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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les vaccins

19 mars 2019


L’honorable Stanley Paul Kutcher

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour attirer l’attention sur un enjeu de santé publique qui a atteint un seuil critique dans le monde et dans notre cher pays, le Canada.

Tout au long de l’histoire, la rougeole, la diphtérie, la polio et la variole ont dévasté l’humanité. Au Canada à une certaine époque, ces maladies causaient la mort de centaines d’enfants chaque année. Les archives historiques nous apprennent que certaines familles ont perdu la plupart, si ce n’est la totalité, de leurs enfants à cause de ces maladies hautement contagieuses.

De nos jours, le taux de décès liés à ces terribles maladies est presque nul. Cette situation est attribuable à l’innocuité et à l’efficacité des vaccins. La vaccination a permis de sauver des vies, de soulager les souffrances et de réduire le recours aux systèmes de santé déjà surchargés.

Or, la récente résurgence de certaines de ces maladies au Canada est extrêmement inquiétante compte tenu des connaissances médicales qui permettent de prévenir ces infections et d’éliminer les épidémies. À titre de sénateur et de médecin, je ne peux pas rester les bras croisés face à cette situation.

Les Canadiens sont reconnaissants aux vaillants intervenants de la santé publique qui les informent et qui s’emploient à prévenir les épidémies dévastatrices du passé. L’une de ces personnes est la Dre Noni MacDonald qui travaille à l’Université Dalhousie et au IWK Health Centre à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Je suis honoré de la compter parmi mes amis et collègues. Tous ceux qui connaissent Noni ont constaté qu’elle s’emploie à améliorer la santé et le bien-être des enfants et des adolescents. Ses travaux sur les vaccins lui ont valu une reconnaissance nationale et internationale. La Dre MacDonald a été la première femme à occuper le poste de doyenne d’une faculté de médecine au Canada et a été membre fondatrice du Centre canadien de vaccinologie.

Les Canadiens ont besoin de chefs de file comme la Dre MacDonald pour garantir que l’utilisation des vaccins répond aux normes de santé publique afin que la santé des citoyens les plus vulnérables soit protégée et qu’elle ne soit pas compromise par les renseignements erronés qui sont abondamment diffusés actuellement.

Honorables sénateurs, aujourd’hui, j’espère sensibiliser le Sénat au travail de ceux qui s’efforcent d’améliorer la santé et la vie des Canadiens et qui font la promotion de la médecine fondée sur des données probantes, du chevet des patients jusqu’aux politiques. En cette période de désinformation au sujet des vaccins, il est important que nous nous tournions vers nos héros dignes de confiance pour nous guider.

La Dre MacDonald continue d’assumer un rôle de chef de file en contribuant à l’élaboration d’un plan d’immunisation mondial à jour. Au Canada, nous devons faire preuve d’initiative dans ce travail important, et non être à la remorque des autres.

Honorables sénateurs, je remercie tous les professionnels de la santé qui cherchent inlassablement des interventions sanitaires fondées sur des données probantes et je vous demande de collaborer avec moi et d’autres sénateurs alors que nous commençons à élaborer des stratégies pour garantir que la santé et la sécurité des Canadiens ne soient plus mises en danger.

L’honorable Rosemary Moodie [ + ]

Honorables sénateurs, aujourd’hui, je prends la parole au sujet de l’une des 10 plus grandes menaces à la santé mondiale qui pèsent sur nous en 2019 : la réticence à la vaccination, à savoir l’opposition croissante à la vaccination ou le refus de se faire vacciner alors que des vaccins sont facilement accessibles, ce qui menace d’annuler les progrès réalisés dans la lutte contre les maladies à prévention vaccinale.

Les préoccupations de l’Organisation mondiale de la santé sont étayées par des chiffres très alarmants. En 2018, le nombre de cas de rougeole à l’échelle mondiale a bondi de 50 p. 100. En Europe, il y a eu près de 83 000 cas de cette maladie, le plus grand nombre en vingt ans. Au cours de cette même période, aux États-Unis, le nombre de personnes infectées a augmenté de 500 p. 100, ce qui a incité la tenue d’audiences du Congrès pour gérer cette menace croissante pour la santé publique.

Le Canada a enregistré 19 cas de rougeole dans les huit premières semaines de 2019.

L’administratrice en chef de la santé publique du Canada s’est dite inquiète de la résurgence de maladies pouvant être prévenues grâce à la vaccination. Je suis inquiète aussi. Nous devrions tous l’être.

J’aimerais que l’on se souvienne des épidémies de polio dans les années 1940. Lorsque la maladie paralysait les muscles de la respiration, il fallait brancher le patient à un poumon d’acier pour le maintenir en vie. J’aimerais également rappeler qu’avant l’introduction du vaccin contre la rougeole en 1963, des millions de personnes ont été infectées, des dizaines de milliers de personnes ont été hospitalisées et des centaines de personnes sont décédées.

Nous avons connu un énorme succès en vaccinant à grande échelle. Il y a eu une diminution significative de la mortalité infantile. Entre 2010 et 2015, les vaccins ont permis d’éviter au moins 10 millions de décès. Les vaccins fonctionnent parce qu’ils protègent les gens individuellement ainsi que la société en général. Tout le monde est gagnant lorsque les Canadiens sont vaccinés, y compris les personnes en santé et les personnes les plus vulnérables.

La nouvelle réalité, c’est que les gens oublient les dangers associés à la polio et à la rougeole. En raison de la diffusion de fausses informations, on a plus peur des vaccins que de la maladie.

Un quart des Canadiens répugne à se faire vacciner ou retarde la vaccination, ce qui pourrait faire réapparaître la maladie.

On sape les efforts déployés pour informer et rassurer la population par rapport à la vaccination. Les informations fausses et trompeuses diffusées dans les médias sociaux et les campagnes controversées, telles que les panneaux publicitaires anti-vaccins que l’on a vus ces derniers mois en Ontario, accentuent le mouvement de résistance.

Honorables collègues, les vaccins sont l’une des plus grandes réussites dans le secteur de la santé. Cette réussite est aujourd’hui menacée par l’incertitude, la peur, l’information trompeuse et la perte de confiance du public.

Je vous invite tous à prendre part au dialogue qui déterminera de quelle façon le Sénat peut le mieux surmonter cette crise de plus en plus aiguë. Merci.

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