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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

L'honorable Serge Joyal, c.p.

11 décembre 2019


L’honorable Joseph A. Day [ + ]

Honorables sénateurs, c’est un jour bien triste au Sénat alors que nous rendons hommage à notre ami et collègue le sénateur Joyal, qui nous quittera dans la nouvelle année.

Dans le peu de temps qui m’est accordé, je ne pourrai faire état de toutes ses réalisations au Sénat ni même de tout ce qu’il a accompli avant son arrivée parmi nous.

Le sénateur Joyal siège au Parlement du Canada depuis plus de 30 ans. Il a été élu une première fois à la Chambre des communes en juillet 1974, et il y a été réélu deux autres fois. Au cours de cette période, il a été ministre d’État, secrétaire d’État et, son rôle le plus important peut-être pour les Canadiens, coprésident du comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes chargé du rapatriement de la Constitution.

Pour préparer mon intervention aujourd’hui, j’ai décidé de lire le premier discours du sénateur Joyal à la Chambre des communes, qui date de novembre 1974. L’éloquence de ce jeune député de 30 ans nouvellement élu ne surprendra aucun d’entre nous; il parlait alors, honorables sénateurs, du budget.

Il parlait avec passion de la situation socio-économique de son Québec bien-aimé. Il faisait clairement valoir ses arguments en les étayant de faits et de chiffres; c’est d’ailleurs ce qu’il a toujours fait. Tous savent, dans cette enceinte, que, quand le sénateur Joyal parle, il est sage de l’écouter. La plupart du temps, il s’exprime en anglais, qui est sa langue seconde, et souvent sans notes ni hésitations sur les questions qui lui tiennent à cœur, à savoir les droits et les libertés, les institutions parlementaires, le patrimoine et les langues officielles.

Même nos édifices ont bénéficié de sa grande passion pour la collection d’œuvres d’art et d’artefacts historiques. En effet, il a piloté l’initiative visant l’achat et le don d’œuvres et d’artefacts d’art autochtone et, par la suite, d’autres sénateurs ont suivi son exemple dans un élan de générosité. Il a par ailleurs fait don de tableaux pour décorer le Salon de la Francophonie.

C’est avec grand plaisir que j’ai assisté récemment à la cérémonie où il a été fait commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur de la République française. En effet, le sénateur Joyal est l’un des sénateurs qui ont reçu le plus grand nombre de distinctions au fil des ans.

Sénateur Joyal, dire que vos manières empreintes de dignité, votre intégrité et vos sages conseils nous manqueront, c’est vraiment trop peu. Nous nous sentons perdus. Vos collègues et moi-même dans le groupe progressiste au Sénat vous présentons nos meilleurs vœux pour votre retraite qui vous verra, nous le souhaitons, heureux et en bonne santé.

L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, la nouvelle année apportera son lot d’épreuves pour le Sénat, à commencer par le départ d’un de nos plus éminents collègues. Il figure aussi parmi les plus anciens d’entre nous, puisqu’il a d’abord été élu aux Communes en 1974, comme d’autres l’ont dit avant moi, et qu’il a été nommé au Sénat en 1977.

Mes premiers souvenirs du sénateur Joyal datent d’il y a presque 45 ans, alors que j’étais stagiaire parlementaire. À ce jeune âge, j’étais extrêmement impressionné par le musée qu’était le bureau du député Joyal.

À l’époque, jamais je n’aurais cru qu’un jour, les murs de mon futur milieu de travail, le Sénat du Canada, seraient parés des magnifiques et inestimables œuvres d’art préservées avec soin par le sénateur Joyal et généreusement offertes par lui.

Même si le jeune stagiaire parlementaire que j’étais était impressionné par le bureau du sénateur Joyal, il l’était tout autant par l’homme lui-même. J’ai tout de suite su ce que le temps m’a confirmé : ce n’était pas un simple politicien que j’avais devant moi, mais un homme d’État. Un homme d’État qui, en près de 50 ans de carrière, aura marqué de manière indélébile les façons de faire du Parlement, le droit canadien et, par le fait même, la vie de ses concitoyens.

