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PÉRIODE DES QUESTIONS — Les finances

Le Portrait économique et budgétaire 2020

29 octobre 2020


Permettez-moi, honorables sénateurs, de soulever une fois de plus cette question importante. Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat, et concerne le maintien d’un contrôle efficace de nos finances. Sénateur Gold, le premier ministre a déclaré lundi que la prochaine mise à jour financière du gouvernement n’inclura pas de cible budgétaire qui aurait pu indiquer aux Canadiens que leur gouvernement a mis en place une limite par rapport à ses dépenses publiques, au déficit et à la dette. Toutefois, de nombreux experts s’accordent à dire que cette mesure présente de nombreux avantages. Pour n’en citer que quelques-uns, il s’agit notamment de garantir une certaine discipline budgétaire au sein du gouvernement; de veiller à ce que le gouvernement ait la capacité de réagir aux futurs chocs économiques et aux crises imprévues — la fin de cette crise n’étant nulle part en vue —; de conserver la confiance des prêteurs et des marchés mondiaux — ce qui est également très important — et de créer un climat d’investissement positif pour les entreprises qui traversent toutes une période très difficile.

Je suis conscient que le pays traverse une pandémie et que de plus en plus de Canadiens comptent sur l’aide de l’État pour joindre les deux bouts et manger trois fois par jour. Pour bon nombre d’entre eux, les diverses prestations d’urgence créées par le gouvernement ont été une véritable bouée de sauvetage, et je suis d’avis que nous devons continuer à soutenir les Canadiens de toutes les manières possibles et chaque fois qu’ils en ont besoin. Cela dit, la plupart des Canadiens sont aussi conscients que le pays a besoin d’un cadre budgétaire pour fonctionner. Personne ne sait combien de temps la pandémie durera ni à quel rythme l’économie nationale s’en remettra. Nous devons bien prévoir et contrôler les ressources.

Sénateur Gold, comme j’ai dit à la ministre Freeland lors de sa dernière visite, nombre d’experts et de Canadiens seraient plus rassurés si le gouvernement avait une cible budgétaire et un véritable plan de dépenses — un guide en place — malgré la volatilité de la situation actuelle. Voici une question et un défi; j’aime lancer des défis. Pouvez-vous exercer une influence sur le gouvernement pour l’encourager à inclure une cible budgétaire dans la mise à jour qu’il présentera sous peu? Cela nous donnerait l’impression d’avoir une orientation et nous permettrait d’effectuer une surveillance efficace des dépenses, tout en continuant d’aider les Canadiens.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Merci pour la question. C’est un sujet largement discuté au gouvernement, comme on peut s’y attendre. La vice-première ministre et ministre des Finances l’a récemment abordé dans le premier grand discours qu’elle a prononcé, un discours que je recommande à tous ceux qui veulent mieux comprendre le raisonnement du gouvernement. Tout comme de nombreux spécialistes, le gouvernement croit fermement qu’il est toujours approprié, pour le moment, de continuer à soutenir les Canadiens au moyen des différentes mesures déjà en place, et il estime que ce n’est pas le moment d’avoir recours à des mesures d’austérité. La vice-première ministre a été claire : on ne peut pas accuser le gouvernement de faire comme si les déficits et les niveaux d’endettement n’avaient pas d’importance. Cependant, il est prématuré de fixer des plafonds ou des objectifs artificiels aux dépenses et aux investissements que le gouvernement devra continuer à faire pour soutenir les entreprises et les familles canadiennes en cette période difficile. Il viendra un temps où de telles mesures conviendront davantage et, avec les conseils d’experts, le gouvernement agira de manière responsable et fera ces précisions. Nous n’en sommes malheureusement pas encore là.

Je remercie le sénateur Gold de sa réponse. Je suis heureux que nous prenions en compte les risques. À ce stade, il y en a deux, soit le niveau d’endettement et la capacité de remboursement, et nous sommes chanceux que les taux d’intérêt soient actuellement très bas.

Nous avons la capacité de rembourser la dette. Nous étions en bonne posture avant la pandémie, avec notre ratio dette-PIB. Je suis donc convaincu que le problème ne réside pas dans la capacité de remboursement. À l’heure actuelle, en raison des faibles taux d’intérêt, la capacité de remboursement et le coût de la gestion de la dette fédérale ne devraient pas devenir une préoccupation ou un fardeau énorme à court terme.

Ce qui nous pose toutefois un problème, en tant que sénateurs qui pensent à long terme, c’est que les taux d’intérêt augmenteront, et les frais de service de la dette augmenteront considérablement, au fur et à mesure que l’économie se redressera. Il y a un risque que nous ne puissions pas maintenir ces dépenses et que le remboursement de la dette devienne un problème en raison de la hausse des frais de service de la dette.

Je souligne que la Banque du Canada a récemment prédit que les taux d’intérêt resteront à leur niveau pratiquement le plus bas jusqu’en 2023, ce qui vous donne une idée de l’ampleur de cette crise. Nous devons donc bien gérer nos ressources.

Ma question est la suivante : évaluez-vous les risques à long terme? Reconnaissez-vous ces risques? La question fait-elle l’objet d’une discussion continue au sein du gouvernement? Étant donné qu’il n’y a pas de cible budgétaire à court terme, examine-t-on les effets à long terme? De plus, comment allons-nous atténuer ces risques à long terme? Idéalement, il y aura une reprise économique et les taux d’intérêt augmenteront, mais le service de la dette pourrait poser problème.

Le sénateur Gold [ - ]

Monsieur le sénateur, je peux assurer au Sénat que le gouvernement prend très au sérieux les conséquences à long terme des investissements extraordinaires qu’il a dû faire pour aider les Canadiens à traverser la crise. Cette situation me fait penser au document rédigé par David Dodge, dont le sénateur Harder a parlé, qui souligne un certain nombre de mesures intéressantes que nous pourrions envisager à l’avenir en plus de tenir compte des ratios dette-PIB et d’appliquer les autres mesures de contrôle et de reddition de comptes. Le gouvernement est déterminé à agir de façon responsable, comme il le fait actuellement, en investissant dans les Canadiens.

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