PÉRIODE DES QUESTIONS — La santé
La distribution des vaccins contre la COVID-19
8 février 2021
Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat. Monsieur le leader, samedi dernier, près de 550 000 personnes au Royaume-Uni ont reçu leur première dose du vaccin contre la COVID-19. Lors de cette même journée, les États-Unis ont vacciné plus de 2 millions de personnes : 1,3 million d’entre elles ont reçu leur première dose et 720 000, leur deuxième. En revanche, le Canada a seulement vacciné un peu moins de 13 000 personnes hier.
Pfizer et Moderna ont réduit les livraisons de vaccins au Canada ce mois-ci. Le gouvernement prend des vaccins d’un programme visant à aider les pays les plus pauvres. De plus, les vaccins qui, d’après l’annonce faite par le premier ministre la semaine dernière, seront fabriqués ici, au pays, ne seront pas prêts de sitôt. Les échecs s’accumulent. Comment pouvons-nous croire que tous les Canadiens seront vaccinés d’ici septembre quand nous accusons déjà un tel retard?
Merci de votre question. Tous les Canadiens sont inquiets et attendent impatiemment et avec angoisse que des vaccins supplémentaires soient envoyés au Canada et que le processus de vaccination continue de progresser. Pour répondre directement à votre question, les Canadiens peuvent se consoler du fait que le gouvernement maintient, comme c’est le cas depuis le début, qu’il est en bonne voie d’atteindre cet objectif. Les honorables sénateurs se souviendront que la cible fixée au mois de septembre était établie en fonction de l’approbation de deux vaccins seulement. Nous savons maintenant qu’un certain nombre d’autres vaccins franchissent les dernières étapes du processus d’approbation de Santé Canada.
Évidemment, il ne fait aucun doute que cette période est longue et difficile, mais on m’informe que le gouvernement est toujours certain d’être sur la bonne voie et d’atteindre son objectif. Pour prendre une analogie sportive et malgré l’anxiété certaine causée par les retards, il faut envisager la situation comme un marathon et non pas comme un sprint. L’année ne vient que commencer. Le gouvernement est convaincu qu’il pourra atteindre ses cibles.
Le gouvernement se montre confiant et j’aimerais bien moi aussi pouvoir faire confiance au calendrier de vaccination du gouvernement. Cependant, avec ce que j’ai vu jusqu’à maintenant, il est très difficile — voire impossible —, d’avoir confiance.
La semaine dernière, le gouvernement Trudeau a retiré du site Web de Santé Canada ses prévisions de livraison du 22 février pour les doses de vaccin de Moderna. Le premier ministre a annoncé aux Canadiens que 20 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca seraient livrées d’ici juin, mais les fonctionnaires ont corrigé cette affirmation en indiquant qu’elles arriveraient entre les mois d’avril et de septembre. Je suis convaincu que vous comprenez pourquoi nous n’avons pas confiance, étant donné que le premier ministre affirme une chose et les fonctionnaires, une autre. Le premier ministre n’est pas sur le terrain pour s’occuper de ces livraisons.
Monsieur le leader, comment le gouvernement arrivera-t-il à atteindre son objectif de vacciner trois millions de Canadiens d’ici la fin de mars, alors qu’il est incapable d’indiquer de façon sûre aux provinces le nombre de doses qu’elles recevront au cours des deux prochaines semaines?
Je vous remercie de la question. Les perturbations auxquelles vous faites allusion sont malheureuses, mais, comme la ministre de l’Approvisionnement l’a récemment indiqué à diverses reprises, elles sont pour la plupart derrière nous. Les fabricants de vaccins ont assuré au gouvernement, à l’instar de ses homologues de l’Union européenne, que les doses promises sont en voie d’être livrées. En outre, comme je l’ai déjà dit, Santé Canada a entamé le processus d’homologation d’autres vaccins, que nous attendons avec impatience.
Ma question porte également sur les vaccins. Je commence aussi à douter de la capacité du gouvernement à gérer différents dossiers, notamment celui de la distribution des vaccins.
La semaine dernière, le gouvernement Trudeau a suscité la surprise lorsqu’il a annoncé qu’il allait recevoir des millions de doses du vaccin d’AstraZeneca par l’intermédiaire du programme COVAX. Il s’agit d’un programme de distribution mondiale des vaccins destiné principalement à aider les pays à faibles et moyens revenus à recevoir une part équitable des vaccins contre la COVID-19. Le Canada est actuellement le seul pays du G7 à avoir accès à des vaccins par l’intermédiaire du programme COVAX.
