L'honorable Serge Joyal, c.p.
Interpellation--Fin du débat
11 décembre 2019
Au nom du sénateur Mercer, ayant donné préavis plus tôt aujourd’hui :
Qu’il attirera l’attention du Sénat sur la carrière de l’honorable sénateur Joyal, c.p.
— Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour saluer l’honorable sénateur Serge Joyal, qui est à la veille de son départ du Sénat du Canada. Le sénateur Joyal a consacré une très grande partie de sa vie professionnelle de parlementaire soit à la Chambre des communes, soit au Sénat, de 1997 à 2020, sans compter les fonctions ministérielles qu’il a occupées. Son engagement public a été reconnu au Canada et ailleurs, comme en témoigne la décoration de commandeur de la Légion d’honneur que la France vient de lui remettre ce mois-ci à Ottawa. J’ai connu le sénateur Joyal lorsqu’il était président du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles et président de son comité directeur, soit du 22 novembre 2017 à la dissolution de la 42e législature, le 11 septembre 2019, une période durant laquelle j’ai exercé les fonctions de vice-présidente du même comité.
Mes remarques porteront donc sur le sénateur Joyal comme je l’ai connu quand je suis devenue sénatrice en novembre 2016. J’ai d’abord été frappée par l’érudition du sénateur Joyal. Sa préoccupation de préserver la réputation de l’institution du Sénat était constante, tout comme sa volonté que l’on ne porte pas atteinte au privilège parlementaire. Il se souciait de l’articulation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires dans le régime juridique canadien. Son intérêt pour le droit dans toutes ses composantes transparaissait dans ses interventions. Je retiens plus particulièrement de la conduite des travaux du comité par le sénateur Joyal les éléments suivants : premièrement, le soutien qu’il donnait aux membres du comité lors de l’étude des projets de loi. Je pense que c’est le sénateur Plett qui l’a souligné cet après-midi. Deuxièmement, les précisions que le sénateur apportait, au besoin, aux questions des sénateurs et aux réponses des témoins. Troisièmement, son analyse minutieuse des projets de loi. Quatrièmement, les efforts intenses pour se restreindre dans ses propres questions aux témoins. Cinquièmement, ses interventions à la recherche de solutions en cas de positions inconciliables entre les membres du comité. Enfin, sa fidélité à la langue française classique, y compris dans l’utilisation de la formule traditionnelle « madame le sénateur » quand il me donnait la parole. Je tiens également à souligner que, à titre de président du comité directeur du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, le sénateur Joyal a mené nos travaux avec doigté.
Sur une note plus personnelle, je me permets souligner que j’ai apprécié son sens de l’humour discret. Le sénateur Joyal m’a même annoncé qu’il serait ravi d’être invité à titre de témoin devant le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles du Sénat. Nous savons que son engagement dans la vie publique et dans la société ne s’arrêtera pas à la porte du Sénat quand il l’aura refermée.
Je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre ami et collègue l’honorable sénateur Joyal. Sénateur, vu votre excellent travail et vos efforts de sensibilisation, le Sénat perdra, au moment de votre retraite en février, l’un des alliés les plus dévoués des peuples autochtones et l’un des meilleurs défenseurs des droits des Autochtones. Je tiens en particulier à rendre hommage au travail que vous avez accompli dans le dossier des affaires autochtones, ici, au Sénat. Afin d’être brève, je parlerai de trois de vos réalisations qui ressortent pour moi.
Premièrement, en 2014, avant même que le gouvernement fédéral lance l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, vous, sénateur, avez préparé le document juridique qui convaincrait le gouvernement que c’était nécessaire. Vous l’avez préparé, et il a été remis à l’Association des femmes autochtones du Canada et rendu public dans un communiqué. Notre caucus tout entier a appuyé cette mesure à l’unanimité.
J’ai été profondément touchée par votre dévouement et votre volonté de prêter main-forte et d’employer votre brillant esprit à lutter pour que justice soit rendue aux femmes et aux filles autochtones, ainsi qu’à leurs familles, qui ont mené la lutte pour établir l’enquête nationale. Votre engagement pour cette cause a toujours représenté beaucoup à mes yeux.
