DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages
L'honorable Stephen Greene
27 novembre 2024
Honorables sénateurs, j’ai récemment appris que le film préféré du sénateur Greene est Casablanca. C’est un chef-d’œuvre du cinéma et l’un des films les plus cités du cinéma américain. En hommage à mon ami et collègue Stephen Greene, je tiens d’abord à adapter cette réplique classique : de toutes les Chambres hautes, de tous les parlements dans le monde, il fallait qu’il entrât dans la nôtre.
En rétrospective, tous les sénateurs auraient dû s’en douter en 2009. Nous savons maintenant, avec le recul, l’étendue de la contribution de ce fier Néo-Écossais.
Ce serait un euphémisme de dire que le sénateur Greene était un réformiste — et pas seulement parce qu’il a été candidat du Parti réformiste aux élections de 1993 et 1997 et chef de cabinet de Preston Manning. Il était un réformiste, mais aussi un réformateur. Que ce soit au niveau fédéral ou au sein du Cabinet du premier ministre de la Nouvelle-Écosse, son rôle consistait à régler les problèmes qui nécessitaient de l’attention. En tant que secrétaire principal du premier ministre provincial, il a joué un rôle important dans l’amélioration de l’Accord atlantique en 2006.
Je vais peut-être susciter quelques réactions en disant cela, mais le sénateur Greene et son ami le sénateur Massicotte peuvent être considérés comme les premiers architectes de la modernisation du Sénat tel qu’on le connaît aujourd’hui. En 2015, le sénateur Greene a co-organisé les séances de travail sur la modernisation du Sénat, qui ont lancé de sérieuses discussions sur les changements à apporter au Sénat. Il est ensuite devenu membre du Comité sénatorial spécial sur la modernisation du Sénat et il est allé défendre, à titre de témoin, les conclusions des séances de travail.
Après le départ du sénateur McInnis, le sénateur Greene l’a remplacé à la présidence du comité et il a présenté deux rapports sur les propositions de changements à apporter au fonctionnement du Sénat. Bon nombre des nouvelles règles qui sont en vigueur aujourd’hui tirent directement leur origine de ces balbutiements, en 2015, et de ces séances de travail, qui sont maintenant bien connues.
Je dois dire que le sénateur Greene fait partie des 11 membres fondateurs du Groupe des sénateurs canadiens. Sa participation a contribué grandement à la formation du noyau de membres et à réunir les « suspects habituels ». Pour les sénateurs qui sont trop jeunes, il s’agit encore une fois d’une allusion à Casablanca. Il s’est acquitté avec brio des fonctions d’agent de liaison adjoint.
Honorables sénateurs, lorsqu’on entre ici pour la première fois, on songe nécessairement à la trace qu’on laissera au Sénat, dans la politique canadienne et dans le fonctionnement du pays. Pour quelques chanceux, cette trace est un legs durable qui résistera à l’épreuve du temps.
Stephen, avant de sortir pour la dernière fois de cette enceinte, souvenez-vous que vous y avez laissé votre trace, c’est-à-dire un grand legs. Le Sénat ne sera plus le même sans vous. Vous laisserez un grand vide dans le monde de la politique. « Here’s looking at you, kid. »
Au nom de vos collègues du Groupe des sénateurs canadiens qui vous entourent, nous vous rendons hommage à vous, ainsi qu’à Shami — qui, soit dit en passant, est devenue ces derniers temps une véritable membre de la famille du Sénat —, et nous vous souhaitons à tous deux une heureuse retraite.
Sénateur Tannas, il est toujours difficile de prendre la parole après vous.
Honorables sénateurs, mon film préféré est Le Parrain. Vous vous souviendrez de la scène où on envoie Robert Duvall, qui joue le rôle de Tom Hagen, présenter une demande à un producteur de films. Sa demande est rejetée, et il décide de l’annoncer immédiatement au parrain, car ce dernier aime être informé rapidement des mauvaises nouvelles. Je veux moi aussi vous informer d’une mauvaise nouvelle, chers collègues : le sénateur Greene nous quitte, et c’est vraiment une énorme perte.
C’est le mieux que je puisse faire, et ce n’est qu’une pâle imitation de votre intervention, Scott.
C’est le cœur un peu tiraillé, et avec une certaine tristesse, que je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage aujourd’hui, au nom du bureau du représentant du gouvernement, à notre ami et collègue l’honorable Stephen Greene.
Que ce soit dans le privé ou dans la fonction publique fédérale et provinciale, le sénateur Greene a mené une carrière exemplaire. Après ses débuts à l’ambassade du Canada, il a occupé plusieurs fonctions, notamment au Service extérieur. Comme le sénateur Tannas l’a mentionné, il a été chef de cabinet du chef du Parti réformiste du Canada, Preston Manning, secrétaire principal et chef de cabinet adjoint du premier ministre de la Nouvelle-Écosse Rodney MacDonald, puis finalement, il a été nommé ici, au Sénat, où il a su mettre à profit sa grande sagesse et sa vaste expérience dans l’intérêt des Néo-Écossais et de l’ensemble des Canadiens.