Je veux bien entendu parler de la contribution historique du sénateur Joyal à l’étude, à la mise en œuvre et à la défense inlassable de la Charte canadienne des droits et libertés. C’est dans ce document, le plus précieux de tous, que sont énoncés les droits et les libertés que nous chérissons — dont la liberté d’expression et l’égalité des droits linguistiques — et qui ont façonné le Canada d’aujourd’hui, c’est-à-dire un pays qui respecte, protège et célèbre la diversité.

Comme le sénateur Joyal figure parmi nos sénateurs les plus expérimentés, nous l’écoutions attentivement lorsqu’il prenait la parole dans cette enceinte. Nous savions que nous allions en apprendre beaucoup en écoutant ses discours étoffés, remplis de faits historiques et d’arguments juridiques bien détaillés. Le sénateur Joyal est un Canadien qui protège et célèbre l’histoire, les langues, la culture et les institutions démocratiques de ce beau pays. Son départ entraîne pour nous la perte d’un grand orateur qui s’exprime avec une passion et une éloquence exceptionnelles.

Sénateur Joyal, je présume que ce n’est pas parce que la loi vous oblige à prendre votre retraite du Sénat que vous cesserez de vous dévouer pour votre prochain. Qu’elles soient actives ou au contraire de tout repos, j’espère que les années qui s’en viennent seront synonymes de bonheur et de santé et qu’elles vous combleront de la satisfaction de savoir que vous avez servi le Canada d’extraordinaire façon. Je vous remercie.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, en juillet dernier, Serge Joyal a célébré le 45e anniversaire du début de son travail sur la Colline du Parlement à titre de député.

Comme nous le savons tous, le 1er février, il prendra sa retraite du Sénat du Canada après avoir consacré sa vie au service public dans les deux Chambres.

Il est très difficile de bien résumer en quelques mots la longue carrière et les intérêts diversifiés du sénateur Joyal : juriste, auteur, historien, secrétaire d’État, vice-président de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada... la liste est longue. Le sénateur Joyal est unique en son genre et, lorsqu’il tirera sa révérence l’an prochain, il nous manquera beaucoup.

Je ne saurais, dans le temps qui m’est imparti, énumérer l’ensemble des réalisations de notre collègue ainsi que les nombreux honneurs qu’il a reçus, comme en atteste tout l’alphabet d’abréviations qui suit son nom : officier de l’Ordre du Canada, officier de l’Ordre du Québec, membre du Conseil privé de la Reine pour le Canada, et j’en passe.

Depuis sa nomination au Sénat en novembre 1997, il défend ardemment sa province, le Québec, ainsi que la langue française. Nous avons tous été témoins de la passion qu’il insuffle dans son travail à l’égard de nombreux dossiers d’actualité pour notre grand pays.

Le sénateur Joyal parle sans ménagement, mais jamais injustement, et n’hésite pas à mettre des ministres sur la sellette lorsqu’ils le méritent, qu’ils soient libéraux ou conservateurs.

Au cours de la 42e législature, il a présidé le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles. Il a dirigé le comité de manière experte tout au long de son étude sur certaines des questions les plus litigieuses des dernières années.

Le sénateur Joyal siège depuis longtemps au Comité permanent sur l’éthique et les conflits d’intérêts des sénateurs, à titre de vice-président et de président. Il a consacré sa vive intelligence et sa curiosité naturelle aux travaux des comités auxquels il a siégé, ainsi qu’à ses interventions au Sénat.

Permettez-moi de faire une observation personnelle au sujet du sénateur Joyal. Malgré nos points de vue parfois très divergents, le sénateur Joyal les considère toujours avec respect, et traite ses collègues avec dignité.

J’en ai moi-même fait l’expérience à de multiples reprises. Bien que le sénateur Joyal et moi étions souvent divisés au sujet de projets de loi et de questions d’ordre politique, il a toujours respecté mes opinions.

Je me rappelle avoir été le seul plombier à siéger au Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles. J’étais entouré d’avocats et de constitutionnalistes, mais plutôt que de minimiser mon apport, le sénateur Joyal l’a encouragé. Ce n’est pas que nous étions d’accord, mais depuis tout le temps que je le connais, le sénateur Joyal a toujours fait preuve des qualités qui, je crois, caractérisent un véritable homme d’État : l’humilité envers soi-même, et l’honneur à l’égard des autres.

