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Projet de loi sur le Mois du patrimoine ukrainien

Troisième lecture--Ajournement du débat

24 octobre 2024


Propose que le projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, soit lu pour la troisième fois.

 — Honorables sénateurs, vous commencez peut-être à en avoir assez de m’entendre, mais je vous promets que c’est ma dernière intervention aujourd’hui.

Je prends la parole à l’étape de la troisième lecture du projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, qui vise à désigner le mois de septembre comme Mois du patrimoine ukrainien au Canada afin de célébrer partout au pays les contributions passées et futures des Canadiens d’origine ukrainienne.

Je commencerai mon intervention aujourd’hui en remerciant sincèrement notre collègue la sénatrice Donna Dasko d’avoir si bien présenté ce projet de loi au comité alors que j’étais absent pour cause de maladie. Je lui suis très reconnaissant de son soutien, en tant que collègue sénatrice canadienne d’origine ukrainienne, à l’égard de cette initiative et d’autres initiatives visant à soutenir l’Ukraine. Je remercie également la présidente, la sénatrice Omidvar, et les membres du Comité permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie d’avoir étudié ce projet de loi. J’ai bien aimé écouter en ligne vos délibérations et vos discussions sur l’importance de la culture et du patrimoine dans notre démocratie.

Chers collègues, tous nos apports à notre pays finissent par se marier pour créer la mosaïque que nous appelons le Canada. Nos origines font partie intégrante de ce qui nous définit individuellement et collectivement, en tant que société. Notre patrimoine est ce que nous avons hérité du passé, ce que nous chérissons et aimons aujourd’hui et ce que nous nous efforçons de préserver et de transmettre aux générations futures.

Le patrimoine est une combinaison de choses. On le partage avec les autres et on l’utilise pour nous comprendre et nous respecter nous-mêmes et nous aider à mieux nous comprendre les uns les autres. Bref, notre patrimoine est une célébration de ce que nous sommes et ce que nous aspirons à devenir. Il fait partie du ciment qui nous lie les uns aux autres.

Je défends ce projet de loi pour honorer mon patrimoine ukrainien, avec l’appui et les encouragements du Congrès des Ukrainiens Canadiens, de la diaspora ukrainienne et des Ukrainiens qui sont arrivés ici récemment en quête d’un refuge.

Dans mon discours à l’étape de la deuxième lecture, j’ai parlé de l’expérience de mes parents, de mes grands-parents et de ma famille élargie, de leur voyage et des contributions qu’ils ont apportées au Canada. Ils sont venus d’Ukraine après avoir perdu tous leurs biens, plusieurs de leurs amis et la plupart des membres de leur famille aux mains des assassins russes et nazis. Ils ont cherché refuge au Canada après la Seconde Guerre mondiale afin de pouvoir vivre en paix et sans crainte.

Ils sont devenus membres d’une diaspora ukrainienne beaucoup plus vaste, dont les racines remontent aux agriculteurs d’Europe de l’Est qui sont venus au Canada entre 1891 et 1902 pour développer l’agriculture dans l’Ouest du pays. Ils ont non seulement contribué à faire du Canada une puissance agricole mondiale, mais ils ont aussi préservé leur culture ukrainienne alors que les Russes qui occupaient l’Ukraine cherchaient à la détruire.

La Russie détruit à nouveau la culture ukrainienne en diffusant de la propagande, en volant des enfants, en tuant des innocents et en détruisant des sites culturels emblématiques. Le peuple ukrainien contre-attaque et s’accroche fermement à son identité. De modeste façon, ce projet de loi souligne son legs de résilience au Canada et dans le monde.

J’ai de la famille en Ukraine et chaque matin, je vérifie si elle a survécu une autre nuit. De nombreux Canadiens partagent cette expérience et portent ce fardeau.

Chers collègues, il nous semble parfois que personne ne porte attention à ce que nous faisons ici. Pourtant, hier soir, on m’a rappelé que ce n’est pas toujours le cas. Après ma déclaration sur la guerre de la Russie en Ukraine, j’ai reçu un mot de ma cousine qui vit à Kiev. Elle avait vu un extrait de cette déclaration. Ses mots m’ont grandement touché. Elle m’a écrit que les membres de ma famille et leurs amis étaient fatigués et épuisés. Elle a indiqué que les Ukrainiens se sentent abandonnés par l’Occident. Elle a ajouté qu’ils sont réconfortés par ces moments de soutien et de solidarité.

Elle a écrit : « Notre combat pour l’Ukraine ne s’arrête pas. »

J’espère que l’adoption de ce projet de loi les aidera un peu, eux et tous ceux qui ont des racines ukrainiennes, en leur remontant le moral comme ils en ont grandement besoin pour persévérer.

