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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les enfants rohingyas

20 novembre 2025


Honorables sénateurs, je prends la parole à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, une journée où nous renouvelons notre engagement à protéger les droits des enfants, notamment le droit à l’éducation, aux soins de santé et à la protection contre tout préjudice.

Aujourd’hui, je vais me concentrer sur les enfants des Rohingyas, une minorité ethnique musulmane du Myanmar et la plus grande population apatride au monde.

La semaine dernière, je me suis rendue au Bangladesh pour visiter les camps de réfugiés rohingyas; j’étais heureuse de pouvoir me rendre sur place pour rencontrer les gens et constater la situation de mes propres yeux. Rien ne pouvait me préparer à ce que j’ai vu.

La première chose que j’ai vue qui m’a frappée, ce sont les enfants qui nous regardaient fixement lorsque nous sommes arrivés. Certains étaient pieds nus et semblaient souffrir de malnutrition. Quelques jeunes enfants couraient sans vêtements ni chaussures. On nous a présenté une petite fille de 14 ans qui a pris l’initiative de s’occuper de moi parce que je boitais. Avec un calme surprenant pour son âge, elle nous a parlé de ses proches, de ceux qui avaient été violés, de ceux qui avaient été tués. Je me suis demandé : « Quelles horreurs cette enfant a-t-elle vécues? »

Pourtant, malgré tout, elle s’est tenue devant une foule et a parlé de l’importance de l’éducation des filles. Elle a parlé de son rêve de devenir enseignante, un rêve qui, je le savais, ne se réaliserait peut-être jamais parce que les enfants réfugiés ne sont pas autorisés à poursuivre leurs études au-delà de la 10e année. Son avenir est sévèrement limité par les circonstances qui lui sont imposées.

Plus tard, derrière les vitres teintées de la fourgonnette, j’ai vu des enfants tenir de magnifiques fleurs de lotus. Puis, un des enfants a pelé une tige et l’a mangée. À ce moment-là, cela m’a frappée : « Je regarde le visage de la faim. »

C’est ce que je faisais.

Les réfugiés rohingyas reçoivent un panier d’épicerie d’une valeur de seulement 12 $ par personne par mois, ce qui est à peine suffisant pour acheter des bananes, un peu de protéines, des épices, de l’huile et du riz. En avril, ce montant a même été réduit à 6 $, donc juste assez pour du riz et de l’huile. Ce n’est pas de la subsistance. C’est la survie réduite à sa plus simple expression.

Ceux d’entre nous qui ont marché dans les camps ont vu quelque chose de douloureusement évident : un désespoir profond et écrasant. Il transparaissait sur tous les visages. Il est resté gravé dans notre mémoire depuis.

Pourtant, le Bangladesh, une économie émergente, continue de faire ce que peu de pays ont fait. Il a ouvert sa frontière, son territoire et son cœur à plus de 1 million de Rohingyas. Pour cette ouverture, nous lui devons une immense gratitude.

Cependant, la gratitude ne suffit pas. Nous devons faire mieux. Nous le devons aux enfants rohingyas dont les rêves sont en train de s’estomper, au Bangladesh, qui assume des responsabilités qu’aucun pays ne devrait assumer seul, et à notre propre conscience en tant que pays qui prétend défendre les droits de la personne. Je vous remercie.

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