Sénateur Joyal, vous avez gagné mon plus profond respect. Au nom de tous les sénateurs conservateurs, je vous souhaite la santé et une longue et heureuse retraite au moment où vous entamez le prochain chapitre de votre vie.

L’honorable Raymonde Saint-Germain [ + ]

Sénateur Joyal, comme tous mes collègues, les quelques minutes dont je dispose pour vous rendre hommage ne me permettent pas de relater comme il se doit tous les moments forts de votre longue et illustre carrière. Les nombreux prix et les prestigieux honneurs qui vous ont été remis au fil des ans témoignent, à eux seuls, de votre immense contribution à la vie publique canadienne. Récemment, j’ai ressenti la même fierté que mon collègue le sénateur Day, ainsi que la majorité de nos collègues qui étaient présents, lorsqu’on vous a remis cette décoration exceptionnelle de Commandeur de la Légion d’honneur de la République de France. Il s’agit bien d’une décoration remarquable pour un Canadien, et qui est tout aussi extraordinaire pour un Québécois. Encore une fois, veuillez accepter mes félicitations.

Depuis 45 ans, donc depuis 1974, l’année de votre initiation au monde de la politique, vous vous êtes dévoué corps et âme au service public. Au-delà de votre contribution, de vos succès et du travail que vous avez abattu au cours de ces années, je retiens votre passion, votre grande intégrité et la force de votre caractère. Je souligne également la façon avec laquelle vous avez toujours su faire rayonner le Québec et le Canada sur la scène internationale.

En ce sens, sénateur Joyal, vous avez été l’un de nos ambassadeurs les plus efficaces. Lors de votre parcours de plus de 22 ans au Sénat, par votre sens éthique, votre rigueur et votre persévérance, vous aurez contribué à rehausser la crédibilité de notre institution, y compris pendant les moments de tourmente. Parmi vos réalisations qui laisseront une marque indélébile, il y a celle de la promotion de la langue française et de la francophonie canadienne. Le soutien que vous avez apporté aux communautés francophones du Canada a été déterminant pour leur reconnaissance, y compris au chapitre juridique.

Sur une note plus personnelle, je tiens à souligner votre soutien des institutions culturelles du Québec. C’était toujours pour moi un grand plaisir de vous rencontrer dans divers événements organisés dans les musées d’arts du Québec, surtout chez moi, à Québec.

J’espère vous y voir plus souvent maintenant que vous prenez une retraite bien méritée — je n’ai pas réussi à trouver un autre mot; il me semble que celui-ci ne vous convient pas —, votre retraite du Sénat. Je sais bien que vous êtes encore très actif dans les milieux culturel et artistique entre autres.

Votre contribution personnelle en matière d’art au Parlement restera en outre une de vos grandes réalisations. Grâce à vous, nous avons la chance de voir au quotidien des œuvres d’artistes canadiens et étrangers dans notre lieu de travail.

J’aimerais tout particulièrement souligner l’investissement que vous avez fait en faisant don au Parlement d’une importante collection de magnifiques œuvres d’art autochtone.

Sénateur Joyal, je pense que je ne parle pas seulement pour le Groupe des sénateurs indépendants, mais bien pour chacun de nous, en disant que votre présence au Sénat va beaucoup nous manquer.

Merci de votre contribution exceptionnelle au Sénat du Canada.

L’honorable Jean-Guy Dagenais [ + ]

Honorables sénatrices et sénateurs, je veux prendre quelques instants pour saluer à ma façon notre collègue le sénateur Joyal, qui nous quittera au début de la prochaine année, et ce, après avoir servi au Sénat pendant plus de 22 ans. Quand je suis arrivé au Sénat, il y a environ huit ans, j’ai été nommé à mon premier comité permanent, soit le Comité des affaires juridiques et constitutionnelles. C’est à ce moment-là que j’ai fait la connaissance du sénateur Joyal. Lorsqu’on est un nouveau sénateur à la Chambre, il faut commencer par écouter et observer — je parle peut-être un peu plus aujourd’hui —, et c’est ce que j’ai fait : j’ai écouté et j’ai observé.

