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Le rôle et le mandat de la GRC

Interpellation--Suite du débat

18 mai 2023


L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de l’interpellation no 5 proposée par le sénateur Harder, attirant l’attention du Sénat sur le rôle et le mandat de la GRC, les compétences et capacités nécessaires pour que celle-ci remplisse son rôle et son mandat et comment elle devrait être organisée et dotée de ressources au XXIe siècle. J’aimerais parler de la proposition spécifique du sénateur Harder et également faire quelques commentaires sur les enjeux auxquels le pays est confronté aujourd’hui en matière de maintien de l’ordre.

Tout d’abord, en ce qui concerne l’interpellation du sénateur Harder, sa portée est extrêmement large. Les aspects des questions que le sénateur soulève incluent le rôle de la GRC, le mandat de la GRC, les compétences et les capacités nécessaires pour que la GRC remplisse son rôle, les compétences et les capacités nécessaires pour que la GRC remplisse son mandat, la façon dont la GRC devrait être organisée au XXIe siècle et la façon dont la GRC devrait être dotée de ressources au XXIe siècle. Lorsque l’on examine la portée de ce rapport, on constate qu’il touche non seulement le rôle fédéral de la GRC, mais aussi son rôle dans huit provinces et trois territoires.

Nous devons nous rappeler que, dans le domaine des services de police fédéraux, la GRC est chargée de l’application de toutes les lois fédérales ordinaires; de la lutte antidrogue; de la lutte contre le trafic d’armes; de l’arrestation des fugitifs; de la protection du gouverneur général et du premier ministre, ainsi que de celle d’autres représentants officiels et diplomates à risque; de la sécurité de propriétés dans la région de la capitale nationale; du contre‑espionnage; de la contre-subversion; et de la lutte contre le terrorisme, des rôles dont elle s’acquitte en collaboration avec le Service canadien du renseignement de sécurité. Il y a aussi le mandat distinct de la GRC qui consiste à assurer les services de police dans huit des dix provinces canadiennes, dans de nombreuses municipalités de ces provinces, ainsi que dans les trois territoires.

Outre les questions soulevées par le sénateur Harder, lorsqu’on examine le rôle et le mandat de la GRC, on constate qu’il s’agit d’un domaine extrêmement vaste. Tous ces domaines sont liés à des questions très complexes de maintien de l’ordre, sans parler des importantes questions concernant le fonctionnement de l’appareil gouvernemental, questions qu’il faudrait probablement des années à comprendre et à régler.

Je comprends qu’il soit tentant de tirer des conclusions rapides, entre autre que le mandat de la GRC est trop vaste. Le sénateur Harder est déjà parvenu à cette conclusion. Voici d’ailleurs ce qu’il a déclaré en 2021 au sujet du mandat de la GRC, qui est :

[...] trop largement et trop lourdement axé sur un rôle de police provinciale, un rôle qui n’est plus approprié pour une organisation fédérale aussi essentielle.

Bref, mon ami le sénateur Harder est déjà arrivé à une conclusion. Je ne sais pas si c’était bien son intention, mais quelqu’un qui lit ses propos pourrait avoir l’impression qu’il est déjà arrivé à la conclusion qu’il faudrait fractionner la GRC. C’est peut-être ce que prône le sénateur, mais il ne faudrait pas sous‑estimer la complexité d’une telle idée, puisque que les huit provinces et les trois territoires concernés auraient probablement des points de vue différents.

Je sais que certaines provinces, dont l’Alberta, envisagent de créer un corps policier provincial. L’Ontario, le Québec et, dans une certaine mesure, Terre-Neuve-et-Labrador ont déjà des services de police provinciaux. Il n’est toutefois pas garanti que ce qui fonctionne dans certaines provinces fonctionnera aussi dans les autres. Le sénateur Harder avait tout à fait raison lorsqu’il a fait l’observation suivante :

Bon nombre de Canadiens, en particulier dans l’Ouest du pays, voient la GRC comme un service de police admiré pour sa façon mesurée et responsable de maintenir l’ordre dans leurs collectivités.

