Projet de loi sur le Mois national de l'immigration
Deuxième lecture
18 juin 2025
Honorables sénateurs, je ne tiens pas compte du conseil de mon ancien voisin de banquette, le sénateur Braley — qu’il repose en paix —, et je prends de nouveau la parole. Il m’a dit : « Ne prenez pas trop souvent la parole, sinon les gens s’habitueront à votre voix. » Je ne tiens pas compte de ce conseil aujourd’hui.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui à titre de porte-parole pour le projet de loi S-215, Loi instituant le Mois national de l’immigration.
Je tiens tout d’abord à féliciter la sénatrice Gerba pour ses efforts à titre de marraine du projet de loi, ainsi que pour ses efforts constants pour faire du Canada un endroit plus inclusif pour tous. Le parcours de la sénatrice Gerba illustre l’incidence positive de l’immigration.
Le projet de loi S-215 vise à désigner le mois de novembre comme Mois national de l’immigration au Canada afin de reconnaître officiellement et de célébrer les contributions importantes que les immigrants ont apportées et continuent d’apporter à la société, à la culture, à l’économie et à la force globale du Canada.
Honorables sénateurs, nous vivons une époque de plus en plus difficile et marquée par des divisions. L’opinion publique à l’égard de l’immigration est aujourd’hui plus négative que je ne l’ai jamais vue au cours des quelque 50 années que j’ai passées au Canada. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est important de nous rappeler que le Canada est un pays qui a été bâti par des immigrants et que l’immigration a façonné le tissu de notre société.
Lorsqu’elle est gérée de manière responsable, l’immigration est un moteur de croissance économique et d’innovation. Elle permet de combler les pénuries de main-d’œuvre, elle contribue au développement des industries et elle renforce notre compétitivité sur la scène internationale.
Honorables sénateurs, mon histoire d’amour avec le Canada a commencé bien avant que je mette les pieds sur le sol canadien. Lorsque j’étais petite et que je fréquentais le pensionnat catholique Convent of Jesus and Mary, dans le Nord du Pakistan, mon univers se limitait souvent au terrain de l’école. Cependant, nos professeurs nous montraient parfois des documentaires, et notre classe se transformait soudainement en une fenêtre ouverte sur le monde.
De tous les pays du monde, c’étaient toujours les documentaires sur le Canada, fournis par l’ambassade canadienne à notre école, qui enflammaient mon imagination. Le Canada m’appelait. Je me suis promis d’y aller un jour.
Mon rêve est devenu réalité en 1980. D’ailleurs, tout récemment, je me suis retrouvée sous les mêmes aurores boréales qui m’avaient fasciné quand j’étais enfant. Alors que je contemplais le ciel, j’ai été submergée par l’émotion en repensant au chemin qui m’avait menée jusqu’ici.
Toutefois, il est important de reconnaître que tous les immigrants ne viennent pas principalement pour des raisons économiques. Je suis arrivée au Canada en tant que jeune mariée. Mon mari avait promis à mon père que nous retournerions au Pakistan peu après, mais la vie en a décidé autrement. Les Russes ont envahi l’Afghanistan, et ma ville natale, Peshawar, la ville plus proche de la frontière afghane, est soudainement devenue dangereuse. La guerre en Afghanistan a traversé la frontière, et les rues et les maisons de ma chère Peshawar, connue comme la ville des fleurs, ont soudainement été remplies de sang. Peshawar est devenu l’épicentre de la violence et de la terreur.
Puis, il y a eu la loi martiale imposée par le général Zia. L’atmosphère est devenue de plus en plus difficile et étouffante pour les femmes et les filles en raison de la montée d’un élément religieux ultraconservateur. Après de longues discussions, mon mari et moi avons décidé que nous ne voulions pas élever nos filles dans un environnement où elles ne pourraient pas s’épanouir. À ce moment-là, le Canada était devenu mon pays, et je me suis rendu compte, ayant vécu ici, que je ne pouvais pas vivre ailleurs.
