DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le système bancaire ouvert
7 avril 2022
Honorables sénateurs, le 22 mars, le ministre associé des Finances, Randy Boissonnault, a annoncé qu’Abraham Tachjian se verrait confier le dossier du système bancaire ouvert au Canada. Sa tâche consistera à diriger l’établissement d’un système bancaire ouvert qui donnera aux Canadiens un plus grand contrôle sur leurs données financières et un accès aux outils nécessaires pour profiter de ces données. Ce sont d’excellentes nouvelles.
Cette semaine, Pollara Strategic Insights a publié les résultats d’un sondage détaillé qui avait comme objectif de découvrir ce que pensent les Canadiens du système bancaire traditionnel et des nouveaux produits de technologie financière. Selon les résultats du sondage, 84 % des consommateurs et des propriétaires de petites entreprises trouvent que les frais bancaires sont trop élevés, et plus de 50 % se disent stressés lorsqu’ils font affaire avec les banques. Pour les Canadiens marginalisés, ce stress peut être encore plus grand. Cela explique peut-être que plus des deux tiers des Canadiens ont dit à Pollara qu’à leur avis, une plus grande concurrence permettrait d’avoir un plus grand choix de produits et des frais moins élevés. Parmi ceux qui se servent déjà des nouveaux produits de technologie financière, 91 % disent qu’ils sont conviviaux, 82 % aiment les frais réduits et 73 % estiment que ces produits les aident à économiser de l’argent.
Pour leur part, les grandes banques canadiennes ont augmenté certains frais en pleine pandémie. Par exemple, une banque en particulier a porté les frais de transaction sur les comptes chèques de 1,25 $ à 1,95 $ par transaction, sans pour autant améliorer le service correspondant. En fait, c’est tout le contraire. Le dépôt minimal exigé pour éviter de payer des frais bancaires est passé de 2 000 $ à 5 000 $. Cette politique de prix nuit particulièrement à la santé financière des gens qui sont déjà marginalisés. Par ailleurs, elle augmente considérablement les profits des banques. Le Centre canadien de politiques alternatives vient d’annoncer que, pour l’exercice 2021, les profits des cinq grandes banques avaient augmenté de 40 % par rapport à la moyenne d’avant la pandémie enregistrée en 2018-2019. Cette augmentation est six fois supérieure au taux d’inflation. Par surcroît, les PDG de ces cinq grandes banques ont bénéficié d’une augmentation moyenne de 23 % de leurs revenus personnels en 2021. Cette augmentation équivaut à près de quatre fois le taux d’inflation. Dans quelques heures, le gouvernement du Canada imposera peut-être aux banques canadiennes une charge fiscale sur les profits excessifs. Personnellement, je préférerais de loin que le gouvernement accélère et élargisse les réformes réglementaires et permette un système bancaire ouvert.
Cela s’explique du fait que les marchés fonctionnent mieux lorsque les innovateurs — les fabricants des meilleurs pièges à souris — sont récompensés. Les marchés ne servent pas bien la population quand des avantages réglementaires protègent les entreprises de la concurrence ce qui leur permet d’augmenter les prix et les profits tout en vendant le même vieux piège à souris.
Chers collègues, comme vous vous y attendez peut-être, je suis emballé par la mise en place d’un système bancaire ouvert et par les possibilités financières axées sur le consommateur que cela offrira ainsi que par les progrès dans les domaines connexes de la modernisation des paiements et de l’identité numérique. Des enjeux nous attendent, mais nous sommes enfin engagés dans la bonne direction.