C’est certainement l’expérience personnelle que j’en ai eue.

Dans les régions rurales du Manitoba, nous avons tous grandi avec la GRC, qui, selon mon expérience, a toujours offert un service exemplaire. Je pense aussi que bien des provinces ne seraient pas pressées de créer de nouveaux corps policiers provinciaux à partir de rien. Les coûts d’une telle transition sont potentiellement énormes, et le Canada n’a jamais été aussi endetté.

Honnêtement, je ne pense pas que, dans le contexte actuel, il serait judicieux d’avoir à assumer les coûts supplémentaires associés à l’établissement de nouveaux corps policiers provinciaux. À cet égard, je crois que nous devons faire preuve de prudence avant de sauter à la conclusion que, dans toutes les régions et dans toutes les provinces, la GRC, comme le sénateur Harder l’a dit, est trop grande pour réussir. De mon point de vue, c’est mettre la charrue devant les bœufs. Il y a de nombreux domaines associés au maintien de l’ordre que nous devons bien comprendre avant de pouvoir tirer une conclusion définitive.

Lorsque les Canadiens pensent à la vaste question du maintien de l’ordre au Canada, ils voudraient que nous nous attaquions à de nombreux problèmes avant de sauter à la conclusion que c’est l’organisation actuelle de la GRC qui est en cause. Je vais souligner quelques-uns de ces problèmes sur lesquels nous devrions nous pencher, selon moi, avant d’en arriver à une telle conclusion.

Pour commencer, le Canada connaît aujourd’hui un très grave problème de contrebande d’armes destinées à des organisations criminelles. Il est évident que le problème de la contrebande d’armes est à l’origine d’une grande partie de la violence dans nos centres urbains.

Nous constatons également un problème croissant en ce qui concerne la fabrication d’armes imprimées en 3D. J’ai récemment rencontré des policiers qui étaient très alarmés par l’ampleur que prend ce problème.

Concernant la contrebande d’armes, le chef de la police de Toronto, Myron Demkiw, a récemment déclaré à la Chambre des communes qu’environ 86 % des armes à feu utilisées à des fins criminelles qui ont été saisies avaient été introduites clandestinement au pays. Nous n’entendons pas beaucoup parler de cela. Ce que nous dit le gouvernement actuel, c’est qu’il veut cibler les tireurs sportifs et les collectionneurs respectueux de la loi, des personnes qui détiennent leurs armes à feu de manière légale et responsable depuis des décennies.

Nombreux sont ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités. Ils pensent que si nous nous en prenons aux tireurs sportifs et aux collectionneurs de l’Ouest du Canada ou des régions rurales de l’Ontario et du Québec, les crimes commis avec des armes à feu à Toronto et dans d’autres centres urbains diminueront d’une manière ou d’une autre. Il s’agit d’une approche idéologique du contrôle des armes à feu qui ne tient pas compte du fait que la contrebande d’armes par le crime organisé et les gangs criminels, ainsi que la fabrication d’armes en 3D, sont à l’origine d’une grande partie du problème.

Il aurait été très utile que l’interpellation du sénateur Harder se concentre sur ce type de problème très précis, un problème qui a des conséquences réelles pour les Canadiens ordinaires. C’est un problème qui touche particulièrement les Canadiens qui vivent dans un grand nombre de nos centres urbains. Il a également un effet disproportionné sur les Canadiens qui vivent dans des endroits vulnérables directement touchés par le fléau de la violence armée et de la criminalité des gangs.

Si nous considérons le rôle de la GRC dans tout cela, les questions qui me semblent appropriées sont les suivantes : de quelles ressources la GRC dispose-t-elle pour mettre un terme à la contrebande d’armes à la frontière canado-américaine? Comment la GRC est-elle organisée pour mener à bien cette tâche? Serait-il judicieux de confier ce mandat à une agence spécialisée, comme celles qui existent aux États-Unis pour la contrebande transfrontalière? Ce type d’enquête est absolument nécessaire et il permettrait de s’attaquer à un problème réel qui ne cesse d’empirer.