Le conservateur que je suis a vite compris que le libéral qu’il était s’attaquait à chaque dossier avec l’objectif ultime d’améliorer les textes de loi que nous transmettait l’autre endroit. Or, nous savons tous qu’il est souvent nécessaire d’améliorer les projets de loi. Toutes allégeances politiques confondues, les partis au pouvoir ont malheureusement trop souvent rejeté les changements que proposait l’honorable sénateur Joyal, dont on ne peut mettre en doute les qualités juridiques, linguistiques et politiques. Je vous donne un seul exemple : la Loi sur l’aide médicale à mourir. Certains collègues ont accepté d’adopter cette loi telle qu’elle était proposée, soit par conviction, soit par obligation partisane. Cependant, en 2020, des dispositions de cette loi nous seront présentées de nouveau, mais seront amendées, parce qu’un tribunal oblige le gouvernement à le faire. Or, le gouvernement aurait pu l’avoir déjà fait s’il avait écouté le Sénat. C’est un exercice politique qui aurait pu être évité il y a deux ans.

Sénateur Joyal, vous nous quittez, mais je suis personnellement convaincu que ce n’est pas pour vous arrêter complètement.

Vous serez peut-être un peu désorienté de ne pas avoir à venir à Ottawa aussi souvent, et c’est compréhensible. C’est votre routine depuis 45 ans, d’abord comme député d’Hochelaga-Maisonneuve, puis comme sénateur. Je me permettrai d’ajouter ceci : grâce à la télévision, j’ai beaucoup appris sur votre passion pour les arts et pour Napoléon. Les documentaires que j’ai vus sont très révélateurs. Votre réputation dans ce domaine a peu d’égale au pays, et je suis convaincu que vous êtes aussi discipliné en ce qui a trait aux arts que vous l’avez été comme sénateur.

D’ailleurs, au-delà de la discipline, c’est assurément la passion qui a toujours dicté votre conduite, en politique comme dans les arts. Heureusement que, pour les arts, personne n’a osé fixer d’âge limite pour la performance. Il vous reste donc sûrement encore plusieurs bonnes années pour en profiter.

En terminant, je dirais à la blague que le jeu de chaises qui a eu lieu dans cette Chambre vient de vous faire porter pendant quelques jours le titre de « progressiste ». Pourtant, que vous soyez libéral ou progressiste m’importe peu. Pour moi, vous avez été un sénateur qui avait à cœur le bien de tous les Canadiens.

Je vous en remercie, et mes meilleurs vœux vous accompagnent pour l’avenir.

L’honorable Terry M. Mercer [ + ]

Honorables sénateurs, nous allons perdre l’un des législateurs les plus intelligents et les plus enthousiastes du Parlement, ainsi que l’un de ses amis les plus chers.

Outre ses réalisations parlementaires, le sénateur Joyal est extrêmement actif dans son milieu. Il siège au conseil d’administration de plusieurs fondations et organisations culturelles vouées à l’amélioration des études supérieures, à la protection du patrimoine et à la promotion de la culture. Par exemple, il est membre du conseil d’administration de la Fondation Baxter & Alma Ricard, qui décerne des bourses d’études à des francophones qui fréquentent des universités à l’extérieur du Québec; il est président de la Fondation Lafontaine-Cormier, qui vise à protéger le patrimoine judiciaire du Québec; et il est membre du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal, ainsi que président de ses comités des arts décoratifs et de mise en candidature.

Le sénateur Joyal a toujours appuyé les organisations vouées à l’amélioration des conditions sociales et culturelles de la société.

Malgré son grand engagement communautaire, le sénateur Joyal a toujours participé très directement aux travaux législatifs du Sénat. Il convient tout particulièrement de signaler qu’il a été président du Comité des affaires juridiques et constitutionnelles — il a été membre actif de ce comité pendant 23 ans — et qu’il a agi comme président et vice-président du Comité sénatorial sur l’éthique et les conflits d’intérêts des sénateurs depuis sa création, il y a 15 ans.

Ce n’est là qu’un bref aperçu de son travail ici, au Sénat.

