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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois national de l'histoire autochtone

1 juin 2021


Honorables sénateurs, en juin, le Canada souligne le Mois national de l’histoire autochtone.

J’avais l’intention de vous parler des nombreuses réussites autochtones en provenance du territoire des Mi’kmaqs. Je songe notamment à la nouvelle serre pour appuyer la sécurité alimentaire à Potlotek; à Armand Paul et Madison Joe, de Membertou, qui obtiennent leur diplôme de la faculté de droit de l’Université Dalhousie; à la communauté de Paqt’nkek, qui construit sa propre école pour que les enfants apprennent la langue et la culture mi’kmaqs; à Tom et Carol Anne Johnson d’Eskasoni qui font découvrir la langue mi’kmaq dans le film « Poulets en fuite » et dans la série télévisée à succès « Vikings »; à l’artiste mi’kmaq Alan Syliboy et à ses étudiants qui ont peint, à Pictou Landing, des pétroglyphes mi’kmaqs sur un bateau devant être exposé au Musée maritime de l’Atlantique; à Mi’kmaw Kina’matnewey, le collectif éducatif de 12 communautés qui a reçu le Prix du Gouverneur général pour l’innovation, en reconnaissance de son leadership et de sa réussite en matière de promotion de la langue, de la culture et de l’identité tout en affichant un taux de diplomation de 90 %.

Honorables sénateurs, je pourrais poursuivre, car il y a tant de réussites à saluer. Cependant, comme vous, j’ai le cœur lourd après avoir appris l’horrible découverte des restes de 215 enfants des Premières Nations au pensionnat indien de Kamloops.

Que peut-on dire? Il est difficile d’imaginer les gestes de cruauté posés sur les plans personnel, institutionnel et social contre ces enfants innocents, leur famille et leur communauté. Pourquoi cette tragédie s’est-elle produite? Pourquoi a-t-elle été tolérée? Qu’en est-il de notre humanité? Qu’en est-il du respect, de l’amour et de la loi?

Que pouvons-nous faire maintenant? Nous pouvons nommer les enfants et les pleurer. Nous pouvons réclamer que l’on donne suite aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation et aux appels à la justice formulés dans le cadre de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous pouvons adopter des mesures législatives pour protéger les droits de la personne, promouvoir l’autodétermination et faire de la sensibilisation sur ces réalités honteuses. Cependant, que faire de notre relation?

Le grand chef mi’kmaq Norman Sylliboy m’enseigne à faire preuve de Ta’n Wetapeksi’k, une expression qui signifie comprendre d’où nous venons. C’est un principe essentiel à la réconciliation. Là d’où nous venons, la compréhension implique d’écouter et d’honorer l’autre.

Honorables sénateurs, c’est dans cet esprit que j’aimerais conclure en récitant les paroles de Rita Joe, une poétesse mi’kmaq et survivante du pensionnat autochtone de Shubenacadie :

J’ai perdu la parole,

Celle que vous m’avez volée.

Lorsque j’étais petite fille

Au pensionnat de Shubenacadie.

Vous me l’avez arrachée :

Je parle comme vous,

Je pense comme vous,

Je crée comme vous

La confuse ballade de la parole qui est la mienne.

Je parle de deux manières,

Et des deux manières je dis

Que votre voix est plus forte.

Aussi, je vous tends doucement la main et vous demande :

Laissez-moi retrouver ma langue,

Que je puisse vous dire qui je suis.

Wela’lioq.

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