Projet de loi sur le Mois du patrimoine ukrainien
Deuxième lecture--Suite du débat
13 février 2024
Honorables sénateurs, le débat sur cet article est ajourné au nom de l’honorable sénateur Plett. Je demande le consentement du Sénat pour qu’il reste ajourné à son nom après les interventions d’aujourd’hui.
Il en est ainsi ordonné.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien. Ce projet de loi présenté par le sénateur Kutcher désigne le mois de septembre comme Mois du patrimoine ukrainien.
Le préambule du projet de loi décrit son objectif. Le Canada compte plus de 1,3 million de Canadiens d’origine ukrainienne. Par l’entremise du projet de loi, le Parlement reconnaît les importantes contributions apportées par les Canadiens d’origine ukrainienne au tissu social, économique, politique et culturel du Canada, notamment sur les plans artistique, linguistique, culinaire, religieux et folklorique. En désignant le mois de septembre comme Mois du patrimoine ukrainien, le Parlement susciterait une occasion de rappeler à la mémoire de tous, de célébrer et de mieux faire connaître aux générations futures le rôle marquant que jouent depuis leur arrivée les Canadiens d’origine ukrainienne dans les collectivités de tout le pays.
Ce sont donc les prémisses du projet de loi. À mon avis, reconnaître le patrimoine ukrainien de cette façon, comme nous le faisons pour d’autres communautés, contribue à nourrir le respect que toutes les communautés désirent et méritent en raison de leurs apports à notre pays.
Le 7 septembre 1891, Ivan Pylypow et Wasyl Eleniak ont débarqué à Québec, puis se sont rendus dans la région d’Edmonton. Ils sont devenus les premiers Ukrainiens à s’installer dans notre pays selon les registres officiels. Puis, ils ont fondé le premier et le plus vaste îlot d’Ukrainiens, qui se trouvait à l’est d’Edmonton. Ce n’était toutefois que le début de l’installation des Ukrainiens, et le Canada était sur le point de changer radicalement.
La fin d’une dépression mondiale, la hausse des prix agricoles et la prise de conscience que la colonisation de l’Ouest était le dernier et le plus important maillon pour lier l’économie nationale ont conduit le nouveau gouvernement d’Ottawa, en 1896, à entreprendre la campagne de recrutement d’immigrants la plus ambitieuse de son histoire. Sous la houlette du nouveau ministre de l’Intérieur, Clifford Sifton, l’objectif de la politique d’immigration est de peupler les Prairies de fermiers dès que possible, et un recrutement massif est entrepris en Grande-Bretagne, aux États‑Unis et en Europe, en particulier en Europe de l’Est. M. Sifton a placé une confiance sans bornes dans ces nouveaux immigrants ukrainiens, plutôt exotiques, qu’il recrutait pour venir au Canada, qui ont fait preuve d’ingéniosité et de courage, et qui ont ouvert certaines des régions les plus fertiles et les plus isolées de l’Ouest canadien.
Mes propres racines ukrainiennes remontent à cette époque; mon grand-père paternel est venu d’Ukraine occidentale au Canada en 1909, ma grand-mère en 1912. Ils se sont d’abord installés à Winnipeg, où mon père et ses frères et sœurs sont nés, puis ont commencé à cultiver la terre dans la communauté de Pine Ridge, au nord-est de la ville.
Environ 170 000 Ukrainiens, principalement originaires de l’Empire austro-hongrois, sont arrivés au Canada entre 1891 et 1914. Cette première vague d’immigration ukrainienne a été interrompue par la Première Guerre mondiale, et une deuxième vague a commencé après que le gouvernement canadien a levé les restrictions imposées aux citoyens de l’Autriche en 1923. Ces immigrants se sont principalement installés dans le Centre et l’Est du Canada, pour y occuper des emplois dans les usines, les industries et les mines des régions urbaines et septentrionales. Une troisième vague d’immigrants a commencé à arriver juste après la Seconde Guerre mondiale. Elle comprenait des réfugiés et des personnes déplacées cherchant refuge après la guerre.
Plus tard, dans les années 1970 et 1980, des Ukrainiens mécontents du régime soviétique sont venus au Canada à la recherche d’une plus grande liberté et de débouchés économiques. Ces immigrants ont été attirés par les centres urbains, en particulier Toronto et Montréal. Les motivations économiques se sont poursuivies après le démantèlement de l’Union soviétique et l’accession de l’Ukraine à l’indépendance en 1991. Avec la diminution des services sociaux, les emplois mal rémunérés et les pertes d’emploi, il est redevenu intéressant de quitter l’Ukraine pour une vie meilleure.
Il n’a pas fallu beaucoup de temps aux Ukrainiens pour comprendre que le Canada était le meilleur endroit où s’installer : il y avait des emplois, des débouchés, des encouragements du gouvernement canadien au moyen de divers programmes, y compris le parrainage familial, une éthique multiculturelle et, bien sûr, des Canadiens d’origine ukrainienne un peu partout avec lesquels il était possible de nouer des liens. Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui, le Canada compte la deuxième communauté de la diaspora ukrainienne en importance dans le monde.
