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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Matthew Boswell

Le commissaire de la concurrence

9 décembre 2025


Honorables sénateurs, je sais qu’il m’arrive de m’emballer un peu quand je parle de saine concurrence, mais n’allez pas croire que je ne remarque rien lorsque vous filez en douce. Même aujourd’hui, dès que j’ai prononcé le mot « concurrence », j’ai remarqué que certains d’entre vous baissaient les yeux vers leur téléphone. Par contre, aujourd’hui, j’aimerais que vous vous arrêtiez et que vous m’écoutiez, si vous le pouvez, car l’histoire que j’ai à vous raconter dépasse la fiction.

Le commissaire de la concurrence sortant du Canada, Matthew Boswell, est véritablement la vedette d’une nouvelle pièce de théâtre très applaudie à Toronto, intitulée Rogers v. Rogers. Un fonctionnaire qui travaille dans un service délaissé depuis longtemps du gouvernement est devenu un personnage principal du monde théâtral. Comment cela a-t-il pu se produire?

En sept ans, Matthew Boswell a transformé le Bureau de la concurrence en un organisme d’application de la loi doté d’outils et de pouvoirs adaptés à l’ère numérique. C’est en grande partie dû au fait que le commissaire s’est vaillamment battu contre les fusions anticoncurrentielles, comme l’acquisition de Shaw par Rogers en 2022, qui a renforcé l’oligopole de cette entreprise. La fusion a finalement été approuvée en vertu de l’ancienne Loi sur la concurrence, qui est complètement dépassée, mais son échec a motivé des changements générationnels à cette loi.

Lorsque le commissaire Boswell quittera ses fonctions le 17 décembre, son mandat aura été marqué par de nombreuses réalisations. Je voudrais m’attarder sur trois d’entre elles.

Tout d’abord, le bureau a privilégié l’utilisation d’un langage clair et simple. La politique de la concurrence a une incidence sur le quotidien de tous les Canadiens, mais son jargon complexe la rendait complètement inaccessible, à l’exception du monde restreint des avocats et des économistes spécialisés dans la concurrence.

Deuxièmement, le bureau a mis à profit son indépendance fondée sur des preuves et a pris des décisions difficiles. Il a ainsi contesté certaines fusions ou certains comportements par principe, et non par souci de popularité. Dans le cadre de ses activités de défense des intérêts, il a fourni des réponses claires et directes aux ministres, aux sénateurs et aux députés sur l’état déplorable des lois et politiques canadiennes en matière de concurrence.

Enfin, Matt Boswell a veillé à ce que le bureau se dote des capacités nécessaires pour repérer les menaces numériques qui s’accélèrent et pèsent sur la concurrence et pour y répondre, ce qui comprend notamment les effets de l’intelligence artificielle, de la tarification algorithmique et de la portabilité des données sur les marchés et les consommateurs. Le bureau a adopté des outils d’intelligence artificielle pour améliorer la détection et l’analyse des risques et le traitement des dossiers. Afin que l’application de la loi s’adapte à l’évolution rapide des marchés, il a créé la Direction générale de l’application numérique de la loi et du renseignement, qui a attiré des technologues, des ingénieurs de données et des spécialistes de la science comportementale.

L’équipe incroyablement douée et dévouée du bureau offre un leadership éclairé à l’égard des changements de politique économique qui sont essentiels pour accroître l’innovation, la productivité et la prospérité au Canada.

J’espère sincèrement que le bureau deviendra un modèle pour la modernisation de la fonction publique canadienne. J’aurais aimé que M. Boswell soit parmi nous aujourd’hui, mais, quoi qu’il en soit, je vous invite à vous joindre à moi pour remercier le commissaire Matthew Boswell, qui en est à son dernier jour de travail, pour son leadership exceptionnel à titre de grand policier de la concurrence au Canada. Merci beaucoup.

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