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Un avenir à zéro émission nette

Interpellation--Suite du débat

28 mars 2023


Chers collègues, je prends la parole au sujet de l’interpellation de la sénatrice Coyle, en vue de trouver des solutions pour assurer la transition de la société, de l’économie et de l’utilisation des ressources du Canada dans la poursuite d’un avenir juste, prospère, durable et paisible à zéro émission nette pour notre pays et la planète.

En 2022, le Jour du dépassement du Canada, c’est-à-dire le jour où notre pays a utilisé sa part de toutes les ressources que la Terre peut régénérer pendant une année entière, était le 13 mars. Malgré ses imperfections, cet indicateur est facile à comprendre et reflète le caractère non durable de notre système socioéconomique. Le Canada épuise les ressources d’une année en seulement deux mois et demi. Pourtant, nous avions l’habitude de gaspiller beaucoup moins. Au début des années 1970, le Jour du dépassement du Canada se situait à la fin du mois de décembre, là où il devrait être.

Dans notre propre intérêt, nous devons devenir une nation durable : nous devons être plus efficaces et attentifs lorsque nous utilisons les ressources naturelles.

Notre mode de vie et nos comportements poussent le système actuel à ses limites. Dans l’ensemble, il existe une corrélation positive entre la génération de déchets et le niveau de revenu. Par conséquent, en tant que pays riche et développé, il est de notre devoir de rectifier la situation et de donner l’exemple.

On s’attend à ce que la demande mondiale en ressources matérielles double d’ici 2060. Si nous ne trouvons pas de solutions rapides, ingénieuses et durables, si nous ne changeons pas le paradigme pour que les citoyens ne soient plus considérés uniquement comme des consommateurs au sein d’un système économique linéaire qui exploite, fabrique et gaspille, cela causera des dommages à l’environnement, notamment une hausse des émissions de gaz à effet de serre, du volume de déchets et de la pollution connexe.

L’essoufflement du système climatique planétaire est observé par les scientifiques depuis des décennies, et ce sont les émissions de gaz à effet de serre produites par l’activité humaine qui, sans équivoque, sont la cause du réchauffement planétaire. Les températures moyennes planétaires sont actuellement près de 1,2 degré au-dessus du niveau préindustriel alors que, au Canada, le réchauffement est deux fois pire et que, dans l’Arctique, il est trois fois pire. Ces changements causent les événements météorologiques extrêmes qu’ont connus les Canadiens et qui entraînent la destruction des infrastructures de base. Les changements climatiques représentent un risque systémique parce que leurs effets sont ressentis par tout le monde, partout. Nous subissons au Canada des vagues de chaleur intense, la fonte du pergélisol, la montée du niveau de la mer, l’érosion des berges, des feux de forêt, des tornades et des ouragans, des rivières atmosphériques, une perte de biodiversité et l’extinction d’espèces. On se souviendra de l’année 2022 comme l’année où les événements météorologiques extrêmes sont devenus la norme et où le coût des dommages causés par chaque événement aura atteint des milliards de dollars.

J’ai récemment vu le film intitulé Au bout du rouleau — une histoire d’amour boréale, de Michael Zelniker. Je vous invite à le regarder. On y montre les liens directs entre nos habitudes de consommation, la destruction du capital naturel et la brutalité de notre inaction. Il faut comprendre une chose : plus de 5 000 espèces sauvages sont menacées d’extinction à différents degrés au Canada. Par exemple, malgré leur statut d’espèces protégées, les trois familles de caribou au pays sont menacées d’extinction, y compris les troupeaux autrefois imposants de George River et de Leaf River, au Labrador et au Québec. La sénatrice Audette pourrait vous parler davantage de la disparition de cette espèce et de l’importance de cette dernière pour les Autochtones.

Cependant, je suis ici pour parler de solutions et dire que les Canadiens souhaitent et attendent que le Sénat joue son rôle de Chambre de second examen objectif en tenant un débat constructif sur la question, ainsi qu’en proposant des solutions efficaces aux multiples crises interreliées que nous traversons tous, sans laisser personne pour compte.

Une première solution serait de laisser les marchés s’attaquer à la pollution et à ses conséquences. Les sociétés responsables doivent à ce titre lutter contre les externalités négatives, tout comme des citoyens responsables. Elles ont créé ces externalités négatives en prévoyant des moyens efficaces de les gérer. Il est urgent de mettre en place d’autres modèles de production et de consommation, tout en remédiant aux lacunes de notre système linéaire. Nous devons passer à une économie circulaire où les sous-produits, tels que les déchets et d’autres matières sans valeur, sont réintégrés dans le système.

