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Le discours du Trône

Motion d'adoption de l'Adresse en réponse--Suite du débat

16 mai 2023


Merci, Votre Honneur, je vous félicite également.

Avant de commencer, je tiens à remercier James Campbell, de mon bureau, des nombreux services qu’il m’a rendus au cours des dernières années.

Honorables sénateurs, je prends la parole au sujet de la motion no 1 du gouvernement, qui présente les remerciements du Sénat du Canada à Son Excellence la gouverneure générale pour le discours du Trône.

Un des principaux thèmes du discours du Trône prononcé en novembre 2021 était le renouvellement de l’engagement envers l’importance de la réconciliation. Ce n’est évidemment pas une surprise, puisque le premier ministre Trudeau a affirmé clairement que, pour le Canada et pour lui, qu’il n’y avait pas de relation plus importante que la relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada.

La partie du discours du Trône qui portait sur la réconciliation a peut-être été un peu plus lourde de sens puisqu’elle a été prononcée par Son Excellence Mary Simon, une Inuite qui est, nous le savons, la première Autochtone nommée au poste de gouverneure générale de l’histoire du Canada. Je suis d’accord avec la gouverneure générale sur ce qu’elle a dit dans son discours :

J’ai déjà constaté l’engagement de la population canadienne envers la réconciliation. Les peuples autochtones se réapproprient leur histoire, leurs récits, leur culture et leur langue de manière concrète. Les non autochtones comprennent désormais et acceptent le véritable impact du passé et la souffrance subie par des générations d’Autochtones. Ensemble, ils avancent sur la voie de la réconciliation.

Honorables sénateurs, Son Excellence a évoqué les gestes de réconciliation qui sont posés à l’échelle du Canada, et je vois, au sein même de notre institution, des lueurs de ce même espoir et de cette vision commune d’un avenir meilleur et plus équitable. Il n’y a peut-être pas de meilleur exemple de cet espoir que l’adoption par notre assemblée d’une motion présentant des excuses pour le rôle que le Sénat du Canada a joué dans la création du système des pensionnats.

Comme vous le savez, chers collègues, j’ai prononcé dans cette enceinte des discours qui étaient, pour moi, très émotifs. Ils portaient sur des aspects extrêmement difficiles de ma vie qui m’ont néanmoins permis de grandir, et je suis devenue plus forte en faisant part de ces expériences. Comme vous vous en souvenez peut-être, ces discours portaient sur divers enjeux, notamment les pensionnats, les tombes anonymes et les châtiments corporels. J’y évoquais également la perte de la langue, de la culture et de l’identité personnelle.

En dépit de ces moments de vulnérabilité et de douleur, j’ai toujours bénéficié de l’appui et de la compassion de mes collègues sénateurs, toutes allégeances confondues. Les sénateurs autochtones et non autochtones ont manifesté un sincère intérêt à écouter, comprendre et remettre en question leurs notions préconçues sur l’histoire de notre pays ainsi que leur compréhension des Premières Nations qui considéraient cette terre comme la leur.

Chers collègues, je reconnais qu’il est souvent difficile d’avoir ce genre de conversations. Une grande partie de cette difficulté réside dans le fait que beaucoup d’entre elles sont nouvelles. Elles ne nous sont pas familières, et ce manque de familiarité s’accompagne d’un malaise qu’il faut accepter. Dans l’ensemble, j’ai constaté que le Sénat est disposé à accueillir de nouvelles façons de connaître, de penser et de voir le monde.

Alors que les Canadiens de notre grand pays et les sénateurs de cette auguste enceinte continuent de faire face à l’histoire des premiers peuples et au traumatisme intergénérationnel que ceux-ci portent encore aujourd’hui, un sentiment de culpabilité prédomine. Culpabilité dans la conviction que le pays aurait dû faire preuve de discernement, plutôt que de créer et de maintenir des politiques aussi horriblement discriminatoires. Culpabilité parce qu’ils auraient dû, en tant que Canadiens, mieux connaître l’histoire de la terre qu’ils considèrent comme leur patrie.

Honorables sénateurs, à cet égard, j’aimerais réitérer les paroles que Son Excellence Mary Simon a prononcées dans le discours du Trône :

Nous devons transformer la culpabilité qui nous accable en actions concrètes.

Actions en faveur de la réconciliation.

Actions en faveur de notre santé et de notre bien-être collectifs.

Actions contre les changements climatiques.

