PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères et le commerce international
La politique d'une seule Chine
10 avril 2019
Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat. Depuis 1970, la politique étrangère du Canada à l’égard de la Chine n’a jamais cessé d’être influencée par la politique d’une seule Chine, et ce, souvent au détriment de notre intérêt national.
Cette politique vieille de 50 ans demeure inchangée et incontestée. Les représentants chinois au Canada l’utilisent stratégiquement pour faire obstacle à notre défense des droits de la personne au Tibet et à Hong Kong, à notre soutien envers la démocratie dynamique de Taïwan, à notre position par rapport au conflit en mer de Chine méridionale, et même à des entreprises privées comme Air Canada et la chaîne d’hôtels Marriott.
Sénateur Harder, Affaires mondiales n’a pas offert de définition claire et officielle de la politique d’une seule Chine. Pourtant, nos représentants, au Canada et à l’étranger, font constamment référence et se conforment à cette politique étrangère désuète qui est plus clairement définie par l’ambassade de Chine au Canada. Les Canadiens touchés par la crise qui se développe avec la Chine ont besoin de connaître cette politique pour défendre notre démocratie contre les idées politiques imposées par la Chine.
Pouvez-vous préciser comment le Canada définit officiellement la politique d’une seule Chine? Pourriez-vous faire en sorte que la définition soit rendue publique?
Comme le sait l’honorable sénateur et comme sa question le laisse entendre, la politique d’une seule Chine fait partie de notre dialogue avec la République populaire de Chine depuis l’établissement de relations diplomatiques avec celle-ci. Cette politique a été respectée par les gouvernements successifs, qui ont compris ce que cela signifie et qui se sont acquittés de leurs responsabilités en conséquence.
Si vous croyez que nous en sommes arrivés là au cours de cette seule année, je ne sais pas quoi dire. Pensons à la prise en otage de Michael Kovrig et de Michael Spavor, à la condamnation de Robert Schellenberg, à l’arrestation de Meng Wahzhou, la directrice financière de Huawei, à l’interdiction qui frappe les exportations de canola dont la valeur est de près de 3 milliards de dollars, et ainsi de suite. Cette politique de consultations unilatérales est aussi employée au Canada pour remettre en question notre appui envers notre partenaire sur le plan de la démocratie, Taiwan.
Hier, la ministre Freeland a témoigné devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Elle a répondu à une question sur notre relation avec Taiwan en déclarant ceci :
[...] nous continuons de tisser et de renforcer les liens avec les Taiwanais dans le cadre de la politique canadienne d’une seule Chine.
Puisque nous travaillons actuellement avec une compréhension unilatérale de cette politique, pouvez-vous nous donner l’assurance que le gouvernement du Canada appuiera la participation de Taiwan à la prochaine assemblée de l’Organisation mondiale de la Santé à la fin de mai?
Encore une fois, je remercie l’honorable sénateur de sa question. Il doit savoir que, lors de son témoignage d’hier, auquel il a fait allusion, la ministre des Affaires étrangères a clairement expliqué comment le gouvernement du Canada perçoit la relation bilatérale avec la République populaire de Chine et la force de cette relation, même si, comme les honorables sénateurs le savent, certains dossiers posent actuellement des problèmes comme ceux qui ont été soulevés dans cette enceinte au sujet des relations consulaires et du secteur du canola, pour ne donner que quelques exemples.
Cela ne veut pas dire que cette relation diplomatique et économique ne nous tient pas à cœur et que nous ne voulons pas la promouvoir pour que les Canadiens et les entreprises canadiennes puissent tirer profit des échanges bilatéraux. Cela ne signifie pas non plus que nous ne sommes pas prêts à faire des efforts pour resserrer nos liens avec Taïwan. Comme la ministre l’a indiqué clairement, le Canada en tient compte dans l’ensemble de ses échanges avec la Chine et dans le cadre de sa politique d’une seule Chine. Le Canada a appuyé, en temps opportun, la participation de Taïwan à des organisations internationales, et il continuera de le faire.