Les grands principes sont, en fait, fort simples : utiliser moins de ressources; assurer une conception plus durable; interdire l’obsolescence programmée; fournir des boucles de services, comme les réparations, qui s’étendent durant le cycle de vie des produits; ralentir le rythme d’extraction; employer des substances moins toxiques ou polluantes; et améliorer la récupération et la gestion des déchets, ainsi que le retraitement des matières, pour en tirer le maximum en créant de la valeur à chaque stade de la réutilisation. En somme, si on ne peut pas réduire, réutiliser, réparer, reconstruire, remettre en état, revendre, recycler ou altérer un produit, il faudrait en restreindre l’utilisation, le reconcevoir ou cesser de le fabriquer.

Une deuxième solution qui s’imposerait grandement si le Canada devait choisir de demeurer concurrentiel durant l’actuelle troisième révolution industrielle et dans l’économie du savoir, c’est la transition vers les sources d’énergie renouvelables pour la production d’électricité.

Aujourd’hui, j’ai participé au huis clos sur le budget. J’ai publié un communiqué. Le budget prévoit de l’argent pour l’électrification — j’en suis très heureuse —, mais nous pouvons faire mieux.

Le secteur canadien des énergies renouvelables, même s’il est florissant dans des provinces comme l’Alberta, accuse en général un retard par rapport au reste du monde. Nous ne remplaçons tout simplement pas assez rapidement les combustibles fossiles par des sources d’énergie renouvelable. La plupart des pays du G7 ont réussi à dissocier la croissance de l’émission de gaz à effet de serre parce qu’ils ont mis au point et mis en œuvre des énergies propres. Contrairement aux combustibles fossiles, l’électricité produite à partir de sources renouvelables suit des courbes d’apprentissage où les coûts de production chutent constamment de façon marquée. En ce moment, les énergies renouvelables sont les solutions les plus sûres, les plus propres et les plus abordables, et le Canada dispose des ressources nécessaires pour être un chef de file mondial dans le domaine. La côte Est à elle seule a d’un potentiel d’énergie houlomotrice suffisant pour doubler nos capacités actuelles de production d’électricité.

Chers collègues, pourquoi — malgré le fait que nous ayons le plus long littoral, les plus fortes marées et certaines des plus grosses vagues du monde — n’avons-nous pas recours à l’énergie houlomotrice ou à l’énergie marémotrice?

Mon bureau a publié un livre blanc sur les meilleures politiques pour une relance propre après la pandémie de COVID-19 et un autre livre blanc sur les finances durables visant l’atteinte de la carboneutralité avant 2050. En mettant en œuvre des approches semblables à celles qui ont donné des résultats partout dans le monde, nous pouvons non seulement accélérer la transformation, mais aussi rendre l’économie canadienne plus durable, au diapason de notre réalité et de nos besoins pressants.

Parmi ces approches, nous avons relevé les suivantes.

On peut proposer des projets de loi qui tiennent compte à la fois du climat, c’est-à-dire des conséquences pour les générations futures, et de la justice sociale afin de veiller à répartir équitablement les avantages et les coûts de la transition.

Les mesures d’aide financière liées à la transition peuvent servir à aider la population d’abord et les entreprises par la suite. Lorsqu’une aide financière est offerte aux entreprises, elle devrait s’accompagner de mesures de reddition de comptes et d’application ainsi que d’objectifs vérifiables qui contribuent au bien-être de l’humanité et de l’écosystème.

Nous pouvons demander si l’aide financière offerte par le gouvernement pour des projets de développement contribue à protéger et à régénérer le capital naturel et les écosystèmes. Nous pouvons demander si les communautés autochtones ont été consultées et si on peut les aider à remplir leur rôle de gardiens des terres autochtones et de la biodiversité.

Les pêches, la foresterie et l’agriculture sont des secteurs qui emploient encore des approches non durables. Plusieurs populations de poissons sont en voie de disparition, des forêts boréales sont coupées à blanc, des terres agricoles sont appauvries en raison de la surutilisation de procédés lourdement mécanisés qui servent notamment à l’épandage d’engrais synthétique et de pesticides. Ces secteurs doivent revoir et optimiser leurs pratiques.

