d’être brève et je le serai encore plus cette fois-ci.

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui à titre de porte-parole officielle du projet de loi S-227, qui ferait d’avril le mois du patrimoine arabe. Je remercie le sénateur Al Zaibak d’avoir présenté de nouveau cet important projet de loi.

Alors que je me préparais à prendre la parole, je me suis demandé à qui correspond au juste le nom « Arabe ». On considère que les Arabes font partie des peuples sémites. Ils parlent l’arabe, une langue sémitique. Le monde arabe comprend 22 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord où l’arabe est la principale langue parlée. Sur le plan de la religion, la plupart des Arabes sont musulmans, mais il y a aussi des Arabes chrétiens et des Arabes juifs, tout comme il y a des Canadiens musulmans, chrétiens et juifs. Malgré leurs différences ethniques et religieuses, les Arabes sont unis par l’histoire, la culture, la musique, l’art, la cuisine et les coutumes qui sont les leurs.

Ibrahim Abou Nader est généralement considéré comme le premier immigrant arabe au Canada. Il s’est installé à Montréal en 1882. Depuis, la communauté arabo-canadienne n’a jamais cessé de croître, les communautés les plus importantes étant situées à Montréal et à Toronto.

Honorables sénateurs, le monde arabe a offert à l’humanité des cadeaux qui transcendent les frontières, les siècles et les disciplines. Les racines des contributions arabes à la civilisation mondiale sont profondes. Je souhaite donc mettre en lumière quelques inventeurs arabes qui ont ouvert la voie à Newton, à Galilée et même aux frères Wright.

Tout d’abord, une chose aussi anodine que notre tasse de café matinale trouve son origine dans le monde arabe. La légende veut que le café ait été découvert par un éleveur de chèvres nommé Khalid ou Kaldi, dans l’Éthiopie du IXe siècle. Celui-ci avait remarqué que les chèvres, lorsqu’elles mâchaient certains grains, devenaient particulièrement excitées. Des plants de café ont été transportés de l’autre côté de la mer Rouge, jusqu’au Yémen, où le café a commencé à être cultivé et infusé pour la première fois au XVe siècle. Du XVe au XVIIe siècle, la ville portuaire de Mocha, ou Al-Makha, sur la côte yéménite de la mer Rouge, devient l’épicentre du commerce mondial du café. De là, le café se répand dans le monde islamique, atteignant La Mecque, Le Caire, Damas, puis l’Empire ottoman, avant de se frayer un chemin jusqu’en Europe. La domestication et la commercialisation du café par les Arabes ont jeté les bases de la culture moderne du café dans le monde.

Mille ans avant l’invention de la machine volante par les frères Wright, Abbas Ibn Firnas, un polymathe andalou, a inventé le premier engin volant plus lourd que l’air à être enregistré dans l’histoire. Il a fabriqué un planeur rudimentaire à partir de bois, de soie et de plumes et se serait lancé lui-même depuis une montagne du Yémen, planant pendant plusieurs minutes et se dirigeant suffisamment bien pour atterrir près de son point de départ. Cette entreprise présageait des concepts qui, des siècles plus tard, ont inspiré les travaux de Léonard de Vinci et des frères Wright.

En mathématiques, l’Égypte ancienne et Babylone ont été les centres de l’émergence de l’algèbre, un mot dérivé de l’arabe « al-jabr », qui signifie « restauration » ou « réunion ». Les anciens Babyloniens ont été les pionniers de l’utilisation de l’algèbre dans le domaine des mathématiques. Des preuves laissent penser que cette pratique remonte à une période comprise entre 1900 et 1600 avant Jésus-Christ.

Nous avons entendu parler des premiers docteurs en médecine. Al-Zahrawi, un médecin, chirurgien et chimiste célèbre, a publié en l’an 1000 un ouvrage intitulé Kitab al-Tasrif, une encyclopédie arabe en 30 volumes sur la médecine et la chirurgie qui a été une référence médicale en Europe pendant les 500 années qui ont suivi.

Une autre figure éminente était Ibn Sina, connu en Occident sous le nom d’Avicenne, qui a écrit Le Canon de la médecine, un ouvrage qui a été une référence dans les universités européennes pendant plus de 500 ans. Ses observations détaillées ont jeté les bases des essais cliniques, des procédures de quarantaine et des traitements holistiques plusieurs siècles avant que la science moderne ne refasse son retard.

Honorables sénateurs, ce ne sont pas seulement des détails de l’histoire. Ce sont les pierres angulaires de la science et de la culture modernes.

On entend peu parler de ces inventeurs, parce que l’histoire écrite est subjective, mais j’espère que le mois du patrimoine arabe nous permettra de découvrir la richesse de la culture et de l’histoire des Canadiens d’origine arabe ainsi que leurs réalisations et leurs contributions remarquables.

Ces contributions ne sont pas figées dans le passé. Le Canada s’en est imprégné. Les Canadiens d’origine arabe ont apporté des contributions exceptionnelles au tissu social, culturel, scientifique et politique de notre pays et ils continuent d’en apporter.

Nous savons qu’au cours des dernières années, les membres des communautés arabes — plus particulièrement les musulmans, les personnes racisées et les nouveaux arrivants — ont été victimes de discrimination, de profilage et de marginalisation. La désignation du Mois du patrimoine arabe n’est pas seulement un acte de célébration, mais aussi un acte de solidarité, une affirmation que chaque Canadien, quelle que soit son origine, appartient pleinement et autant que les autres à ce pays.

Honorables sénateurs, servons-nous du Mois du patrimoine arabe pour nous assurer que les jeunes Canadiens d’origine arabe se reconnaissent dans nos institutions, que toutes les cultures arabes au Canada sont célébrées dans nos salles de classe, et qu’on tient compte de la voix des Canadiens d’origine arabe dans nos conversations. Ainsi, nous pourrons tous espérer tisser ensemble une version plus authentique de notre histoire collective.

Merci. Shukran.

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