Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

L'honorable Frances Lankin, c.p.

8 octobre 2024


L’honorable Raymonde Saint-Germain [ - ]

Honorables sénateurs, aujourd’hui, je rends hommage à une pionnière de la réforme du Sénat, l’honorable Frances Lankin, qui, en huit ans et demi, aura laissé une marque indélébile sur cette institution, un héritage durable.

Avant sa nomination en 2016, elle avait déjà mené une carrière réussie et distinguée. Ses états de service public et communautaire sont tout à fait impressionnants. C’est une parlementaire expérimentée — redoutable, même — qui a siégé à Queen’s Park, tant dans l’opposition qu’au sein du gouvernement, en tant que ministre de premier plan.

Grâce à une membre du personnel de son bureau, Rose Désilets, qui décrit la sénatrice Lankin comme la meilleure patronne qu’elle ait jamais eue, j’ai déniché cette déclaration de 2008, qui semble bien représenter sa devise :

À elle seule, la politique ne peut pas résoudre tous les problèmes [...] mais rares sont les problèmes qui peuvent se résoudre sans le concours et l’intervention des politiciens.

La sénatrice Lankin a contribué à résoudre de nombreux problèmes au Sénat, forte de sa détermination et de son dévouement, aussi inébranlables qu’inspirants.

Sur le plan législatif, les femmes et les filles de notre pays doivent une fière chandelle à la sénatrice Lankin pour avoir rendu notre hymne national plus neutre et plus inclusif, grâce à son parrainage astucieux, à la fois pour le contenu et la procédure, du projet de loi C-210, Loi modifiant la Loi sur l’hymne national (genre).

Ses efforts incessants pour mettre fin à la discrimination fondée sur le genre et protéger les droits des peuples autochtones ont abouti à l’adoption du projet de loi S-3, Loi modifiant la Loi sur les Indiens pour donner suite à la décision de la Cour supérieure du Québec dans l’affaire Descheneaux c. Canada (Procureur général). Les efforts qu’elle a déployés pour que les troubles psychiatriques et mentaux soient pris en considération dans les évaluations et les rapports présentenciels ont débouché sur des modifications qui ont été apportées au Code criminel par l’adoption du projet de loi C-375, Loi modifiant le Code criminel (rapport présentenciel).

Elle prenait toujours la parole pour défendre les travailleurs quand les rapports de pouvoir étaient inégaux. Les propos percutants et assertifs qu’elle a tenus au cours des débats sur deux mesures législatives visant à contraindre des travailleurs à retourner au travail résonnent encore aujourd’hui.

Permettez-moi de citer un extrait du discours qu’elle a prononcé cette année au sujet du projet de loi C-58, Loi modifiant le Code canadien du travail et le Règlement de 2012 sur le Conseil canadien des relations industrielles :

Le mouvement syndical, les syndiqués, les familles et les collectivités ont tous ressenti, pendant des années, les effets de ce déséquilibre dans les relations de travail [...] J’espère que ressentez le poids historique du vote auquel nous nous apprêtons à participer et de ce qu’il représente pour les travailleurs du Canada, pour les familles et pour l’avenir des relations de travail dans notre pays [...]

Maîtrisant parfaitement les règles et les principes parlementaires, Frances a noué des relations avec les membres de tous les groupes parlementaires, et elle a aussi œuvré à la modernisation du Sénat. D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles elle est devenue sénatrice. Tous les membres du Groupe des sénateurs indépendants, et plus particulièrement les membres de l’équipe de facilitation au fil des ans, lui doivent énormément.

Elle a toujours été une sage conseillère et une solide alliée de sa famille parlementaire. De façon spontanée, et souvent dans les coulisses, elle n’a jamais hésité à donner des conseils judicieux à ses collègues pour les empêcher de commettre une gaffe ou les aider à en corriger une.

Aujourd’hui, nous disons aussi au revoir à une collègue empreinte de compassion qui, face aux défis de la vie, a fait preuve et continue de faire preuve de courage et de sagesse.

Chère Frances, au nom de toute la famille du Groupe des sénateurs indépendants, je tiens à vous exprimer notre reconnaissance et à vous souhaiter tout ce qu’il y a de mieux pour ce prochain chapitre de votre vie. Ce n’est qu’un au revoir.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Honorables sénateurs, chère Frances. La sénatrice Lankin a été l’une des premières personnes nommées au Sénat par le premier ministre Trudeau, en mars 2016, après avoir mené une carrière bien remplie et remarquable, comme l’a souligné la sénatrice Saint-Germain — elle a consacré sa vie à défendre les travailleurs, les droits des femmes et les négligés.