Nous pouvons encourager des pratiques qui permettent aux municipalités de s’adapter dès maintenant aux changements climatiques, notamment en construisant des infrastructures essentielles et durables et en veillant dès le départ à construire de la bonne façon et au bon endroit, et nous pouvons nous servir des infrastructures naturelles comme d’une première ligne de défense contre les inondations et l’érosion.

Tous les investissements du gouvernement pourraient servir à mieux bâtir pour l’avenir, ce qui nécessite de réaliser des projets de manière efficace sur le plan économique et environnemental pour recouvrer les coûts tout en réduisant les inégalités.

Chers collègues, il existe de nombreuses solutions aux problèmes qui se posent à nous et que nous ne pouvons plus ignorer; ce dont nous avons besoin, c’est de la volonté et de l’intention, l’intention de protéger nos enfants et les générations actuelles et futures.

Comme l’a dit le président Biden la semaine dernière :

[U]n avenir où nous comprenons que le succès économique n’est pas en conflit avec les droits et la dignité des travailleurs ni avec notre responsabilité d’investir dans la lutte contre la crise climatique, mais plutôt que ces choses en dépendent, à vrai dire.

Chers collègues, vous savez que l’Inflation Reduction Act des États-Unis change la donne, et nous devons intensifier nos efforts si nous ne voulons pas nous laisser nous distancer.

Pour conclure, nous entendons des arguments sur le coût de l’action. Je vous mets au défi de justifier le coût économique, financier, sociétal et moral de l’inaction. En 2011, la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie a prédit que le coût de l’inaction pourrait atteindre 91 milliards de dollars par an au Canada d’ici 2050. L’Institut climatique du Canada estime que, d’ici 2025, soit demain, notre PIB national aura diminué de 25 milliards de dollars. D’ici 2055, il sera inférieur de 80 à 103 milliards de dollars. L’inaction ou le maintien du statu quo entraîne la destruction de notre capital naturel, qui représente une part importante de notre PIB.

Je vous demande de réfléchir à ce que vous faites pour protéger la subsistance des Canadiens et l’économie canadienne des impacts des crises interconnectées du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la crise financière. Je vous demande de songer à ce que vous faites pour ouvrir la voie à une économie à zéro émission nette et prospère.

Merci, meegwetch.

L’honorable Robert Black [ + ]

Honorables sénateurs, j’interviens une fois de plus ce soir, cette fois-ci dans le cadre de l’interpellation de l’honorable sénatrice Coyle attirant l’attention du Sénat sur l’importance de trouver des solutions pour faire la transition de la société, de l’économie et de l’utilisation des ressources du Canada dans la poursuite d’un avenir juste, prospère, durable et paisible à zéro émission nette pour notre pays et la planète.

Je suis et je serai toujours un ardent défenseur de l’agriculture. J’ai travaillé dans le domaine de l’agriculture presque toute ma vie. C’est ce que je connais le mieux, et ce domaine restera mon principal centre d’intérêt tant que je représenterai les Canadiens au Sénat.

Je me concentrerai donc ce soir sur le rôle de l’agriculture dans la lutte contre les changements climatiques et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre pour appuyer les efforts du Canada en vue d’atteindre la carboneutralité.

Selon l’OCDE, l’agriculture était responsable d’environ 17 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale en 2016, et ce pourcentage n’inclut pas une part additionnelle allant de 7 à 14 % occasionnée par les nouveaux usages des terres. Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, 10 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada proviennent de la production agricole et de l’élevage de bétail. Cela n’inclut pas les émissions issues de l’utilisation de combustibles fossiles et de la production d’engrais.

Ces chiffres sont élevés et nous devons les réduire. Toutefois, cette responsabilité ne doit pas seulement reposer sur les épaules des agriculteurs et de l’industrie agricole, qui travaillent très fort pour produire nos denrées alimentaires, sans compter que la majorité d’entre eux sont de très bons gardiens des terres. Voilà pourquoi les agriculteurs sont profondément engagés dans la lutte contre les changements climatiques et l’atténuation de leurs effets.

Dans bien des cas, nos agriculteurs sont les premiers touchés par les conséquences des changements climatiques puisque l’industrie agricole canadienne en subit grandement l’impact. La fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes a doublé depuis les années 1990. On constate une augmentation des inondations, des sécheresses, des feux de forêt et des tempêtes, qui, sans surprise, nuisent aux récoltes et affectent de façon disproportionnée les exploitations agricoles de toutes tailles.