Si les Canadiens d’origine ukrainienne constituent aujourd’hui un élément essentiel de la grande mosaïque canadienne, il est également vrai que tous les récits que j’ai lus sur les Ukrainiens au Canada font largement état de discrimination, de sectarisme et de préjugés. Eux qui avaient été accueillis dans le monde occidental du début du XXe siècle ont subi les mentalités qui s’étaient durcies pendant la Première Guerre mondiale. Alors que plus de 10 000 Canadiens d’origine ukrainienne s’enrôlaient dans l’armée afin de combattre pour notre pays durant la Grande Guerre, 80 000 autres ont été forcés de s’inscrire comme sujets d’un pays ennemi, de se présenter régulièrement aux autorités policières et de porter des pièces d’identité. Des milliers d’entre eux ont été privés de leur droit de vote. De plus, 5 000 autres Ukrainiens ont été internés dans des camps de concentration au Canada, où ils ont souffert de la faim et ont été soumis aux travaux forcés.
Mon propre grand-père a été renvoyé de son emploi pour la Ville de Winnipeg parce qu’il était un immigrant ukrainien et qu’un ancien combattant anglo-canadien, de retour au pays, voulait son poste. Des Ukrainiens ont changé de nom pour éviter la discrimination et ont trouvé refuge dans leurs communautés et leurs familles.
Ayant grandi à la fin des années 1950 et dans les années 1960, dans la ville très multiculturelle et multiethnique de Winnipeg, je me souviens de nombreuses histoires de discrimination, de stéréotypes ethniques et d’inégalités, toutes liées à l’origine ethnique et raciale. Winnipeg était diversifiée, mais cette diversité n’était pas considérée comme particulièrement souhaitable et n’était pas acceptée. Plus vous ou votre groupe vous éloigniez de l’idéal anglo-canadien, plus vous étiez bas dans la hiérarchie sociale et économique. Pour reprendre les termes du sociologue John Porter, le Canada était une « mosaïque verticale ».
C’était particulièrement préjudiciable pour les Autochtones quand j’étais jeune et cela me rend très triste d’y repenser. Les choses allaient cependant changer radicalement. La communauté canado-ukrainienne a joué un rôle de premier plan dans l’avènement du respect de la diversité et d’une vision multiculturelle du Canada. Le sénateur Kutcher a parlé du leadership du sénateur Paul Yuzyk en matière de sensibilisation au multiculturalisme, mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Le point de bascule a été la création de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme en 1963. Au départ, la commission ne s’occupait que des groupes francophones et anglophones et ignorait complètement les autres groupes. Les Ukrainiens n’allaient cependant pas garder le silence; ils étaient insistants et extrêmement bien organisés, bien plus que toute autre communauté ethnique, pour demander leur inclusion et un élargissement de la vision du Canada. Au bout du compte, la commission a cédé et invité des témoins représentant d’autres communautés ethniques et a préparé un volume consacré aux contributions d’autres groupes ethniques au Canada.
En 1971, l’ex-premier ministre Pierre Trudeau a annoncé une politique de multiculturalisme au Canada, un résultat que personne n’aurait prévu au début du processus. Le Canada est devenu le premier pays du monde à adopter une telle politique. Cette politique — et les principes sur lesquels elle repose — a donné au Canada une base et un ensemble de valeurs et de prémisses concernant la façon de voir la diversité culturelle et les autres communautés. Les Canadiens d’origine ukrainienne peuvent à juste titre être fiers du rôle central qu’ils ont joué dans sa création.
Le sénateur Kutcher et la sénatrice Simons ont parlé des contributions de la communauté ukrainienne dans les domaines de la culture, de la musique, des arts, des sports et de la politique. Nous avons également entendu parler de nombreux éminents Canadiens d’origine ukrainienne, des gens comme Roberta Bondar, Sylvia Fedoruk, Ray Hnatyshyn, Wayne Gretzky, William Kurelek et tant d’autres.
Permettez-moi d’ajouter à cette liste cinq premiers ministres provinciaux : Roy Romanow, premier ministre de la Saskatchewan; Gary Filmon, premier ministre du Manitoba; Ernie Eves, premier ministre de l’Ontario; Ed Stelmach, premier ministre de l’Alberta; et la première femme première ministre provinciale du Canada. Quelqu’un peut-il me dire quel était son nom? Elle s’appelle Rita Johnston et elle a été première ministre de la Colombie-Britannique. Qui le savait?
Depuis ma nomination au Sénat il y a près de six ans, j’ai apprécié mes conversations avec des collègues qui ont des racines ukrainiennes, comme la sénatrice Batters, le sénateur Kutcher et d’autres. J’ai réfléchi à nos différentes expériences. Dans ma jeunesse, nous n’entretenions aucun lien avec l’Ukraine. Je n’ai pas appris l’ukrainien. Je ne vivais pas dans une communauté ukrainienne. Je n’ai fréquenté ni une église ni une école ukrainienne — disons que mon éducation n’a été que légèrement influencée par la culture ukrainienne —, mais il y avait la famille, bien sûr, et ce phénomène qu’on appelait l’identité ethnique. L’identité est une chose merveilleuse, car les identités peuvent évoluer, changer et croître tout au long de la vie d’une personne.