En tant que sénatrice, elle a fait sa marque de nombreuses façons, et je ne vais pas répéter toutes ses réalisations, sauf pour souligner qu’elle est également membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement depuis sa création, où elle a pu mettre à profit l’expérience acquise dans ce domaine avant de se joindre à nous. Plus récemment, elle a donné de son temps à notre équipe du bureau du représentant du gouvernement pendant une période limitée afin de contribuer au lancement d’importantes réformes attendues depuis longtemps au Sénat.

Pendant tout votre parcours, et lors de vos nombreuses interventions rarement rédigées d’avance au Sénat — j’essaie d’ailleurs de vous faire honneur en ne lisant pas de discours aujourd’hui, mais mon temps est limité — vous avez toujours été réfléchie, pertinente et concise. À mon humble avis, vous avez été l’exemple de ce que veut dire être un sénateur indépendant au sein d’un Sénat qui aspire à être moins partisan et à être indépendant de l’influence de la sphère politique.

À cet égard, vous avez été un modèle pour moi aussi. Vous avez fait preuve de respect pour l’importance de notre travail au Sénat, pour la valeur que nous pouvons ajouter et que nous ajoutons effectivement au processus législatif lorsque nous nous appliquons à l’étude sérieuse des projets de loi. Vous avez compris et vous nous avez aidés à comprendre qu’il s’agit d’un rôle très important, mais modeste, car nous devons tenir compte de notre rôle constitutionnel en tant que Chambre non élue qui est complémentaire de la Chambre élue.

Vous et moi n’avons pas toujours été d’accord sur les politiques, mais en ce qui concerne nos valeurs fondamentales et notre position par rapport au travail que nous accomplissons pour les Canadiens, je me sens parfaitement en phase avec vous. Je ne veux pas vous gêner, mais vous avez été une mentor pour moi — sans que je vous le demande, parce que je n’ai pas été assez futé pour vous le demander. En effet, vous m’avez montré l’exemple dès le premier jour où j’ai rejoint le Groupe des sénateurs indépendants — nous étions un petit groupe à l’époque, et beaucoup d’entre vous siègent encore en cette assemblée — puis, pendant la période précédant ma nomination à titre de représentant du gouvernement. Ainsi, vous m’avez aidé à mieux comprendre que je ne l’aurais fait par moi-même ce que veut dire être un représentant du gouvernement au Sénat.

Je vois que mon temps est écoulé. Vous êtes un exemple de la noblesse de la politique lorsqu’on la pratique avec intégrité et respect. Vous n’hésitez jamais à dénoncer les comportements irrespectueux et je vous admire pour cela. Vous avez été une grande amie pour moi et ma chère épouse, Nancy. Vous allez nous manquer énormément, Frances. Merci.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ - ]

Honorables sénateurs, je prends moi aussi la parole aujourd’hui pour rendre hommage à la sénatrice Frances Lankin.

Comme on l’a déjà dit, la sénatrice Lankin a été nommée au Sénat par le premier ministre le 18 mars 2016. Avant d’être nommée à la Chambre haute, Frances Lankin a siégé à l’Assemblée législative de l’Ontario pendant 11 ans, où elle a occupé diverses fonctions dans le Cabinet du gouvernement de Bob Rae et dans l’opposition. Son dévouement au service public s’étend sur plus de 30 ans.

Chers collègues — et, je sais, Frances —, je doute qu’aucun d’entre vous ne soit surpris d’apprendre que la sénatrice Lankin et moi avons rarement partagé le même avis sur les questions politiques. Sur le plan idéologique, nous étions des adversaires. Toutefois, au fil des ans, j’en suis vraiment venu à apprécier Frances Lankin. Je crois même que nous nous ressemblons beaucoup à certains égards : nous sommes toujours prêts à relever des défis et nous aimons tous les deux un bon débat politique. Bref, nous aimons les combats d’idées respectueux.

En voici un excellent exemple : la sénatrice Lankin défend avec ardeur le soi-disant « Sénat plus indépendant et non partisan » de M. Trudeau. Pour ma part, j’ai soulevé des questions et des inquiétudes à ce sujet. Chers collègues, je crois que le fait de débattre divers points de vue et idées opposées nous permet de créer un processus démocratique sain, ce qui fait du Sénat une meilleure institution.

