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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La renaissance des Premières Nations en tant que peuples souverains

20 juin 2023


Je remercie le Groupe des sénateurs canadiens et le Groupe des sénateurs progressistes de m’avoir cédé leur temps de parole aujourd’hui.

Honorables sénateurs, il y a deux types de famille : celle dans laquelle on naît, et celle que l’on crée. Nous, les enfants des Premières Nations, avons été forcés de quitter notre famille de naissance, malgré tous les bons soins qu’elle nous prodiguait. Bien qu’apeurés et sans repères dans le pensionnat où on nous avait placés, nous avions déjà de fortes attaches familiales et nous avons réussi à survivre à toutes ces années d’oppression et d’assimilation. Nous n’avons laissé personne de côté, nous avons formé une famille et nous sommes devenus amis à la vie à la mort.

À ma famille du pensionnat, je dis « merci », car vous m’avez inspirée toute ma vie durant et vous m’avez protégée chaque fois que vous avez pu le faire. Notre amour mutuel nous a permis de forger des liens indestructibles. Vous êtes la lumière dans la noirceur de ma vie.

Il y a des leçons à tirer de tout, même de ce qui nous fend le cœur. Il arrive parfois que l’on soit dépassé et épuisé par les obstacles à surmonter, mais il faut assumer ses responsabilités quoi qu’il arrive et malgré la pression immense. C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière. J’ai accompagné l’équipe qui a sondé le terrain du pensionnat de Guy Hill au moyen de géoradars. Nous savons qu’il y a des corps à cet endroit. Beaucoup pensent qu’ils n’ont pas été enterrés sous le terrain découvert, mais dans la forêt. Des enfants ont vu des adultes y pénétrer les bras chargés de petits corps et en ressortir les mains vides. Imaginez comment ils devaient se sentir : qu’est-ce qui leur disait qu’ils ne seraient pas les prochains? Ce n’est pas étonnant que bon nombre de ces enfants soient incapables de retourner là-bas, même aujourd’hui.

La semaine dernière, j’étais assise parmi mes anciens camarades de classe et nos sympathisants, dont beaucoup ont également fréquenté des pensionnats et des externats ou ont été victimes de la rafle des années 1960. J’ai écouté leurs histoires et j’ai vu leur sagesse. Je leur ai dit : « Je vois en vous les esprits puissants, sages, compatissants, joyeux, humbles et courageux que vous êtes. Qui ici aurait cru que nous aurions une cérémonie de la tente tremblante, une cérémonie du calumet, une suerie, des tambours et des chants, un rite de purification à l’aide d’un éventail en plumes d’aigle, une prière, une cérémonie de purification par la fumée et des cercles de discussion sur le site même de l’école qui nous avait enlevé tout cela? »

Les Premières Nations du Canada savent qu’elles sont en voie de retrouver leurs cérémonies et leurs langues et de se réapproprier le pouvoir et l’esprit qui leur ont été enlevés. Nous savons que nous connaissons une période de résurgence en tant que peuples souverains.

[Note de la rédaction : La sénatrice McCallum s’exprime en cri.]

Nous appartenons à nous-mêmes. Nous déterminerons notre propre avenir.

Je tiens à ce que nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants sachent qu’ils comptent pour nous et que nous serons toujours là, ensemble. Comment pourrions-nous ne pas l’être? Nous sommes une famille.

Kinanâskomitinâwâw. Merci.

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