PÉRIODE DES QUESTIONS — Le patrimoine canadien
Le groupe d'experts chargé des médias
28 mai 2019
Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat et elle porte sur le groupe nommé par le gouvernement qui déterminera quels médias recevront une part du fonds de sauvetage de 600 millions de dollars pour les médias d’information.
Unifor fait partie de ce groupe. Je souligne que, en novembre dernier, ce syndicat s’est lui-même qualifié de « pire cauchemar d’Andrew Scheer ». Qui plus est, Unifor, qui était un tiers enregistré lors de la campagne électorale fédérale de 2015, a dépensé un peu moins de 300 000 $ en publicité, principalement pour faire obstacle au gouvernement conservateur alors au pouvoir. En janvier dernier, le président d’Unifor, Jerry Dias, a déclaré que, lors de la prochaine campagne électorale fédérale, son syndicat serait aussi actif qu’en 2015.
Sénateur Harder, il ne fait aucun doute qu’Unifor est une organisation partisane et que sa présence au sein de ce groupe a été sévèrement critiquée, notamment par des journalistes. Pourquoi Unifor est-il encore membre de ce groupe mis en place par le gouvernement?
Je remercie le sénateur de sa question. Il sait sans doute que cette question a été abondamment discutée à l’autre endroit et que le ministre responsable du dossier a confirmé l’engagement du gouvernement à assurer une présence médiatique forte et indépendante. Le principe fondamental sous-tendant les mesures destinées à appuyer le journalisme illustre la détermination du gouvernement à assurer l’indépendance des décisions concernant l’affectation des fonds.
Un groupe d’experts indépendant représentant les éditeurs de journaux et les journalistes sera mis sur pied pour s’assurer que les critères d’admissibilité sont définis par des experts qui connaissent à fond le journalisme et la presse écrite. Ce groupe d’experts aura pour mandat de faire des recommandations favorisant une administration équitable et efficiente de ces mesures fiscales. Le processus sera transparent et les recommandations du groupe seront rendues publiques.
Merci, monsieur le leader.
Lorsque le ministre Rodriguez a comparu devant le Sénat en mars, je lui ai rappelé que, relativement au scandale de SNC‑Lavalin, l’ancienne procureure générale Jody Wilson-Raybould a déclaré que la chef de cabinet du premier ministre, Katie Telford, aurait dit :
Si Jody est nerveuse, nous pourrons évidemment demander à toutes sortes de gens d’écrire des lettres d’opinion disant que ses gestes sont appropriés.
Sénateur Harder, cette citation indique que votre gouvernement ne se préoccupe pas outre mesure de l’indépendance de la presse. Si la chef de cabinet du premier ministre parle de multiplier les lettres d’opinion favorables dans les médias, pourquoi les Canadiens devraient-ils croire que ce groupe d’experts est à l’abri de l’ingérence politique?
J’aurais pensé qu’un ancien cadre d’un quotidien comprendrait la distinction entre une lettre d’opinion, la direction d’un journal et un soutien indépendant géré par le gouvernement du Canada et entériné par un vote à au Parlement.
Ma question s’adresse aussi au leader du gouvernement et porte sur le fonds de renflouement des médias. L’an dernier, Unifor s’est présenté comme un mouvement de « résistance » contre le Parti conservateur et a activement mené une campagne de vote stratégique contre le Parti conservateur aux élections de 2015.
Dans un communiqué de presse publié la semaine dernière, le ministre Rodriguez a indiqué que le groupe assurerait « la vitalité de la démocratie ». L’inclusion d’Unifor montre que le gouvernement est plus soucieux d’assurer la vitalité du Parti libéral.
Ce n’est pas la première fois que l’actuel gouvernement prend des mesures pour nuire à l’opposition à l’approche des élections d’automne. Par exemple, le gouvernement a imposé un plafond au montant que les partis d’opposition peuvent dépenser durant la période préélectorale, sans se soumettre lui-même à une telle contrainte.
Sénateur Harder, comment le gouvernement peut-il prétendre que le groupe est impartial alors que les faits indiquent le contraire?
Permettez-moi de répéter que le gouvernement a mis en place des mesures pour s’assurer que ces fonds seront gérés de façon indépendante. Le groupe d’experts à proprement parler rassemble des représentants d’organismes pertinents qui proviennent de tous les horizons, ce qui renforce son impartialité. La présence de représentants du monde syndical ne va certainement pas à l’encontre de l’indépendance du groupe d’experts, et ne l’empêche pas de bénéficier d’une grande variété de points de vue.
Comme je l’ai dit, la présence de ces représentants est préoccupante, car ceux-ci affichent leur parti pris contre l’opposition conservatrice.
Par ailleurs, lorsque le ministre Rodriguez a assisté à la période des questions du Sénat en mars, je lui ai posé une question par rapport à un contrat à fournisseur unique d’une valeur de 356 000 $ qui a fini par être annulé, mais qui visait à payer des journalistes pour qu’ils couvrent les audiences publiques du Comité sénatorial des banques et du Comité des finances de la Chambre des communes.
Le sénateur Tkachuk a également posé une question à ce sujet en décembre dernier. Nous n’avons pas reçu de réponse de la part du gouvernement quant aux raisons pour lesquelles ce contrat avait été accordé en premier lieu. Sénateur, si l’on tient compte de ce contrat, de la citation de Katie Telford sur l’achat de pages éditoriales, et de l’inclusion d’Unifor au sein du groupe d’experts chargé du plan de sauvetage des médias, pourquoi les Canadiens auraient-ils confiance dans l’intégrité de ce groupe et de ce processus?
Permettez-moi de répéter que, contrairement à ce que vous affirmez dans l’entrée en matière de votre question, le gouvernement a mis en place des mesures pour s’assurer que le plan de soutien à ce secteur vital, approuvé par le Parlement, soit géré de façon indépendante du gouvernement et qu’aucun ministre ne puisse exercer son influence.