Quand j’ai commencé à travailler dans le domaine de l’opinion publique, nous passions beaucoup de temps à mesurer l’identité ethnique. Toutefois, à l’époque, l’identité ethnique était souvent perçue comme quelque chose qui s’opposait à l’identité canadienne, un peu comme si c’était une alternative. Heureusement, nous ne voyons plus les choses de cette manière — et plus personne ne les voit de cette manière — aujourd’hui. Nous comprenons maintenant que les gens ont des identités multiples et qu’ils sont tout à fait capables de s’identifier étroitement aux nombreux statuts qu’ils ont dans la vie.
J’ai commencé mon discours aujourd’hui en décrivant l’épopée des Ukrainiens au Canada, qui a commencé il y a plus d’un siècle. Or, il y a maintenant un nouveau chapitre dans cette histoire, et c’est celui-là qui est le plus déchirant. La guerre génocidaire de Poutine en Ukraine a entraîné des souffrances indicibles et des pertes de vies inutiles, et elle constitue une tragédie aux proportions monumentales. Les Canadiens ont fait preuve de compassion, ils ont accueilli les réfugiés de la guerre et ils ont apporté à l’Ukraine une aide militaire et humanitaire.
En ces temps de grande détresse, les Canadiens sont inébranlables.
Lorsque nous regardons autour de nous aujourd’hui, alors que nous assistons à une recrudescence des manifestations de haine à l’encontre de certaines communautés au pays, il peut sembler que notre mosaïque culturelle et notre respect de la diversité soient menacés. Je crois que nous pouvons surmonter ces difficultés. Je sais que ce pays est meilleur aujourd’hui que lorsque mon grand‑père a débarqué en 1909, et je sais que les Canadiens d’origine ukrainienne y sont pour beaucoup.
Je suis heureuse et fière d’appuyer le projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, et j’espère que vous appuierez vous aussi ce projet de loi louable.
Merci, dyakuyu.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi S-276, loi visant à désigner le mois de septembre comme mois du patrimoine ukrainien.
Je suis fière que tous mes ancêtres soient d’origine ukrainienne. Comme des dizaines de milliers d’autres personnes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, mes grands-parents ont fait le long voyage de l’Ukraine jusque dans l’Ouest canadien. Aujourd’hui, le Canada s’enorgueillit de compter une population d’origine ukrainienne impressionnante et florissante forte de 1,4 million de personnes, qui forme la deuxième diaspora ukrainienne en importance au monde. Depuis plus de 125 ans, le Canada est un sanctuaire pour les Ukrainiens à la recherche de liberté et de prospérité, d’un refuge contre les conflits et d’un meilleur avenir pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
Avec ses mets, sa musique, sa langue, sa religion et ses traditions culturelles, le riche patrimoine des Ukrainiens fait partie intégrante de la mosaïque historique et sociale du Canada.
Les Canadiens d’origine ukrainienne ont grandement contribué à la vie et à la culture du Canada. Dans le domaine politique, vous vous souviendrez sûrement de l’ancien gouverneur général Ray Hnatyshyn, de l’ancien vice-premier ministre Don Mazankowski et de l’ancien premier ministre albertain Ed Stelmach. Il y a aussi eu des héros dans le domaine des sports, dont mon joueur de hockey préféré, la grande vedette des Islanders de New York, Mike Bossy. Et qui peut oublier le grand Wayne Gretzky?
De nombreux Canadiens d’origine ukrainienne ont contribué au milieu canadien des arts et du divertissement, y compris le peintre William Kurelek, l’actrice Tatiana Maslany, la musicienne Chantal Kreviazuk, l’humoriste Luba Goy et la vedette de la télévision Alex Trebek, pour ne citer que quelques-uns des exemples les plus connus. Les ancêtres de bon nombre de ces Canadiens d’origine ukrainienne ont vécu des histoires semblables à celles de ma propre famille. Ils ont quitté l’Ukraine et fait la longue traversée de l’océan pour venir au Canada dans l’espoir de connaître la liberté et un avenir plus prospère.
Il y a eu trois grandes vagues d’immigration ukrainienne au Canada à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les premiers immigrants sont arrivés dans les années 1890. Bon nombre d’entre eux ont quitté l’Ouest de l’Ukraine pour s’établir dans l’Ouest canadien, où on leur offrait gratuitement des terres en abondance. Doués en agriculture, les immigrants ukrainiens ont dû faire face à des situations extrêmement éprouvantes pour coloniser les vastes Prairies, y compris des conditions météorologiques rigoureuses, des conditions difficiles, l’isolement et la solitude qu’on peut ressentir en s’établissant dans un nouveau pays. Dans ces contrées sauvages et inhospitalières, ils ont su non seulement défricher la terre et la cultiver pour la rendre très productive, mais aussi bâtir des communautés ukrainiennes dynamiques en s’appuyant sur leurs traditions religieuses et familiales.
Pendant la Première Guerre mondiale, la xénophobie a mené à un chapitre sombre et tragique de l’histoire des Canadiens d’origine ukrainienne. Lorsque la Loi sur les mesures de guerre a été invoquée en 1914, 80 000 personnes considérées comme des ennemis étrangers, en grande partie originaires de l’Empire austro‑hongrois, ont dû s’enregistrer et rendre des comptes régulièrement à la police. Ces immigrants ont été privés de leurs droits fondamentaux, y compris la liberté de mouvement et d’association, et leur droit de vote a été révoqué en 1917.