Monsieur le leader, ce vaccin n’a pas encore été homologué au Canada. Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi de recevoir le vaccin d’AstraZeneca par l’intermédiaire du programme COVAX plutôt que dans le cadre des contrats qu’il a conclus avec la société elle-même? Est-ce parce que le Canada est plus avantagé en passant par le programme COVAX que par AstraZeneca?
Pour répondre rapidement à votre dernière question, la réponse est non. Il est essentiel que les honorables sénateurs et les Canadiens comprennent mieux l’alliance COVAX, au-delà de ce qu’on a souvent entendu dire. Il s’agit d’un programme important qui facilitera l’accès aux vaccins pour les pays en développement qui n’ont pas les moyens de conclure des ententes avec de nombreuses entreprises pharmaceutiques comme l’a fait le Canada, notamment dans les cas que vous avez mentionnés.
Le Canada se situe au deuxième rang, derrière le Royaume-Uni, parmi les pays qui ont le plus contribué au programme COVAX. Il a versé une somme considérablement plus importante que d’autres pays, toutes proportions gardées. L’entente de financement du Canada comporte deux volets : elle permet au COVAX d’avoir le pouvoir d’achat nécessaire pour obtenir de grandes quantités de vaccins à l’intention des pays en développement qui n’y auraient pas accès autrement; et elle prévoit aussi clairement que les pays contributeurs ont la possibilité d’acquérir, par l’intermédiaire du programme, un nombre de vaccins proportionnel à leur contribution.
Si mes chiffres sont exacts, le mécanisme de garantie de marché — qui profite à tous les pays — peut permettre au monde entier d’obtenir 2 milliards de doses de vaccins venant de COVAX. Pour sa part, le Canada recevra 1,9 million de doses en vertu de l’entente, résultat direct de sa contribution supplémentaire au programme.
Je ne suis pas certaine de comprendre votre explication, puisque nous sommes le seul pays du G7 à procéder ainsi. Il serait intéressant de comparer les contributions du Canada et des autres pays, compte tenu du fait que ceux-ci n’ont pas adopté l’approche canadienne.
Monsieur le leader, des organismes, dont Oxfam et Médecins sans frontières, ont critiqué la décision du gouvernement d’obtenir des vaccins par l’entremise de COVAX à ce stade-ci. De plus, le gouvernement de l’Afrique du Sud a annoncé hier qu’il suspend l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca, car des données suggèrent qu’il ne serait pas aussi efficace contre le variant le plus répandu dans ce pays. Monsieur le leader, le gouvernement a-t-il communiqué avec l’Afrique du Sud et AstraZeneca à ce sujet, étant donné que le variant sud-africain a été détecté au Canada? L’entente canadienne avec AstraZeneca comprend-elle les injections de rappel pour ce variant, dont l’entreprise vise la mise en marché cet automne?
En ce qui concerne votre dernière question, je devrai m’informer avant d’y répondre.
Comme j’ai essayé de vous l’expliquer, sénatrice — je vais tenter d’être plus clair —, le Canada était le deuxième plus grand donateur pour COVAX. C’est justement grâce à cette généreuse contribution que le Canada a accès à un certain nombre de doses ou à un petit pourcentage de doses qui seront distribuées par l’entremise de COVAX.
Le gouvernement du Canada est responsable de protéger la population canadienne du mieux qu’il peut. Il s’acquitte de cette responsabilité de manière efficace et transparente. Lorsque le gouvernement ne sait pas quand les doses de vaccins prévues seront livrées pour des raisons hors de son contrôle, il en avise les provinces. Voilà la définition même de la transparence même si, parfois, il est difficile d’avoir à annoncer de mauvaises nouvelles.
En ce qui concerne l’autre aspect de votre question, le gouvernement du Canada est en communication constante avec ses homologues de la communauté internationale. Au fur et à mesure que la science évolue, que les variants apparaissent, nous sommes à même de constater la sagesse derrière la décision du gouvernement de miser sur sept vaccins différents et sept sociétés différentes. Chacune d’elle essaie d’adapter les vaccins en tenant compte des données scientifiques sur leur efficacité contre les nouveaux variants qui, malheureusement, se propagent.