Dans ses temps libres, il a publié plusieurs livres, parmi lesquels Protéger la démocratie canadienne : le Sénat en vérité. Si vous ne l’avez pas lu, je vous encourage à le faire. Sa lecture devrait être obligatoire pour tous ceux qui sont nommés au Sénat. Je recommande à tous les sénateurs de s’en procurer rapidement un exemplaire. J’essaie de mousser les ventes du livre pour le sénateur Joyal.

Le sénateur a également rédigé d’innombrables articles, en plus d’avoir été conférencier invité à bon nombre de collèges et d’universités. Il est très fier de sa patrie et il fait honneur au patrimoine. De bien des façons, le sénateur est aussi hétérogène que le Canada.

Vous êtes un des sénateurs les plus dévoués de notre institution, ici et dans votre région. Vous nous manquerez, mon ami. Nous vous souhaitons la meilleure des chances dans le prochain chapitre de votre vie. Nous nous réjouirons de vos réalisations futures, j’en suis sûr.

Bonne chance, mon ami!

L’honorable Claude Carignan [ + ]

Sénateur Joyal, il était impensable pour moi de ne pas prendre la parole aujourd’hui afin de saluer votre inestimable contribution à la société canadienne depuis tant d’années, mais surtout, je veux vous remercier pour tout ce que vous avez apporté à cette noble institution qu’est le Sénat.

Je veux aussi vous remercier de votre amitié et de la franche camaraderie qui s’est installée entre vous et moi, particulièrement lors de ce fameux voyage à Bordeaux avec l’Association parlementaire France-Québec. On dit que les voyages forment la jeunesse; ce voyage aura assurément formé notre jeune amitié.

Pour être tout à fait franc, lorsque je suis arrivé au Sénat il y a maintenant un peu plus de 10 ans, vous étiez un des sénateurs qui m’impressionnaient le plus. Vos longs états de service comme député, ministre, procureur général, sénateur, brillant avocat m’invitaient au plus profond respect.

Vous vous souviendrez qu’à l’époque nous faisions partie de caucus plus traditionnels et que nous étions en franche opposition. Je vous percevais comme un orateur aguerri et efficace et, j’ajouterais même ceci, un adversaire redoutable. Toutefois, avec les années, nous avons appris à nous connaître, à nous respecter et même à collaborer dans la bonne humeur. Cela ne vous empêchait toutefois pas de me réserver des questions très pointues lorsque j’étais leader du gouvernement et, naturellement, vous étiez rarement satisfait de mes réponses. J’avais compris qu’il s’agissait d’une période de questions, et non de réponses.

Votre fine connaissance du droit, votre érudition, votre vaste culture, vos talents de tribun, votre passion pour l’histoire de Napoléon, mais surtout — surtout — votre grande gentillesse font de vous un être qui laissera une trace indélébile dans ma vie. Vous avez toujours su bien cerner et expliquer le rôle traditionnel du Sénat, ses principes et la fonction des partis politiques au sein de cette institution. Plusieurs auraient avantage à relire et à apprendre de vos interventions toujours finement structurées et d’une logique implacable.

Comme le disait le sénateur Dagenais, votre intervention à l’étape de la troisième lecture sur le projet de loi C-14 est un exemple éloquent de votre vaste connaissance du droit constitutionnel canadien. Le gouvernement de l’époque aurait dû s’en inspirer; cela lui aurait évité un échec devant la Cour supérieure du Québec relativement à cette même loi.

Au Sénat, nous côtoyons des gens de grande valeur et de grands talents. Cependant, très honnêtement, sénateur Joyal — et franchement, Serge —, à mes yeux vous êtes dans une catégorie complètement à part. Certains diront que vous êtes un très grand politicien. Moi, je dis que vous êtes un géant et que votre retraite laissera un trou béant au sein de notre institution, et je ne peux que le regretter.

Vous avez beaucoup travaillé dans votre vie et je sais que vous continuerez à beaucoup travailler, car c’est votre nature. Ce que je peux vous souhaiter pour la suite des choses, pour les prochains mois et les prochaines années, c’est de conserver votre santé afin de continuer à mordre à pleines dents dans les projets que vous entreprendrez et qui, je le souhaite, vous rendront profondément heureux. Ce fut un honneur de travailler avec vous au Sénat, sénateur Joyal.