Chers collègues, nous devons être plus conscients du fait que l’augmentation de la criminalité au Canada est un problème majeur pour les Canadiens. Trop souvent, dans cette enceinte, nous évoluons dans une bulle où l’idéologie prédomine, et nous fermons volontairement les yeux sur ce qui se passe à l’extérieur de cet édifice.

CBC/Radio-Canada a récemment publié des données de Statistique Canada qui indiquent que les crimes violents ont augmenté d’environ 30 % au Canada depuis 2015, l’année où le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir. Selon Statistique Canada, 2 millions d’actes criminels ont été commis au Canada en 2021. Cette même année, on a enregistré 788 homicides, soit 29 de plus qu’en 2020. Près de la moitié des près de 300 homicides par arme à feu commis au Canada ont été signalés par la police comme étant liés à des gangs. Ma province, le Manitoba, a enregistré le deuxième taux d’homicide le plus élevé du pays.

Je suis prêt à parier que les Canadiens s’intéressent davantage à la façon de rendre la GRC la plus efficace possible pour lutter contre la criminalité dans nos collectivités qu’à la façon de la réorganiser parce que certains sénateurs ont décidé d’avance que c’était un projet de trop grande envergure pour réussir.

Si on demande aux habitants du Manitoba quelle est leur préoccupation la plus urgente en ce qui concerne la GRC, je doute fort qu’ils répondent qu’il est urgent de se débarrasser de la GRC et de mettre en place une police provinciale. Ce que veulent les Manitobains, c’est qu’on s’attaque à la criminalité, et que tous les services de police obtiennent les ressources dont ils ont désespérément besoin.

Lors d’une récente rencontre avec des policiers de Winnipeg, ceux-ci m’ont expliqué que le nombre de crimes contre les biens avait explosé dans la ville. Ce phénomène est dû à l’augmentation de la consommation de drogues et à la toxicomanie.

De nos jours, le service de police de Winnipeg n’est pas en mesure de réagir efficacement aux crimes contre les biens parce qu’il est trop accaparé par les crimes violents liés à la drogue qui ont augmenté en partie à cause des lois laxistes et d’un système de justice prorécidive. Certains sénateurs rejettent instinctivement cette thèse, mais les preuves sont irréfutables.

Le National Post a récemment publié un rapport d’enquête qui montre comment le soi-disant approvisionnement sûr en drogues du gouvernement alimente une nouvelle crise des opioïdes. Dans le cadre de l’étude, 20 experts en soins de santé ont été interviewés et ont révélé qu’une grande partie des drogues dites plus sûres sont distribuées par l’intermédiaire de programmes financés par le gouvernement, puis vendues avec une marge de profit énorme sur le marché noir pour financer l’achat continu de fentanyl.

Comme les sénateurs le savent, le fentanyl a tué plus de 35 000 personnes depuis 2016. Il s’agit, chers collègues, d’un chiffre stupéfiant qui rivalise avec celui de la plupart des zones de guerre. Même si nous aimerions prétendre le contraire, le problème ne disparaît pas. Ces dernières années, les collectivités du Canada ont été inondées d’opioïdes bon marché. Dans le cadre de l’étude, un médecin a dit :

Je rencontre des patients dans mon bureau qui en achètent de grandes quantités et les expédient ensuite en Saskatchewan, au Manitoba et aux États-Unis, où il a beaucoup plus de valeur.

La consommation de drogues dans les rues de Winnipeg a contribué à alimenter l’explosion du nombre de crimes liés à la drogue. Il y a aussi le fait que les personnes qui commettent la plupart des crimes ont souvent tendance à appartenir au même groupe de criminels.

Un criminologue de l’Université de Winnipeg, Michael Weinrath, a analysé les problèmes. Il estime que les délinquants à risque élevé ne représentent que de 10 à 15 % de l’ensemble des délinquants mais commettent de 50 à 70 % des crimes. Comme il l’a déclaré dernièrement, « une petite proportion de récidivistes sont violents et commettent constamment des crimes violents... ».

