DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Semaine nationale de sensibilisation au don d'organes et de tissus
30 avril 2021
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour vous raconter une histoire qui s’est passée dans ma province. Elle m’a été racontée par Martha, l’une de mes belles-filles, la mère de deux de mes petits-enfants et une médecin gériatre qui exerce à l’Île-du-Prince-Édouard.
Voici donc l’histoire d’Hannah, qui est née et qui a grandi dans la belle vallée de l’Annapolis. Elle était intelligente, chaleureuse, gentille, drôle, énergique et pleine de vie. Même si elle vivait avec des douleurs dues à la maladie de Crohn, elle se plaignait rarement. Danseuse de tango accomplie, titulaire d’un diplôme en physique, d’un diplôme en météorologie et d’une maîtrise en physique de l’atmosphère, elle étudiait pour devenir enseignante. Hannah vivait sa vie pleinement. Elle avait pour parents Darrell, un procureur de la Couronne, et Sandi, une directrice d’école et pour sœur Martha. Lorsque Martha et notre fils Matt se sont mariés, Hannah est devenue comme une autre fille dans la famille. Elle a conquis nos cœurs.
Un soir, Hannah a commencé à avoir un mal de tête intense. Elle s’est plainte, ce qui était contraire à son habitude, et s’est rendue à l’hôpital. L’attente a été longue. Enfin, on lui a fait passer une tomodensitométrie. Hannah était pleine de vie lorsqu’elle est entrée dans la salle d’examen, mais elle ne l’était plus quand elle en est ressortie. Elle a fait une grave hémorragie cérébrale. Malheureusement, la vie est souvent injuste.
Plus tard, des lettres de remerciement sont arrivées. Des inconnus avaient reçu un don qui allait prolonger leur vie : des reins, des poumons et un pancréas, cadeaux d’Hannah. Ses tissus — ses os, sa peau, ses valves cardiaques, ses cornées — ont également été donnés à d’autres personnes qui en avaient besoin.
Malheureusement, seul un tiers des Canadiens qui pourraient vivre une vie plus longue et productive grâce à un don d’organe en reçoivent un. Il faut faire mieux. Récemment, la Nouvelle-Écosse a adopté une loi créant le consentement automatique pour le don d’organes, une première en Amérique du Nord. Malheureusement, au niveau fédéral, le Canada n’a pas encore fait grand-chose pour encourager et promouvoir le don d’organes.
Ce sont les histoires de Hannah et d’autres personnes comme elle qui nous font prendre conscience à la fois de la tragédie et de la promesse que représente le don d’organes. Grâce au don d’organes, la famille de Hannah a pu donner un sens à sa mort prématurée. Les membres de sa famille ont trouvé un certain réconfort dans le fait que d’autres familles aient pu passer plus de temps avec leurs proches, des instants en échange desquels ils auraient donné n’importe quoi. Sa mort a préservé d’autres vies.
Honorables sénateurs, la Semaine nationale de sensibilisation aux dons d’organes et de tissus a eu lieu du 18 au 24 avril. Nous pouvons attirer l’attention sur la nécessité nationale de transformer une mort tragique en un don de vie pour de nombreuses personnes. Nous pouvons encourager les Canadiens à devenir des donneurs et nous pouvons donner l’exemple en nous engageant à être nous-mêmes des donneurs d’organes et de tissus.
Histoire de boucler la boucle, quelques années après le décès de Hannah, son père Darrell a retrouvé la vue grâce à deux greffes de cornée, provenant de deux donneurs différents. Merci.