Honorables sénateurs, alors que nous rendons hommage à l’honorable sénateur Serge Joyal, comme le disait le sénateur Carignan, le Sénat est sur le point de perdre un géant.

Comment résumer une si impressionnante carrière en trois petites minutes? Heureusement, grâce aux nombreux hommages déjà rendus, nous connaissons les nombreuses réalisations et les qualités du sénateur, dont sa longue et fructueuse carrière de parlementaire, d’abord à la Chambre des communes, puis au Sénat, le rôle important qu’il a joué dans l’élaboration de la Charte canadienne des droits et libertés, son profond attachement à la cause de la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada, son amour de la langue française et la magnifique culture de la France, ainsi que sa générosité reconnue en tant que mécène des arts, clairement affichée ici, au Sénat, et dans les musées, que ce soit à Joliette, à Montréal, à Québec ou à l’étranger.

Qu’ont en commun toutes ces réalisations et toutes ces contributions? Pour paraphraser une expression de la common law anglaise, quel est le fil d’or qui illumine la trame de ce parcours extraordinaire — mon cher Serge, de votre vie extraordinaire?

À mon avis, toutes vos réalisations, en tant qu’avocat, que parlementaire et qu’homme à la vaste culture, reflètent les valeurs de base qui vous habitent, votre humanisme profond et les valeurs libérales fondamentales dont nous avons hérité des Lumières, des valeurs qui aujourd’hui encore éclairent le chemin vers un avenir meilleur. La vie que vous avez vécue incarne ces valeurs. Vous demeurez un champion des plus démunis, des laissés-pour-compte et des plus vulnérables. Vous défendez avec fierté et conviction les personnes opprimées et marginalisées. Vous êtes un ardent militant de la justice pour tous.

Cher Serge, ce sera là l’héritage durable que vous laisserez, une source d’inspiration pour les générations à venir. Merci pour tout ce que vous avez fait pour le pays. Comme on le dit dans ma culture, puissiez-vous aller de victoire en victoire.

L’honorable Dennis Dawson [ + ]

Quand on est la 10e personne à rendre des hommages à un collègue, on manque d’inspiration. Cependant, en regardant dans la tribune, je vois des gens que le sénateur Joyal a connus par le passé, des gens qu’il côtoie en ce moment et des gens de son avenir. Je vois des parlementaires avec qui Serge a siégé il y a 45 ans en même temps que moi et qui sont dans la tribune parce qu’il est fidèle à ces personnes. Cette fidélité lui a toujours été rendue, parce que tout le monde admirait son travail.

Serge passera à l’histoire comme l’un des plus grands parlementaires des 50 dernières années, à l’instar d’Allan J. MacEachen et d’Herb Gray. Ces deux hommes sont des légendes parlementaires, et je crois que c’est aussi le cas de Serge.

Je vois aussi dans la salle des gens qui ont travaillé avec lui récemment — le sénateur Dagenais en a parlé tout à l’heure —, notamment dans le cadre des amendements au projet de loi C-14. Ce sont les amendements que Serge a présentés ici qui ont été refusés à l’autre endroit.

S’ils avaient été acceptés, il n’y aurait pas eu de contestation et il n’aurait pas été nécessaire de réexaminer le projet de loi. Serge était prévoyant, mais, malheureusement, nous ne l’avons pas assez écouté. Serge, il y a des gens ici qui font partie de ta vie actuelle et qui t’ont inspiré à ce chapitre. Je vois aussi des gens que tu côtoieras à l’avenir, parce que certaines personnes dans la tribune préparent un documentaire sur ton passé pour les générations à venir. Je suis sûr qu’on entendra parler de Serge pendant de nombreuses années encore.

Comme la sénatrice Saint-Germain, j’ai assisté à la cérémonie. Je vous lis un court extrait du discours extraordinaire que le sénateur Joyal a prononcé lors de cette cérémonie :

Ce qui m’a toujours importé comme parlementaire, pendant toutes ces années aux Communes et au Sénat, c’était d’abord de fortifier le statut de la langue française au Canada, en faisant de la reconnaissance du principe d’égalité, de droits et de privilèges de cette langue, l’une des pierres d’assises de son identité.

