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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de Juliette (Kaagigekwe) Blackhawk

10 mars 2020


Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à Juliette Blackhawk. Le 28 février 2020, Juliette « Kaagigekwe » (Angeconeb) Blackhawk est doucement partie dans le monde des esprits. Juliette était membre de la Première Nation de Lac Seul et vivait à Sioux Lookout. Elle observait les traditions et les coutumes anashinaabes, et elle appartenait au clan des caribous (Atik). Son nom anashinaabe était « Kaagigekwe », ce qui signifie « femme à la vie éternelle ». Elle avait hérité des connaisances et des enseignements traditionnels des Anashinaabes, et elle les a transmis aux nombreuses personnes qu’elle a rencontrés tout au long de son voyage terrestre. Elle aimait tout particulièrement transmettre ses connaissances et ses enseignements aux enfants et aux jeunes.

Juliette était douce, gentille, sage et affable. Tant les membres de sa famille que ses amis se souviennent de la passion qu’elle ressentait pour la culture anashinaabe et de son empressement à faire profiter les autres de ses connaissances et de ses expériences. Je l’ai rencontrée quand j’ai été invitée dans la ville de Sioux Lookout, à l’occasion des célébrations organisées pour la Journée nationale des autochtones. Juliette était l’aînée du Nishnawbe-Gamik Friendship Centre, et j’ai eu l’honneur de participer à une cérémonie de l’aube dirigée par elle.

L’année dernière, elle est venue me visiter ici, à Ottawa. Elle débordait d’enthousiasme, et nous étions ravis de l’avoir ici parmi nous. Sa douceur et son sens de l’humour nous ont tous grandement impressionnés. Ses yeux étaient tellement pétillants. Je suis très reconnaissante de l’avoir connue.

Juliette était une enseignante. Elle transmettait ses connaissances dans de nombreuses écoles de la région à des élèves qui étaient enthousiastes à l’idée d’apprendre la langue et la culture du peuple anishinaabe. Elle était également une aînée qui œuvrait comme conseillère auprès de nombreux organismes et qui défendait toujours les sept enseignements sacrés du peuple anishinaabe : l’amour, le respect, l’humilité, le courage, l’honnêteté, la sagesse et la vérité.

Les enseignements de Juliette dans la salle de classe étaient renforcés par son engagement exceptionnel dans la communauté. Elle adorait le perlage et était fière de pouvoir confectionner des robes et des costumes traditionnels pour les danseurs. Elle dirigeait et guidait des cérémonies de la suerie et de la pleine lune. Elle protégeait et bénissait l’eau, et enseignait aux autres l’importance qu’elle revêt pour tous les êtres vivants.

Oui, Juliette était une personne aidante. Elle était toujours prête et disposée à aider ceux qui en avaient besoin. Elle n’était jamais indifférente aux défis que les autres devaient relever. Juliette défendait de nombreuses causes et luttait en faveur de la justice sociale. Elle était une survivante du système des pensionnats indiens du Canada, ayant été placée dans deux d’entre eux.

Elle militait pour les droits de la personne, elle luttait contre le racisme et elle cherchait à améliorer la reconnaissance et le respect des droits autochtones au sein de la société canadienne. Elle était un pilier de sa communauté, et a eu la chance d’avoir quatre enfants et de nombreux petits-enfants.

Elle manquera à beaucoup de personnes, certes, mais elle survivra dans la mémoire et les actions des prochaines générations à mesure que les jeunes Anishinaabes deviendront des hommes et des femmes. Ses enseignements s’ajouteront à l’ensemble des connaissances qu’elle s’est efforcée de préserver et de partager avec les autres de son vivant, et qui, même après sa mort, continueront de guider ceux qui cherchent à vivre une belle vie.

Meegwetch et repose en paix, Kaagigekwe.

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