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PÉRIODE DES QUESTIONS — La sécurité publique

L'antisémitisme

13 février 2024


Sénateur Gold, des membres de votre gouvernement se sont empressés de condamner certains aspects de la guerre entre Israël et le Hamas, y compris votre ministre des Affaires étrangères, qui s’est précipitée sur les médias sociaux pour accuser à tort Israël d’une attaque contre l’hôpital Al‑Shifa, une accusation qu’elle n’a pas encore retirée.

Hier soir, à Toronto, des manifestants pro-Hamas ont afflué vers l’hôpital Mount Sinai, un hôpital qui a été fondé, je vous le rappelle, par deux femmes juives parce qu’il fut un temps où les médecins juifs n’étaient pas autorisés à pratiquer la médecine au Canada.

Ces manifestants ont sauté par-dessus des barricades, grimpé sur des échafaudages, brandi des drapeaux géants et crié des insultes antisémites. Ils ont même harcelé une employée qui tentait de quitter l’hôpital en arrêtant sa voiture et en exigeant qu’elle klaxonne en signe de soutien à leur manifestation.

Bien qu’une loi fédérale canadienne protège nos hôpitaux contre de tels actes, aucun membre de votre gouvernement n’a encore condamné cette manifestation. Quand le gouvernement commencera-t-il à appliquer les lois au Canada?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Je vais répondre en deux parties. Même si nous vivons dans un pays libre et que les gens peuvent manifester, comme ils l’ont fait devant le bureau du premier ministre et comme ils le font chaque semaine devant mon appartement à Montréal, les manifestations sont inquiétantes. Le gouvernement et moi trouvons très regrettable que l’on ait ciblé un hôpital et harcelé quelqu’un, peu importe la cause, et l’on pourrait utiliser des mots plus durs. C’est la première partie de ma réponse.

La deuxième partie, c’est que ce n’est pas le gouvernement fédéral qui applique les lois. Lundi, j’ai quitté une réunion du comité du Cabinet pour venir siéger au Sénat, alors j’ai emprunté la rue Wellington. J’ai entendu les manifestants devant le bureau du premier ministre scander des slogans tirés directement de la charte du Hamas, alors vous pouvez comprendre que, en tant que fier juif et sioniste, cela m’a profondément secoué. Toutefois, ce n’est pas au gouvernement fédéral qu’il incombe de déterminer si des lois ont été enfreintes, et encore moins de les soutenir.

Encore une fois, chers collègues, à un moment où les communautés du Canada — ma communauté, les communautés arabes et musulmanes et tous les Canadiens — éprouvent des difficultés et souffrent à cause des tragédies qui se produisent, je pense qu’il est regrettable de blâmer le gouvernement pour quelque chose qui touche tout le monde. Je vous encourage à continuer de poser des questions appropriées au Sénat et, avec votre permission, Votre Honneur, j’y répondrai sans exception. Or, ne faisons pas de la petite politique. Il y a des gens qui meurent. Il y a des gens et des communautés qui souffrent. Il faut bien comprendre la répartition constitutionnelle des pouvoirs en matière d’administration de la justice. À tout le moins, en notre qualité de sénateurs et de législateurs, nous devrions la comprendre.

Sénateur Gold, nous sommes tous pour la liberté, mais pas pour l’anarchie et la haine et, à ma connaissance, nous voulons que le premier ministre — le gardien de ces lois — fasse preuve de leadership.

Votre gouvernement n’hésite pas à condamner des gestes posés contre des lieux de culte, sauf si ces lieux de culte sont des églises. Une autre église a été attaquée cette fin de semaine. Une vidéo claire montre quelqu’un qui tentait d’y mettre le feu. Le silence de votre gouvernement est assourdissant, et la question est de savoir pourquoi. Pourquoi votre gouvernement est-il prompt à manifester sa solidarité à l’égard de certaines attaques haineuses contre des institutions religieuses, alors que lorsqu’il s’agit d’églises, il ne dit pas un mot? Encore une fois, n’est-ce pas à vous qu’il incombe d’appliquer la loi?

Le sénateur Gold [ + ]

Les attaques contre des lieux de culte sont déplorables et doivent être condamnées. Encore une fois, je considère que le bilan du gouvernement en matière de défense de la liberté de religion et du droit des communautés à vivre en paix est éloquent. Comme je l’ai dit, il est normal de remettre en question les décisions du gouvernement, mais, dans le cas présent, je crois que le gouvernement déplore tous les gestes de haine posés contre toutes les institutions, qu’elles soient consacrées à l’enseignement, à la santé ou au culte.

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