Malheureusement, près de 8 600 immigrants d’Europe de l’Est, dont environ 5 000 Ukrainiens, ont été emprisonnés dans des camps d’internement ou de travail forcé au Canada.
Après la fin de la Première Guerre mondiale, dans les années 1920, une deuxième vague d’immigrants ukrainiens est arrivée au Canada. Elle était composée de nombreux autres immigrants agricoles qui prenaient la route de l’Ouest canadien; d’ouvriers et de professionnels qui sont venus vivre dans les zones urbaines, en particulier en Ontario et au Québec; et de gens qui sont venus travailler dans des secteurs industriels tels que la foresterie et l’exploitation minière.
Une troisième vague est arrivée après la Seconde Guerre mondiale, composée en grande partie de réfugiés politiques fuyant la Russie et son dictateur, Joseph Staline, qui avait brutalement affamé la population ukrainienne dans les années 1930 au cours d’une période de famine, de violence et de souffrance collective connue sous le nom d’Holodomor. Des millions d’Ukrainiens sont morts pendant l’Holodomor. Cette situation, ainsi que les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, a conduit de nombreux Ukrainiens à fuir les persécutions pour se réfugier à l’étranger dans des pays plus sûrs, dont le Canada.
Il s’agit, bien entendu, d’une situation qui s’est répétée maintes fois depuis, y compris après l’invasion de la Crimée par la Russie en 2014. En outre, le Canada a accueilli près de 200 000 Ukrainiens fuyant l’agression dévastatrice et injustifiée de la Russie lors de l’invasion de l’Ukraine par Poutine en 2022, il y aura deux ans de cela le 24 février. Des Ukrainiens continuent de mourir chaque jour dans cette horrible guerre.
Depuis 130 ans, la quête de liberté et de refuge des Ukrainiens les a motivés à immigrer au Canada. C’est pourquoi je trouve un peu étrange que, dans le préambule du projet de loi, le sénateur Kutcher ait parlé de l’engagement commun de l’Ukraine et du Canada à l’égard des valeurs universelles que sont notamment les droits de la personne, la démocratie et l’observation du droit international, mais pas la liberté. Comme l’a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son allocution devant le Parlement canadien :
La communauté ukrainienne au Canada est faite de millions de vies qui se fondent dans le destin du Canada, un pays de diversité, de liberté, d’amour et de courage où nous faisons entendre notre appel authentique à la justice [...]
Les Ukrainiens ont prouvé à maintes reprises qu’ils étaient prêts à tout risquer pour accéder à la liberté et à la démocratie. C’est pourquoi il est essentiel que nous continuions à les soutenir dans leur lutte pour leur survie. Parfois, ce soutien a des répercussions, comme en 2022, quand la Russie a interdit de territoire un certain nombre de Canadiens qui avaient ouvertement soutenu l’Ukraine. De nombreux politiciens canadiens figuraient sur la liste, et j’ai eu la satisfaction de constater que j’en faisais partie. Bien que ma maîtrise de l’ukrainien soit assez rudimentaire, j’ai pu décoder mon nom écrit en alphabet cyrillique, mais j’ai découvert qu’on l’avait mal orthographié : on avait écrit « Denez Betters ».
Compte tenu des horribles atrocités commises par Poutine dans le cadre de l’invasion injustifiée de l’Ukraine par la Russie, je ne saurais être plus fière de soutenir l’Ukraine.
Je descends d’une longue lignée d’Ukrainiens qui tenaient à la liberté et à l’espoir. Trois de mes grands-parents ont fait partie de la première vague d’immigrants ukrainiens qui est venue s’établir dans l’Ouest canadien à la fin des années 1800 et au début des années 1900. Tous mes ancêtres venaient des régions occidentales de l’Ukraine : Lviv, Ivano-Frankivsk et Ternopil.
Trois de mes grands-parents sont entrés au Canada par le Quai 21, à Halifax. Le père de ma mère est né peu après que ses parents soient arrivés au Canada, mais ils étaient passés par Ellis Island, à New York.
J’ai eu l’occasion de visiter ces deux sites d’arrivée. C’est une expérience incroyable de se trouver là où étaient vos ancêtres il y a si longtemps, où ils ont fait face à un avenir inconnu dans un nouveau monde avec optimisme et, j’en suis sûr, appréhension.
J’ai pris le traversier jusqu’à Ellis Island, où j’ai été émerveillé de voir que la majestueuse statue de la Liberté aurait aussi accueilli mes arrière-grands-parents dans leur nouvelle vie 100 ans plus tôt.
Lors de mon séjour à Halifax, j’ai visité l’exposition sur les malles au musée du Quai 21. Je me souviens d’avoir vu la malle de ma grand-mère dans le sous-sol de sa maison; je savais qu’elle contenait tout ce qu’elle possédait pour faire le long voyage vers le Canada. Âgée de 20 ans, ne parlant pas un mot d’anglais, ma grand‑mère était seule pour faire cette longue traversée océanique à bord d’un très grand bateau, nommé à juste titre le R.M.S. Regina. Je me souviens que, enfant, je regardais cette malle et je me disais que je ne pourrais même pas y entrer tous mes jouets. Je trouve remarquable que cette femme seule a eu le courage et fait les sacrifices nécessaires pour se rendre jusqu’à notre pays.