Deuxièmement, je tiens à souligner votre dévouement inlassable à l’égard d’une mesure législative que vous avez présentée au Sénat à trois reprises au cours de votre carrière ici. La dernière version de cette mesure était un projet de loi d’intérêt public du Sénat, le S-212, Loi sur les langues autochtones du Canada. Comme nous le savons tous, la substance de cette mesure a été intégrée au projet de loi d’initiative ministérielle C-91, Loi sur les langues autochtones, qui a été adopté lors de la dernière législature.
À la deuxième lecture du projet de loi S-202, vous avez dit : « Nous devons la diversité de notre pays aux peuples autochtones et aux efforts qu’ils ont déployés au fil des siècles pour tenter de conserver leur identité, surtout dans un système scolaire aussi difficile. »
Ces mots m’ont profondément interpellée, car, comme beaucoup d’Autochtones, j’ai eu à surmonter la honte de mon héritage cri, résultat de la colonisation, à retrouver la fierté de qui je suis, et à allumer la flamme de mon identité autochtone. Je vous remercie d’avoir défendu notre cause collective.
Troisièmement, par son discours, le sénateur Day m’a rappelé la générosité dont vous avez fait preuve en faisant don au Sénat de plusieurs œuvres d’art. Je pense en particulier à celles qui se trouvent dans la salle du Comité des peuples autochtones dans les anciens locaux du Sénat. C’était une salle si belle, chaleureuse et accueillante grâce à tous les beaux tableaux d’artistes autochtones que vous avez donnés. C’était une salle absolument fantastique.
Je me souviens d’une cérémonie sacrée que nous avons tenue avec les masques des grands-pères qui faisaient partie de la culture haudenosaunee — des objets sacrés qui étaient sur le mur — et l’un de nos spectateurs, Rarihokwats, qui est presque toujours présent, a pensé qu’il fallait prendre soin de ces masques sacrés. Nous avons donc organisé, avec vous et la commission nationale des arts, une cérémonie sacrée pour en prendre soin. Cela restera à jamais gravé dans mon cœur. En collaboration avec vous, le sénateur Sinclair, l’ancien sénateur Moore et des gens de la commission nationale des arts, nous avons organisé cette cérémonie pour prendre soin des gens et des témoins qui ont comparu devant le Comité des peuples autochtones.
Je vous remercie — Kinanaskomitin. C’est un mot cri qui signifie merci. Je vous salue. Je suis très heureuse de vous avoir connu et d’avoir tiré profit de votre sagesse.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à un membre distingué du Sénat du Canada, le sénateur Serge Joyal. C’est l’exemple parfait d’un homme distingué et érudit. Sa carrière a été parsemée de tellement de réalisations, d’honneurs et de récompenses que je ne les énumérerai pas ici, puisque je n’ai que trois minutes.
Cela dit, on ne soulignera jamais assez tout ce que le sénateur Joyal a apporté au Sénat. Il a marqué les débats parlementaires d’une sagesse et d’une passion qui nous ont tous enrichis. Je sais aussi qu’il a servi de mentor à de nombreux sénateurs au fil des ans.
J’ai eu l’honneur de siéger au Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles avec le sénateur Joyal pendant plus de six ans. Son esprit de juriste, ses questions réfléchies et la justesse de son jugement m’inspirent un profond respect. Certains seront peut-être étonnés d’apprendre qu’il nous est même arrivé d’être d’accord à propos de certains points de droit ou de certaines mesures législatives.
Parmi mes meilleurs moments au sein du Comité des affaires juridiques, beaucoup se sont passés comme suit : j’étais assise en face du sénateur Joyal et du Sénateur George Baker; le sénateur Baker lançait une remarque amusante, à laquelle le sénateur Joyal répondait par l’ironie, le regard pétillant. Sénateur Joyal, votre humour pince-sans-rire me manquera.
