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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de William (Bill) Fridgen

19 mai 2022


Aujourd’hui, honorables sénateurs, un héros canadien méconnu est porté à son dernier repos. Le sergent d’état-major à la retraite Bill Fridgen s’est éteint à l’âge de 105 ans. Jusqu’au mercredi 11 mai dernier, il était l’un des anciens combattants les plus âgés de la Deuxième Guerre mondiale et le doyen des vétérans de la GRC.

L’aîné d’une famille de 10 enfants, George William Fridgen est né en Saskatchewan le 27 avril 1917. Il s’est joint à la GRC en 1941. Ensuite, après s’être porté volontaire pour un détachement à la Marine royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale, il a servi pendant 33 ans la GRC, principalement à l’Île-du-Prince-Édouard, à Regina, à Sarnia, à Toronto et à Ottawa.

Pour donner une idée de la carrière et du legs incroyables de Bill, je pourrais mentionner le fait que son matricule de la GRC indique qu’environ 55 000 membres ont été embauchés depuis son arrivée. Comme son petit-fils l’a dit, il était plus vieux que Betty White. Le petit-fils de Bill a rapporté quelques anecdotes que Bill adorait raconter à ses petits-enfants.

Alors qu’il faisait partie de l’équipe responsable de la protection personnelle à Ottawa dans les années 1950, Bill a vu un bon nombre de dirigeants mondiaux.

L’un des faits saillants de sa carrière est survenu quand le commissaire de l’époque a confié à son partenaire et à lui la tâche de protéger le président américain Eisenhower et sa femme, à un camp de pêche au Québec, et de surveiller leurs invités de marque à partir d’une autre embarcation. On leur a dit sur un ton comminatoire de ne jamais laisser le président hors de leur vue.

Le lendemain, le duo policier a perdu peu de poissons mordant à leurs lignes. Cependant, il a perdu quelque chose de bien plus important : dans le chaos d’un orage soudain, il a perdu de vue le président et son groupe de pêche.

Lorsque la pluie s’est enfin calmée, l’autre bateau a été localisé tout près. Il s’était réfugié derrière une petite île.

Après que Bill et son partenaire eurent donné leurs prises aux invités de marque, le président est parti à bord d’un hydravion de la GRC. Bill n’a jamais obtenu de rétroaction de la part de ses supérieurs, à l’exception de la copie d’une lettre énigmatique du président Eisenhower qui remerciait la GRC de ses services spéciaux.

Homme toujours pacifique et charmant, Bill a uniquement eu à dégainer son revolver de service une fois. À Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, on lui avait confié la tâche de démanteler un réseau d’alcool de contrebande, en plein cœur de la brousse. Après des journées de surveillance remplies de suspense avec seulement de la nourriture en conserve froide à manger, Bill et son partenaire ont dégainé leur pistolet et affronté leurs cibles, qui ne s’étaient doutées de rien. Dans le feu de l’excitation, le partenaire de Bill s’est exclamé aux suspects déconcertés : « D’accord, mains, les garçons en l’air! »

À cette époque, il était interdit aux membres de la GRC de se marier dans les cinq années suivant leur enrôlement et il fallait une autorisation écrite, le cas échéant. Malgré cette période d’attente, Bill et sa femme, Mary, ont eu quatre enfants, deux filles et deux garçons, qui ont assuré leur descendance en leur donnant 11 petits-enfants, 13 arrière-petits-enfants et 2 arrière-arrière-petits-enfants. Aujourd’hui, leur famille, leurs amis et leurs admirateurs, accompagnés d’un garde d’honneur de la GRC, se sont tous rassemblés à Iroquois, en Ontario, pour célébrer sa vie, qui fut longue, fructueuse et méritante.

Merci de votre service, Bill.

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