Pendant ses années au Sénat, il a siégé au sein de nombreux comités — trop nombreux pour tous les nommer ici —, mais, un peu comme le sénateur Tannas, je veux surtout insister sur ce qu’il a fait à titre de président du Comité sénatorial spécial sur la modernisation du Sénat. Pendant ses années au Sénat, il s’est employé à moderniser le Sénat pour en faire une institution plus efficace au service de l’ensemble des Canadiens. Tout ce qu’il a fait dans ce dossier, et qui a entraîné la création du comité, et tous ses travaux de rédaction des rapports, comme on l’a déjà mentionné, témoignent de cet engagement. Ses efforts ont été déterminants.
Sénateur Greene, quand je suis arrivé au Sénat, je faisais partie d’une première vague de sénateurs nommés dans le cadre du nouveau système, alors que vous et beaucoup d’autres de vos collègues — dont certains sont encore ici, mais beaucoup sont partis — étiez déjà des vétérans ici. Vous n’êtes pas le seul à m’avoir impressionné par votre dévouement envers cet endroit et envers les Canadiens, mais vous ressortiez du lot, et je pense que nous avons également mentionné notre collègue. Malgré votre partisanerie et vos opinions bien arrêtées, vous avez compris la nécessité de collaborer avec les sénateurs, anciens et nouveaux, pour essayer d’améliorer cet endroit.
Pour moi, cela illustre ce qu’il y a de mieux au Sénat : que vous ayez abordé votre travail en tant que personne douce et noble animée d’opinions bien arrêtées. Vous et moi n’avons pas toujours été d’accord sur les orientations publiques. Vous êtes un peu plus libertaire que moi, peut-être, mais je vous apprécie profondément, ainsi que votre indépendance et votre intégrité. Vous nous manquerez. Au nom du bureau du représentant du gouvernement, je vous souhaite une excellente retraite bien méritée.
Honorables sénateurs, mon film préféré est True Lies : le caméléon.
Chers collègues, en mon nom et au nom de l’ensemble de l’opposition du Sénat, je souhaite moi aussi souligner le départ à la retraite du sénateur Stephen Greene. Après une carrière bien remplie dans le secteur de la pêche, au service extérieur — bien entendu — et, oui, au sein du mouvement conservateur, le sénateur Greene a été nommé sur la recommandation du très honorable Stephen Harper en 2009 pour représenter la population de la Nouvelle-Écosse au Sénat et en tant que membre du Parti conservateur du Canada.
Même s’il vient au départ de Montréal, notre collègue a lentement, mais sûrement tissé des liens très étroits avec la province qu’il a choisi de faire sienne. Comme il l’a lui-même dit dans son tout premier discours : « La Nouvelle-Écosse est ma province par choix, et non par naissance. »
Le sénateur Greene accordait énormément d’importance à la réforme du Sénat; il s’agit d’ailleurs d’un des moments forts de sa carrière. Au risque d’en étonner certains, les réformes du Sénat n’ont pas débuté avec l’arrivée de Justin Trudeau. Elles ont commencé plus tôt, avec l’arrivée de Stephen Greene. Notre collègue milite depuis longtemps pour que le Sénat soit plus transparent et plus efficace et pour qu’il rende davantage de comptes. Le sénateur Greene a toujours dit que le Sénat devrait mieux refléter la volonté démocratique des Canadiens et que son fonctionnement devrait être plus efficient.
Chers collègues, sur une note plus légère, au moment de sa nomination, le sénateur Greene était membre du caucus conservateur et il l’est resté un certain temps après. Il est quelque peu paradoxal qu’il soit aujourd’hui membre du Groupe des sénateurs canadiens aux côtés du sénateur Smith, qui l’a arraché au caucus conservateur en 2017. Je ne sais pas si c’était intentionnel ou non.
Stephen, je sais que vous avez connu des problèmes difficiles au cours de la dernière année. Je veux que vous sachiez que nos pensées et nos prières vous accompagnent alors que vous passez à la prochaine étape de votre vie.
Chers collègues, le sénateur Greene a toujours été un homme de peu de mots, donc, honorable sénateur, je vous souhaite une belle retraite.
Honorables sénateurs, je prends aujourd’hui la parole en tant que représentant du Groupe des sénateurs indépendants, mais aussi en tant que collègue et ami du sénateur Stephen Greene, dont nous soulignons le départ à la retraite.
Le sénateur Greene a laissé sa marque sur notre institution, et pas seulement avec des mots, avec des gestes concrets qui ont provoqué des changements substantiels et aidé le Sénat à mieux servir les Canadiens.
Le passage du sénateur Greene dans notre assemblée se définit par son attachement sans faille à la réforme et à la modernisation de celle-ci. Il était profondément convaincu que le Sénat avait ce qu’il fallait pour mieux servir les Canadiens, et c’est ce qui a motivé une bonne partie de son travail. Que ce soit en réclamant la fin de la partisanerie institutionnalisée ou en remettant en question le statu quo, le sénateur Greene a incarné le véritable visage d’un sénateur : celui d’une personne prête à faire passer le bien public avant la complaisance politique, même lorsqu’il y a un prix à payer.