S’il faut reconnaître que l’agriculture fait partie du problème en ce qui concerne les changements climatiques, le secteur agricole n’a cessé de s’améliorer au fil des années, tandis que les émissions des autres secteurs ont augmenté. L’agriculture a le potentiel formidable de faire partie intégrante de la solution dans la lutte contre les changements climatiques.

En fait, de nombreux agriculteurs ont déjà pris des mesures au fil des ans pour faire de leurs terres une exploitation sans labour. Cette technique accroît la rétention de la matière organique et le cycle des nutriments, ce qui augmente le stockage du carbone. D’autres ont recours à des cultures fourragères vivaces et des cultures couvre‑sol, car il y a plus de carbone dans le sol sous les fourrages vivaces que sous les cultures annuelles, en partie parce que les premiers transfèrent mieux le carbone au sol.

En fait, la Fédération canadienne de l’agriculture a indiqué que les agriculteurs ont maintenu leurs émissions stables pendant 20 ans tout en doublant presque leur production, ce qui a permis de réduire de moitié l’intensité des émissions de gaz à effet de serre.

En outre, Agriculture et Agroalimentaire Canada reconnaît que l’agriculture contribue à ralentir les changements climatiques en stockant le carbone dans les terres cultivées. Le stockage — ou la séquestration — du carbone dans la matière organique du sol, la végétation pérenne et les arbres réduit la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

De nouvelles percées technologiques et solutions innovatrices ont été mises de l’avant, comme l’agriculture de précision et le recours à l’intelligence artificielle et aux drones, ce qui contribue à diminuer les effets environnementaux négatifs tout en augmentant la rentabilité. Nous pourrions aussi envisager la possibilité d’accroître la portée des technologies qui ont déjà fait leurs preuves pour donner des résultats positifs sur le plan environnemental.

Les agriculteurs ont recours à de nombreuses autres solutions innovatrices pour protéger l’environnement sans sacrifier la rentabilité. À titre d’exemple, ils réintègrent le bétail et les cultures sur les fermes en ajoutant la gestion des pâturages, ce qui augmente l’apport de nutriments des animaux et la matière organique dans le sol. De plus, l’agriculture verticale et l’agriculture urbaine gagnent en popularité depuis quelques années.

Ces méthodes innovantes de production d’aliments permettent de faire pousser des végétaux dans les villes dans des espaces restreints.

Il y a aussi la culture hydroponique, autrement dit faire pousser des plantes directement dans de l’eau enrichie de nutriments plutôt que dans le sol.

Le défi que doit relever le secteur de l’agroalimentaire est de réduire ses émissions tout en s’adaptant aux changements climatiques sans mettre en péril la sécurité alimentaire.

Afin d’y arriver, les producteurs agricoles canadiens et les entreprises de transformation d’aliments auront besoin du soutien du gouvernement pour modifier leurs procédés de manière à les rendre plus écoresponsables. Le gouvernement devra aussi les aider à changer des pratiques et des procédures vieilles de très nombreuses décennies.

Au cours des dernières années, nombre d’organismes, y compris la Fédération canadienne de l’agriculture, la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, la Canadian Cattlemen’s Association et le Conseil canadien du porc, entre autres, ont dit être déterminés à aider le Canada dans sa lutte contre les changements climatiques.

Chaque secteur a évidemment des préoccupations par rapport à certaines questions comme la tarification équitable du carbone, ainsi que d’autres facteurs pouvant avoir des effets sur la durabilité des industries, mais, dans l’ensemble, le secteur agricole canadien sait qu’il a un rôle crucial à jouer comme fiduciaire des terres, notamment lorsqu’il s’agit de préserver les écosystèmes et les ressources, comme les sols et l’eau, et de réduire les effets de ses activités sur l’environnement en adoptant de bonnes pratiques agricoles.

J’aimerais maintenant parler de la façon dont la santé des sols et des facteurs environnementaux peuvent avoir une incidence sur les changements climatiques. Dans cette enceinte et au Comité de l’agriculture et des forêts, j’ai parlé à plusieurs reprises de l’importance de la santé des sols.

Comme vous le savez peut-être, le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts entreprend une nouvelle étude sur la santé des sols. La conservation des sols, l’une des ressources naturelles les plus précieuses du Canada, est une question primordiale pour le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. L’avenir du pays est intrinsèquement lié à la santé de son écosystème, qui est elle-même tributaire de la santé des sols. Dans l’optique de la présente interpellation, disons que les sols du Canada jouent un rôle essentiel pour le stockage du carbone et peuvent contribuer à la réalisation des objectifs du Canada en matière de carboneutralité.