Malgré nos horizons politiques diamétralement opposés, j’ai toujours eu du respect pour la conviction avec laquelle le sénateur Joyal défend ses idéaux et ses valeurs. Son exemple nous montre que le point de vue partisan d’un sénateur peut enrichir sa contribution aux travaux du Sénat.
Le sénateur Joyal est un membre de longue date du Parti libéral. Il a servi à titre de député, de ministre, de sénateur, mais aussi au sein du Parti libéral même. Il est certain que l’actuel gouvernement libéral de Trudeau et son caucus national auraient pu grandement bénéficier de la sagesse du sénateur Joyal au cours des dernières années. Le sénateur Joyal voue un profond respect à l’histoire et aux traditions du Sénat et du système de Westminster, comme nous devrions tous le faire.
L’influence du sénateur Joyal sur le Sénat et le Parlement canadien perdurera longtemps après son départ à la retraite, et pas seulement parce qu’il a relevé la qualité du débat parlementaire. En effet, il a fait don de formidables œuvres d’art et d’objets historiques aux édifices parlementaires. Son héritage se perpétuera en ces murs et incitera de futures générations de Canadiens à contempler les grandes traditions et le patrimoine culturel qui unissent les Canadiens.
La semaine dernière, j’ai eu l’honneur d’être invitée à la réception soulignant sa promotion au grade de commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur de la France. Il est tout à fait approprié que le sénateur Joyal reçoive un tel honneur à l’ambassade de France, un immeuble magnifique rempli de magnifiques œuvres d’art.
Sénateur Joyal, c’est avec une tristesse indéniable que je vous dis au revoir aujourd’hui. Je sais que je parle au nom de tous les sénateurs en vous remerciant pour votre sagesse, votre vivacité d’esprit et votre amitié. Vous laissez un héritage incroyable, non seulement au Sénat et dans les salles du Parlement, mais également au plus profond de la démocratie — et de l’histoire — de ce grand pays. Merci.
Cher sénateur Joyal, plusieurs aujourd’hui soulignent votre énorme contribution au Sénat, aux arts, aux relations France-Canada-Québec… Pour ma part, je vais humblement souligner votre contribution à ma jeune carrière de sénatrice.
Vous savez, quand on passe des pistes d’athlétisme à la Chambre haute, on quitte définitivement notre zone de confort. Cependant, avant même mon arrivée ici, un ami commun — l’autre Serge — m’a dit : « Si tu as quelque question que ce soit, va voir le sénateur Joyal. » C’était plus facile à dire qu’à faire : c’était sans savoir à quel point vous êtes impressionnant dans cette Chambre.
Pourtant, un beau mardi, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée vous poser quelques questions. Pour cela, je vous dis merci. Pour vos réponses, bien sûr, mais surtout pour la gentillesse et la générosité avec lesquelles vous avez partagé vos conseils.
Quelques semaines plus tard, le Sénat était le théâtre de débats enflammés au sujet du projet de loi C-14. J’étais encore une toute nouvelle sénatrice. Même si le débat sur l’aide médicale à mourir émouvait particulièrement la personne ayant un handicap que je suis, je me sentais loin d’être prête à livrer mon discours inaugural sur un sujet aussi grave. Puis, tard un soir, vous avez pris la parole avec fougue, éloquence et pertinence. Tout est alors devenu clair pour moi : je devais moi aussi participer aux débats, que je sois prête ou non. C’est ainsi que j’ai rédigé mon premier discours la nuit même, pour le prononcer le lendemain. Encore aujourd’hui, ce discours me remplit de fierté. Je vous remercie, sénateur Joyal, de m’avoir aidée à comprendre que ma voix était importante ici.
Bien sûr, sénateur Joyal, comment ne pas parler de quelqu’un qui nous est cher à tous les deux, Momar, l’excellent directeur parlementaire que nous avons partagé pendant des mois. Je ne vous l’ai jamais raconté, mais, lorsque j’ai eu son CV entre les mains, j’ai vu qu’il travaillait pour vous. Tout de suite, je me suis dit : « S’il est assez bon pour l’exigeant sénateur Joyal, c’est clair qu’il le sera pour moi! » C’est ainsi que Momar est devenu un membre indispensable de mon équipe. À ce sujet, je veux vous dire que j’ai beaucoup apprécié votre flexibilité et votre élégance tout au long de cette collaboration.
