DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois du patrimoine africain
14 février 2023
Honorables collègues :
Arrachées des terres de Pierrot l’utopiste et de Muddy Waters le torturé, ces fleurs élégiaques de Whylah Falls, ce village noir du Mississippi exilé en 1783 dans le comté de Jarvis en Nouvelle-Écosse, ploient sous le poids de l’histoire. Arrosées d’alcool et de larmes puis asséchées par le blues déchirant, c’est sous le clair de lune qu’elles s’épanouissent. Destinées à l’origine au jardin de Whylah Falls, ces fleurs déracinées poussent librement ici.
Le « ici » dans ce poème désigne Africadia, un endroit situé en Acadie, en Nouvelle-Écosse, le lieu de naissance de l’ancien poète officiel du Parlement, George Elliott Clarke, où sont venus les premiers Africains à s’établir au Canada. Ces « fleurs élégiaques » déracinées du poème de George Elliott Clarke représentent les quelque 3 000 personnes de descendance africaine qui se sont établies à Birchtown, en Nouvelle-Écosse, en 1783, comme le personnage fictif d’Aminata Diallo de l’ouvrage de Lawrence Hill, Book of Negroes.
J’ai cité ce poème lorsque je suis intervenue pour appuyer le projet de loi sur le Jour de l’émancipation de la sénatrice Bernard. Aujourd’hui, je prends la parole pour célébrer le Mois du patrimoine africain, comme on l’appelle en Nouvelle-Écosse. Je veux souligner que notre province est le berceau de la culture et du patrimoine africains au Canada.
Des Africains et des personnes d’origine africaine de diverses origines se sont installés en Nouvelle-Écosse, notamment les loyalistes noirs mentionnés plus haut, à l’époque de la guerre d’Indépendance des États-Unis. Certains ont fini par partir pour contribuer à l’établissement de Freetown, en Sierra Leone.
En 1604, Mathieu Da Costa aurait été le premier Noir à s’établir en Nouvelle-Écosse et son nom figure parmi ceux des fondateurs de Port-Royal, établi par Samuel de Champlain sur le territoire traditionnel mi’kmaq, près de la ville actuelle d’Annapolis Royal.
On dit que, pendant le régime français de 1713 à 1758, 200 esclaves noirs habitaient la forteresse de Louisbourg dans l’île du Cap-Breton, la majorité provenant des Antilles françaises.
En 1796, 600 Marrons de Trelawny Town ont été forcés de quitter la Jamaïque pour la Nouvelle-Écosse, et la plupart sont partis pour la Sierra Leone.
Après la guerre de 1812, environ 2 000 réfugiés noirs sont arrivés dans la province, et à partir des années 1920, des centaines d’immigrants antillais sont venus au Cap-Breton pour travailler dans les mines de charbon et dans l’industrie sidérurgique. De nos jours, les personnes d’origine africaine continuent d’enrichir notre province de multiples façons.
En terminant, j’aimerais féliciter trois piliers importants dans le monde de l’éducation de notre province : le Black Cultural Centre et son musée afro-néo-écossais, à Cherry Brook; le Delmore « Buddy » Daye Learning Institute dédié aux études afrocentriques, à Halifax; et le Black Loyalist Heritage Centre, un centre du patrimoine unique, à Birchtown. Merci de nous éclairer sur l’histoire, le patrimoine, la culture, les populations, les communautés et les réalisations d’origine afro-néo-écossaise. Votre travail est primordial. Merci, wela’lioq.