Un sol sain est sans doute l’une des ressources les plus importantes pour la santé des écosystèmes naturels et agricoles, dont dépendent la production alimentaire et les services écosystémiques. Savoir comment gérer les sols et comprendre leur fonctionnement est essentiel pour leur productivité et leur viabilité à long terme.

Assurer la santé et la conservation des terres canadiennes est une responsabilité partagée qui nécessitera un leadership collectif ainsi qu’un engagement et une action soutenus de la part des personnes directement responsables de la gestion des sols dans l’ensemble du pays.

Cependant, il est inquiétant de penser que l’Ontario perd chaque jour 319 acres de terres agricoles. J’aimerais ici saluer la campagne « Home Grown » de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario. Il est grand temps que nous travaillions ensemble pour protéger les exploitations agricoles locales de cette province et de tout le Canada contre l’étalement urbain. Lorsque nous perdons des terres agricoles, nous perdons aussi la nourriture qui y aurait été cultivée et les bienfaits des espaces verts. Cette perte nuit directement à notre capacité à maintenir une chaîne d’approvisionnement alimentaire solide et stable et entraîne la disparition d’écosystèmes.

En mars 2019, un rapport de l’Institut canadien des politiques agroalimentaires intitulé Croissance écologique en agriculture soulignait que :

L’agriculture canadienne… a régulièrement réduit l’intensité de ses émissions de gaz à effet de serre grâce à des changements technologiques radicaux. Les efforts déployés par les gouvernements, l’industrie et les universités continuent de permettre à l’industrie [non seulement]… de réduire ses émissions… de devenir un puits de carbone net et d’apporter des solutions au reste de l’économie.

La santé des sols et le changement climatique sont intrinsèquement liés. D’un côté, les sols sont les deuxièmes puits de carbone en importance après les océans. Ils stockent trois fois plus de carbone que la quantité de carbone qui se trouve dans l’atmosphère. D’un autre côté, la hausse des températures et l’évolution des cycles de précipitations peuvent entraîner l’érosion des sols, la diminution de leur fertilité et la réduction de leur capacité à fournir des services écosystémiques de base.

Nous savons que les sols ne sont pas une ressource renouvelable et qu’il nous reste peu de temps pour les sauver; moins de 50 ans selon certains experts. En outre, le coût de la dégradation des sols au Canada est estimé à plus de 3 milliards de dollars par an. Ce coût ne fera qu’augmenter si rien n’est fait.

L’amélioration de la santé des sols n’est pas une entreprise universelle dans le paysage varié du Canada, mais il est clair qu’un sol sain a un rôle important à jouer dans notre économie, dans notre environnement et dans notre société, notamment en aidant notre pays à atteindre ses objectifs de carboneutralité.

Honorables collègues, nous savons que les changements climatiques sont l’un des plus graves problèmes que le monde doit affronter. De toute évidence, le secteur agricole comprend et soutient l’appel à l’action pour lutter contre les changements climatiques. Nous en demandons toutefois beaucoup aux agriculteurs. De nombreuses exploitations agricoles s’appuient sur des pratiques vieilles de plusieurs décennies, qui n’ont été que récemment considérées comme nuisibles à l’environnement. Je profite de cette occasion pour demander une fois de plus au gouvernement canadien de travailler en collaboration avec le secteur agricole, afin de faciliter un peu plus pour tout le monde le chemin menant à la viabilité environnementale.

Je suis convaincu que le secteur agricole, qui innove depuis toujours, continuera à relever le défi en contribuant à la lutte contre les changements climatiques. Bien entendu, les initiatives doivent provenir de tous les secteurs et être le fruit d’un effort auquel nous devons tous participer. Pour que nous puissions atteindre nos objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre, les gouvernements et l’industrie doivent travailler ensemble.

Je sais que nombre d’entre nous dans cette enceinte ont des enfants et des petits-enfants. Si nous ne travaillons pas ensemble pour lutter contre les effets des changements climatiques et les modifier, je crains qu’ils ne vivent dans un monde totalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui.

Je suis heureux d’avoir l’occasion d’apporter une perspective issue du monde agricole au Sénat. Je remercie mon honorable collègue d’avoir soulevé cette interpellation. Merci, meegwetch.

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