Je pourrais continuer. À titre de présidente du Comité des affaires sociales, quand j’avais besoin d’un avis sur un aspect constitutionnel ou juridique d’un projet de loi, votre disponibilité était grande, et j’en ai profité à plusieurs reprises.
Quand on rend hommage, sénateur Joyal, il faut, bien entendu, s’attarder aux grandes réalisations, et elles ne manquent certainement pas dans votre cas. Toutefois, je crois aussi que les petits gestes et la générosité loin des projecteurs sont très importants et révélateurs de la belle personne que vous êtes. Sachez, sénateur Joyal, que, même sans le vouloir, vous avez eu un bel impact sur ma jeune carrière au Sénat et que je m’inspire des qualités que j’apprécie chez vous. Merci.
Honorables sénateurs, comme il est 18 heures, conformément à l’article 3-3(1) du Règlement, je suis obligé de quitter le fauteuil jusqu’à 20 heures, à moins que nous consentions à ne pas tenir compte de l’heure. Est-ce d’accord, honorables sénateurs?
Honorables sénateurs, en prenant la parole aujourd’hui, je m’adresse au sénateur, bien sûr, au politicien, mais je m’adresse surtout au citoyen engagé. Derrière ce parcours remarquable se trouve un citoyen doté d’une sensibilité exceptionnelle.
Honorables collègues, comme vous le savez, je suis issu d’une minorité linguistique, je fais partie d’une minorité sexuelle et je suis également issu des arts et de la culture. Sans prendre la parole pour l’ensemble de la population canadienne, je tiens à vous dire merci. Merci de ce travail inestimable que vous avez fait dans le domaine des langues officielles, dans le domaine de la langue française, non seulement pour promouvoir la langue française, mais pour affirmer haut et fort, à votre manière, que les langues officielles et les langues autochtones sont plus que des outils de communication dans ce pays, mais sont les véhicules de notre culture et de notre identité nationale commune. Pour cela, je vous remercie et pour cela, je vous dis que cette approche guidera mon travail de sénateur dans le domaine des langues officielles.
Je tiens également à vous remercier de ce que vous avez fait dans le domaine des arts et de la culture et de ce que vous continuerez de faire dans ce domaine. On parle souvent des artistes et de leurs œuvres, mais on parle peu de leurs conditions de vie, de la pauvreté dans laquelle vivent plusieurs d’entre eux et de la nécessité d’avoir dans ce pays des gens comme vous, mécènes, passionnés des arts, passionnés d’histoire, qui peuvent, par leur discours, par leur contribution, par leurs actions, illuminer les œuvres des artistes et faire en sorte que les Canadiens et les Canadiennes puissent en profiter, en bénéficier, être transformés par eux. Pour cela, je vous remercie, sénateur Joyal.
Enfin, je vous remercie de tout ce travail que vous faites pour les droits fondamentaux, notamment pour les droits des minorités sexuelles. Vous savez à quel point vos actions, vos prises de parole sont importantes pour cette catégorie de citoyens et de citoyennes qui, encore aujourd’hui, doivent se battre et travailler très fort pour que leur contribution à ce pays soit reconnue. Pour cela, je vous remercie, sénateur.
Enfin, je vous remercie pour ce rayonnement de la langue française dans la Francophonie. Le Canada se distingue de nos voisins du Sud parce que, ici aussi, on valorise nos deux langues officielles et la place de la langue française dans le monde. Votre contribution est exceptionnelle à cet égard et je vous en remercie. Comme l’a signalé ma collègue la sénatrice Petitclerc, vous serez et resterez pour moi une source d’inspiration inestimable grâce à la rigueur de vos actions, à la rigueur de vos propos, et grâce à cette manière à la fois élégante et ferme de prendre la parole au nom des plus démunis de notre société.