Le projet de loi dont nous sommes saisis nous donne l’occasion de célébrer le courage des premiers immigrants ukrainiens et de souligner tout ce qu’ils ont fait pour contribuer à bâtir ce pays où nous nous sentons à la maison. Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas les coutumes et les traditions ukrainiennes, j’ai cru bon vous faire part de ma propre expérience pour vous en donner un aperçu.
J’ai grandi à Regina, au sein d’une famille ukraino-canadienne très respectueuse des traditions des vieux pays. J’ai été baptisée dans une église catholique ukrainienne, que je fréquente toujours. C’est aussi la même église que fréquentaient mes grands-parents. Ma famille a toujours été impliquée dans notre paroisse, par exemple en aidant aux activités de gouvernance de l’église, aux événements et aux collectes de fonds. Chaque année, la paroisse organise un concert de Noël et Saint-Nicholas vient y faire son tour pour distribuer des bonbons aux enfants.
La religion occupe une place centrale dans le patrimoine canado‑ukrainien. Les grands événements de la vie, qu’ils soient heureux ou tristes, sont liés aux églises catholique et orthodoxe ukrainiennes. Les messes sont très longues — évidemment, quand on est enfant, elles paraissent vraiment interminables. La liturgie complexe n’a souvent d’égal que le décor élaboré.
Il flotte dans les églises ukrainiennes, avec leurs chants glorieux et leurs dômes élégants qui s’élancent vers les cieux, un air de mystère et d’émerveillement. Notre église est ornée de gravures de bois élaborées, y compris une merveilleuse iconostase qui sépare l’autel du reste de l’église.
Mes sœurs et moi avons fréquenté une école ukrainienne où nous allions une demi-journée par semaines. Nous y avons appris la religion, l’histoire et la langue de l’Ukraine. Puisque mes parents parlaient ukrainien entre eux quand ils ne voulaient pas que les enfants comprennent, les cours d’ukrainien nous ont été très utiles.
De 5 à 18 ans, j’ai suivi des cours de danse ukrainienne et, pendant les dernières années, j’ai fait partie de la troupe de danse folklorique ukrainienne Tavria. Le fait saillant de mes années au sein de cette excellente troupe a été le spectacle que nous avons donné au pavillon du Canada lors de l’Expo 86, à Vancouver. Mes sœurs dansaient avec des troupes qui se produisaient lors du Festival national ukrainien du Canada, à Dauphin, au Manitoba, le plus important festival ukrainien au pays.
Chaque année, nos troupes de danse se produisaient au pavillon ukrainien lors de Mosaic, le festival des cultures qui a lieu à Regina. Ce festival propose des pavillons qui mettent en vedette la nourriture, la culture et les divertissements de différents groupes ethniques.
Lorsque mes trois sœurs et moi faisions de la danse ukrainienne, ma mère confectionnait tous nos costumes. C’était beaucoup de travail, car il me fallait à moi seule cinq costumes différents par année, qui représentaient diverses régions d’Ukraine. Il fallait agrémenter ces costumes de broderies très complexes. C’est pourquoi mes sœurs et moi, pour aider notre mère, sommes devenues très douées en broderie. La tâche était ardue. Ma mère a toujours eu une drôle de façon de dire l’heure. Lorsqu’on lui demandait si nous pouvions passer à autre chose, elle nous répondait en fonction du temps à consacrer à la broderie.
Pendant plusieurs années, la communauté ukrainienne de Regina a organisé un grand concours s’adressant aux jeunes femmes. Il s’appelait « Miss Kiev ». Le jury évaluait les candidates selon des critères de talent, de présentation, d’éloquence et de mannequinat. À l’âge de 18 ans, j’ai été très heureuse de remporter le titre de « Miss Kiev 1989 ». Certains d’entre vous seront peut-être surpris d’apprendre que j’ai également remporté le titre de « Miss Congeniality » pour mon esprit de camaraderie — ce fut une année mémorable.
Dans les deux années qui ont suivi, j’ai été jeune ambassadrice au pavillon Kiev-Ukraine et j’ai fait partie de l’aile jeunesse de la direction du Congrès ukrainien canadien de la filiale de Regina.
Ma mère a toujours insisté pour que ma famille participe à la culture canado-ukrainienne et fasse partie de la communauté canado-ukrainienne de Regina. Elle était la gardienne de l’héritage ukrainien dans notre famille. Elle a rassemblé un gros livre de photos et de documents sur l’histoire de notre famille et nous a transmis ce précieux héritage, à mes sœurs et à moi. Je serai toujours reconnaissante à ma mère d’avoir veillé à ce que nous valorisions et célébrions nos origines ukrainiennes.
Honorables sénateurs, vous comprendrez sans doute que les célébrations familiales constituent une part importante de la culture canado-ukrainienne. Les mariages sont de grands et joyeux événements. Lors de la cérémonie, les mariés sont coiffés de guirlandes symbolisant les couronnes qu’ils porteront dans le royaume des cieux. Les mariages ukrainiens durent trois jours; on y sert une quantité impressionnante de nourriture et on y exécute de nombreuses danses, y compris des danses ukrainiennes.