Je crois également que la sénatrice Lankin a voulu que je fasse ces observations aujourd’hui parce que, dans son courriel d’annonce de retraite, elle a écrit qu’elle avait l’intention de partir en silence, à moins qu’un certain ami ne la provoque vraiment. Chers collègues, la sénatrice n’étant pas une personne tranquille dans cette enceinte, je n’ai pas eu d’autre choix que de préparer le terrain pour faire en sorte que nous ayons une dernière bonne bagarre.

Madame la sénatrice, votre amitié nous manquera. Nos conversations autour d’un bon verre de whisky nous manqueront. Enfin, votre prétendue impartialité nous manquera, surtout lors de nos débats sur des projets de loi du gouvernement, pendant lesquels vous avez été très présente en posant des questions et en prononçant des discours impromptus.

L’amitié ne devrait jamais dépendre de notre accord ou de notre désaccord. Frances, je vous considère vraiment comme une amie. Je sais que les dernières années ont été difficiles pour vous. Par conséquent, nous comprenons et respectons tous votre désir d’entreprendre un nouveau chapitre et vous souhaitons la meilleure des chances. Sachez que vous ne serez jamais qu’à un coup de téléphone d’une bonne bagarre politique. Bonne retraite.

Honorables sénateurs, au nom du Groupe des sénateurs canadiens, et en tant que collègue sénateur de l’Ontario, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre estimée collègue l’honorable Frances Lankin à l’occasion de son départ à la retraite.

Je tiens d’abord à vous faire part d’un fait peu connu : Frances Lankin était la 928e sénatrice à être nommée à cette auguste Chambre. Ses efforts incessants pour défendre la justice sociale ainsi que les droits de la personne, des travailleurs et des femmes ont été la marque de commerce de sa carrière distinguée au Sénat et au-delà.

Elle sert les Canadiens avec passion. Depuis ses débuts lorsqu’elle a été élue députée de Beaches-East York à l’Assemblée législative de l’Ontario en 1990, jusqu’à ce qu’elle assume ses fonctions importantes de ministre des Services gouvernementaux, de présidente du Conseil de gestion du gouvernement, de ministre de la Santé et des Soins de longue durée et de ministre du Développement économique et du Commerce, la sénatrice Lankin a laissé une marque indélébile.

Je me souviens d’elle à cette époque. Elle était membre du Cabinet du gouvernement de l’Ontario et responsable de Boulot Ontario Action Communautaire, et moi, qui étais relativement nouveau dans la fonction publique ontarienne, je travaillais en première ligne pour cet organisme. D’après ce que je pouvais voir et entendre sur le terrain, elle était juste et équitable. Cependant, elle a participé à l’instauration des « jours de contrat social » de l’Ontario, à savoir des jours de congé obligatoire sans solde avec lesquels nous avons dû composer. Il s’agissait de l’une des initiatives les moins aimées de son gouvernement.

Chers collègues, ce matin, j’ai reçu un message de l’honorable Bob Rae, mon ami et collègue de longue date qui est ambassadeur et représentant permanent auprès des Nations unies, qui se lit comme suit :

Frances est une personne réfléchie et attentionnée qui n’a jamais peur de prendre les commandes. Dans tout ce qu’elle a fait, elle s’est rapidement imposée comme la personne de référence.

Au cours du week-end, j’ai contacté un collègue qui était ministre du temps où elle faisait de la politique en Ontario, et j’ai reçu les mots suivants d’Elmer Buchanan, ancien ministre de l’Agriculture :

Frances a été une excellente ministre responsable de trois portefeuilles, mais ce qui n’apparaît pas souvent dans ses notes biographiques, c’est qu’elle présidait les réunions du Cabinet. Ancienne gardienne de la tristement célèbre prison Don, à Toronto, Frances était une présidente ferme et intrépide qui, lorsqu’elle estimait avoir raison, ne reculait pas d’un centimètre. Même face au premier ministre Rae!

M. Buchanan a également dit que, si mon hommage avait lieu dans un cadre moins formel, il aurait suggéré un langage beaucoup plus coloré.

Chers collègues, comme nous l’avons entendu, la passion et le dévouement de la sénatrice Lankin au service des Canadiens n’ont pas faibli quand elle a quitté la politique provinciale. Le travail qu’elle a accompli au sein de multiples comités, où elle a depuis apporté une contribution inestimable et enrichi les mesures législatives ici au Sénat, continuera à profiter aux Canadiens pour les générations à venir. Sa détermination inébranlable à défendre les droits de la personne ainsi que sa capacité à inspirer les autres à s’investir dans le service public ont laissé une marque indélébile.