Il s’agit d’un phénomène bien connu.

Selon un reportage de la CBC diffusé l’année dernière, le Canada est aux prises avec un problème de multirécidivistes. Les multirécidivistes sont des individus qui commettent un pourcentage disproportionné des crimes. Ces criminels peuvent accumuler des dizaines, voire des centaines d’infractions, mais ils continuent de recevoir des peines légères à cause des lacunes de notre système. C’est un problème qui prend de l’ampleur partout au Canada.

L’année dernière, le BC Urban Mayors’ Caucus — un regroupement des maires de 13 collectivités urbaines en Colombie-Britannique qui représentent plus de la moitié de la population de la province — a rédigé une lettre à l’intention des ministres provinciaux pour leur demander de faire quelque chose pour régler le problème des multirécidivistes.

Malheureusement, les provinces sont limitées dans leur champ d’action. C’est pourquoi le gouvernement fédéral doit faire preuve de volonté à s’attaquer à cette problématique, notamment au moyen de la loi. Il faudrait aussi que les tribunaux et les juges acceptent d’accorder la priorité aux citoyens ordinaires et aux collectivités quand vient le temps de prendre une décision dans les cas des criminels à haut risque et des multirécidivistes.

En toute franchise, chers collègues, le droit des Canadiens d’être en sécurité à la maison et dans leur collectivité l’emporte sur le soi‑disant droit des multirécidivistes de circuler librement dans nos rues.

Je peux vous assurer que ce que les Manitobains souhaitent, c’est que notre pays se dote de lois rigoureuses pour que la police combatte efficacement la recrudescence de la criminalité et les gangs criminels qui sont à la source du problème et qui en profitent.

Un sondage réalisé en 2019 par Probe Research a révélé que le principal problème collectif des Manitobains était celui de la criminalité : 39 % des Manitobains considéraient ce problème comme leur principal problème collectif. Le problème de la drogue se classait au deuxième rang, à 20 %. Quatre ans plus tard, les préoccupations des Manitobains se sont multipliées.

Cela ne veut pas dire que le mandat ou l’organisation de la GRC ne devrait pas faire partie d’un débat plus vaste sur les services policiers, mais je pense qu’il est essentiel, lorsque l’on étudie la question de la police au Canada, de commencer par aborder les problèmes concrets rencontrés sur le terrain par les services de police canadiens.

L’un de ces problèmes concrets auxquels doivent faire face la GRC et de nombreux autres services de police est la pénurie d’agents de première ligne dans les rues. C’est certainement un problème dans ma province, le Manitoba. C’est pourquoi le ministre de la Justice du Manitoba, Kelvin Goertzen, a récemment tenu une réunion urgente avec le ministre Mendicino.

Le but de cette réunion consistait à aborder une question en particulier, soit le taux de postes vacants au sein de la GRC. Comme l’a souligné Brian Sauvé, président de la Fédération de la police nationale, qui représente les membres de la GRC, le recrutement devient un défi très sérieux non seulement pour la GRC, mais aussi pour tous les services de police.

La pénurie d’effectifs policiers se traduit par des charges de travail insoutenables et des agents épuisés. Tout cela a des conséquences graves et négatives sur la sécurité des collectivités.

Ce problème, honorables collègues, n’est pas propre au Manitoba. On a observé récemment un taux de postes vacants de 20 % au sein de l’effectif autorisé de la GRC en Colombie‑Britannique, qui est d’environ 7 100 personnes. Ce problème ne touche pas non plus que la GRC. Des détachements de la Police provinciale de l’Ontario sont aussi décrits comme étant en manque d’effectifs, et en 2020, plus de 1 000 postes d’agent de première ligne étaient vacants, soit 26 % du total des postes d’agent de première ligne. Ce sont là de très graves lacunes opérationnelles.