Certains d’entre vous connaissent peut-être la tradition de la kolomeyka, souvent pratiquée lors de mariages ou de célébrations, où les invités forment un grand cercle et vont à tour de rôle au centre pour montrer leurs meilleurs pas de danse ukrainienne. J’ai même enseigné quelques pas de danse à mon fiancé anglo-irlandais, en préparation de nos noces, pour qu’il puisse y prendre part. Dave s’était très bien débrouillé.
Je suis ravie que mon propre neveu de 12 ans observe la tradition familiale en matière de danse. Le mois dernier, il s’est produit lors du spectacle annuel offert par son groupe à l’occasion de Malanka — le Nouvel An ukrainien — et, plus tard ce soir-là, le groupe a aussi exécuté une kolomeyka.
Noël est une grande fête familiale, que de nombreux Canadiens d’origine ukrainienne célèbrent les 6 et 7 janvier, selon le calendrier julien, plutôt que les 24 et 25 décembre, selon la tradition occidentale. Bien des gens, toutefois, fêtent aussi le 25 décembre, comme le fait ma famille.
Cette année, pour s’aligner davantage sur le monde occidental et s’éloigner de l’influence russe, l’Ukraine a décidé de célébrer Noël le 25 décembre, un grand changement pour de nombreux membres de la diaspora ukrainienne.
Normalement, la veille de Noël — ou Sviat Vechir —, le plus jeune enfant se rend à la fenêtre pour annoncer que la première étoile est sortie et que le repas peut commencer. Une place vide est réservée à la table pour honorer les membres de la famille qui sont décédés. Traditionnellement, douze plats sans viande sont servis, symbolisant les douze apôtres.
Bien que je ne sois pas sûre que cette pratique soit encore très répandue, une ancienne tradition consiste à jeter une cuillérée de kutia — le premier plat traditionnel, une sorte de soupe de blé — au plafond. D’après la superstition, si elle colle, vous aurez sans doute une année prospère. Si ce n’est pas le cas, eh bien, vous allez probablement devoir nettoyer! Quoi qu’il en soit, le repas est suivi de l’ouverture des cadeaux et de la messe.
Pâques est une célébration religieuse et familiale centrale dans la culture ukrainienne. Beaucoup d’entre vous connaissent la tradition des pysanky, ou œufs de Pâques ukrainiens décorés. Peut-être avez‑vous même vu la pysanka géante de Vegreville, en Alberta.
Comme c’est souvent le cas pour tout ce qui entoure les fêtes ukrainiennes, les dessins sur les œufs sont empreints de symbolisme religieux. Les couleurs employées ont aussi leur importance : le vert pour la fertilité; le blanc pour la pureté; le noir pour la mort. Les symboles ont aussi une signification : une ligne droite autour de l’œuf signifie l’éternité; des points représentent les larmes de la Vierge Marie; un tamis représente ce qui sépare le bien du mal.
Des paniers bénis la veille de la messe du dimanche de Pâques ou pendant la messe sont préparés pour le repas de Pâques et sont remplis de délices qui ont aussi une valeur symbolique : les œufs symbolisent la vie; le beurre, sculpté en forme d’agneau, représente l’Agneau de Dieu; un pain brioché rond, la paska, qu’on sert avec du sel, symbolise la bienveillance et l’hospitalité.
Comme c’est le cas pour la plupart des enfants qui ont grandi dans un foyer canado-ukrainien, la culture de ma famille était étroitement liée aux merveilleux plats ukrainiens traditionnels. Mes grands-mères étaient d’incroyables cuisinières. Elles et ma mère nous ont montré, à mes sœurs et à moi, comment préparer le bortsch, les pérogies (perohe), les cigares au chou (holubtsi), et la kutia. Nous étions aussi friands des nalasnyky (les crêpes ukrainiennes) et des pereshke.
La mère de mon père faisait des pérogies tellement bons que nous pouvions les manger froids tout droit sortis du frigo. Elle avait une recette secrète de farce, et elle ne l’a jamais donnée à personne. Quand nous, les filles, allions l’aider à faire ses pérogies, même si nous arrivions tôt, la farce était déjà prête. Elle tenait à ce que sa recette reste secrète. Elle nous permettait seulement de façonner et de refermer les pérogies. C’était une ratoureuse, ma baba.
Évidemment, aucun foyer ukrainien ne serait complet sans saucisse à l’ail ukrainienne, ou kubasa. Lorsque les chanteurs de cantiques de Noël de l’Église catholique ukrainienne venaient chanter devant chez nous, la coutume voulait que nous les invitions à entrer pour boire quelque chose et manger de la kubasa.
L’Ukrainian Co-op, une institution de la communauté ukrainienne de Regina depuis des décennies, a toujours son propre fumoir pour fabriquer ses saucisses. Quand on passe en voiture sur la 11e Avenue devant l’Ukrainian Co-op et qu’on baisse les fenêtres pour humer l’arôme entêtant des saucisses fumées, c’est un moment magique. Je baisse toujours la fenêtre, même quand il fait 40 degrés sous zéro. Je l’ai fait pas plus tard que la fin de semaine dernière.