Honorables sénateurs, mon histoire n’est que l’une des millions d’histoires d’immigrants qui ont été accueillis au Canada et qui, à leur tour, contribuent à sa prospérité et à sa richesse culturelle. Le Canada offre une société fondée sur les valeurs de la diversité, de l’égalité et des possibilités, en offrant un refuge sûr pour que les gens puissent mener une vie meilleure. Les possibilités sont infinies, et les valeurs d’inclusion et de respect permettent à chacun d’entre nous de s’épanouir et de contribuer à la société en général.
En tant que sénatrice de Toronto, je suis extrêmement fière de ma ville. Toronto n’est pas seulement diversifiée; c’est un témoignage vivant du pouvoir de l’inclusion. Imaginez que vous vous promenez dans n’importe quelle rue de notre ville : une personne que vous rencontrez sur deux a une histoire qui a commencé dans une autre partie du monde. Près de la moitié de la population de Toronto est née dans un autre pays et a apporté avec elle une richesse d’expériences, de traditions, de langues et de points de vue.
La diversité de Toronto n’est pas seulement une statistique; elle alimente notre innovation, enrichit notre culture et renforce notre communauté. On peut la goûter dans les restaurants, l’entendre dans la musique et la voir sur les visages de nos voisins et de nos amis. Ce qui distingue vraiment Toronto, et même tout le Canada, ce n’est pas seulement la présence de la diversité, mais la façon dont nous l’acceptons. Je m’en rendais compte chaque fois que ma mère venait me rendre visite depuis l’étranger. Elle considérait le Canada comme son « chez-soi ». Elle rendait visite à mon frère aux États-Unis et me disait à quel point elle se sentait en sécurité au Canada. Ce n’était pas seulement en raison de la politesse des gens, mais aussi de la chaleur sincère qui lui donnait le sentiment d’appartenir à ce pays, même en tant que visiteuse.
Honorables sénateurs, désigner novembre comme le Mois national de l’immigration nous permet de faire ce qui suit : célébrer les réalisations et les contributions des immigrants qui ont choisi le Canada comme pays d’accueil; reconnaître que leur travail acharné et leur dévouement ont enrichi notre économie et les collectivités; sensibiliser les générations actuelles et futures au rôle important que l’immigration a joué dans l’édification de notre nation; souligner l’importance de politiques d’immigration ordonnées et efficaces qui servent les intérêts de tous les Canadiens; promouvoir la compréhension, l’acceptation et l’appréciation de la riche diversité du Canada tout en renforçant les valeurs et les principes communs qui nous unissent en tant que nation; et renforcer les liens d’unité entre tous les Canadiens en mettant en évidence les objectifs et les aspirations que nous partageons, quelle que soit notre origine.
Honorables sénateurs, pour que l’immigration fonctionne bien, l’intégration efficace des nouveaux arrivants est essentielle. Il est important que nous soutenions les initiatives qui aident les immigrants à apprendre nos langues officielles, à comprendre la culture canadienne et à participer pleinement à la société. Cette approche profite non seulement aux nouveaux arrivants, mais aussi aux collectivités. Il est également important de se rappeler que l’intégration se fait dans les deux sens. Si les nouveaux arrivants doivent faire des efforts pour s’adapter à leur nouvelle société, nous devons aussi, en tant que membres de la société d’accueil, être ouverts et solidaires. Cette responsabilité mutuelle renforce notre tissu social et fait en sorte que tout le monde a la possibilité de réussir.
Honorables sénateurs, j’appuie le projet de loi S-215 et je vous encourage à faire de même. En désignant le mois de novembre comme le Mois national de l’immigration, nous avons l’occasion de nous réapproprier et de recentrer le discours entourant l’immigration. Faisons en sorte que le Canada demeure un endroit où les rêves peuvent devenir réalité et où les gens de toutes les ethnies et de toutes les origines peuvent se sentir chez eux.
Merci.
Les sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?
Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
Des voix : D’accord.
(La motion est adoptée et le projet de loi est lu pour la deuxième fois.)