Pourquoi ne règle-t-on pas ce grave problème qui touche nos services de police? Pourquoi le gouvernement du Canada fait-il plutôt une fixation idéologique sur l’élimination des peines minimales alors que la criminalité dans nos collectivités est en hausse? Voilà les problèmes sur lesquels le Sénat devrait se pencher.

En ce qui concerne les postes vacants à la GRC, les cadets de la gendarmerie sont recrutés dans des cohortes de formation qu’on appelle des troupes, chacune de ses troupes comprenant habituellement 32 cadets. On devrait former entre 30 et 50 troupes par année, ce qui permettrait d’ajouter environ 800 à 1 200 agents par année.

Selon les statistiques dont nous disposons, pour la GRC seulement, par exemple, il y a eu plus de 8 000 candidatures de personnes désirant se joindre aux effectifs en 2018-2019. Ainsi, pour une année seulement, il y avait environ huit fois plus de candidats que de postes de formation à pourvoir. Dans ce cas, comment se fait-il que le taux de recrutement ne semble pas suivre le nombre de candidatures? Pourquoi est-ce aussi difficile? Est-ce que nous formons même assez d’agents pour remplacer ceux qui quittent le service? Sinon, pourquoi?

Il s’agit de questions très précises que toute interpellation au Sénat devrait examiner.

Nous savons que la liste d’attente actuelle pour intégrer la GRC est longue. Certains candidats parlent d’une attente d’un an, de deux ans ou même de trois ans après le dépôt de leur demande. Pourquoi l’attente est-elle si longue? Quels sont les principaux problèmes de recrutement à la GRC? S’agit-il principalement d’un problème de capacité de formation à la Division Dépôt de la GRC? Pourquoi semble-t-il y avoir autant de lourdeurs bureaucratiques? Le recrutement à la GRC s’éloigne-t-il trop des notions de mérite et de satisfaction des besoins opérationnels les plus urgents?

Il ne semble pas y avoir de pénurie de candidats parmi les nombreux groupes démographiques du Canada. Nous savons, par exemple, que sur plus de 8 000 aspirants ayant soumis leur candidature en 2018-2019, 1 476 se sont identifiés comme membres d’une minorité visible, 357 se sont identifiés comme Autochtones et 1 489 étaient des femmes. Pourtant, pour une raison que je ne m’explique pas, il y a encore de graves pénuries de personnel au sein de la GRC. Pourquoi?

Les Canadiens comprendraient spontanément l’importance d’aborder honnêtement ces questions et d’y répondre.

Chers collègues, nous devons nous rappeler les immenses dangers auxquels les policiers sont confrontés chaque jour. Lorsque l’agent Grzegorz Pierzchala, de la Police provinciale de l’Ontario, a été tué juste après Noël dernier, il est devenu le cinquième policier tué au Canada à l’automne 2022.

Ensuite, nous avons appris la terrible nouvelle concernant le décès des agents Travis Jordan et Brett Ryan du service de police d’Edmonton. En avril, la sergente Maureen Breau de la Sûreté du Québec a été tuée lorsqu’elle a répondu à un appel. Maintenant, nous venons d’apprendre la mort tragique d’un autre agent de la police provinciale de l’Ontario, le sergent Eric Mueller, à Bourget, un peu à l’est d’Ottawa. Deux autres agents ont été blessés.

Il s’agit d’une situation terrible et sans précédent. Je tiens à offrir mes condoléances à la famille et aux amis du sergent Mueller, d’autant plus que le cortège funèbre et les services funéraires ont eu lieu plus tôt aujourd’hui. Sachez que nos pensées et nos prières vous accompagnent, ainsi que tous les agents de la police provinciale de l’Ontario et l’ensemble de la communauté de l’Est de l’Ontario, alors que vous pleurez la perte d’un homme dévoué, un homme qui a consacré sa vie au service des citoyens de sa collectivité.