En 2014, à titre de sénatrice, j’ai eu la chance incroyable d’être observatrice des élections présidentielles en Ukraine dans le cadre de la mission d’observation du gouvernement du Canada. Ce qui m’a frappée à mon arrivée, même si je n’avais jamais mis les pieds en Ukraine auparavant, c’était mon impression d’être à la maison. La nourriture, les odeurs, les épices et les ingrédients, même s’il ne s’agissait pas de plats traditionnels, m’étaient si familiers. J’avais l’impression d’être de retour dans la cuisine de ma grand-mère. Tout cela m’a procuré un sentiment incroyablement fort. J’ai dit au chasseur de mon hôtel à Kiev que tous mes ancêtres étaient ukrainiens. Il m’a regardée et m’a dit : « Vous n’aviez même pas besoin de me le dire. »
Au cours de cette semaine impressionnante passée en Ukraine en tant qu’observatrice des élections, j’ai été profondément touchée par le fait que le peuple ukrainien ne considère pas sa démocratie et son droit de vote comme acquis. Les Ukrainiens étaient vraiment reconnaissants d’avoir le droit d’exercer leur liberté relativement nouvelle. De nombreuses femmes âgées ont même apporté de belles fleurs de leur jardin aux bureaux de vote pour montrer qu’elles étaient reconnaissantes de pouvoir voter. Marcher le long de la place Maïdan, où plus de 100 Ukrainiens étaient morts trois mois plus tôt à peine en se battant pour la tenue de ces élections, a été une expérience profondément touchante.
Lors de mon séjour dans l’oblast de Kiev, et plus particulièrement dans les villages et les régions agricoles des environs, je me suis souvent souvenue de mes grands-parents ukrainiens. Comme tant d’autres, ils ont quitté l’Ukraine en quête de liberté et de possibilités dans les vastes Prairies canadiennes, à la recherche d’un avenir meilleur pour leurs enfants et leurs descendants.
J’ai eu la chance incroyable de rencontrer le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, lors de sa visite à Ottawa l’automne dernier. Quelle belle façon de boucler la boucle pour moi. Je portais le chemisier ukrainien traditionnel qui a été brodé à la main par ma grand-mère juste avant qu’elle quitte l’Ukraine pour commencer sa nouvelle vie au Canada, il y a 100 ans. J’ai pu le dire au président Zelenski et le remercier de défendre avec grand courage la patrie ukrainienne.
Ce moment se préparait depuis 100 ans. J’étais assise dans l’allée centrale de la Chambre des communes, à quelques pas du président ukrainien, et je me demandais ce qu’aurait pensé ma grand-mère dans la même situation. Je pense qu’elle aurait dit : « Mission accomplie. » Elle est venue au Canada pour être libre et offrir une meilleure vie à ses enfants et ses petits-enfants. Aujourd’hui, 100 ans plus tard, sa petite-fille, une sénatrice canadienne, tente de faire du Canada un pays encore meilleur et de soutenir la patrie ukrainienne.
J’ai touché la magnifique broderie du chemisier de ma grand‑mère et je me suis dit que l’histoire de ma famille ressemble à celle de tant de familles immigrantes canadiennes. Je salue leur courage et leurs sacrifices.
Lorsque nous avons accueilli le président Zelensky au Parlement ce matin-là, j’ai eu l’honneur de me trouver à côté du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre. M. Poilievre m’a présentée au président Zelensky en disant qu’il était fier d’être originaire de l’Ouest canadien, où de nombreux Ukrainiens ont immigré et ont largement contribué à bâtir le Canada. Notre parti et notre chef demeurent fermement résolus à soutenir l’Ukraine non seulement pendant cette guerre horrible, mais aussi à l’avenir en tant que pays fort, libre et souverain.
Le Parti conservateur du Canada soutient l’Ukraine depuis longtemps. Il est important de rappeler les nombreuses premières réalisées par les Canadiens d’origine ukrainienne et pour l’Ukraine sous les gouvernements conservateurs. En 1957, l’ancien premier ministre John Diefenbaker a nommé Michael Starr au poste de ministre du Travail : c’était le premier Canadien d’origine ukrainienne à devenir ministre. En 1959, il a également nommé le premier sénateur né en Ukraine : l’ancien sénateur John Hnatyshyn. John Hnatyshyn était le père de Ray Hnatyshyn, qui a été un ministre influent au sein du gouvernement Mulroney. En 1990, le premier ministre Mulroney l’a nommé gouverneur général du Canada. Sous le leadership du premier ministre Mulroney, le Canada a été le premier pays occidental à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine en 1991.
L’appui du Canada à l’Ukraine a été renforcé davantage sous la direction de l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper. En 2005, l’ancien premier ministre libéral Paul Martin a officiellement reconnu le sombre passé du Canada en ce qui concerne les camps d’internement pour les Ukrainiens, mais l’engagement de 2,5 millions de dollars promis par les libéraux — pour ériger des monuments commémoratifs et sensibiliser la population sur la question — ne s’est pas concrétisé.
Trois ans plus tard, c’est le premier ministre conservateur Stephen Harper qui a créé et mis en place un fonds de 10 millions de dollars, en collaboration avec des partenaires canadiens d’origine ukrainienne, pour la sensibiliser la population à l’internement lamentable des Ukrainiens au Canada et pour commémorer cette période.
Le Canada a été le deuxième pays, après l’Ukraine, à reconnaître l’Holodomor comme un génocide en 2008, grâce à un projet de loi d’initiative parlementaire issu des conservateurs. Le projet de loi a été présenté par le député conservateur James Bezan, puis parrainé au Sénat par la sénatrice Raynell Andreychuk et soutenu par le sénateur David Tkachuk, qui sont tous des Canadiens fiers de leur origine ukrainienne.