Enfin, vous le savez sans doute, mais je ne crois pas que vous prendrez votre retraite en quittant le Sénat. Une chose est sûre, cher sénateur, soyez assuré que nous continuerons de vous écouter là où vous serez et que nous continuerons d’être inspirés par vos paroles et par vos gestes. Je vous remercie.
Cher sénateur Joyal, au cours de ces quelques minutes qui me sont allouées, je me limiterai à évoquer quelques-unes de vos nombreuses et grandioses contributions d’un point de vue personnel sous forme d’anecdotes dont je me souviendrai très longtemps.
Notre collègue le sénateur Joyal est plutôt doué pour l’art oratoire. Quand le sénateur Joyal prend la parole pour faire la critique d’un projet de loi, il réussit, la plupart du temps, à semer le doute parmi ses collègues de tous les groupes, et surtout parmi ceux et celles qui sont susceptibles de voter en faveur d’un projet de loi. Vous êtes un débatteur redoutable. À une certaine époque, alors que j’étais à mes débuts au Sénat, je me suis fait dire plusieurs fois : « Surtout, ne l’écoute pas. » En fait, les tribunaux lui ont très souvent donné raison.
Quelques semaines après mon arrivée au Sénat, le sénateur Joyal, qui s’adressait à moi, m’a dit : « Vous savez, sénatrice Bellemare, le Sénat du Canada n’a pas toujours été aussi partisan qu’aujourd’hui. Il fut un temps où les sénateurs des deux formations politiques avaient des relations plutôt cordiales. » Sur ces propos, vous m’avez tendu un livre que vous aviez publié, qui s’intitule Protéger la démocratie canadienne : Le Sénat en vérité...
J’ai lu et relu ce livre qui décrit votre contribution et celle d’autres experts qui ont réfléchi sur la question du Sénat. En fait, selon moi, il s’agit d’une contribution immense que vous avez faite au Sénat à travers ce livre qui vous suivra, parce qu’il est encore d’actualité.
Vous léguez aussi au Sénat de nombreuses contributions matérielles artistiques. D’ailleurs, plusieurs en ont parlé. Je pense évidemment au salon de la Francophonie ainsi qu’à la collection d’œuvres d’artistes autochtones qui ornent désormais les murs du Sénat actuel. Ces deux collections sont les plus intéressantes. Chaque fois que je les contemple, je ne peux m’empêcher de penser aux moments privilégiés auxquels j’ai eu le droit d’assister quand vous, sénateur Joyal, avez personnellement présenté ces collections — j’étais témoin — à mon beau-fils, l’artiste David Altmejd. C’est alors que j’ai vu en vous un autre homme, un homme passionné qui croyait fondamentalement à l’influence de la France et des peuples autochtones dans notre vie de tous les jours, dans notre Canada.
Je termine en soulignant une autre contribution, qui est celle que vous avez faite au Musée d’art de Joliette. Vous avez donné à cette ville un attrait touristique tout à fait particulier et, pour moi, ce cadeau m’est cher, parce que toute ma famille y est enterrée. Merci, sénateur, de votre générosité. Je vous admire beaucoup. Comme je connais votre passion pour les arts, la culture et la politique, je suis persuadée que vous ne prendrez pas votre retraite de sitôt. Je vous souhaite la santé et, surtout, de continuer de nous étonner. Au plaisir d’aller peut-être prendre un café avec vous dans le Marais, un quartier de Paris que j’adore, comme vous. Merci.
Honorables sénateurs, c’est un honneur pour moi d’offrir quelques mots de remerciements au sénateur Joyal. Quand je suis arrivée au Sénat, on m’a offert de faire partie du Comité de modernisation du Sénat. Je ne savais pas à quel point les sujets dont ce comité est saisi peuvent être complexes. Chaque réunion était une occasion d’apprendre de nouvelles choses — et des nouvelles choses, j’en ai appris, grâce entre autres à notre vice-président, le sénateur Joyal. Notre honorable collègue a le don incroyable d’aborder des sujets extrêmement compliqués et de les vulgariser de façon éloquente et pertinente afin de les mettre à la portée des non initiés.
