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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'édifice du Sénat du Canada
10 décembre 2019
Honorables sénateurs, la semaine dernière, nous avons entendu le premier discours du Trône prononcé dans le nouvel édifice du Sénat du Canada. Je suis certain que nous pouvons tous convenir que le Sénat du Canada a trouvé une enceinte temporaire où il peut se sentir chez lui. Il parait tout naturel qu’il ait trouvé sa nouvelle demeure dans une gare ferroviaire, car tout comme le chemin de fer, il a joué un rôle très important dans la naissance et la croissance du Canada.
Inaugurée en juin 1912, la gare centrale de la Grand Trunk Railway a été construite dans le cadre d’un somptueux projet comprenant le Château Laurier, situé de l’autre côté de la rue. Le projet de construction fut réalisé par Charles Melville Hays, président de la Grand Trunk Railway, l’une des plus grandes compagnies de chemins de fer non seulement au Canada, mais en Amérique du Nord.
Hays était un visionnaire déterminé à construire un chemin de fer transcontinental jusqu’à Prince Rupert, qu’il a qualifié de grand port canadien de l’avenir pour le commerce avec l’Asie. Le chemin vers l’ouest a mené à l’établissement de collectivités nommées en son honneur telles que Melville, en Saskatchewan, et Hays, en Alberta. De plus, Hays est considéré comme le fondateur de la ville de Prince Rupert, où l’on retrouve une belle statue publique à sa mémoire. Je me demande ce que Charles Melville Hays aurait pensé du projet de loi C-48.
Monsieur Hays a aussi vu la nécessité et l’occasion de créer un carrefour social et de transport sur ce terrain. Aujourd’hui, cette gare historique est notre nouvelle demeure, mais le bâtiment ne date pas d’hier, et si ces murs pouvaient parler, ils auraient bien des choses à raconter. Pendant des dizaines d’années, des dirigeants mondiaux, des membres de la royauté, des célébrités et de nombreux touristes sont passés entre ces murs en arrivant dans la capitale du Canada. C’est ce qu’ont fait, par exemple, le roi George VI, lorsqu’il est venu en 1939 pour inaugurer le Monument commémoratif de guerre du Canada, et le premier ministre Winston Churchill lorsqu’il est venu prononcer un discours au Parlement.
C’est également ici que nombre de militaires canadiens sont montés à bord d’un train pour entamer leur long voyage à l’étranger. Lorsque la guerre a été déclarée, en 1914, le régiment Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, premier contingent du Canada envoyé en Europe, a défilé dans la ville d’Ottawa jusqu’à la gare ferroviaire avant de partir à destination du front occidental.
Ce régiment a participé à nombre de batailles parmi les plus célèbres de l’histoire militaire canadienne. Des quelque 1 100 soldats de ce premier contingent qui sont montés à bord des trains ce jour-là, seulement 44 allaient survivre à la guerre. Puisque nous avons le privilège de siéger dans le confort de ce lieu splendide, nous devrions avoir une pensée pour eux.
Une génération plus tard, des soldats canadiens allaient de nouveau monter à bord des trains. Parmi eux se trouvaient les soldats du régiment Cameron Highlanders of Ottawa, qui allaient prendre part aux combats du jour J, à l’endroit qu’on appelle aujourd’hui la plage Juno.
Or, Charles Melville Hays ne visitera jamais la gare. Malheureusement, il meurt quelques jours à peine avant l’inauguration de son projet audacieux. Après avoir participé à des réunions avec les directeurs de la compagnie, en Angleterre, au printemps 1912, il embarque à bord du RMS Titanic nouvellement baptisé pour rentrer au Canada. Il s’assurera que son épouse et sa fille soient saines et sauves dans un bateau de sauvetage, mais il comptera parmi les près de 1 500 victimes de cette terrible tragédie.
Je suis convaincu que nous apprécions vraiment la chance que nous avons de travailler dans ce magnifique édifice. Je tiens à remercier le sénateur Tkachuk et ses collègues du comité directeur, le sénateur Furey et la sénatrice Stewart Olsen du Comité permanent de la Régie interne, des budgets et de l’administration, à l’époque, d’avoir retenu la gare comme un emplacement temporaire potentiel pour le Sénat.
Je m’en voudrais également de ne pas reconnaître l’excellent travail du sénateur Tannas, de la sénatrice Saint-Germain, du sénateur Joyal et d’autres encore, notamment tout le personnel du Sénat et tous les travailleurs qualifiés qui ont participé à la réhabilitation de ce magnifique édifice historique. Charles Melville Hays serait sans doute honoré et impressionné. Je dis à tous ceux qui ont participé au processus qu’ils ont accompli de l’excellent travail.