Le premier ministre Harper a été le premier dirigeant du G7 à se rendre en Ukraine après l’occupation et l’annexion illégales de la Crimée par la Russie en 2014. C’est son gouvernement conservateur qui a lancé l’opération Unifier pour offrir aux soldats ukrainiens un entraînement conforme aux normes de l’OTAN, et qui a assuré un soutien dans le domaine judiciaire afin de renforcer le système de justice ukrainien et de lutter contre la corruption. L’Ukraine remercie toujours le Canada pour cette aide vitale, et l’entraînement fourni dans le cadre de l’opération Unifier s’avère inestimable pour les efforts de guerre actuels de l’Ukraine.
Le premier ministre Harper a été l’un des premiers à faire pression pour que la Russie soit évincée du G8 en 2014, après l’annexion de la Crimée par Poutine. De plus, en novembre 2014, le premier ministre Harper a audacieusement réprimandé Poutine lors d’une réunion du G20, en lui disant à brûle-pourpoint :
Je vais vous serrer la main, mais je n’ai qu’une chose à vous dire : vous devez quitter l’Ukraine.
C’est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui a négocié avec succès le premier Accord de libre-échange Canada‑Ukraine, en 2015, et, fait important à rappeler, cet accord est toujours en vigueur à ce jour.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a donné de l’équipement et du matériel militaires à l’Ukraine immédiatement après l’annexion de la Crimée par Poutine. Les mesures prises en 2015 pour fournir des images de RADARSAT à l’Ukraine ont été honteusement annulées par les libéraux en 2016.
Au cours des dernières années, le Parti conservateur a appuyé l’Ukraine sans relâche. En 2018, le Parti conservateur a exercé des pressions sur le gouvernement Trudeau pour qu’il donne à l’Ukraine de l’équipement excédentaire et mis au rancart par les Forces armées canadiennes, y compris nos véhicules blindés légers. Plus tôt ce mois-ci, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a exigé que le gouvernement Trudeau envoie à l’Ukraine nos surplus de roquettes CRV7, ce qui avait par ailleurs été expressément demandé par l’Ukraine. Malgré cela, le gouvernement Trudeau continue de se traîner les pieds, alors que la vie des Ukrainiens est en jeu.
Notre caucus conservateur national a exhorté le gouvernement Trudeau à imposer des sanctions économiques à la Russie pour ses actes illégaux en Ukraine. En outre, nous avons demandé au gouvernement Trudeau de favoriser l’exploitation des ressources énergétiques du Canada destinées à l’exportation, plus particulièrement le gaz naturel, afin que les pays du monde entier soient moins dépendants de l’énergie russe. Cependant, le gouvernement libéral s’y est également opposé. Pendant ce temps, le gouvernement Trudeau a pris la décision aberrante d’exempter les turbines de Gazprom des sanctions qu’il a lui-même imposées aux exportations et de renvoyer ces turbines en Russie, allant ainsi à l’encontre du régime de sanctions internationales contre l’agression russe.
Dernièrement, certains ont remis en question notre position concernant l’amendement sur la taxe sur le carbone que le gouvernement Trudeau a inséré de force dans l’Accord de libre‑échange Canada-Ukraine. C’est le gouvernement conservateur de Harper qui a négocié l’accord de libre-échange actuel entre le Canada et l’Ukraine. Si l’amendement sur la taxe sur le carbone de Trudeau est rejeté, l’accord de libre-échange actuel restera pleinement en vigueur.
Nous avons tenté de supprimer l’amendement sur la taxe sur le carbone à la Chambre des communes, mais nous en avons été empêchés par la coalition néo-démocrate—libérale. En toute honnêteté, je trouve répréhensible que le premier ministre Trudeau fasse passer son programme et son idéologie politique avant l’aide à l’Ukraine, un pays qui lutte pour sa survie avec l’énergie du désespoir face à l’agression meurtrière de Poutine.
La détermination brute des Ukrainiens à se défendre contre vents et marées a donné naissance à l’expression « se battre comme des Ukrainiens ». C’est cette même persévérance tenace, ce désir d’autodétermination et cette soif de liberté qui ont incité les Ukrainiens à aspirer à de nouveaux horizons sur les côtes canadiennes. Cet esprit combattif ukrainien est le même que celui qui a poussé ma grand-mère à trouver le courage de monter — seule — à bord d’un grand navire à destination du Canada. C’est aussi l’esprit et l’histoire des 1,4 million d’immigrants ukrainiens dont la détermination et la résilience ont changé la destinée de plusieurs générations dans ce grand pays.
Les riches histoires du Canada et de l’Ukraine sont interreliées. Notre patrimoine commun repose sur les valeurs partagées par les deux cultures : la liberté, la démocratie et l’espoir. En désignant le mois de septembre comme étant le mois du patrimoine ukrainien, le projet de loi S-276 nous donnerait chaque année l’occasion de réfléchir à ce patrimoine commun et à l’avenir que nous continuerons de forger ensemble. Voilà pourquoi j’espère que vous appuierez ce projet de loi.
Merci. Dyakoyou. Slava Ukraini.