Dire que le sénateur Joyal connaît bien le Sénat et son histoire serait un euphémisme. Il y a deux semaines, j’ai lu un article fascinant sur les parlementaires autochtones à travers l’histoire. À la fin de l’article, il y avait le nom de son auteur, nul autre que notre honorable collègue.
Je retiens aussi du sénateur Joyal son amour des traditions et des procédures du Sénat. On m’a rappelé que, même si les institutions changent et évoluent, les rituels et les traditions auront toujours un important rôle à jouer. Grâce au sénateur Joyal, je n’oublierai jamais cette notion. Tous les jours, je me dirai que j’ai de la chance d’être sénateur et de représenter tous les Canadiens.
Cher sénateur, il va sans dire que votre retraite laisse un grand trou dans la mémoire institutionnelle de cet endroit. Ces derniers mois, nous avons perdu une quantité considérable de mémoire institutionnelle. Il faudra du temps pour reprendre le rythme, mais je vous remercie infiniment pour l’exemple que vous avez donné. En votre honneur, mes collègues et moi nous montrerons à la hauteur. Merci.
Cher sénateur Joyal, je ne répéterai pas tout ce qui a été dit et bien dit à votre sujet. Je tenais à vous rendre hommage de manière plus personnelle, parce que je vous ai choisi comme parrain. Vous avez été d’une très grande générosité avec moi, qui arrivais fébrile et perdue au Sénat. Vous m’avez donné des conseils, notamment de prendre mon temps. Vous savez que les journalistes sont des gens impatients, vous m’avez dit : « Regardez les comités, promenez-vous, attendez avant de vous décider. »
Vous m’avez donné des conseils, et je les ai appréciés; j’essaie de les mettre en pratique et d’être patiente, puisque c’est une qualité importante au Sénat. Je vous ai choisi comme parrain à cause de votre intégrité, de votre passion et de votre discipline. J’ai appris plus tard que vous étiez un bourreau de travail. Un de vos amis m’a confié que, même sur la plage, vous apportiez du travail et travailliez durant des heures — sur la plage, c’est plutôt rare. Évidemment, c’est anecdotique.
Vous êtes un amoureux de la langue française et de la France, et j’ai découvert — parce que nous nous sommes rencontrés à Paris lorsque j’étais diplomate — votre intérêt pour Napoléon. Vous m’avez appris tout un pan de l’histoire que j’ignorais. Tous les petits Napoléon du Québec nommés en l’honneur de Napoléon, les objets, la vénération, bref, c’était fascinant. J’ai découvert là un homme passionné, c’est un côté de vous que je ne connaissais pas.
J’aimerais également souligner votre côté émotif. Vous êtes un homme émotif, vous le montrez, vous ne le cachez pas, c’est quelque chose de rare et de précieux, et cela m’a beaucoup frappée.
En terminant, puisque je parle d’émotion, vous avez fait un grand discours à l’ambassade de France. Je vais faire un peu de plagiat parce que vous avez notamment beaucoup parlé de poésie, et cela m’a beaucoup touchée. J’aimerais lire un passage du très beau poème de Verlaine intitulé Chanson d’automne, qui a été cité par le sénateur Joyal :
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Cher sénateur Joyal, nous pleurons tous un peu dans notre cœur à cause de votre départ.
Sénateur Joyal, pendant les 30 années au cours desquelles j’ai eu le privilège de vous connaître, de témoigner devant vous et, depuis trois ans, de travailler avec vous, j’ai grandement profité du temps que vous m’avez généreusement accordé et de vos judicieux conseils. Dans ma courte carrière de sénatrice, j’ai pu constater le soin, l’attention, la sagesse et le sérieux que vous apportez à chaque discussion et à chaque étude des enjeux qui nous sont soumis.
Avant ma nomination, j’avais souvent la chance d’être invitée à témoigner devant le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles; j’étais ce qu’on appelle un témoin. À l’époque où le Sénat et l’autre endroit présentaient des projets de loi sur la justice pénale les uns après les autres, je pouvais toujours compter sur le sénateur Joyal pour qu’il mène la charge afin de s’assurer que le Sénat fasse tout en son pouvoir pour faire respecter la Charte canadienne, surtout en ce qui a trait aux droits des groupes minoritaires et des groupes les plus marginalisés que nous avons tous le devoir de représenter.