La guerre génocidaire de la Russie contre l’Ukraine est un rappel des tragédies historiques que nous espérions révolues depuis longtemps, mais qui ressurgissent aujourd’hui. En plus de menacer l’Ukraine, cette invasion constitue une attaque contre les valeurs communes qui nous unissent, des valeurs telles que les droits fondamentaux, la démocratie et la primauté du droit international. Ce sont des valeurs sur lesquelles repose le multiculturalisme canadien.

À sa manière, ce projet de loi contribue à les réaffirmer.

Pourquoi septembre et pas un autre mois? C’est parce qu’il a une grande signification pour les Canadiens d’origine ukrainienne. En effet, c’est le 7 septembre 1891, il y a plus de 125 ans, que les premiers immigrants ukrainiens, Ivan Pylypiw et Vasyl Eleniak, sont arrivés au Canada. Cette journée est célébrée en Alberta, au Manitoba et en Ontario en tant que Jour du patrimoine ukrainien. Le fait de désigner le mois de septembre à l’échelle nationale engloberait ces célébrations provinciales tout en permettant aux communautés d’un océan à l’autre d’organiser leurs célébrations aux moments qui conviennent le mieux à leurs besoins.

Cette année, j’ai eu le privilège d’assister à de nombreux événements culturels ukrainiens dans tout le pays. Pour moi, le point fort a été d’être en septembre le maître de cérémonie du défilé du Bloor West Village Toronto Ukrainian Festival, le plus grand festival de ce type en Amérique du Nord. Il y a eu tout un week-end de célébrations culturelles, et j’y ai participé avec les sénateurs Omidvar, Dasko et Yussuff.

Cette fête a fait briller l’espoir face à des réalités plus sombres. Grâce aux danses, à l’ambiance, à la musique, aux mets ukrainiens et à d’autres formes d’art, nous avons pu vivre des moments de joie, ensemble, et envisager les jours meilleurs à venir.

Toujours en septembre, j’ai eu le privilège de prononcer un discours lors du festival ukrainien d’Halifax, qui existe depuis trois ans seulement. Il y avait des gens partout, et des gens de partout, qui célébraient le patrimoine ukrainien, qui parlaient de leur propre patrimoine, qui apprenaient à se connaître, qui profitaient de tout ce qui nous sert à tisser notre expérience commune en tant que Canadiens.

Plus tôt cette année, j’ai aussi eu le privilège de participer à la série de concerts « Unbroken Ukraine », qui était à la fois une célébration du patrimoine et de la résilience des Ukrainiens, ainsi qu’une évocation douce-amère de leur ténacité face aux attaques et de leur détermination à lutter jusqu’à la victoire. Les concerts se déroulaient à Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, et ils ont fait salle comble.

Le projet de loi à l’étude arrive à point nommé non seulement parce qu’il peut contribuer à remonter le moral des Canadiens d’origine ukrainienne en ces temps de guerre acharnée, mais aussi parce que ceux-ci semblent commencer à se manifester en disant « nous sommes là » ou, comme on le dit en ukrainien, « my tut ». Venez apprendre à nous connaître. Venez célébrer avec nous. Venez vous joindre à nous.

Il y a de nombreux Canadiens d’origine ukrainienne remarquables. J’ai d’ailleurs parlé de certains d’entre eux dans mon discours à l’étape de la deuxième lecture. J’aimerais revenir sur le sénateur Paul Yuzyk, aujourd’hui décédé, qui a joué un rôle prépondérant dans la formation du Canada que nous connaissons aujourd’hui. Il a été qualifié de « père du multiculturalisme ». Dans son discours inaugural au Sénat, il avait insisté sur le fait que tous les groupes ethniques méritent d’être reconnus comme des partenaires dans la mosaïque canadienne. Il voyait notre réalité multiculturelle comme « l’unité dans notre diversité » et nous a mis au défi d’embrasser et de célébrer cette réalité.

Honorables sénateurs, nous reconnaissons tous la valeur de l’unité dans notre diversité. Il y a des jours, des semaines et des mois donnés qui revêtent une importance particulière pour nous-mêmes, pour nos familles et pour nos voisins. Nous avons adopté d’autres projets de loi semblables pour reconnaître des communautés et des événements qui ont contribué à façonner le Canada que nous connaissons aujourd’hui.

Ce projet de loi poursuit notre bon travail en reconnaissant les contributions des Canadiens d’origine ukrainienne. Nous vivons à une époque qui appelle à célébrer davantage ce qui nous unit face à ce qui nous sépare.

J’espère que, en septembre prochain, nous pourrons tous célébrer ensemble le mois du patrimoine ukrainien, quelles que soient nos origines. Je vous demande de contribuer à faire de ce rêve une réalité en ne retardant pas l’adoption de ce projet de loi au Sénat, en votant pour son adoption à l’étape de la troisième lecture et en le renvoyant rapidement à l’autre endroit.

D’akuju, merci, wela’lioq.

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