En 2021, seulement deux policiers ont été tués au Canada, mais, au cours des sept derniers mois, neuf policiers ont été victimes de meurtre et un agent de la GRC, l’agent Harvinder Singh Dhami, est décédé dans une collision alors qu’il répondait à un appel.

L’augmentation de la violence criminelle au Canada, les prisons surpeuplées et les attaques de plus en plus fréquentes contre nos policiers sont les problèmes qui devraient nous préoccuper le plus.

Ne vous y trompez pas. Je félicite le sénateur Harder pour ses sentiments et ses préoccupations, mais à mon avis, il serait plus productif que nous nous concentrions sur les problèmes immédiats de maintien de l’ordre au Canada.

Par la suite, si c’est nécessaire, nous pourrons nous tourner vers les questions d’ordre organisationnel. Toutefois, nous devrions commencer par admettre que les Canadiens voient quotidiennement des problèmes de maintien de l’ordre bien réels.

Merci.

Sénateur Plett, accepteriez-vous de répondre à une question?

Le sénateur Plett [ + ]

Certainement.

Merci beaucoup de votre intervention. J’aimerais également disposer d’un temps illimité. Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre contribution. J’aimerais cependant que vous nous parliez davantage, si vous le voulez bien, de votre suggestion de créer une entité distincte pour surveiller la frontière, au moins en ce qui concerne le trafic d’armes ou de substances illégales vers notre pays. Proposez-vous que le rôle de la GRC en tant que service de police fédéral soit divisé?

Le sénateur Plett [ + ]

Eh bien, je pense que je dois relire mon discours. Je ne pensais pas avoir dit cela, sénateur Harder.

Je pense qu’une seule fois convient parfaitement, mais je trouve qu’il est un peu incongru de dire que nous ne devrions pas envisager de changements dans l’appareil gouvernemental, alors que vous proposez une patrouille frontalière à l’américaine, qui empiéterait, bien entendu, sur le mandat actuel de la GRC. Je vous suggère de réfléchir aux autres changements que vous souhaiteriez apporter à la police fédérale.

Le sénateur Plett [ + ]

Comme vous le savez, sénateur Harder, j’ai répondu aujourd’hui à une interpellation voulant que la GRC soit une organisation trop vaste, comme vous l’avez dit. Or, je ne pense pas qu’elle soit trop vaste. J’ai présenté un certain nombre de façons par lesquelles je pense que la GRC pourrait élargir son mandat sans que nous ayons nécessairement à nous en débarrasser.

Êtes-vous en train de retirer votre suggestion d’une agence frontalière distincte?

Le sénateur Plett [ + ]

Je vais répondre avec le sourire, contrairement au leader du gouvernement lorsqu’il répond à mes questions. Non, ce n’est pas ce que je fais. Je ne retire aucun des propos que j’ai tenus et je ne suggère pas d’établir une force policière distincte à cette fin. Ce que je dis, c’est que la GRC est parfaitement capable de faire ces deux tâches. Ses agents peuvent facilement marcher et mâcher de la gomme en même temps. Je pense que leur mandat pourrait être étendu pour faire exactement ce que j’ai dit.

J’accueille volontiers votre sourire.

Son Honneur la Présidente [ + ]

Était-ce une question, sénateur Harder?

L’honorable Hassan Yussuff [ + ]

Le sénateur accepterait-il de répondre à une autre question?

Le sénateur Plett [ + ]

Oui.

Le sénateur Yussuff [ + ]

Sénateur Plett, je vous remercie beaucoup de vos observations. Je tâcherai de ne pas juger vos différences d’opinions aussi durement que mon collègue. Toutefois, il serait convenable de dire qu’une organisation créée en 1867 aurait besoin qu’on en examine le fonctionnement et sa satisfaction des besoins du pays.

Comme toute autre institution nationale, la GRC doit faire l’objet d’un examen pour vérifier sa capacité à s’adapter aux temps modernes. Comme nous le savons, de nos jours, la cybersécurité et la cybercriminalité sont probablement plus courantes que jamais auparavant. Évidemment, lorsque la GRC a été créée, ces choses n’étaient pas une priorité. Elles le sont toutefois maintenant. Elles constituent une priorité sérieuse et, bien sûr, la GRC fait de son mieux pour s’y adapter.