Serge, tu as marqué notre passé, tu marques notre présent, et je suis sûr que tu continueras de marquer notre avenir. Je te remercie et je suis fier que tu me comptes parmi tes amis.

L’honorable David M. Wells [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à un collègue aussi éminent que respecté, un géant de la scène parlementaire et, surtout, un ami. Ce fut un plaisir et un privilège de travailler en étroite collaboration avec le sénateur Joyal dans un grand nombre de dossiers. Nous avons siégé ensemble au Comité sur la modernisation et au Comité du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement. Nous avons aussi coprésidé le groupe de travail sénatorial sur le programme des médailles commémoratives du 150e anniversaire du Sénat, qui a remporté un franc succès, et nous avons participé à bon nombre des mêmes débats à la Chambre haute.

Comme beaucoup de nos collègues le savent, le sénateur Joyal est à la fois juriste et constitutionnaliste. Il est aussi notre spécialiste institutionnel. Ses connaissances ont joué un rôle déterminant dans chaque étude que nous avons menée, qu’il s’agisse de rapports du Comité sur la modernisation ou encore d’études sur le privilège parlementaire ou l’aide médicale à mourir.

J’apprécie depuis longtemps l’engouement du sénateur Joyal pour l’histoire et sa capacité à donner une perspective historique à nos discussions cruciales. Il a toujours respecté énormément notre patrimoine multiculturel et multilingue et, bien sûr, il demeure un champion convaincu de la culture et des droits des Autochtones.

Toujours habile à manier les mots, le sénateur Joyal a contribué à la rédaction d’innombrables articles et rapports. Homme de consensus, il a souvent été en mesure de trouver un libellé pouvant être accepté par tous. De nombreux analystes de comité lui doivent une fière chandelle pour avoir grandement facilité leur tâche.

Comme je l’ai mentionné, j’ai eu le plaisir de coprésider avec le sénateur Joyal le groupe de travail des sénateurs sur les médailles commémoratives du 150e anniversaire du Sénat. C’est à cette occasion que j’ai découvert son amour profond pour le pays et son respect de la tradition.

Le programme des médailles commémoratives du 150e anniversaire a été conçu pour rendre hommage à des Canadiens qui, à l’instar du Sénat, se font le porte-parole de gens ou d’enjeux qui, parfois, passent inaperçus ou ne font pas les manchettes. La diversité et la personnalité des récipiendaires sont remarquables. On doit le programme aux efforts infatigables du sénateur Joyal, qui a accepté avec enthousiasme de piloter le projet, qu’il considérait non seulement comme valable, mais aussi important. Des milliers de récipiendaires, ainsi que leurs parents et amis, ont été touchés par le programme.

Le sénateur Joyal a consacré beaucoup de son temps à cette initiative parce qu’il aime le Canada et souhaite reconnaître ceux qui contribuent à faire du pays un endroit meilleur sans rien demander en retour — une attitude qu’il incarne lui-même. Je me considère chanceux d’avoir appris à connaître le sénateur Joyal au cours des sept dernières années. Il est un patriote et un homme d’honneur, élégant et intègre. Lorsque le sénateur Joyal fait quelque chose, il le fait pour le Canada. Pour lui, le pays passe en premier.

Je l’ai déjà dit, le sénateur Joyal est un géant de la scène parlementaire. Je rappelle en effet à nos collègues qu’étant donné sa participation aux discussions constitutionnelles, dans les années 1980, il a grandement contribué à l’élaboration de la structure fondamentale de notre pays. Le sénateur Joyal a eu une influence directe sur le Canada que nous connaissons aujourd’hui. Tout au long de sa carrière, il n’a jamais ménagé les efforts.

Sénateur Joyal, je suis persuadé que même après votre 75e anniversaire, vous resterez très actif pour faire du Canada un pays meilleur. Vos collègues du Sénat et les Canadiens vous admirent, et l’immense contribution que vous avez faite au Canada ne sera jamais oubliée.

Son Honneur le Président [ + ]

Chers collègues, malheureusement, le temps accordé aux hommages est écoulé. Je cède la parole à l’honorable sénateur Joyal.

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