Avant d’accepter ma nomination, j’ai consulté votre livre sur le Sénat dont plusieurs ont parlé aujourd’hui, ainsi que les observations que vous avez présentées à la Cour suprême du Canada, afin de décider si je devais sérieusement envisager d’accepter les fonctions, le rôle et les responsabilités de sénatrice.
À mon arrivée ici, je me suis tournée vers vous en tant que l’un des sages dont je pouvais suivre l’exemple pour ce qui est de l’exercice du second examen objectif et du respect de standards exemplaires en matière de dignité, de décorum et d’intelligence.
Tout au long de ma carrière au Sénat et au-delà, je me souviendrai de l’exemple que vous avez donné, des nombreuses occasions où vous avez su allier votre connaissance des questions juridiques et constitutionnelles complexes à votre fine compréhension de leurs répercussions sur les personnes, leur humanité, leur dignité et leur capacité d’exercer leur droit à l’égalité, à l’équité et à la justice.
Je vous remercie de tout ce que vous nous avez donné. Plus récemment, les amendements proposés par le Sénat dans le cadre de nos discussions sur le projet de loi C-83 s’appuyaient en grande partie sur vos contributions. Par vos discours et vos interventions dans cette assemblée, vous avez grandement contribué à mettre de l’avant des idées, à promouvoir le dialogue et à soulever nombre de préoccupations et de questions de manière à ce que les Canadiens les plus démunis et ceux qui n’ont pas voix au chapitre occupent l’esprit et le cœur de tout un chacun.
Ce fut un immense privilège de pouvoir parfaire mes connaissances en tirant profit de vos nombreuses années d’expérience comme avocat, législateur, mécène et humaniste. Vos nombreuses contributions à notre société et les services que vous avez rendus aux Canadiens sont autant d’exemples exceptionnels qui guident ceux qui ont été invités à se joindre à cette assemblée pour faire de notre pays un chef de file en matière de droits de la personne au sein d’une communauté mondiale plus diversifiée, juste, équitable et compatissante.
Merci, meegwetch, du dévouement dont vous avez fait preuve envers tant de personnes. J’espère que j’aurai encore le privilège et la chance de compter sur vos conseils et votre amitié alors que vous entamerez les prochains chapitres de votre vie.
Merci de votre service...
— vos conseils et votre amitié.
J’aimerais également me joindre aux sénateurs qui se sont exprimés.
Lorsque je suis arrivé ici en 2008, on disait de lui qu’il était un homme très modeste, qui a beaucoup d’humilité et qui a un grand respect pour les institutions et le Parlement canadien. Comme on dit dans la langue de Shakespeare —
Sénateur Joyal, je vous décrirais par l’acronyme ALPE, qui désigne l’amitié, la loyauté, les principes et l’engagement.
J’aimerais partager une information avec vous et avec tous les sénateurs canadiens en vous disant que, après le très honorable Brian Mulroney, Dany Laferrière et la grande Céline Dion, le sénateur Joyal a été nommé par le gouvernement français commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur. Félicitations!
Malgré cette reconnaissance prestigieuse, c’est avec beaucoup de simplicité que le sénateur Joyal est toujours prêt à défendre les intérêts de ceux qui en ont besoin. Grand défenseur de la Francophonie, il est intervenu récemment, honorables sénateurs, d’une manière humble et simple, pour plaider en faveur de la sauvegarde du consulat français en Atlantique, un consulat situé à Moncton. Je peux vous dire en toute sincérité que les Acadiens, les Acadiennes et l’Atlantique vous en sont très reconnaissants, monsieur le commandeur.
Je veux publiquement vous remercier et, surtout, vous souhaiter une belle retraite bien méritée. Merci à vous, monsieur le commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur; vous avez plaidé pour l’Acadie, vous avez plaidé pour l’Atlantique, et le peuple acadien vous en remercie.