Pendant des années, le sénateur Greene a mené la lutte pour la modernisation du Sénat, prouvant qu’il y a moyen de progresser quand on sait surmonter les différences idéologiques. Pour lui, la modernisation du Sénat n’était pas qu’un simple dossier, c’était une mission. Sa collaboration avec des sénateurs de toutes les allégeances montre qu’il avait raison de croire que notre force réside dans la diversité de nos points de vue et que cette force peut être utilisée pour le bien des Canadiens.
Bien sûr, une réforme ne se fait jamais sans résistance. La détermination du sénateur Greene à remettre en question la partisanerie enracinée au Sénat l’a amené à faire preuve d’audace et à quitter son groupe politique. Il a choisi les principes plutôt que la commodité, une décision qui en dit long sur sa personnalité. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un renonce volontairement à la sécurité des lignes de parti, mais, encore une fois, le sénateur Greene n’a jamais été du genre à faire les choses à moitié.
Le sénateur Greene et moi avons eu notre part de débats — constructifs, bien sûr — sur la meilleure façon de moderniser le Sénat. Même si je ne peux pas dire que nous avons toujours été d’accord, je dirai ceci : travailler avec lui, c’était comme suivre un cours intensif en détermination. Il ne croit pas seulement à la réforme, il l’incarne.
Au-delà de la modernisation, son travail sur des questions comme la compétitivité des aéroports et l’équité régionale nous a rappelé que le Sénat a le potentiel de s’attaquer aux défis quotidiens auxquels les Canadiens sont confrontés. Ses efforts ne se limitaient pas à la théorie; ils visaient à trouver des solutions pratiques et sensées pour les familles, les entreprises et les collectivités.
Stephen, alors que vous quittez cette enceinte, j’espère que vous saurez que votre travail a été important — comme les sénateurs viennent de le souligner — non seulement pour cette institution, mais aussi pour les Canadiens qu’elle sert.
Merci, mon bon ami, de vos conseils, de votre dévouement et de votre exemple de ce que signifie accorder la priorité aux Canadiens. Je vous aime.
Honorables sénatrices et sénateurs, j’ai le plaisir, au nom des sénateurs indépendants du Groupe progressiste du Sénat, de rendre hommage au sénateur Greene.
Au cours de son mandat au service des Canadiens, le sénateur Greene a parcouru un chemin tortueux, mais axé sur des principes. Dans son premier discours au Sénat, il a déclaré :
Je crois d’abord et avant tout aux idées, peu m’importe d’où elles viennent et qui me les communique. Parfois, cela me porte à être partisan de deux partis plutôt que d’un seul.
Nommé à titre de conservateur en 2008, le sénateur Greene s’est présenté au Sénat comme étant « un ancien membre du Parti réformiste du Canada ».
En 2016, au début de la réforme visant à rendre le Sénat plus indépendant, il est devenu le premier sénateur conservateur à parrainer un projet de loi du gouvernement — le sénateur Harder s’en souviendra —, soit le projet de loi S-4, qui portait sur les conventions fiscales conclues avec Israël et Taïwan. À titre de parrain, il a déclaré :
J’ai l’honneur d’être l’un des premiers sénateurs — et j’espère qu’il y en aura bien d’autres — qui, malgré le fait qu’ils soient généralement en désaccord avec le gouvernement actuel, ce qui est mon cas, savent reconnaître les bonnes idées et les bonnes politiques lorsqu’elles se présentent, et qui sont prêts à parrainer un projet de loi d’initiative ministérielle au Sénat lorsqu’ils ne sont pas contre les mesures proposées.
C’était une déclaration courageuse qui l’a mené à siéger à titre de sénateur non affilié, pour ensuite siéger quelques années à titre de membre du Groupe des sénateurs indépendants avant de devenir membre fondateur du Groupe des sénateurs canadiens.
Son esprit indépendant a mené à sa collaboration avec le sénateur Massicotte, qui était alors libéral, avec qui il s’est lancé dans une quête visant à encourager et à promouvoir la réforme du Sénat. Le sénateur Massicotte et lui ont envoyé des questionnaires, organisé des discussions fort animées et compilé les réponses pour cerner les sujets faisant le plus l’objet d’un consensus.
Dans une lettre d’opinion parue en 2017, il a résumé sa vision changeante du Sénat de la façon suivante :
La démocratie canadienne a besoin d’une chambre haute qui fonctionne bien, libre de toute contrainte partisane. Le Sénat ne peut être une copie de la Chambre des communes. Son rôle législatif doit être distinct et utile. Toutefois, du fait qu’il n’est pas élu, le Sénat doit aussi agir avec retenue.
Je dois dire que je suis d’accord avec lui.
Le sénateur Greene a montré par ses actes — pas seulement par ses paroles — que le fait de rester fidèle à soi-même, au service de sa province et de son pays, devrait l’emporter sur la partisanerie. C’est là une leçon et un héritage impressionnant qu’il laisse à chacun d’entre nous.
Au nom du Groupe progressiste du Sénat, je vous souhaite une très heureuse retraite et je vous offre nos meilleurs vœux, sénateur Greene.