DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Agnes Campbell Macphail
La première femme élue à la Chambre des communes--Le centième anniversaire
2 juin 2021
Honorables sénateurs, cette année marque le 100e anniversaire de l’élection de la première femme à la Chambre des communes. Elle s’appelait Agnes Campbell Macphail et a été élue députée de la circonscription de Grey-Sud-Est, dans ma province, l’Ontario, lors des élections fédérales de 1921.
Faisant fond sur sa formation d’enseignante et son travail d’organisatrice des Cultivateurs de l’Ontario, Mme Macphail s’est battue pour les allocations familiales, l’égalité d’accès au divorce et l’équité salariale. Elle a beaucoup contribué à la création de la Sécurité de la vieillesse et à la réforme des prisons, et elle a été la première femme déléguée du Canada à la Société des Nations, en 1929. Au cours de sa remarquable carrière, elle été élue à cinq reprises au Parlement et a ensuite été l’une des deux premières femmes à être élue à l’Assemblée législative de l’Ontario.
Mme Macphail était députée du Parti progressiste. Détail intéressant, 58 progressistes ont été élus en 1921, mais le parti a refusé de former l’opposition officielle parce qu’il ne voulait pas que les décisions soient prises en fonction d’une ligne de parti; une sorte de prélude à la situation du Sénat d’aujourd’hui.
Au cours du dernier siècle, honorables sénateurs, le pays s’est donné pour objectif d’atteindre l’égalité des sexes, objectif que poursuivent désormais toutes les institutions du pays. Pourtant, encore aujourd’hui, les femmes ne représentent que 30 % des membres du Parlement, ce qui place le Canada au 52e rang dans le monde, un résultat lamentable. Il faut faire mieux.
Contrairement à 1921, les candidates qualifiées aux élections ne manquent pas aujourd’hui, et les Canadiens sont tout à fait disposés à voter pour elles. Le gros problème, toutefois, est que les partis politiques nomment de façon disproportionnée des femmes dans les châteaux forts d’autres partis au lieu des leurs. De nombreuses femmes se portent candidates pour leur parti dans des circonscriptions où celui-ci ne peut pas gagner.
Alors que nous envisageons d’autres élections cette année, les partis politiques du Canada doivent nous dire quels sont leurs objectifs et quels processus ils entendent mettre en place pour recruter et nommer des femmes et d’autres personnes provenant de groupes sous-représentés. En fait, les exigences en matière de rapports prévues dans la Loi électorale du Canada devraient être modifiées pour permettre de suivre et de comparer le sexe des candidats et les résultats électoraux par circonscription, notamment dans les châteaux forts. Au Canada, les modes de financement qui utilisent des fonds publics devraient récompenser les partis qui augmentent la représentation des femmes et punir ceux qui ne le font pas.
La période d’essai de 100 ans à laquelle ont eu droit les partis depuis l’élection de Mme Macphail vient de prendre fin. Si les partis n’agissent pas d’eux-mêmes, il revient au Sénat de prendre l’initiative de rendre le Parlement plus responsable et plus représentatif.
Cela dit, je souhaite un joyeux anniversaire à toutes les femmes au Canada qui ont été élues au Parlement et je leur souhaite la meilleure des chances aux prochaines élections. Merci.