J’oserais dire qu’en 2023, les services de police municipaux et provinciaux ont évolué. Nous le constatons notamment en Ontario et au Québec. Nous pourrions certainement trouver d’autres provinces prêtes à assumer cette responsabilité, puisque cela a du sens pour elles tant sur le plan politique que sur le plan économique. Certes, je crois que vous conviendrez que nous devons examiner cette organisation. Cela pourrait notamment donner lieu à des recommandations sur les façons dont nous pouvons moderniser la GRC pour mieux répondre aux besoins du pays. Je ne crois pas que cela diverge trop de ce que cette interpellation vise à accomplir. Ne croyez-vous pas?

Le sénateur Plett [ + ]

Je tiens d’abord à dire que je ne pense pas que le sénateur Harder ait été aussi méchant que vous le laissez entendre. Comme je l’ai dit à maintes reprises, sénateur Yussuff, nous pouvons choisir nos amis. Je vous choisis donc comme ami. Nous ne pouvons cependant pas choisir notre famille, et le sénateur Harder en fait partie. Néanmoins, je le considère comme un ami aussi bien que comme un membre de ma famille.

Vous savez, sénateur Yussuff, je ne suis pas sûr qu’il y ait quoi que ce soit dans le discours que j’ai prononcé — encore une fois, comme je l’ai déjà proposé au sénateur Harder, je pourrais relire mon discours. Après tout, je dispose d’un temps illimité, et nous pourrions nous assurer que j’ai bien dit certaines des choses que vous soutenez que j’ai dites, mais je suis tout à fait d’accord avec vous : la GRC doit faire l’objet d’un examen. Je félicite le sénateur Harder d’avoir lancé une interpellation à ce sujet, comme je crois l’avoir dit à la fin de mon intervention. Il n’y a rien de mal à tenter de trouver des solutions.

Cependant, quand vous soutenez qu’il serait sensé, d’un point de vue politique, de créer une organisation de police provinciale — je ne suis pas certain que c’est ce que vous avez dit, mais vous y avez au moins fait allusion —, je suis désolé, mais vu la conjoncture économique, je serais porté à accorder plus de poids aux arguments économiques qu’aux arguments politiques. Nous n’avons pas les moyens de mettre en place de nouvelles organisations policières et, même si certains ici pensent que la GRC est devenue trop grosse, je ne crois pas que ce soit ce que pensent les Manitobains. Je pense que, dans l’ensemble, les gens du Manitoba sont très satisfaits du travail de la GRC. Comme je l’ai mentionné au début de mon discours, l’Alberta étudie la possibilité de créer une telle organisation.

Je ne serais pas prêt à dire que les services de police en Ontario ou au Québec sont meilleurs qu’au Manitoba. Ce commentaire ne se veut pas une critique à leur endroit, parce que, heureusement — dans les dernières décennies du moins —, je n’ai pas souvent eu à faire avec les forces de l’ordre — toutes provinces confondues —, et j’en suis bien content.

Je suis bien satisfait des services offerts par la GRC au Manitoba et je n’ai rien à redire à leur sujet. Je considère que je suis très bien servi par le Service de protection parlementaire ici, dans la Cité parlementaire, ainsi que par le Service de police d’Ottawa, la Police provinciale de l’Ontario et, assurément, quand je dois aller au Québec, par la Sûreté du Québec.

Je ne dis pas qu’un service de police provinciale est moins bon. Je ne suis simplement pas certain qu’il soit meilleur. Je pense que la GRC nous a bien servis depuis les débuts de la Confédération. J’éprouve comme un sentiment de fierté quand j’aperçois ces uniformes; bon, je suis peut-être un peu traditionaliste, c’est vrai. Parfois, je voudrais que les agents de la GRC soient encore présents sur la Colline et qu’on voie leurs uniformes.

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