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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès d'Alexa McDonough, O.C., O.N.S.

7 mars 2023


Honorables sénateurs, l’ancien poète officiel du Parlement, George Elliott Clarke, m’a demandé de lire l’élégie qu’il a rédigée pour Alexa Ann McDonough, née Shaw, en cette veille de la Journée internationale des femmes.

La maternelle s’apparente à un corps

législatif dont le Trésor

s’appelle Partage. Prospérité? Impensable

sans charité vraie et incommensurable.

Répartir équitablement biscuits

et limonade. Inculquer sans bafouillis

que Politique rime avec Chant

et que Loi est parole d’évangile et non de brigand.

L’abeille peut jouer à la marelle ou gribouiller,

et les oiseaux, comme Portia White, gazouiller.

Le strudel aux pommes peut accompagner la poutine

et des chefs-d’œuvre peuvent être faits de plasticine...

Ô Miss Shaw, est-ce l’exemple de Sagesse et de Beauté,

que, vive, charmante et rieuse, vous donniez

dans vos leçons, éclairs zébrant l’ardoise de craie,

chants marins que le tourne-disque haletait,

ou hymnes en chœur chantés par des joues

roses et couleur café? Candides avant tout,

bardes de la Mère l’Oie — lettres mal formées,

dictionnaires aux pages barbouillées

passés entre trop de mains —

que nous sommes, savants citoyens certains

que le soir du scrutin Magie s’opérera

et que devoir rimera avec abracadabra.

Madame la maîtresse, du Superbe un rouage inhérent,

des miracles sans fin accomplissant

chaque jour, en jupe à carreaux,

à consoler les chagrins et becquer bobos.

Tantôt sensible, tantôt sévère vous interveniez

Par un regard incisif ou un câlin pour nous inculquer

les rites sociaux et veiller à ce qu’en tout temps

nos droits à nos esprits demeurent présents.

Vous avez toujours dit que j’étais un petit tannant

dans cette version préscolaire du Parlement

où les idées étaient des joujoux, où les contes de fée,

les rêves magiques, Balivernes de nos siestes écourtées,

façonnaient notre pensée, notre être, notre vie

alors que Charité invite à l’Euphorie.

(Qu’est-ce qu’un arc-en-ciel, sinon une palette chromatique

se taillant un chemin vers une beauté fantasmagorique?)

Madame la maîtresse, première politicienne à avoir

soufflé ma Poésie dans les pages du hansard,

votre départ m’a terriblement attristé.

Yeux rougis, voix étranglée (jamais plus censurée),

je pleure votre perte — libératrice

du torturé, de la mère à bout; détractrice

du dictateur soutenu par ses armées;

sœur de chaque féministe-née!

Madame la maîtresse, une fois sur la Colline appelée

 — parlementaire du peuple entier —,

vous nous avez amenés, moi et ma mère,

naviguer un jour sur des eaux calmes, égalitaires.

Après, tandis que le soleil baignait les flots de ses rayons

et que vous discutiez avec ma mère de savantes questions,

j’ai avalé biscuits, jus et bouillon chaud

et fait monter ma balançoire bien haut.

Ce fut une journée entre mille encore sans égale,

un moment de joie totale!

La leçon? Ô Joie, c’est l’Insolence

qui renverse tous les gouvernements mesquins. Le Sens

le moins commun à la Chambre des communes —

l’Éloquence intransigeante et sans retenue aucune —

Madame la maîtresse (toute Grammaire au futur),

vous avez enseigné — j’en suis témoin — la Magnificence sans rupture.

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