Sénatrice Lankin, ce fut un grand plaisir et un privilège de travailler avec vous.

L’une des initiatives les plus marquantes touche le Programme pilote sur l’agroalimentaire. En collaboration avec les sénatrices Lankin et Omidvar, nous avions cosigné une lettre adressée à de nombreux ministres afin de répondre à un besoin essentiel du secteur agricole.

Enfin, il y a un souvenir personnel que je chérirai toujours profondément. Cela remonte au 27 février 2018 — il y a 2 416 jours civils —, le jour où j’ai prêté serment au Sénat. Sénatrice Lankin, c’est vous qui m’avez gracieusement accompagné pour que je prenne place à mon siège. Je n’oublierai jamais vos conseils avisés. Vous m’avez dit : « Prenez votre temps, croyez en ce que vous faites et laissez votre marque. » Je vous remercie.

Sénatrice Lankin, votre service exemplaire et votre dévouement à notre nation ont laissé une marque à tout jamais. Que cette nouvelle période de votre vie vous apporte la paix, la joie, la santé et des moments précieux avec votre famille et vos amis. Votre engagement soutenu à aider vos collègues dans cette enceinte est une source d’inspiration pour nous tous. Merci, meegwetch.

L’honorable Marty Klyne [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à une force de la nature du Sénat et à une véritable championne de la réforme du Sénat indépendant : la sénatrice Lankin.

En 2016, Frances a fait partie des sept premiers sénateurs nommés dans l’ère du Sénat indépendant. Elle a été une sénatrice exceptionnelle, faisant preuve de leadership sur de nombreux sujets, dont les relations de travail, l’égalité entre les sexes et l’utilisation du Règlement du Sénat pour surmonter les obstructions.

La sénatrice Lankin est une oratrice fantastique, digne du Sénat romain. Elle s’exprime généralement au pied levé, sans notes. Elle est également un exemple pour tous ceux qui pensent que la politique doit consister à faire quelque chose et non à être quelque chose. Ses réalisations en tant que marraine de projets de loi historiques en sont la preuve. J’en citerai deux.

En 2016, la sénatrice Lankin a marrainé le projet de loi gouvernemental S-3, qui visait à s’attaquer à la discrimination historique fondée sur le sexe en matière de statut présente dans la Loi sur les Indiens. Cependant, les sénateurs Dyck, Sinclair, McPhedran et d’autres ont reconnu que les changements n’allaient pas assez loin. Comment le Sénat du Canada pouvait-il, en toute conscience, éliminer une partie de la discrimination fondée sur le sexe, mais pas la totalité? En tant que marraine, la sénatrice Lankin s’est montrée réceptive et déterminée à faire ce qu’il fallait, donnant ainsi le ton au rôle des parrains indépendants des projets de loi gouvernementaux à l’avenir.

Le résultat de cette collaboration a été qu’en 2017, un projet de loi S-3 très amendé est devenu loi, éliminant finalement toute discrimination historique fondée sur le sexe de la Loi sur les Indiens. Ce succès a été l’une des premières réalisations législatives marquantes de l’ère du Sénat indépendant, signalant également le rôle croissant de notre Chambre dans la promotion de la réconciliation et de l’égalité des sexes.

Au cours de la même législature, la sénatrice Lankin a marrainé avec succès le projet de loi C-210, le projet de loi d’initiative parlementaire du regretté député Mauril Bélanger, qui proposait un hymne national neutre sur le plan des sexes en anglais. De concert avec la sénatrice Petitclerc, elle a utilisé le Règlement de façon novatrice pour surmonter les 18 mois d’obstruction de la part de l’opposition à ce projet de loi de la Chambre des communes. Ainsi, depuis 2018, la version anglaise de l’hymne national dit « True patriot love in all of us command ».

La chose à retenir, c’est que les sénateurs dont les projets de loi pourraient avoir un parcours difficile dans cette enceinte devraient garder la sénatrice Lankin sur leur liste de contacts dans leur téléphone.

Cette année, elle a également travaillé au bureau du représentant du gouvernement, afin de superviser l’enchâssement dans notre Règlement de la réforme pour un Sénat plus indépendant, une réalisation remarquable dans l’histoire du Parlement.

Sénatrice Lankin, votre sagesse, votre opinion et votre détermination nous manqueront dans cette enceinte, où vous laisserez un héritage incroyable. Nous vous souhaitons la meilleure des chances dans ce nouveau chapitre de votre vie.

Haut de page