DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les Métis
17 mars 2021
Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour parler de l’identité distincte des Métis, nation autochtone dont les droits ont été officiellement reconnus et confirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Malheureusement, leur identité est bien trop souvent mal comprise dans la société canadienne, notamment à cause de la définition du terme français métis, qui signifie simplement « mélangé » et le malentendu persiste.
Soyons clairs. Le fait d’avoir un parent éloigné qui était membre des Premières Nations ne fait pas de quelqu’un un Métis.
Pendant la traite des fourrures, des hommes européens, principalement d’origine écossaise, française et anglaise, voyageaient et travaillaient sur les routes de commerce historiques. Ces commerçants ont tissé des relations avec des femmes cries, assiniboines, saulteuses, anishinaabes et dénées, formant ainsi des familles dont l’économie et les relations étaient définies par le commerce de la fourrure.
En peu de temps, les Métis ont créé une société distincte avec un caractère culturel, économique et social qui lui était propre — semblable, mais différent de celui des Premières Nations. Plus important encore, la société a forgé une philosophie politique et des structures de gouvernance fondées sur le bien-être collectif et le sentiment d’indépendance par rapport aux autres peuples. En tant que nouvelle nation et société distincte, les Métis ont occupé un créneau économique particulier associé au commerce de la fourrure. Ils ont mis en place des réseaux complexes de familles élargies, réparties dans tout le centre de l’Amérique du Nord et qui servaient de sources d’alliances sociales, politiques et économiques. Ils avaient une structure de gouvernance bien précise, encadrée par une orientation politique destinée à assurer la santé et le bien-être de la société.
Alors que cette nouvelle nation prenait forme et se définissait, le terme « Métis », lui, évoluait pour refléter l’identité de la nation au sein du Canada contemporain. Les Métis ont été reconnus dans la jurisprudence canadienne. La décision de la Cour suprême du Canada rendue en 2003 dans l’affaire R. c. Powley a accentué l’évolution du terme en limitant la portée des droits de récolte des Métis en vertu de l’article 35 à cette identité culturelle unique et distincte exprimée collectivement.
Au fil des ans, les Métis de tout le pays ont continué à lutter pour la reconnaissance et la protection de leurs droits et de leurs intérêts collectifs et ils ont célébré de nombreuses réussites liées à l’édification de leur nation en cours de route. En tant que sénatrice métisse, j’estime avoir la responsabilité d’attirer l’attention du public sur les contributions uniques de ma nation à l’histoire du Canada en soulignant son caractère distinct et en célébrant sa culture.
Meegwetch. Marsee. Merci.