Il est absolument essentiel, chers collègues, que nous souscrivions à l’importance de promouvoir la réconciliation et un avenir plus juste et plus équitable pour tous ceux qui vivent sur ce territoire. Tant que nous ne saisirons pas toutes les occasions de défendre cette cause, les indicateurs de la santé de la population, qui sont appelés les déterminants sociaux, tireront de plus en plus de l’arrière pour les Premières Nations au Canada. La gouverneure générale Mary Simon a abondé dans ce sens lorsqu’elle a lu ce qui suit :

La réconciliation exige une approche de l’ensemble du gouvernement dans un effort pour supprimer les obstacles et repenser la façon d’accélérer le travail.

[...] le gouvernement est résolu à combler les lacunes encore présentes dans trop de communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

À cette fin, Son Excellence a également déclaré que les Canadiens veulent que les parlementaires trouvent :

[...] des solutions audacieuses et concrètes pour relever les autres défis.

Faire croître une économie qui profite à tous.

Lutter contre les changements climatiques.

Poursuivre la réconciliation.

S’assurer que nos collectivités soient sécuritaires, saines et inclusives.

Honorables sénateurs, dans le discours du Trône, Son Excellence a parlé en détail d’une partie des enjeux auxquels notre nation fait face — qui sont dans certains cas existentiels — et de la voie à suivre pour nous en sortir. Au sujet de l’environnement, la gouverneure générale a dit ce qui suit :

Protéger nos terres et nos océans va aider à contrer les pertes de biodiversité. À cet égard, le gouvernement continuera de renforcer son partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis pour protéger la nature et respecter leurs connaissances traditionnelles.

S’agissant de racisme et de discrimination — des enjeux énormes et insidieux dans notre société — la Gouverneure générale a dit ceci :

Lorsqu’une personne, dans notre pays, est ciblée en raison de son genre, de la personne qu’elle aime, de son origine, de la façon dont elle prie, de la langue qu’elle parle ou de la couleur de sa peau, nous sommes tous affaiblis.

Tous doivent être en sécurité et se sentir en sécurité.

Le gouvernement continuera de combattre la haine et le racisme, notamment avec une version renouvelée de la stratégie de lutte contre le racisme.

La Gouverneure générale a ajouté :

Les Canadiens comprennent que l’égalité, la justice et la diversité constituent à la fois la fin et les moyens pour vivre ensemble.

La lutte contre le racisme systémique, le sexisme, la discrimination, les inconduites et la violence, y compris dans nos propres institutions, demeurera une grande priorité.

Honorables sénateurs, voilà des paroles profondes et de nobles objectifs. Nous devons travailler en ce sens, car il s’agit d’objectifs essentiels que nous devons atteindre non seulement pour améliorer le présent, mais aussi et surtout pour améliorer le sort des sept prochaines générations.

Pour atteindre ces objectifs, il existe déjà plusieurs outils essentiels auxquels notre assemblée doit s’intéresser. Certains outils affirment l’égalité entre les sexes, d’autres visent à atténuer les dommages à l’environnement et d’autres encore cherchent à éliminer le racisme dans les systèmes de santé ou le racisme environnemental dans l’ensemble du pays. Chers collègues, ces outils sont essentiels pour la réconciliation; dans bien des cas, ils sont aussi — au sens fort du terme — une question de vie ou de mort.

La réconciliation, la discrimination, la lutte contre les changements climatiques, la bonne gestion de l’environnement ne sont pas de simples monnaies d’échange. Il ne s’agit pas de questions frivoles que nous devons laisser sombrer dans les jeux politiques ou la partisanerie. Non. Ces questions sont essentielles à la survie et au bien-être des personnes les plus vulnérables de notre société. Il s’agit de questions fondamentales pour la santé et la survivance même de nos terres, des animaux et du milieu dans lequel nous vivons.

Quand des enjeux de cette nature sont laissés en suspens sans résolution, il faut se regarder dans le miroir et se demander pourquoi il en est ainsi. Le Sénat a la capacité de faire énormément de bien. Or nous nous mettons nous-mêmes trop souvent des bâtons dans les roues, au détriment de tous ceux qui considèrent le Canada comme leur patrie.

En terminant, honorables sénateurs, j’aimerais citer encore une fois Son Excellence la très honorable Mary Simon, qui a déclaré ceci dans le discours du Trône :

Chaque jour est porteur d’espoir. La réconciliation n’est pas un geste ponctuel assorti d’une échéance. La réconciliation est le cheminement de toute une vie vers la guérison, le respect et la compréhension.

Par conséquent, chers collègues, j’aimerais que nous assumions notre rôle à titre de catalyseurs du changement et que le principe de la réconciliation soit la pierre angulaire dans notre système de valeurs alors que nous remplissons, chacun à notre façon, le rôle crucial qui nous a été confié en tant que membres de la Chambre haute du Canada.

Kinanâskomitin. Merci.

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