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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le traité mondial sur les plastiques

30 avril 2024


Honorables sénateurs, le monde est submergé par les plastiques; il suffoque sous le poids de notre négligence. On trouve des plastiques partout, du cercle arctique au placenta humain. La semaine dernière, des représentants de 176 pays étaient à Ottawa pour débattre d’un traité mondial pour résoudre le problème des plastiques. Ils ont été rejoints par 196 lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles et de l’industrie pétrochimique.

Au Canada, plus de quatre millions de tonnes de plastique sont jetées chaque année. La pollution par les plastiques nuit à notre capacité à atteindre les objectifs climatiques, aggrave la perte de la biodiversité, a des répercussions sur la santé humaine et perpétue le racisme environnemental et les inégalités. En effet, l’augmentation des risques de cancer, la contamination de l’eau et les émissions atmosphériques toxiques associées à la production, à l’utilisation et à l’élimination des plastiques touchent de façon disproportionnée les communautés autochtones, noires ou vulnérables.

Pour la Première Nation Aamjiwnaang, les conséquences dévastatrices d’une existence à proximité des usines de production de plastiques se font sentir dans toute la communauté. Située dans la « Chemical Valley », la vallée des produits chimiques, la communauté est exposée à des taux de benzène atmosphérique plus de 100 fois supérieurs à ceux détectés à Toronto ou à Ottawa. Le benzène, un sous-produit dangereux du traitement pétrochimique, est associé à un risque accru de cancer.

Plus de 90 % des déchets plastiques au Canada sont incinérés ou mis en décharge ou se retrouvent dans le milieu naturel. Une décharge de l’autre côté d’une clôture qui délimite le territoire de la Nation des Oneidas et de la Première Nation des Chippewas de la Thames reçoit chaque année 500 000 tonnes de déchets contaminés par des plastiques, qui émettent des gaz toxiques et qui polluent l’air des collectivités environnantes.

Les combustibles fossiles fournissent les matières premières et l’énergie nécessaires à la production de plastique. En tout, 75 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production primaire de plastique sont générées avant et durant les étapes de production des monomères. Les taux de croissance actuels de la production primaire de plastique devraient épuiser notre budget carbone mondial dès 2060. Pour éviter de dépasser la limite de 1,5 degré Celsius, nous devons réduire la production primaire de plastique d’au moins 11,8 % par an, à partir de cette année.

Il est grand temps d’agir, chers collègues.

La Coalition de scientifiques pour un traité efficace sur les plastiques a clairement tracé la voie du succès : une approche globale couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de la production à l’élimination, étayée par des objectifs de réduction des plastiques juridiquement contraignants, la divulgation et l’élimination obligatoires des produits chimiques dangereux, un engagement inébranlable en faveur de la santé humaine et de la justice environnementale et l’obtention d’un soutien financier suffisant pour atteindre les objectifs du traité.

Nous devons agir rapidement, résolument et fermement, car le sort de notre planète est en jeu.

Merci. Meegwetch.

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